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Summary
# Concepts et définitions de la santé
Voici un résumé détaillé des concepts et définitions de la santé, préparé pour un examen.
## 1. Concepts et définitions de la santé
Ce sujet explore les diverses conceptions de la santé, depuis la simple absence de maladie jusqu'au bien-être biopsychosocial, en passant par leur évolution historique et leur impact sur les pratiques de santé publique [1](#page=1).
### 1.1 L'importance croissante des préoccupations de santé
Dans les sociétés occidentales contemporaines, la santé occupe une place de plus en plus prépondérante dans les sphères médiatique et scientifique, la considérant comme un phénomène social dépassant largement le cadre médical. Elle fait l'objet de discours variés, incluant les dimensions sociales, économiques, politiques et psychologiques. Cette attention se manifeste par la promotion de comportements et de styles de vie jugés sains dans des domaines tels que l'hygiène, la nutrition, l'activité physique, la consommation de substances psychoactives, la vie sexuelle et la conduite automobile [1](#page=1).
Depuis les années 1980, une tendance accrue aux démarches préventives est observée, principalement due à trois phénomènes :
* L'évolution des types de pathologies prévalentes [1](#page=1).
* L'augmentation des coûts liés aux systèmes de soins curatifs [1](#page=1).
* Une modification de la conception dominante de la santé en Occident [1](#page=1).
#### 1.1.1 Évolution des pathologies et causes de mortalité
Au début du XXe siècle, les maladies infectieuses étaient la cause principale de décès. Aujourd'hui, les maladies liées aux comportements et aux styles de vie à risque dominent. En France, depuis 2004, les cancers sont la première cause de mortalité, suivis par les maladies cardio-neurovasculaires. Aux États-Unis, en 2022, les maladies cardiovasculaires et les cancers figuraient également parmi les principales causes de décès [2](#page=2).
Des études comme celles de McGinnis & Foege et Mokdad & al. ont identifié les dix principales causes de décès aux États-Unis (par ordre décroissant) :
1. Consommation de tabac [2](#page=2).
2. Mauvaise alimentation [2](#page=2).
3. Inactivité physique [2](#page=2).
4. Consommation d'alcool [2](#page=2).
5. Infections microbiennes [2](#page=2).
6. Toxines [2](#page=2).
7. Accidents de la circulation [2](#page=2).
8. Armes à feu [2](#page=2).
9. Comportements sexuels à risque [2](#page=2).
10. Usage de drogues [2](#page=2).
Les trois premières causes étaient responsables d'environ 35 % des décès prématurés aux États-Unis. Les maladies cardiovasculaires, les cancers et le diabète sont perçus comme des causes de surmortalité évitables. Des études suggèrent que dans les pays industrialisés, la mauvaise alimentation aurait dépassé le tabac comme cause de décès, et les erreurs médicales seraient une cause significative. Aux États-Unis, les accidents sont la première cause de mortalité chez les 15-44 ans, et les surdoses d'opiacés ont augmenté significativement [2](#page=2) [3](#page=3).
Malgré une augmentation de l'espérance de vie, la proportion d'années vécues en bonne santé stagne ou diminue, les maladies chroniques étant responsables d'une augmentation des années de vie en bonne santé perdues. Les accidents de la route ont également contribué à une augmentation des décès et des années de vie en bonne santé perdues dans la Région africaine [3](#page=3).
#### 1.1.2 L'augmentation des coûts du système de soins
Les pathologies actuelles nécessitent des traitements sophistiqués et coûteux. Les progrès thérapeutiques prolongent la vie mais ne guérissent pas toujours définitivement, transformant certaines maladies incurables en maladies chroniques nécessitant une prise en charge à long terme et coûteuse [3](#page=3).
En France, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) a fortement augmenté, passant de 2,5 % du PIB en 1950 à 8,8 % en 2005, et atteignant 11,4 % du PIB en 2024. Cette augmentation constante des dépenses de santé suscite des craintes quant à la saturation et la faillite des systèmes de financement. Le contrôle des coûts de santé est donc une préoccupation majeure dans les discours politiques et sociaux [3](#page=3) [4](#page=4).
#### 1.1.3 L'évolution de la conception de la santé en Occident
Au début du XXe siècle, la santé était définie comme l'absence de maladie, évaluée par des indicateurs biophysiologiques, avec une réponse principalement curative [4](#page=4).
Après la Seconde Guerre Mondiale, le modèle biomédical s'est enrichi des dimensions psychiques puis sociales, devenant le modèle biopsychosocial (OMS, 1946). Au début des années 1990, les modèles transactionnels ont formalisé la santé comme un équilibre dynamique entre l'individu, ses ressources et son environnement (modèle de la salutogenèse, Antonovsky, 1979) [4](#page=4).
Depuis les années 2000, la prise de conscience des facteurs environnementaux sur la santé a mené au concept d'« Une Seule Santé » (One Health), soulignant l'interconnexion entre la santé humaine, animale et l'état écologique. La santé est de plus en plus perçue comme dépendant d'un large éventail de facteurs contextuels et de la capacité d'ajustement de l'individu [4](#page=4) [5](#page=5).
L'importance de la prévention a été accrue, perçue comme un moyen de réduire les dépenses de santé et de préserver un système solidaire. L'objectif de l'éducation pour la santé est de prolonger l'espérance de vie tout en maintenant une qualité de vie acceptable, intégrant les dimensions subjectives et sociales dans les politiques sanitaires. Le prolongement de la vie n'est plus une fin en soi, la qualité de vie et le bien-être devenant prioritaires [5](#page=5).
Les modèles transactionnels ont favorisé une conception de la santé centrée sur l'individu, incluant la notion de choix, de prise de risque et de possibilités d'accès à l'information et aux compétences préventives. La prise en compte croissante de l'impact des facteurs écologiques et de l'interconnexion entre les santés humaine, animale et environnementale promeut une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires [5](#page=5).
### 1.2 Les différentes définitions de la santé
Le choix d'une définition de la santé oriente les pratiques de prévention et d'éducation, ainsi que les méthodes, stratégies, publics et acteurs impliqués. Plusieurs acceptions du terme coexistent [6](#page=6):
* Absence de maladie, mesurée par des indicateurs de maladie ou de risque [6](#page=6).
* État biologique souhaitable, physique ou mental, évalué par des indicateurs biophysiologiques [6](#page=6).
* État de bien-être physique, mental et social (définition de l'OMS, 1946) [6](#page=6).
* Capacité individuelle à gérer sa vie et son environnement, en mobilisant ses ressources personnelles et sociales (définition fonctionnelle de la santé) [6](#page=6).
#### 1.2.1 Le modèle biomédical
Ce modèle, dominant depuis le milieu du XIXe siècle, repose sur une conception cartésienne du corps comme une machine et une vision dualiste corps-esprit. Il est influencé par le réductionnisme biologique et postule une cause étiologique spécifique pour chaque maladie, se manifestant par des symptômes précis. Les travaux de Pasteur et Koch ont renforcé cette doctrine, associant lésions biochimiques ou physiologiques aux maladies. Ce modèle considère la santé et la maladie comme des entités séparées et opposées. Il suppose qu'un traitement existe pour chaque pathologie, l'objectif principal étant de le découvrir et de l'appliquer. Les pratiques basées sur ce modèle sont essentiellement curatives, laissant peu de place à la prévention ou à l'éducation [6](#page=6) [7](#page=7).
Des postulats du modèle biomédical ont été remis en question au cours du XXe siècle :
* La seule présence d'un facteur biologique spécifique n'est pas toujours suffisante pour causer la maladie [7](#page=7).
* De nombreuses maladies ont des étiologies multiples, résultant de l'interaction de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Par exemple, le diabète de type 2 est influencé par le surpoids, les antécédents familiaux, l'âge et le mode de vie [7](#page=7).
* Santé et maladie sont mieux comprises comme les extrêmes d'un continuum plutôt que des entités séparées. La position sur ce continuum est dynamique et influencée par le style de vie [7](#page=7).
* La démarche purement curative n'est pas toujours suffisante pour résoudre tous les problèmes de santé (ex: VIH/SIDA) [7](#page=7).
Ces constats ont conduit à l'émergence du modèle biopsychosocial au milieu du XXe siècle [7](#page=7).
#### 1.2.2 Le modèle biopsychosocial (OMS, 1946)
La constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » [8](#page=8).
Cette définition souligne que l'être humain est un composé de dimensions physique, mentale et sociale. Elle est largement consensuelle et reconnue internationalement. Le modèle pose trois dimensions de la santé interagissant pour le maintien de celle-ci ou le développement de la maladie [8](#page=8):
* **Physique:** facteurs génétiques, pré- et périnataux, infectieux, endocriniens, métaboliques, immunitaires, etc [8](#page=8).
* **Psychique:** connaissances, croyances, opinions, facteurs de personnalité, stratégies d'ajustement, etc [8](#page=8).
* **Sociale:** niveau économique, habitat, milieu et conditions de travail, intégration sociale, facteurs ethnoculturels, religion, modèle éducatif, etc [8](#page=8).
Aucune de ces dimensions n'est a priori prépondérante, leur importance relative variant selon les individus. Ce modèle ne réduit pas la santé à des aspects psychologiques ou sociologiques et inclut les facteurs biologiques. Le terme "psychologique" renvoie aux processus cognitifs, émotionnels et comportementaux normaux. D'autres facteurs (politiques, législatifs, éthiques, spirituels, environnementaux, économiques) sont de plus en plus pris en compte [8](#page=8).
Cette définition de l'OMS est positive, reconnaissant santé et maladie comme des dimensions distinctes. Un mal-être psychique ou social peut être invalidant même en l'absence de maladie physique. Le modèle souligne le caractère social et subjectif de la santé, le bien-être étant une perception individuelle influencée par le contexte temporel, culturel et social, référant à un système de valeurs et de normalité [9](#page=9).
> **Tip:** Le jugement sur ce qui constitue une maladie dépend autant de l'appréciation des individus et des normes sociales que du jugement médical [9](#page=9).
La définition de la santé est singulière, dépendant des aspirations individuelles et des normes culturelles et historiques du groupe d'appartenance. Elle reste donc partielle et provisoire, située culturellement et historiquement. Les conceptions de la santé ont fluctué au cours de l'histoire occidentale, et des modèles différents existent dans d'autres cultures (Asie du Sud-Est, Inde, Afrique subsaharienne), souvent fondés sur des croyances religieuses ou philosophiques [9](#page=9).
Les conceptions et croyances sur l'origine des maladies varient au sein d'une même société, influencées par l'origine migratoire, les caractéristiques socio-économiques et éducatives. La santé de l'individu est largement dépendante du contexte social de sa société, son niveau de développement économique et social influençant l'accès à l'hygiène, la hiérarchie des besoins et les structures familiales. L'intégration sociale, telle que décrite par Durkheim, est également importante pour la santé. De plus, la santé d'un individu est liée à celle des membres de sa communauté, comme illustré par la diffusion des épidémies [10](#page=10).
Malgré ses apports, la définition de l'OMS présente des limites :
* Elle peut paraître utopique, un état de "complet bien-être" étant difficilement atteignable et potentiellement source d'insatisfaction. L'idéal de santé absolue peut devenir un mirage dangereux s'il oublie sa non-réalisabilité [11](#page=11).
* Elle manque de caractère opératoire et ne doit pas être prise au pied de la lettre [11](#page=11).
* Elle considère la santé comme un état ponctuel, négligeant sa dimension temporelle et la participation active de l'individu à son évolution [11](#page=11).
La santé pourrait être davantage appréhendée comme un équilibre dynamique, une capacité à mobiliser des ressources personnelles et sociales pour répondre aux nécessités de la vie (Dubos, 1962). Cette conception dynamique met l'accent sur la capacité d'adaptation à un milieu changeant [11](#page=11) [12](#page=12).
#### 1.2.3 Le modèle de la salutogenèse (Antonovsky)
Proposé par Aaron Antonovsky (1979, 1985, 1996), ce modèle cherche à comprendre pourquoi certaines personnes restent en bonne santé malgré l'exposition à des facteurs de risque. Il postule que la santé est le pôle sain d'un continuum santé-maladie, la salutogenèse étant l'étude des facteurs qui aident à maintenir la santé [12](#page=12).
> **Tip:** La salutogenèse est le complément de la pathogenèse (étude de l'origine des maladies) [12](#page=12).
La santé est définie comme « l'état d’un système que l’on appelle l’organisme humain et qui qualifie un degré donné d’ordre ». La position d'un individu sur le continuum santé-maladie dépend de l'interaction entre les facteurs personnels de protection/résistance et les facteurs de stress de son environnement de vie [12](#page=12).
Les **facteurs de stress** peuvent être physiques, biochimiques ou psychosociaux, et prendre la forme de tracas quotidiens ou d'événements majeurs [13](#page=13).
Les **ressources générales de résistance (Generalized Resistance Resources - GRR)** sont des caractéristiques individuelles, groupales ou environnementales facilitant la gestion des tensions dues aux stresseurs. Elles se divisent en [13](#page=13):
* **Ressources internes:** génétique, compétences cognitives, styles de gestion du stress, robustesse (hardiness), optimisme, sentiment d'auto-efficacité, croyance en un lieu de contrôle interne [13](#page=13).
* **Ressources externes:** capacité de contrôle sur l'environnement, soutien social (informatif, économique, émotionnel), facteurs biographiques, familiaux, culturels ou religieux [13](#page=13).
Ces GRR influencent la perception des stresseurs et développent un sentiment de contrôle [13](#page=13).
Un concept clé de la salutogenèse est le **sens de la cohérence (Sense of Coherence - SoC)**, défini comme « la capacité de mobilisation par une personne de ses ressources générales de développement et de résistances, individuelles et sociales ». Il s'agit d'une orientation psychologique globale, stable, qui structure la personnalité et la perception du monde. Une personne avec un fort SoC développe une confiance dans la compréhensibilité, la gérabilité et la significativité de sa vie et de son environnement [14](#page=14).
Le SoC est structuré autour de trois composantes dynamiques :
* **Intelligibilité (comprehensibility):** perception que les événements sont cohérents, structurés et obéissent à une logique, permettant l'anticipation [14](#page=14).
* **Auto-contrôle (manageability):** croyance de posséder les ressources pour maîtriser les exigences des événements, convaincu que les problèmes ont des solutions [14](#page=14).
* **Signifiance (meaningfulness):** perception que la vie a un sens global et que les défis méritent un engagement [15](#page=15).
La significativité est souvent considérée comme la dimension la plus importante du SoC [15](#page=15).
Le développement d'un fort SoC est influencé par :
* La quantité et la qualité des ressources personnelles et sociales acquises au cours de la vie [15](#page=15).
* Les expériences de socialisation précoces (autonomie, compétences, impuissance) et les situations-problèmes rencontrées [15](#page=15).
* Les structures sociales (travail, apprentissage) et les événements historiques et culturels [15](#page=15).
Les boucles de rétroaction entre le SoC et les expériences de vie sont réciproques. Cependant, certains facteurs de stress (biologiques, physiques, mécaniques) peuvent avoir un effet direct sur la santé sans l'intervention des GRR ou du SoC [15](#page=15).
Les **stratégies de faire face (coping)** sont des plans comportementaux globaux visant à surmonter les stresseurs. Lazarus et Launier définissent le coping comme des efforts cognitifs et comportementaux pour gérer les exigences internes ou externes qui menacent ou excèdent les ressources d'une personne [16](#page=16) .
Les stratégies de coping peuvent être évaluées selon trois critères :
* **Rationalité:** évaluation rationnelle de la situation menaçante [16](#page=16).
* **Flexibilité:** ouverture aux contingences et réorientation selon les nouvelles informations [16](#page=16).
* **Anticipation:** capacité à prévoir les conséquences de la stratégie pour soi et son environnement [16](#page=16).
La réussite du coping dépend non seulement de la stratégie, mais aussi de la quantité de GRR disponibles et de la force du SoC [16](#page=16).
Le modèle de la salutogenèse conceptualise la santé comme un équilibre dynamique entre les ressources de l'organisme et les influences potentiellement pathogènes de l'environnement. Il se rapproche des concepts d'endurance (Hardiness) et d'auto-efficacité (Self-efficacy). Les présupposés de base sont que les échanges individu-environnement sont clés pour l'équilibre, et que les stratégies de coping sont liées à des processus cognitifs [16](#page=16) [17](#page=17).
#### 1.2.4 Le modèle transactionnel de stress et de faire face (Lazarus & Folkman, 1984)
Cette approche vise à conceptualiser le stress et ses conséquences sociales ou sanitaires, en se concentrant sur les transactions "actuelles" entre l'individu et son environnement. Elle analyse les efforts cognitifs, émotionnels et comportementaux pour s'ajuster à des situations aversives (événements majeurs ou tracas quotidiens) [17](#page=17).
Le modèle distingue trois catégories d'événements: antécédents, transactions et issues. La **transaction** est le cœur du modèle, décrivant l'interaction individu-environnement et les processus qui tamponnent les stresseurs [17](#page=17) [18](#page=18).
Elle comprend deux phases :
1. **Évaluation:** Détermine le niveau de stress. Le stress résulte de la perception d'un écart entre les exigences de la situation (évaluation primaire) et l'évaluation des ressources disponibles et de la capacité de contrôle (évaluation secondaire). Ces évaluations sont subjectives [18](#page=18).
2. **Élaboration de stratégies d'ajustement (coping):** Efforts cognitifs et comportementaux pour maîtriser, tolérer ou réduire l'impact des exigences internes ou externes [18](#page=18).
Le mode de coping est influencé par les antécédents personnels, l'environnement, l'évaluation de la situation et des ressources [18](#page=18).
Lazarus & Folkman distinguent quatre grandes catégories de stratégies de coping, plus la recherche de soutien social :
* **Centrées sur l'émotion:** Atténuent le stress ressenti sans modifier les antécédents [18](#page=18).
* **Cognitives:** Déni, optimisme irréaliste, distraction, évitement [18](#page=18).
* **Comportementales:** Consommation de substances psychotropes, activité physique, comportements de détente [19](#page=19).
* **Centrées sur le problème:** Tentent de réduire le stress en s'attaquant aux sources de la menace [18](#page=18).
* **Cognitives:** Analyse des situations, résolution de problème, planification [19](#page=19).
* **Comportementales:** Mise en œuvre de la résolution de problème pour modifier concrètement la situation ou l'environnement [19](#page=19).
* **Recherche de soutien social:** Mobilisation des ressources du réseau social (matériel, informatif, d'estime, émotionnel) [19](#page=19).
Les effets des stratégies de coping varient. Les stratégies centrées sur l'émotion peuvent offrir un soulagement à court terme mais aggraver la situation à long terme (ex: déni, consommation de substances psychotropes). Les stratégies centrées sur le problème, bien que potentiellement coûteuses à court terme, sont plus efficaces sur le long terme en modifiant la situation de menace [19](#page=19).
Il n'existe pas de stratégie de coping universellement recommandée; une adaptation satisfaisante dépend de la disponibilité d'un large éventail de stratégies activables selon les contextes. Les stratégies peuvent être employées en parallèle ou successivement [20](#page=20).
Les processus transactionnels (évaluations et coping) modèrent les effets des antécédents sur la santé. Les **issues** (résultats) sont le résultat de l'exposition à une situation aversive et de la manière d'y faire face, se distinguant par leur temporalité (court, moyen, long terme). Le recours à des stratégies simples (émotion, réseaux sociaux) peut entraver le développement de stratégies plus complexes et efficaces à long terme [20](#page=20).
Les trois parties du modèle (antécédents, transactions, issues) interagissent fortement, formant de nombreuses boucles d'action et de rétroaction [21](#page=21).
Les approches transactionnelles (salutogenèse et modèle de stress/coping) considèrent la santé comme un état d'équilibre dynamique entre l'individu (capacité d'auto-organisation et d'adaptation) et son environnement socio-écologique. L'originalité de ces conceptions est de déplacer l'objet de la santé vers l'acquisition de compétences de santé, au lieu de se focaliser sur la maladie ou le risque [21](#page=21).
Ces modèles permettent d'identifier plusieurs cibles d'intervention :
* Antécédents individuels (connaissances, compétences, personnalité) [21](#page=21).
* Antécédents environnementaux (promotion d'environnements favorables) [21](#page=21).
* Transactions (prise de conscience des ressources, estimation des exigences, stratégies de coping non nocives) [21](#page=21).
* Issues (conservation de la qualité de vie, autonomie après un problème de santé) [21](#page=21).
En soulignant le poids de l'environnement, ces approches évitent les actions centrées sur l'individu qui peuvent être culpabilisantes et favorisent l'émergence de la promotion de la santé [21](#page=21).
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# Évolution de l'occurrence des pathologies et coûts des soins
Ce sujet examine le passage des maladies infectieuses aux pathologies liées au mode de vie comme causes principales de mortalité et analyse l'augmentation des coûts des systèmes de soins curatifs.
### 2.1 Évolution des causes de mortalité
Au cours du siècle dernier, le profil des causes de décès a considérablement évolué. Alors qu'au début du XXe siècle les maladies infectieuses d'origine virale ou bactérienne prédominaient, la majorité des décès actuels sont liés à des comportements et des modes de vie considérés comme à risque pour la santé [2](#page=2).
#### 2.1.1 Tendances actuelles des maladies mortelles
* En France, depuis 2004, les cancers constituent la première cause de mortalité pour l'ensemble de la population, devançant les maladies cardiovasculaires. En 2022, les tumeurs représentaient 25,5 % des causes de décès, suivies des maladies cardiovasculaires à 20,8 % [2](#page=2).
* De manière similaire, aux États-Unis en 2022, les maladies cardiovasculaires (21,4 %) et le cancer (18,5 %) ont été identifiés comme les principales causes de décès [2](#page=2).
#### 2.1.2 Facteurs comportementaux et liés au mode de vie
Ces causes de décès peuvent être directement associées à des comportements nuisibles à la santé, tels que la prise de psychotropes, une alimentation inappropriée, la sédentarité, la prise de risques et des problèmes d'hygiène [2](#page=2).
* Les études pionnières de McGinnis & Foege et Mokdad & al. ont identifié les dix causes de décès les plus importantes aux États-Unis par ordre décroissant :
1. Consommation de tabac [2](#page=2).
2. Mauvaise alimentation [2](#page=2).
3. Inactivité physique [2](#page=2).
4. Consommation d'alcool [2](#page=2).
5. Infections microbiennes [2](#page=2).
6. Toxines [2](#page=2).
7. Accidents de la circulation [2](#page=2).
8. Armes à feu [2](#page=2).
9. Comportements sexuels à risque [2](#page=2).
10. Usage de drogues [2](#page=2).
Les trois premières causes identifiées étaient responsables d'environ 35 % des décès prématurés aux États-Unis. Les pathologies associées, telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers et le diabète, contribuent à une surmortalité perçue comme évitable [2](#page=2).
Des études plus récentes suggèrent que dans de nombreux pays industrialisés, la mauvaise alimentation pourrait avoir dépassé la consommation de tabac comme première cause, et que les erreurs médicales ou les surdosages médicamenteux occupent une place significative [2](#page=2).
#### 2.1.3 Spécificités régionales et nouvelles tendances
* Aux États-Unis, pour la tranche d'âge des 15-44 ans, les accidents (routiers, domestiques, etc.) représentent la première cause de mortalité, et le suicide ainsi que l'homicide figurent parmi les cinq premières causes [2](#page=2).
* Une flambée des décès par overdose d'opiacés est observée depuis 2016 aux États-Unis, avec une augmentation significative due en partie à la prescription abusive de médicaments contenant des opiacés comme le Fentanyl [3](#page=3).
#### 2.1.4 Impact sur l'espérance de vie et la qualité de vie
Ces phénomènes ont des conséquences sur l'espérance de vie. Bien que les gens vivent plus longtemps globalement, les incapacités augmentent également [3](#page=3).
* Entre 2000 et 2019, l'espérance de vie mondiale a augmenté de plus de six ans (passant d'environ 67 à plus de 73 ans), mais seules environ cinq de ces années supplémentaires ont été vécues en bonne santé [3](#page=3).
* Les maladies et affections responsables du plus grand nombre de décès, telles que les maladies cardiaques, le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer du poumon et les bronchopneumopathies chroniques obstructives, sont également responsables d'une augmentation des années de vie en bonne santé perdues. Cette augmentation s'élève à près de 100 millions d'années de vie en bonne santé perdues en 2019 par rapport à 2000 [3](#page=3).
* Dans la région africaine, l'augmentation des accidents de la route depuis 2000 a entraîné une hausse d'environ 50 % du nombre de décès et des années de vie en bonne santé perdues [3](#page=3).
### 2.2 Augmentation des coûts des soins curatifs
Le système de soins curatifs est de plus en plus performant, mais cela entraîne des coûts de plus en plus élevés. Les pathologies mentionnées nécessitent des traitements sophistiqués et des prises en charge coûteuses [3](#page=3).
#### 2.2.1 De la guérison à la gestion chronique des maladies
Les progrès thérapeutiques permettent de prolonger la durée de vie des individus atteints de maladies chroniques, mais ne conduisent pas toujours à une guérison définitive. Cela transforme certaines pathologies autrefois incurables en maladies chroniques nécessitant des moyens importants sur le long terme. Cette chronicisation des pathologies contribue à l'accroissement des dépenses de santé [3](#page=3).
#### 2.2.2 Évolution des dépenses de santé
* En France, au cours des cinquante dernières années, le poids de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) dans le Produit Intérieur Brut (PIB) a fortement augmenté, passant de 2,5 % en 1950 à 8,8 % en 2005 [3](#page=3).
* En 2024, les dépenses courantes de santé en France s'élevaient à 333 milliards d'euros, soit 11,4 % du PIB, ce qui est 1,2 point de plus que la moyenne de l'Union Européenne. Ces dépenses ont progressé de 3,6 % sur un an [3](#page=3).
* En 2023, la CSBM a atteint 249 milliards d'euros en France, soit 3660 euros par habitant, avec une progression de 5,23 % entre 2022 et 2023. Entre 2011 et 2019, la CSBM avait augmenté en moyenne de 1,9 % par an [4](#page=4).
* Une représentation graphique de l'évolution du poids de la dépense publique consacrée à la santé dans le PIB français de 1970 à 2023 est disponible [4](#page=4).
Le budget alloué à la santé est donc de plus en plus important, suscitant des préoccupations quant à une saturation ou une faillite potentielle des systèmes de financement. Paradoxalement, la France, qui dépense le plus dans ses programmes de santé, est aussi le pays où les citoyens sont les moins satisfaits de leur système de santé. Le contrôle des coûts de santé est une préoccupation majeure dans les discours politiques et sociaux [4](#page=4).
> **Tip:** Il est crucial de comprendre le lien entre l'évolution des modes de vie, l'augmentation des maladies chroniques, et l'escalade des coûts de santé pour saisir les enjeux actuels des systèmes de soins.
### 2.3 Évolution de la conception de la santé
La manière dont la "bonne santé" est conçue en Occident a également évolué [4](#page=4).
* Au début du XXe siècle, la santé était principalement définie comme l'absence de maladie, évaluée par des indicateurs biophysiologiques, avec une approche exclusivement curative [4](#page=4).
* Après la Seconde Guerre Mondiale, le modèle biopsychosocial a intégré les dimensions psychiques et sociales à la dimension biologique [4](#page=4).
* Dans les années 1990, les modèles transactionnels ont formalisé la santé comme un état d'équilibre dynamique entre l'individu (ses ressources personnelles et sociales) et son environnement socio-écologique (modèle de la salutogenèse) [4](#page=4).
* Depuis les années 2000, en lien avec les préoccupations écologiques, la conscience s'est accrue quant à l'impact des facteurs environnementaux sur la santé des populations actuelles et futures. Le concept d'"Une Seule Santé" (One Health) souligne les liens étroits entre la santé humaine, la santé animale et l'état écologique global [4](#page=4).
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# Modèles théoriques de la santé
Voici une synthèse des modèles théoriques de la santé, élaborée pour un guide d'étude.
## 3. Modèles théoriques de la santé
Cette section explore divers modèles théoriques qui expliquent la santé, en commençant par le modèle biomédical, puis en abordant le modèle biopsychosocial, la salutogenèse et le modèle transactionnel du stress, et en examinant leurs implications pratiques [6](#page=6).
### 3.1 Le modèle biomédical
Le modèle biomédical, dominant depuis le milieu du 19ème siècle, conçoit le corps comme une machine selon une approche cartésienne et dualiste esprit-corps. Il est fortement influencé par le réductionnisme biologique, supposant qu'une cause étiologique spécifique et identifiable, telle qu'une bactérie, sous-tend chaque maladie. Cette doctrine, renforcée par des découvertes comme celles de Pasteur et Koch, stipule qu'un individu sans lésion est en bonne santé, tandis qu'une lésion entraîne des symptômes et la maladie. La santé et la maladie sont ainsi considérées comme des entités séparées et opposées. Ce modèle postule également qu'un traitement existe pour chaque pathologie, axant les pratiques de santé sur la guérison plutôt que sur la prévention ou l'éducation [6](#page=6) [7](#page=7).
Cependant, plusieurs postulats du modèle biomédical ont été remis en question au 20ème siècle [7](#page=7):
* La seule présence d'un facteur biologique spécifique ne suffit pas toujours à causer une maladie. Par exemple, l'exposition à un rhinovirus ne garantit pas une rhinopharyngite [7](#page=7).
* De nombreuses maladies ont des étiologies multifactorielles, impliquant des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Un exemple est le diabète de type 2, influencé par le surpoids, les antécédents familiaux, l'âge et le mode de vie [7](#page=7).
* La distinction stricte entre santé et maladie est discutable; ils sont souvent perçus comme les extrémités d'un continuum où la position de l'individu évolue [7](#page=7).
* L'approche purement curative n'est pas toujours suffisante, comme l'illustre l'absence de traitement ou de vaccin contre le SIDA [7](#page=7).
Ces constats ont mené à l'émergence du modèle biopsychosocial au milieu du 20ème siècle [7](#page=7).
### 3.2 Le modèle biopsychosocial
La définition de la santé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1946 est fondamentale pour le modèle biopsychosocial: «...un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition souligne que l'être humain est un corps physique, mais aussi un être pensant et socialisé. C'est la conception la plus consensuelle et reconnue internationalement [8](#page=8).
Ce modèle postule trois dimensions de la santé, qui participent simultanément au maintien de la santé ou au développement de la maladie [8](#page=8):
* **Physique:** facteurs génétiques, pré et périnataux, infectieux, endocriniens, métaboliques, immunitaires, etc. [8](#page=8).
* **Psychique:** connaissances, croyances, opinions en matière de santé, facteurs de personnalité, stratégies d'ajustement, etc. [8](#page=8).
* **Sociale:** niveau économique, habitat, milieu et conditions de travail, intégration sociale, facteurs ethnoculturels, religion, modèle éducatif, etc. [8](#page=8).
Aucune de ces dimensions n'est a priori prépondérante, bien que leur importance relative puisse varier. Ce modèle ne néglige pas les facteurs biologiques et n'est ni psychologisant ni sociologisant [8](#page=8).
Un autre intérêt de la définition de l'OMS est qu'elle est positive, ne se limitant pas à définir la santé par opposition à la maladie. Elle reconnaît santé et maladie comme deux dimensions distinctes. Le concept de bien-être, explicitement évoqué, souligne le caractère social et subjectif de la santé. Le bien-être est une perception individuelle dépendante du contexte temporel, culturel et social, renvoyant à un système de valeurs et à la notion de normalité [9](#page=9).
La conception de la santé est singulière et dépend des aspirations individuelles, des besoins, du milieu et des normes culturelles de son groupe d'appartenance. Les définitions de la santé sont donc partielles, provisoires et situées culturellement et historiquement. Par exemple, les conceptions de la santé ont évolué au cours de l'histoire occidentale et diffèrent selon les cultures, comme en Asie du Sud-Est, en Inde ou en Afrique Subsaharienne. Les croyances relatives à l'origine des maladies et au maintien de la santé varient même au sein d'une même communauté, influencées par les origines nationales des migrants ou par les caractéristiques socio-économiques et éducatives [10](#page=10) [9](#page=9).
La santé d'un individu dépend largement du contexte social et du niveau de développement économique et social de sa société. Le développement économique peut améliorer l'accès à l'hygiène et aux soins, influencer la hiérarchie des besoins humains, et affecter les structures familiales et les modes de vie, impactant l'intégration sociale. L'intégration sociale, comme l'a montré Durkheim dans son ouvrage sur le suicide, est importante pour la santé. De plus, la santé d'un individu est liée à celle des membres de sa communauté, comme illustré par la diffusion des épidémies [10](#page=10).
Malgré ses apports, le modèle biopsychosocial présente des limites [11](#page=11):
* L'idéal d'un « complet bien-être » est utopique, irréaliste et potentiellement dangereux, pouvant mener à l'insatisfaction [11](#page=11).
* Le modèle, en considérant la santé comme un état à un instant donné, omet la dimension temporelle et la participation active de l'individu à l'évolution de sa santé [11](#page=11).
La santé peut être mieux appréhendée comme un équilibre dynamique, une capacité à gérer sa vie et son environnement, à mobiliser ses ressources personnelles et sociales pour répondre aux nécessités de la vie. Cette conception dynamique est pertinente, car dans les sociétés urbanisées et industrialisées, de nombreuses maladies résultent de l'adaptation à de nouvelles forces environnementales [11](#page=11) [12](#page=12).
### 3.3 La salutogenèse
Proposé par Aaron Antonovsky (1979, 1985, 1996), le modèle de la salutogenèse vise à comprendre pourquoi certaines personnes restent en bonne santé malgré l'exposition à des facteurs de risque. Observant des survivantes de camps de concentration, il a recherché des facteurs protecteurs de santé. La salutogenèse est considérée comme un modèle théorique avancé et multifactoriel, identifiant les facteurs et processus qui aident au maintien de la santé et à la résistance aux agressions pathogènes [12](#page=12).
Dans ce cadre, la santé est le pôle sain d'un continuum santé-maladie, et la salutogenèse est le complément de la pathogenèse. Antonovsky définit la santé comme « l’état d’un système que l’on appelle l’organisme humain et qui qualifie un degré donné d’ordre ». Personne n'est exclusivement « malade » ou « sain », mais se situe sur un continuum. La salutogenèse étudie les individus qui améliorent leur état de santé, quelle que soit leur position sur ce continuum [12](#page=12) .
La position d'un individu sur ce continuum dépend de l'interaction entre des facteurs personnels de protection ou de résistance et des facteurs de stress de son contexte de vie. Les facteurs de stress peuvent être physiques, biochimiques ou psychosociaux. Ils peuvent être des tracas quotidiens (chroniques) ou des événements majeurs (aigus). Les facteurs personnels de protection ou de résistance (Generalized Resistance Resources) sont des caractéristiques individuelles, groupales ou environnementales facilitant la gestion efficace des tensions causées par les stresseurs [12](#page=12) [13](#page=13).
Antonovsky distingue deux types de ressources :
* **Ressources internes:** génétiques, compétences cognitives, styles de gestion du stress, robustesse (hardiness), optimisme, sentiment d'auto-efficacité, croyance en un lieu de contrôle interne [13](#page=13).
* **Ressources externes:** capacité de contrôle sur son environnement, soutien social (informatif, économique, émotionnel), facteurs biographiques, familiaux, culturels ou religieux [13](#page=13).
Ces ressources influencent la perception des stresseurs; un individu disposant de ressources suffisantes développera un sentiment de contrôle fort, percevant que ses ressources lui permettront d'éviter ou de résoudre les tensions [13](#page=13).
Il n'existe pas de ressources irremplaçables, et il est possible de substituer une ressource à une autre. Cependant, un déficit dans un type de ressource peut devenir un facteur de stress [14](#page=14).
Un apport majeur d'Antonovsky est l'identification du « sens de la cohérence » (Sense of Coherence - SoC) comme ressource fondamentale expliquant la capacité à maintenir une bonne santé. Le SoC est défini comme « la capacité de mobilisation par une personne de ses ressources générales de développement et de résistances, individuelles et sociales ». C'est une orientation psychologique globale, stable, développée tout au long de l'existence. Une personne avec un fort SoC développe une confiance dans la compréhensibilité, la prévisibilité et la gestion de sa vie et de son environnement, ainsi qu'un sens à son existence. À l'inverse, une personne avec un faible SoC se perçoit comme une victime des événements [14](#page=14).
Selon Antonovsky le SoC est structuré autour de trois composants dynamiques :
* **Intelligibilité (comprehensibility):** perception que les événements et situations sont cohérents, structurés et obéissent à une logique, permettant d'anticiper les conséquences de ses comportements [14](#page=14).
* **Auto-contrôle (manageability):** croyance en la possession des ressources nécessaires pour maîtriser les exigences des événements, pensant que tout problème a une solution [14](#page=14).
* **Signifiance (meaningfulness):** perception que la vie a un sens global et que les défis sont dignes d'engagement [14](#page=14).
La dimension de signifiance est souvent considérée comme la plus importante, mais l'auto-contrôle et l'intelligibilité ont également un impact significatif. Un individu sera plus susceptible de faire face aux stresseurs s'il croit que ses comportements ont un effet et s'il peut donner du sens aux événements [15](#page=15).
L'émergence et le développement d'un fort SoC sont déterminés par :
* La quantité et la qualité des ressources personnelles acquises tout au long de la vie [15](#page=15).
* Les expériences de socialisation précoces et les situations-problèmes rencontrées [15](#page=15).
* Les structures sociales et les événements historiques et culturels [15](#page=15).
Les environnements sociaux et culturels instables ou changeants ne sont pas propices à l'établissement d'un fort SoC. Il existe des boucles de rétroaction réciproques entre le SoC et les expériences de vie [15](#page=15).
Il est possible que des facteurs de stress aient un effet direct sur la santé, sans l'intervention des facteurs de protection ou du SoC, comme les risques biologiques, biochimiques, physiques ou mécaniques. Cependant, la plupart du temps, la réaction d'une personne aux exigences de son environnement est médiatisée par ses ressources et son SoC, orientant ainsi ses stratégies de faire face (coping) [15](#page=15).
Antonovsky considère que l'organisme peut affronter les influences pathogènes par ses mécanismes de défense immunologiques, mais c'est avant tout par ses comportements qu'un individu fait face aux tensions générées par les stresseurs [15](#page=15) .
### 3.4 Le modèle transactionnel de stress et de faire face (Lazarus & Folkman, 1984)
L'approche transactionnelle de Lazarus et Folkman conceptualise le phénomène de stress et ses conséquences sociales ou sanitaires. Elle se concentre sur les transactions « actuelles » entre l'individu et son environnement, c'est-à-dire les efforts cognitifs, émotionnels et comportementaux pour s'ajuster à des situations aversives. Les situations aversives incluent des événements majeurs (deuil, maladie) et des tracas quotidiens (surcharge de travail, harcèlement) [17](#page=17) .
Le modèle différencie trois catégories d'événements: les antécédents, les transactions et les issues. La notion de transaction est l'apport conceptuel majeur, clarifiant l'interaction individu-environnement et identifiant les processus tampons entre antécédents et réponses aux stresseurs [17](#page=17) [18](#page=18).
La transaction distingue deux phases :
1. **Évaluation:** Cette phase est centrale et détermine le niveau de stress. Le stress résulte de la perception d'un écart défavorable entre les exigences de la situation (évaluation primaire) et l'évaluation des ressources disponibles et de la capacité à contrôler la situation (évaluation secondaire). Ces évaluations sont subjectives [18](#page=18).
2. **Élaboration de stratégies d'ajustement (coping):** Il s'agit des efforts cognitifs et comportementaux pour maîtriser, tolérer ou réduire l'impact d'un événement perçu comme menaçant sur le bien-être physique ou psychologique [18](#page=18).
Le mode de coping est orienté par les caractéristiques personnelles antérieures, les variables environnementales, et l'évaluation de la situation et des ressources. Lazarus et Folkman distinguent quatre grandes catégories de stratégies de coping, auxquelles s'ajoute la recherche de soutien social [18](#page=18) :
* **Stratégies centrées sur l'émotion:** Atténuent le stress ressenti sans modifier les antécédents [18](#page=18).
* **Cognitives:** Agissent par des processus mentaux (déni, optimisme irréaliste, distraction, évitement) [18](#page=18).
* **Comportementales:** Modifient les processus neurophysiologiques (ingestion de substances psychotropes, activité physique, relaxation) [19](#page=19).
* **Stratégies centrées sur le problème:** Tentent de réduire le stress en s'attaquant aux sources réelles de la menace (exigences environnementales trop élevées et/ou ressources individuelles trop faibles) [18](#page=18).
* **Cognitives:** Augmentent le sentiment de contrôle par la compréhension, l'émergence de solutions ou la planification (analyse des situations, résolution de problème, planification) [19](#page=19).
* **Comportementales:** Visent à modifier concrètement la situation pour la rendre moins menaçante, en transformant l'environnement ou en augmentant la capacité de contrôle [19](#page=19).
* **Recherche et obtention de soutien social:** Permet de faire face à la menace en activant des ressources du réseau social (soutien matériel, informatif, d'estime ou émotionnel) [19](#page=19).
Les effets des différentes stratégies de coping ne sont pas équivalents à court, moyen ou long terme. Par exemple, le déni peut réduire le stress à court terme mais aggraver la situation à long terme. L'usage de substances psychotropes procure un soulagement temporaire mais peut mener à l'addiction et à de graves risques pour la santé. Les stratégies centrées sur le problème peuvent être coûteuses à court terme mais plus efficaces à long terme en modifiant concrètement la situation [19](#page=19).
Il n'existe pas de stratégies de coping universellement recommandées; une adaptation satisfaisante dépend de la disponibilité d'un large éventail de stratégies activables selon les contextes. Ces stratégies peuvent être utilisées en parallèle ou successivement [20](#page=20).
Les processus transactionnels (évaluations et stratégies de coping) modèrent les effets des antécédents environnementaux et dispositionnels sur la santé physique, psychique et sociale. Les issues sont le résultat de l'exposition à une situation aversive et de la manière dont l'individu y a fait face, et se distinguent selon leur temporalité (court, moyen, long terme). Le choix d'un mode de coping a des conséquences; le recours à des modes plus simples (centrés sur l'émotion, comportementaux, soutien social) peut appauvrir l'éventail des stratégies disponibles, notamment les stratégies centrées sur le problème [20](#page=20).
Le modèle transactionnel met en évidence de nombreuses boucles d'action et de rétroaction entre les antécédents, les transactions et les issues. Les approches transactionnelles (salutogenèse et modèle de stress) considèrent la santé comme un « état d’équilibre dynamique transactionnellement atteint entre 1) l’individu, sa capacité personnelle d’auto-organisation et d’auto-renouvellement [adaptation, et 2) son environnement socio-écologique » [21](#page=21).
Ces modèles déplacent l'objet de la santé vers l'acquisition de compétences de santé, en offrant une grille de compréhension des comportements sains ou nocifs et en identifiant plusieurs cibles d'intervention [21](#page=21):
* **Antécédents individuels:** acquisition de connaissances, compétences, développement de traits de personnalité [21](#page=21).
* **Antécédents environnementaux:** promotion d'environnements favorables à la santé [21](#page=21).
* **Transactions:** conscientisation des ressources, estimation plus précise des exigences environnementales, mise en place de stratégies de coping non nocives [21](#page=21).
* **Issues:** conservation d'une bonne qualité de vie ou autonomie après un problème de santé [21](#page=21).
Ces approches, en soulignant le poids de l'environnement, évitent les actions de santé excessivement centrées sur l'individu et favorisent la promotion de la santé [21](#page=21).
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# La notion de One Health
La notion de "One Health" (une seule santé) représente une approche intégrée et systémique qui reconnaît l'interdépendance fondamentale entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale, visant à optimiser durablement le bien-être de tous ces composants [22](#page=22).
### 4.1 Origines et évolution du concept
L'idée d'une vision unifiée de la santé, prenant en compte l'environnement, trouve ses racines anciennes dans la pensée occidentale (Hippocrate, Galien) et dans diverses approches médicales extra-occidentales qui liaient l'équilibre corporel à l'équilibre environnemental et socioécologique [23](#page=23).
Cependant, le terme "One Health" a été explicitement utilisé pour la première fois au début des années 2000 et formalisé autour de 2003-2004. Il est né de la constatation que le monde était et serait confronté à des problèmes sanitaires complexes, tels que l'émergence de nouveaux agents infectieux, auxquels aucune discipline, institution ou pays ne pouvait répondre seul. Cette démarche a été impulsée par la reconnaissance d'un risque écoépidémiologique croissant, notamment le fait que [22](#page=22) [23](#page=23):
* Environ 60 % des maladies humaines infectieuses connues ont une origine animale [22](#page=22).
* Environ 80 % des agents pathogènes utilisables pour le bioterrorisme sont également d'origine animale [22](#page=22).
* Au moins 70 % des maladies émergentes ou réémergentes graves observées au cours du siècle dernier sont des maladies zoonotiques ou à vecteurs [22](#page=22).
L'une des premières manifestations concrètes de cette approche fut l'association du terme "One Health" aux "Principes de Manhattan" en 2004, issus d'une réunion de la Wildlife Conservation Society (WCS). Ces principes ont souligné que les épidémies du début du XXIe siècle résultaient des liens étroits entre la santé humaine et animale, et que la dégradation environnementale (disparition d'espèces, destruction d'habitats, pollution, changement climatique) modifiait profondément la vie sur Terre [23](#page=23).
Initialement, l'approche One Health s'est principalement concentrée sur le rôle des vétérinaires et l'impact des propriétaires ou gestionnaires d'animaux, ainsi que des personnes en contact régulier avec la faune et l'environnement (éleveurs, pêcheurs, chasseurs, forestiers) [22](#page=22).
Cependant, suite à l'accélération des émergences épidémiques d'origine animale, notamment la pandémie de COVID-19, le concept a été revisité et redéfini en 2022 comme: « une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l'environnement au sens large (y compris les écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante ». Cette évolution reflète une prise de conscience accrue de la complexité des interactions et de la nécessité d'une collaboration encore plus large [22](#page=22).
> **Tip:** Il est important de distinguer l'émergence récente du terme "One Health" de l'ancienneté des concepts sous-jacents d'interconnexion homme-environnement.
### 4.2 Objectifs et implications
La démarche One Health vise à :
* **Promouvoir une approche intégrée, systémique et unifiée** de la santé publique, animale et environnementale [22](#page=22).
* **Mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique**, en mettant l'accent sur la prévention et la détection [22](#page=22).
* **Mobiliser de multiples secteurs et disciplines** à différents niveaux de la société pour travailler ensemble [22](#page=22).
* **Lutter contre les menaces pesant sur la santé et les écosystèmes** [22](#page=22).
* **Répondre aux besoins collectifs** en eau, énergie, air purs, aliments sûrs et nutritifs [22](#page=22).
* **Prendre des mesures contre le changement climatique** et contribuer au développement durable [22](#page=22).
* **Établir une approche holistique** pour la prévention des maladies épidémiques/épizootiques [23](#page=23).
* **Maintenir l'intégrité de l'écosystème** au profit des humains, de leurs animaux domestiques et de la biodiversité [23](#page=23).
> **Tip:** La notion de "One Health" souligne que la santé humaine ne peut être isolée de la santé animale ou de la qualité de l'environnement.
### 4.3 Domaines thématiques couverts
De nombreuses thématiques relèvent de la démarche One Health, notamment :
* Les maladies transmises par les vecteurs (tiques, culicoïdes, moustiques) [24](#page=24).
* La propagation d'insectes vecteurs de maladies pour les végétaux due au changement climatique, affectant la sécurité alimentaire [24](#page=24).
* Les facteurs environnementaux impactant la santé des abeilles [24](#page=24).
* Les zoonoses, c'est-à-dire les maladies transmises de l'animal à l'homme (grippes aviaire et porcine, brucellose, tuberculose, coronavirus) [24](#page=24).
* L'antibiorésistance, qui concerne à la fois les animaux d'élevage et l'homme, et qui peut s'étendre à la résistance à d'autres anti-infectieux [24](#page=24).
* L'impact du changement climatique sur la santé humaine et/ou animale [24](#page=24).
> **Example:** L'exemple du virus Nipah en Asie du Sud-Est illustre l'interconnexion: la destruction de la forêt tropicale par des incendies a contraint des chauves-souris frugivores à se réfugier dans des élevages porcins, permettant la transmission du virus aux porcs, puis à l'homme, entraînant une mortalité significative. La réponse a impliqué l'abattage des animaux, soulignant l'impact des activités humaines sur l'environnement et la sécurité alimentaire [22](#page=22).
### 4.4 Collaboration et interdépendance
La démarche One Health encourage une collaboration transdisciplinaire ou multidisciplinaire à co-égalité entre la santé, l'environnement, l'économie, et la santé environnementale. Elle implique que les spécialistes de la santé humaine et animale travaillent aux côtés de professionnels issus des sciences humaines et sociales, de la géographie, de l'urbanisme, entre autres. Cette approche reconnaît que la santé des humains, des animaux (domestiques et sauvages) et des écosystèmes est intrinsèquement liée et interdépendante [22](#page=22) [23](#page=23).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Terme | Définition |
|---|---|
| Éducation pour la santé | Ensemble des pratiques visant à aider les individus à acquérir des connaissances et des compétences leur permettant de faire des choix éclairés concernant leur santé et leur bien-être. |
| Promotion de la santé | Processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur santé et d'améliorer celle-ci, en se concentrant sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé. |
| Prévention des risques | Mesures visant à éviter l'apparition de maladies ou d'accidents en identifiant et en agissant sur les facteurs qui y contribuent. |
| Modèle biomédical | Approche de la santé qui considère la maladie comme causée par des agents pathogènes spécifiques et qui se concentre sur le traitement des symptômes par des interventions médicales. |
| Modèle biopsychosocial | Conception de la santé qui intègre les dimensions physique, psychologique et sociale de l'individu, reconnaissant que ces facteurs interagissent dans le maintien de la santé et le développement de la maladie. |
| Salutogenèse | Théorie de la santé qui se concentre sur les facteurs qui favorisent la santé et le bien-être, plutôt que sur les causes de la maladie (pathogenèse). Elle explore comment les individus maintiennent leur santé malgré l'exposition à des facteurs de stress. |
| Sens de la cohérence (SoC) | Concept central de la salutogenèse, représentant une orientation globale face à la vie, caractérisée par la croyance que les événements sont compréhensibles, gérables et significatifs. |
| Modèle transactionnel de stress et de faire face (coping) | Cadre théorique qui décrit le stress comme le résultat d'une transaction entre un individu et son environnement, où l'individu évalue les exigences de la situation et les ressources dont il dispose pour y faire face. |
| Stratégies de faire face (coping) | Efforts cognitifs et comportementaux déployés par un individu pour gérer les exigences et les conflits internes ou externes qui menacent ou dépassent ses ressources. |
| Zoonose | Maladie infectieuse transmissible de l'animal à l'homme. |
| One Health | Approche intégrée et interdisciplinaire qui reconnaît que la santé humaine, la santé animale et la santé de l'écosystème sont interconnectées et interdépendantes, visant à optimiser la santé de tous. |
| Déterminants de la santé | Facteurs physiques, sociaux, économiques, environnementaux et comportementaux qui influencent l'état de santé des individus et des populations. |
| Continuum santé-maladie | Concept selon lequel la santé et la maladie ne sont pas des états absolus mais se situent sur un spectre dynamique, où un individu peut se déplacer en fonction de divers facteurs. |