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Summary
# Les origines antiques de la psychologie et la naissance de la philosophie
### Préhistoire de la psychologie : la philosophie antique
* La psychologie, en tant que discipline scientifique, est récente, bien que ses questionnements soient anciens [1](#page=1).
* Le terme "psychologie" dérive du grec "psyché" (âme, esprit) et "logos" (raison, discours, étude) [1](#page=1).
* L'étude de l'âme et de la vie intérieure fut longtemps une partie intégrante de la philosophie [1](#page=1).
* La psychologie moderne trouve ses racines dans la philosophie antique, avant son émancipation au 19ème siècle [1](#page=1).
* La philosophie, notamment l'épistémologie, peut apporter un éclairage critique sur les théories psychologiques [1](#page=1).
### Une psychologie d'abord épique et tragique
* Jacqueline de Romilly considère Homère (8ème siècle av. J.-C.) comme un précurseur de la psychologie par ses descriptions de réactions émotionnelles humaines [2](#page=2).
* Dans l'épopée homérique, les motivations des comportements sont souvent attribuées à des forces extérieures (dieux, destin) [2](#page=2).
* Le 5ème siècle av. J.-C., avec des auteurs comme Euripide et Thucydide, marque une prise de conscience d'une vie intérieure complexe, faite de doutes et de conflits [2](#page=2).
* Thucydide a proposé une "psychologie des foules et des cités" [2](#page=2).
### Naissance de la philosophie et démarche réflexive
* Socrate (mort en 399 av. J.-C.) marque un tournant en orientant la philosophie vers l'homme et la réflexion critique sur l'esprit humain [2](#page=2).
* Socrate, n'ayant laissé aucun écrit, est connu par l'intermédiaire de ses disciples, notamment Platon [2](#page=2).
* L'Apologie de Socrate relate sa défense lors de son procès, où il est accusé d'impiété et de corruption de la jeunesse [3](#page=3).
* Socrate se défendait en démontrant que les accusations reposaient sur des rumeurs et des préjugés, liées à son enquête pour démentir l'oracle [3](#page=3).
* L'enquête de Socrate auprès des "savants" de son temps révèle leur ignorance, car ils sont incapables de définir précisément les concepts [3](#page=3).
* Socrate conclut que la lucidité sur sa propre ignorance est plus précieuse que l'ignorance assumée, car elle mène à la recherche du savoir [3](#page=3).
* Cette lucidité inaugurale, résultant d'une démarche réflexive et d'introspection, est considérée comme le geste fondateur de la philosophie [3](#page=3).
* La philosophie, depuis Socrate, est une recherche de la "sofia" (savoir, sagesse), qui suppose son absence [3](#page=3).
### Platon, la réminiscence et le dualisme âme-corps
* Platon, par ses successeurs comme lui-même, a soulevé des questions fondamentales pour la philosophie et la psychologie cognitive [4](#page=4).
* Platon est crédité de la théorisation des idées innées, des principes présents dans l'esprit dès la naissance, avant toute expérience [4](#page=4).
* La théorie platonicienne de la connaissance repose sur la réminiscence (anamnèsis), l'idée que connaître, c'est se souvenir [4](#page=4).
* Le dialogue *Ménon* expose la théorie de la réminiscence, déclenchée par le "paradoxe de Ménon": comment chercher ce que l'on ignore? [5](#page=5).
* Socrate propose que l'apprentissage est en réalité une réminiscence, car nous connaissons déjà ce que nous cherchons, sans le savoir consciemment [5](#page=5).
* Cette théorie postule l'immortalité de l'âme, qui aurait contemplé la vérité avant son incarnation dans le corps [5](#page=5).
* Le corps est vu comme un obstacle à la connaissance, une prison aliénant l'âme aux sens et aux préoccupations utilitaires [6](#page=6).
* Seule la séparation effective de l'âme et du corps, lors de la mort, permettrait la pleine possession de la connaissance véritable [6](#page=6).
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### La maïeutique socratique
* Socrate considère sa pratique philosophique comme l'art d'accoucher les âmes [9](#page=9).
* Il aide son interlocuteur à mettre ses idées à l'épreuve pour en vérifier la vérité [9](#page=9).
* Sa propre stérilité en sagesse l'oblige à assister les autres dans l'enfantement du savoir [9](#page=9).
* Le rôle de Socrate est de démasquer l'ignorance tout en faisant accoucher les âmes savantes à leur insu [9](#page=9).
* La réminiscence, concept où l'âme se remémore des opinions vraies, est soulignée comme un processus inconscient, tel un rêve [9](#page=9).
### Aristote : logique, empirisme, et l'âme indissociable du corps
#### La logique aristotélicienne
* Aristote a fondé la logique, science du raisonnement et des règles de la pensée rationnelle [10](#page=10).
* Sa logique, rassemblée dans l'Organon (instrument), sert de propédeutique à toute étude scientifique [10](#page=10).
* Elle analyse les formes de la pensée dans son rapport à la réalité [10](#page=10).
* Les catégories aristotéliciennes représentent les genres les plus généraux de l'être et permettent l'analyse du réel et son expression linguistique [11](#page=11).
* La substance est la première catégorie, car toutes les autres en dépendent pour exister [10](#page=10).
* La vérité réside dans la liaison des termes au sein du jugement, qui affirme ou nie quelque chose [11](#page=11).
#### La science démonstrative et l'induction
* Le syllogisme est le raisonnement logique élémentaire permettant de déduire une conclusion à partir de prémisses [12](#page=12).
* La validité d'une déduction dépend de la forme du syllogisme, pas de son contenu [12](#page=12).
* Une conclusion valide n'est pas nécessairement vraie si les prémisses sont fausses [12](#page=12).
* Aristote distingue la démonstration, basée sur des principes vrais, de l'appréhension des principes qui fonde la science [13](#page=13).
* L'induction est le moyen par lequel l'esprit accède à l'universel, partant de la sensation des cas particuliers [14](#page=14).
* L'expérience, issue de la persistance des impressions sensibles et de la répétition des souvenirs, conduit à l'induction [14](#page=14).
* Cette approche fonde une théorie de la connaissance où l'expérience sensible joue un rôle fondamental, préfigurant l'empirisme [15](#page=15).
#### La psychologie aristotélicienne
* Le traité "De l'âme" constitue le premier traité véritable de psychologie, analysant l'âme comme indissociable du corps [15](#page=15).
* L'âme est définie comme le principe vital par lequel le corps est animé et en acte [15](#page=15).
* Il réfute le dualisme platonicien en affirmant que l'âme est la forme et la réalisation des potentialités du corps [16](#page=16).
* Aristote distingue plusieurs facultés de l'âme: nutritive, sensitive, intellective, et parfois motrice [16](#page=16).
* Ces facultés forment une hiérarchie où chaque type supérieur présuppose l'inférieur [16](#page=16).
* L'âme végétative est le degré le plus bas, commun à tous les vivants, responsable de la nutrition et de la reproduction [16](#page=16).
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### L'âme sensitive et la sensation chez Aristote
* L'âme sensitive concerne les animaux et les hommes, s'ajoutant à l'âme végétative [17](#page=17).
* Elle réunit plusieurs fonctions ou facultés, dont la faculté sensitive se déploie en 5 sens spécifiques [17](#page=17).
* Aristote analyse la sensation par l'analogie de la cire recevant l'empreinte d'un anneau: la forme est reçue sans la matière [17](#page=17).
* La sensation est définie comme l'acte commun du sens et du sensible, l'impression de la forme sans la matière dans l'âme [17](#page=17).
* Aristote est le premier à proposer une étude philosophique de la perception sensible [17](#page=17).
### Le sens commun chez Aristote
* Aristote évoque un mystérieux "sens commun", distinct des cinq sens, sans objet ni organe propre [17](#page=17).
* Il lui attribue trois fonctions :
* Perception des "sensibles communs" (mouvement, figure, nombre) [17](#page=17).
* Réflexivité: sentir que l'on est en train de sentir [18](#page=18).
* Discernement: appréhender et rapporter ensemble les divers sensibles [18](#page=18).
* Le sens commun permet de percevoir ce qui est commun à plusieurs sens comme une unité, garantissant la cohérence perceptive [18](#page=18).
### L'imagination et l'intellect chez Aristote
* L'imagination est une faculté intermédiaire entre la sensation et la pensée intellectuelle, prolongent la sensation lorsque l'objet a disparu [18](#page=18).
* Elle est la faculté de se représenter un objet sans sa présence sensible [18](#page=18).
* L'intellect est distinct des sens et n'a pas d'organe corporel propre [18](#page=18).
* Toute connaissance commence avec les sens, qui portent sur l'universel contenu en puissance dans la perception individuelle [18](#page=18).
* La sensation et l'imagination constituent la matière de l'intellect, qui peut abstraire des formes pour accéder à la connaissance universelle [19](#page=19).
### L'avènement de la modernité avec Descartes
* René Descartes (1596-1650) est philosophe et homme de science, célèbre pour avoir affirmé la nécessité d'une méthode [19](#page=19).
* Il a contribué à la géométrie analytique et dégagé les lois de la réfraction [19](#page=19).
* Son "Discours de la méthode" expose les règles de sa méthode pour rechercher la vérité [19](#page=19).
### Les quatre règles de la méthode cartésienne
* **Règle de l'évidence:** Ne se fier qu'aux idées claires et distinctes, éviter la précipitation et la prévention [20](#page=20).
* **Règle de l'analyse:** Décomposer les problèmes complexes en parties plus simples [20](#page=20).
* **Règle de la synthèse:** Commencer par les objets les plus simples pour s'élever aux composés, en suivant un ordre [20](#page=20).
* **Règle du dénombrement:** Faire des dénombrements et des revues générales pour s'assurer de n'omettre aucun élément [20](#page=20).
### La métaphysique et la théorie du sujet chez Descartes
* La métaphysique est la partie de la connaissance qui recherche les premiers principes et causes premières [21](#page=21).
* Pour Descartes, la philosophie englobe la science et la nature, la métaphysique en étant le fondement [21](#page=21).
### Le doute méthodique de Descartes
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### Le doute méthodique et la première certitude
* Le doute est présenté comme un travail ardu, comparable à un esclave rêvant sa liberté [25](#page=25).
* La fiction du "mauvais génie" renforce la nécessité d'un doute universel et systématique [25](#page=25).
* Descartes est convaincu de la validité de sa démarche mais ne voit pas immédiatement comment en sortir [25](#page=25).
* La seule option est de continuer à douter, considérant tout ce qui est douteux comme faux [25](#page=25).
* Une issue est envisagée: soit une certitude résiste, soit l'on est certain qu'absolument rien n'est certain [25](#page=25).
* S'appuyant sur l'idée d'Archimède, Descartes cherche un point d'appui extérieur au doute pour soulever le globe terrestre de ses anciennes opinions [25](#page=25).
* Il lui suffirait d'une seule chose certaine et indubitable pour espérer atteindre la vérité [25](#page=25).
* Aucune chose en laquelle il a cru auparavant n'a pu être conservée comme vraie, toutes pouvant être des illusions [25](#page=25).
* Descartes s'interroge sur l'origine de ses pensées, envisageant un dieu ou une puissance extérieure [25](#page=25).
* Il réalise qu'il n'est pas nécessaire de recourir à une cause extérieure pour expliquer ses idées; il pourrait en être l'auteur [25](#page=25).
* Malgré le doute sur son existence corporelle et sensorielle, l'idée d'exister sans corps émerge [25](#page=25).
* En doutant de l'existence du monde matériel et de son corps, il s'aperçoit de la nécessité de sa propre existence en tant que sujet de son doute [25](#page=25).
* L'existence est d'abord probable, mais le "mauvais génie" confirme cette existence en tant que support de la tromperie [26](#page=26).
* Pour douter ou penser, il faut nécessairement exister en tant que sujet de cette pensée [26](#page=26).
* "Je pense, donc je suis" ($cogito ergo sum$) est la certitude première qui permet de sortir du doute universel [26](#page=26).
### L'essence de la chose qui pense
* Après avoir établi sa certitude d'exister, Descartes cherche à déterminer son essence sans hâte ni réintroduction d'anciennes opinions [26](#page=26).
* Il rejette la définition de l'homme comme "animal raisonnable" car elle multiplie les termes à définir et renvoie à l'existence douteuse de l'animal [26](#page=26).
* La conception de l'homme comme composé de corps et d'âme est examinée [26](#page=26).
* Les fonctions du corps et les fonctions de l'âme liées au corps (végétative, motrice, sensitive) sont rejetées comme douteuses [26](#page=26).
* Seule la fonction intellective, la pensée, résiste au doute, menant à la certitude d'être une chose qui pense [26](#page=26).
* Descartes se définit comme une "chose qui pense", un esprit ou une raison, une faculté purement intellectuelle [26](#page=26).
### La connaissance de soi et la réfutation de l'empirisme
* L'imagination, faculté de se représenter les choses de façon sensible, est liée au corps et ne peut appréhender la chose qui pense [27](#page=27).
* La connaissance certaine de soi ne peut provenir de l'imagination; il faut s'en détourner pour atteindre la vérité [27](#page=27).
* Penser englobe douter, affirmer, nier, désirer; ces facultés sont rapportées au sujet pensant [27](#page=27).
* La pensée s'accompagne toujours de la conscience d'exister en tant que sujet [27](#page=27).
### Sortir du solipsisme et retrouver le monde
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# La logique et la théorie de la connaissance chez Aristote
### Principes fondamentaux de la logique aristotélicienne
* La logique est l'instrument (organon) de toutes les sciences [10](#page=10).
* Elle analyse les formes de la pensée en rapport avec la réalité [10](#page=10).
* Son but est de raisonner correctement pour éviter les erreurs [10](#page=10).
* Les écrits de logique sont une étude préparatoire aux écrits scientifiques [10](#page=10).
### Les catégories aristotéliciennes
* Les catégories sont les genres les plus généraux de l'être et permettent de parler de l'être [10](#page=10).
* Elles distinguent les réalités existant en soi (substances) des réalités existant en d'autres (accidents) [10](#page=10).
* La substance est la catégorie première, car elle existe indépendamment des autres [10](#page=10).
* Les dix catégories sont des cadres généraux pour attribuer des propriétés aux choses [11](#page=11).
* Les catégories de la pensée sont aussi les modes d'existence dans la réalité [11](#page=11).
* La vérité et l'erreur résident dans la liaison des termes, au niveau du jugement [11](#page=11).
### Théorie de la connaissance et science démonstrative
* La vérité est la conformité entre ce qui est dit et ce qui est (adéquation) [11](#page=11).
* Seules les propositions déclaratives peuvent être vraies ou fausses [11](#page=11).
* Le syllogisme est le raisonnement logique élémentaire, déduisant une conclusion de deux prémisses [12](#page=12).
* La validité d'une déduction dépend de la forme du syllogisme, pas de son contenu [12](#page=12).
* Une conclusion valide n'est pas nécessairement vraie si les prémisses sont fausses [12](#page=12).
* La science démonstrative repose sur des principes vrais, antérieurs et causes des conclusions [13](#page=13).
* Il est impossible de tout démontrer, car cela mènerait à une régression à l'infini [13](#page=13).
### L'induction et l'accès à l'universel
* La connaissance des principes premiers n'est pas démonstrative ni innée, mais acquise par induction [14](#page=14).
* L'induction nous fait connaître les principes universels à partir des sensations et de l'expérience [14](#page=14).
* Le cheminement est: sensation → mémoire → expérience → induction → principes universels [14](#page=14).
* L'induction élève l'esprit de l'observation des cas particuliers à la saisie de l'universel [14](#page=14).
* La connaissance des principes premiers provient de la perception sensible, nécessitant la présence d'un corps [15](#page=15).
* Cette approche contraste avec la théorie platonicienne de la réminiscence [15](#page=15).
* La philosophie d'Aristote préfigure l'empirisme, valorisant l'expérience sensible [15](#page=15).
### L'âme chez Aristote
* L'âme est le principe vital par lequel un corps organisé est animé et vit [15](#page=15).
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# Aristote's theory of the soul and perception
### Cœur de la doctrine
- L'âme est le principe de vie, organisée en facultés: végétative, sensitive, intellective [17](#page=17).
- La sensation est la réception de la forme de l'objet sans sa matière [17](#page=17).
- Le sens commun est une faculté essentielle qui unifie et interprète les perceptions [17](#page=17) [18](#page=18).
### Faits clés
- L'âme végétative est présente chez tous les êtres vivants [17](#page=17).
- L'âme sensitive, ajoutée à la végétative, concerne animaux et humains [17](#page=17).
- La faculté sensitive se déploie en cinq sens spécialisés, chacun avec un organe propre [17](#page=17).
- La sensation est définie comme l'acte commun du sens et du sensible [17](#page=17).
- Le traité de l'âme est une première étude philosophique de la perception sensible [17](#page=17).
- L'imagination est une faculté intermédiaire entre sensation et pensée [18](#page=18).
- La mémoire repose sur la conservation des images laissées dans l'âme [18](#page=18).
- Toute connaissance commence avec les sens, mais porte sur l'universel [18](#page=18).
- La connaissance universelle est contenue en puissance dans la perception individuelle [18](#page=18).
- Les empiristes ont pu emprunter leurs idées sur la sensation et l'imagination à Aristote [19](#page=19).
### Concepts clés
- **L'âme sensitive:** Permet la perception par les cinq sens [17](#page=17).
- **Le mécanisme de la sensation:** Comparé à une empreinte sur de la cire, recevant la forme sans la matière [17](#page=17).
- **Le sens commun:** Une faculté distincte des cinq sens, sans organe propre ni objet déterminé [17](#page=17).
- **Fonctions du sens commun :**
- Perception des sensibles communs (mouvement, figure, nombre) [17](#page=17).
- Réflexivité: sentir que l'on est en train de sentir [18](#page=18).
- Discernement: appréhender et rapporter les divers sensibles [18](#page=18).
- **L'imagination:** Faculté de se représenter un objet absent, prolongeant la sensation [18](#page=18).
- **L'âme intellective:** La faculté de connaître intellectuellement, distincte des sens et sans organe propre [18](#page=18).
- **Abstraction des formes:** L'intellect abstrait des formes à partir des images sensibles [19](#page=19).
### Implications
- Le sens commun garantit la perception d'objets cohérents en unifiant les données sensorielles [18](#page=18).
- Sans le sens commun, la perception resterait fragmentée et incapable d'appréhender le monde comme un ensemble unifié [18](#page=18).
### Pièges courants
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# Descartes' method and the foundation of knowledge
### Idée centrale
* La méthode de Descartes vise à établir une connaissance certaine et indubitable en réfutant toutes les idées douteuses.
* Il cherche à fonder la science sur des principes absolus pour en tirer des applications pratiques.
### Faits clés
* Descartes, philosophe et homme de science, a formalisé une méthode scientifique dans son "Discours de la méthode" [19](#page=19).
* Cette méthode a contribué à des découvertes comme la géométrie analytique et les lois de la réfraction [19](#page=19).
* Le "Discours de la méthode" a été publié en français pour être accessible à un large public [19](#page=19).
* Descartes a renoncé à publier son traité "Le Monde" par crainte des condamnations après celle de Galilée [20](#page=20).
* Il publie ensuite les "Méditations métaphysiques" quatre ans après le "Discours de la méthode" [21](#page=21).
### Concepts clés
* **Le doute méthodologique**: démarche active et radicale pour purifier l'esprit des idées fausses et fonder la connaissance sur des bases certaines [22](#page=22).
* **Évidence**: première règle de la méthode; ne se fier qu'aux idées claires et distinctes [20](#page=20).
* Clarté: l'idée se manifeste directement à l'esprit [20](#page=20).
* Distinction: l'idée est clairement différenciée des autres [20](#page=20).
* **Analyse**: seconde règle; diviser les problèmes complexes en parties plus simples pour faciliter la résolution [20](#page=20).
* **Synthèse**: troisième règle; commencer par les objets les plus simples et progresser vers les plus composés [20](#page=20).
* **Dénombrement**: quatrième règle; s'assurer qu'aucun élément n'est omis par des énumérations complètes [20](#page=20).
* **Théorie du sujet souverain**: l'homme comme centre de la connaissance et de la réalité [21](#page=21).
* **Doute hyperbolique**: doute excessif et volontaire appliqué à toutes les idées, même les plus probables [22](#page=22).
* **Argument du rêve**: impossibility de distinguer avec certitude le rêve de la veille [22](#page=22).
* **Le Malin Génie**: hypothèse d'un être trompeur utilisé pour maintenir le doute universel [24](#page=24).
### Implications
* Le doute cartésien remet en question la fiabilité des sens et de la raison [22](#page=22) [23](#page=23).
* Les mathématiques et la logique, basées sur des idées universelles (espace, temps, nombre), résistent au doute [23](#page=23).
* La quête de la certitude conduit à la découverte du "Cogito, ergo sum" (Je pense, donc je suis) (implicite dans la certitude de douter) [24](#page=24).
* La méthode permet de fonder la science sur des vérités certaines et d'envisager des applications techniques [21](#page=21).
- > **Tip:** Le doute de Descartes n'est pas sceptique, mais méthodologique ; il vise à trouver une vérité certaine et non à nier toute possibilité de savoir
- > **Example:** Les sens peuvent nous tromper (mirage dans le désert), donc il faut douter de toutes les perceptions sensibles [22](#page=22)
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# L'analyse de la nature de la chose qui pense : esprit vs. corps
### Les fondements de la chose qui pense
- La connaissance de soi comme "chose qui pense" est certaine [27](#page=27).
- Penser inclut douter, affirmer, nier, désirer en connaître davantage [27](#page=27).
- Ces facultés de pensée sont distinguées des objets auxquels elles s'appliquent [27](#page=27).
- La pensée s'accompagne toujours de la conscience de penser [27](#page=27).
- La pensée s'exprime en multiplicité de fonctions, unies par la conscience [27](#page=27).
- La conscience de soi est présente dans toutes les opérations de la pensée [27](#page=27).
### L'imagination et la perception comme opérations de la pensée
- L'imagination est la faculté de se représenter les choses de façon sensible [27](#page=27).
- L'imagination est liée au corps et à la sensation [27](#page=27).
- La perception et l'imagination sont des opérations de la pensée, même si leur objet n'existe pas [27](#page=27).
- Ce qui compte est la nature du sujet pensant, pas celle de l'objet pensé [27](#page=27).
### La remise en question de la connaissance sensible : l'exemple de la cire
- Provisoirement, adopter l'opinion que les choses matérielles senties sont connues le plus distinctement [28](#page=28).
- Les qualités sensibles d'un morceau de cire (goût, odeur, aspect, contact, son) sont énumérées [28](#page=28).
- Après chauffage, la cire perd ses qualités sensibles initiales et d'autres sont transformées [28](#page=28).
- Si la connaissance des corps venait des sens, la cire fondue ne serait pas la même chose que la cire non fondue [28](#page=28).
- La modification des qualités sensibles n'implique pas un changement d'objet [28](#page=28).
- Les qualités sensibles ne sont que des indices, pas l'essence constitutive de la cire [28](#page=28).
- La connaissance distincte du morceau de cire ne peut pas être la sensation seule [28](#page=28).
### L'intervention de l'entendement
- L'imagination semble à l'œuvre en reconnaissant l'identité de la cire sous ses différences [28](#page=28).
- L'imagination ne peut pas accéder à l'infini des formes possibles pour la cire [28](#page=28).
- L'entendement est la seule faculté apte à concevoir la cire [29](#page=29).
- L'entendement conçoit par concepts, abstraitement, la propriété de l'extension [29](#page=29).
- La perception d'un objet est une reconnaissance de son identité par l'entendement [29](#page=29).
- Percevoir, c'est juger, une activité de l'esprit, pas une réception passive d'impressions [29](#page=29).
### Le piège du langage et la primauté de l'esprit
- Le langage entretient l'illusion que la perception sensible est l'œuvre des sens seuls [29](#page=29).
- L'exemple des chapeaux et manteaux montre que nous jugeons ce que nous voyons [29](#page=29).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Terme | Définition |
| Âme végétative | La faculté la plus fondamentale de l'âme, commune à tous les êtres vivants, responsable des fonctions de nutrition, de croissance et de reproduction, et pouvant exister indépendamment des autres facultés, comme chez les plantes. |
| Âme sensitive | La faculté de l'âme qui s'ajoute à l'âme végétative et qui est présente chez les animaux et les humains. Elle englobe la capacité de ressentir et de percevoir le monde extérieur à travers les cinq sens. |
| Sens commun | Une faculté de l'âme, distincte des cinq sens particuliers, qui permet de percevoir les qualités communes à plusieurs sens (comme le mouvement ou la figure), de prendre conscience de l'acte de sentir, et de discerner et comparer les données sensorielles diverses pour former une perception cohérente du monde. |
| Imagination | Une faculté de l'âme qui se situe entre la sensation et la pensée intellectuelle. Elle permet de se représenter un objet en son absence, conservant ainsi les images laissées par la sensation, et joue un rôle intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible. |
| Sensation | L'acte par lequel le sens et le sensible entrent en relation. Elle consiste en la réception de la forme de l'objet perçu sans sa matière, produisant une modification dans l'âme sans altérer sa nature fondamentale. |
| Intellect | La faculté de l'âme par laquelle l'homme accède à la connaissance intellectuelle. Il est distinct des sens, n'a pas d'organe corporel propre, et opère en extrayant les formes universelles des images fournies par la sensation et l'imagination. |
| Forme sensible | L'aspect ou la qualité d'un objet qui est perçu par les sens, indépendamment de sa substance matérielle. La sensation consiste en la réception de ces formes sans la matière associée. |
| Empirisme nuancé | Une approche philosophique, attribuée à Aristote, qui suggère que toute connaissance commence avec l'expérience sensible, mais que l'intellect peut ensuite abstraire des concepts universels à partir de ces expériences. |
| Facultés de l'âme | Les différentes capacités ou fonctions attribuées à l'âme par Aristote, telles que l'âme végétative, l'âme sensitive, l'imagination et l'intellect, chacune ayant un rôle spécifique dans la vie et la connaissance. |
| Universel | Ce qui est commun à tous les individus d'une même espèce ou d'une même catégorie. Dans la théorie aristotélicienne, l'universel est contenu en puissance dans la perception individuelle et est saisi par l'intellect. |
| Chose qui pense | Entité dont la nature essentielle est la pensée, c'est-à-dire l'ensemble des opérations telles que douter, comprendre, affirmer, nier, vouloir, imaginer et sentir. Cette chose est certaine d'exister et est intrinsèquement non matérielle. |
| Conscience | La connaissance ou la perception que l'on a de soi-même et de ses propres opérations mentales. La pensée, dans toutes ses manifestations, s'accompagne toujours de la conscience du fait de penser, assurant ainsi la présence à soi du sujet. |
| Empirisme | Doctrine philosophique selon laquelle toute connaissance provient de l'expérience sensible. Descartes cherche à réfuter cette thèse en démontrant que la connaissance distincte des corps ne peut se limiter à la perception de leurs qualités sensibles, qui sont changeantes. |
| Entendement | Faculté de concevoir, de connaître par concepts et de manière abstraite. C'est l'entendement qui permet de saisir les propriétés essentielles des choses, comme l'extension et la mutabilité, qui ne peuvent être appréhendées par les sens ou l'imagination. |
| Solipsisme | Position philosophique selon laquelle un esprit ne peut concevoir d'autre réalité que lui-même. Dans cette perspective, le monde extérieur et les autres consciences ne sont que des représentations, plaçant la subjectivité comme certitude première et isolée. |
| Préjugé | Croyance ancienne ou opinion préconçue qui tend à refaire surface malgré le doute méthodique. Descartes combat les préjugés, notamment ceux liés à la primauté des sens pour connaître le monde matériel, en les analysant pour mieux les éradiquer. |
| Subjectivité | La qualité de ce qui est propre à un sujet, à un individu pensant. La subjectivité est posée par Descartes comme un fait primitif et une certitude irrécusable, constituant le fondement de toute connaissance. |
| Méthode Cartésienne | Ensemble de règles et de principes développés par René Descartes pour guider la raison dans la recherche de la vérité scientifique. Elle vise à éviter les erreurs et à accroître la connaissance par une démarche ordonnée et rigoureuse. |
| Clarté et Distinction | Critères fondamentaux de la première règle de la méthode cartésienne. Une idée est claire lorsqu'elle se manifeste à l'esprit par une intuition directe, et distincte lorsqu'elle est clairement séparée de toute autre idée, sans confusion. |
| Règle de l'Analyse | Deuxième règle de la méthode cartésienne, qui prescrit de diviser un problème complexe en autant de parties plus simples que possible afin de faciliter sa résolution. |
| Règle de la Synthèse | Troisième règle de la méthode cartésienne, qui recommande de procéder par ordre en commençant par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître, pour ensuite s'élever progressivement aux objets plus composés. |
| Règle du Dénombrement | Quatrième règle de la méthode cartésienne, qui insiste sur l'importance de faire des énumérations complètes et des revues générales pour s'assurer qu'aucun élément n'est omis dans le processus de raisonnement. |
| Métaphysique | Partie de la philosophie qui recherche et analyse les premiers principes et les causes premières de toute chose. Chez Descartes, elle est considérée comme les racines et le fondement de l'ensemble du savoir. |
| Théorie du Sujet Souverain | Conception de l'être humain comme un sujet autonome et rationnel, qui coïncide avec l'avènement de la modernité. Cette théorie met l'accent sur la capacité de l'individu à penser et à connaître par lui-même. |
| Doute Méthodique | Stratégie philosophique adoptée par Descartes pour parvenir à des vérités certaines. Il s'agit d'un doute volontaire, radical et systématique appliqué à toutes les croyances afin de rejeter tout ce qui n'est pas absolument indubitable. |
| Doute Hyperbolique | Forme extrême du doute cartésien, qui consiste à rejeter comme fausse toute idée même la plus légère suspicion de doute. Ce doute est volontairement excessif pour garantir la solidité des fondements de la connaissance. |
| Argument du Rêve | Argument utilisé par Descartes pour remettre en question la fiabilité des perceptions sensibles. Il souligne qu'il est impossible de distinguer avec certitude les expériences de la veille de celles du rêve, car les représentations oniriques peuvent être aussi vives et claires. |
| Malin Génie (ou Génie Trompeur) | Hypothèse métaphysique introduite par Descartes pour étendre le doute aux vérités rationnelles elles-mêmes. Il s'agit d'un être tout-puissant et malfaisant qui chercherait à tromper l'esprit, rendant ainsi toute connaissance potentiellement fausse. |
| Idées Claires et Distinctes | Les idées qui, selon Descartes, sont les plus fiables et constituent le point de départ de la connaissance certaine. Elles sont celles qui s'imposent à l'esprit avec évidence et qui sont bien séparées des autres. |
| Maïeutique | L'art de conduire l'interlocuteur à comprendre par lui-même, une méthode socratique d'accouchement des âmes pour faire émerger le savoir. |
| Organon | Terme grec signifiant "instrument", utilisé par Aristote pour désigner l'ensemble de ses traités de logique, considérés comme l'outil fondamental de toutes les sciences. |
| Catégories | Les genres les plus généraux de l'être, qui permettent de parler de l'être et de classifier les réalités, la substance étant la catégorie première et la plus fondamentale. |
| Substance | La catégorie première de l'être, désignant les réalités qui existent en elles-mêmes et non en d'autres réalités, constituant le fondement de toute existence. |
| Accidents | Les réalités qui existent en d'autres réalités, par opposition aux substances, et qui sont des déterminations particulières de celles-ci (comme la couleur, la quantité, la relation). |
| Proposition déclarative | Une phrase qui affirme ou nie quelque chose, et qui peut donc être qualifiée de vraie ou de fausse, par opposition aux questions ou aux ordres. |
| Syllogisme | Le raisonnement logique élémentaire chez Aristote, constitué de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) où la conclusion découle nécessairement des prémisses. |
| Science démonstrative | Un mode supérieur de savoir qui prend la forme d'un système déductif, fondé sur des principes vrais et antérieurs, permettant d'établir le caractère nécessairement vrai d'une conclusion. |
| Induction | Le processus par lequel l'esprit passe de la connaissance des cas particuliers à la connaissance des cas universels, permettant d'accéder aux principes fondamentaux de la science. |
| Âme | Chez Aristote, le principe vital par lequel un corps pourvu d'organes est animé et se trouve en acte, considérée comme indissociable du corps et la forme de la matière vivante. |
| Psyché | Terme d'origine grecque signifiant "âme", "esprit" ou "souffle vital". Il est à la base du mot "psychologie". |
| Logos | Terme d'origine grecque signifiant "raison", "discours raisonné", "étude" ou "théorie". Il complète le terme "psyché" pour former "psychologie". |
| Philologie | Discipline académique qui se consacre à la recherche, à la conservation et à l'interprétation des documents écrits, en particulier littéraires. |
| Épopée | Genre poétique qui raconte les actes héroïques de personnages légendaires ou historiques, souvent de grande ampleur. |
| Tragédie | Genre théâtral qui met en scène des personnages confrontés à des destins funestes, explorant souvent les conflits intérieurs et les passions humaines. |
| Concomitante | Qui se produit au même moment ou simultanément avec autre chose. |
| Innésime | Doctrine philosophique selon laquelle certaines idées, principes ou structures mentales sont présents dans l'esprit humain dès la naissance, indépendamment de toute expérience. |
| Réminiscence (Anamnèse) | Concept philosophique, particulièrement chez Platon, selon lequel la connaissance acquise dans une vie antérieure est "retrouvée" ou "souvenue" par l'âme dans la vie présente. |
| Aporie | Difficulté logique ou problème qui semble insurmontable, menant à une impasse dans un raisonnement ou une argumentation. |
| Logique | Science du raisonnement qui étudie les règles de la pensée rationnelle et cherche à éviter les erreurs dans le discours et l'inférence. |