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Summary
# L'évaluation économique des services écosystémiques
L'économie environnementale cherche à quantifier la valeur des services offerts par les écosystèmes, souvent non monétisés, afin de les intégrer dans les décisions économiques et politiques [1](#page=1).
### 1.1 La problématique de la gratuité des services écosystémiques
De nombreux services écosystémiques, tels que la régulation climatique ou l'approvisionnement en nourriture, sont perçus comme gratuits et ne sont donc pas pris en compte dans les mécanismes économiques et politiques traditionnels. Cette absence de prix conduit à une surexploitation et une sur-pollution de ces ressources, car leur utilisation ne génère pas de coût direct pour l'utilisateur. Certains services, comme l'approvisionnement en nourriture (par exemple, l'achat de nourriture), sont marchands et ont un prix établi par l'offre et la demande. L'objectif de l'économie environnementale est de réussir à évaluer financièrement ces services écosystémiques [1](#page=1).
> **Tip:** La distinction entre l'économie environnementale et l'économie écologique est importante: l'économie écologique soutient que tout n'est pas monétisable, contrairement à l'économie environnementale qui cherche à développer des outils pour cette monétisation, même si cela peut susciter des débats sociaux, comme l'illustre l'exemple de la taxe carbone [1](#page=1).
### 1.2 Les catégories de services écosystémiques et leur évaluation
Les services écosystémiques peuvent être catégorisés comme suit [5](#page=5) [6](#page=6):
#### 1.2.1 Services d'auto-entretien (supporting services)
Ces services sont fondamentaux pour la vie, tels que la production de l'air respirable par les océans et les forêts, et la diversité génétique qui assure la résilience des espèces. Leur évaluation monétaire est particulièrement difficile [5](#page=5).
#### 1.2.2 Services de régulation (regulating services)
Ils incluent la régulation de la température, du climat, et des processus écologiques comme la prédation qui peut limiter la propagation de maladies. L'exemple des tiques, rongeurs et loups illustre comment la présence de prédateurs peut réguler les populations de vecteurs de maladies. Les quotas carbone, comme le système d'échange de quotas d'émission de l'Union européenne, sont un exemple de régulation par le marché, bien que leur efficacité dépende de la gestion de l'offre et de la demande. La valeur d'un dommage causé par une tonne de plastique dans l'océan est estimée entre 3 300 et 33 000 dollars par an [5](#page=5) [6](#page=6).
#### 1.2.3 Services d'approvisionnement (provisioning services)
Ces services fournissent des biens directement utilisables, comme le bois des forêts pour la charpente ou le chauffage, ou le charbon. Ces services sont généralement très faciles à monétiser, car ils correspondent souvent à des biens de marché, à l'exception de ressources comme les champignons ramassés dans la forêt [6](#page=6).
#### 1.2.4 Services culturels
Ils englobent les bénéfices récréatifs (plage, baignade, randonnée), éducatifs, scientifiques et spirituels que les humains tirent de la nature. Ces services sont également monétisables [6](#page=6).
> **Tip:** L'écosystème est défini comme une communauté d'organismes vivants interagissant avec les éléments physiques non vivants environnants (pluie, sol, soleil) [6](#page=6).
### 1.3 Méthodes d'évaluation des services écosystémiques
L'économie environnementale utilise diverses méthodes pour attribuer une valeur monétaire aux services écosystémiques :
#### 1.3.1 L'évaluation contingente
Cette technique vise à monétiser les services écosystémiques en interrogeant directement les individus sur leur volonté à payer pour un service donné (Consentement à Payer - CAP) ou leur consentement à recevoir une compensation en cas de destruction d'un écosystème (Consentement à Recevoir - CAR). Les CAP représentent des préférences déclarées [7](#page=7).
> **Exemple:** Pour estimer la valeur d'existence d'une tortue marine, des enquêtes peuvent être menées pour obtenir une valeur moyenne qui est ensuite extrapolée à l'ensemble de la population concernée [5](#page=5).
> **Tip:** Il est crucial de distinguer CAP et CAR, car ils n'aboutissent généralement pas aux mêmes montants, ce qui rend difficile la définition d'un "vrai" prix [7](#page=7).
#### 1.3.2 La Valeur Économique Totale (VET)
La VET englobe différentes composantes de la valeur des écosystèmes [7](#page=7):
* **Valeurs d'usage :**
* **Usage effectif:** Ce que l'on utilise actuellement [7](#page=7).
* **Valeur d'option:** L'utilisation potentielle future d'un service écosystémique, même s'il n'est pas utilisé présentement [7](#page=7).
* **Valeurs de non-usage :**
* **Valeur d'existence:** La valeur intrinsèque d'un écosystème, indépendamment de son utilisation actuelle ou future [7](#page=7).
* **Valeurs pour autrui (legs):** La valeur associée à la préservation d'un écosystème pour les générations futures [7](#page=7).
#### 1.3.3 Analyse des coûts marginaux et bénéfices
L'analyse des coûts marginaux est essentielle pour trouver l'intersection entre l'offre et la demande, et ainsi déterminer un prix d'équilibre. Cependant, il est souvent difficile d'obtenir ces données, notamment pour les évaluations marginales basées sur des méthodes comme l'évaluation contingente [6](#page=6) [7](#page=7).
> **Tip:** L'évaluation monétaire des services écosystémiques, surtout à l'échelle continentale ou mondiale, peut perdre de sa rigueur scientifique, et il est souvent plus logique d'interroger directement les personnes concernées par le système écosystémique. Le CAP peut être pondéré par le revenu [7](#page=7).
### 1.4 Application et Défis
L'évaluation économique des services écosystémiques vise à informer les décideurs politiques et les économistes sur la valeur de l'environnement, afin d'influencer la création de nouveaux projets. L'objectif est d'intégrer la perte de bénéfices environnementaux dans les calculs, ce qui peut mener à des modifications de projet ou à son abandon si les pertes sont jugées trop importantes [6](#page=6).
> **Exemple:** Le coût de dépollution des océans est estimé entre 10 et 84 milliards d'euros, tandis que les bénéfices de l'élimination du plastique marin sont évalués à 1353 milliards de dollars, suggérant qu'il est économiquement pertinent de dépolluer, mais la question de "combien" reste complexe [5](#page=5).
Des défis subsistent, notamment dans l'application rigoureuse de l'évaluation marginale, où des questions complexes doivent être posées aux individus sur leur volonté à payer pour des améliorations environnementales graduelles. Le consensus économique sur la monétisation de tous les services écosystémiques n'est pas total [7](#page=7).
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# L'impact économique et la gestion de la pollution plastique
Ce thème explore l'estimation des coûts associés à la pollution plastique dans les océans, les méthodologies pour évaluer les bénéfices des actions de dépollution, et la rentabilité de ces efforts.
### 2.1 Estimation des coûts de la pollution plastique
La pollution plastique engendre des coûts économiques considérables, tant sur le plan de la santé humaine que sur celui des écosystèmes. Les plastiques synthétiques, produits industriellement depuis les années 1950, posent un problème environnemental majeur en raison de leur persistance et de la multitude de molécules chimiques qu'ils contiennent, dont l'impact sur la santé est encore largement méconnu [2](#page=2).
#### 2.1.1 Coûts directs et indirects
* **Coûts de santé humaine:** L'exposition aux plastiques et aux substances chimiques qui leur sont associées peut entraîner diverses maladies, telles que l'infertilité masculine, des troubles du développement neurologique (diminution du QI, retard mental), l'obésité, le diabète de type 2, l'endométriose, et certains cancers. Ces problèmes de santé se traduisent par une perte de productivité économique due à l'incapacité de travailler ou à une productivité réduite. La perte d'une vie est estimée à la perte de deux années de salaire. Les coûts de santé sont un élément clé dans l'évaluation économique de la pollution plastique [2](#page=2).
* **Coûts pour les écosystèmes:** La pollution plastique a un impact dévastateur sur les écosystèmes marins et terrestres. Les dommages causés aux êtres vivants et aux habitats naturels sont estimés entre mille milliards et cent trente-trois mille milliards de dollars [2](#page=2) [3](#page=3).
* **Coûts globaux projetés:** Si les tendances actuelles se maintiennent, les coûts liés à la pollution plastique au Canada, aux États-Unis et en Europe pourraient atteindre onze mille milliards de dollars sur la période 2016-2040. Il est important de noter que ces chiffres sont souvent sous-estimés, car ils ne couvrent qu'une partie des pays concernés [2](#page=2).
> **Tip :** Il est crucial de comprendre que de nombreuses estimations de coûts sont basées sur des données limitées et peuvent donc être sujettes à une sous-estimation significative.
### 2.2 Évaluation des bénéfices des actions de dépollution
L'évaluation des bénéfices des actions de dépollution vise à quantifier les gains économiques et écologiques obtenus par la réduction de la pollution plastique. Cela implique de déterminer la valeur des "dommages évités" ou "coûts évités" [4](#page=4).
#### 2.2.1 Méthodologies d'évaluation
* **Évaluation contingente:** Cette méthode, relevant des "préférences déclarées", interroge directement les individus sur leur disposition à payer pour la préservation d'un bien ou d'un service environnemental, comme la valeur d'existence d'une tortue marine ou d'un écosystème. Elle permet de chiffrer les valeurs d'usage et de non-usage. Les enquêtes sont généralement menées tous les cinq ans pour refléter les changements. Un point critique de cette méthode est que le prix réel de la perte d'un écosystème pourrait être supérieur à ce que les individus attribuent [5](#page=5) [8](#page=8) [9](#page=9).
* **Modèles de choix (préférences déclarées):** Également appelés méthodes de choix discrets ou analyse conjointe, ces modèles permettent d'évaluer des projets environnementaux comportant plusieurs attributs, coûts et efficacités, offrant un choix entre différentes options [8](#page=8).
* **Méthodes des préférences révélées:** Ces méthodes évaluent les biens et services environnementaux en s'appuyant sur des comportements observés sur des marchés existants qui sont substituables à ceux des écosystèmes. Elles ne peuvent chiffrer que les valeurs d'usage [9](#page=9).
* **Méthode des prix hédoniques:** Évalue le prix d'un bien en fonction de ses caractéristiques spécifiques, comme le prix de l'immobilier influencé par la proximité d'un écosystème [9](#page=9).
* **Méthode des coûts de déplacement:** Calcule les coûts associés aux déplacements des personnes pour accéder à un écosystème, reflétant ainsi la valeur d'usage de cet écosystème [9](#page=9).
> **Tip :** Il est essentiel de comprendre la distinction entre les méthodes de préférences révélées et déclarées, notamment leur capacité à intégrer les valeurs de non-usage, cruciales pour une évaluation complète des bénéfices environnementaux.
#### 2.2.2 Calcul des bénéfices
Les bénéfices d'éliminer 41 millions de tonnes de plastique des plages et des eaux de surface ont été estimés à 1353 milliards de dollars, avec une fourchette allant de 135,3 milliards de dollars. Ces estimations se basent sur une base de données mondiale en économie de l'environnement qui attribue une valeur monétaire aux différentes composantes des écosystèmes (animaux, plaisir touristique, valeur d'existence) [5](#page=5).
### 2.3 Rentabilité des efforts de nettoyage
La rentabilité des efforts de nettoyage dépend de la comparaison entre le coût marginal d'élimination de la pollution et le bénéfice marginal obtenu.
#### 2.3.1 Coût marginal d'abattement
Le coût marginal d'abattement ($C_m$) représente le coût d'élimination d'une tonne supplémentaire de pollution plastique. Cette courbe montre que le coût marginal augmente à mesure que la quantité de pollution éliminée croît. Cela s'explique par la difficulté croissante à récupérer le plastique (plastique au fond de la mer, concentration plus faible). Pour éliminer les dernières tonnes de plastique, il faut davantage de temps, de main-d'œuvre, de navires et de carburant, ce qui augmente le coût par tonne [3](#page=3) [9](#page=9).
> **Tip :** Le graphique du coût marginal et du bénéfice marginal est fondamental pour comprendre la rentabilité des actions de dépollution. Il est souvent présenté avec la quantité de pollution éliminée en abscisse et le coût ou le bénéfice en ordonnée.
#### 2.3.2 Bénéfice marginal
Le bénéfice marginal représente le gain obtenu par l'élimination d'une tonne supplémentaire de plastique. La courbe du bénéfice marginal diminue avec la quantité de plastique éliminée. Au début, lorsque l'océan est très pollué, chaque tonne retirée apporte une réduction significative des problèmes graves et donc un bénéfice élevé. Par la suite, à mesure que la pollution diminue, les bénéfices marginales deviennent moins importants [4](#page=4).
#### 2.3.3 Point optimal et rentabilité
Le point optimal de dépollution est atteint lorsque le coût marginal d'abattement est égal au bénéfice marginal. Avant ce point, le bénéfice d'éliminer une tonne supplémentaire est supérieur à son coût, rendant l'action rentable. Après ce point, le coût excède le bénéfice [4](#page=4).
> **Example :** Si le coût pour éliminer une tonne de plastique est de 100 dollars et le bénéfice obtenu est de 120 dollars, l'opération est rentable. Si le coût est de 150 dollars et le bénéfice de 130 dollars, elle ne l'est plus.
#### 2.3.4 Limites des technologies actuelles
Il est important de noter que seulement 0,3% des plastiques dans les océans sont flottants. Les technologies actuelles ne peuvent retirer efficacement que ces plastiques flottants, ce qui soulève des questions sur la pertinence de dépenser des sommes considérables pour un impact limité [4](#page=4).
#### 2.3.5 Le coût de la dépollution globale
Le coût total de la dépollution des océans, ciblant uniquement les plages et les plastiques flottants, est estimé entre dix et quatre-vingt-quatre milliards d'euros entre 2026 et 2050. Ce montant, bien que conséquent, est inférieur aux bénéfices estimés d'élimination. Cependant, l'absence de données précises sur les coûts et bénéfices marginaux rend difficile la détermination du niveau optimal d'intervention [5](#page=5).
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# L'évaluation monétaire des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique
Cette section aborde les méthodes économiques permettant de quantifier les coûts associés à la pollution de l'air, en détaillant les différentes catégories de coûts (directs, indirects, intangibles) et en soulignant les défis méthodologiques inhérents à cette évaluation [10](#page=10) [11](#page=11) [12](#page=12) [13](#page=13) [14](#page=14).
### 3.1 Méthodes d'estimation des impacts sanitaires
L'évaluation des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique repose sur des fonctions dose-réponse, qui cherchent à quantifier le lien entre un niveau de pollution et une augmentation de morbidité ou de mortalité. Ces fonctions sont souvent représentées graphiquement avec la concentration de polluants sur l'axe des abscisses et le nombre de malades ou de décès (ou les coûts associés) sur l'axe des ordonnées [10](#page=10).
#### 3.1.1 Approches épidémiologiques et statistiques
Plusieurs approches sont utilisées pour établir ces fonctions dose-réponse et estimer la fraction de maladies attribuables à l'environnement (FAE) [10](#page=10).
* **Études épidémiologiques transversales:** Ces études collectent des données dans différentes villes concernant la concentration de polluants, le nombre de malades, le nombre de fumeurs, la concentration de polluants en intérieur et dans l'air ambiant. Une régression statistique, souvent multivariable, est appliquée pour isoler l'effet de la pollution extérieure [10](#page=10).
* **Critères d'acceptation du modèle:** Les modèles sont acceptés si les valeurs de $p$ (risque de se tromper) sont inférieures à 1% et si le coefficient de détermination ($R^2$) est suffisamment élevé (par exemple, 0,4 est largement accepté si les $p$-values sont basses). Différentes techniques de traçage de courbes statistiques, comme la méthode des moindres carrés ou les fonctions logistiques, peuvent être employées [11](#page=11).
* **Analyse des pics de pollution:** En l'absence de données suffisantes pour des études épidémiologiques complètes, une approche consiste à répertorier les pics de pollution (dépassement des seuils légaux) et à analyser les données médicales des hôpitaux pour dénombrer les patients (par exemple, asthmatiques) admis lors de ces pics, en les comparant à la moyenne des autres années. Cette méthode se concentre sur les maladies liées aux pics de pollution plutôt qu'à la pollution ambiante générale [11](#page=11).
* **Recherche bibliographique et application au cas français:** Une troisième technique consiste à rechercher dans la littérature existante des estimations de l'impact sanitaire et économique de la pollution de l'air, puis à les appliquer au contexte français. Il est important de distinguer l'incidence (nouveaux cas) de la prévalence (cas existants); l'utilisation de la prévalence peut sous-estimer l'impact si les données sont insuffisantes [11](#page=11).
> **Tip:** La sous-estimation des coûts est fréquente lorsque des simplifications méthodologiques sont faites, par exemple en négligeant les différents degrés de gravité des maladies ou en ne disposant pas de données complètes sur la prévalence [11](#page=11).
#### 3.1.2 Fonctions Concentration-Réponse (CRF)
Plusieurs études ont utilisé des fonctions Concentration-Réponse (CRF) pour évaluer l'impact de l'exposition à long terme aux particules fines, notamment les $PM_{2,5}$. Ces CRF sont souvent basées sur des données de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des métanalyses (analyses statistiques d'autres études) [12](#page=12).
* **Exemple d'étude:** Une étude de 2025 a estimé les impacts économiques de l'exposition à long terme aux particules fines en France, évaluant le coût annuel entre 6 et 12 milliards d'euros, soit 6 à 12 fois plus que les estimations précédentes. Cette étude a pris en compte les $PM_{2,5}$ émises par les voitures et les combustions diverses, associées à environ 40 000 décès annuels en France pour la période 2016-2019 [12](#page=12).
* **Maladies prises en compte:** Les maladies étudiées incluent les affections respiratoires, cardiovasculaires, l'hypertension, ainsi que le diabète de type 2 [12](#page=12).
### 3.2 Catégories de coûts économiques
L'évaluation monétaire des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique prend en compte trois types de coûts principaux [12](#page=12):
* **Coûts directs (HC - Health Care costs):** Ils comprennent les consultations médicales, les médicaments, les frais d'hospitalisation, le soutien social (aides à domicile), les frais de transport liés aux soins, et les modifications du lieu de vie [12](#page=12).
* **Coûts indirects:** Ils englobent la perte de production due aux absences au travail, la mortalité prématurée des patients, la perte de productivité des proches aidants, et la diminution de l'efficacité productive [12](#page=12).
* **Coûts intangibles (IC - Intangible costs):** Ces coûts, également appelés coût social, incluent la douleur, la peur, la tristesse, le malheur, la perte de bien-être et la diminution de la qualité de vie [12](#page=12).
#### 3.2.1 Valeur de la vie économique (LEV)
La valeur de la vie économique (LEV - Life Economic Value) vise à estimer le coût global de la pollution de l'air. Elle est calculée comme une somme pondérée, sur une période donnée, par la probabilité de survie à chaque âge [12](#page=12).
$$ \text{LEV} = \sum_{n=0}^{120} P_n (HC_n + PL_n + IC_n) $$
Où :
* $n$ représente l'âge [12](#page=12).
* $P_n$ est la probabilité de vie à l'âge $n$ [12](#page=12).
* $HC_n$, $PL_n$, $IC_n$ sont respectivement les coûts directs, les pertes de production et les coûts intangibles à l'âge $n$ [12](#page=12).
Les coûts sont généralement exprimés en euros d'une année de référence (par exemple, 2018) et peuvent être ajustés pour tenir compte de l'inflation [12](#page=12).
#### 3.2.2 Années de vie ajustées par l'incapacité (DALY)
Les DALY (Disability-Adjusted Life Years) mesurent le nombre d'années de vie perdues en raison d'une incapacité ou d'une maladie, pondérées par la sévérité de cette incapacité [13](#page=13).
* **Conversion en valeur monétaire:** Les DALY sont ensuite converties en valeur monétaire. En France, la Haute Autorité de Santé valorise les QALY (Quality-Adjusted Life Years) entre 30 000 et 50 000 euros, une valeur qui peut être utilisée pour estimer le coût monétaire des DALY. Par exemple, une DALY peut être valorisée à 45 000 euros par an [13](#page=13).
* **Exemple:** Pour l'asthme, la durée moyenne de la maladie est de 36 ans, mais la perte en DALY est de 0,9 an, indiquant une maladie moins handicapante dans l'ensemble [13](#page=13).
### 3.3 Défis méthodologiques et limites
L'évaluation monétaire des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique présente plusieurs défis et limites :
* **Simplification des hypothèses:** Les modèles de simulation, notamment pour estimer les bénéfices d'une réduction de la pollution, peuvent utiliser des hypothèses simplifiées, comme une baisse soudaine de la pollution, qui ne reflètent pas la réalité du rétablissement progressif du corps humain. Cela peut conduire à une surestimation des bénéfices [13](#page=13).
* **Risque de double comptage:** Il existe un risque de double comptage, particulièrement lors de l'inclusion des coûts intangibles si ceux-ci ont déjà été partiellement pris en compte dans d'autres estimations de coûts économiques ou via des méthodes d'évaluation contingente. Le choix méthodologique doit donc opter soit pour l'évaluation des coûts intangibles, soit pour éviter le double comptage [13](#page=13).
* **Absence de taux d'actualisation:** Certaines études n'appliquent pas de taux d'actualisation aux coûts futurs, ce qui est pourtant essentiel en économie environnementale pour comparer la valeur de l'argent dans le temps et tenir compte des incertitudes futures. Les investisseurs, par exemple, nécessitent une rémunération qui reflète leurs désirs de jouissance immédiate. L'actualisation est cruciale pour les scénarios hypothétiques, comme la baisse de la pollution, dont la réalisation future n'est pas garantie [13](#page=13) [14](#page=14).
* **Estimation des seuils naturels:** L'incertitude concernant les seuils naturels de certains polluants (par exemple, 3 microgrammes par mètre cube pour les $PM_{2,5}$) soulève des questions sur la robustesse des scénarios futurs et la nécessité d'appliquer des taux de risque [14](#page=14).
* **Valorisation des coûts:** L'évaluation des coûts par le passé (prix 2018) et la projection vers le futur (prix 2025) nécessite des ajustements pour l'inflation, mais aussi pour d'autres facteurs économiques [12](#page=12) [13](#page=13).
> **Example:** L'étude de Rafenberg a estimé le coût total de la pollution de l'air en France entre 1 et 2 milliards d'euros par an, en se concentrant sur les coûts pour le système de soin français et en excluant les coûts intangibles comme la peur ou la perte de bien-être. Dix ans plus tard, une autre étude a estimé ce coût à 12 milliards d'euros, intégrant une gamme plus large de maladies et de coûts, y compris intangibles [10](#page=10) [12](#page=12) .
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Économie environnementale | Domaine de l'économie qui cherche à comprendre et à quantifier les relations entre l'activité économique et l'environnement, en évaluant les impacts environnementaux des décisions économiques et en proposant des outils pour leur gestion. |
| Services écosystémiques | Bénéfices que les êtres humains tirent des écosystèmes, tels que la régulation du climat, l'approvisionnement en eau potable, la pollinisation, ou encore les services récréatifs et culturels. |
| Monétisable | Qui peut être évalué en termes monétaires, c'est-à-dire auquel on peut attribuer une valeur financière. |
| Taxe carbone | Impôt prélevé sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2) afin de décourager leur production et de financer des politiques environnementales. |
| Internaliser | Le processus par lequel les coûts externes, comme la pollution, sont intégrés dans le prix des biens et services, afin que le coût réel soit supporté par le producteur ou le consommateur. |
| Économie écologique | Approche économique qui considère l'économie comme un sous-système de l'écosystème global, insistant sur les limites physiques de la croissance et sur la nécessité de préserver les ressources naturelles. |
| Anthropocentré | Perspective qui considère l'être humain comme le centre de toutes choses et le détenteur de la valeur, interprétant l'environnement et les autres espèces à travers leur utilité pour l'homme. |
| Micro plastiques | Petits fragments de plastique, généralement inférieurs à 5 millimètres, issus de la dégradation de plus gros objets en plastique ou directement fabriqués comme tels, qui polluent les océans et l'environnement. |
| Perturbateurs endocriniens | Substances chimiques qui peuvent interférer avec le système hormonal des êtres vivants, entraînant des effets néfastes sur la santé reproductive, le développement et le métabolisme. |
| Coût d’abattement marginal | Le coût supplémentaire pour éliminer une unité additionnelle de pollution, par exemple, le coût pour éliminer la tonne de plastique suivante. |
| Bénéfices marginaux | Le gain supplémentaire obtenu par l'élimination d'une unité additionnelle de pollution. |
| Point optimal | Le point où le coût marginal d'élimination de la pollution est égal au bénéfice marginal évité, représentant l'équilibre économique pour une gestion optimale de la pollution. |
| Valeur d’usage | La valeur qu'un individu ou une société attribue à l'utilisation directe d'un bien ou d'un service environnemental, que ce soit pour la consommation, la production ou les loisirs. |
| Valeur d’existence | La valeur qu'un individu attribue à la simple existence d'une ressource naturelle ou d'un écosystème, même s'il ne l'utilise pas directement. |
| Évaluation contingente | Méthode d'évaluation économique qui utilise des enquêtes pour estimer le consentement à payer (CAP) des individus pour des biens ou services environnementaux non marchands. |
| Consentement à payer (CAP) | La somme maximale qu'un individu est prêt à payer pour acquérir un bien ou un service, ou pour éviter une dégradation environnementale. |
| Consentement à recevoir (CAR) | La somme minimale qu'un individu est prêt à accepter comme compensation pour supporter une dégradation environnementale ou renoncer à un droit. |
| Valeur Économique Totale (VET) | Concept qui tente de sommer toutes les valeurs (d'usage et de non-usage) associées à un écosystème ou une ressource naturelle. |
| Préférences déclarées | Méthodes d'évaluation qui demandent directement aux individus d'exprimer leur valorisation (par exemple, l'évaluation contingente). |
| Préférences révélées | Méthodes d'évaluation qui infèrent la valeur des biens ou services environnementaux à partir des comportements observés sur les marchés (par exemple, prix hédonique). |
| Prix hédoniques | Méthode d'évaluation qui estime la valeur d'un bien en analysant comment ses caractéristiques (attributs) influencent son prix de marché. |
| Fonctions dose-réponse | Relations mathématiques qui décrivent comment un effet (par exemple, maladie) varie en fonction de l'exposition à une dose d'un agent (par exemple, polluant). |
| Fraction attribuée à l'environnement (FAE) | Proportion d'une maladie spécifique qui est estimée comme étant causée par des facteurs environnementaux. |
| Coûts directs | Dépenses immédiates et mesurables résultant d'une pollution, telles que les frais médicaux, les médicaments ou les coûts d'hospitalisation. |
| Coûts indirects | Coûts liés à la perte de productivité économique due à la maladie ou à la mort, comme l'absentéisme au travail ou la perte de revenus. |
| Coûts intangibles | Coûts difficiles à quantifier monétairement, liés à la souffrance humaine, la peur, la perte de bien-être ou de qualité de vie. |
| DALY (Disability Adjusted Life Year) | Indicateur qui mesure la charge de morbidité en combinant le nombre d'années de vie perdues en raison d'une mort prématurée et le nombre d'années vécues avec un handicap. |
| QALY (Quality Adjusted Life Year) | Indicateur qui mesure les années de vie ajustées en fonction de la qualité de vie, utilisé pour évaluer l'efficacité des interventions médicales. |
| Taux d'actualisation | Le taux utilisé pour déterminer la valeur actuelle des flux de revenus ou de coûts futurs, reflétant la préférence pour le présent et le risque associé aux événements futurs. |