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Summary
# Compréhension du sens lexical
Le sens d'un mot est multidimensionnel et contribue à l'interprétation d'une phrase de plusieurs façons distinctes [7](#page=7).
### 1.1 Les dimensions du sens d'un mot
Un mot peut véhiculer différentes couches de signification :
#### 1.1.1 Signification conceptuelle (ou dénotation)
C'est le référent auquel le mot renvoie, la réalité qu'il désigne dans le monde extérieur [7](#page=7).
#### 1.1.2 Connotation
Il s'agit des traits sémantiques secondaires associés à un mot, tels que l'évaluation, l'émotion ou les attitudes. Par exemple, la différence entre "maigre" et "mince" réside souvent dans la connotation [7](#page=7).
#### 1.1.3 Sens stylistique
Ce type de sens est lié au contexte d'usage d'un mot. Par exemple, "les poulets" peut être utilisé dans un registre familier pour désigner les policiers, ce qui diffère de son sens littéral [7](#page=7).
#### 1.1.4 Signification collocationnelle
Le sens d'un mot peut également être déterminé par les mots qui l'accompagnent fréquemment. Il s'agit du sens d'un mot tel qu'il est défini par son contexte d'utilisation, comme dans les expressions "to turn red" (rougir) ou "to get old" (vieillir). D'autres exemples incluent la distinction entre "to have a shower" (prendre une douche) et "to take a bath" (prendre un bain) [7](#page=7).
### 1.2 Représenter la signification d'un mot
Plusieurs approches existent pour représenter la signification d'un mot :
#### 1.2.1 Approche linguistique
Dans cette perspective, la signification est assimilée à un concept, une définition abstraite. Le lien entre le signe (le mot) et sa signification est considéré comme arbitraire et indépendant du monde extérieur; le sens est défini par opposition aux autres signes au sein d'un système [8](#page=8).
#### 1.2.2 Approche sémiotique
Selon l'approche sémiotique, un signe signifie par l'intermédiaire d'un concept. La signification est vue comme un ensemble de choses dans le monde, les référents. Par exemple, le mot "chat" désignerait l'ensemble de tous les chats existants. Cette approche est illustrée par le triangle sémiotique d'Ogden et Richards, qui relie le signe, le concept et le référent [8](#page=8).
> **Tip:** Il est important de distinguer l'approche linguistique, centrée sur le concept, de l'approche sémiotique, qui met l'accent sur le référent.
### 1.3 Dissocier concepts et référents
Il est crucial de dissocier les concepts des référents pour une compréhension complète du langage [9](#page=9).
* **Identité référentielle mais différence de sens:** Deux noms peuvent désigner le même référent mais avoir une signification différente pour les locuteurs. Par exemple, "ta voiture" et "ton tacot" réfèrent au même objet, mais véhiculent des connotations distinctes [9](#page=9).
* **Noms propres:** Les noms propres, tels qu'"Alexandre", "Paris", ou "Mona Lisa", n'encodent pas de concept mais désignent directement un référent spécifique [9](#page=9).
* **Indexicaux:** Certains mots, appelés indexicaux, n'ont pas de sens intrinsèque en dehors du référent qu'ils dénotent dans un contexte donné. Il s'agit de mots comme "je", "ici", "toi", "maintenant", ou "alors" [9](#page=9).
* **Sens défini par des règles:** D'autres mots ont un sens défini par un système de règles, indépendamment des référents qu'ils peuvent désigner à un moment donné. Par exemple, la fonction "Président des États-Unis" a un sens clair, que le locataire soit George W. Bush en 2008, Barack Obama en 2012, ou Donald Trump en 2019 [9](#page=9).
> **Tip:** La distinction entre concept et référent est fondamentale pour comprendre pourquoi des expressions différentes peuvent décrire la même entité, et pourquoi certains mots dépendent entièrement du contexte pour leur signification.
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# Relations de sens et approches d'analyse
Ce thème explore les différentes manières dont le sens des mots est lié à celui des autres mots dans un système linguistique, en examinant des concepts tels que la synonymie, l'antonymie, la polysémie et l'homonymie, ainsi que les relations hiérarchiques comme l'hyponymie et la méronymie, à travers des approches onomasiologique et sémasiologique [10](#page=10).
### 2.1 Approche onomasiologique
L'approche onomasiologique s'intéresse à la manière dont un concept peut être exprimé par différentes unités lexicales. Elle met en lumière les relations d'équivalence et d'opposition sémantique [11](#page=11).
#### 2.1.1 Synonymie
La synonymie est la relation d'équivalence sémantique entre des unités lexicales distinctes qui partagent le même signifié mais ont un signifiant différent. Les synonymes appartiennent obligatoirement à la même catégorie grammaticale. Ne sont pas considérées comme des synonymes les unités supérieures au syntagme, appelées paraphrases (ex. Paris = la capitale de la France), ni les dénominations multiples d'un même référent (ex. Paris = la ville lumière) [12](#page=12).
Il n'existe pas de synonymes absolus, car des différences subsistent :
* **Différences sémantiques**: Un mot peut avoir un sens spécifique dans un contexte donné qui n'est pas partagé par son synonyme (ex. "aigu" pour une douleur vs. un son) [13](#page=13).
* **Différences syntaxiques**: Certains synonymes peuvent avoir des contraintes d'utilisation syntaxique différentes (ex. "tenir" vs. "tenir de") [13](#page=13).
* **Différences d'usage**: Celles-ci incluent la coloration affective (connotation), le niveau de langue, l'opposition entre langue commune et spécialisée, et les variations géographiques [13](#page=13).
> **Exemple:** Les termes "gros" et "en surpoids" sont des synonymes, mais "en surpoids" a une connotation plus neutre et technique que "gros". "Voiture" est un synonyme de "caisse", mais "caisse" appartient à un registre de langue plus familier [13](#page=13).
#### 2.1.2 Antonymie
L'antonymie est une relation d'opposition sémantique entre des mots. Cette relation peut varier en fonction du contexte. Les antonymes sont souvent liés à l'un des sens d'un mot polysémique [14](#page=14).
On distingue plusieurs types d'antonymes :
* **Complémentarité**: La négation d'un terme implique l'affirmation de l'autre (ex. vivant/mort, mâle/femelle) [15](#page=15).
* **Gradation**: La négation d'un terme n'entraîne pas nécessairement l'affirmation de l'autre, car il existe des degrés intermédiaires (ex. petit/grand, jeune/vieux). Ces relations peuvent être modulées par des adverbes d'intensité et dépendent d'une norme de référence [15](#page=15).
> **Exemple:** L'opposition entre "lumineux" et "sombre" s'applique à une pièce, tandis que "lumineux" peut aussi signifier "intelligent" pour une idée, opposé à "stupide" [14](#page=14).
Les antonymes peuvent être morphologiques (ex. visible/invisible) ou lexicaux (ex. intelligent/stupide) [14](#page=14).
#### 2.1.3 Champs lexicaux
L'approche onomasiologique permet de mettre au jour les relations entre un ensemble de mots conceptuellement proches, formant ce que l'on appelle un champ lexical. Ces champs peuvent être représentés sous forme de matrices, analysant les sèmes (unités de sens) associés à différents mots [16](#page=16).
> **Exemple:** Une matrice peut montrer comment les mots "siège", "chaise", "fauteuil", "tabouret", "canapé", "pouf" partagent des sèmes liés à l'action de s'asseoir, mais diffèrent par des sèmes comme la présence d'un dossier, de bras, ou le matériau [16](#page=16).
### 2.2 Approche sémasiologique
L'approche sémasiologique étudie comment un mot peut porter plusieurs sens différents. Elle se concentre sur la structure sémantique interne des mots [17](#page=17).
#### 2.2.1 Polysémie
La polysémie survient lorsqu'un même mot possède plusieurs significations qui sont reliées entre elles. Ces sens partagent souvent une origine étymologique commune et sont liés par des rapports métaphoriques ou métonymiques. Dans un dictionnaire, un mot polysémique n'apparaît qu'à une seule entrée. Le principe de coercition, lié au contexte linguistique et d'énonciation, permet aux locuteurs d'identifier le sens approprié [18](#page=18).
> **Exemple:** Le mot "fruit" peut désigner le produit d'une plante, mais aussi, par extension métaphorique, le résultat d'une action ("le fruit de ses efforts"). La phrase "Marie attend Paul depuis 10 minutes" et "Marie attend un bébé" illustrent deux sens distincts et reliés du verbe "attendre" [18](#page=18).
L'ambiguïté complète due à la polysémie est rare pour les humains, mais représente un défi pour les machines, bien que les connaissances partagées jouent un rôle crucial dans la désambiguïsation [19](#page=19).
#### 2.2.2 Homonymie
L'homonymie se produit lorsqu'un mot a plusieurs significations qui ne sont pas reliées entre elles. Souvent, les homonymes ont des origines étymologiques différentes et font l'objet de plusieurs entrées dans un dictionnaire [22](#page=22).
On distingue :
* **Homophones**: Mots qui ont la même prononciation à l'oral mais s'écrivent différemment (ex. vers, vert, vair, ver). Des variations régionales existent (ex. Grèce/graisse) [22](#page=22).
* **Homographes** : Mots qui ont la même forme à l'écrit.
* Avec la même prononciation (homophones): avocat (fruit/métier), joue (nom/verbe) [22](#page=22).
* Avec des prononciations différentes (hétérophones): portions (verbe/nom), as (verbe/nom) [22](#page=22).
> **Exemple:** "Avocat" est un homographe et homophone pour le fruit et le métier juridique. "Bière" peut désigner une boisson ou un cercueil, une relation d'homonymie [22](#page=22).
### 2.3 Relations hiérarchiques
Ces relations décrivent des liens de dépendance entre des termes basés sur des rapports de généralité à spécificité ou de partie à tout.
#### 2.3.1 Hyponymie
L'hyponymie établit un lien entre un terme spécifique (l'hyponyme) et un terme plus général qui le classe (l'hyperonyme) [24](#page=24).
* **Hyponyme**: terme spécifique (ex. bleuet, chat, belge) [24](#page=24).
* **Hyperonyme**: terme général (ex. fleur, animal, humain) [24](#page=24).
Chaque hyperonyme possède plusieurs hyponymes, appelés co-hyponymes (ex. fleur > bleuet, rose, tulipe). La relation d'hyponymie est transitive, permettant plusieurs niveaux hiérarchiques (ex. chat > félin > mammifère > animal). Cette relation est cruciale pour la création et la compréhension des catégories sémantiques [24](#page=24).
> **Exemple:** "Rouge" est un hyponyme de "couleur", et "couleur" est un hyperonyme de "rouge" [24](#page=24).
#### 2.3.2 Méronymie
La méronymie décrit la relation entre une partie (le méronyme) et son tout (l'holonyme) [25](#page=25).
* **Méronyme**: partie (ex. volant, doigt) [25](#page=25).
* **Holonyme**: tout (ex. voiture, main) [25](#page=25).
Contrairement à l'hyponymie, les propriétés de l'holonyme ne se transfèrent pas nécessairement à ses méronymes. Par exemple, une voiture roule, mais le volant lui-même ne roule pas. Cette relation est essentielle pour la définition des mots, car elle permet de comprendre une entité par ses composants [25](#page=25).
> **Exemple:** "Volant" est un méronyme de "voiture", et "voiture" est l'holonyme de "volant" [25](#page=25).
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# Méthodes pour décrire le sens des mots
Ce chapitre explore diverses théories et approches utilisées pour décrire la signification d'un mot, en analysant leurs forces et leurs faiblesses.
### 3.1 L'importance des catégories
Une catégorie regroupe l'ensemble des référents désignés par un mot, comme la catégorie "chat" qui englobe tous les chats du monde. Les mots courants des classes ouvertes du lexique désignent de telles catégories, où les objets sont regroupés selon leurs propriétés communes contenues dans le concept. La difficulté réside dans la détermination des frontières de ces catégories [27](#page=27).
### 3.2 Approches pour décrire le sens d'un mot
Plusieurs théories ont été développées pour appréhender le sens des mots [29](#page=29):
#### 3.2.1 Théorie du référent
Cette théorie postule que les mots renvoient directement à des référents externes dans le monde extérieur (choses, personnes, situations). Le sens d'un mot serait donc son référent. Cette approche convient pour certaines classes de mots, comme les noms propres ou dans le langage enfantin. Cependant, elle présente plusieurs problèmes [30](#page=30):
* Un mot comme "chat" aurait autant de sens qu'il y a de chats dans le monde, ce qui est implausible [30](#page=30).
* Des expressions différentes ("Monsieur le Doyen" et "le professeur d'allemand") peuvent désigner le même référent mais avoir des sens distincts [30](#page=30).
* Certains mots, comme "rien", "quelque chose", "personne", n'auraient pas de sens car ils ne correspondent à aucun référent concret [30](#page=30).
* Elle peine à expliquer le sens des mots décrivant des entités inexistantes, comme "sirène" ou "licorne" [30](#page=30).
#### 3.2.2 Image mentale
Selon cette théorie, le sens d'un mot correspond à l'image mentale que l'on s'en forme (par exemple, les images différentes de "village", "ville", "métropole"). Néanmoins, plusieurs limites apparaissent [31](#page=31):
* Les images mentales varient considérablement d'un locuteur à l'autre, ce qui rend cette approche peu fiable scientifiquement [31](#page=31).
* Un mot ne se réduit pas à une image visuelle, comme l'illustrent "fumée" et "vapeur" [31](#page=31).
* Des concepts abstraits, tels que "vrai", "possible" ou "pensée", ne peuvent pas être visualisés [31](#page=31).
Malgré ces inconvénients, l'image mentale reste une caractéristique importante dans la définition du sens d'un mot [31](#page=31).
#### 3.2.3 Théorie du concept
Le sens d'un mot est assimilé à l'ensemble de notre expérience d'un concept donné. Le triangle sémiotique d'Ogden et Richards suggère que le signifiant est lié au référent par le biais du concept. Cependant, le concept lui-même est une notion vague, partiellement individuelle et difficile à appréhender scientifiquement [32](#page=32).
#### 3.2.4 Analyse componentielle (ou sémique)
Cette approche décompose le sens d'un mot en une combinaison de traits sémantiques discrets, appelés sèmes. Pour qu'un élément appartienne à une catégorie, il doit posséder toutes les propriétés définissant cette catégorie. L'analyse componentielle permet de décrire le lexique en comparant les éléments constitutifs des mots, mettant en évidence leurs relations d'identité, de différence, ainsi que leurs traits communs et spécifiques [33](#page=33).
**Exemple : Les chevaux**
* Un étalon est défini par les traits sémantiques: [+cheval, [+mâle, [+adulte [34](#page=34).
* Une jument: [+cheval, [-mâle, [+adulte [34](#page=34).
* Un poulain: [+cheval, [+mâle, [-adulte [34](#page=34).
* Une pouliche: [+cheval, [-mâle, [-adulte [34](#page=34).
Cette méthode est également utile pour désambiguïser les mots polysémiques [35](#page=35).
**Limites de l'analyse componentielle :**
* Les traits sémantiques peuvent être relatifs et vagues, évoluant sur un continuum (ex. grand/petit, vieux/jeune). Il est difficile d'identifier les traits sémantiques pertinents et les conditions nécessaires et suffisantes pour une définition précise [38](#page=38).
* Elle ne s'applique pas aisément à toutes les catégories de mots, notamment aux quasi-synonymes (briller, luire, scintiller) ou aux concepts comme les couleurs [39](#page=39).
* L'application à des catégories comme "oiseau" peut poser problème si l'on cherche des conditions nécessaires et suffisantes (ex. un pingouin ou une autruche possèdent des plumes et un bec, mais ne volent pas) [39](#page=39).
#### 3.2.5 Théorie du prototype (E. Rosch)
Selon E. Rosch, un objet est catégorisé en fonction de sa ressemblance avec un élément central de la catégorie, appelé son prototype. Le prototype est le "meilleur exemplaire", le plus représentatif, identifié à travers l'expérience. Cette théorie repose sur plusieurs hypothèses [41](#page=41):
* L'appartenance à une catégorie est graduelle [41](#page=41).
* Les frontières entre les catégories sont floues [41](#page=41).
* Les membres d'une catégorie partagent seulement une partie de leurs propriétés, selon un principe de ressemblance familiale [41](#page=41).
**Exemple : La catégorie "oiseau"**
La catégorie s'organise autour du prototype (par exemple, le rouge-gorge). Les autres membres se situent à des distances variables du prototype; plus un référent ressemble au prototype, plus il est central. Les éléments en marge se trouvent aux limites de la catégorie [42](#page=42).
**Définir un prototype :**
Chaque catégorie possède des propriétés typiques partagées par une majorité de ses membres. Le prototype est l'objet possédant le plus grand nombre de ces propriétés typiques, et donc le plus de relations de similarité avec les autres membres de la catégorie [43](#page=43).
**Expériences psycholinguistiques de Rosch :**
Les expériences menées par Rosch ont démontré que :
1. Les exemples d'une catégorie les plus fréquemment cités correspondent aux prototypes [44](#page=44).
2. Les classements de typicalité sur une échelle (du meilleur au moins bon) montrent des différences significatives (ex. "football" est un excellent exemple de sport, tandis que "lutte" est considéré comme assez mauvais) [44](#page=44).
3. Dans des phrases simples, les locuteurs évoquent le prototype le plus courant (ex. "l'oiseau chantait" évoque un rouge-gorge plutôt qu'un pingouin) [44](#page=44).
Ces expériences confirment le caractère fondé cognitivement du prototype et le caractère flou des catégories. La typicité d'un élément influence l'unanimité des avis: plus un élément est typique, plus les avis convergent; plus on s'éloigne du prototype, plus les avis divergent [45](#page=45).
#### 3.2.6 Théorie de l’usage
Selon cette théorie, le sens d'un mot est défini par son utilisation concrète par les locuteurs et ses contextes d'application (ex. "chien" est associé à "aboyer", "maître", "laisse"). On peut identifier le sens d'un mot en examinant ses contextes d'utilisation, les sens plus ou moins centraux étant déterminés par la fréquence d'usage dans un contexte donné [46](#page=46).
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# L'influence de la langue sur la perception du monde
Cette section explore comment la langue structure notre perception de la réalité en imposant des catégories et des manières de penser, en abordant le déterminisme linguistique et ses limites [48](#page=48) [51](#page=51).
### 4.1 La catégorisation du réel par la langue
Chaque langue ne se contente pas de refléter passivement la réalité objective, mais la catégorise selon la conscience de sa communauté linguistique. Cette structure linguistique impose aux locuteurs des manières spécifiques de concevoir le monde. Par exemple, des langues peuvent avoir des distinctions lexicales fines pour des concepts que d'autres regroupent, comme différentes catégories de vaches (noires, brunes, blanches) dans certaines langues africaines, alors que le français, l'allemand ou le néerlandais utilisent des termes plus généraux comme "vache" ou "taureau" [48](#page=48).
#### 4.1.1 Les distinctions lexicales dans la vie quotidienne
Les différences lexicales peuvent se manifester dans des actions courantes comme manger. Alors que l'iranien utilise un verbe général *khordan* pour manger, le néerlandais/français distingue *eten/manger* pour des aliments généraux et *trinken/boire* pour les liquides, tandis que l'allemand utilise *essen* pour les humains et *fressen* pour les animaux. Le Tamanaco (Brésil) va encore plus loin en utilisant des verbes spécifiques selon la nature de ce qui est mangé: *Jucuri* pour le pain, *Jemeri* pour les fruits, et *Janeri* pour la viande [49](#page=49).
#### 4.1.2 L'influence de la grammaire
La grammaire joue également un rôle significatif dans la manière dont le monde est appréhendé [50](#page=50).
* **Genre:** Le chinois ne fait pas de distinction de genre grammatical, le français utilise un système binaire (il/elle), et l'anglais/néerlandais un système triple (he/hij, she/ze, it/het) [50](#page=50).
* **Nombre:** L'anglais et le français distinguent principalement le singulier et le pluriel, tandis que l'arabe offre une distinction plus fine avec le singulier, le duel et le pluriel [50](#page=50).
* **Politesse:** La manière d'exprimer la politesse varie, le français, le néerlandais et l'espagnol ayant des formes dédiées (vouvoiement), contrairement à l'anglais [50](#page=50).
### 4.2 Le déterminisme linguistique et l'hypothèse Sapir-Whorf
L'hypothèse Sapir-Whorf postule que notre langue détermine fondamentalement notre manière de penser et notre vision du monde, ces dernières étant secondaires par rapport à la structure linguistique. Selon cette perspective, la langue imposée façonne notre perception de la réalité [51](#page=51).
> **Exemple:** L'existence de distinctions comme le tutoiement et le vouvoiement dans certaines langues peut créer une perception humaine divisée en groupes distincts: ceux avec qui nous sommes proches versus les autres. Ce paradigme "eux contre nous" pourrait sous-tendre toute relation sociale [51](#page=51).
### 4.3 Les limites de l'hypothèse Sapir-Whorf
Bien que l'hypothèse Sapir-Whorf offre une perspective influente, elle présente des limites importantes [52](#page=52).
* L'absence d'un mot unique dans une langue ne signifie pas que ses locuteurs sont incapables de comprendre le concept. La compréhension peut être atteinte par des paraphrases, comme décrire la "saudade" portugaise comme "le sentiment de délicieuse nostalgie, désir d'ailleurs", ou le concept *jucuri* en Tamanaco comme "manger du pain" [52](#page=52).
* La possibilité d'apprendre d'autres langues et la traduction effective suggèrent que la pensée n'est pas entièrement prisonnière de la langue maternelle [52](#page=52).
* Une version plus nuancée et réaliste de cette idée suggère que notre langue influence notre manière de penser "dans une certaine mesure", et réciproquement, que la réalité elle-même influence le développement de la langue [52](#page=52).
#### 4.3.1 Le lexique comme reflet culturel
Malgré ces limites, le lexique de chaque langue reste un excellent reflet des distinctions et des réalités qui sont importantes dans la culture concernée [52](#page=52).
> **Exemple:** Les langues esquimau (ou inuit) possèdent de nombreux mots pour désigner la neige, tels que *aputi* (neige sur le sol), *qanik* (neige qui tombe), *putak* (neige cristalline sur le sol), et *aumannaq* (neige au sol sur le point de fondre), ainsi que des dizaines de termes pour les différentes nuances de blanc. Cette richesse lexicale témoigne de l'importance cruciale de la neige dans leur environnement et leur culture [52](#page=52).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Sémantique | L'étude de la signification des mots (sémantique lexicale) et des phrases (sémantique compositionnelle), à distinguer de la pragmatique qui considère le contexte. |
| Pragmatique | L'étude du sens d'un énoncé en tenant compte du contexte d'énonciation et des intentions du locuteur. |
| Sémantique compositionnelle | Domaine de la sémantique qui étudie comment le sens des phrases est construit à partir du sens de leurs constituants (mots et syntagmes) et des règles de combinaison. |
| Proposition | Une unité de sens qui a une valeur de vérité (vraie ou fausse) et qui est composée d'un prédicat et de ses arguments. |
| Prédicat | Le terme, généralement un verbe, qui décrit la propriété ou la relation exprimée par la phrase. |
| Arguments | Les termes qui désignent les entités reliées par le prédicat dans une proposition. |
| Sémantique lexicale | La branche de la sémantique qui s'intéresse au sens des mots individuels. |
| Signification conceptuelle (dénotation) | Le référent auquel renvoie un mot, la réalité extérieure qu'il désigne. |
| Connotation | Les traits sémantiques secondaires, tels que les évaluations ou les émotions, associés à un mot. |
| Sens stylistique | Les traits sémantiques liés au contexte d'usage spécifique d'un mot. |
| Signification collocationnelle | Le sens d'un mot tel qu'il est déterminé par son contexte d'utilisation habituel et par les mots avec lesquels il se combine fréquemment. |
| Signe linguistique (Saussure) | L'unité fondamentale du langage, composée d'un signifiant (la forme sonore ou écrite) et d'un signifié (le concept auquel il renvoie), dont le lien est arbitraire. |
| Triangle sémiotique (Ogden & Richards) | Un modèle qui représente la relation entre un signe (le mot), un concept (l'idée) et un référent (l'objet réel). |
| Référent | L'entité du monde réel à laquelle un mot ou une expression fait référence. |
| Hyponymie | Relation sémantique entre un terme spécifique (hyponyme) et un terme plus général qui le subsume (hyperonyme), par exemple "chat" est l'hyponyme de "animal". |
| Hyperonyme | Le terme plus général qui englobe d'autres termes plus spécifiques (hyponymes). |
| Méronymie | Relation sémantique entre une partie (méronyme) et son tout (holonyme), par exemple "roue" est un méronyme de "voiture". |
| Holonyme | Le terme qui désigne le tout auquel appartient une partie (méronyme). |
| Synonymie | Relation d'équivalence sémantique entre deux ou plusieurs mots de sens similaire. |
| Antonymie | Relation d'opposition sémantique entre deux mots, par exemple "grand" et "petit". |
| Polysémie | Le fait qu'un seul mot ait plusieurs significations distinctes mais reliées entre elles, souvent par des liens métaphoriques ou métonymiques. |
| Homonymie | Le fait que deux mots ou plus, n'ayant pas de lien de sens, aient la même forme phonologique ou orthographique. |
| Homophones | Mots qui ont la même prononciation mais des sens et orthographes différents (ex: "ver", "vers", "vert"). |
| Homographes | Mots qui s'écrivent de la même manière mais peuvent avoir des prononciations et des sens différents (ex: "avocat" (fruit) et "avocat" (métier)). |
| Sème | Unité minimale de sens utilisée dans l'analyse componentielle pour décomposer la signification des mots. |
| Analyse componentielle (sémique) | Méthode d'analyse du sens des mots qui consiste à les décomposer en un ensemble de traits sémantiques (sèmes) fondamentaux. |
| Théorie du prototype | Théorie selon laquelle les membres d'une catégorie sont évalués en fonction de leur ressemblance avec un exemplaire central de cette catégorie, le prototype. |
| Prototype | L'exemplaire le plus représentatif et le meilleur de sa catégorie, servant de point de référence pour catégoriser les autres membres. |
| Théorie de l'usage | Perspective selon laquelle le sens d'un mot est déterminé par la manière dont il est utilisé par les locuteurs dans différents contextes. |
| Déterminisme linguistique (hypothèse Sapir-Whorf) | Hypothèse suggérant que la langue que l'on parle détermine notre manière de penser et de percevoir le monde. |