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立即免费开始 Chapitre II
Summary
# Définitions et conceptions de la nation
La nation, concept plus insaisissable que l'État, se manifeste par des revendications politiques et génère des droits et des non-droits, impliquant une vision contrastée du monde [1](#page=1).
### 1.1 Qu'est-ce qu'une nation ?
L'État est un architecte majeur de la nation, notamment par le biais du nationalisme d'État, qui vise à homogénéiser la société par l'imposition d'une langue commune, la standardisation de l'éducation, un découpage administratif et le développement de symboles unitaires. On peut également envisager l'apparition de nations sans le rôle prépondérant de l'État, désignées comme des nations sans État [1](#page=1).
#### 1.1.1 Les deux grandes conceptions de la nation
Il existe deux conceptions principales de la nation :
* **La conception contractualiste :**
Elle postule que la nation naît d'un libre accord des volontés, fruit d'un contrat social, donnant naissance à l'État. Ce modèle, souvent associé à l'État républicain français, met l'accent sur l'adhésion libre et totale aux principes de l'État et de la citoyenneté. La délimitation des frontières est perçue comme une rupture naturelle, biologique et culturelle, où la nation s'arrête là où cesse l'accord des volontés, entraînant une nationalité automatique et définitive [1](#page=1).
* **La conception romantique :**
Elle est basée sur l'existence préalable d'une âme collective, indépendante de toute construction politique. La nation se définit non par accord, mais par des éléments tels que la langue, la culture, les coutumes, les traditions, l'appartenance ethnique, la race ou l'ancrage religieux. La frontière est considérée comme fixe et non négociable. Bien que pertinente, cette différenciation peut parfois être simpliste [1](#page=1).
### 1.2 Les théories de la nation
#### 1.2.1 L’État fait la nation : la théorie du "nation building"
Selon cette perspective, la nation est une construction historique et culturelle de l'État, qui en est le grand architecte. L'État et la modernité sont considérés comme les origines de la Nation. Ernest Gellner affirme que le nationalisme n'est pas le réveil d'une force ancienne, mais la conséquence d'une nouvelle forme d'organisation sociale fondée sur de "hautes cultures" dépendantes de l'éducation. L'État joue un rôle central dans le projet national par son projet éducatif, imposant une "haute culture" par le biais de l'école, qui fonde ainsi la réalité nationale [1](#page=1).
Ernest Renan, dans son discours sur "Qu'est-ce qu'une nation?", prononcé dans le contexte de la perte de l'Alsace-Moselle, définit la nation comme "avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions pour être un peuple" . Il met l'accent sur le consentement, le "désir de clairement exprimé de la volonté de la vie commune… plébiscite de tous les jours", embrassant ainsi la vision contractualiste de l'État [1](#page=1).
Carl Deutsch, spécialiste en sciences politiques, situe l'âge de la nation à l'ère de la révolution industrielle. Il soutient que le déséquilibre créé par l'industrialisation atomise les sociétés communautaires, provoquant des migrations rurales vers les villes. L'État agit comme un moteur économique, assurant une protection à l'échelle de la société par le développement d'infrastructures et l'implantation de manufactures, forgeant ainsi une vision nationale commune [1](#page=1).
#### 1.2.2 Le nationalisme comme ressource politique
Le nationalisme n'est ni un simple construit théorique (contractualiste) ni une donnée préexistante (romantique), mais plutôt le produit de l'ethnisme retravaillé par l'État et les élites. Plusieurs stratégies existent [1](#page=1):
1. **La stratégie néo-traditionaliste:** Elle rejette l'État moderne au profit de la tradition et de la coutume, utilisant l'éducation et la communication adaptées à des créneaux idéologiques et religieux, ce qui peut générer des dysfonctionnements [2](#page=2).
2. **La stratégie assimilationniste:** Le nationalisme arabe est contraint d'embrasser la modernité, jugée spirituellement inférieure mais techniquement supérieure, ce qui invite les dynasties locales. Cette stratégie implique un refus de la fin de Dieu [2](#page=2).
3. **La stratégie réformiste:** Les entrepreneurs identitaires fusionnent la légitimité de l'État avec les valeurs traditionnelles, valorisant un renouveau ethnique et national (langue, tradition, culture, croyances), parfois mythifié [2](#page=2).
Il ne faut jamais négliger le rôle des élites dans l'émergence de la nation et des nationalismes; ces élites, au nom du nationalisme, se disputent un territoire, comme dans le cas du nationalisme jacobin face aux nationalismes corses, bretons ou basques. Ce nationalisme se légitime par la distance du pouvoir et les intérêts économiques qui peuvent influencer certains groupes sociaux [2](#page=2).
#### 1.2.3 Le nationalisme des nationalistes (approche primordialiste)
Cette approche, qualifiée de primordialiste, réfute l'idée que l'État est le principal architecte de la nation. Elle rencontre une difficulté à distinguer la réalité ethnique de la réalité nationale. Elle distingue une conscience interne (l'ethnie a conscience de sa propre existence) et une conscience externe (les autres reconnaissent ces caractéristiques) . Les violences et discriminations subies en raison de leur spécificité favorisent l'émergence d'un nationalisme de résistance. Des exemples incluent les Kurdes, les Tibétains, les Irlandais, ou les nationalismes régionaux en Espagne pendant le franquisme [2](#page=2).
### 1.3 État-nation et États multinationaux
Sur la scène internationale, la figure de l'État-nation s'est imposée, et les sciences politiques se concentrent sur la logique de la nationalisation des sociétés et sur la logique de clôture qui l'accompagne [2](#page=2).
#### 1.3.1 État-nation : une logique d'homogénéisation et de clôture
L'État-nation repose sur une logique d'homogénéisation, aussi appelée nationalisme d'État ou nationalisme jacobin (opposé au nationalisme des minorités), et de clôture. Cette logique se manifeste par des politiques publiques culturelles, administratives et symboliques à vocation unificatrice, telles que le découpage administratif, l'enseignement, et la diffusion de symboles unitaires, souvent au détriment des spécificités locales et régionales [2](#page=2).
La notion de clôture, élaborée par Max Weber et approfondie par Rokkan, voit dans l'État-nation la fusion des concepts de citoyenneté et d'identité territoriale. La citoyenneté correspond à un territoire et n'est valable qu'en son sein, conférant des droits spécifiques aux citoyens de ce territoire, qu'ils soient économiques (prestations sociales), politiques (droit de vote) ou juridiques. Certains auteurs soulignent comme conséquence à cette notion une forte augmentation du nombre de guerres dans le monde post-impérial, illustrée par la citation de François Mitterrand: "le nationalisme, c'est la guerre" ] [2](#page=2).
#### 1.3.2 Persistance des États multinationaux
Malgré l'imposition de l'État-nation, les États multinationaux persistent. Des pays comme la France, le Japon ou la Suède sont considérés comme des modèles d'État-nation, tandis que l'Espagne, la Bolivie ou le Canada parviennent à faire cohabiter une diversité d'expressions sur leur territoire. Les États multinationaux se caractérisent par la présence de minorités ethniques ou linguistiques [2](#page=2).
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# Théories du nationalisme et stratégies politiques
Ce chapitre analyse les théories expliquant le nationalisme comme une construction étatique, une ressource politique, ou comme une manifestation d'une identité préexistante, détaillant diverses stratégies politiques associées.
### 2.1 Concept de nation et ses conceptions
Le concept de nation est souvent considéré comme plus insaisissable que celui de l'État, sauf dans le cas de l'État-nation. La nation génère des droits et des non-droits, et se manifeste par des revendications politiques d'autonomie, voire d'indépendance (comme en Corse ou au Pays Basque), mais aussi par des revendications de fermeture des frontières, d'arrêt des mouvements migratoires et de préférences nationales, reflétant une vision contrastée du monde [1](#page=1).
L'État est l'un des principaux architectes de la nation, notamment à travers le nationalisme d'État (jacobin) qui vise à l'homogénéisation. Ce processus implique l'imposition d'une langue commune, la standardisation de l'éducation, un découpage administratif et le développement de symboles unitaires (drapeau, Marianne, coq). Il est également possible d'envisager l'apparition de nations sans rôle préalable de l'État, constituant des nations sans État [1](#page=1).
Deux grandes conceptions de la nation coexistent :
* **Conception contractualiste:** La nation est le fruit d'un libre accord des volontés, un contrat social qui donne naissance à l'État. C'est le modèle de l'État républicain en France, aussi appelée nation révolutionnaire. Elle repose sur une adhésion libre et totale aux principes de l'État et de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La délimitation des frontières est perçue comme une rupture naturelle, biologique et culturelle. La nation s'arrête là où l'accord des volontés cesse, la nationalité étant automatique et définitive [1](#page=1).
* **Conception romantique:** La nation est basée sur l'existence d'une âme collective préalable à toute construction politique. Elle n'est pas le fruit d'un accord, mais de la langue, de la culture, des coutumes, des traditions, de l'appartenance ethnique, de la race ou d'un ancrage religieux. La frontière est fixe et non négociable au gré des volontés [1](#page=1).
Bien que pertinente, cette différenciation peut rester simpliste [1](#page=1).
### 2.2 Les théories de la nation
#### 2.2.1 L’État fait la nation : la théorie du "nation building"
Cette théorie postule que la nation est une construction historique et culturelle de l'État, qui en est le grand architecte. L'État et la modernité sont considérés comme les origines de la Nation [1](#page=1).
* **Ernest Gellner:** Il affirme que le nationalisme n'est pas l'éveil d'une force ancienne et latente, mais la conséquence d'une nouvelle forme d'organisation sociale fondée sur des "hautes cultures" dépendantes de l'éducation. L'État est au cœur du projet national par le biais du projet éducatif, imposant une "haute culture" distincte de la "basse culture" (paysanne ou allophone). L'école joue un rôle fondamental dans la constitution de la réalité nationale [1](#page=1).
* **Ernest Renan:** Dans son discours "Qu'est-ce qu'une nation?", prononcé dans le contexte de la perte de l'Alsace-Moselle, Renan définit la nation comme "avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions pour être un peuple". Cette vision met l'accent sur le consentement, le désir de vivre ensemble, le "plébiscite de tous les jours". Renan adopte une vision contractualiste de l'État [1](#page=1).
* **Karl Deutsch:** Ce spécialiste des sciences politiques et des relations internationales considère que l'âge de la nation correspond à la Révolution industrielle. Il soutient que le déséquilibre créé par celle-ci atomise les sociétés communautaires, provoquant la migration des ruraux vers les villes. Dans ce contexte, la nation offre une forme de protection à l'échelle de la société. L'État devient alors le moteur économique du pays, favorisant une vision nationale commune par le développement d'infrastructures et l'implantation de grandes manufactures [1](#page=1).
#### 2.2.2 Le nationalisme comme ressource politique
Le nationalisme n'est ni un simple construit (contractualiste) ni une donnée préexistante. Il est le produit de l'ethnisme (réalité d'une ethnie existante) mais retravaillé par l'État et l'élite [1](#page=1).
##### 2.2.2.1 Stratégies politiques associées au nationalisme
1. **La stratégie néo-traditionaliste:** Cette approche refuse l'État moderne en opposition à la tradition et à la coutume. L'éducation et la communication sont adaptées aux créneaux idéologiques et religieux, ce qui peut générer des dysfonctionnements [2](#page=2).
2. **La stratégie assimilationniste:** Le nationalisme arabe, par exemple, est contraint d'embrasser la modernité, jugée spirituellement inférieure mais techniquement supérieure. La technique invite les dynasties locales, tout en refusant la fin de Dieu [2](#page=2).
3. **La stratégie réformiste:** Les "entrepreneurs identitaires" fusionnent la légitimité de l'État avec des valeurs traditionnelles, valorisant un renouveau ethnique et national (langue, tradition, culture, croyances), parfois mythifié pour mieux s'intégrer à la réalité [2](#page=2).
Il ne faut jamais négliger le rôle des élites dans l'émergence de la nation et des nationalismes. Les élites, au nom du nationalisme, peuvent se disputer un territoire (exemples: nationalisme jacobin contre nationalismes corses, bretons, basques). Ce nationalisme se légitime par la distance du pouvoir et par des intérêts économiques qui peuvent modifier certains groupes sociaux [2](#page=2).
#### 2.2.3 Le nationalisme des nationalistes (approche primordialiste)
Cette approche, qualifiée de primordialiste, réfute l'idée que l'État soit le principal architecte de la nation. Elle rencontre une difficulté à distinguer la réalité ethnique de la réalité nationale [2](#page=2).
* **Conscience interne:** L'ethnie a conscience de sa propre existence [2](#page=2).
* **Conscience externe:** Les autres reconnaissent les caractéristiques de l'ethnie [2](#page=2).
Les violences et discriminations subies en raison de sa spécificité favorisent l'émergence d'un nationalisme de résistance, nourri par la conscience externe (les autres perçoivent une différence). Des exemples incluent les Kurdes, les Tibétains, les Irlandais, et les nationalismes régionaux en Espagne sous le franquisme [2](#page=2).
### 2.3 État-Nation et États multinationaux
Sur la scène internationale, la figure de l'État-nation s'est imposée. En sciences politiques, les études se concentrent sur la logique de nationalisation des sociétés et sur la logique de clôture qui accompagne l'État-nation [2](#page=2).
Des pays comme l'Espagne et le Canada présentent des spécificités d'États multinationaux [2](#page=2).
#### 2.3.1 L'État-nation : une logique d'homogénéisation et de clôture
La logique de l'État-nation repose sur l'homogénéisation (nationalisme d'État ou jacobin, opposé au nationalisme des minorités) et la clôture [2](#page=2).
* **Homogénéisation:** Elle se manifeste par des politiques publiques culturelles, administratives et symboliques à vocation unificatrice: découpage administratif, enseignement, diffusion de symboles unitaires, souvent au détriment des spécificités locales et régionales. L'État-nation incarne ainsi une logique d'homogénéisation [2](#page=2).
* **Clôture:** Concept élaboré par Max Weber et approfondi par Rokkan, il voit dans l'État-nation la fusion du concept de citoyenneté avec celui d'identité territoriale. La citoyenneté correspond à un territoire et n'est valable qu'en son sein, conférant des droits spécifiques aux citoyens de ce territoire: droits économiques (prestations sociales), politiques (droit de vote) et juridiques [2](#page=2).
Certains auteurs soulignent que cette notion a pour conséquence une forte augmentation du nombre de guerres dans le monde post-impérial, illustrée par la citation de François Mitterrand: "le nationalisme, c'est la guerre" [2](#page=2).
#### 2.3.2 Persistance des États multinationaux
Malgré l'imposition de l'État-nation, des États multinationaux persistent. Des pays comme la France, le Japon et la Suède sont souvent cités comme des modèles d'États-nations typiques. D'autres, tels que l'Espagne, la Bolivie et le Canada, parviennent à faire cohabiter une diversité d'expressions sur leur territoire. Ces États multinationaux regroupent des minorités ethniques ou linguistiques [2](#page=2).
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# L'État-nation et les États multinationaux
Ce chapitre explore la tension entre le modèle dominant de l'État-nation, axé sur l'homogénéisation et la clôture, et la réalité persistante des États multinationaux qui reconnaissent et intègrent la diversité interne.
### 3.1 L'État-nation : une logique d'homogénéisation et de clôture
Le modèle de l'État-nation, particulièrement prédominant sur la scène internationale et étudié en sciences politiques, est caractérisé par une logique d'homogénéisation et de clôture [2](#page=2).
#### 3.1.1 La logique d'homogénéisation
Cette logique, souvent assimilée au nationalisme d'État ou au nationalisme jacobin, s'oppose au nationalisme des minorités. Elle se manifeste concrètement à travers diverses politiques publiques culturelles, administratives et symboliques visant à unifier la société. Ces politiques incluent le découpage administratif du territoire, l'organisation de l'enseignement, et la diffusion de symboles unitaires. Elles s'effectuent fréquemment au détriment des spécificités locales et régionales [2](#page=2).
#### 3.1.2 La notion de clôture
Le concept de clôture, développé par Max Weber et approfondi par Rokkan, décrit la fusion entre le concept de citoyenneté et celui d'identité territoriale. Dans le cadre de l'État-nation, la citoyenneté est intrinsèquement liée à un territoire spécifique et n'est valable qu'en son sein. Cela se traduit par des droits spécifiques accordés aux citoyens de ce territoire, qu'ils soient économiques (prestations sociales), politiques (droit de vote) ou juridiques. Certains auteurs soulignent que cette conception de l'État-nation a contribué à une augmentation significative des guerres dans le monde post-impérial, illustrée par la citation de François Mitterrand: « le nationalisme, c'est la guerre » [2](#page=2).
### 3.2 La persistance des États multinationaux
Malgré l'imposition du modèle de l'État-nation, des États multinationaux continuent d'exister et de reconnaître la diversité de leurs populations [2](#page=2).
#### 3.2.1 Définition et caractéristiques
Les États multinationaux se distinguent par la présence de minorités ethniques, linguistiques ou religieuses regroupées au sein d'un territoire subnational. Ils se caractérisent par une organisation politico-administrative qui reconnaît ces minorités. Si une telle organisation politico-administrative fait défaut, on parle alors d'État multiculturel [3](#page=3).
#### 3.2.2 Exemples d'États multinationaux
* **Espagne:** La Constitution espagnole de 1978 a établi un système d'autonomies, créant un "État quasi fédéral à géométrie variable". Il s'agit d'un État hybride, ni unitaire ni fédéral, composé de communautés autonomes dotées de compétences diverses et évolutives. Le processus de négociation de nouvelles compétences avec des communautés comme le Pays Basque et la Catalogne a permis au gouvernement d'obtenir des majorités. Certaines communautés autonomes, comme la Communauté autonome basque, sont reconnues comme une nation dans la Constitution et bénéficient d'une autonomie fiscale (le *cupo*). L'article 2 de la Constitution espagnole reconnaît explicitement d'autres nations: Catalogne, Galice et Pays Basque. Les compétences des communautés autonomes y sont asymétriques et évolutives [3](#page=3).
* **Bolivie:** Depuis 2009, la Bolivie reconnaît 37 langues officielles et a accordé un droit à l'autonomie aux peuples indigènes, leur conférant la liberté d'adopter des normes d'organisation sociale et économique communautaires [3](#page=3).
* **Canada:** Le Canada a construit sa vision multinationale autour de trois dispositifs principaux: un quasi-fédéralisme bilingue pour accommoder le nationalisme francophone, la reconnaissance juridique des droits à l'autonomie des peuples autochtones (Premières Nations), et la prise en compte des communautés immigrées qui représentent 20% de la population. Ce modèle est lié à la situation démographique et politique du pays [3](#page=3).
* **Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord:** Le Royaume-Uni est considéré comme un État multinational composé de quatre nations: anglaise, écossaise, galloise et nord-irlandaise (irlandaise). L'identité britannique s'est forgée au XVIe siècle et a été renforcée par la religion (protestantisme), la monarchie, l'empire et le Commonwealth. Ces dernières années ont vu une réactualisation des nationalismes écossais et gallois, menant au renforcement des pouvoirs des parlements écossais, gallois et nord-irlandais. Le référendum sur le Brexit a mis en lumière les conséquences potentielles sur l'unité nationale, l'Écosse et l'Irlande du Nord ayant voté pour rester dans l'Union européenne, tandis que l'Angleterre (à l'exception de Londres) a voté pour le "Out" [3](#page=3).
### 3.3 L'Union Européenne à l'épreuve de la nation
Le cadre national reste le référentiel pertinent pour la mise en œuvre des politiques et des mécanismes de solidarité. La question se pose de savoir si l'Union Européenne (UE) peut être pensée par analogie avec les autres pays et comment elle pourrait devenir une entité post-nationale dans le contexte mondial [3](#page=3).
#### 3.3.1 L'UE, une nouvelle histoire nationale ?
Les sondages montrent une persistance de la solidarité nationale, souvent plus forte que la solidarité à caractère social. Le projet européen s'inscrit dans l'histoire nationale et peut être considéré comme un prolongement de celle-ci, comme le projet politique républicain français post-Seconde Guerre mondiale. Il peut aussi compenser des histoires nationales fragiles et contribuer à la reconstruction d'une unité nationale, à l'exemple de l'Espagne après la période franquiste [3](#page=3).
> **Tip:** L'adhésion de l'Espagne à l'UE a marqué une étape clé dans sa transition démocratique et la consolidation de son identité nationale post-dictature.
Il est observé une faiblesse dans la construction d'un centre européen, considéré comme inachevé. Des auteurs comme Stefano Bartolini analysent ce phénomène par analogie avec la construction de l'État-nation, suggérant que l'échelle européenne pourrait connaître des processus similaires en termes de budget, de politiques migratoires, sanitaires, d'infrastructures et de mobilités étudiantes. Les grandes crises (2008, 2015, Brexit, COVID-19, invasion de l'Ukraine) pourraient, contrairement aux apparences, accélérer la consolidation d'un centre européen [3](#page=3).
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# L'Union Européenne face à la nation
Voici un résumé détaillé pour le sujet "L'Union Européenne face à la nation", basé sur les pages 3 et 4 du document fourni.
## 4. L'Union Européenne face à la nation
L'Union Européenne est examinée sous l'angle de sa relation avec les dynamiques nationales, explorant si elle s'oriente vers une post-nationalité ou s'inscrit dans une nouvelle histoire nationale [3](#page=3).
### 4.1 La pertinence du cadre national pour l'UE
Le cadre national reste un cadre pertinent pour la mise en œuvre des politiques, notamment en ce qui concerne les mécanismes de solidarité. La question se pose de savoir si l'UE peut être pensée par analogie avec d'autres pays et comment elle pourrait devenir une entité post-nationale dans le contexte mondial [3](#page=3).
### 4.2 L'UE : une nouvelle histoire nationale ?
Des sondages indiquent une persistance de la solidarité nationale supérieure à celle de caractère social. Le projet politique de l'UE s'inscrit dans l'histoire nationale de ses États membres, prolongement de leurs histoires respectives, et peut même compenser des fragilités nationales, participant à la reconstruction d'une unité. Par exemple, l'adhésion de l'Espagne à l'UE a coïncidé avec sa transition démocratique après le franquisme [3](#page=3).
L'analyse de la construction de l'UE par analogie avec la formation des États-nations suggère une faiblesse et un caractère inachevé du centre européen. Des éléments tels que le budget européen, la politique migratoire, sanitaire, les infrastructures et les mobilités étudiantes sont considérés comme des aspects similaires à ceux qui ont fondé l'image de l'État-nation [3](#page=3).
Les grandes crises (2008, 2015, Brexit, COVID-19, invasion de l'Ukraine) pourraient, à première vue, affaiblir l'UE, mais elles ont paradoxalement accéléré la consolidation d'un centre européen à travers des politiques communes comme l'accueil, la position face au Brexit, les achats de vaccins et la réponse à l'invasion de l'Ukraine. Cette question reste ouverte et d'actualité [3](#page=3) [4](#page=4).
### 4.3 L'UE : une dimension post-nationale ?
La perspective d'une dimension post-nationale de l'UE repose sur sa capacité à permettre la reconnaissance et la coexistence des différences sur un même territoire politique, ainsi qu'à envisager une citoyenneté aux caractéristiques transnationales [4](#page=4).
Jürgen Habermas a introduit la notion de « patriotisme constitutionnel » en référence à l'UE, soulignant le cadre potentiellement dépassé des États-nations. Cependant, cette vision est remise en question par des situations telles que le non-respect de l'État de droit en Hongrie et en Pologne. De plus, les règles de fonctionnement de l'UE basées sur l'unanimité semblent incompatibles avec l'idée d'un patriotisme constitutionnel, qui se fonderait sur les principes constitutionnels (contrat social) plutôt que sur une identité culturelle commune [4](#page=4).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Nation | Une communauté humaine unie par des liens historiques, culturels, linguistiques, ou par un accord volontaire, se manifestant souvent par des revendications politiques d'autonomie ou d'indépendance. |
| État-nation | Un État dont la population est majoritairement composée d'une nation partageant une identité culturelle commune, caractérisé par une logique d'homogénéisation et de clôture territoriale et politique. |
| Nationalisme d'État (jacobin) | Processus par lequel l'État impose une homogénéisation culturelle et linguistique à sa population par le biais de l'éducation, de l'administration et de symboles unitaires. |
| Conception contractualiste de la nation | Idée selon laquelle la nation résulte d'un accord volontaire entre individus, formant un contrat social qui donne naissance à l'État, comme dans le modèle républicain français. |
| Conception romantique de la nation | Conception de la nation basée sur l'existence d'une âme collective préexistante, définie par la langue, la culture, les coutumes, les traditions, l'appartenance ethnique ou religieuse. |
| Nation sans État | Une communauté nationale qui n'a pas son propre État souverain et qui peut exprimer des revendications politiques ou identitaires. |
| Nation building | Théorie selon laquelle l'État est le principal architecte de la nation, construisant l'identité nationale par des processus historiques, culturels et éducatifs. |
| Haute culture | Culture considérée comme supérieure, souvent imposée par l'État dans le cadre du nationalisme, par opposition à la basse culture des populations rurales ou minoritaires. |
| Basse culture | Cultures populaires, paysannes ou minoritaires, souvent associées à des langues différentes de la langue officielle de l'État. |
| Nationalisme comme ressource politique | Approche qui considère le nationalisme non pas comme un simple construit ou une donnée préexistante, mais comme un produit de l'ethnisme retravaillé par l'État et les élites pour servir des objectifs politiques. |
| Stratégie néo-traditionaliste | Approche politique qui rejette l'État moderne en opposition à la tradition et à la coutume, en utilisant l'éducation et la communication pour véhiculer des idéaux spécifiques. |
| Stratégie assimilationniste | Stratégie qui vise à intégrer des groupes ou des cultures dans la nation dominante, souvent en adoptant la modernité technique tout en préservant une identité culturelle ou religieuse. |
| Stratégie réformiste | Approche qui fusionne la légitimité de l'État avec des valeurs traditionnelles, promouvant un renouveau ethnique et national par la langue, la tradition, la culture et les croyances. |
| Nationalisme des nationalistes (primordialiste) | Approche qui réfute l'idée que l'État est le principal architecte de la nation, soutenant que la nation est une réalité ethnique préexistante ayant une conscience interne et externe de son identité. |
| Conscience interne | La perception qu'a un groupe ethnique de sa propre existence et de ses caractéristiques distinctes. |
| Conscience externe | La reconnaissance par d'autres groupes des caractéristiques distinctes d'un groupe ethnique, pouvant mener à des discriminations. |
| État multinational | Un État composé de plusieurs nations ou groupes ethniques distincts qui coexistent sous une même structure politique, souvent avec une reconnaissance de leurs spécificités. |
| Logique d'homogénéisation | Tendance de l'État-nation à unifier et à rendre uniformes les caractéristiques culturelles, linguistiques et administratives de sa population. |
| Logique de clôture | Concept selon lequel la citoyenneté est intrinsèquement liée à un territoire spécifique, conférant des droits exclusifs aux résidents de ce territoire. |
| Patriotisme constitutionnel | Concept selon lequel la loyauté et l'identité d'un individu se fondent sur l'adhésion aux principes et aux institutions d'une constitution, plutôt que sur une identité culturelle ou ethnique commune. |