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Summary
# Critères de droit international privé et interprétation des règles de droit
Ce sujet explore les différents critères utilisés en droit international privé pour déterminer la loi applicable, ainsi que les principes fondamentaux de l'interprétation des règles juridiques, leurs autorités compétentes et leurs méthodes [1](#page=1).
### 1.1 Critères de droit international privé pour déterminer la loi applicable
Le droit international privé (DIP) utilise divers critères pour désigner la loi applicable à une situation présentant des éléments d'extranéité. Ces critères visent à résoudre les conflits de lois [1](#page=1).
#### 1.1.1 Critère de personnalité
Ce critère rattache la loi applicable à la personne concernée, généralement en fonction de sa nationalité.
* **Exemple:** L'état et la capacité d'une personne sont régis par le droit de l'État dont elle a la nationalité, sauf disposition contraire [1](#page=1).
#### 1.1.2 Critère de territorialité
Ce critère soumet la situation juridique au droit du lieu où elle se produit ou où le bien est situé.
* **Exemple 1:** Les droits réels sur un bien sont régis par le droit de l'État sur le territoire duquel ce bien est situé au moment où ils sont invoqués [1](#page=1).
* **Exemple 2:** La loi applicable à une obligation non contractuelle résultant d'un fait dommageable est celle du pays où le dommage survient [1](#page=1).
#### 1.1.3 Critère de l'autonomie de volonté
Ce critère permet aux parties de choisir la loi applicable, particulièrement dans le domaine contractuel.
* **Exemple 1:** Le règlement "Rome I" s'applique aux obligations contractuelles en matière civile et commerciale, et le contrat est régi par la loi choisie par les parties [1](#page=1).
* **Exemple 2:** À défaut de choix des parties, le contrat de vente de biens est régi par la loi du pays où le vendeur a sa résidence habituelle [1](#page=1).
### 1.2 Interprétation de la règle de droit
L'interprétation d'une règle de droit est l'opération qui consiste à dégager son sens véritable et à lui donner une signification claire afin de l'appliquer correctement. Elle est nécessaire pour comprendre et appliquer le droit [1](#page=1).
#### 1.2.1 Nécessité d'interprétation
L'interprétation est requise lorsque le texte est obscur, ambigu, général, ou lorsqu'il n'existe pas de texte applicable à une situation spécifique, mais que le juge est tenu de statuer [1](#page=1) [2](#page=2).
* **Cas où l'interprétation est nécessaire :**
1. Lorsque le texte est obscur ou ambigu et peut donner lieu à plusieurs interprétations [1](#page=1).
2. Lorsque le texte est clair mais très général, et son application à un cas particulier pose question [2](#page=2).
3. Lorsque la situation n'est pas régie par un texte, mais le juge doit statuer pour éviter un déni de justice [2](#page=2).
* **Déni de justice:** Le juge ne peut refuser de juger sous quelque prétexte que ce soit, y compris le silence, l'obscurité ou l'insuffisance de la loi. L'herméneutique juridique est l'art de comprendre et d'interpréter les règles [2](#page=2).
* **Interprétation des traités internationaux:** Un traité doit être interprété de bonne foi, suivant le sens ordinaire attribué aux termes dans leur contexte et à la lumière de son objet et de son but [2](#page=2).
* **Interprétation des actes juridiques privés:** Dans les contrats, il faut rechercher la commune intention des parties plutôt que de s'arrêter au sens littéral des termes [2](#page=2).
#### 1.2.2 Les autorités en matière d'interprétation
Plusieurs autorités peuvent être impliquées dans l'interprétation des règles de droit.
##### 1.2.2.1 L'auteur de la norme
* **Actes législatifs:** Les travaux préparatoires (exposés des motifs, rapports, avis) peuvent éclairer l'intention du législateur [2](#page=2).
* L'interprétation des lois par voie d'autorité n'appartient qu'à la loi elle-même [2](#page=2).
* **Exemple:** Un décret interprétant d'autres décrets peut clarifier leur portée, mais cela soulève la question du risque de modification rétroactive des lois. La non-rétroactivité des lois est une garantie contre l'insécurité juridique, sauf circonstances exceptionnelles et justification d'un intérêt général [2](#page=2).
* **Actes réglementaires:** Non évoqués au cours [3](#page=3).
##### 1.2.2.2 Le juge (le magistrat)
Dans la majorité des cas, l'interprétation est effectuée par le juge dans le cadre d'un litige [3](#page=3).
* Les juges ne peuvent prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur sont soumises [3](#page=3).
* L'interprétation du juge a une **autorité relative de chose jugée**, elle ne vaut que pour le litige tranché [3](#page=3).
* La jurisprudence ne lie pas les juges en dehors du litige déjà jugé, bien qu'elle serve souvent de guide [3](#page=3).
* **Exceptions:** Les décisions de la Cour de cassation, de la Cour constitutionnelle ou de la Cour européenne des droits de l'homme peuvent lier les juges [3](#page=3).
##### 1.2.2.3 L'administration
L'administration peut donner des instructions (circulaires) à ses agents sur l'interprétation de nouvelles dispositions légales ou réglementaires [3](#page=3).
* Ces circulaires n'ont pas de force obligatoire pour les tiers [3](#page=3).
##### 1.2.2.4 La doctrine
La doctrine peut critiquer l'interprétation d'un juge, mais elle n'a en soi aucune portée juridique contraignante [3](#page=3).
* Elle peut néanmoins influencer l'évolution de la jurisprudence ou de la législation par sa qualité scientifique et la compétence de son auteur [3](#page=3).
#### 1.2.3 Les écoles d'interprétation
Différentes écoles ont marqué l'histoire de l'interprétation juridique.
##### 1.2.3.1 École de l'exégèse
Cette école part du principe que les lois sont parfaites et le législateur infaillible. L'interprétation est fondée sur le texte lorsqu'il est clair, et sur la recherche de l'intention de l'auteur lorsqu'il est obscur. Le juge ne crée pas le droit, il le déduit des textes [4](#page=4).
* **Risque:** Cette approche est apparue rigide et inadaptée face à l'évolution des textes [4](#page=4).
##### 1.2.3.2 École évolutionniste
Cette école s'intéresse au but social de la loi et propose une interprétation nouvelle si elle est mieux adaptée à l'évolution de la société [4](#page=4).
* **Risque:** Elle peut mener à une interprétation s'écartant de la volonté de l'auteur originel, voire à une création du droit par le juge [4](#page=4).
##### 1.2.3.3 L'école pluraliste
Actuellement, une synthèse des méthodes est privilégiée. Le juge utilise une pluralité de méthodes, empruntant tant à l'école exégétique qu'à l'école évolutionniste, face notamment au silence de la loi [4](#page=4).
#### 1.2.4 Les méthodes d'interprétation
Ces méthodes servent à analyser concrètement une règle de droit.
##### 1.2.4.1 L'interprétation grammaticale (exégétique)
Elle analyse le sens littéral des mots et la structure des phrases [5](#page=5).
* **Exemple:** L'expression "des espaces verts" peut impliquer un minimum de deux espaces [5](#page=5).
##### 1.2.4.2 L'interprétation systématique
Elle examine la règle de droit dans son contexte au sein de l'ensemble juridique auquel elle appartient (par exemple, chapitre, titre, livre) [5](#page=5).
* **Exemple:** L'article 144 du Code pénal, situé dans un chapitre spécifique, doit être interprété en tenant compte de cette localisation [5](#page=5).
##### 1.2.4.3 L'interprétation évolutive
Elle prend en compte l'évolution de la société et du droit, même si le texte est ancien. L'interprétation s'adapte aux nouvelles réalités [5](#page=5).
* **Exemple:** La notion de "presse" peut aujourd'hui inclure la presse audiovisuelle, car l'interprétation est évolutive [5](#page=5).
##### 1.2.4.4 L'interprétation téléologique
Elle se fonde sur les objectifs et le but social visé par la loi [5](#page=5).
* **Exemple:** L'article 56, § 1, de la loi sur le remembrement légal des biens ruraux est interprété dans le but d'améliorer les structures agraires [5](#page=5).
##### 1.2.4.5 L'interprétation historique et sociologique
Ces méthodes examinent le contexte historique de l'adoption de la loi et son impact sociologique [5](#page=5).
#### 1.2.5 Les techniques argumentaires
Ce sont des procédés logiques utilisés pour justifier une interprétation.
* **Argument a contrario:** Appliquer la règle contraire lorsque la situation n'entre pas dans l'hypothèse de la règle [6](#page=6).
* **Argument a fortiori:** Appliquer une règle à une situation similaire pour laquelle elle est encore plus pertinente [6](#page=6).
* **Argument a pari:** Appliquer la même règle à des situations similaires [6](#page=6).
#### 1.2.6 Les maximes d'interprétation
Ce sont des principes directeurs traditionnels pour l'interprétation.
1. **Exceptio est strictissimae interpretationis:** Les exceptions s'interprètent restrictivement [6](#page=6).
2. **Ubi lex non distinguit, nec non distinguere debemus:** Lorsque la loi ne distingue pas, il ne faut pas la distinguer [6](#page=6).
3. **Generalia specialibus non derogant:** Les règles générales ne dérogent pas aux règles spéciales. En cas de conflit, la règle spéciale prévaut [6](#page=6).
4. **Specialia generalibus derogant:** Les règles spéciales dérogent aux règles générales. Une règle particulière s'appliquant à une situation spécifique prime sur la règle générale [6](#page=6).
5. **Cessante ratione legis, cessat ipsa lex:** Si le motif d'une loi disparaît, la loi elle-même cesse de s'appliquer [6](#page=6).
6. **Favores ampliiandi; odiosa sunt restringenda:** Les dispositions qui affectent négativement les particuliers sont d'interprétation restrictive; celles qui les affectent positivement doivent être interprétées largement [6](#page=6).
### 1.3 Application de la règle de droit
L'application de la règle de droit vise à assurer son effectivité dans la réalité.
#### 1.3.1 L'effectivité de la règle de droit
L'effectivité dépend de son adhésion dans la réalité et de l'application de sa sanction, y compris par la contrainte si nécessaire. Même sans sanction, la règle a vocation à orienter les comportements. L'application est souvent spontanée, mais la sanction vise à réduire les écarts [6](#page=6).
#### 1.3.2 Les types de raisonnement juridique
Le raisonnement juridique peut être appliqué de diverses manières.
* **Application d'une règle à une situation passée ou future et détermination de ses effets:** Cela implique de rapprocher les faits de la règle, ce qui comprend l'établissement et la preuve des faits, puis leur qualification [7](#page=7).
* **Comparaison entre une norme de contrôle et une norme contrôlée :** Cela concerne la validité des normes juridiques par rapport à des normes supérieures.
#### 1.3.3 La complexité – Des facteurs d'incertitude
Plusieurs facteurs peuvent rendre l'application de la règle de droit complexe.
* **Difficulté d'interprétation:** Certains textes, par leur formulation, peuvent engendrer des difficultés d'interprétation [7](#page=7).
* **Exemple:** La détermination des "aspects significatifs" dans un texte réglementaire peut laisser une marge d'appréciation [7](#page=7).
* **Multiplicité des solutions, parfois antinomiques:** Des situations similaires peuvent donner lieu à des solutions contradictoires [7](#page=7).
* **Exemple:** Des affaires peuvent opposer l'exercice illégal de la médecine à l'assistance à personne en danger [7](#page=7).
* **Marge d'appréciation:** Les limites et potentialités de l'utilisation des nouvelles technologies peuvent créer de l'incertitude [7](#page=7).
* **Normes supérieures de contrôle :**
* **Règles définissant des compétences:** Un problème de validité survient si une autorité excède ses compétences [7](#page=7).
* **Règles fixant des formalités substantielles (de procédure):** Le non-respect des procédures peut poser un problème de forme [7](#page=7).
* **Règles de fond:** Il s'agit par exemple du non-respect d'un droit fondamental [7](#page=7).
* **Normes inférieures contrôlées :**
* **Constitution:** Son contrôle est complexe, soulevant des questions sur qui doit contrôler sa suprématie [7](#page=7).
* **Loi:** Contrôlée par la Cour constitutionnelle [7](#page=7).
* **Règlements:** Contrôlés par le Conseil d'État [7](#page=7).
* **Actes administratifs individuels:** Contrôlés par le Conseil d'État [7](#page=7).
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# L'interprétation des règles de droit : nécessité et autorités
L'interprétation des règles de droit est une opération essentielle pour dégager le sens véritable d'un texte juridique et permettre son application concrète [1](#page=1).
### 2.1 La nécessité d'interprétation
L'interprétation vise à comprendre le sens réel d'un texte, lui donner une signification et dégager la volonté de son auteur. Bien qu'un texte clair ne devrait pas, en théorie, nécessiter d'interprétation (`interpretatio cessat in claris`) la nécessité d'interpréter une règle de droit survient dans plusieurs situations [1](#page=1):
* **Texte obscur ou ambigu:** Lorsque le texte peut prêter à plusieurs interprétations, il faut en dégager le sens le plus conforme à la volonté générale [1](#page=1).
* **Texte général et application à un cas particulier:** Même si un texte est clair, sa généralité peut rendre son application à une situation spécifique problématique, nécessitant une interprétation pour l'adapter [1](#page=1).
* **Absence de texte applicable (lacune):** Lorsqu'une situation n'est régie par aucun texte, le juge est tenu de statuer sous peine de déni de justice. Conformément à l'article 5 du Code judiciaire, il y a déni de justice si le juge refuse de juger pour quelque motif que ce soit, y compris le silence, l'obscurité ou l'insuffisance de la loi. Le juge doit trancher et interpréter la loi pour résoudre le litige [2](#page=2).
L'herméneutique juridique, art de comprendre et d'interpréter, permet à la loi de trouver son plein effet, même dans des situations non directement envisagées par son auteur. Cette nécessité d'interprétation s'applique également aux traités internationaux, où l'interprétation doit être faite de bonne foi, en tenant compte du sens ordinaire des termes dans leur contexte, ainsi que de l'objet et du but du traité, comme le stipule l'article 31.1 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Dans les actes juridiques privés, l'article 5.64, alinéa 1 du Code civil belge dispose que dans les contrats, il faut rechercher la commune intention des parties contractantes plutôt que de s'arrêter au sens littéral des termes [2](#page=2).
> **Tip:** La règle `interpretatio cessat in claris` signifie que l'interprétation cesse lorsque le texte est clair. Cependant, le caractère "clair" d'un texte peut lui-même être sujet à débat.
### 2.2 Les autorités en matière d'interprétation
Plusieurs autorités sont habilitées à interpréter les règles de droit, chacune avec une portée et une autorité différentes.
#### 2.2.1 L'auteur de la norme
L'auteur de la norme peut intervenir pour en préciser le sens.
* **Actes législatifs:** Les travaux préparatoires (exposés des motifs, commentaires, rapports, avis de sections du Conseil d'État) peuvent éclairer l'intention du législateur. L'interprétation des lois par voie d'autorité n'appartient qu'à la loi elle-même, selon l'article 84 de la Constitution. De même, l'interprétation des décrets par voie d'autorité n'appartient qu'au décret, d'après l'article 133 de la Constitution. Un exemple de cette interprétation par voie d'autorité est un décret interprétant d'autres décrets pour en clarifier l'application en attendant l'installation d'un organe [2](#page=2).
> **Attention:** L'interprétation par voie d'autorité peut soulever des questions de rétroactivité. La Cour d'arbitrage (aujourd'hui Cour constitutionnelle) a rappelé dans un arrêt du 9 février 2000 (arrêt n° 17/2000) que la non-rétroactivité des lois est une garantie contre l'insécurité juridique. La rétroactivité ne peut être justifiée que par un impératif d'intérêt général et, si elle influence des procédures judiciaires ou empêche les juridictions de se prononcer sur une question de droit, des circonstances exceptionnelles doivent la motiver [3](#page=3).
* **Actes réglementaires:** L'interprétation par l'auteur de ces actes n'est pas explicitement abordée dans ce passage du document, mais le principe général s'applique [2](#page=2).
#### 2.2.2 Le juge (le magistrat)
Dans la grande majorité des cas, l'interprétation est réalisée par le juge lors d'un litige. Cependant, sa décision n'a pas la portée d'une norme interprétative qui s'ajouterait à la norme interprétée [3](#page=3).
* **Autorité relative de chose jugée:** L'interprétation du juge ne vaut que pour le litige qu'il tranche [3](#page=3).
* **La jurisprudence ne lie pas les juges en dehors du litige tranché:** Les juges ne sont pas obligés de suivre les décisions antérieures (la jurisprudence) pour statuer sur de nouveaux litiges. Chaque juge est libre d'interpréter la loi indépendamment des décisions passées, bien que la jurisprudence serve souvent de guide ou d'inspiration [3](#page=3).
* **Exceptions:** Il existe des cas où les juges sont tenus de respecter la jurisprudence, notamment les décisions de la Cour de cassation, ainsi que les arrêts de la Cour constitutionnelle ou de la Cour européenne des droits de l'homme [3](#page=3).
> **Tip:** Comprendre le rôle de la jurisprudence et la distinction entre les juridictions inférieures et les cours suprêmes est crucial pour appréhender la force contraignante des interprétations judiciaires.
#### 2.2.3 L'administration
L'administration peut également être amenée à interpréter les dispositions légales ou réglementaires, notamment lorsqu'elle met en œuvre de nouvelles règles. Elle le fait souvent par le biais de circulaires destinées à ses agents pour préciser l'interprétation à adopter [3](#page=3).
* **Pas de force obligatoire pour les tiers:** Les circulaires administratives n'ont pas de force obligatoire envers les tiers [3](#page=3).
#### 2.2.4 La doctrine
La doctrine, constituée par les analyses et commentaires des juristes universitaires et praticiens, joue un rôle interprétatif [3](#page=3).
* **Absence de force juridique contraignante:** L'interprétation doctrinale n'a en soi aucune portée juridique contraignante [3](#page=3).
* **Influence potentielle:** Cependant, par sa qualité scientifique, son indépendance et la compétence de ses auteurs, la doctrine peut influencer l'évolution de la jurisprudence ou de la législation elle-même. Elle peut critiquer la position adoptée par un juge dans son interprétation d'un texte [3](#page=3).
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# Méthodes et techniques d'interprétation juridique
Cette section explore les différentes approches et méthodes utilisées pour interpréter les règles de droit, en passant par les écoles historiques et les techniques argumentatives.
### 3.1 Les écoles d'interprétation juridique
L'interprétation juridique a évolué à travers différentes écoles de pensée, chacune proposant une vision distincte du rôle du juriste face à la loi.
#### 3.1.1 L'école de l'exégèse
Cette école considère les lois comme parfaites et le législateur comme infaillible. Elle postule qu'aucune règle ne peut exister en dehors de la loi elle-même. L'interprétation se fonde principalement sur les textes clairs et précis. Lorsque le texte est obscur, l'objectif est de rechercher l'intention de l'auteur original de la loi. Selon cette approche, le juge ne peut créer le droit, mais seulement le déduire des textes en vigueur. L'interprétation exégétique s'appuie sur une analyse textuelle rigoureuse de la loi [4](#page=4).
* **Risque:** Cette méthode a été critiquée pour son inadaptation et sa rigidité face aux textes vieillissants, la rendant anachronique et générant des problèmes pratiques [4](#page=4).
#### 3.1.2 L'école évolutionniste
L'école évolutionniste met l'accent sur le but social de la loi. Elle soutient une interprétation renouvelée lorsque celle-ci s'avère plus adaptée à l'évolution de la société actuelle. L'interprétation est donc fondée sur le but social de la loi et cherche à l'adapter aux réalités contemporaines [4](#page=4).
* **Risque:** Une interprétation évolutive pourrait potentiellement s'écarter de la volonté originelle de l'auteur de la loi, lui conférant une œuvre créatrice [4](#page=4).
#### 3.1.3 L'école pluraliste
L'école pluraliste prône une synthèse des différentes méthodes d'interprétation. Elle reconnaît que le juge, face au silence de la loi, a recours à une pluralité de méthodes, empruntant à la fois à l'école exégétique et à l'école évolutionniste. L'heure est à la combinaison de ces approches pour une interprétation plus complète et adaptée [4](#page=4).
### 3.2 Les méthodes d'interprétation
Pour comprendre une règle de droit, une analyse concrète des textes, incluant les verbes et la structure des phrases, est nécessaire [5](#page=5).
#### 3.2.1 L'interprétation grammaticale (exégétique)
Cette méthode se concentre sur le sens littéral des mots et la structure grammaticale des phrases [5](#page=5).
> **Exemple:** L'article D.II.24 du CoDT stipule: « La zone d’habitat est principalement destinée à la résidence. (...) Cette zone doit aussi accueillir des espaces verts publics ». L'expression "espaces verts" suggère qu'il doit y en avoir au minimum deux [5](#page=5).
#### 3.2.2 L'interprétation systématique
Cette méthode analyse une règle de droit en la replaçant dans l'ensemble du système juridique auquel elle appartient. Elle prend en compte les autres dispositions légales et la hiérarchie des normes [5](#page=5).
> **Exemple:** L'article 144 du Code pénal, situé dans le Chapitre « Des délits relatifs au libre exercice des cultes » du Titre II « Des crimes et des délits qui portent atteinte aux droits garantis par la Constitution » du Livre 2 « Des infractions et de leur répression en particulier », encadre l'outrage aux objets d'un culte. Le contexte systématique aide à définir la portée de cette infraction [5](#page=5).
#### 3.2.3 L'interprétation évolutive
L'interprétation évolutive adapte le sens de la loi aux changements sociaux et technologiques, même si le texte original n'y faisait pas référence explicitement [5](#page=5).
> **Exemple:** L'article 25, alinéa 1er de la Constitution affirme: « La presse est libre; la censure ne pourra jamais être établie; il ne peut être exigé de cautionnement des écrivains, éditeurs ou imprimeurs ». Dans l'affaire RTBF c. Belgique (CEDH, 29 mars 2011), la Cour a considéré que la presse audiovisuelle devait être comprise dans la notion de presse, démontrant une interprétation évolutive qui inclut les nouveaux supports de diffusion. L'audiovisuel est donc généralement compris dans le terme "presse" grâce à cette méthode [5](#page=5).
#### 3.2.4 L'interprétation téléologique
Cette méthode d'interprétation se fonde sur les objectifs et les finalités poursuivies par la loi. Elle cherche à déterminer comment appliquer la règle afin de réaliser au mieux le but social ou économique qu'elle vise [5](#page=5).
> **Exemple:** L'article 56, § 1, de la loi relative au remembrement légal des biens ruraux vise à « contribuer à l'amélioration des structures agraires ». L'interprétation téléologique chercherait à maximiser l'atteinte de cet objectif [5](#page=5).
#### 3.2.5 L'interprétation historique et sociologique
Bien que mentionnée, les détails spécifiques de ces méthodes ne sont pas développés dans le contenu fourni. Néanmoins, on peut déduire qu'elles s'appuient respectivement sur le contexte historique de l'élaboration de la loi et sur les réalités sociales contemporaines pour en guider l'interprétation [6](#page=6).
### 3.3 Les techniques argumentaires
Ces techniques permettent de construire des raisonnements juridiques en appliquant ou en adaptant les règles de droit.
* **Argument a contrario:** Il consiste à conclure à l'application de la règle inverse lorsque la situation étudiée ne rentre pas dans l'hypothèse d'une règle de droit [6](#page=6).
* **Argument a fortiori:** Utilisé pour étendre l'application d'une règle à une situation similaire mais moins évidente. Par exemple, si un incapable n'est pas autorisé à vendre son bien, il l'est encore moins à le donner [6](#page=6).
* **Argument a pari:** Il s'agit d'appliquer la même règle à des situations jugées similaires [6](#page=6).
### 3.4 Les maximes d'interprétation
Les maximes d'interprétation sont des principes directeurs qui guident le juge dans son raisonnement et l'application de la loi.
1. **Exceptio est strictissimae interpretationis:** Les exceptions doivent être interprétées de manière restrictive [6](#page=6).
2. **Ubi lex non distinguit, nec non distinguere debemus:** Lorsque la loi ne fait pas de distinctions, nous ne devons pas en faire non plus. Cela implique une application uniforme de la loi en l'absence de différenciation textuelle [6](#page=6).
3. **Generalia specialibus non derogant:** Les règles générales ne dérogent pas aux règles spéciales. En cas de conflit, la règle spécifique prévaut sur la règle générale [6](#page=6).
4. **Specialia generalibus derogant:** Les règles spéciales dérogent aux règles générales. Lorsqu'une règle particulière s'applique à une situation spécifique, elle prime sur la règle générale [6](#page=6).
5. **Cessante ratione legis, cessat ipsa lex:** Si la raison d'être d'une loi n'est plus pertinente, son application devient inutile. Cela peut conduire à refuser d'appliquer une règle à un cas qui était manifestement exclu par le législateur dans son intention originelle [6](#page=6).
6. **Favores ampliamdi; odiosa sunt restringenda:** Les dispositions qui affectent négativement la situation des particuliers doivent être interprétées restrictivement, tandis que celles qui l'affectent positivement doivent être interprétées largement [6](#page=6).
### 3.5 L'application de la règle de droit
#### 3.5.1 L'effectivité de la règle de droit
L'effectivité d'une règle de droit dépend de son adhésion dans la réalité et de la mesure dans laquelle la sanction est appliquée et exécutée, y compris par contrainte. Une règle de droit vise à être appliquée, même en l'absence de sanction directe, car sa raison d'être est d'orienter les comportements et de produire des effets concrets [6](#page=6).
L'application de la règle de droit est souvent spontanée, les destinataires y adhérant. Cependant, un écart entre la règle et son application volontaire peut exister, que la sanction est censée réduire. À défaut d'application spontanée, la règle est appliquée par la contrainte [6](#page=6).
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# Application et effectivité de la règle de droit
Ce sujet explore comment les règles de droit sont appliquées concrètement, leur influence réelle dans la société, les méthodes de raisonnement utilisées pour relier les faits aux règles, ainsi que les facteurs qui engendrent complexité et incertitude dans leur application.
### 4.1 L'effectivité de la règle de droit
L'effectivité d'une règle de droit se mesure à son degré d'adhésion dans la réalité et à la mesure dans laquelle la sanction prévue est appliquée et exécutée, si nécessaire par la contrainte. La règle de droit a pour objectif de guider concrètement les comportements et de produire des effets tangibles dans la réalité, même si elle est dépourvue de sanction [6](#page=6).
L'application de la règle de droit est souvent spontanée, ses destinataires y adhérant volontairement. Cependant, un écart peut exister entre la règle et son application volontaire, que la sanction vise à réduire. À défaut d'application volontaire, la règle est appliquée par la contrainte [6](#page=6).
> **Tip:** L'effectivité d'une règle ne repose pas uniquement sur la sanction, mais aussi sur l'acceptation sociale et la capacité de la règle à orienter les comportements.
### 4.2 Les types de raisonnement juridique
Le raisonnement juridique, dans le cadre de l'application des règles de droit, s'articule autour de plusieurs axes [7](#page=7).
#### 4.2.1 L'application d'une règle à une situation
Ce type de raisonnement concerne l'application d'une règle à une situation passée ou future, et la détermination de ses effets juridiques sur cette situation. Il implique deux étapes clés [7](#page=7):
* **L'hypothèse:** Il s'agit de la réalisation d'un objectif, d'un résultat ou d'une situation à atteindre [7](#page=7).
* **La détermination des conséquences juridiques:** Il s'agit de définir les conséquences juridiques attachées à une situation concrète [7](#page=7).
Le rapprochement des faits et de la règle se déroule ensuite en deux phases :
* **Établissement des faits:** Cela inclut la collecte et la preuve des faits pertinents [7](#page=7).
* **Qualification des faits:** Il s'agit d'attribuer une qualification juridique aux faits établis [7](#page=7).
#### 4.2.2 La comparaison entre une norme de contrôle et une norme contrôlée
Ce type de raisonnement implique de comparer une norme supérieure (de contrôle) à une norme inférieure (contrôlée) pour vérifier leur conformité [7](#page=7).
**Normes supérieures de contrôle :**
* **Règles définissant des compétences:** Il y a un problème de validité si une autorité prend une règle en dehors de sa compétence, constituant un excès de pouvoir [7](#page=7).
* **Règles fixant des formalités substantielles (de procédure):** Il y a un problème de forme lorsque la procédure n'a pas été correctement respectée [7](#page=7).
* **Règles de fond:** Il s'agit par exemple du non-respect d'un droit fondamental [7](#page=7).
**Normes inférieures contrôlées :**
* **Constitution:** Le contrôle de constitutionnalité peut être complexe, notamment quant à la répartition des compétences de contrôle, entre le niveau international et national [7](#page=7).
* **Loi:** Le contrôle est effectué par la Cour constitutionnelle [7](#page=7).
* **Règlements:** Le contrôle est exercé par le Conseil d'État [7](#page=7).
* **Actes administratifs individuels:** Le contrôle est également effectué par le Conseil d'État [7](#page=7).
### 4.3 La complexité et les facteurs d'incertitude
Plusieurs facteurs contribuent à la complexité et à l'incertitude dans l'application des règles de droit [7](#page=7).
#### 4.3.1 Difficulté d'interprétation
La formulation des règles de droit peut parfois être imprécise ou sujette à différentes interprétations. Par exemple, l'article 66, §1, de la loi du 22 juillet 2022 relative au statut et au contrôle des sociétés de bourse stipule que celles-ci doivent disposer de processus et systèmes appropriés pour détecter, mesurer, gérer et suivre divers aspects, dont les causes et effets significatifs des risques pour les clients, le marché et la société de bourse, ainsi que toute incidence significative sur leurs fonds propres. Le terme "significatif" peut prêter à interprétation [7](#page=7).
#### 4.3.2 Multiplicité et antinomie des solutions
Il peut arriver que plusieurs solutions juridiques soient possibles pour une même situation, voire contradictoires. Un exemple classique est l'affaire Roux, où l'exercice illégal de la médecine pouvait entrer en conflit avec l'assistance à personne en danger [7](#page=7).
#### 4.3.3 Marge d'appréciation et nouvelles technologies
L'utilisation des nouvelles technologies introduit de nouvelles dimensions dans l'application du droit, ouvrant des potentialités mais aussi des limites quant à la marge d'appréciation des acteurs juridiques [7](#page=7).
### 4.4 Les techniques argumentaires et maximes d'interprétation
Pour naviguer dans la complexité de l'application du droit, diverses techniques argumentaires et maximes d'interprétation sont employées [6](#page=6).
#### 4.4.1 Techniques argumentaires
* **Argument a contrario:** Face à une situation qui n'entre pas dans l'hypothèse d'une règle de droit, on conclut à l'application de la règle contraire [6](#page=6).
* **Argument a fortiori:** Utilisé lorsqu'une situation est moins grave ou moins pertinente qu'une autre, il en déduit que la règle qui s'applique à la situation la plus grave s'applique a fortiori à la moins grave (ou inversement). Par exemple, si un incapable n'a pas le droit de vendre un bien, il est a fortiori interdit de le donner [6](#page=6).
* **Argument a pari:** On applique la même règle à des situations similaires [6](#page=6).
#### 4.4.2 Maximes d'interprétation
* **Exceptio est strictissimae interpretationis:** Les exceptions s'interprètent restrictivement [6](#page=6).
* **Ubi lex non distinguit, nec non distinguere debemus:** Lorsque la loi ne fait pas de distinctions, nous ne devons pas en faire non plus [6](#page=6).
* **Generalia specialibus non derogant:** Les règles générales ne dérogent pas aux règles spéciales. En cas de conflit, la règle spécifique prévaut sur la règle générale [6](#page=6).
* **Specialia generalibus derogant:** Les règles spéciales dérogent aux règles générales. Lorsqu'une règle particulière s'applique à une situation spécifique, elle prend le pas sur la règle générale [6](#page=6).
* **Cessante ratione legis, cessat ipsa lex:** Si l'objectif d'une loi n'est plus pertinent, son application devient inutile. Cela revient à refuser d'appliquer la règle à un cas manifestement exclu par le législateur [6](#page=6).
* **Favores amplificandi; odiosa sunt restringenda:** Les dispositions qui affectent négativement la situation des particuliers sont d'interprétation restrictive; celles qui l'affectent positivement doivent être interprétées largement [6](#page=6).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Critère de personnalité | Le critère de personnalité établit que l'état et la capacité d'une personne sont régis par le droit de l'État dont cette personne a la nationalité. |
| Critère de territorialité | Le critère de territorialité stipule que les droits réels sur un bien sont régis par le droit de l'État sur le territoire duquel ce bien est situé. Pour les obligations non contractuelles, la loi applicable est celle du pays où le dommage survient. |
| Critère de l'autonomie de volonté | Ce critère permet aux parties de choisir la loi qui régira leur contrat. À défaut de choix explicite, des règles spécifiques s'appliquent, comme pour les contrats de vente de biens. |
| Herméneutique juridique | L'herméneutique juridique est l'art de comprendre et d'interpréter les textes juridiques, permettant à la loi de produire ses pleins effets, y compris dans des situations non explicitement prévues par son auteur. |
| Travaux préparatoires | Les travaux préparatoires désignent l'ensemble des documents et discussions (exposés des motifs, commentaires, rapports, avis) qui précèdent l'adoption d'une loi et qui peuvent éclairer son interprétation. |
| Déni de justice | Le déni de justice survient lorsqu'un juge refuse de statuer sur une affaire, quelle qu'en soit la raison, y compris le silence, l'obscurité ou l'insuffisance de la loi. Le juge est tenu de trancher. |
| Autorité relative de chose jugée | Ce principe signifie qu'une décision de justice n'a d'autorité qu'entre les parties et pour le litige spécifique concerné. L'interprétation d'une loi par un juge dans une affaire ne lie pas les juges dans d'autres affaires. |
| École de l'exégèse | Cette école d'interprétation considère les lois comme parfaites et le législateur comme infaillible, privilégiant une analyse textuelle rigide et recherchant l'intention originelle de l'auteur de la loi. |
| École évolutionniste | L'école évolutionniste se concentre sur le but social de la loi et préconise une interprétation qui s'adapte à l'évolution de la société, même si cela peut s'écarter de l'intention initiale de l'auteur. |
| Interprétation grammaticale | L'interprétation grammaticale consiste à analyser le sens littéral des mots et la structure des phrases pour comprendre une règle de droit. |
| Interprétation systématique | Cette méthode interprétative consiste à comprendre une disposition légale en la replaçant dans le contexte de l'ensemble du système juridique auquel elle appartient, en tenant compte de sa place dans la structure des textes. |
| Interprétation évolutive | L'interprétation évolutive adapte le sens d'une loi aux réalités sociales et technologiques actuelles, permettant son application à de nouvelles situations non prévues à l'origine. |
| Interprétation téléologique | L'interprétation téléologique se fonde sur les objectifs et les buts poursuivis par la loi pour en dégager le sens le plus approprié, visant à réaliser l'intention pratique du législateur. |
| Argument a contrario | Cet argument consiste à conclure à l'application de la règle inverse lorsque les faits d'une situation ne correspondent pas à l'hypothèse prévue par une règle de droit. |
| Argument a fortiori | L'argument a fortiori est utilisé lorsqu'une règle s'applique à une situation moins évidente, et qu'il faut en conclure qu'elle s'applique encore plus à une situation plus évidente ou plus forte. |
| Maxim d'interprétation | Les maximes d'interprétation sont des principes généraux ou des adages juridiques qui guident l'interprétation des lois, comme le principe que les exceptions s'interprètent restrictivement. |
| Effectivité de la règle de droit | L'effectivité d'une règle de droit mesure son degré d'adhésion dans la réalité et la mesure dans laquelle la sanction est appliquée et exécutée, même par contrainte si nécessaire. |