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Summary
# La phonétique et la phonologie du français
Ce sujet aborde la nature, la production, la perception et l'organisation des sons de la langue française.
### 1.1 Introduction à la phonétique et la phonologie
La phonétique étudie les sons du langage humain dans leur réalité physique, leur production par l'appareil vocal et leur perception auditive. La phonologie, quant à elle, se concentre sur le rôle de ces sons dans le système linguistique, c'est-à-dire leur capacité à distinguer des mots et donc des sens. Le français présente une richesse vocale notable, avec des phonèmes qui ne sont pas universels à toutes les langues [1](#page=1) [5](#page=5) [7](#page=7).
> **Tip:** Il est crucial de bien distinguer la phonétique (l'étude des sons en général) de la phonologie (l'étude de la fonction distinctive des sons dans une langue spécifique).
### 1.2 La représentation de la langue orale
La langue orale utilise des **phones**, qui sont les réalisations concrètes de sons articulés. Ces phones peuvent être regroupés en **phonèmes**, qui sont les unités minimales distinctives d'une langue. Les phonèmes, bien qu'ils n'aient pas de sens propre, permettent de différencier des mots et donc des sens. Les phones qui sont des réalisations d'un même phonème sont appelés **allophones**. Par exemple, en français, la différence entre un [r roulé et un [r uvulaire ne change pas le sens d'un mot, ces sons sont donc des allophones du phonème /ʁ/ [5](#page=5).
* **Graphème:** plus petite unité graphique, pouvant correspondre à une lettre ou un groupe de lettres (ex. 'ou', 'eau') [5](#page=5).
* **Phone:** réalisation concrète d'un son, représenté entre crochets [5](#page=5).
* **Phonème:** unité sonore distinctive dans une langue, représentée entre barres obliques / / [5](#page=5).
* **Allophone:** variante d'un phonème qui ne change pas le sens d'un mot [5](#page=5).
> **Exemple:** La différence entre "terre" /tɛʁ/ et "verre" /vɛʁ/ est due à la distinction entre les phonèmes /t/ et /v/. En revanche, la prononciation légèrement différente du /p/ dans "pin" (aspiré) et "spain" (non aspiré) ne crée pas de différence de sens en français. Le [pʰ et le [p sont donc des allophones du phonème /p/.
### 1.3 L'Alphabet Phonétique International (API)
L'API est un système de transcription universel qui attribue un symbole unique à chaque phone, facilitant la description précise de la prononciation. Il comprend environ 110 signes, ainsi que des signes diacritiques pour apporter des précisions. Pour le français standard, environ 37 signes principaux sont utilisés [6](#page=6).
> **Tip:** L'API est indispensable pour une transcription phonétique rigoureuse, notamment pour distinguer les nuances de prononciation et les oppositions phonologiques.
#### 1.3.1 Les voyelles du français
Le système vocalique du français est riche et peut être décrit selon quatre critères: degré d'aperture, position, nasalité et labialité. Le français standard compte 16 voyelles: 13 voyelles orales et nasales, et 3 semi-voyelles [11](#page=11) [7](#page=7) [8](#page=8).
* **Voyelles orales:**
* Ouvertes: [a (pas), [ɑ (pâte) [7](#page=7).
* Mi-ouvertes: [ɛ (sel), [ɔ (cote) [7](#page=7).
* Mi-fermées: [e (blé), [ø (heureux) [7](#page=7).
* Fermées: [i (pli), [y (vu), [u (cou) [7](#page=7).
* Voyelle moyenne/neutre: [ə (dis-le) [7](#page=7).
* Voyelle mi-fermée antérieure arrondie: [œ (sœur) [7](#page=7).
* **Voyelles nasales:**
* [ɑ̃] (plan) [8](#page=8).
* [ɛ̃] (matin) [8](#page=8).
* [œ̃] (lundi) [8](#page=8).
* [ɔ̃] ou [õ (melon) [8](#page=8).
* **Semi-voyelles (ou semi-consonnes):**
* [j (pied) [8](#page=8).
* [ɥ (Suède) [8](#page=8).
* [w (oui) [8](#page=8).
#### 1.3.2 Les consonnes du français
Les consonnes sont produites avec une obstruction, totale ou partielle, du passage de l'air. Elles sont décrites selon leur mode et leur lieu d'articulation [10](#page=10) [12](#page=12).
* **Modes d'articulation:**
* Occlusives: fermeture momentanée du passage de l'air (ex. [p, [t, [k]) [12](#page=12).
* Fricatives (ou constrictives): friction de l'air dans un canal resserré (ex. [f, [s, [ʃ]) [12](#page=12).
* Nasales: passage de l'air par les fosses nasales (ex. [m, [n, [ɲ]) [12](#page=12).
* Liquides:
* Latérale: [l (l'air s'échappe par les côtés de la langue) [12](#page=12).
* Vibrante: [ʁ (uvulaire) [12](#page=12).
* **Lieux d'articulation:**
* Bilabial (lèvres): [p, [b, [m [12](#page=12).
* Labio-dental (lèvre inférieure contre dents supérieures): [f, [v [12](#page=12).
* Apico-dental (pointe de la langue contre dents supérieures): [t, [d, [n [12](#page=12).
* Apico-alvéolaire (pointe de la langue contre alvéoles): [s, [z, [l [12](#page=12).
* Palatal (dos de la langue contre palais): [ʃ, [ʒ, [ɲ [12](#page=12).
* Vélaire (voile du palais): [k, [g, [ŋ [12](#page=12).
* Uvulaire (luette): [ʁ [12](#page=12).
* Glottal (glotte): [ʔ (coup de glotte) [12](#page=12).
> **Exemple:** La distinction entre [p (sourd) et [b (sonore) est une opposition de voisement. La distinction entre [m (nasal) et [b (oral) est une opposition de nasalité.
#### 1.3.3 Signes diacritiques et conventions de transcription
Les signes diacritiques ajoutent des précisions à la transcription phonétique, comme l'allongement vocalique [:, le nom propre [*, ou l'accent tonique [`. Les transcriptions phonétiques sont toujours entre crochets et ne comportent ni majuscules ni ponctuation [9](#page=9).
> **Tip:** Faites attention aux graphies complexes du français qui peuvent correspondre à un seul son ou à plusieurs, comme les digrammes ('ou', 'au', 'eu') et les trigraphes ('eau', 'ain') [9](#page=9).
### 1.4 L'appareil phonatoire et la production des sons
La parole est produite en trois étapes: respiration, phonation et articulation. Les organes de l'appareil phonatoire (pharynx, cavité buccale, cavités nasales) servent de résonateurs et d'organes d'articulation pour moduler l'air expiré [10](#page=10).
* **Voyelles:** passage de l'air libre, décrit par l'aperture, la position, la nasalité et la labialité [11](#page=11).
* **Consonnes:** passage de l'air obstrué, décrit par le mode et le lieu d'articulation [10](#page=10) [12](#page=12).
* **Semi-voyelles:** articulation intermédiaire entre voyelles et consonnes, toujours accompagnées d'une voyelle pleine [13](#page=13).
### 1.5 Lois phonétiques du français
Les lois phonétiques décrivent les régularités observées dans la prononciation du français [15](#page=15).
#### 1.5.1 Accentuation
Le français est une langue oxytonique, c'est-à-dire que l'accent principal est fixé sur la dernière syllabe du mot isolé. En contexte, l'accent tonique se place sur la dernière syllabe d'un **groupe rythmique** (unité de sens de 8 à 10 syllabes) [15](#page=15).
> **Tip:** L'accentuation en français n'est pas distinctive (elle ne crée pas de différences de sens), contrairement à l'anglais ou à l'espagnol [25](#page=25).
#### 1.5.2 Syllabation
La syllabe est définie par une voyelle prononcée. Le 'e' muet ([ə]) et les semi-voyelles ne comptent pas dans la syllabation orale. Les consonnes isolées entre deux voyelles se lient à la syllabe suivante, tandis que les consonnes doubles ne représentent généralement qu'une seule consonne prononcée [16](#page=16).
#### 1.5.3 Loi de position
Cette loi concerne les voyelles dites "à double timbre" et décrit l'ouverture ou la fermeture de leur timbre selon qu'elles se trouvent en syllabe ouverte (accentuée) ou fermée (accentuée) [16](#page=16).
* En syllabe accentuée ouverte: 'eu' > /ø/ (fermé), 'o' > /o/ (fermé), 'e' > /e/ (fermé) [16](#page=16).
* En syllabe accentuée fermée: 'eu' > /œ/ (ouvert), 'o' > /ɔ/ (ouvert), 'e' > /ɛ/ (ouvert) [16](#page=16).
> **Exemple:** "Peu" [pø (syllabe ouverte, voyelle fermée) vs "meurt" [mœʁ (syllabe fermée, voyelle ouverte).
#### 1.5.4 Durée et allongement des voyelles
Certaines voyelles sont allongées en fin de mot plein accentué, notamment lorsqu'elles sont suivies de [R, [z, [v, [ʒ. Les voyelles [ɑ, [o, [ø et les voyelles nasales s'allongent également en fin de syllabe accentuée finale si elles sont entravées (suivies d'une consonne prononcée) [17](#page=17).
### 1.6 Phénomènes phonétiques et phonologiques
#### 1.6.1 Le "e" caduc (schwa)
Le 'e' caduc [ə est une voyelle instable qui peut se prononcer ou non selon le contexte, le locuteur et la situation. Il se trouve toujours en syllabe ouverte et jamais accentué. Des graphies spécifiques (comme 'ss', 'ff', 'rr') indiquent des timbres différents du 'e' caduc [17](#page=17) [18](#page=18).
#### 1.6.2 La liaison
La liaison est la prononciation sonore d'une consonne finale habituellement muette, lorsqu'elle est suivie d'une voyelle et à l'intérieur d'un groupe rythmique. Elle joue un rôle phonologique important, notamment pour distinguer le singulier du pluriel. Les consonnes de liaison les plus fréquentes sont [z, [t, [n. Le 'h' aspiré empêche la liaison [18](#page=18).
> **Exemple:** "Petit homme" [pəti’tɔm vs "un homme" [œ̃nɔm.
#### 1.6.3 Neutralisation des oppositions
Dans certaines variétés du français, des oppositions phonologiques peuvent être neutralisées, c'est-à-dire que la distinction entre deux sons perd sa valeur distinctive de sens. La notion d'**archiphonème** (noté par des majuscules comme E, EU, O, A) permet de représenter cette neutralisation. L'économie linguistique, la faible fréquence des oppositions concernées et la différence ténue entre les phonèmes sont des facteurs expliquant ces évolutions. Les consonnes sont généralement plus stables que les voyelles, bien que certaines oppositions tendent à disparaître [22](#page=22).
#### 1.6.4 Co-articulation
Lors de la parole, les sons s'enchaînent, influençant mutuellement leur articulation. C'est le principe de co-articulation, régi par la loi du moindre effort. Cela peut entraîner des chutes de voyelles (en hiatus), la chute de 'e' caduc, des phénomènes d'assimilation, d'interversion, de palatalisation ou d'harmonisation vocalique [23](#page=23).
### 1.7 Les aspects fonctionnels, phonologiques et psycho-physiologiques
La phonologie étudie les différences fonctionnelles entre les sons, c'est-à-dire celles qui engendrent des différences de sens. La **méthode des commutations** et les **paires minimales** sont utilisées pour identifier les phonèmes [21](#page=21).
> **Exemple de paire minimale:** "pain" /pɛ̃/ et "pan" /pɑ̃/. La différence entre /ɛ̃/ et /ɑ̃/ est distinctive.
### 1.8 Coloration sonore du français
La coloration sonore d'une langue est déterminée par son stock de sons, ses unités prosodiques (accents, intonation) et la manière dont ils sont prononcés. Le français se caractérise par une prépondérance des syllabes ouvertes (70-80%), une articulation antérieure, une sonorité prédominante des consonnes, l'absence d'aspiration des consonnes occlusives, et une articulation tendue. L'accentuation est fixe en fin de mot et en fin de groupe rythmique. L'intonation est principalement expressive, contrairement à d'autres langues où elle peut être phonologique [24](#page=24).
### 1.9 Orthoépie et variation du français
L'orthoépie est l'étude de la prononciation perçue comme "correcte". La variation linguistique est inhérente à toute langue, influencée par des facteurs sociaux et situationnels (âge, genre, statut socio-économique, etc.). Le français standard est souvent associé au prestige, mais toutes les variétés d'une langue sont linguistiquement équivalentes. Des phénomènes comme la "glottophobie" démontrent la discrimination basée sur l'accent. Le français de Belgique présente des particularités, notamment dans le traitement des semi-voyelles et la conservation d'oppositions de durée [14](#page=14) [17](#page=17) [2](#page=2) [3](#page=3).
### 1.10 La francophonie
La francophonie regroupe 321 millions de locuteurs à travers le monde, faisant du français la cinquième langue la plus parlée. La manière de parler le français varie considérablement d'une région à l'autre. Le terme "francophonie" a été inventé par le géographe Onésime Reclus [26](#page=26) [2](#page=2).
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# Variations linguistiques et la francophonie
Ce thème explore la diversité des usages du français à travers le monde, en examinant les variations sociales et géographiques, la notion de français standard, ainsi que l'histoire et l'organisation de la francophonie.
### 2.1 La nature de la variation linguistique
#### 2.1.1 Le français : un concept pluriel
* L'idée d'un "français standard" unique est un mythe; le français n'existe pas dans une forme monolithique et n'a jamais existé ainsi [1](#page=1).
* Le français n'appartient pas exclusivement à la France, qui elle-même présente de nombreuses variétés linguistiques [1](#page=1).
* La variation est inhérente à toute langue vivante [1](#page=1).
* Une "variété" de langue est définie comme la manière de parler d'un groupe social significatif, et la langue est une pratique située géographiquement et socialement [1](#page=1).
* Ce sont les locuteurs eux-mêmes qui, au quotidien, fabriquent, façonnent et font évoluer la langue [1](#page=1).
#### 2.1.2 Facteurs de variation
La variation linguistique est influencée par des facteurs sociaux et situationnels [2](#page=2).
* **Facteurs sociaux** :
* Âge [2](#page=2).
* Genre [2](#page=2).
* Niveau socio-économique [2](#page=2).
* Appartenance ethnique et identitaire [2](#page=2).
* **Situation de communication** [2](#page=2).
* Il est important de noter l'influence combinée de ces facteurs, qui n'agissent pas indépendamment les uns des autres [2](#page=2).
#### 2.1.3 Niveaux de variation
La variation linguistique peut s'observer à différents niveaux :
* **Phonétique (sons)**: Par exemple, le son /r/ roulé chez les personnes âgées dans certaines régions, ou l'allongement vocalique dans certaines régions (ex. /pyʁe:/) [2](#page=2).
* **Morphologique (formation des mots)**: Le verlan est un exemple, avec des expressions comme "t'es teubé". La détermination du genre pour des mots comme "chips" ou "wifi" peut aussi varier [2](#page=2).
* **Syntaxique**: Des variations comme "aller à la toilette" versus "aux toilettes" ou "en rue" versus "dans la rue" [2](#page=2).
* **Lexicale**: L'existence de nombreux régionalismes, comme en Belgique francophone (ex. "un essuie", "une praline", "il drache") [2](#page=2).
#### 2.1.4 Variation, prestige et jugements de valeur
* Les variétés linguistiques sont souvent hiérarchisées par les locuteurs, créant une distinction entre une variété de référence et des variétés considérées comme "inférieures" [2](#page=2).
* Le français de Paris peut être perçu comme supérieur à celui de Marseille, Liège ou Montréal [2](#page=2).
* Ces perceptions peuvent engendrer des sentiments de supériorité ou d'insécurité linguistique [3](#page=3).
* Il est crucial de comprendre que ces jugements de valeur ne sont pas fondés linguistiquement mais découlent de stéréotypes et de biais sociaux [3](#page=3).
* D'un point de vue strictement linguistique, toutes les variétés d'une langue sont équivalentes, car elles constituent des systèmes de communication efficaces régis par leurs propres règles [3](#page=3).
* "Tout le monde a un accent, voire plusieurs" [3](#page=3).
### 2.2 La notion de français standard
#### 2.2.1 Définition et caractéristiques
* Le français standard correspond souvent à la variété parlée par les élites sociales, les médias, les politiciens, et est généralement la variété enseignée à l'école [3](#page=3).
* Selon Léon & Léon, ceux qui exercent une fonction publique (avocats, acteurs, annonceurs, politiciens) tendent à avoir une prononciation avec des caractéristiques communes qui forment un modèle reconnu comme français standard [3](#page=3).
* Il est important de noter qu'il existe une variation au sein même de cette variété standard, selon les contextes [3](#page=3).
* La variété standard est associée au prestige et/ou au pouvoir, tirant sa valeur de son statut social plutôt que de ses caractéristiques intrinsèques [3](#page=3).
#### 2.2.2 Mythes et réalités
* Les jugements en termes de "correct/incorrect" ou "beau/laid" linguistiquement sont infondés [3](#page=3).
* Il existe un transfert de valeur entre les jugements attachés à une variété et les locuteurs de cette variété: le "bon français" est celui parlé par les "bonnes personnes" [3](#page=3).
* D'un point de vue linguistique, il n'y a aucune raison d'affirmer que le français standard a plus de valeur que les autres variétés [3](#page=3).
* Cependant, il existe un biais réel dans l'imaginaire collectif, engendrant insécurité linguistique, stigmatisation (phénomène étudié par la "dialectologie perceptive") et "glottophobie". La glottophobie, concept de Philippe Blanchet, désigne la discrimination basée sur l'accent [3](#page=3).
### 2.3 La francophonie
#### 2.3.1 Définition et étendue
* Il faut distinguer deux sens du terme "francophonie" :
* la **francophonie** (avec un 'f' minuscule): l'ensemble des locuteurs du français [26](#page=26).
* la **Francophonie** (avec un 'F' majuscule): le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones [26](#page=26).
* La francophonie regroupe 321 millions de locuteurs sur les cinq continents, dont 255 millions d'utilisateurs quotidiens (rapport 2022) [26](#page=26) [2](#page=2).
* Les régions concernées incluent l'Europe (France, Suisse, Belgique, Luxembourg, Val d’Aoste), l'Amérique (Québec, Louisiane, Antilles, Haïti), l'Afrique (Sénégal, Maroc, Cameroun, Congo, Mali), l'Océan Indien (Réunion, Maurice, Seychelles, Madagascar) et l'Océanie (Polynésie, Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie) [26](#page=26) [2](#page=2).
* Le français est la cinquième langue la plus parlée au monde et son nombre de locuteurs est en augmentation [26](#page=26) [2](#page=2).
* En dehors de la France, le français est souvent en contact avec d'autres langues régionales [2](#page=2).
#### 2.3.2 Histoire de la Francophonie
* Le terme "francophonie" a été inventé par le géographe Onésime Reclus dans les années 1880, désignant alors "tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue" (en référence à l'empire français et ses colonies). Le français était alors vu comme un outil de pérennisation de l'empire [26](#page=26).
* Le terme a été popularisé lors de la décolonisation dans les années 1960 par des figures politiques africaines et asiatiques, qui voyaient le français comme un moyen de rapprochement entre les peuples et aspiraient à un "Commonwealth à la française" [27](#page=27).
* L'institutionnalisation de la Francophonie a débuté dans les années 1970 :
* 20 mars 1970: création de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) à Niamey [27](#page=27).
* 1986: premier sommet de la francophonie à Versailles, marquant une politisation accrue [27](#page=27).
* 1997: nomination d'un secrétaire général [27](#page=27).
* 2000: rédaction de la Déclaration de Bamako [27](#page=27).
* 2005: l'ACCT devient l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) [27](#page=27).
* Actuellement, l'OIF compte 88 États et gouvernements membres [27](#page=27).
#### 2.3.3 L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
* Les missions de l'OIF incluent la promotion de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique, la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l'Homme, le soutien à l'éducation et à la recherche, et le développement de la coopération économique au service du développement durable [27](#page=27).
* Les opérateurs spécialisés de l'OIF comprennent l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), la chaîne internationale TV5 Monde, et l'Association internationale des maires francophones (AIMF) [27](#page=27).
* L'instance suprême est le Sommet de la francophonie [27](#page=27).
* La Secrétaire générale actuelle est Louise Mushikiwabo [27](#page=27).
### 2.4 Descriptions de variétés du français
#### 2.4.1 Variations phonétiques et prosodiques
La description d'une variété du français implique l'analyse de phénomènes phonétiques et prosodiques.
* **Voyelles** :
* Ouverture/fermeture, modification du timbre, allongement/réduction de longueur, nasalisation/dénasalisation, diphtongaison, effacement ou prononciation de voyelles internes [28](#page=28).
* Exemples de variations :
* Maintien d'oppositions vocaliques en cours de neutralisation (ex. /ɔ/ vs /o/, /ɛ/ vs /e/, /ɛ̃/ vs /œ̃/) [30](#page=30).
* Ouverture de /e/ (ex. dans "les", "des") [30](#page=30).
* Ouverture de /o/ en position finale [30](#page=30).
* Tendance à l'allongement des voyelles, y compris en position finale, pénultième, avec valeur distinctive (marque du genre) [30](#page=30).
* Allongement des voyelles suivies de nasales, /l/, /s/, ou des voyelles nasales [30](#page=30).
* Allongement systématique des voyelles surmontées d'un accent circonflexe [30](#page=30).
* Allongement parfois accompagné de diphtongaison [30](#page=30).
* Tendance à la diérèse (vs synérèse) [30](#page=30).
* Ajout de semi-voyelles de liaison [30](#page=30).
* Tendance au relâchement des voyelles, ouverture de [i et [e [31](#page=31).
* Absence relative du son /ɥ/ (→ oué) [31](#page=31).
* Tendance générale à la fermeture des voyelles dans le Sud de la France [33](#page=33).
* Généralisation de la loi de position (opposition syllabe ouverte/fermée) [33](#page=33).
* Système phonologique réduit à 7 unités + [ə dans le Sud [33](#page=33).
* Voyelles nasales plus longues et complexes (avec partie orale et segment consonantique) dans le Sud [33](#page=33).
* Assourdissement et amuïssement des voyelles /i/ et /y/ dans le français du Québec [35](#page=35).
* Mouvements vocaliques (relâchement de /i/, /u/, /y/, antériorisation de /ɑ̃/ et /a/, postériorisation de /a/) au Québec [35](#page=35).
* Nombreux allongements vocaliques et diphtongaisons au Québec [35](#page=35).
* Ouverture à l'initiale des voyelles brèves devant /r/ et /z/ au Québec [35](#page=35).
* Maintien des oppositions vocaliques (ex. /a/ et /ɑ/, /e/ et /ɛ/) et distinctions de longueur au Québec [36](#page=36).
* **Semi-voyelles** :
* Ajout entre deux voyelles d'un hiatus, passage à la diérèse, assimilation [28](#page=28).
* **Consonnes** :
* Assourdissement/sonorisation, réduction des groupes consonantiques, estompement de consonnes finales, palatalisation [28](#page=28).
* Exemples de variations :
* Tendance à l'assourdissement des consonnes sonores finales [31](#page=31).
* Assimilations (ex. devant une consonne sourde) [31](#page=31).
* Allègement de consonnes [31](#page=31).
* Assourdissement de la consonne finale et amuïssement de /l/ ou /R/ dans les groupes consonantiques finaux [31](#page=31).
* Effacement fréquent de /l/ suivi de /j/ ([lj > [j]) [31](#page=31).
* Assibilation de /t/ et /d/ en /ts/ et /dz/ devant [i, [y, [j, [ɥ au Québec [35](#page=35).
* Simplification des groupes consonantiques finaux au Québec [35](#page=35).
* Rétention de consonnes finales ayant disparu en français standard au Québec [35](#page=35).
* Simplification des groupes consonantiques au Sud de la France [33](#page=33).
* Nombreux cas d'assimilations régressives de voisement pour les fricatives au Sud [33](#page=33).
* Le /s/ + consonne peut être précédé d'une voyelle d'appui [e dans le Sud [34](#page=34).
* **Prosodie et rythme** :
* Le rythme est créé par le retour d'un temps fort, souvent une syllabe accentuée [26](#page=26).
* Chaque groupe inaccentué tend à avoir la même durée, assurant une régularité rythmique [26](#page=26).
* Intonation montante et accentuation des syllabes pénultièmes à Liège [31](#page=31).
* Impression de lenteur à Namur due à l'allongement systématique des voyelles et au relâchement-ouverture des voyelles [32](#page=32).
* Fréquence de l'accentuation paroxytonique dans le Sud de la France [34](#page=34).
* Neutralisation de l'effet allongeant des consonnes finales dans le Sud [34](#page=34).
#### 2.4.2 Variations régionales : exemples
* **Belgique francophone** :
* Distinction entre variétés du français et dialectes (brusseleir, wallon, picard, lorrain) [28](#page=28).
* Le français est attesté depuis le 9ème siècle et a eu des fonctions prestigieuses [28](#page=28).
* Coexistence avec les langues régionales (situation de "diglossie") [28](#page=28).
* Après 1830, le français devient la seule langue officielle, entraînant une éradication des langues régionales [28](#page=28).
* La francisation de Bruxelles est tardive (fin 19ème siècle) [29](#page=29).
* Il existe une pluralité d'accents belges, malgré des traits partagés, et une tentative d'effacer les traits propres chez les élites [29](#page=29).
* Certains traits sont vécus comme des marqueurs identitaires [29](#page=29).
* Le français de Belgique présente des traits archaïques, influence des langues de contact et innovations propres [29](#page=29).
* Des exemples de purisme et de poids de la norme de référence incluent des critiques sur l'articulation relâchée, le timbre des voyelles, l'allongement excessif des voyelles, et la "mauvaise" modulation de la parole. Une autre critique concerne la conservation de trop de traits de langues régionales, empêchant la compréhension universelle [29](#page=29).
* **Traits généraux du français de Belgique**: maintien d'oppositions vocaliques (/ɔ/ vs /o/, /ɛ/ vs /e/, /ɛ̃/ vs /œ̃/), ouverture de /e/ et /o/, allongement plus important des voyelles, tendance à la diérèse, relâchement des voyelles fermées [30](#page=30) [31](#page=31).
* **Spécificités du français parlé à Liège**: nasalisation incomplète, fermeture de certains /ɛ/ longs, aspiration du 'h' graphique, palatalisation des dentales [d et [t, amuïssement du [l final, prosodie avec intonation montante et accentuation des pénultièmes [31](#page=31).
* **Spécificités du français parlé à Bruxelles**: interférences syntaxiques et lexicales avec le flamand et le brusseleir, diphtongaison des voyelles antérieures fermées finales, consonne occlusives prononcées avec aspiration d'air, anticipation de l'accent [32](#page=32).
* **Le français dans la région de Tournai**: sonne comme un "accent français" en raison de la proximité géographique avec la France et les liens culturels avec Lille. Il est situé dans le domaine du picard et non du wallon. Les traits phonétiques incluent la neutralisation des oppositions vocaliques, l'absence d'allongements vocaliques, l'absence d'assourdissement des consonnes finales, l'absence de diérèse, la réalisation quasi systématique des schwas prépausaux, et la présence du semi-voyelle "ué" [ɥ [32](#page=32).
* **Sud de la France** :
* Zone des dialectes d'oc (gascon, limousin, auvergnat, languedocien, provençal) [33](#page=33).
* Tendance générale à la fermeture des voyelles [33](#page=33).
* Généralisation de la loi de position [33](#page=33).
* Système phonologique réduit [33](#page=33).
* Voyelles nasales plus longues avec plusieurs parties [33](#page=33).
* Simplification des groupes consonantiques [33](#page=33).
* Palatalisation des occlusives devant [y et [i chez les jeunes [33](#page=33).
* Assimilations régressives de voisement [33](#page=33).
* Le /s/ + consonne peut être précédé d'une voyelle d'appui [e [34](#page=34).
* Réalisation quasi systématique des E caducs, surtout chez les locuteurs plus âgés [34](#page=34).
* Conséquences de l'usage du schwa: accentuation paroxytonique fréquente, neutralisation de l'effet allongeant des consonnes finales [34](#page=34).
* **Québec** :
* L'histoire du français au Québec est marquée par la fondation de Québec en 1608, la cession à la Grande-Bretagne en 1763, des tentatives d'assimilation puis de revalorisation du français [34](#page=34) [35](#page=35).
* Le français est devenu la seule langue officielle du Québec dans les années 1970 [35](#page=35).
* Le parler québécois subit une stigmatisation importante, entraînant une insécurité linguistique [35](#page=35).
* Sources d'influences: anglais, langues autochtones, traits archaïques du français [35](#page=35).
* **Consonnes**: Assibilation de /t/ et /d/ en /ts/ et /dz/ devant [i, [y, [j, [ɥ; simplification des groupes consonantiques finaux; rétention de consonnes finales [35](#page=35).
* **Voyelles**: Assourdissement et amuïssement de /i/ et /y/ à l'intérieur du mot; mouvements vocaliques (relâchement, antériorisation, postériorisation); nombreux allongements vocaliques et diphtongaisons; ouverture à l'initiale des voyelles brèves devant /r/ et /z/; maintien des oppositions vocaliques et distinctions de longueur [35](#page=35) [36](#page=36).
### 2.5 Phonétique et orthoépie
* La **phonétique** est l'étude des sons du langage articulé, de leur production et de leurs réalisations dans l'espace et le temps. Elle comprend la phonétique acoustique (propriétés physiques des ondes sonores), auditive (perception des sons) et articulatoire (production par l'appareil vocal) [1](#page=1).
* L'**orthoépie**, issue du grec *orthos* (droit) et *epos* (parole), est l'étude de la prononciation considérée comme "correcte" des mots. Elle définit les règles de prononciation par rapport aux règles graphiques et énonce des lois phonétiques, se définissant comme "la grammaire des sons d'une langue" [3](#page=3).
> **Tip:** La distinction entre phonétique (étude scientifique des sons) et orthoépie (norme de prononciation) est essentielle pour comprendre les discussions sur le "bon usage" et la variation linguistique.
> **Tip:** L'analyse des variations linguistiques ne vise pas à juger ou hiérarchiser les parlers, mais à comprendre leur fonctionnement et leur évolution en tant que systèmes de communication efficaces. La stigmatisation et l'insécurité linguistique sont des phénomènes sociaux, non linguistiques.
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# Lois phonétiques et particularités du français
Ce chapitre explore les règles phonétiques fondamentales qui régissent la prononciation du français, ainsi que les variations régionales notables dans la francophonie.
### 3.1 Les lois phonétiques fondamentales
Les lois phonétiques sont des régularités observées dans l'usage de la langue qui permettent d'établir des règles pour la prononciation du français. Elles sont essentielles pour comprendre le fonctionnement de la langue parlée [15](#page=15).
#### 3.1.1 Syllabation et accentuation
* **Syllabation**: La syllabe est définie par la présence d'une voyelle prononcée. Le "e" muet ([ə]) n'intervient jamais dans le décompte des syllabes orales, tout comme les semi-voyelles qui se lient à la voyelle suivante [16](#page=16).
* **Règles de syllabation** :
* Une consonne isolée entre deux voyelles se lie à la syllabe suivante (ex: dé-ci-dé) [16](#page=16).
* Les consonnes doubles représentent généralement une seule consonne prononcée (ex: ar-ri-vé) [16](#page=16).
* Les groupes "RL" et "LR" ne se séparent pas de la consonne qui les précède (ex: pa-trie, ou-bli) [16](#page=16).
* Dans les autres cas, deux consonnes différentes se séparent en deux syllabes (ex: ad-mis, tak-tik) [16](#page=16).
* **Accentuation** :
* **Mots isolés**: Le français est une langue oxytonique, c'est-à-dire que l'accent principal est fixé sur la dernière syllabe du mot. Cet accent est marqué par une barre oblique devant la syllabe accentuée et se traduit par une syllabe plus longue, plus forte, et mélodiquement plus haute ou plus basse. Les syllabes non finales sont atones [15](#page=15).
* **Mots en contexte**: En situation de parole, l'accent tonique principal se place sur la dernière syllabe d'un groupe de mots formant une unité de sens, appelé groupe rythmique (de 8 à 10 syllabes maximum). Ce groupe correspond souvent à une unité grammaticale (syntagme). Les ponctuations graphiques signalent généralement la fin d'un groupe rythmique [15](#page=15).
> **Tip:** À l'examen, il est crucial d'indiquer les syllabes accentuées à l'aide de l'accent [15](#page=15).
#### 3.1.2 La loi de position
La loi de position concerne uniquement les syllabes susceptibles d'être accentuées, c'est-à-dire la dernière syllabe prononcée d'un mot plein (nom, pronom, adjectif, verbe, adverbe). Elle distingue les syllabes ouvertes des syllabes fermées [16](#page=16).
* **Syllabe ouverte**: La syllabe se termine par une voyelle prononcée, le passage de l'air est ouvert. Exemples: Ma-rie, i-ra, a-Paris, a-Lyon [16](#page=16).
* **Syllabe fermée**: La syllabe se termine par une consonne prononcée, le passage de l'air est restreint (voyelle entravée). Exemples: Il-sort, par-une, porte, sur-l'autre, cour [16](#page=16).
**Énoncé de la loi de position** :
Pour les voyelles à double timbre (eu, o, e), la loi stipule que :
* En syllabe accentuée ouverte, il y a une fermeture de timbre: [ø, [o, [e [16](#page=16).
* En syllabe accentuée fermée, il y a une ouverture de timbre: [œ, [ɔ, [ɛ [16](#page=16).
> **Exemples :**
> * Meurt: [mœR (voyelle ouverte car syllabe fermée) [16](#page=16).
> * Peu: [pø (voyelle fermée car syllabe ouverte) [16](#page=16).
> * Dé: [de (voyelle fermée car syllabe ouverte) [16](#page=16).
> * Sel: [sɛl (voyelle ouverte car syllabe fermée) [16](#page=16).
**Exceptions à la loi de position**: De nombreuses exceptions existent, notamment pour certaines graphies finales [17](#page=17).
* **Ouvert**: [ɛ en syllabe accentuée ouverte pour "ai(t/s/ent)" et "et" (ex: laid [lɛ, chantaient, carnet) [17](#page=17).
* **Fermé**: [ø en syllabe accentuée fermée pour "eu+consonne+e" (ex: danseuse, gueuse) [17](#page=17).
* **Fermé**: [o en syllabe accentuée fermée pour "au", "ô", "o+se", "o+me" (ex: haute, pose, pôle) [17](#page=17).
#### 3.1.3 Durée et allongement des voyelles
L'allongement de la voyelle précède certains sons en finale accentuée de mot plein ([R, [z, [v, [ʒ, [vR]). Cet allongement est marqué par deux points [:] [17](#page=17).
* Exemples: Mare [Ma:R (vs mat [mat]), Lèvre [lɛ:vR (vs lèpre [lɛpR]), Bouge [bu:ʒ (vs boule [bul]) [17](#page=17).
Les voyelles [ɑ, [o, [ø et les voyelles nasales sont allongées en syllabe accentuée finale de mot plein lorsqu'elles sont entravées (suivies d'une consonne prononcée) [17](#page=17).
* Exemple: Prince [ˈpRɛ̃:s [17](#page=17).
### 3.2 Particularités du français dans différentes régions francophones
#### 3.2.1 Le français de Belgique
Le français parlé en Belgique (Wallonie et Bruxelles) présente plusieurs traits distinctifs par rapport au français standard.
* **Allongement des voyelles**: Tendance généralisée à l'allongement des voyelles, plus marqué qu'en français de référence, tant en position finale que pénultième. Cet allongement peut avoir une valeur distinctive, marquant le genre féminin ou distinguant des homonymes (ex: fête [fɛ:t vs faites [fɛt]) [30](#page=30).
* **Conservation d'oppositions vocaliques**: Le français de Belgique maintient certaines oppositions vocaliques en cours de neutralisation dans le français standard, notamment entre /ɔ/ et /o/ en position finale et atone (roc vs rauque) et entre /ɛ/ et /e/ en position finale (piquet vs piqué). L'opposition entre /ɛ̃/ et /œ̃/ est également conservée, bien qu'en diminution [30](#page=30).
* **Ouverture de certaines voyelles**: Les déterminants "les", "des", "mes", "tes", "ses", "ces" sont prononcés avec /ɛ/ ouvert. Le /o/ en position finale (vélo, euro) est également ouvert [30](#page=30).
* **Diérèse**: Tendance à la diérèse (séparation des sons) plutôt qu'à la synérèse (fusion des sons) comme en français standard (ex: mouette [muɛt vs [mwɛt]) [30](#page=30).
* **Relâchement des voyelles**: Tendance au relâchement des voyelles, plus marquée, affectant notamment les voyelles [i et [e (ex: déception [dɛsɛpsjɔ̃]) [30](#page=30).
* **Assourdissement des consonnes sonores finales**: Les consonnes sonores finales sont tendentiellement assourdies, notamment devant une consonne sourde. Il y a également un allègement des groupes consonantiques finaux et un effacement fréquent de [l suivi de [j [31](#page=31).
* **Nasalisation incomplète**: Les voyelles nasales peuvent subir une nasalisation partielle [31](#page=31).
* **Palatalisation**: Les occlusives dentales [d et [t peuvent être palatalisées devant [i et [y (trait populaire) [31](#page=31).
* **Prosodie**: Intonation montante et accentuation des syllabes pénultièmes sont observées dans certaines régions comme Liège [31](#page=31).
* **Particularités de Bruxelles**: Diphtongaison des voyelles antérieures fermées finales ([e > [ej, [ø > [øj]) et prononciation des occlusives avec aspiration d'air ([g vers [ɣ]). Anticipation de l'accent, le rendant moins oxytonique et plus paroxytonique [32](#page=32).
* **Particularités de Namur**: Impression de lenteur due à l'allongement systématique des voyelles et au relâchement-ouverture des voyelles très fermées [32](#page=32).
* **Particularités de Tournai**: L'accent de Tournai est souvent perçu comme plus proche du français standard, en raison de sa proximité géographique et culturelle avec la France, et de sa situation dans le domaine picard. Neutralisation de la plupart des oppositions vocaliques conservées ailleurs en Belgique, absence d'allongements vocaliques, pas d'assourdissement des consonnes finales, et réalisation de schwas prépausaux [32](#page=32).
#### 3.2.2 Le Midi de la France
Le français parlé dans le sud de la France, zone des dialectes d'oc, présente des caractéristiques spécifiques.
* **Voyelles orales**: Tendance générale à la fermeture des voyelles dans toutes les positions. Généralisation de la loi de position, avec un système phonologique réduit à 7 unités plus le [ə [33](#page=33).
* **Voyelles nasales**: Les voyelles nasales sont plus longues et comportent plusieurs parties, dont un segment consonantique (appendice). La nasale finale peut devenir [n ou [m, voire [ŋ en finale absolue. En contexte de liaison, les voyelles nasales sont souvent dénasalisées [33](#page=33).
* **Consonnes**: Simplification des groupes consonantiques, notamment en position finale. Palatalisation des occlusives devant [y et [i chez les jeunes. Assimilations régressives de voisement. Le /s/ en début de mot ou de groupe rythmique peut être précédé d'une voyelle d'appui [e [33](#page=33) [34](#page=34).
* **Schwa (e caduc)**: Réalisation quasi systématique des "e" caducs, particulièrement chez les locuteurs plus âgés, à l'initiale, en position interne et finale. Cela permet de distinguer des homophones du français de référence (roc vs rauque) [34](#page=34).
* **Conséquences de l'usage du schwa**: Fréquence de l'accentuation paroxytonique (ex: nette [‘nɛtə]) et neutralisation de l'effet allongeant des consonnes finales [34](#page=34).
#### 3.2.3 Le français du Québec
Le français parlé au Québec a une histoire marquée par la colonisation britannique et des évolutions sociopolitiques importantes.
* **Consonnes**: Assibilation des /t/ et /d/ en [ts et [dz devant [i, [y, [j, [ɥ (ex: petit [ptsi]). Simplification des groupes consonantiques finaux. Rétention de consonnes finales disparues en français standard (ex: piquet [pikɛt]) [35](#page=35).
* **Voyelles**: Assourdissement et amuïssement des voyelles /i/ et /y/ à l'intérieur du mot dans un contexte dévoisé. Mouvements vocaliques, dont le relâchement de /i/, /u/, /y/ (ex: bible [bɪb]). Antériorisation de /ɑ̃/ et /a/. Nombreux allongements vocaliques et diphtongaisons des voyelles longues accentuées (ex: crainte [kRɛ̃ it]). Ouverture des voyelles brèves à l'initiale devant /r/ et /z/. Maintien des oppositions vocaliques (ex: /a/ et /ɑ/, /e/ et /ɛ/) [35](#page=35) [36](#page=36).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Terme | Définition |
|------|------------|
| Phonétique | L'étude des sons du langage articulé de l'homme, de leur production et de leurs réalisations physiques, auditives et articulatoires. |
| Phonologie | L'étude des sons en fonction de leur rôle dans le système linguistique, c'est-à-dire des distinctions significatives au sein de la langue. |
| Phonème | Unité minimale distinctive dans une langue, dont la variation entraîne une différence de sens entre les mots. |
| Phone | Réalisation concrète d'un phonème, c'est-à-dire le son articulé tel qu'il est prononcé. |
| Allophone | Variantes d'un même phonème, dont les différences sonores ne s'accompagnent pas de différences de sens. |
| API (Alphabet Phonétique International) | Système de transcription universel utilisé pour représenter les sons des langues avec précision, chaque son étant associé à un symbole spécifique. |
| Graphème | La plus petite unité graphique d'un système d'écriture, qui peut correspondre à un son ou à une combinaison de sons. |
| Voyelle | Son produit avec un passage d'air libre, sans obstacle dans le conduit vocal. Elle est décrite par son degré d'aperture, sa position, sa labialité et sa nasalité. |
| Consonne | Son produit avec un obstacle, complet ou partiel, sur le passage de l'air dans le conduit vocal. Elle est décrite par son mode et son lieu d'articulation. |
| Semi-voyelle | Son dont l'articulation est intermédiaire entre une voyelle et une consonne, plus fermée qu'une voyelle mais plus ouverte qu'une consonne fricative. |
| Loi de position | Principe phonétique qui régit la modification du timbre des voyelles en fonction de la nature (ouverte ou fermée) de la syllabe dans laquelle elles se trouvent. |
| Accentuation | Mise en relief d'une syllabe par une augmentation de durée, d'intensité ou de hauteur tonale. En français, l'accent principal est fixe sur la dernière syllabe d'un mot isolé ou d'un groupe rythmique. |
| Syllabe | Unité sonore composée d'une voyelle prononcée, pouvant être précédée et/ou suivie de consonnes. Le « e » muet ([ə]) n'est pas compté dans la syllabation orale. |
| Liaison | Réalisation sonore d'une consonne finale normalement muette lorsqu'elle est suivie d'une voyelle à l'intérieur d'un groupe rythmique, servant notamment à distinguer le singulier du pluriel à l'oral. |
| H aspiré | Caractère graphique représentant une consonne qui empêche la liaison avec le mot précédent, contrairement au 'h' muet. |
| Diérèse | Prononciation séparée de deux voyelles qui, normalement, formeraient une seule syllabe (synérèse). |
| Synérèse | Prononciation d'une combinaison de voyelles comme une seule syllabe, par opposition à la diérèse. |
| Co-articulation | Phénomène où l'articulation d'un son est influencée par les sons qui le précèdent et le suivent. |
| Glottophobie | Concept sociolinguistique désignant la discrimination envers une personne basée sur son accent ou sa manière de parler. |
| Archiphonème | Unité phonologique abstraite qui représente l'opposition neutralisée entre deux phonèmes dans un contexte donné. |
| Groupe rythmique | Unité de prononciation comprenant généralement un ou plusieurs mots, délimitée par des pauses et portant un accent tonique principal sur sa dernière syllabe. |
| Entrave (voyelle entravée) | Une voyelle suivie d'une consonne prononcée dans une syllabe fermée. |
| Francophonie | L'ensemble des locuteurs du français dans le monde, mais aussi une institutionnalisation des relations entre les pays francophones. |
| Orthoépie | L'étude et la prescription de la prononciation considérée comme « correcte » des mots, par rapport aux règles graphiques et phonétiques. |
| Variété linguistique | Manière de parler caractéristique d'un groupe social ou géographique donné, qui diffère de la variété standard. |