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Summary
# Introduction aux niveaux d’analyse linguistique
L'analyse linguistique peut être abordée à différents niveaux de granularité, de la plus petite unité significative aux structures syntaxiques complexes, la morphologie se concentrant sur la structure interne des mots [2](#page=2) [3](#page=3).
## 1. Introduction aux niveaux d’analyse linguistique
L'étude de la langue peut être décomposée en différents niveaux d'analyse. Ces niveaux permettent de comprendre la structure et le fonctionnement du langage de manière systématique. Ils offrent une approche graduelle pour appréhender la complexité des systèmes linguistiques, allant des composants les plus fondamentaux aux structures les plus englobantes [2](#page=2).
### 1.1 La notion de niveaux d’analyse
Le langage, en tant que système, est organisé selon une hiérarchie de niveaux. Chaque niveau traite d'un aspect spécifique de la structure linguistique, s'appuyant sur les unités et les principes du niveau inférieur. Cette organisation permet une étude approfondie et structurée de la langue [2](#page=2).
### 1.2 Les principaux niveaux d'analyse
Bien que le document ne détaille pas exhaustivement tous les niveaux, il en présente l'idée générale. On peut généralement distinguer, entre autres, la phonétique/phonologie (sons), la morphologie (mots), la syntaxe (phrases) et la sémantique (sens) [2](#page=2).
## 2. La morphologie : un niveau d’analyse clé
La morphologie constitue l'un des niveaux d'analyse linguistique fondamentaux. Elle s'intéresse à la manière dont les mots sont construits et formés [3](#page=3).
### 2.1 Définition et champ d’étude
La morphologie est définie comme l'étude de la structure interne des mots et des procédés de formation des mots. Elle examine les unités qui composent les mots, appelées morphèmes, et la façon dont ils s'assemblent pour créer du sens et des formes grammaticales [3](#page=3).
> **Tip:** Comprendre la morphologie est essentiel pour appréhender comment les langues créent un vocabulaire potentiellement illimité à partir d'un nombre fini de briques élémentaires (les morphèmes) [3](#page=3).
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# La morphologie: structure et unités
Cette section explore le concept de mot, l'unité minimale de sens qu'est le morphème, et les critères permettant de les identifier.
### 2.1 La notion de mot
Le mot est une unité linguistique dont la définition peut s'avérer ambiguë. Une première approche le définit graphiquement comme ce qui est délimité par des espaces ou des caractères spéciaux. Cependant, cette définition pose problème avec des expressions composées comme "pomme de terre" ou "bac à sable". De plus, la distinction entre forme orthographique et forme phonologique peut entraîner des divergences, par exemple, le son /vɛʁ/ pouvant correspondre à plusieurs mots orthographiés différemment (vert, verre, vair, vers, ver). Le décompte des mots dans une phrase peut donc se faire en "tokens" (occurrences concrètes) ou en "types" (unités abstraites) [4](#page=4).
Des exemples comme "détricoter", "séchage", "imprudent", "vendeur", "vendeuse", "prunier", "ambulancier" et "prédire" illustrent la complexité de l'analyse des mots et de leur structure interne [5](#page=5).
### 2.2 Le morphème : l'unité minimale de sens
Le morphème est défini comme la plus petite unité de forme et de sens, indivisible en unités de sens plus petites. Il peut correspondre à un mot simple, comme "chat", qui est composé d'un seul morphème. Cependant, un mot peut également être constitué de plusieurs morphèmes, tel que "inacceptables" [6](#page=6).
#### 2.2.1 Critères d'identification des morphèmes
Pour qu'une unité soit considérée comme un morphème, elle doit satisfaire plusieurs critères :
* **Identifiabilité:** Elle doit être reconnaissable avec le même sens dans différents mots, formant ainsi un paradigme dérivationnel. Par exemple, le morphème {mane} se retrouve dans "toxicomane", "pyromane" et "cleptomane" [7](#page=7).
* **Contribution sémantique:** Elle doit apporter une contribution significative au sens global du mot. Par exemple, dans "émaner", "mane" n'est pas un morphème indépendant car il n'a pas de sens isolé dans ce contexte [7](#page=7).
Il est crucial de distinguer l'analyse morphologique, qui s'effectue en synchronie (l'état actuel de la langue), de l'étymologie. Par exemple, l'analyse morphologique de "fillette" révèle les morphèmes {fille} et {ette}, tandis que l'étymologie de "toilette" ne permet pas une telle décomposition avec "{toile} + {ette}" [7](#page=7).
#### 2.2.2 Méthodes d'identification des morphèmes
L'identification des morphèmes s'appuie sur des techniques de substitution ou de commutation. En comparant des mots, on peut isoler les morphèmes qui varient ou restent constants [8](#page=8):
* En comparant "dérangement" et "débarquement", on peut identifier le préfixe {dé-} et le suffixe {-(e)ment} [8](#page=8).
* En comparant "embarquement" et "emprisonnement", on isole le préfixe {em-} et le suffixe {-(e)ment} [8](#page=8).
* Dans "somnambule" et "noctambule", on identifie le morphème {ambule} [8](#page=8).
* Dans "somnambule" et "somnifère", on reconnaît le morphème {somn-} [8](#page=8).
### 2.3 Types de morphèmes
Les morphèmes se divisent en deux grandes catégories : libres et liés.
#### 2.3.1 Morphèmes libres
Un morphème libre est un morphème qui peut apparaître de manière autonome, formant à lui seul un mot. On distingue deux sous-catégories [9](#page=9):
* **Morphèmes lexicaux:** Ils réfèrent à des entités du monde extérieur et constituent la majorité du vocabulaire. Exemples: "maison", "manger", "enfant", "bleu". Ces classes sont dites ouvertes, car de nouveaux mots lexicaux peuvent être créés [9](#page=9).
* **Morphèmes grammaticaux:** Ils ont une fonction purement grammaticale et incluent les prépositions, déterminants et conjonctions. Ces classes sont généralement fermées [9](#page=9).
#### 2.3.2 Morphèmes liés (affixes)
Un morphème lié, appelé affixe, ne peut pas apparaître de manière autonome et doit se combiner avec un autre morphème. Exemples: le préfixe {dé-} dans "défaire", le suffixe {-s} dans "enfants", le préfixe {in-} dans "impensable" [9](#page=9).
##### 2.3.2.1 Types d'affixes selon leur sens
* **Affixes flexionnels:** Ils encodent une information grammaticale et ne modifient ni le sens ni la catégorie grammaticale du mot. Ils ne permettent pas la création de nouveaux mots. Leur importance varie selon les langues; le français en possède peu par rapport à d'autres. Le lemme est la forme de base à laquelle ces affixes s'attachent [10](#page=10).
* Exemple: Dans "Elles mangeaient des pâtes", les affixes flexionnels marquent le pluriel et le temps [10](#page=10).
* **Affixes dérivationnels:** Ils encodent une information lexicale et permettent la création de nouveaux mots en modifiant le sens et/ou la catégorie grammaticale [10](#page=10).
* Exemples: "vendeur", "inaccessible", "budgétaire", "détricoter" [10](#page=10).
* **Radicaux liés:** Ce sont des bases qui ne peuvent pas apparaître seules dans la langue [10](#page=10).
* Exemples: "clarté", "somnifère", "invisible", "biologie" [10](#page=10).
##### 2.3.2.2 Types d'affixes selon leur position
* **Préfixes:** Ils se placent avant la racine du mot. Ils sont généralement dérivationnels [11](#page=11).
* Exemples: "asocial", "précommande", "inconscient" [11](#page=11).
* **Suffixes:** Ils se placent après la racine du mot. Ils peuvent être dérivationnels ou flexionnels [11](#page=11).
* Exemples dérivationnels: "chanteur", "compostable" [11](#page=11).
* Exemples flexionnels: "petites" [11](#page=11).
* **Infixes:** Ils s'insèrent à l'intérieur d'un autre morphème. Ils ne sont pas présents en français mais existent dans d'autres langues comme le tagalog [11](#page=11).
* Exemple en tagalog: "bili" (acheter) → "b-in-ili" (acheté) [11](#page=11).
#### 2.3.3 Tableau récapitulatif des types de morphèmes
| Caractéristique | Affixes flexionnels | Affixes dérivationnels |
| :---------------------------- | :----------------------------------------------------------------- | :----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
| Changement de sens/catégorie | Pas de changement | Changement de sens et/ou de catégorie grammaticale |
| Information encodée | Grammaticale | Lexicale |
| Systématicité | S'attachent à (presque) tous les membres d'une catégorie | S'attachent à un nombre limité de mots ; pas de systématicité absolue (ex. inapplicable vs unmanageable) |
| Position | Après les affixes dérivationnels | Avant les affixes flexionnels (on dérive avant de fléchir) |
| Classe | Fermée | Ouverte (ex. -aholic > workaholic, chocaholic) |
| Création de nouveaux mots | Non | Oui |
#### 2.3.4 Schéma des types de morphèmes
Le schéma suivant synthétise les différentes catégories de morphèmes [13](#page=13):
```mermaid
graph TD
A(Morphèmes) --> B(Libre)
A --> C(Lié)
B --> D(Lexical)
B --> E(Grammatical)
C --> F(Affixe)
C --> G(Radical lié)
F --> H(Dérivationnel)
F --> I(Flexionnel)
H --> J(Préfixe)
H --> K(Suffixe)
I --> L(Suffixe)
```
### 2.4 Allomorphes
Le morphème est une entité abstraite, généralement représentée entre accolades { }. Les allomorphes, quant à eux, sont les réalisations concrètes d'un même morphème, analogues aux allophones en phonologie, et sont représentés entre barres obliques / /. Cette variation est souvent conditionnée par le contexte [14](#page=14).
* **En français:** Le morphème de négation {in-} (ex: "invisible") peut se réaliser comme /im-/ devant une base commençant par 'b' ou 'm' (ex: "imbattable", "immobile"), ou comme /il-/ devant une base commençant par 'l' (ex: "illogique") [14](#page=14).
* **En anglais:** Le morphème du pluriel {PL} se manifeste sous diverses formes: /s/ (ex: "cats"), /en/ (ex: "oxen"), un changement vocalique interne (ex: "geese", "women"), ou un morphème zéro (ex: "sheep", "fish"). La prononciation du suffixe du pluriel varie également: /s/ après une consonne sourde (ex: "cats"), /ɪz/ après une consonne sibilante (ex: "faces", "matches"), et /z/ dans les autres contextes [14](#page=14).
* **En néerlandais:** L'imparfait {IMPARFAIT} se réalise comme /de(n)/ ou /te(n)/ selon le radical du verbe [14](#page=14).
Il existe deux types de variation :
* **Variation libre:** Résulte d'un choix stylistique du locuteur, sans contrainte contextuelle ou sémantique [15](#page=15).
* Exemples: "Yoghurt" vs "yaourt", "Je m'assieds" vs "Je m'assois", "Je paye" vs "Je paie" [15](#page=15).
* **Supplétion:** Consiste en le remplacement complet d'un morphème par un autre, souvent pour des raisons historiques ou morphophonologiques [15](#page=15).
* Exemples: "avoir" → "eu", "go" → "went" [15](#page=15).
#### 2.4.1 Exercice d'identification des allomorphes
Identifier les allomorphes des verbes "aller", "savoir", "tenir" en français, ainsi que ceux de la prononciation du passé en anglais [15](#page=15).
### 2.5 Radical et base
* **Radical:** Ce qui demeure après avoir retiré tous les affixes d'un mot. Les radicaux appartiennent généralement à une catégorie lexicale (nom, verbe, adjectif). Parfois, le radical ne peut apparaître seul; par exemple, dans "africanisme", le radical "african" vient du mot "africain" [16](#page=16).
* **Base:** La structure à laquelle un nouvel affixe est ajouté. Une base peut elle-même comprendre plusieurs morphèmes [16](#page=16).
* Dans "pardonnable": le radical/base est "pardon" et le suffixe est "-able" [16](#page=16).
* Dans "impardonnable": le radical est "pardon", la base est "pardonnable", et le préfixe est "im-" [16](#page=16).
Il est possible d'ajouter de nombreux affixes séquentiellement, comme dans la chaîne "constitution" → "constitutionnel" → "anticonstitutionnel" → "anticonstitutionnellement". Chaque étape de ce processus de construction morphologique doit être attestée dans la langue [16](#page=16).
La **dérivation parasynthétique** se produit lorsque l'on ajoute simultanément un préfixe et un suffixe à une base, sans que les formes intermédiaires (avec un seul affixe) n'existent de manière attestée. Par exemple, "encourager" [16](#page=16).
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# Procédés de formation de mots nouveaux
Ce chapitre explore les différentes méthodes par lesquelles de nouveaux mots sont créés dans une langue, couvrant la dérivation, la composition, la conversion, l'abrègement, la réduction et les emprunts lexicaux [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19) [20](#page=20).
### 3.1 Les procédés de création lexicale
La création de mots nouveaux, ou néologismes, est un processus dynamique qui enrichit le vocabulaire d'une langue. Les dictionnaires comme le Petit Robert recensent ces nouveaux termes qui émergent en réponse à des évolutions sociétales, technologiques ou culturelles [18](#page=18) [19](#page=19).
### 3.2 La dérivation
La dérivation est un procédé morphologique fondamental qui consiste à ajouter un affixe (préfixe ou suffixe) à une base lexicale pour former un mot nouveau. Ce nouveau mot possède généralement un sens et/ou une catégorie grammaticale différents de sa base d'origine [21](#page=21).
* **Préfixes :** Ils modifient principalement le sens de la base.
* Exemples: `faire` > `défaiRe`; `acceptable` > `inacceptable`; `histoire` > `préhistoire` [21](#page=21).
* **Suffixes :** Ils entraînent souvent un changement de catégorie grammaticale.
* Exemples: `faire` > `faisable` (verbe > adjectif); `lisible` > `lisibilité` (adjectif > nom); `lent` > `lentement` (adjectif > adverbe). Il existe cependant des cas où le suffixe ne change pas la catégorie, comme `table` > `tablette` (nom > nom) [21](#page=21).
* **Affixes homonymes :** Certains affixes ont la même forme mais des sens différents, ce qui peut parfois créer des ambiguïtés.
* Exemples: `préhistoire` (préfixe temporel) vs `prémolaire` (préfixe de position); `pommier` (suffixe de profession/lieu) vs `aventurier` (suffixe de qualité/type) [21](#page=21).
La régularité de la dérivation permet une grande créativité lexicale et facilite la compréhension de mots nouveaux, comme le montre l'exemple de `courriel` qui a donné `courrieliser`, ou `confiner` qui a permis la création de `déconfiner` [21](#page=21).
### 3.3 La composition
La composition consiste à combiner deux morphèmes libres (ou plus) pour former une unité lexicale nouvelle. Contrairement à la dérivation, qui utilise des affixes, la composition unit des mots autonomes. La fréquence et les structures de composition varient considérablement d'une langue à l'autre [22](#page=22).
* **Exemples courants:** `pomme de terre`, `chou-fleur`, `léche-vitrine`, `chauffe-eau` [22](#page=22).
* **Composition savante :** Elle utilise des bases non autonomes, d'origine grecque ou latine, mais sémantiquement pleines.
* Exemples: `biologie`, `misogyne`, `omnivore`, `anthropologie`, `gynécologie` [22](#page=22).
#### 3.3.1 Composition vs. suite libre
Il est crucial de distinguer la composition de simples suites de mots libres, qui gardent leur sens littéral [23](#page=23).
* **Sens :** Le sens des mots composés est souvent idiomatique et ne se résume pas à la somme des sens de leurs parties. Ils désignent un référent unique.
* Exemple: `chou-fleur` a un sens spécifique, distinct de `belle fleur` ou `gros chou`. Le terme `pois mange-tout` est un exemple de composé dont le sens est figé [23](#page=23).
* **Figement:** Les mots composés présentent des phénomènes de figement qui ne sont pas observés dans les suites libres [24](#page=24).
* **Non-insertion :** Il est impossible d'insérer un autre mot à l'intérieur d'un composé.
* Exemples: *`chou de belle fleur` est impossible [24](#page=24).
* **Non-modification des parties :** Les mots constitutifs d'un composé ne peuvent généralement pas être modifiés individuellement.
* Exemple: *`pois mange-beaucoup` est incorrect, tout comme *`chemin de métal` si "chemin" doit conserver sa signification originale dans un composé comme "chemin de fer" [24](#page=24).
* **Mobilité du tout :** Le composé fonctionne comme une unité, et non ses parties isolément.
* Exemple: `il y a souvent des va-et-vient et beaucoup d’agitation`, où `va-et-vient` est un composé figé, tandis qu'une suite libre permettrait plus de flexibilité et de variation [24](#page=24).
* **Diversité des suites libres :** Les suites libres offrent une plus grande flexibilité.
* Exemples: `un chemin de petits graviers` vs *`un chemin de gros fer` (si "chemin de fer" est le composé visé); `un chemin de cailloux` vs *`un chemin de métal` [24](#page=24).
#### 3.3.2 Composés endocentriques et exocentriques
Les composés peuvent être classés selon la relation sémantique entre leurs parties [25](#page=25).
* **Composé endocentrique :** Désigne un type particulier du mot "tête" (le premier élément en français, le second en anglais). Le composé est une spécification de l'un de ses composants.
* Exemples français: `machine à lessiver` (une machine est faite pour lessiver); `bateau-mouche` (un bateau de type mouche) [25](#page=25).
* Exemples anglais: `darkroom` (une pièce qui est `room` et `dark`); `amusement park` (un parc pour l'`amusement`) [25](#page=25).
* **Composé exocentrique :** Le sens du composé ne se limite pas à la somme de ses parties ; il fait référence à une entité supplémentaire ou extérieure.
* Exemples: `rouge-gorge` (un oiseau avec un `gorge` `rouge`, mais le nom ne désigne pas seulement cette couleur sur une gorge); `sèche-linge` (un appareil qui fait `sécher` du `linge`) [25](#page=25).
* Exemples anglais: `redneck`; `egghead` [25](#page=25).
* **Cas limites:** Certains composés peuvent présenter des caractéristiques des deux catégories, comme `wind farm` ou `pomme de terre` [25](#page=25).
### 3.4 La conversion (dérivation zéro)
La conversion, également appelée dérivation zéro, est le changement de catégorie grammaticale d'un mot sans qu'un affixe ne soit visible [26](#page=26).
* **Verbe > Nom:** `le boire`, `le manger`, `des vivres`; en anglais: `a cough`, `a guess` [26](#page=26).
* **Nom > Adjectif:** `orange`, `marron`, `rose` (utilisés comme adjectifs) [26](#page=26).
* **Adjectif > Nom:** `un sourd` (une personne sourde); en anglais: `the old` (les vieilles personnes) [26](#page=26).
* **Nom > Verbe:** En anglais, `to friend`, `to butter`, `to toilet paper` [26](#page=26).
* **Antonomase :** Un nom propre devient un nom commun, désignant un objet ou une personne partageant une caractéristique avec le nom d'origine.
* Exemples: `une poubelle` (de Eugène Poubelle); `un don juan`; `un bic`; `un kleenex`; `du scotch`; `du coca` [26](#page=26).
### 3.5 Créations lexicales par abrègement
L'abrègement regroupe plusieurs procédés qui consistent à raccourcir un mot ou une expression [27](#page=27) [28](#page=28).
#### 3.5.1 Troncation
La troncation est la suppression d'une partie d'un mot, généralement la fin [27](#page=27).
* Exemples: `exam` (examen), `blème` (problème), `provoc` (provocation), `resto` (restaurant), `unif` (université), `ciné` (cinéma), `gym` (gymnastique) [27](#page=27).
#### 3.5.2 Mots-valises
Les mots-valises sont formés par la troncation et la fusion de deux mots, qui partagent souvent une ou plusieurs syllabes [27](#page=27).
* Exemples: `franglais` (`français` + `anglais`); `pourriel` (`pourrir` + `courriel`); `brunch` (`breakfast` + `lunch`); `motel` (`motor` + `hotel`); `smog` (`smoke` + `fog`); `bridezilla` (`bride` + `Godzilla`); `mansplaining` (`man` + `explaining`) [27](#page=27).
#### 3.5.3 Dérivation régressive
Ce procédé consiste à supprimer un affixe supposé d'un mot pour créer une base nouvelle [27](#page=27).
* Exemples: `window shopping` > `to window shop`; `television` > `to televise`; `refus` > `refuser`; `somnolence` > `somnoler` [27](#page=27).
#### 3.5.4 Siglaison
La siglaison crée un mot à partir des lettres initiales d'une suite de mots, prononcées séparément [28](#page=28).
* Exemples: `TV` (télévision), `PC` (personnel computer), `USA` (United States of America), `ADN` (acide désoxyribonucléique) [28](#page=28).
#### 3.5.5 Acronymie
L'acronymie prend la première lettre et/ou syllabe de chaque mot d'une suite, et l'ensemble est prononcé comme un mot unique, et non lettre par lettre [28](#page=28).
* Exemples: `laser` (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation); `ONU` (Organisation des Nations Unies); `Benelux` (Belgique, Nederland, Luxembourg); `bobo` (bourgeois-bohème) [28](#page=28).
### 3.6 Réduplication et redoublement
Ce procédé consiste en la répétition d'une partie de la base lexicale, souvent dans un but humoristique ou affectif [29](#page=29).
* **Usage humoristique:** `bêbête`, `fofolle`, `cucul`, `neuneu`, `proutprout` [29](#page=29).
* **Langage enfantin et hypocoristique:** `papa`, `maman`, `pipi`, `caca`, `popo`, `tutute`, `tata`, `chien-chien`, `doudou` [29](#page=29).
### 3.7 Emprunts
Les emprunts lexicaux répondent généralement au besoin de nommer une réalité nouvelle, souvent issue d'une évolution technique ou culturelle [30](#page=30).
* **Exemples:** `sauna` (finnois), `safari` (swahili) [30](#page=30).
* **Emprunt d'affixes:** De nombreux affixes sont issus du grec (`anti-`, `gyne-`, `biblio-`) ou du latin (`extra-`, `aqua-`) [30](#page=30).
* **Calques :** Il s'agit d'une forme d'emprunt où l'on adapte une structure ou un sens existant dans la langue cible à partir d'un modèle étranger.
* **Calque sémantique :** On emprunte un sens d'un mot cognat (de même origine) pour l'ajouter au mot de la langue cible.
* Exemple: `réaliser` dans le sens de `comprendre` en français, calqué sur le sens du mot anglais `to realize` [30](#page=30).
* **Calque phraséologique :** On calque une expression idiomatique.
* Exemple: `ce n'est pas ma tasse de thé`, calqué sur l'anglais `it's not my cup of tea` [30](#page=30).
### 3.8 Comment naissent les néologismes ?
L'entrée d'un nouveau mot dans le dictionnaire ne se fait pas automatiquement sur la simple invention. Les lexicographes prennent en compte plusieurs critères pour valider un néologisme, notamment [31](#page=31):
* **Fréquence d’utilisation:** Liée à l'utilité du mot dans le système linguistique [31](#page=31).
* **Distribution du mot:** Sa présence dans différents contextes et registres [31](#page=31).
* **Pérennité du mot:** Sa capacité à s'installer durablement dans le vocabulaire [31](#page=31).
> **Tip:** Les exemples de mots nouveaux dans les dictionnaires comme le Petit Robert illustrent l'application concrète de ces procédés de formation lexicale dans la vie courante et les domaines de spécialité [18](#page=18) [19](#page=19).
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> **Tip:** Comprendre ces mécanismes est essentiel pour analyser et décrypter le vocabulaire contemporain, notamment dans les domaines des sciences, des technologies et de la société [18](#page=18) [19](#page=19).
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# La morphologie à travers les langues et la créativité lexicale
Ce sujet explore la diversité des structures morphologiques à travers les langues, la manière dont les concepts morphologiques se traduisent d'une langue à l'autre, et l'exploitation de la morphologie dans la création de nouveaux mots, notamment dans un contexte littéraire [33](#page=33).
### 4.1 Typologie morphologique des langues
Les langues varient considérablement dans leur utilisation des procédés morphologiques pour exprimer des informations grammaticales [35](#page=35).
#### 4.1.1 Langues isolantes
Dans les langues isolantes, comme le chinois ou le vietnamien, la morphologie flexionnelle est relativement absente. Les catégories grammaticales sont principalement déterminées par l'ordre des mots ou par l'ajout de mots auxiliaires [35](#page=35).
* **Exemple:** En vietnamien, "buvez" se traduit par *uống đi*, qui combine le verbe "boire" (*uống*) avec un marqueur d'impératif (*đi*) [35](#page=35).
#### 4.1.2 Langues flexionnelles
Les langues flexionnelles utilisent des affixes qui s'ajoutent à une racine pour véhiculer des informations grammaticales. Elles se subdivisent en deux catégories principales [35](#page=35):
##### 4.1.2.1 Langues agglutinantes
Dans les langues agglutinantes, les morphèmes sont clairement distincts et faciles à identifier. Chaque morphème porte généralement une seule information grammaticale [35](#page=35).
* **Exemple:** L'ajout du pluriel en anglais peut être illustré par la distinction claire entre la racine et l'affixe, comme dans l'exemple de l'ajout de `/s/` à `/frite/` ou de `/en/` à `/straat/` [35](#page=35).
##### 4.1.2.2 Langues fusionnelles
Dans les langues fusionnelles, il est souvent difficile de distinguer les morphèmes les uns des autres, car un seul affixe peut fusionner plusieurs informations grammaticales, et le radical peut subir des changements [35](#page=35).
* **Exemples :**
* Le passage de *foot* à *feet* en anglais illustre un changement de radical [35](#page=35).
* En français, la forme verbale *vais* du verbe "aller" fusionne la personne, le nombre, le mode et le temps [35](#page=35).
* De même, le pluriel de *cheval* en *chevaux* [35](#page=35).
* La forme *sont* du verbe "être" fusionne la troisième personne du pluriel, l'indicatif et le présent [35](#page=35).
### 4.2 Équivalences translinguistiques de la morphologie
La traduction d'éléments morphologiques, en particulier des affixes dérivationnels, ne se fait pas toujours par des affixes équivalents dans la langue cible [36](#page=36).
* **Point clé:** Le meilleur équivalent d'un affixe dérivationnel dans une langue n'est pas nécessairement un autre affixe dérivationnel dans une autre langue [36](#page=36).
* **Exemple de paraphrase:** Selon Lefer plus de la moitié des mots anglais contenant le préfixe négatif *un-* sont traduits en français par une paraphrase ou par un mot qui n'utilise pas de préfixe négatif [36](#page=36).
* *unswerving* se traduit par *constant* [36](#page=36).
* *unhealthy* se traduit par *maladif* [36](#page=36).
* *an unmatched opportunity* se traduit par *une occasion unique* [36](#page=36).
* *head and arms uncovered* est traduit par *tête et bras nus*, où *uncovered* n'est pas rendu par un préfixe négatif mais par une description [36](#page=36).
### 4.3 La créativité lexicale et la morphologie
La morphologie joue un rôle crucial dans la création lexicale, permettant de former de nouveaux mots à partir d'éléments existants. Ce phénomène est particulièrement observable dans la littérature, où les auteurs peuvent inventer des termes pour enrichir leur univers.
* **Exemple de créativité lexicale dans Harry Potter :**
* Le terme **Spellotape** est une création lexicale qui combine le mot "spell" (sortilège) avec "tape" (ruban adhésif), suggérant un ruban magique utilisé pour réparer [33](#page=33).
* **N.E.W.T.s** (Nastily Exhausting Wizarding Tests) et **O.W.L.s** (Ordinary Wizarding Levels) sont des acronymes créés pour nommer des examens dans le monde des sorciers. Ces acronymes sont des formations morphologiques qui évoquent des connotations (e.g., *nastily* pour les N.E.W.T.s suggère leur difficulté) [34](#page=34).
* **Apparate** est un verbe créé pour décrire la capacité de se téléporter, combinant probablement des notions d'apparition et de voyage [34](#page=34).
Ces exemples illustrent comment la morphologie, par le biais de la dérivation, de la composition, des acronymes ou de la dérivation régressive, permet d'élargir le lexique et de répondre à des besoins expressifs spécifiques, notamment dans la construction d'univers fictifs [33](#page=33) [34](#page=34).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Morphologie | Branche de la linguistique qui étudie la structure interne des mots et les procédés par lesquels ils sont formés et modifiés. Elle analyse les morphèmes et leur combinaison. |
| Mot | Unité linguistique fondamentale, souvent définie graphiquement par des espaces, mais dont la définition peut être ambiguë et varier selon qu’on considère les unités abstraites (types) ou les occurrences (tokens). |
| Morphème | La plus petite unité de forme et de sens dans une langue. Il ne peut pas être divisé en unités de sens plus petites et contribue de manière identifiable au sens global du mot. |
| Allomorphe | Réalisation concrète d’un morphème. Les allomorphes d’un même morphème peuvent varier en fonction du contexte phonologique ou grammatical, comme les différentes prononciations du morphème du pluriel en anglais. |
| Affixe | Un morphème lié qui se combine avec une base pour former un nouveau mot ou modifier une forme grammaticale. Ils sont classés en flexionnels et dérivationnels. |
| Affixe flexionnel | Affixe qui encode une information grammaticale telle que le temps, le nombre ou le genre, sans changer la catégorie grammaticale ou le sens lexical de base du mot. Par exemple, le -s du pluriel en français. |
| Affixe dérivationnel | Affixe qui modifie le sens ou la catégorie grammaticale d’un mot, permettant la création de mots nouveaux. Par exemple, le suffixe -eur dans vendeur. |
| Radical | La partie d’un mot qui reste après le retrait de tous les affixes. Il porte le sens lexical principal du mot. Parfois, le radical ne peut pas apparaître seul. |
| Base | La structure à laquelle un affixe est ajouté. Elle peut être un radical ou un mot déjà formé par combinaison de morphèmes. |
| Lexical | Se dit des morphèmes qui réfèrent à des entités du monde extérieur (noms, verbes, adjectifs) et qui constituent le vocabulaire d’une langue. Les classes lexicales sont généralement ouvertes. |
| Grammatical | Se dit des morphèmes (souvent des affixes ou des mots fonctionnels comme les prépositions) dont le sens est purement syntaxique ou relationnel, et qui servent à structurer la phrase. Les classes grammaticales sont généralement fermées. |
| Composition | Procédé de formation de mots qui consiste à combiner deux morphèmes libres ou plus pour former une nouvelle unité lexicale, comme dans « chou-fleur ». |
| Conversion | Changement de catégorie grammaticale d’un mot sans ajout d’un affixe visible, par exemple, transformer un nom en verbe. C’est aussi appelé dérivation zéro. |
| Siglaison | Procédé de formation de mots à partir des lettres initiales d’une suite de mots, prononcées séparément, comme « USA ». |
| Acronymie | Procédé de formation de mots à partir des lettres ou syllabes initiales d’une suite de mots, prononcées comme un mot unique, comme « ONU ». |
| Néologisme | Un mot nouveau qui vient d’être créé ou introduit dans une langue. Son entrée dans le dictionnaire dépend de critères tels que la fréquence d’utilisation et la pérennité. |
| Langue isolante | Type de langue où les morphèmes sont généralement autonomes et où les relations grammaticales sont exprimées par l’ordre des mots ou l’utilisation de mots fonctionnels, plutôt que par la flexion. Le chinois en est un exemple. |
| Langue agglutinante | Type de langue flexionnelle où les morphèmes sont clairement distinguables et où chaque morphème porte une seule information grammaticale. Le turc est un exemple typique. |
| Langue fusionnelle | Type de langue flexionnelle où les morphèmes, en particulier les affixes, peuvent fusionner et où un seul morphème peut encoder plusieurs informations grammaticales. Le latin ou le russe en sont des exemples. |