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Summary
# Le développement et l'approbation des médicaments
Le développement et l'approbation d'un médicament est un processus long et complexe, partant de sa découverte jusqu'à sa mise sur le marché et sa surveillance continue [8](#page=8).
### 1.1 Naissance d'un médicament
La découverte d'un nouveau médicament peut résulter de découvertes fortuites, de criblages systématiques, de modifications de molécules existantes ou d'approches rationnelles basées sur la compréhension des maladies [9](#page=9).
#### 1.1.1 Les découvertes accidentelles ou fortuites
Certains médicaments sont découverts par hasard. L'exemple classique est celui de la pénicilline, découverte par Alexandre Fleming en 1928 à la suite d'une contamination fortuite d'une culture bactérienne par une moisissure [9](#page=9).
#### 1.1.2 Le criblage ou screening
Cette méthode consiste à tester une vaste collection de produits chimiques ("pharmathèque") pour identifier des substances actives dans un domaine pathologique choisi. Le criblage peut être :
* **Vertical:** axé sur la chimie, avec de nombreux tests pharmacologiques poussés pour un nombre limité de composés [9](#page=9).
* **Horizontal:** axé sur la pharmacologie, avec l'évaluation de milliers de molécules pour un ou deux tests pharmacologiques [9](#page=9).
#### 1.1.3 Modification de structures actives connues
L'objectif est d'améliorer des principes actifs existants en modifiant leur structure chimique pour obtenir une activité plus puissante, une spécificité accrue, une toxicité réduite, des effets secondaires atténués ou une meilleure maniabilité. Un exemple est l'obtention du pindolol à partir du propanolol, améliorant son activité intrinsèque [10](#page=10).
#### 1.1.4 Approches rationnelles
Ces approches visent à synthétiser des substances capables de traiter une maladie dont l'étiologie est connue. Par exemple, pour la maladie de Parkinson, on cherche à synthétiser de la dopamine ou un de ses précurseurs pour combler le déficit observé [10](#page=10).
### 1.2 Étape pré-clinique
Cette étape est essentielle avant toute administration d'un nouveau produit à l'homme. Elle comprend des études en laboratoire et sur animaux, portant sur la sécurité (toxicologie), l'efficacité (pharmacologie) et la formulation (pharmaceutique) [11](#page=11).
#### 1.2.1 Conditions de sécurité ou études toxicologiques
Ces études visent à évaluer la sécurité d'un médicament potentiel [11](#page=11).
##### 1.2.1.1 Études de toxicité aiguë
Elles déterminent les doses toxiques chez l'animal et les organes affectés. Elles sont menées sur au moins deux espèces de mammifères (ex: rat, souris) avec deux voies d'administration, dont une identique à celle prévue pour l'homme. Ces tests permettent de calculer [11](#page=11):
* La **dose létale 50 (DL50)**: dose provoquant le décès de 50% des animaux [11](#page=11).
* La **dose efficace 50 (DE50)**: dose déclenchant l'effet thérapeutique chez 50% des animaux [11](#page=11).
L'**index thérapeutique (IT)** est calculé comme le rapport DL50 / DE50. Un IT plus élevé indique une marge de sécurité plus large. Chez l'homme, il est calculé différemment, par la fraction DT50/DE50, où DT50 est la dose toxique pour 50% de la population [11](#page=11) [12](#page=12).
> **Tip:** Un index thérapeutique élevé est préférable pour la sécurité d'un médicament.
##### 1.2.1.2 Études de toxicité subaiguë et chronique
Ces études déterminent les posologies tolérées sur le long cours chez l'animal, sans effets indésirables, et identifient les organes ou fonctions particulièrement sensibles à la toxicité. Elles sont effectuées sur deux espèces de mammifères, dont une non-rongeur (ex: rat et chien) [12](#page=12).
##### 1.2.1.3 Études sur la reproduction
Elles incluent l'étude de la fertilité, de l'embryogenèse et de la périnatalité. Elles sont réalisées sur des lots de 12 à 24 animaux de deux espèces de mammifères, dont une non-rongeur, et idéalement sur une espèce ayant un métabolisme similaire à celui de l'homme [12](#page=12).
##### 1.2.1.4 Études de mutagenèse
Ces études recherchent les modifications du matériel génétique induites par le médicament [12](#page=12).
##### 1.2.1.5 Études de cancérogenèse
Elles consistent à observer systématiquement l'apparition de tumeurs chez des animaux recevant le produit sur une grande partie de leur vie [12](#page=12).
##### 1.2.1.6 Études de toxicité locale
Ce sont des études de tolérance locale au niveau de la peau, des yeux, du nez, etc [12](#page=12).
#### 1.2.2 Conditions d'efficacité ou études pharmacologiques
Ces études comprennent les études pharmacodynamiques et pharmacocinétiques [13](#page=13).
##### 1.2.2.1 Études pharmacodynamiques
Elles visent à définir l'effet principal (thérapeutique), le mécanisme d'action, les effets secondaires et les doses relatives responsables de ces effets [13](#page=13).
##### 1.2.2.2 Études pharmacocinétiques animales
Elles étudient l'absorption, la diffusion, l'élimination et le métabolisme du produit chez l'animal [13](#page=13).
#### 1.2.3 Études pharmaceutiques
Elles déterminent la forme galénique, la voie d'administration, les excipients et la dose de principe actif par unité de prise [13](#page=13).
### 1.3 Étape clinique
Cette étape correspond au passage à l'expérimentation sur l'homme, décidée lorsque les études pré-cliniques suggèrent un potentiel thérapeutique, une sécurité d'emploi et un intérêt commercial. Elle se divise en quatre phases [13](#page=13).
#### 1.3.1 La phase I
Cette phase vise principalement à évaluer la tolérance et la pharmacocinétique (métabolisme) du produit chez l'homme sain. C'est la première administration de la molécule à l'homme. Les objectifs sont de déterminer [14](#page=14):
* La dose maximale tolérée chez l'homme [14](#page=14).
* La pharmacocinétique et le métabolisme du médicament dans le corps humain [14](#page=14).
Ces essais sont généralement menés sur des volontaires sains de sexe masculin, sauf pour les médicaments dont la toxicité est intrinsèquement connue (ex: anticancéreux), qui sont administrés directement aux malades. La première dose est calculée à partir des données de toxicité animale aiguë (souvent 1/100 à 1/20 de la DLMax tolérée). La surveillance est stricte, souvent en milieu hospitalier, et les doses sont augmentées progressivement pour préciser les premiers effets indésirables [14](#page=14).
#### 1.3.2 La phase II
Les essais de phase II visent à confirmer les propriétés pharmacologiques observées chez l'animal et à démontrer l'efficacité thérapeutique du produit chez de petits groupes de patients homogènes pour l'indication proposée. Les objectifs sont de [15](#page=15):
1. Déterminer la posologie efficace pour les essais de phase III [15](#page=15).
2. Étudier les relations concentration sanguine/effet [15](#page=15).
3. Identifier les effets indésirables à court terme [15](#page=15).
On recrute un nombre limité de patients homogènes en termes d'âge, de sexe et de gravité de la maladie [15](#page=15).
#### 1.3.3 La phase III
Ces essais confirment l'activité thérapeutique chez des patients représentatifs traités de manière chronique et évaluent la tolérance du médicament sur ces patients. Le traitement se fait en ambulatoire sur un grand nombre de patients. Les études comparent souvent deux groupes: le premier traité par le produit testé, le second par un médicament de référence ou un placebo (si l'absence de traitement est éthiquement acceptable). Les conclusions doivent être méthodologiquement rigoureuses, tant sur le plan clinique que statistique [15](#page=15).
> **Tip:** La méthodologie des essais est cruciale pour la validité des conclusions.
##### 1.3.3.1 Méthodologie des essais
Différents types d'essais existent :
* **Essai non comparatif:** Simple enregistrement des résultats sur une population donnée. Suffisant pour la phase I, mais pas pour les phases II et III [16](#page=16).
* **Essai comparatif:** Compare le groupe traité à un groupe placebo ou de référence. L'allocation aléatoire (randomisation) est utilisée [16](#page=16).
* **Essai en simple aveugle:** Le malade ignore le traitement reçu [16](#page=16).
* **Essai en double aveugle:** Ni le malade ni l'expérimentateur ne connaissent le traitement [16](#page=16).
* **Essai en ouvert:** Tous les intervenants connaissent le traitement [16](#page=16).
> **Tip:** Les essais en double aveugle sont considérés comme plus rigoureux pour minimiser les biais.
##### 1.3.3.2 Point de vue éthique
Le consentement éclairé et volontaire du patient est obligatoire avant toute participation à un essai clinique. Cette règle trouve son origine dans le Code de Nuremberg et a été renforcée par la Déclaration d'Helsinki qui sert de charte de référence. Le patient a le droit de se retirer de l'essai à tout moment [17](#page=17) .
#### 1.3.4 La phase IV = Pharmacovigilance
Cette phase est conduite après la mise sur le marché du médicament. Elle vise à approfondir la connaissance du médicament dans les conditions réelles d'utilisation, à évaluer sa tolérance à grande échelle, et à détecter des effets secondaires rares ou des complications tardives. Les professionnels de santé peuvent signaler les effets indésirables observés aux services de pharmacovigilance [17](#page=17).
### 1.4 Enregistrement d'un médicament
Pour être commercialisé, un médicament doit obtenir une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Cette autorisation est délivrée par le Ministre de la Santé publique (sur avis de l'AFMPS en Belgique) ou par la Commission européenne (sur avis de l'EMA). Le dossier de demande d'AMM comprend des parties analytiques, pharmaco-toxicologiques et cliniques, ainsi que la notice et l'emballage. Après analyse par des experts, si l'AMM est accordée, le médicament est publié au moniteur belge, les conditions de délivrance sont précisées, et un numéro d'enregistrement lui est attribué. La pharmacovigilance peut conduire à la suspension ou à la radiation de l'enregistrement si de nouveaux éléments (effets secondaires, contre-indications) sont détectés [18](#page=18).
#### 1.4.1 Les génériques
Avant le développement d'un nouveau médicament, un brevet est déposé (durée de 20 ans). Pendant une période donnée (généralement 10 ans après l'AMM), seule l'entreprise détenant le brevet peut commercialiser le médicament. Après expiration du brevet, d'autres laboratoires peuvent exploiter la substance et commercialiser des médicaments génériques [18](#page=18).
Un médicament générique est une "copie" du médicament original (dit "de référence") qui doit satisfaire aux critères suivants :
* Même composition quantitative et qualitative en principe(s) actif(s) [19](#page=19).
* Même forme pharmaceutique [19](#page=19).
* Même voie d'administration [19](#page=19).
* Être bioéquivalent au médicament original (prouvé par des études de biodisponibilité) [19](#page=19).
Un médicament générique peut se différencier du médicament original par son nom commercial, son emballage, son procédé de fabrication, ses excipients (pouvant influencer la couleur, l'odeur, le goût), l'apparence de la forme pharmaceutique, et généralement son prix de vente, qui est inférieur. Le dossier pour l'AMM des génériques est abrégé car il suffit de prouver la bioéquivalence [19](#page=19).
> **Tip:** Il faut être prudent lors de la substitution entre un médicament original et un générique pour les médicaments ayant une marge thérapeutique étroite [19](#page=19).
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# Classification et formes galéniques des médicaments
Cette section explore les différentes méthodes de classification des médicaments, en se concentrant sur leur forme galénique, leur présentation sur le marché, leur finalité thérapeutique et leur degré de toxicité [20](#page=20).
### 2.1 Classification selon leur forme galénique
La forme galénique désigne la manière dont un principe actif est présenté pour être administré et agir dans l'organisme. Elle résulte de l'opération de mise en forme des substances curatives. Un médicament est composé d'un ou plusieurs principes actifs et d'excipients, des substances sans action pharmacologique qui sont essentielles à la réalisation de la forme médicamenteuse, lui conférant son aspect et sa consistance [21](#page=21).
La formule générale d'un médicament est la suivante :
MEDICAMENT ═ PRINCIPE(S) ACTIF(S) + EXCIPIENT(S) [21](#page=21).
* **Principe actif:** Matière brute (d'origine naturelle, synthétique ou par génie génétique) utilisée pour préparer des médicaments, conditionnée dans une forme galénique définie, et possédant une action pharmacologique [21](#page=21).
* **Excipient:** Composant du médicament, autre que le principe actif, sans action pharmacologique. Il est indispensable pour créer la forme médicamenteuse et assurer son aspect et sa consistance. Les excipients ont plusieurs rôles [21](#page=21):
* Faciliter l'administration des principes actifs [21](#page=21).
* Améliorer l'efficacité du principe actif [21](#page=21).
* Assurer la stabilité ou la conservation du médicament [21](#page=21).
> **Tip:** Tout excipient doit être chimiquement inerte vis-à-vis du principe actif, du matériau de conditionnement et de l'organisme. Le choix de la forme galénique est crucial pour une administration adaptée au traitement d'une maladie [21](#page=21).
Il existe une grande variété de formes galéniques sur le marché, telles que les crèmes, les patchs, les gélules, les aérosols et les solutions injectables. Les chapitres suivants détailleront les différentes présentations galéniques en fonction de la voie d'administration [21](#page=21).
### 2.2 Classification selon leur présentation sur le marché
#### 2.2.1 La spécialité pharmaceutique
Une spécialité pharmaceutique est un médicament préparé et commercialisé par une firme pharmaceutique sous une dénomination spécifique et un conditionnement particulier. Souvent, plusieurs spécialités différentes peuvent contenir le même principe actif [22](#page=22).
> **Example:** Dafalgan®, Perdolan mono®, Panadol® et Efferalgan® sont toutes des spécialités pharmaceutiques contenant du paracétamol [22](#page=22).
Les spécialités pharmaceutiques possèdent trois types de dénominations :
* **Dénomination scientifique:** Nom chimique du principe actif, conforme aux règles de nomenclature chimique, destiné aux spécialistes (pharmaciens, chimistes) [22](#page=22).
> **Example:** Pour l'ibuprofène, la dénomination scientifique est: acide (±)2-(4-isobutyphényl)propionique [22](#page=22).
* **Dénomination commune internationale (DCI):** Abréviation de la formule chimique, généralement en 3 ou 4 syllabes, évoquant la famille médicamenteuse. Établie par l'OMS pour assurer l'identification du médicament dans toutes les langues [22](#page=22).
> **Example:** L'ibuprofène est la DCI [22](#page=22).
* **Dénomination commerciale ou nom déposé:** Nom de fantaisie (2 ou 3 syllabes), souvent lié à l'indication ou à une abréviation de la DCI. Ce nom est la propriété exclusive de la firme pharmaceutique et ne peut être utilisé par d'autres industries [23](#page=23).
> **Example:** Brufen® est la dénomination commerciale de l'ibuprofène [23](#page=23).
L'étiquetage des spécialités pharmaceutiques doit obligatoirement comporter: la dénomination commerciale, la DCI, la composition quantitative en principe actif par prise, la forme pharmaceutique, la voie d'administration, la date de péremption, le mode de conservation, le nom et l'adresse du titulaire d'enregistrement, le numéro d'enregistrement, et le numéro de lot. Le numéro de lot est une combinaison de chiffres et/ou de lettres identifiant une production spécifique [24](#page=24).
> **Example:** Le numéro de lot "16C23" indique une fabrication en mars 2016 (16 pour l'année 2016, C pour mars, 23 pour le jour) [24](#page=24).
#### 2.2.2 La préparation magistrale
Une préparation magistrale est un médicament préparé en pharmacie par le pharmacien ou son assistant, selon une prescription médicale spécifique à un patient déterminé. Elle offre trois avantages principaux [25](#page=25):
* **Individualisation de la posologie:** Adaptée à l'âge, la maladie ou l'état du patient (ex: gélules pédiatriques, dosages réduits pour insuffisance rénale) [25](#page=25).
* **Association de principes actifs:** Possibilité de combiner plusieurs substances actives (ex: crème dermatologique pour l'acné) [25](#page=25).
* **Forme galénique adaptée:** Préparation sous une forme plus appropriée (ex: sirop pour enfants, une gélule au lieu d'un gros comprimé) [25](#page=25).
#### 2.2.3 La préparation officinale
Une préparation officinale est un médicament préparé en pharmacie selon les indications d'une Pharmacopée, destiné à être délivré directement aux patients approvisionnés par cette pharmacie [25](#page=25).
> **Example:** Solution de Dakin, Lugol, Eau oxygénée [25](#page=25).
Une Pharmacopée est un recueil de données qui spécifie les caractéristiques des médicaments officinaux, liste les matières premières et leurs contrôles, et décrit les méthodes d'analyse [25](#page=25).
### 2.3 Classification selon leur finalité
#### 2.3.1 Les médicaments utilisés à titre préventif
Ces médicaments sont administrés à des individus sains pour les protéger contre une future maladie (vaccins) ou pour modifier temporairement un processus physiologique (contraceptifs) [26](#page=26).
#### 2.3.2 Les médicaments qui permettent un traitement substitutif
Ils visent à pallier une carence de l'organisme, qu'elle soit d'origine externe (vitamines) ou interne. Le déficit peut être définitif (ex: insuffisance de production d'insuline chez le diabétique) ou provisoire (ex: insuffisance de production de progestérone pendant la gestation). Ces médicaments remplacent, directement ou indirectement, temporairement ou indéfiniment, un constituant naturel de l'organisme dont le défaut est responsable de la maladie [26](#page=26).
#### 2.3.3 Les médicaments qui suppriment les causes de la maladie
Ces médicaments ciblent directement la cause de l'état pathologique, permettant la guérison du patient. Ce traitement causal est principalement appliqué aux maladies infectieuses (bactériennes et parasitaires) [26](#page=26).
#### 2.3.4 Les médicaments qui corrigent les symptômes d’un état pathologique
Ils sont administrés pour atténuer les troubles résultant d'une maladie, sans agir sur sa cause. Ils peuvent soulager la douleur, stimuler ou inhiber un organe ou un système dont le fonctionnement est perturbé (ex: régulation du rythme cardiaque, du péristaltisme intestinal). Ces médicaments améliorent le confort du patient, peuvent prolonger sa vie, mais n'induisent pas une guérison définitive [26](#page=26).
> **Example:** Le traitement des symptômes de la grippe [26](#page=26).
### 2.4 Classification selon leur degré de toxicité
Cette classification est légale et régit les règles de délivrance et de conservation des médicaments. Elle comprend cinq listes [27](#page=27):
* **LISTE I:** Produits destinés à un usage externe et antiseptiques [27](#page=27).
> **Example:** Acide acétique, ammoniaque, antiseptiques phénoliques [27](#page=27).
* **LISTE II:** Produits toxiques d'usage fréquent (automédication), avec des risques limités si administrés aux doses recommandées [27](#page=27).
> **Example:** Laxatifs, antitussifs, certains analgésiques [27](#page=27).
* **LISTE III:** Médicaments présentant des risques plus importants et des principes actifs à plus faibles doses qu'en liste II. Leur conservation est soumise à des règles spécifiques (armoire à poisons) et une ordonnance peut être requise [27](#page=27).
> **Example:** Codéine [27](#page=27).
* **LISTE IV:** Médicaments dont l'abus peut être dangereux et nécessitant une surveillance médicale. Une ordonnance est obligatoire, et ils doivent être conservés dans une armoire à poisons [27](#page=27).
> **Example:** Barbituriques, benzodiazépines, antibiotiques [27](#page=27).
* **LISTE V – STUPEFIANTS:** Médicaments aux propriétés sédatives, analgésiques, narcotiques et euphorisantes, pouvant entraîner dépendance et tolérance à long terme [27](#page=27).
> **Réglementation particulière des stupéfiants :**
> * Conservation dans une armoire fermée à clé [27](#page=27).
> * Prescription écrite, datée et signée par le médecin [27](#page=27).
> * Dosage et quantité écrits en toutes lettres par le médecin (pas par ordinateur) sur la prescription [27](#page=27).
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# Pharmacodynamie : mécanismes d'action des médicaments
Voici le résumé du chapitre III : Pharmacodynamie, axé sur les mécanismes d'action des médicaments.
## 3. Pharmacodynamie : mécanismes d'action des médicaments
Cette section explore les diverses manières dont les médicaments exercent leurs effets dans l'organisme, en se concentrant sur leurs interactions avec les systèmes biologiques pour produire une réponse thérapeutique [29](#page=29) [30](#page=30).
### 3.1 Action sur des organismes parasitaires, bactériens ou viraux
Certains médicaments ciblent directement des micro-organismes indésirables tels que des parasites, des bactéries ou des virus, afin d'éradiquer une infection chez l'homme ou l'animal. Les antibiotiques, par exemple, peuvent agir de plusieurs façons [30](#page=30):
* Inhibition de la synthèse des acides nucléiques (ARN) des microorganismes [30](#page=30).
* Interférence avec la synthèse protéique bactérienne [30](#page=30).
* Altération de la perméabilité membranaire des bactéries [30](#page=30).
### 3.2 Action au niveau des récepteurs
Pour de nombreux médicaments, l'effet thérapeutique dépend de leur liaison à des récepteurs spécifiques dans l'organisme. Cette interaction est généralement représentée par l'équation [30](#page=30):
`M + R → M-R → Action pharmacologique → Effet thérapeutique` [30](#page=30).
où M représente le médicament et R le récepteur [30](#page=30).
#### 3.2.1 Le récepteur pharmacologique
Le récepteur pharmacologique est une macromolécule, généralement de nature protéique, avec laquelle un médicament ou un médiateur endogène doit interagir pour déclencher une action biologique [30](#page=30).
#### 3.2.2 La liaison médicament-récepteur
La molécule médicamenteuse se fixe au récepteur de manière plus ou moins stable. Les liaisons impliquées sont de faible énergie et s'affaiblissent avec la distance entre le médicament et le récepteur [31](#page=31).
#### 3.2.3 Agoniste et antagoniste
Il existe deux types principaux de molécules interagissant avec les récepteurs :
* **Agoniste :** C'est une molécule qui, en se liant à des récepteurs spécifiques, déclenche une action biologique. La relation est exprimée par :
`AGONISTE + RECEPTEUR ⇒ EFFET BIOLOGIQUE` [31](#page=31).
* **Exemple:** La morphine est un agoniste des récepteurs aux opiacés [31](#page=31).
* **Antagoniste :** C'est une molécule dont l'interaction avec les récepteurs est différente. Elle est incapable de déclencher une séquence action-effet, mais bloque le récepteur. La relation est :
`ANTAGONISTE + RECEPTEUR ⇒ BLOCAGE DU RECEPTEUR SANS EFFET BIOLOGIQUE` [31](#page=31).
* **Exemple:** La naloxone est un antagoniste des récepteurs aux opiacés [31](#page=31).
Toute molécule agissant via un récepteur est classée soit comme agoniste, soit comme antagoniste [31](#page=31).
#### 3.2.4 Spécificité et sélectivité
* Un médicament est dit **spécifique** lorsque son effet thérapeutique résulte d'un unique mécanisme d'action, souvent lié à sa liaison à un seul type de récepteur [32](#page=32).
* Un médicament est dit **sélectif** s'il agit préférentiellement dans une localisation donnée, par exemple sur les récepteurs d'un seul organe [32](#page=32).
### 3.3 Action sur des enzymes de l'organisme
Certains médicaments agissent en modifiant l'activité des enzymes de l'organisme [32](#page=32).
* **Exemple:** L'aspirine inhibe l'enzyme cyclo-oxygénase. Cette enzyme est responsable de la conversion de l'acide arachidonique en prostaglandines, des hormones locales qui augmentent la sensibilité à la douleur et la température corporelle. En inhibant la cyclo-oxygénase, l'aspirine diminue la production de prostaglandines, ce qui explique ses effets antipyrétiques et analgésiques [32](#page=32).
### 3.4 Action sur des transporteurs membranaires ou cellulaires
D'autres médicaments interfèrent avec le fonctionnement des transporteurs situés dans les membranes cellulaires ou au sein des cellules [33](#page=33).
* **Exemple:** Les diurétiques, tels que le furosémide (Lasix®), sont des diurétiques de l'anse qui inhibent le co-transport Na+, K+, Cl- au niveau de l'anse de Henlé du néphron. Cela entraîne une inhibition de la réabsorption du sodium et, par conséquent, une élimination accrue d'électrolytes et d'eau [33](#page=33).
* D'autres exemples incluent les agents anesthésiques et les inhibiteurs calciques [33](#page=33).
### 3.5 Action physico-chimique
Ces médicaments induisent une modification physico-chimique à un endroit spécifique de l'organisme, menant à une action pharmacologique [33](#page=33).
* **Exemple:** Les médicaments anti-acides, qui sont des solutions basiques (contenant des ions carbonates, bicarbonates ou hydroxyde), neutralisent l'excès d'ions H+ dans l'estomac. L'action anti-acide résulte simplement d'un phénomène de neutralisation chimique [33](#page=33).
### 3.6 Action sur la multiplication cellulaire
Cette catégorie concerne notamment les médicaments cytotoxiques utilisés en chimiothérapie anticancéreuse. Ils ciblent les cellules en division (mitose) par divers mécanismes, affectant préférentiellement les cellules malignes qui se divisent rapidement [34](#page=34).
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# Pharmacocinétique : devenir des médicaments dans l'organisme
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## 4. Pharmacocinétique : devenir des médicaments dans l'organisme
La pharmacocinétique étudie le devenir des médicaments dans l'organisme, englobant leur absorption, distribution, métabolisation et excrétion [36](#page=36).
### 4.1 Introduction à la pharmacocinétique
La pharmacocinétique est une discipline qui permet d'étudier de manière descriptive et quantitative le devenir d'un médicament dans l'organisme. Elle est essentielle pour [36](#page=36):
* Déterminer la posologie et la fréquence d'administration [36](#page=36).
* Choisir la voie d'administration et la forme galénique appropriées [36](#page=36).
* Anticiper les interactions médicamenteuses et l'influence de l'alimentation [36](#page=36).
* Adapter la posologie en fonction de l'âge et des pathologies [36](#page=36).
### 4.2 Pré-requis : passage des membranes
Les membranes cellulaires sont constituées d'une double couche de phospholipides avec des protéines intégrées. Les têtes polaires sont hydrophiles et orientées vers l'extérieur, tandis que les queues lipophiles sont tournées vers l'intérieur, formant une barrière hydrophobe [37](#page=37).
#### 4.2.1 Mécanismes de passage des membranes
Une molécule peut traverser une membrane cellulaire par trois mécanismes principaux :
1. **Diffusion simple:** Mouvement d'une substance d'une zone de forte concentration vers une zone de faible concentration, dans le sens du gradient de concentration [38](#page=38).
2. **Diffusion facilitée:** Similaire à la diffusion simple, mais nécessite un transporteur protéique spécifique. Le processus est saturable et ne consomme pas d'énergie [38](#page=38).
3. **Transport actif:** Mouvement d'une substance contre son gradient de concentration. Il requiert un transporteur protéique et consomme de l'énergie. Ce mécanisme est également saturable [39](#page=39).
4. **Transport vésiculaire :**
* **Exocytose:** Expulsion de substances de la cellule via une vésicule membraneuse fusionnant avec la membrane plasmique. Ce processus consomme de l'énergie [40](#page=40).
* **Endocytose:** Pénétration de particules ou molécules dans la cellule par formation d'une vésicule à partir de la membrane cytoplasmique. Ce processus consomme également de l'énergie [40](#page=40).
#### 4.2.2 Facteurs influençant le passage membranaire
* **Taille moléculaire:** Les petites molécules traversent les membranes plus facilement [41](#page=41).
* **pH du milieu :** La plupart des médicaments sont des acides ou des bases faibles. Leur degré d'ionisation, qui dépend du pH du milieu, influence leur capacité à traverser les membranes.
* Un médicament acide faible (AH) est peu ionisé (AH) dans un milieu acide (comme l'estomac, pH=1) et traverse donc facilement les membranes par diffusion [41](#page=41).
* Dans un milieu neutre ou basique (comme le plasma, pH=7), il devient plus ionisé (A⁻), ce qui limite sa diffusion à travers la membrane [41](#page=41).
* Ce phénomène peut entraîner une accumulation du médicament dans les compartiments où son ionisation est plus faible [41](#page=41).
### 4.3 L'absorption des médicaments
L'absorption est le passage du médicament de son site d'administration à la circulation générale. Pour les voies autres que l'injection intraveineuse ou intra-artérielle, un temps de latence est nécessaire avant que le médicament n'atteigne la circulation [43](#page=43).
#### 4.3.1 Absorption orale
Le tube digestif présente des caractéristiques variées influençant l'absorption orale :
* **Œsophage:** Principalement un conduit de passage rapide. Il est conseillé de prendre les médicaments avec de l'eau et en position debout pour éviter qu'ils n'adhèrent à la muqueuse [44](#page=44).
* **Estomac:** L'épithélium est épais, la muqueuse peu vascularisée, et la surface limitée. Le pH très acide (1.2-1.5 à jeun) favorise l'absorption des acides faibles par diffusion passive car ils y sont peu ionisés. Le temps de vidange gastrique influence le temps de contact [45](#page=45).
* **Intestin grêle:** C'est le principal organe d'absorption orale grâce à sa très grande surface (plus de 200 m²) due aux replis, villosités et microvillosités. Le débit sanguin y est élevé, la bile facilite la mise en solution des lipophiles, de nombreux transporteurs sont présents, et le pH est proche de la neutralité (5-7). Ces facteurs favorisent l'absorption des acides et des bases [46](#page=46).
* **Côlon:** L'absorption y est plus lente en raison d'une surface plus courte. Les médicaments à dissolution lente ou à libération progressive sont les plus susceptibles d'être absorbés à ce niveau [46](#page=46).
Après absorption dans le tube digestif, les principes actifs transitent par la veine porte hépatique vers le foie avant de rejoindre la circulation générale [47](#page=47).
#### 4.3.1.1 Effet de premier passage hépatique
Ce phénomène correspond à la métabolisation d'un médicament par le foie lors de son premier passage après absorption orale, avant sa distribution systémique. Il peut entraîner une perte importante de médicament et une diminution de son effet thérapeutique, nécessitant une adaptation de la posologie ou de la voie d'administration. Parfois, ce métabolisme peut produire des métabolites actifs [47](#page=47).
#### 4.3.1.2 Facteurs influençant l'absorption orale
* **Vidange gastrique:** Tout ce qui retarde la vidange gastrique ralentit l'absorption. Les repas riches en lipides, les boissons froides, l'alcool et certains médicaments (anticholinergiques, antidépresseurs) la ralentissent. Les boissons chaudes, l'exercice intense et certains médicaments (métoclopramide, dompéridone) l'accélèrent [48](#page=48).
* **Complexation:** Certains principes actifs peuvent former des complexes avec d'autres substances (ex: tétracyclines avec les ions calcium), réduisant leur absorption [48](#page=48).
* **Alimentation:** Elle peut modifier le pH, le temps de vidange gastrique, et entrer en compétition pour les transporteurs actifs. La prise d'un médicament à jeun favorise généralement la résorption [49](#page=49).
* **Dégradation chimique:** L'acidité stomacale ou les sucs digestifs peuvent dégrader certains principes actifs, nécessitant des formes galéniques spéciales [49](#page=49).
#### 4.3.1.3 Biodisponibilité
La biodisponibilité est un paramètre pharmacocinétique quantifiant la quantité de principe actif qui atteint la circulation générale et la vitesse à laquelle il y parvient. La biodisponibilité absolue compare les concentrations sanguines après administration orale à celles obtenues après injection intraveineuse [50](#page=50).
#### 4.3.1.4 Formes galéniques orales
* **Sirop:** Préparation aqueuse sucrée [51](#page=51).
* **Solution:** Principe actif dissous dans un solvant [51](#page=51).
* **Ampoules de solutions buvables:** Doses unitaires liquides [51](#page=51).
* **Comprimé:** Préparation solide obtenue par compression [51](#page=51).
* **Comprimé enrobé:** Protège le principe actif ou masque le goût [51](#page=51).
* **Comprimé à libération prolongée (forme retard):** Libération lente du principe actif. Il est interdit de les broyer [51](#page=51).
* **Comprimé gastro-résistant (entérique):** Résiste à l'acidité gastrique et libère le principe actif dans l'intestin. Il est interdit de les broyer [52](#page=52).
* **Comprimé effervescent:** Libération de CO2 dans l'eau [52](#page=52).
* **Comprimé soluble / dispersible:** Doit être dissous ou dispersé dans l'eau avant administration [52](#page=52).
* **Lyophilisat:** Dissolution rapide dans la bouche [52](#page=52).
#### 4.3.1.5 Avantages et inconvénients de la voie orale
* **Avantages:** Simple, économique, bien acceptée, possibilité d'élimination du toxique ingéré récemment [53](#page=53).
* **Inconvénients:** Pas pour les principes actifs au goût désagréable ou irritants, nécessite la coopération du patient, interférences avec les aliments, effet de premier passage hépatique [53](#page=53).
#### 4.3.2 Absorption rectale
Utilisée pour une action locale ou systémique lorsque la voie orale est impossible (vomissements, obstruction intestinale, inactivation par les sécrétions gastro-intestinales, altération importante au premier passage hépatique). Les veines hémorroïdaires inférieures et moyennes drainent vers la veine cave inférieure, évitant partiellement le premier passage hépatique. C'est une voie adaptée aux enfants et aux principes actifs au goût désagréable [54](#page=54).
* **Formes galéniques:** Suppositoire, solution/émulsion/suspension rectale, préparations semi-solides (crèmes, gels, pommades) [55](#page=55).
* **Avantages:** Convient aux jeunes enfants, évite en partie l'effet de premier passage hépatique, alternative à la voie orale en cas de troubles digestifs [56](#page=56).
* **Inconvénients:** Moins bien acceptée, absorption irrégulière, effet de premier passage hépatique partiel [56](#page=56).
#### 4.3.3 Absorption perlinguale (sublinguale)
Le médicament est placé sous la langue. Le pH y est neutre (6-7.9), la vascularisation est riche et l'épithélium mince, favorisant une absorption rapide. Le sang rejoint directement le cœur sans passer par le foie, donc sans effet de premier passage hépatique. Peu de médicaments sont candidats en raison de la faible surface. Cette voie est utilisée pour les médicaments puissants (nitroglycérine, opioïdes) et est une voie d'urgence pour la crise d'angor [57](#page=57).
* **Avantages:** Pas de destruction digestive, rapidité d'action, pas d'effet de premier passage hépatique [57](#page=57).
* **Inconvénients:** Nécessite la coopération du patient, peu de médicaments candidats, quantité limitée [57](#page=57).
#### 4.3.4 Absorption cutanée
La peau est une barrière dont la perméabilité dépend de plusieurs facteurs :
* **État de la peau:** Altérations pathologiques modifient la pénétration [59](#page=59).
* **Âge:** Perméabilité plus grande chez l'enfant [59](#page=59).
* **Site d'absorption:** Varie selon l'épaisseur de la couche cornée [59](#page=59).
* **Teneur en eau:** Augmentée par un pansement occlusif, favorisant l'absorption [59](#page=59).
L'effet "réservoir" de la couche cornée peut libérer des substances pendant plusieurs jours (ex: hydrocortisone) [58](#page=58).
* **Formes galéniques:** Pommade, crème, dispositif transdermique (patch) [59](#page=59).
#### 4.3.5 Absorption pulmonaire
Les poumons offrent une grande surface, une vascularisation importante et une paroi alvéolaire très mince, favorisant l'absorption rapide des gaz et des molécules liposolubles de faible masse moléculaire (ex: anesthésiques gazeux). Pour les aérosols (ex: ß2 agonistes), le trajet dans l'arbre bronchique et la turbulence de l'air sont des obstacles. La taille des particules doit être ≤ 2 µm pour une bonne absorption dans les voies respiratoires inférieures [60](#page=60) [61](#page=61).
* **Formes galéniques:** Instillations nasales, préparations liquides par nébulisateur, inhalateurs pressurisés à valve doseuse, poudres pour inhalation [62](#page=62).
#### 4.3.6 Absorption parentérale
##### 4.3.6.1 Voies intravasculaires (intraveineuse, intra-artérielle)
Le médicament est introduit directement dans la circulation générale; il n'y a pas de phase d'absorption [63](#page=63).
* **Avantages:** Action immédiate (urgence), dose exacte connue, pas de dégradation digestive, pas d'effet de premier passage hépatique, pas de coopération nécessaire [63](#page=63).
* **Inconvénients:** Dangereuse, coûteuse, nécessite un personnel qualifié, risque d'embolies/thromboses, risque de lésions tissulaires [63](#page=63).
* **Exigences des préparations:** Limpidité, neutralité (pH proche de 7.4), isotonie (pression osmotique identique au plasma, ex: NaCl 0.9%), apyrogénicité, stérilité [64](#page=64).
##### 4.3.6.2 Voies extravasculaires (intramusculaire, sous-cutanée)
* **Intramusculaire (IM):** Injection dans un muscle. L'absorption est rapide car les muscles sont bien vascularisés. Peut être sous forme de solution (absorption rapide) ou de dépôt lipidique (forme retard, libération lente) [66](#page=66).
* **Avantages:** Possibilité de solutions huileuses, formes retard, convient aux patients en convulsions, absorption rapide [66](#page=66).
* **Inconvénients:** Risques d'hématomes, douleur si grand volume, variabilité d'absorption, coûteux [66](#page=66).
* **Sous-cutanée (SC):** Injection dans l'hypoderme. L'absorption est moins rapide que par voie IM car la peau est moins vascularisée [67](#page=67).
* **Avantages:** Administration plus facile à domicile, convient aux médicaments en suspension [67](#page=67).
* **Inconvénients:** Parfois douloureux, douleur si grand volume, coûteux [67](#page=67).
### 4.4 La distribution des médicaments
La distribution correspond à la répartition du médicament dans l'ensemble des tissus et organes à partir du compartiment vasculaire. Le médicament diffuse dans les érythrocytes, se fixe aux protéines plasmatiques, puis quitte le compartiment sanguin pour se répartir dans les tissus. La liposolubilité est essentielle pour le passage des membranes et la distribution [70](#page=70).
#### 4.4.1 La fixation des médicaments aux protéines plasmatiques
Après absorption ou injection, le médicament rencontre des protéines plasmatiques (principalement albumine, α1-glycoprotéine acide, lipoprotéines) avec lesquelles il forme un complexe réversible (P-M). Seule la fraction libre (M) du médicament est active et peut diffuser dans les tissus. L'ampleur de cette liaison s'exprime en pourcentage. La proportion de médicament libre reste constante à l'équilibre, quelle que soit la dose totale [71](#page=71) [72](#page=72).
* Exemples de liaison aux protéines plasmatiques: Paracétamol (20%), Morphine (35%), Erythromycine (84%), Piroxicam (99%), Naproxène (99.7%) [71](#page=71).
### 4.5 L'élimination des médicaments
L'élimination comprend la biotransformation et l'excrétion [75](#page=75).
#### 4.5.1 La biotransformation (métabolisme)
C'est la modification chimique d'un médicament par des systèmes enzymatiques, principalement dans le foie. Elle rend le médicament plus hydrophile, accélérant son excrétion [76](#page=76).
* **Conséquences :**
1. **Médicament actif → Métabolite inactif:** Inactivation du médicament [76](#page=76).
2. **Médicament inactif → Métabolite actif:** Le médicament est une prodrogue (ex: L-DOPA → dopamine) [76](#page=76).
3. **Médicament actif → Métabolite actif:** Potentialisation de l'activité thérapeutique [76](#page=76).
La biotransformation est souvent associée à la détoxification, mais certains métabolites peuvent être plus toxiques que le principe actif initial [76](#page=76).
* **Réactions de biotransformation :**
* **Phase I:** Introduction ou démasquage de groupes fonctionnels (-OH, -NH2, -SH), rendant la molécule plus polaire [77](#page=77).
* **Phase II:** Conjugaison du médicament ou des métabolites de phase I avec des substances endogènes (glucuronide, acétyl, etc.), augmentant leur hydrophilie [77](#page=77).
* **Enzymes:** Principalement dans le foie, le tractus gastro-intestinal, les reins et les poumons. Le système Cytochrome P450 est une famille d'enzymes importante, souvent impliquée dans les interactions médicamenteuses [77](#page=77).
* **Facteurs affectant le métabolisme :**
* **Polymorphisme de la biotransformation:** Différences génétiques dans l'activité enzymatique (métaboliseurs rapides, lents, ultra-rapides) [77](#page=77).
* **Induction enzymatique:** Augmentation de l'activité enzymatique par certains médicaments ou molécules (ex: phénytoïne, rifampicine, cigarette) [78](#page=78).
* **Inhibition enzymatique:** Diminution de l'activité enzymatique (ex: jus de pamplemousse, érythromycine) [78](#page=78).
* **Âge:** Systèmes enzymatiques immatures chez le nouveau-né et diminution de l'activité avec l'âge [79](#page=79).
* **Pathologies:** Maladies hépatiques (hépatites, cirrhose) affectent le métabolisme [79](#page=79).
#### 4.5.2 L'excrétion
L'excrétion est l'élimination du médicament et/ou de ses métabolites de l'organisme.
##### 4.5.2.1 Excrétion rénale
Le rein élimine les médicaments via trois phénomènes :
1. **Filtration glomérulaire:** Passage des principes actifs libres de faible masse moléculaire du plasma vers le filtrat glomérulaire, sous l'effet d'un gradient de pression. Les macromolécules et les principes actifs liés aux protéines ne sont pas filtrés. Le volume de filtration est d'environ 120 ml/min chez un adulte sain [81](#page=81).
2. **Sécrétion tubulaire:** Transport actif de principes actifs inchangés et de métabolites du sang vers la lumière des tubules proximaux. Il existe des systèmes de transport pour les acides faibles et les bases faibles, saturables et sujets à compétition [81](#page=81).
3. **Réabsorption tubulaire :** Réabsorption des principes actifs, principalement par diffusion passive, selon leur liposolubilité et leur degré d'ionisation. La modification du pH urinaire (de 4.5 à 7.5) influence fortement ce processus :
* Les acides faibles sont plus réabsorbés dans une urine acide et moins dans une urine alcaline [82](#page=82).
* Les bases faibles sont plus réabsorbées dans une urine alcaline et moins dans une urine acide [82](#page=82).
La formule de l'excrétion rénale est :
$$ \text{Excrétion rénale} = \text{Filtration glomérulaire} + \text{Sécrétion tubulaire} - \text{Réabsorption tubulaire} $$ [82](#page=82).
* **Facteurs modifiant l'excrétion rénale :**
* **Variation du pH urinaire:** Utilisé pour traiter certaines intoxications (ex: alcalinisation des urines pour éliminer le phénobarbital) [83](#page=83).
* **Âge:** Fonction rénale immature chez le nouveau-né et diminution chez le sujet âgé [83](#page=83).
* **États pathologiques:** Insuffisance cardiaque, insuffisance rénale [83](#page=83).
* **Débit urinaire:** Augmentation du débit urinaire accroît l'excrétion [83](#page=83).
##### 4.5.2.2 Excrétion biliaire
Le principe actif est excrété dans la bile puis éliminé dans les fèces. Certains principes actifs excrétés dans la bile peuvent être réabsorbés dans l'intestin, formant le **cycle entéro-hépatique**, qui prolonge leur durée de séjour dans l'organisme [84](#page=84).
##### 4.5.2.3 Autres voies d'excrétion
Les poumons (substances gazeuses), le système gastro-intestinal (sécrétions), la peau (sueur) et les glandes mammaires contribuent également à l'excrétion, principalement par diffusion passive [84](#page=84).
#### 4.5.3 Paramètres quantifiant l'élimination
* **Clairance:** Capacité d'épuration d'un organe ou de l'organisme pour une substance donnée (volume de sang/plasma totalement débarrassé par unité de temps). Exemples: clairance rénale, clairance hépatique [85](#page=85).
* **Temps de demi-vie (T½):** Temps nécessaire pour que la concentration plasmatique d'un principe actif diminue de moitié. Il faut environ 7 T½ pour qu'un médicament soit complètement éliminé [85](#page=85).
### 4.6 Facteurs modifiant la pharmacocinétique des médicaments
De nombreux facteurs physiologiques, pathologiques et pharmacologiques peuvent altérer l'absorption, la distribution et l'élimination des médicaments, entraînant des variations de leur concentration et de leur effet [90](#page=90).
#### 4.6.1 Facteurs influençant l'absorption
* **pH gastro-intestinal:** Variations physiologiques ou pathologiques du pH gastrique affectent la résorption des médicaments, notamment la dissolution des enrobages entériques [90](#page=90).
* **Débit sanguin:** Une réduction du débit sanguin peut diminuer la résorption en réduisant le gradient de concentration [90](#page=90).
* **Vitesse de vidange gastrique et motilité intestinale:** Influencées par l'âge, la prise de nourriture, certains médicaments, la position couchée, et la défaillance cardiaque [91](#page=91).
* **Interactions avec aliments et médicaments:** Formation de complexes non résorbables (tétracyclines), compétition pour les transporteurs actifs, adsorption par le charbon [92](#page=92).
* **Affections du tractus gastro-intestinal:** Atrophie des villosités, stéatorrhée, diarrhée affectent la résorption [93](#page=93).
* **Effet de premier passage hépatique:** Peut réduire significativement la biodisponibilité orale [93](#page=93).
#### 4.6.2 Facteurs influençant la distribution
* **Âge:** Chez le nouveau-né, la fixation aux protéines plasmatiques est réduite (faible concentration d'albumine, pH sanguin plus bas) .
* **Variations pathologiques :**
* **Affections hépatiques:** Réduction de la liaison protéique due à l'hypoalbuminémie et à la compétition avec la bilirubine .
* **Insuffisance rénale:** Accumulation de substances endogènes déplaçant les médicaments des sites de liaison protéique .
* **Interactions médicamenteuses:** Compétition entre médicaments pour les mêmes sites de liaison protéique, augmentant la fraction libre d'un médicament .
#### 4.6.3 Facteurs influençant l'élimination
* **Âge:** Fonction rénale et activité enzymatique réduites chez le nouveau-né et le sujet âgé. La demi-vie d'élimination est souvent prolongée chez le sujet âgé .
* **Influences génétiques:** Polymorphismes génétiques des enzymes métaboliques (métaboliseurs lents, rapides, ultra-rapides) affectent l'efficacité des médicaments ou leur toxicité. L'exemple de la codéine transformée en morphine par le CYP2D6 illustre l'importance de ces variations .
* **Variations pathologiques :**
* **Pathologies hépatiques:** Altération de la clairance hépatique .
* **Insuffisance rénale:** Prolongation du temps de demi-vie des médicaments, nécessitant une adaptation posologique. (Ex: Gentamicine, T½ normale 2.5h, Insuffisance rénale jusqu'à 24h) .
* **Insuffisance cardiaque:** Réduction de la perfusion des organes d'élimination (foie, reins), prolongeant la demi-vie .
#### 4.6.4 Interactions médicamenteuses
De nombreux médicaments peuvent modifier le métabolisme ou l'élimination d'autres médicaments en agissant sur les enzymes (induction/inhibition) ou en modifiant le pH .
#### 4.6.5 Conclusion
L'adaptation de la posologie est cruciale en tenant compte des facteurs physiologiques, pathologiques et pharmacologiques propres à chaque patient pour éviter l'inefficacité ou la toxicité des médicaments .
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Terme | Définition |
|---|---|
| Pharmacologie | Science qui étudie la drogue et le médicament, leurs origines, leurs propriétés, leurs actions et leurs effets sur les organismes vivants. Elle comprend notamment la galénique, la toxicologie, la pharmacodynamie et la pharmacocinétique. |
| Médicament | Toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines ou animales. Il peut également être destiné à établir un diagnostic médical ou à restaurer, corriger ou modifier des fonctions organiques. |
| Galénique | Art de préparer les médicaments en vue de leur administration au malade, en leur donnant une forme appropriée et une stabilité adéquate. Elle étudie les formes médicamenteuses et les excipients nécessaires. |
| Toxicologie | Discipline scientifique qui étudie les effets nocifs des substances chimiques (drogues, poisons, polluants) sur les organismes vivants, y compris les mécanismes d'action, les symptômes, le diagnostic et le traitement des intoxications. |
| Pharmacodynamie | Branche de la pharmacologie qui étudie les mécanismes d'action des médicaments sur l'organisme, c'est-à-dire comment ils agissent pour produire leurs effets thérapeutiques ou toxiques. Elle examine les interactions avec les récepteurs, les enzymes, etc. |
| Pharmacocinétique | Discipline qui étudie le devenir d'un médicament dans l'organisme, c'est-à-dire les processus d'absorption, de distribution, de métabolisation (biotransformation) et d'excrétion (ADME). Elle permet de déterminer les posologies et les schémas d'administration. |
| Principe Actif | Matière brute d'origine naturelle, synthétique ou obtenue par génie génétique, destinée à être utilisée pour la préparation des médicaments et ayant une action pharmacologique spécifique. |
| Excipient | Tout composant d'un médicament, autre que le principe actif, sans action pharmacologique, utilisé pour faciliter son administration, améliorer son efficacité, assurer sa stabilité ou lui donner une forme pharmaceutique. |
| Étapes pré-cliniques | Ensemble des études réalisées en laboratoire (in vitro et in vivo sur animaux) avant l'administration d'un nouveau médicament à l'homme. Elles visent à évaluer la sécurité (toxicologie) et l'efficacité (pharmacologie) du produit. |
| Étapes cliniques | Essais réalisés sur l'homme, divisés en phases (I, II, III, IV), pour évaluer la tolérance, la pharmacocinétique, l'efficacité thérapeutique, la posologie et la sécurité du médicament dans des conditions réelles d'utilisation. |
| Index Thérapeutique (IT) | Rapport entre la dose létale 50 (DL50) et la dose efficace 50 (DE50) d'un médicament, calculé chez l'animal. Il représente l'indice de sécurité d'un médicament, une marge plus large indiquant une plus grande sécurité. Sa formule est $IT = DL50 / DE50$. |
| Effet de Premier Passage Hépatique | Processus par lequel un médicament administré par voie orale est métabolisé par le foie avant d'atteindre la circulation générale. Cela peut réduire significativement la quantité de principe actif disponible et donc son effet thérapeutique. |
| Biodisponibilité | Paramètre pharmacocinétique qui quantifie la quantité de principe actif d'un médicament qui atteint la circulation générale et la vitesse à laquelle il y parvient après administration par une voie autre qu'intraveineuse. Elle est exprimée en pourcentage. |
| Bioéquivalence | Condition dans laquelle deux médicaments, généralement un médicament de référence et un médicament générique, ont une biodisponibilité comparable, ce qui implique des effets thérapeutiques et des profils de sécurité similaires. |
| Récepteur Pharmacologique | Macromolécule, généralement de nature protéique, avec laquelle le médicament ou un médiateur endogène interagit pour provoquer une action biologique ou un effet pharmacologique. |
| Agoniste | Molécule qui, par sa liaison à des récepteurs spécifiques, déclenche une action biologique ou un effet pharmacologique. Il mime l'action d'un neurotransmetteur ou d'une hormone endogène. |
| Antagoniste | Molécule qui se lie aux récepteurs mais est incapable de déclencher une action biologique. Son action consiste à bloquer l'accès ou la fixation d'un agoniste, empêchant ainsi l'effet. |
| Biotransformation | Transformation chimique d'un médicament en d'autres substances (métabolites) par des systèmes enzymatiques de l'organisme, principalement dans le foie. Ce processus rend généralement le médicament plus hydrosoluble et facilite son excrétion. |
| Excrétion | Élimination d'un médicament et/ou de ses métabolites hors de l'organisme, principalement par voie rénale (urine) et biliaire (fèces), mais aussi par d'autres voies comme la sueur ou l'air expiré. |
| Clairance | Capacité d'épuration d'un organe (par exemple, rein ou foie) ou de l'organisme entier vis-à-vis d'une substance donnée, exprimée comme le volume de sang ou de plasma totalement débarrassé de cette substance par unité de temps. |
| Temps de Demi-Vie ($T_{1/2}$) | Temps nécessaire pour que la concentration plasmatique d'un médicament diminue de moitié. Il est un indicateur clé de la durée d'action et de la fréquence d'administration d'un médicament. |
| Interactions médicamenteuses | Modifications de l'effet d'un médicament dues à la co-administration d'un autre médicament, d'un aliment, ou à une condition physiopathologique. Ces interactions peuvent affecter l'absorption, la distribution, le métabolisme ou l'excrétion. |
| Induction enzymatique | Phénomène par lequel certains médicaments ou substances augmentent l'activité ou la synthèse des enzymes hépatiques responsables du métabolisme des médicaments, accélérant ainsi leur biotransformation. |
| Inhibition enzymatique | Phénomène par lequel certains médicaments ou substances diminuent l'activité des enzymes hépatiques, ralentissant la biotransformation des médicaments et pouvant entraîner une augmentation de leur concentration plasmatique. |
| Filtration glomérulaire | Processus par lequel le sang est filtré au niveau des glomérules rénaux, permettant le passage des petites molécules du plasma vers le tubule rénal pour former le filtrat glomérulaire, excluant les protéines et les cellules sanguines. |
| Sécrétion tubulaire | Mécanisme actif par lequel certains médicaments et métabolites sont transportés du sang vers la lumière des tubules rénaux, contribuant à leur élimination. |
| Réabsorption tubulaire | Processus par lequel des substances utiles (électrolytes, glucose, médicaments) sont retransportées du filtrat tubulaire vers le sang au niveau des tubules rénaux, principalement par diffusion passive. |