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Summary
# Composantes et fonctions du langage
Le langage est un système complexe composé de plusieurs parties interconnectées qui travaillent ensemble pour permettre la compréhension et la production de la parole, de la phrase et du discours. Ces composantes, lorsqu'elles dysfonctionnent, peuvent entraîner des troubles du langage. Le langage remplit également diverses fonctions essentielles à la communication humaine [1](#page=1) [4](#page=4).
### 1.1 Composantes du langage
Le langage comprend plusieurs composantes fondamentales qui contribuent à sa structure et à son sens [1](#page=1).
#### 1.1.1 Phonologie
La phonologie concerne les sons du langage. Elle traite de la manière dont les sons sont produits, perçus et organisés pour former des mots. Les troubles phonologiques peuvent affecter la capacité à produire les sons corrects de la parole, même si la structure de la phrase est intacte [1](#page=1) [3](#page=3).
#### 1.1.2 Syntaxe
La syntaxe réfère aux règles qui régissent l'ordre et la combinaison des mots dans une phrase. Elle assure le lien entre les différents mots pour construire une structure grammaticalement correcte [1](#page=1).
#### 1.1.3 Sémantique
La sémantique est l'étude du sens des mots et des phrases. Elle établit la correspondance entre le signal sonore reçu, l'interprétation cérébrale et la signification d'un mot [1](#page=1) [4](#page=4).
#### 1.1.4 Morphologie
La morphologie, qui joue un rôle dans le sens de la phrase est l'étude de la structure des mots. Elle distingue deux unités principales [1](#page=1) [2](#page=2):
* **Morphème:** Unité minimale de sens qui peut changer la signification de la phrase. Les morphèmes seuls n'ont pas de sens complet et agissent en interaction avec d'autres éléments. Ils incluent les marques de flexion (ex: \_mangeait) et de dérivation (ex: \_maisonnette), ainsi que les déterminants (ex: \_le) et les prépositions (ex: \_sous) qui précisent ou modifient le sens [2](#page=2) [3](#page=3).
* **Lexème:** La racine inchangée d'un mot, qui en soi a un sens (ex: \_chat, \_maison) [2](#page=2).
La grammaire est en partie constituée de l'étude de ces morphèmes et lexèmes [2](#page=2).
#### 1.1.5 Pragmatique
La pragmatique concerne l'usage du langage dans son contexte social et situationnel. Elle étudie la manière dont le langage est utilisé pour interagir avec autrui et adapter la communication aux circonstances [1](#page=1).
#### 1.1.6 Le discours
Le discours représente le niveau le plus élevé de la chaîne linguistique, allant du son au mot, puis du mot à la phrase, et enfin des phrases au discours. Il s'agit d'une chaîne anaphorique où les éléments sont repris et substitués par des pronoms ou d'autres groupes nominaux. La compréhension du discours nécessite des compétences socles et la capacité à relier différents éléments pour construire le sens [3](#page=3) [4](#page=4).
> **Tip:** Il est crucial de comprendre que toutes ces composantes agissent de concert. Un dysfonctionnement dans l'une d'elles peut impacter l'ensemble du système linguistique [1](#page=1).
### 1.2 Fonctions du langage selon Halliday
Le langage remplit plusieurs fonctions essentielles qui évoluent avec le développement de l'enfant. Ces fonctions permettent d'expliquer à quoi sert le langage dans diverses situations de communication. Selon Halliday ces fonctions se développent en plusieurs étapes [4](#page=4):
* **Fonction instrumentale (vers 12 mois):** Sert à obtenir ce que l'on veut ("je veux ça"). La compréhension que la parole peut satisfaire ses désirs encourage l'enfant à l'utiliser [4](#page=4).
* **Fonction personnelle:** Permet d'exprimer ses goûts, ses dégoûts et ses sentiments personnels ("j'aime pas") [4](#page=4).
* **Fonction régulatrice:** Utilisée pour contrôler le comportement d'autrui, donner des ordres ou des conseils ("fais ça") [4](#page=4).
* **Fonction interpersonnelle:** Vise à établir une relation avec autrui et à communiquer, similaire à la fonction phatique ("bonjour") [4](#page=4).
* **Fonction informative (vers 2 ans):** Sert à échanger des informations entre interlocuteurs ("c'est le chat", "papa est pas là") [4](#page=4).
* **Fonction heuristique (vers 3 ans):** Permet d'acquérir des connaissances sur le monde ("dis", "pourquoi") [4](#page=4).
* **Fonction imaginative (après 3 ans et 6 mois):** Utilisée pour créer un environnement propre, comme raconter une histoire [4](#page=4).
> **Tip:** Un enfant présentant un trouble du langage peut être handicapé dans l'exercice de ces différentes fonctions. Par exemple, un enfant de 2 ans qui ne parle pas peut ne pas ressentir le besoin de le faire si ses besoins sont satisfaits par des gestes et des mimiques, ne comprenant pas l'utilité de la parole [4](#page=4).
La complexité de ces fonctions augmente avec le temps, passant du plus simple au plus complexe, du plus essentiel au moins essentiel, et d'un centrage sur soi vers une ouverture aux autres (marqué par l'apparition du pronom "je"). La maîtrise des compétences linguistiques les plus complexes repose sur l'acquisition et l'automatisation des structures les plus simples [5](#page=5).
> **Example:** Un enfant qui demande de l'eau par un geste (fonction instrumentale) évolue vers une demande verbale ("je veux de l'eau"), puis vers une description plus complexe ("il fait chaud, je voudrais un peu d'eau s'il vous plaît", combinant les fonctions informative et interpersonnelle).
* * *
# Développement morphosyntaxique chez l'enfant
Le développement morphosyntaxique chez l'enfant est l'acquisition progressive des règles qui régissent la structure des phrases et la formation des mots dans une langue [10](#page=10).
### 2.1 Théories de l'acquisition de la grammaire
Il existe deux grandes perspectives théoriques sur l'acquisition de la grammaire par l'enfant :
* **Formalistes:** Ces théories postulent que l'enfant dispose d'un bagage inné spécifique à la grammaire, une sorte de grammaire universelle innée dotée de principes abstraits et de paramètres guidant l'apprentissage, comparable à un bioprogramme. Pinker est un représentant de cette approche [10](#page=10) .
* **Fonctionnalistes/Interactionnistes:** Cette perspective suggère que l'enfant découvre les régularités linguistiques de manière autonome, grâce à son environnement et au contexte. Les mécanismes clés sont la sensibilité aux régularités et l'analogie [10](#page=10).
D'autres théories se situent dans un continuum entre ces deux extrêmes [10](#page=10).
### 2.2 La compétence langagière selon Bloom et Lahey
L'approche de Bloom et Lahey centre la compétence langagière sur les comportements de communication et la considère comme l'intersection de trois composantes :
* **La Forme:** Il s'agit de la manière de dire, impliquant les sons, l'articulation, les syllabes, les mots (lexique) et les phrases (syntaxe). Les moyens non verbaux comme les postures, les gestes, les mimiques et la prosodie sont également inclus [10](#page=10).
* **Le Contenu:** Cela concerne ce qui est dit, c'est-à-dire l'expression des sentiments, des désirs, des besoins, et des idées sur les objets, personnes, événements et leurs relations [11](#page=11).
* **L'Utilisation:** C'est la raison pour laquelle on parle, c'est-à-dire la fonction communicative du langage, l'adaptation à la situation et à l'interlocuteur, et la régulation des échanges [11](#page=11).
Dans ce modèle, la compétence morphosyntaxique est au cœur, permettant de coder linguistiquement une relation sémantique pour des besoins de communication [11](#page=11).
### 2.3 La théorie Usage et Construction (TUC)
La théorie Usage et Construction (TUC) propose une synthèse entre les grammaires de constructions et les modèles basés sur l'usage, affirmant que la construction du langage est rendue possible par son utilisation. Les postulats de cette approche, développés par Langacker en 1987, sont les suivants [12](#page=12):
* **Le langage n'est pas une faculté cognitive autonome:** Il utilise des propriétés et habiletés fonctionnelles non spécifiques au langage ainsi que des processus cognitifs généraux [12](#page=12).
* **La grammaire est une conceptualisation:** La grammaire n'est pas innée; les schémas et catégories linguistiques s'élaborent progressivement, tant en réception qu'en production [12](#page=12).
* **La connaissance du langage se développe via son utilisation:** L'apprentissage social et le bain langagier sont cruciaux, la fréquence des inputs et des productions étant un facteur déterminant [12](#page=12).
Selon cette théorie, la grammaire est une conceptualisation qui émerge de l'extraction de sens et de la mise en lien d'informations dans différents contextes. Ce processus, allant du plus simple au plus complexe, permet à l'enfant de percevoir des ressemblances et de construire des schémas et structures grammaticales [12](#page=12).
#### 2.3.1 La construction en linguistique
En TUC, une construction est une association forme-sens avec un degré de généricité plus ou moins élevé. Elles varient en complexité [13](#page=13):
* **Construction lexicalisée figée:** Ex: « Au revoir ». Forme unique couplée à une fonction unique [13](#page=13).
* **Nom avec modification légère possible:** Ex: diminutifs (« fillette »), ajout d'articles (« la fille », « une fille »), indication du nombre (« des filles »). Ces modifications sont limitées et précises dans leur sens [13](#page=13).
* **Adjectif dépendant de chaque nom:** Permet une plus grande variété de modifications et de sens [14](#page=14).
* **Notion de propriété:** Caractérisée par des adjectifs possessifs (« ma voiture »), pronoms possessifs (« la mienne »), compléments du nom (« la voiture de papa »), ou propositions relatives (« la voiture que j’ai achetée ») [14](#page=14).
L'enfant comprend ces mécanismes par l'usage, l'exposition fréquente à des structures grammaticales répétées permettant l'abstraction de leur fonctionnement. Les constructions s'imbriquent les unes dans les autres, des constructions figées pouvant être intégrées dans des groupes nominaux, puis dans des structures plus larges comme des groupes nominaux relatifs. Le passage du lexique à la syntaxe est un continuum progressif, menant à des schémas et catégories linguistiques abstraites chez l'adulte [14](#page=14).
#### 2.3.2 Mécanismes d'apprentissage de la grammaire
La compréhension des intentions communicatives de l'interlocuteur est essentielle pour déterminer le rôle fonctionnel des éléments linguistiques. La répétition d'éléments linguistiques invariants dans les énoncés conduit à l'abstraction de schémas linguistiques (ex: « où est » pour la localisation). La comparaison d'énoncés permet de découvrir des patterns syntaxiques, par analogie sur la base des relations fonctionnelles entre les composants. Par exemple, l'enfant peut percevoir des similarités phonologiques entre « je mangerai » et « je marcherai » pour généraliser à « je danserai », ou comprendre l'ordre des mots dans « je mange une poire » pour former des structures comme « X mange Y » [15](#page=15).
### 2.4 Importance de la grammaire
L'acquisition de la grammaire est primordiale car elle permet la production et la compréhension d'énoncés peu prédictibles et à redondance minimale, là où la sémantique seule serait insuffisante. La grammaire se compose de deux dispositifs universels [16](#page=16):
* **Dispositif suprasegmental:** Concerne l'intonation (mélodie, accents, tons) et le rythme (pauses). Ex: « on va manger, les enfants! » vs « on va manger les enfants » [16](#page=16).
* **Dispositif formel:** Concerne la morphologie et l'ordre séquentiel. La syntaxe gère l'ordre des mots, leurs rôles étant définis par leur proximité au verbe, en se basant sur les fonctions sémantiques (ex: SVO) [16](#page=16).
#### 2.4.1 Composantes de la morphosyntaxe
La morphosyntaxe englobe :
* **Lexicale:** La racine des mots [17](#page=17).
* **Flexionnelle:** Les terminaisons [17](#page=17).
* **Contextuelle:** Marqueurs syntaxiques obligatoires avec un emplacement déterminé [17](#page=17).
* **Positionnelle:** Organisation des mots ou groupes de mots [17](#page=17).
Une faible utilisation de la grammaire entraîne des limitations de communication, rendant l'enfant plus dépendant du contexte [17](#page=17).
### 2.5 Prédicteurs précoces et troubles grammaticaux
Certains prédicteurs précoces peuvent indiquer un risque de troubles langagiers :
* **Moins de 3 ans:** Absence de combinaison de mots à 24 mois, absence de production de mots à 15 mois, atteinte apparente de la compréhension, absence de communication gestuelle, antécédents familiaux de troubles du langage [17](#page=17).
* **Entre 3 et 4 ans:** Le nombre de domaines langagiers impactés est un indicateur de risque de persistance à l'âge scolaire. La répétition de phrases est un marqueur pronostique fiable. Les troubles limités à l'aspect phonologique en expression en maternelle ont un pronostic plutôt positif [18](#page=18).
* **5 ans et plus:** Les difficultés persistantes à cet âge risquent de perdurer. Les difficultés de langage oral en début de primaire augmentent le risque de troubles des apprentissages et réduisent les chances de rattrapage. Le pronostic est négatif si la compréhension orale est touchée et les habiletés verbales faibles [18](#page=18).
#### 2.5.1 Troubles développementaux du langage (TDL) et troubles grammaticaux
Dans les TDL, les troubles grammaticaux se manifestent par un problème d'accès aux classes syntaxiques, à l'ordre des mots, aux mots outils, aux morphèmes et à la prosodie, en production comme en compréhension. Ces pathologies sont caractérisées par la persistance de combinaisons archaïques, un style télégraphique et des erreurs grammaticales. Les troubles de la compréhension peuvent s'expliquer par une difficulté à traiter les énoncés dont la compréhension dépend de l'information grammaticale. Ces difficultés grammaticales restreignent les capacités sémantiques de l'enfant et diminuent l'informativité [18](#page=18).
Il existe un débat sur la nature des troubles grammaticaux: certains les considèrent comme un déficit spécifique à la grammaire, d'autres comme une conséquence de troubles des mécanismes généraux (mémoire, traitement), et d'autres encore comme une incidence des troubles phonologiques. Les stratégies d'intervention sont généralement multimodales [21](#page=21).
### 2.6 Relation entre grammaire et sémantique
La grammaire implique des relations hiérarchiques entre les éléments d'un énoncé (ex: voix passive/active), des relations entre syntagmes, l'utilisation de flexions verbales et l'ordre des mots. La grammaire peut « s'imposer » à la sémantique, bien que sa finalité reste la transmission de sens. Il peut y avoir redondance entre l'information sémantique, grammaticale et la connaissance du monde. Moins un énoncé est redondant et prédictible, plus la grammaire est nécessaire à sa compréhension [19](#page=19).
Il existe un équilibre entre grammaire et sémantique, mais la sémantique constitue la base du langage, la syntaxe n'étant qu'un instrument au service de la fin communicative [19](#page=19).
### 2.7 Rôle des interactions verbales
Les interactions verbales adulte-enfant sont cruciales pour le développement morphosyntaxique :
* **Avant 3 ans :** Les adultes emploient des stratégies d'ajustement intuitives telles que :
* **Reformulations grammaticales avec expansions:** Ajout d'informations tout en maintenant le contenu du message dans un énoncé grammaticalement correct [20](#page=20).
* **Reformulations sémantiques avec extensions:** Reprise de la signification supposée de l'énoncé de l'enfant avec ajout d'éléments nouveaux et de précisions [20](#page=20). L'activité d'imitation de l'enfant, suite aux reformulations de l'adulte, favorise l'élargissement et l'affinement de son répertoire langagier [20](#page=20).
* **Après 3 ans:** Le rôle de l'adulte devient un étayage, s'adaptant à la Zone Proximale de Développement (ZPD) de l'enfant. Cela permet l'appropriation progressive des constructions syntaxiques de la langue par un va-et-vient entre adulte et enfant. La synergie entre les essais de l'enfant et les reformulations de l'adulte est un facteur clé [20](#page=20).
### 2.8 Stades du développement morphosyntaxique
#### 2.8.1 Développement en réception/compréhension
* **1ère année :**
* **6 semaines à 3 mois:** Conscience de la présence des autres, intérêt pour eux (sourire, vocalisation) [21](#page=21).
* **3 à 8 mois:** Recherche d'attention, intérêt pour les routines sociales, intérêt pour les objets [22](#page=22).
* **4/5 mois:** Premières représentations, découpage du monde en catégories d'objets et d'actions [22](#page=22).
* **8 mois:** Détection des frontières de propositions par des indices prosodiques [22](#page=22).
* **11 à 13 mois:** Compréhension contextuelle, attention conjointe, reconnaissance de formes sonores globales, prise en compte d'indices non verbaux, reconnaissance de formats d'événements [22](#page=22).
* **12 à 24 mois :**
* **12 à 18 mois:** Compréhension contextuelle symbolique (lien nom-objet), compréhension de mots nommant personnes/objets connus. Environ une centaine de mots compris à 18 mois [22](#page=22) [23](#page=23).
* **12 à 24 mois:** Compréhension sémantique, identification d'un mot dans un énoncé, mise en relation avec le contexte perceptif et les connaissances du monde [23](#page=23).
* **3ème année:** Exécution de consignes simples, désignation d'objets/images sur demande, compréhension de questions simples (« où est…? ») [23](#page=23).
* **Compréhension sémantico-syntaxique:** Prise en compte d'une proposition (S+V+C), du contexte, des actes de langage, des connaissances du monde et des règles de la langue. Utilisation de stratégies d'ordre absolu et positionnelles [23](#page=23).
* **4 à 6 ans :**
* **Après 5 ans:** Compréhension morphosyntaxique basée sur les indices morphosyntaxiques, la connaissance du monde, la situation d'énonciation et les actes de langage. Stratégies morphosyntaxiques et stratégies basées sur les opérations constitutives du noyau (rôles d'actant, d'action, d'objet) [24](#page=24).
* **6/7 ans :**
* **À partir de 7 ans:** Compréhension narrative et métadiscursive, grâce aux capacités de décentration et de réflexion sur le langage. Stratégies narratives (indices temporels/logiques) et métadiscursives (décentration) [24](#page=24).
* **9 - 11 ans :**
* **Vers 11 ans:** Compréhension des phrases complexes, acquisition de la valeur double des pronoms relatifs (connecteur et pronom anaphorique) [24](#page=24).
> **Attention:** Le développement est un continuum, avec des chevauchements entre les stades et une progression non linéaire [25](#page=25).
#### 2.8.2 Développement en production
* **1ère année :**
* **9 à 18 mois:** Productions pré-syntaxiques (mots isolés, onomatopées, interjections, expressions-blocs, négation seule) [25](#page=25).
* **2ème année :**
* **12 à 15/18 mois:** Holophrases (un seul mot pour exprimer une idée complexe: « balle » pour « c'est une balle », « la balle est là », etc.) [25](#page=25).
* **15 à 18/20 mois:** Combinaisons geste + mot (syntaxe mixte) [26](#page=26).
* **18 à 24 mois:** Production d'énoncés à 2 mots avec une courbe intonative, ou suite de mots isolés séparés par une longue pause. Juxtaposition de 2 mots pour exprimer diverses fonctions (constatation, affectif, action, négation, désir, possession, politesse, question). L'enfant procède par économie de moyens [26](#page=26) [27](#page=27).
* **3ème année :**
* **24 à 30 mois:** Construction d'énoncés selon la grammaire pivot (apparition du pronom « moi », emploi de la copule « est », de prépositions comme « à », « de », « pour », utilisation de la négation « pas », formulation de questions par intonation). Développement de la métasyntaxe (jugement d'ordre de l'énonciation, analyse du langage par rapport à son sens) [27](#page=27).
* **30 à 36 mois:** Respect de l'ordre des mots. Développement de la morphologie nominale (déterminants accordés, pronoms personnels « moi je », adverbes de lieu). Développement des flexions verbales (formes simples pour actions en cours/non en cours, formes composées pour contraste passé/futur). Généralisation contextuelle et stratégies positionnelles [27](#page=27) [28](#page=28).
* **4ème année :**
* **Phrases à 3 éléments (Sujet + Verbe + Complément):** Maîtrise des accords nom/adjectif/déterminant, utilisation de pronoms personnels et possessifs, expansions avec ou sans mots grammaticaux, emploi de prépositions, utilisation de l'infinitif/flexions pour passé et futur proche, négation intégrée, fausses relatives, questions sans inversion [28](#page=28).
* **Sur-généralisations syntaxiques:** Erreurs reflétant le système linguistique de l'enfant (ex: « il a prendu mon sac ») [29](#page=29).
* **Métasyntaxe:** Autocorrection et reformulations [29](#page=29).
### 2.9 Outils d'évaluation
Le LARSP (Language, Assessment, Remediation and Screening Procedure) est un outil développé par Crystal et al. pour évaluer les productions grammaticales de l'enfant et planifier un traitement des troubles grammaticaux [29](#page=29).
1. Énoncé à 1 élément (1/ 2 ans): Noms, verbes à l'état isolé, formules toutes faites, contexte nécessaire pour comprendre
2. Énoncé à 2 éléments (2/ 2,5 ans): Evolution des syntagmes, énoncés type SVO même seuls 2 éléments sont présents, questions à deux éléments, ordres
3. Énoncés à 3 éléments (2,5/3 ans): Syntagmes à 3 éléments, structures SVO ou VOCplt, mise en commun de 2 structures: syntagme + SVO, apparitions des flexions verbales, nominales et adjectivales
4. Énoncés à 4 éléments ou plus ( 3/ 3,5 ans): syntagmes + structures SVO, meilleur maîtrise des flexions
5. Énoncés à plusieurs éléments (3,5/ 4 ans):plusieurs propositions: d’abord coordination, puis subordination, complément, comparaison, relatives
6. Stade du complément du système (4/ 5 ans): essentiel de la grammaire acquis, développement du système pronominal, verbes modaux, quantificateurs…, persistance de quelques erreurs sur les pronoms, déterminants, pluriels irréguliers, temps, formes irrégulières
7. Structuration du discours (5ans/ adolescence): utilisation de connecteurs, de structures complexes, maîtrise de l’intonation
L’enfant a besoin de maîtriser tous les mécanismes dans le but de pouvoir en acquérir toujours plus.
### 2.10 Fonctions sémantiques
Les fonctions sémantiques représentent les types de sens que les syntagmes peuvent véhiculer, rendant compte du monde. Elles existent en production et en réception, et sont organisées en fonction des rapports morphosyntaxiques entre les termes lexicaux, s'articulant autour d'un élément central. Elles peuvent schématiser une infinité de contenus [32](#page=32) [33](#page=33).
Les fonctions sémantiques incluent :
* **L'agent:** Qui fait l'action [33](#page=33).
* **Le patient:** Qui subit l'action [33](#page=33).
* **Le locatif:** Circonstance spatiale d'une action [33](#page=33).
* **Le datif/bénéficiaire:** Pour qui l'action est accomplie [33](#page=33).
* **La fonction instrumentale:** Comment l'action est réalisée [33](#page=33).
* **La fonction temporelle:** Circonstance temporelle d'une action [33](#page=33).
* **L'associatif:** Personnes avec qui l'action se déroule [33](#page=33).
Les patients avec des TDL peuvent avoir des difficultés avec ces fonctions sémantiques [33](#page=33).
### 2.11 Repères développementaux
Il est crucial de prêter attention à la chronologie du développement plutôt qu'à l'âge, en raison des différences interindividuelles. Les repères développementaux, tant en production qu'en compréhension, sont des guides pour la rééducation. La compréhension est généralement en avance sur la production, mais l'enfant peut parfois produire des structures qu'il ne traite pas encore correctement. Le contexte linguistique et extralinguistique joue un rôle significatif dans la compréhension [34](#page=34).
Les mesures comme la longueur moyenne des énoncés (LME) ou la longueur moyenne de productions verbales (LMPV) peuvent être utilisées pour suivre le développement, bien que la LME perde de son indicateur après 4 ans. L'allongement syntagmatique, c'est-à-dire l'allongement des groupes de mots, est un objectif de rééducation [35](#page=35) [36](#page=36).
* * *
# La grammaire et la morphosyntaxe
La grammaire et la morphosyntaxe sont essentielles à la construction du sens et permettent d'aller au-delà de la somme des mots pour créer une compréhension complète des énoncés [6](#page=6) [9](#page=9).
### 3.1 Définition et portée de la grammaire et de la morphosyntaxe
La grammaire est considérée par certains linguistes comme une théorie générale du langage. Pour Parisse la morphosyntaxe en français se manifeste de manière lexicale, flexionnelle, contextuelle (formes obligatoires comme les clitiques et les mots grammaticaux) et positionnelle (formes optionnelles concernant l'ordre des groupes de mots). L'acquisition de la grammaire est primordiale dans le développement du langage, permettant de produire et de comprendre des énoncés peu prédictibles et à redondance minimale, là où la sémantique seule ne suffit pas hors contexte [16](#page=16) [6](#page=6) [7](#page=7).
La morphosyntaxe combine la morphologie (analyse de la structure des mots) et la syntaxe (ordre et relations entre les mots). Le langage, complexe, est maîtrisé par l'acquisition et l'automatisation de structures simples vers des structures plus complexes [5](#page=5) [8](#page=8) [9](#page=9).
> **Tip:** La grammaire permet à la somme de deux mots d'aller au-delà de leur sens individuel, en modifiant la phrase grâce à l'ajout de morphèmes [6](#page=6).
### 3.2 Morphèmes et lexèmes : les briques du langage
#### 3.2.1 Lexèmes
Les lexèmes sont les unités signifiantes qui renvoient à un concept en soi, qu'il soit concret ou abstrait. Ils constituent la racine lexicale des mots [17](#page=17) [6](#page=6).
#### 3.2.2 Morphèmes
Les morphèmes sont des éléments qui précisent ou modifient le sens des lexèmes. Ils sont bifaces, possédant une forme signifiante et un contenu signifié [6](#page=6) [8](#page=8).
* **Morphèmes dérivationnels:** Ils n'ont pas de sens propre et ne peuvent exister seuls. Ils peuvent changer complètement le sens d'un mot (ex: chausson, chaussure, chaussée) [6](#page=6) [8](#page=8).
* **Morphèmes grammaticaux:** Ils n'ont pas de sens isolément et n'en acquièrent que lorsqu'ils sont associés à d'autres éléments dans la phrase (ex: déterminants comme 'une', 'des'). Ils marquent le genre, le nombre, le temps, la personne, etc. [31](#page=31) [6](#page=6) [8](#page=8).
> **Tip:** La distinction entre morphèmes dérivationnels et flexionnels est importante: les premiers changent le sens du mot, tandis que les seconds adaptent le mot au contexte sans altérer son sens fondamental (ex: il chante, il chantait) [8](#page=8).
### 3.3 La syntaxe : l'ordre et la relation des mots
La syntaxe concerne la manière dont les mots sont organisés et reliés pour coder une relation sémantique entre les éléments d'un énoncé. L'ordre des mots est crucial pour le sens [6](#page=6) [7](#page=7).
#### 3.3.1 Les dispositifs de structuration syntaxique
Pour former des énoncés grammaticaux, plusieurs dispositifs sont nécessaires [9](#page=9):
* **La classe syntaxique des mots:** Catégorisation des mots (nom, verbe, adjectif, etc.) [9](#page=9).
* **L'ordre des mots:** La séquence des mots dans la phrase (ex: SVO - Sujet-Verbe-Objet). Les rôles sont souvent définis par la proximité avec le verbe [16](#page=16) [9](#page=9).
* **Les mots outils et mots fonctionnels:** Mots grammaticaux qui structurent la phrase (conjonctions, prépositions, déterminants, pronoms). Ces éléments ont une place déterminée et forment des syntagmes [7](#page=7) [9](#page=9).
* **Les morphèmes flexionnels:** Marquent les accords et les variations verbales. L'absence de perception de ces morphèmes (ex: le '-s' au pluriel) peut indiquer un trouble syntaxique [8](#page=8) [9](#page=9).
* **La prosodie (à l'oral):** L'intonation, l'accentuation et le rythme peuvent modifier le sens de la phrase [9](#page=9).
#### 3.3.2 Syntagmatique et paradigmatique
* **La syntagmatique:** Concerne la mise en relation des mots dans un ordre spécifique pour construire une phrase [9](#page=9).
* **La paradigmatique:** Représente l'ensemble des éléments avec lesquels un mot donné peut être remplacé dans une phrase tout en conservant le même type d'information (qui, où, comment, quoi) [9](#page=9).
#### 3.3.3 La fonction syntaxique
Le niveau syntaxique exprime des significations relationnelles comme "acteur"/"action"/"attribution". Il décrit les fonctions des mots dans la phrase (sujet, complément) autour du verbe et assure la grammaticalité de l'énoncé [9](#page=9).
### 3.4 La morphologie : la structure des mots
Le niveau morphologique analyse la construction interne des mots. Les marquages morphologiques incluent [8](#page=8):
* Le pluriel [8](#page=8).
* Les accords en genre et nombre des noms, adjectifs et déterminants [8](#page=8).
* Les accords sujet/verbe [8](#page=8).
* La conjugaison verbale (temps, aspect, personne) [31](#page=31) [8](#page=8).
* L'accord référentiel pronom/nom (le pronom renvoie à un nom spécifique) [8](#page=8).
> **Example:** "La vache broute" devient "Elle broute", où "Elle" est un pronom qui se réfère à "La vache" [8](#page=8).
### 3.5 La morphosyntaxe dans le développement du langage
La morphosyntaxe s'exprime de manière lexicale, flexionnelle, contextuelle et positionnelle. Une faible utilisation de la grammaire limite les capacités de communication, rendant la personne plus dépendante du contexte immédiat [17](#page=17) [7](#page=7).
#### 3.5.1 Les prédicteurs précoces de troubles
* **Avant 3 ans :** Il est difficile de distinguer les parleurs tardifs qui récupéreront sans intervention. Une attention particulière est requise en cas de :
* Absence de combinaison de mots à 24 mois [17](#page=17).
* Absence de mots produits à 15 mois [17](#page=17).
* Atteinte apparente de la compréhension [17](#page=17).
* Absence de communication ou d'imitation gestuelle [17](#page=17).
* Antécédents familiaux de troubles du langage oral et des apprentissages [17](#page=17).
* **Entre 3 et 4 ans:** Le nombre de domaines impactés est un indicateur de risque de persistance à l'âge scolaire [17](#page=17).
#### 3.5.2 L'erreur du "filler"
L'enfant, ne connaissant pas le mot exact, peut utiliser un "filler" (ex: "a") pour combler un vide, montrant qu'il sait qu'un mot est attendu mais n'a pas intégré lequel [31](#page=31) [6](#page=6).
### 3.6 Fonctions sémantiques
Les fonctions sémantiques décrivent le type de sens que peuvent avoir les groupes de mots (syntagmes) et comment ils rendent compte du monde. Elles existent en production comme en réception et ne sont pas organisées séquentiellement, mais plutôt selon les rapports morphosyntaxiques entre les termes lexicaux [32](#page=32).
Les fonctions sémantiques sont en nombre fini mais peuvent schématiser un nombre infini de contenus. Les personnes avec un trouble du développement du langage (TDL) peuvent avoir des difficultés avec ces fonctions [33](#page=33).
* **L'agent:** La personne ou la chose qui fait l'action, à son initiative. Ce n'est pas nécessairement le sujet grammatical (ex: "le fer est branché par le garçon" - le garçon est l'agent) [33](#page=33).
* **Le patient:** La personne qui subit l'action [33](#page=33).
* **Le locatif:** La circonstance spatiale d'une action, souvent introduite par une préposition (ex: "sous le bureau", "dans le jardin") [33](#page=33).
* **Le datif/bénéficiaire:** L'entité pour laquelle l'action a été accomplie (qui en a bénéficié) (ex: "un cadeau à la fille") [33](#page=33).
* **La fonction instrumentale:** L'outil ou le moyen utilisé pour accomplir l'action (comment elle a été réalisée) (ex: "avec des palmes", "avec son télescope") [33](#page=33).
* **La fonction temporelle:** La circonstance temporelle d'une action (quand elle s'est déroulée) (ex: "pendant l'hiver", "jusqu'à 18h") [33](#page=33).
* **L'associatif:** Les personnes avec lesquelles l'action se déroule (ex: "avec ses parents") [33](#page=33).
> **Tip:** Il est crucial de comprendre que les fonctions sémantiques ne sont pas les mêmes que les fonctions grammaticales. Les premières décrivent le sens de ce qui est exprimé, tandis que les secondes décrivent le rôle d'un mot dans la structure de la phrase. L’utilisation de l’impératif permet d’exprimer les besoins primaires et essentiels.
* * *
# Troubles du langage oral et pronostic
Ce chapitre détaille les atteintes morphosyntaxiques du langage oral, ainsi que les indicateurs et pronostics associés à leur développement et persistance chez l'enfant.
### 4.1 Généralités sur les troubles du langage oral
Un trouble du langage se caractérise par un dysfonctionnement d'une ou plusieurs composantes du langage, qui peuvent inclure la phonologie (sons), la morphologie (structure des mots et sens des phrases), la syntaxe (liens entre les mots), la sémantique (sens des mots) et la pragmatique (usage du langage). Ces composantes interagissent constamment dans la compréhension et la production du langage [1](#page=1).
Il est important de distinguer les troubles du langage des troubles de la parole, qui affectent principalement la production sonore sans altérer la structure grammaticale de la phrase. Les troubles développementaux du langage (TDL) impliquent des altérations au niveau des composantes du langage durant le développement de l'enfant [3](#page=3).
#### 4.1.1 Composantes du langage et leur rôle
* **Lexème dérivationnel:** Racines des mots permettant de créer de nouveaux mots (ex: mangeait issu de "manger") [3](#page=3).
* **Morphèmes:** Unités minimales de sens qui, seuls, peuvent avoir peu de signification mais contribuent au sens de la phrase (ex: les déterminants comme "le", les propositions, les flexions verbales) [3](#page=3).
* **Discours:** Chaîne d'énoncés tissée par des liens anaphoriques (reprises d'éléments par des substituants) et nécessitant des compétences sociales [3](#page=3).
### 4.2 Atteintes morphosyntaxiques/grammaticales
La morphosyntaxe concerne plusieurs niveaux :
* **Lexicale:** Racine des mots [17](#page=17).
* **Flexionnelle:** Terminaisons des mots (ex: accords, conjugaisons) [17](#page=17).
* **Contextuelle:** Marqueurs syntaxiques obligatoires et positionnés précisément [17](#page=17).
* **Positionnelle:** Organisation des mots et groupes de mots [17](#page=17).
Une faible maîtrise de la grammaire orale entraîne des limitations dans les capacités de communication, rendant l'enfant plus dépendant du contexte immédiat [17](#page=17).
#### 4.2.1 Manifestations des troubles grammaticaux
Dans les TDL, les difficultés d'accès à des éléments comme la classe syntaxique, l'ordre des mots, les mots outils, les morphèmes et la prosodie sont fréquentes en production comme en compréhension. Ces troubles se manifestent par la persistance de structures archaïques, un style télégraphique et des erreurs grammaticales [18](#page=18).
Si la compréhension est touchée, cela s'explique par une difficulté à traiter des énoncés dont le sens dépend fortement de l'information grammaticale. Ces troubles restreignent également les capacités sémantiques et diminuent l'informativité des énoncés. L'enfant peine alors à construire une représentation sémantique adéquate des informations reçues [18](#page=18).
Le cerveau gère des mécanismes complexes pour l'utilisation des pronoms (je, tu, il, nous, vous, ils) et des pronoms objets (le, la, les, lui, leur), nécessitant de choisir le bon élément au bon moment en fonction du genre, du nombre et de la fonction de l'antécédent [18](#page=18).
> **Tip:** La grammaire, bien que semblant évidente pour un adulte, résulte de mécanismes complexes qui ne fonctionnent pas spontanément et requièrent un développement [17](#page=17).
> **Example:** L'utilisation des pronoms comme "le" ou "lui" dépend du contexte sémantique et grammatical de l'énoncé [18](#page=18).
### 4.3 Indicateurs et pronostic des troubles du langage oral
Les prédicteurs précoces des troubles du langage varient selon l'âge de l'enfant. La persistance d'un trouble est accrue si plusieurs composantes du langage sont touchées [17](#page=17).
#### 4.3.1 Indicateurs précoces selon l'âge
* **Moins de 3 ans :**
* Absence de combinaison de mots à 24 mois [17](#page=17).
* Absence de production de mots à 15 mois [17](#page=17).
* Atteinte apparente de la compréhension [17](#page=17).
* Absence de communication gestuelle ou d'imitation [17](#page=17).
* Antécédents familiaux de troubles du langage oral et des apprentissages [17](#page=17).
* **Entre 3 et 4 ans :**
* Un nombre élevé de domaines du langage impactés est un signe de risque élevé de persistance à l'âge scolaire [17](#page=17).
* **5 ans et plus :**
* Les difficultés persistantes à cet âge tendent à se maintenir [18](#page=18).
* Des difficultés de langage oral en début de primaire augmentent le risque de troubles des apprentissages et réduisent les chances de rattrapage [18](#page=18).
* Le pronostic est négatif si la compréhension du langage oral est affectée et les habiletés verbales sont faibles [18](#page=18).
#### 4.3.2 Facteurs pronostiques
* **Répétition de phrases:** Semble être un marqueur fiable pour le pronostic [18](#page=18).
* **Troubles phonologiques isolés en expression en maternelle:** Le pronostic est généralement positif [18](#page=18).
* **Trouble de la compréhension du langage oral:** Un mauvais pronostic est associé à une atteinte de la compréhension et à de faibles habiletés verbales [18](#page=18).
#### 4.3.3 Relation entre grammaire et sémantique
La grammaire établit des relations hiérarchiques (ex: voix passive/active, ordre des mots, utilisation des flexions verbales). Elle "s'impose" à la sémantique, bien que la finalité de la grammaire soit de transmettre du sens. Il peut exister une redondance entre les informations sémantiques, grammaticales et les connaissances du monde. Moins un énoncé est redondant et prédictible, plus la grammaire est nécessaire à sa compréhension [19](#page=19).
> **Tip:** La syntaxe est un instrument au service de la fin communicative du langage, et non l'inverse. La base du langage reste sémantique [19](#page=19).
#### 4.3.4 Débats sur les troubles grammaticaux dans les TDL
Il existe plusieurs hypothèses concernant les troubles grammaticaux dans les TDL :
* Certains les considèrent comme un déficit spécifique à la grammaire [21](#page=21).
* D'autres les attribuent à des déficits dans des mécanismes généraux tels que la mémoire, les ressources de traitement, la mémoire procédurale ou la vitesse de traitement [21](#page=21).
* Une troisième hypothèse suggère que ces troubles sont une incidence de troubles phonologiques affectant les flexions, étant donné l'association fréquente entre troubles phonologiques et grammaticaux [21](#page=21).
Le consensus n'étant pas atteint, les stratégies d'intervention sont multimodales. Ces difficultés, initialement orales, ont des répercussions sur l'écrit, mais le focus ici est sur la grammaire orale [19](#page=19) [21](#page=21).
> **Example:** Une patiente trisomique travaillant la construction de phrases sujet-verbe nécessite une attention soutenue, une compréhension précise et une mémorisation des significations, tout en présentant des difficultés phonologiques (compression des mots) [21](#page=21).
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## Erreurs courantes à éviter
* Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
* Portez attention aux formules et définitions clés
* Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
* Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Morphème | Unité linguistique qui porte une information grammaticale ou dérivationnelle. Les morphèmes seuls n'ont pas de sens complet mais modifient le sens des lexèmes ou des phrases. Ils peuvent être libres (ex: "livre") ou liés (ex: "-ait" dans "mangeait"). |
| Lexème | Unité de base du vocabulaire, correspondant à un mot dans son sens fondamental. Il représente un concept et peut être modifié par des morphèmes. Par exemple, "chat" est un lexème. |
| Phonologie | L'étude des sons du langage et de leur organisation au sein d'un système linguistique. Elle concerne la manière dont les sons sont produits, perçus et comment ils distinguent les mots. |
| Syntaxe | L'étude de la manière dont les mots sont combinés pour former des phrases grammaticales. Elle régit l'ordre des mots et les relations entre eux pour créer du sens. |
| Sémantique | L'étude du sens des mots, des phrases et des énoncés. Elle s'intéresse à la signification des unités linguistiques et à la façon dont elles véhiculent des informations. |
| Morphologie | L'étude de la structure interne des mots et de leur formation. Elle analyse comment les morphèmes sont combinés pour créer des mots et comment ces mots peuvent varier (flexion, dérivation). |
| Pragmatisme | L'étude de l'usage du langage dans son contexte social et situationnel. Elle concerne la manière dont le langage est utilisé pour communiquer efficacement, en tenant compte des intentions et des auditeurs. |
| Discours | Une chaîne d'énoncés liés entre eux, formant un tout cohérent. Le discours implique la compréhension et la production de textes ou de conversations, en tenant compte des références et des anaphores. |
| Fonction instrumentale | Une des fonctions du langage, selon Halliday, qui permet à l'enfant d'obtenir ce qu'il désire par le biais de la parole. C'est une motivation précoce à utiliser le langage. |
| Fonction personnelle | Une fonction du langage qui permet d'exprimer ses goûts, ses dégoûts, ses sentiments et son individualité. Elle est centrée sur l'expression de soi. |
| Fonction régulatrice | Une fonction du langage utilisée pour contrôler le comportement d'autrui, par des ordres, des conseils ou des instructions. Elle vise à influencer les actions des autres. |
| Fonction interpersonnelle | L'équivalent de la fonction phatique du langage, qui sert à établir, maintenir ou terminer une relation avec autrui par des salutations, des formules de politesse, etc. |
| Fonction informative | Une fonction du langage qui permet d'échanger des informations et de transmettre des connaissances sur le monde entre les interlocuteurs. |
| Fonction heuristique | Une fonction du langage qui vise à acquérir des connaissances sur le monde, à poser des questions pour comprendre et explorer. Elle est souvent associée à la curiosité. |
| Fonction imaginative | Une fonction du langage qui permet de créer son propre monde, de raconter des histoires, de jouer avec le langage et d'inventer des scénarios. |
| Morphosyntaxe | Terme combinant morphologie et syntaxe, désignant l'étude de la structure grammaticale des phrases et de la formation des mots qui les composent. |
| Flexion | Modification d'un mot (principalement les verbes et les noms/adjectifs) par l'ajout d'une terminaison pour marquer des catégories grammaticales comme le temps, le genre, le nombre ou la personne. |
| Dérivation | Processus de formation de nouveaux mots à partir d'un mot existant par l'ajout de préfixes ou de suffixes, modifiant souvent le sens ou la catégorie grammaticale du mot de base (ex: "jouer" -> "joueur"). |
| Syntagme | Une unité syntaxique composée d'un ou plusieurs mots qui fonctionnent ensemble comme un bloc dans une phrase (ex: groupe nominal, groupe verbal). |
| Construction (linguistique) | Une association entre une forme linguistique (sonore ou écrite) et un sens. Les constructions peuvent être lexicalisées (fixées) ou plus générales, permettant de générer de nouvelles phrases. |
| Théorie Usage et Construction (TUC) | Une approche linguistique qui suggère que la grammaire se construit à partir de l'usage du langage et des mécanismes cognitifs généraux, plutôt que d'être une faculté innée spécifique. |
| Compétence langagière | L'ensemble des aptitudes nécessaires à l'utilisation efficace du langage, incluant la forme (comment dire), le contenu (quoi dire) et l'utilisation (pourquoi dire). |
| Trou du langage développemental (TLD) | Trouble neurodéveloppemental qui affecte l'acquisition et l'utilisation du langage, impactant la compréhension et/ou l'expression orale, et souvent les aspects grammaticaux et phonologiques. |
| Holophrase | Une seule unité de langage (un mot) utilisée par l'enfant pour exprimer une idée complète qui, chez un adulte, serait exprimée par une phrase entière. |
| Syntaxe mixte | Combinaison de gestes et de mots utilisés par l'enfant pour communiquer, avant la maîtrise complète de la syntaxe verbale. |
| Grammaire pivot | Une théorie proposant que le développement syntaxique précoce de l'enfant s'organise autour de quelques mots pivots (souvent des pronoms ou des verbes) qui se combinent avec d'autres mots. |
| Métasyntaxe | La capacité à analyser et juger la structure grammaticale d'un énoncé, à comprendre si une phrase est correctement ordonnée. |
| Agent | Dans une phrase, l'entité qui initie ou accomplit l'action, même si elle n'est pas le sujet grammatical (par exemple, dans la voix passive). |
| Patient | Dans une phrase, l'entité qui subit l'action décrite par le verbe. |
| Locatif | Un syntagme qui indique la circonstance spatiale d'une action ou d'un événement, souvent introduit par une préposition. |
| Datif/Bénéficiaire | L'entité pour laquelle une action est accomplie ou qui en bénéficie. |
| Fonction instrumentale (sémantique) | Le moyen par lequel une action est accomplie. |
| Fonction temporelle (sémantique) | La circonstance temporelle d'une action ou d'un événement. |
| Associatif | L'entité avec laquelle une action se déroule. |
| LME (Longueur Moyenne des Énoncés) | Indicateur utilisé en analyse linguistique, calculé en divisant le nombre total de mots par le nombre total d'énoncés, pour évaluer la complexité des productions verbales. |
| LMPV (Longueur Moyenne de Productions Verbales) | Indicateur calculé en divisant le nombre total de morphèmes par le nombre total d'énoncés, pour analyser la richesse morphologique des productions verbales. |
| Allongement syntagmatique | Stratégie de rééducation visant à augmenter la longueur et la complexité des syntagmes dans les productions verbales d'un enfant. |
| Filler | Un élément linguistique (mot ou son) utilisé par l'enfant pour "remplir" un espace grammatical ou lexical lorsqu'il n'a pas encore acquis le mot ou la structure correcte, témoignant d'une tentative de construction. |
| Désinence | Partie finale d'un mot (comme une terminaison verbale ou nominale) qui porte une information grammaticale (genre, nombre, temps, personne). |
| Syntagme | Un groupe de mots qui fonctionnent ensemble comme une unité dans une phrase (ex: "le grand chien noir"). |