1.Agents des infections sexuellement transmissibles OCT M3.3 Pr Alaoui.pdf
Summary
# Agents infectieux des infections sexuellement transmissibles (IST)
Voici une synthèse détaillée sur les agents infectieux des infections sexuellement transmissibles (IST) :
## 1. Agents infectieux des infections sexuellement transmissibles (IST)
Ce thème aborde les divers agents pathogènes responsables des IST, leurs modes de transmission, leurs caractéristiques microbiologiques et virologiques, ainsi que les méthodes de diagnostic et de prévention [2](#page=2).
### 1.1 Objectifs d'apprentissage
* Cerner les données épidémiologiques des IST [3](#page=3).
* Comprendre les mécanismes de la pathogénie [3](#page=3).
* Maîtriser les caractères microbiologiques et virologiques des agents infectieux [3](#page=3).
* Citer les méthodes de diagnostic [3](#page=3).
* Cerner les principes de prévention et de traitement [3](#page=3).
### 1.2 Introduction et épidémiologie générale des IST
Les IST représentent un problème de santé publique majeur, avec plus d'un million de nouveaux cas par jour dans le monde (OMS 2023). L'infection par le VIH est considérée comme une pandémie mondiale. Au Maroc, l'incidence des IST est élevée, estimée à 450 000 cas par an, et elle est souvent corrélée à un faible niveau socio-économique des populations, aux pays en voie de développement, et à des indicateurs de développement humain. Les IST peuvent entraîner des infections aiguës ou chroniques, et sont fortement associées à des cancers et à la stérilité [4](#page=4).
### 1.3 Localisation des infections des IST
Les IST peuvent infecter divers organes génitaux et extra-génitaux :
* **Chez la femme:** Vulve et vagin (HSV, HPV), col utérin (Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, Mycoplasma genitalium, HPV, HSV, CMV), endomètre (Chlamydia, gonocoque, mycoplasmes, CMV), et trompes de Fallope (salpingite causée par Chlamydia, gonocoque, mycoplasmes, menant à l'infertilité tubaire) [6](#page=6).
* **Chez l'homme:** Urètre (gonocoque, chlamydia, mycoplasmes, HSV), gland et prépuce (Herpès génital, condylomes HPV, balanite), prostate (Chlamydia, gonocoque, mycoplasmes, VIH, CMV), épididyme (gonocoque, chlamydia, mycoplasmes), et testicules (virus des oreillons, HSV, CMV) [6](#page=6).
* **Localisations extra-génitales (homme et femme):** Rectum et anus (Gonocoque, chlamydia, HSV, HPV), oropharynx (Gonocoque, Syphilis, HSV, HPV), sang et système immunitaire (VIH, syphilis, hépatites B et C), et peau et muqueuses (Syphilis, HSV, HPV) [6](#page=6).
### 1.4 Agents infectieux des IST
Les principaux agents infectieux des IST sont classés en bactéries et virus [7](#page=7).
#### 1.4.1 Agents viraux
##### 1.4.1.1 Human Papillomavirus (HPV)
* **Caractères virologiques:** Les HPV appartiennent à la famille des Papillomaviridae. Ils sont petits, nus, avec une capside icosaédrique de 55 nm de diamètre. Leur génome est une molécule d'ADN bicaténaire circulaire d'environ 8000 paires de bases. Il comporte une région précoce (E1 à E8) impliquée dans la réplication, la transcription et la transformation, et une région tardive (L1, L2) codant pour les protéines structurales de la capside [10](#page=10).
* **Groupes et pouvoir pathogène:** Il existe plus de 200 génotypes. Les groupes à bas risque (BR), comme les HPV 6 et 11 (responsables de 90% des condylomes acuminés), causent des condylomes et papillomes. Les groupes à haut risque (HR), comme les HPV 16 et 18 (responsables de 70% des cancers du col de l'utérus), sont carcinogènes et impliqués dans les dysplasies et cancers (col utérin, anus, oropharynx) [11](#page=11) [13](#page=13).
* **Épidémiologie:** La transmission est principalement directe (sexuelle, buccogénitale, anogénitale, par contact cutanéo-muqueux) et très fréquente. La transmission est également possible par manu-portage, hétéro- et auto-transmission, et de manière verticale de la mère à l'enfant lors de l'accouchement. La transmission indirecte par des objets contaminés est aussi possible. Les infections sont souvent inapparentes et résolutives, mais peuvent être graves chez les immunodéprimés [12](#page=12).
* **Diagnostic et prévention:** Le diagnostic repose sur des méthodes de biologie moléculaire (PCR) à partir de biopsies, frottis, etc. Il n'existe pas de méthode de sérologie. Le dépistage systématique par PCR HPV est recommandé chez les femmes de plus de 30 ans tous les 5 ans. La vaccination (Gardasil 9) protège contre la majorité des cancers liés au HPV et les condylomes, et est recommandée pour les filles et les garçons à partir de 12 ans dans le cadre du programme national de vaccination. Le dépistage du cancer du col reste indispensable même après vaccination [14](#page=14).
##### 1.4.1.2 Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH)
* **Données épidémiologiques:** Le VIH a été découvert en 1983/1986. Trois voies de transmission sont principales: sexuelle (liquide séminal, sécrétions cervico-vaginales), sanguine (usage de drogues injectables, transfusions – bien que cela soit devenu rare avec les systèmes sanitaires robustes – et accidents d'exposition au sang, AES, avec un risque faible), et materno-fœtale (pendant la grossesse, l'accouchement, ou l'allaitement). L'épidémie est passée d'une pandémie à une endémie, mais reste une préoccupation majeure mondiale et au Maroc, où près de 20% des personnes ignorent leur séropositivité [17](#page=17).
* **Données virologiques:** Le VIH appartient à la famille des Retroviridae (rétrovirus). Il existe deux types, VIH-1 et VIH-2. Le VIH-1 a plusieurs groupes, le groupe M étant le plus répandu et responsable de la pandémie. Le virus a un tropisme pour les lymphocytes T CD4+, les monocytes et les macrophages. Ses gènes majeurs sont Gag (protéines de structure), Pol (enzymes de réplication comme la transcriptase inverse), et Env (protéines de l'enveloppe) [18](#page=18).
* **Structure virologique et réplication:** Le virus est enveloppé, de 80 à 120 nm de diamètre, contenant deux molécules d'ARN identiques, trois protéines internes (p24, p7, p17), des enzymes (RT, protéase, intégrase) et une enveloppe lipidique avec les glycoprotéines gp41 et gp120. La gp120 se lie au récepteur CD4 des cellules cibles. La réplication implique la synthèse d'ADN viral par la transcriptase inverse, l'intégration de cet ADN dans le génome de l'hôte par l'intégrase (ADN proviral), puis la transcription et la traduction des protéines virales. La transcriptase inverse est sujette aux erreurs, entraînant une grande variabilité génétique [19](#page=19) [20](#page=20).
* **Pathogénie:** Après une période asymptomatique pouvant durer plusieurs années, le VIH évolue vers le SIDA (syndrome d'immunodéficience acquise), caractérisé par diverses manifestations opportunistes (pneumocystose, toxoplasmose, infections à CMV, tuberculose, Sarcome de Kaposi, Lymphome de Burkitt, etc.) [21](#page=21).
* **Diagnostic:** Le diagnostic indirect recherche des anticorps anti-VIH1/2 par ELISA (4ème génération, détectant aussi l'antigène p24) ou Western Blot pour confirmation. Les tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) et auto-tests sont moins fiables pour le diagnostic définitif. Le diagnostic direct vise à détecter l'antigène p24 ou le génome viral (ARN plasmatique par PCR, ADN proviral). La fenêtre sérologique diagnostique est d'environ 42 jours [22](#page=22) [23](#page=23).
* **Traitement et prévention:** Le traitement repose sur les antirétroviraux et le traitement des complications infectieuses. La prévention inclut les mesures générales de prévention des IST, le dépistage des séropositifs, et l'interdiction de l'allaitement chez les femmes séropositives. Il n'existe ni vaccin ni immunisation acquise naturelle contre le VIH [24](#page=24).
#### 1.4.2 Agents bactériens
##### 1.4.2.1 Chlamydia trachomatis
* **Données épidémiologiques:** C. trachomatis est un problème de santé publique mondial, avec une incidence élevée chez les femmes et une augmentation marquée chez les 15-49 ans. Au Maroc, la prévalence est estimée à 4.5% [26](#page=26).
* **Caractères bactériologiques:** C'est une bactérie pathogène intracellulaire obligatoire, considérée comme un parasite énergétique car incapable de synthétiser son propre ATP. Elle possède des membranes similaires aux Gram-négatif mais sans couche de peptidoglycane. Il existe deux formes: le corps élémentaire (infectieux) et le corps réticulé (reproductif). Les génovars D-K sont responsables des uréthrites et cervicites, le génovar L de la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) [28](#page=28).
* **Pouvoir pathogène et diagnostic:** C. trachomatis est souvent asymptomatique, se manifestant parfois par un écoulement muqueux. Le diagnostic repose sur des méthodes de biologie moléculaire (PCR, souvent combinée à la recherche de gonocoque) à partir de prélèvements urogénitaux ou de premier jet d'urine chez l'homme. La recherche d'anticorps (ELISA, immunofluorescence) est moins courante, réservée aux suspicions d'infections génitales hautes ou de LGV [29](#page=29).
* **Traitement et prévention:** Le traitement est basé sur des antibiotiques comme l'azithromycine ou la doxycycline, et il est impératif de traiter les partenaires. La prévention inclut le dépistage (en raison de l'infection souvent asymptomatique) et le traitement des complications (salpingite, infertilité). Il n'y a pas de vaccin ni d'immunisation acquise [29](#page=29).
##### 1.4.2.2 Treponema pallidum (agent de la syphilis)
* **Données épidémiologiques:** Treponema pallidum cause la syphilis, une IST avec environ 12 millions de nouveaux cas par an dans le monde. Sa prévalence au Maroc est de 0.5%, et elle est particulièrement grave chez la femme enceinte et le nouveau-né [26](#page=26).
* **Caractères bactériologiques:** C'est un spirochète, un bacille long, fin et spiralé, mobile. Il est strictement humain et pathogène. Sa structure antigénique comprend des lipoprotéines périplasmiques et du cardiolipide. Il ne répond pas bien à la coloration Gram et n'est pas cultivable en laboratoire [31](#page=31).
* **Pathogénie et transmission:** La transmission est sexuelle (muqueuse à muqueuse, très contagieuse), et materno-fœtale (pouvant entraîner la mort in utero ou la syphilis congénitale). L'incubation est longue (10 à 60 jours). La syphilis évolue en plusieurs phases: primaire (chancre indolore), secondaire (lésions cutanéo-muqueuses contagieuses), latente (silencieuse, pouvant durer des années), et tertiaire (atteintes cardiaques, neurologiques) [32](#page=32).
* **Diagnostic bactériologique:** Le diagnostic direct est rare (examen au microscope en fond noir, PCR sur lésions) et peu sensible. Le diagnostic indirect est le plus fréquent, utilisant des tests spécifiques (TPHA, ELISA IgM) et non spécifiques (VDRL, RPR) pour détecter les anticorps. La cinétique des anticorps diffère avec ou sans traitement, et un test négatif précoce (< 3 semaines de contact) n'élimine pas l'infection [34](#page=34) [35](#page=35).
* **Traitement et prophylaxie:** Le traitement de première intention est la pénicilline G. La prophylaxie inclut des mesures d'hygiène, l'éducation de la population, et le dépistage systématique des femmes enceintes et des personnes à risque. Il n'y a pas de vaccin ni d'immunisation acquise [37](#page=37).
##### 1.4.2.3 Neisseria gonorrhoeae (gonocoque)
* **Données épidémiologiques:** Le gonocoque cause la gonorrhée, avec environ 90 millions de nouveaux cas par an. L'incidence est plus élevée chez l'homme et les populations à risque. Au Maroc, la prévalence est de 0.5% [26](#page=26).
* **Caractères bactériologiques:** Il s'agit de diplocoques Gram-négatif en grains de café, catalase et oxydase positifs. Ils se multiplient dans et hors des cellules phagocytaires. C'est une bactérie fragile, exigeante, nécessitant des milieux de culture spécifiques et enrichis. Il est crucial de ne pas le confondre avec Neisseria meningitidis (méningocoque) [39](#page=39).
* **Pouvoir pathogène:** La bactérie est strictement humaine. Elle cause des infections génitales basses (urétrite aiguë symptomatique chez l'homme, urétrite et cervicite chez la femme), des infections extra-génitales (ano-rectales, pharyngées), et plus rarement des formes disséminées (bactériémies, arthrites) [39](#page=39).
* **Diagnostic bactériologique:** Le diagnostic est uniquement direct, reposant sur la culture sur milieux enrichis, l'identification biochimique, la spectrométrie de masse, ou l'amplification des acides nucléiques (PCR). Il n'y a pas de sérologie. Le ceftriaxone est l'antibiotique de première intention en l'absence d'antibiogramme, toutes les souches étant sensibles. Un antibiogramme est recommandé si la PCR est positive avant traitement [40](#page=40).
* **Prévention:** Il n'y a ni immunisation acquise ni vaccin [40](#page=40).
##### 1.4.2.4 Mycoplasmes
* **Agents et caractères bactériologiques:** Les mycoplasmes impliqués dans les IST incluent Ureaplasma spp. (U. urealyticum, U. parvum) et Mycoplasma hominis, ainsi que Mycoplasma genitalium. Ce sont les plus petites bactéries capables de réplication autonome (0.3 µm). Ils sont caractérisés par l'absence de paroi, ce qui leur confère une résistance naturelle aux antibiotiques ciblant la synthèse peptidoglycane et une sensibilité aux conditions environnementales [42](#page=42).
* **Pouvoir pathogène et complications:** Les mycoplasmes génitaux peuvent causer des symptômes similaires à ceux de Chlamydia (urétrites, épididymites, salpingites) et des complications identiques, notamment l'infertilité chez l'homme et la femme [42](#page=42).
* **Diagnostic et traitement:** Le diagnostic repose sur la culture (en milieu liquide) ou la PCR à partir de prélèvements urétraux ou génitaux. Il n'y a pas de sérologie. Mycoplasma genitalium est sensible aux tétracyclines et fluoroquinolones, mais résistant aux bêta-lactamines et macrolides (avec une résistance acquise en augmentation) [43](#page=43).
* **Prévention:** Il n'y a ni immunisation acquise ni vaccin [43](#page=43).
### 1.5 Conclusion générale sur les agents infectieux des IST
Les agents les plus fréquents des IST sont le HPV et Chlamydia trachomatis. Certains agents infectieux, comme le HPV, le VIH et les Herpesvirus, ont la capacité d'intégrer leur génome dans celui de la cellule hôte. Plusieurs IST sont des maladies à déclaration obligatoire. Les bactéries pathogènes sont souvent strictement humaines. Les IST présentent un potentiel de résurgences épidémiques et pandémiques. La vaccination est une stratégie clé pour la prévention de certaines IST virales comme le HPV, mais il n'existe pas de vaccin pour les IST bactériologiques. Le dépistage systématique est crucial à divers moments (pré-conceptionnel, prénuptial, chez les partenaires). Bien que le traitement des IST bactériennes soit souvent simple avec des antibiotiques, la résistance peut devenir un problème. En cas de diagnostic d'une IST, il est indispensable de rechercher d'autres IST bactériennes et virales. La prévention passe par la protection individuelle et l'évitement des comportements à risque [44](#page=44).
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# Virus du papillome humain (VPH)
Le virus du papillome humain (VPH) est un virus à tropisme épithélial dont la classification en groupes de risque distingue les souches responsables de lésions bénignes de celles impliquées dans des processus oncogènes, avec une épidémiologie marquée par une transmission sexuelle prédominante et des stratégies de diagnostic et de prévention centrées sur la vaccination et le dépistage [10](#page=10) [11](#page=11) [12](#page=12) [13](#page=13) [14](#page=14) [15](#page=15).
### 2.1 Caractères virologiques et structure moléculaire du VPH
Le VPH appartient à la famille des *Papillomaviridae*, au sein d'un genre unique, le *Papillomavirus*, comprenant plus de 200 génotypes. Ces virus ont un tropisme épithélial cutanéo-muqueux et sont caractérisés par leur petite taille, leur nature nue, leur capside icosaédrique à symétrie cubique d'un diamètre de 55 nm. Leur génome est constitué d'une molécule d'ADN bicaténaire circulaire d'environ 8000 paires de bases. Un seul des deux brins est codant, divisé en deux régions principales [10](#page=10):
* **Région précoce (early - E1 à E8):** Ces protéines non structurales sont impliquées dans la réplication, la transcription et la transformation cellulaire [10](#page=10).
* **Région tardive (late - L1, L2):** Ces protéines constituent la capside virale et sont essentielles pour la formation de la particule virale et sont utilisées dans les vaccins [10](#page=10).
### 2.2 Classification des VPH par groupes de risque
Les VPH sont classifiés en deux groupes principaux en fonction de leur potentiel oncogène [11](#page=11):
* **Groupe VPH BR (Bas risque):** Ces types sont principalement responsables de lésions bénignes telles que les condylomes et les papillomes. Les génotypes les plus courants incluent les HPV 6, 11, 40, 42, 43 et 44. Notamment, les HPV 6 et 11 sont à l'origine de 90% des condylomes acuminés [11](#page=11).
* **Groupe VPH HR (Haut risque):** Ces types sont carcinogènes et sont responsables de divers cancers. Les souches les plus fréquentes et à haut risque sont les HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, et 59, ainsi que d'autres en cours de confirmation. Les HPV 16 et 18 sont particulièrement importants car ils sont impliqués dans 70% des cancers du col de l'utérus. Les souches vaccinales sont souvent indiquées en rouge [11](#page=11).
> **Tip:** Il est crucial de retenir que les HPV 16 et 18 sont les plus fréquemment associés aux cancers liés au VPH [11](#page=11).
### 2.3 Épidémiologie
L'épidémiologie du VPH est caractérisée par une transmission ubiquitaire et fréquente [12](#page=12).
* **Transmission directe:** Elle est majoritairement interhumaine et se fait principalement par voie sexuelle (rapports sexuels classiques, buccogénitaux, anogénitaux) par contact cutanéo-muqueux. Le virus peut également se transmettre lors de rapports sans pénétration par les mains, par manu-portage, par hétéro- et auto-transmission, ainsi que par voie cutanée à partir de zones infectées. La transmission verticale, de la mère à l'enfant, lors de l'accouchement est également possible. Le VPH est considérée comme la IST virale la plus fréquente dans le monde [12](#page=12).
* **Transmission indirecte:** Bien que moins fréquente, elle peut se produire via des objets contaminés comme les sextoys, ou par contact avec des surfaces humides, comme les flaques au sol, qui peuvent être à l'origine de verrues plantaires dues à des HPV à bas risque [12](#page=12).
Globalement, les infections par le VPH sont très fréquentes, avec environ 200 000 décès annuels et 500 000 nouveaux cas par an dans le monde. Les infections sont souvent inapparentes, inattendues et résolutives, particulièrement chez les femmes en âge de procréer (70% des cas). Cependant, elles peuvent avoir des conséquences graves, notamment chez les individus immunodéprimés, où des lésions pré-cancéreuses et cancéreuses peuvent se développer [12](#page=12).
### 2.4 Pouvoir pathogène
Le VPH présente un pouvoir pathogène marqué par un tropisme épithélial strict, affectant la peau et les muqueuses [13](#page=13).
* **Multiplication et lésions (homme et femme):** L'infection productive se manifeste par un effet cytopathique. L'infection du col utérin est très fréquente, mais souvent transitoire, avec une clairance virale spontanée dans environ 70% des cas avant 30 ans. L'infection peut évoluer vers une phase latente avec un ADN épisomal, ou devenir chronique, pouvant mener à un cancer invasif [13](#page=13).
* **Lésions bénignes:** Causées principalement par les HPV BR, elles affectent les régions cutanéo-muqueuses [13](#page=13).
* **Condylomes acuminés ("crêtes de coq"):** Localisés sur la vulve, le vagin, le col de l'utérus, l'urètre, le gland et l'anus [13](#page=13).
* **Papillomes et verrues cutanées:** Se manifestent sur les mains, les pieds et la région génitale [13](#page=13).
* **Lésions malignes:** Associées aux HPV HR, elles incluent les dysplasies et les cancers, affectant particulièrement le col de l'utérus, l'anus et l'oropharynx [13](#page=13).
### 2.5 Diagnostic et dépistage
Le diagnostic et le dépistage du VPH reposent sur plusieurs méthodes [14](#page=14):
* **Prélèvement:** Les échantillons peuvent être obtenus par biopsies (cutanées, muqueuses, verrues, condylomes) ou par frottis (cervicovaginaux) [14](#page=14).
* **Méthodes de biologie moléculaire:** La PCR (réaction de polymérisation en chaîne), notamment la PCR multiplex, est la méthode de choix pour le diagnostic et le dépistage, permettant d'identifier la présence du virus. L'hybridation en microplaques est également utilisée [14](#page=14).
> **Tip:** Il est important de noter qu'il n'existe pas de méthode de sérologie fiable pour le diagnostic du VPH [14](#page=14).
* **Dépistage systématique:** Chez les femmes de plus de 30 ans, un dépistage systématique par PCR HPV tous les 5 ans est recommandé, souvent associé à la cytologie [14](#page=14).
### 2.6 Prévention
La prévention du VPH est une stratégie multidimensionnelle incluant la vaccination et le dépistage [14](#page=14) [15](#page=15).
* **Vaccination:** La vaccination protège contre la majorité des types de cancers liés au VPH. Le vaccin Gardasil 9, nonavalent, protège contre 90% des lésions précancéreuses du col de l'utérus et prévient les condylomes; il inclut 4 HPV-HR du vaccin quadrivalent et 5 génotypes HR supplémentaires. Le Programme National de Vaccination (PNV) cible les filles et les garçons à partir de 12 ans [14](#page=14).
> **Tip:** Le dépistage du cancer du col reste indispensable même après la vaccination [14](#page=14).
* **Stratégies de prévention du cancer du col de l'utérus:** Celles-ci incluent la vaccination des jeunes filles (9-14 ans) et des garçons, la prévention des facteurs de risque, des tests de dépistage performants (recommandés pour les femmes > 30 ans, ou dès 25 ans en cas de VIH), ainsi que le traitement rapide des lésions précancéreuses et des cancers invasifs [15](#page=15).
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# Virus de l'immunodéficience humaine (VIH)
Le VIH est un rétrovirus dont l'infection chronique conduit au syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA), affectant des millions de personnes dans le monde et au Maroc [17](#page=17).
### 3.1 Données épidémiologiques
L'épidémie de VIH a infecté environ 90 millions de personnes depuis son début, avec 1,3 million de nouvelles infections annuelles dans le monde et environ 700 000 décès par an, portant le total des décès à 40,8 millions. L'Afrique et l'Asie concentrent la majorité des cas. Au Maroc, le VIH est une endémie, avec environ 23 000 cas actuels, représentant 0,1% de la population, et près de 20% des personnes infectées ignorent leur séropositivité [17](#page=17).
#### 3.1.1 Modes de transmission
La transmission du VIH s'effectue principalement par trois voies :
* **Voie sexuelle:** par le biais des liquides séminal, du sperme et des sécrétions cervico-vaginales [17](#page=17).
* **Voie sanguine:** par les usagers de drogues injectables, les transfusions sanguines (devenues rares grâce aux systèmes sanitaires robustes) et les accidents d'exposition au sang (AES) avec un risque faible, aux alentours de 0,3% [17](#page=17).
* **Voie materno-fœtale:** durant la grossesse (in utero, environ un tiers des cas, surtout lors d'une primo-infection ou d'une charge virale élevée), pendant l'accouchement (environ deux tiers des cas), ou lors de l'allaitement, particulièrement en Afrique [17](#page=17).
> **Tip:** La transmission sexuelle représente la voie de transmission la plus fréquente du VIH [17](#page=17).
### 3.2 Données virologiques
#### 3.2.1 Classification et structure virale
Le VIH appartient à la famille des Retroviridae. Il existe deux types de VIH: le VIH-1 et le VIH-2. Le VIH-1 comprend plusieurs groupes, dont le groupe M (major), responsable de la pandémie mondiale, ainsi que les groupes O, N et P. Le VIH-2 est moins transmissible, moins fréquent et moins virulent [18](#page=18).
Le virus est un rétrovirus enveloppé, d'un diamètre de 80 à 120 nm. Sa cible principale sont les lymphocytes T CD4+, les monocytes et les macrophages [18](#page=18).
La structure du virion comprend :
* Deux molécules d'ARN identiques [19](#page=19).
* Trois protéines internes: la protéine de capside (p24), la protéine de nucléocapside (p7) associée à l'ARN, et la protéine de matrice (p17) [19](#page=19).
* Trois enzymes virales essentielles à la réplication: la transcriptase inverse (RT), la protéase et l'intégrase [18](#page=18) [19](#page=19).
* Une enveloppe virale externe, composée d'une bicouche lipidique, portant deux types de glycoprotéines: la gp41 (transmembranaire) et la gp120 (externe), cette dernière jouant un rôle clé dans la reconnaissance du récepteur CD4 des cellules hôtes [19](#page=19).
#### 3.2.2 Gènes majeurs
Le génome du VIH est constitué de trois gènes majeurs :
* **Gag:** code pour les protéines de structure comme la nucléocapside, la capside et la matrice [18](#page=18).
* **Pol:** code pour les enzymes virales de réplication telles que la transcriptase inverse, la protéase et l'intégrase [18](#page=18).
* **Env:** code pour les protéines de l'enveloppe virale, les glycoprotéines gp120 et gp41 [18](#page=18).
### 3.3 Réplication virale
Le VIH est un virus à ARN positif et diploïde, possédant deux molécules d'ARN dans chaque particule virale. Sa réplication suit un cycle complexe [20](#page=20):
1. **Reconnaissance et attachement:** Le virion se fixe à la cellule cible (lymphocyte T CD4+) via la gp120 qui reconnaît le récepteur CD4 présent à la surface de la cellule [20](#page=20).
2. **Fusion:** La membrane du lymphocyte T CD4 fusionne avec l'enveloppe virale, permettant l'entrée du matériel génétique viral dans la cellule [20](#page=20).
3. **Synthèse d'ADN viral:** Dans le cytoplasme, la transcriptase inverse (RT) synthétise une copie d'ADN double brin à partir de l'ARN viral. La RT est sujette à de nombreuses erreurs, ce qui génère une grande variabilité génétique du virus, avec une mutation par cycle et le renouvellement de milliards de virus tous les deux jours [20](#page=20).
4. **Intégration:** L'ADN viral est ensuite intégré dans le génome de la cellule hôte, formant l'ADN proviral, sous l'action de l'intégrase [20](#page=20).
5. **Expression virale:** L'ADN proviral est transcrit en ARN génomique et en ARN messagers (ARNm). Les ARNm sont traduits par les ribosomes pour synthétiser les protéines virales de structure et de régulation [20](#page=20).
6. **Assemblage et bourgeonnement:** Les protéines virales s'assemblent avec l'ARN génomique pour former de nouveaux virions. Ces derniers bourgeonnent ensuite à la surface des lymphocytes T CD4+ hôtes, puis sont excrétés, permettant la dissémination de l'infection [20](#page=20).
> **Tip:** La réplication du VIH est caractérisée par une synthèse d'ADN à partir d'ARN viral (rétrotranscription), une intégration du génome viral dans l'ADN de l'hôte, et une grande variabilité génétique due à l'absence de mécanisme de correction d'erreurs de la transcriptase inverse [20](#page=20).
### 3.4 Pathogénie
L'infection par le VIH évolue en plusieurs stades. Après une période d'incubation, une période asymptomatique peut durer plusieurs mois à plusieurs années, en moyenne 10 ans. Durant cette période, des signes peuvent apparaître chez environ 50% des personnes, tels qu'un syndrome pseudo-grippal, des adénopathies (gonflement des ganglions lymphatiques) et des signes digestifs comme la diarrhée et des douleurs abdominales [21](#page=21).
L'évolution vers le SIDA (Syndrome d'Immunodéficience Acquise) se caractérise par une défaillance immunitaire sévère, entraînant diverses manifestations opportunistes et malignes: lymphadénopathie généralisée, pneumonie à *Pneumocystis jiroveci*, toxoplasmose cérébrale, infections à CMV, tuberculose, sarcome de Kaposi, et lymphome de Burkitt [21](#page=21).
### 3.5 Diagnostic
Le diagnostic du VIH repose sur des méthodes indirectes et directes :
#### 3.5.1 Diagnostic indirect
Il vise à détecter la présence d'anticorps anti-VIH-1/2 dans le sérum ou le plasma [23](#page=23).
* **Méthode ELISA 4ème génération:** Elle permet de poser le diagnostic et est utile au dépistage. Ces tests sont mixtes (VIH-1/2) et combinés (incluant la détection de l'antigène p24). En cas de positivité, deux prélèvements différents sont nécessaires pour confirmation. Un test négatif exclut une infection si l'exposition remonte à au moins 6 semaines et en l'absence d'immunodépression [23](#page=23).
* **Western Blot et ImmunoBlot:** Historiquement utilisés comme tests de confirmation, ils sont moins fréquemment employés aujourd'hui [23](#page=23).
* **TROD, TDR, Auto-tests:** Ces tests de dépistage rapide ont une sensibilité plus faible et sont considérés comme peu fiables pour un diagnostic définitif [23](#page=23).
> **Tip:** La "fenêtre sérologique" est la période entre l'infection et la détection des anticorps. Les tests de 4ème génération (combinés ELISA) permettent de raccourcir cette fenêtre [22](#page=22) [23](#page=23).
#### 3.5.2 Diagnostic direct
Il permet de détecter directement des composants du virus :
* **Antigène p24:** Protéine de capside du virus, intégrée dans certains tests sérologiques indirects, elle aide à réduire la fenêtre sérologique [23](#page=23).
* **Génome viral :**
* **ARN plasmatique:** Détecté par PCR qualitative et quantitative, il est utile pour la confirmation du diagnostic et le suivi thérapeutique [23](#page=23).
* **ADN proviral:** Il s'agit du virus intégré dans le génome des cellules du patient [23](#page=23).
* **Séquençage:** Permet d'identifier les mutations de résistance aux antiviraux et d'analyser les quasi-espèces virales [23](#page=23).
### 3.6 Traitement et prévention
#### 3.6.1 Traitement
Le traitement du VIH combine une thérapie antirétrovirale avec la gestion des complications infectieuses chez les patients atteints de SIDA [24](#page=24).
#### 3.6.2 Prévention
Les mesures de prévention incluent :
* La mise en place de mesures de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) [24](#page=24).
* Le dépistage régulier des populations à risque et des femmes enceintes [24](#page=24).
* L'interdiction de l'allaitement chez les personnes séropositives [24](#page=24).
> **Tip:** Il n'existe pas d'immunisation acquise naturelle ni de vaccin contre le VIH à l'heure actuelle, ce qui souligne l'importance cruciale des mesures de prévention [24](#page=24).
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# Agents bactériens des IST : Chlamydia trachomatis, Treponema pallidum et Neisseria gonorrhoeae
Ce chapitre détaille les caractéristiques bactériologiques, le pouvoir pathogène, le diagnostic et le traitement des trois principales bactéries responsables d'Infections Sexuellement Transmissibles (IST) : *Chlamydia trachomatis*, *Treponema pallidum* et *Neisseria gonorrhoeae*.
### 4.1 Chlamydia trachomatis
#### 4.1.1 Données épidémiologiques
*Chlamydia trachomatis* est une cause majeure de morbidité mondiale, affectant environ 130 millions de personnes par an, avec une prévalence particulièrement élevée chez les femmes. L'incidence est en forte augmentation, notamment chez les personnes âgées de 15 à 49 ans. Au Maroc, la prévalence est estimée à 4,5%. Il est crucial de noter que le trachome oculaire n'est pas une IST et est causé par des génovars différents de *C. trachomatis*. *C. trachomatis* responsable des IST est distinct de *C. pneumoniae* qui cause des infections respiratoires [26](#page=26) [28](#page=28).
#### 4.1.2 Caractères bactériologiques
*C. trachomatis* est une bactérie pathogène intracellulaire obligatoire. Ses membranes, plasmique et externe, sont similaires à celles des bactéries Gram négatif, contenant des lipopolysaccharides, mais dépourvues de couche de peptidoglycane. Ces bactéries sont incapables de synthétiser leur propre ATP, ce qui les classe comme des "parasites énergétiques" [28](#page=28).
Elles existent sous deux formes: le corps élémentaire (CE), infectieux et extracellulaire, et le corps réticulé, métaboliquement actif et intracellulaire [28](#page=28).
Il existe différents génovars :
* **Génovars D-K:** responsables d'urétrites et de cervicites [28](#page=28).
* **Génovar L:** cause la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) [28](#page=28).
* **(Génovars A-C:** responsables du trachome oculaire) [28](#page=28).
La protéine majeure de membrane externe (MOMP: Major Outer Membrane Protein) est une protéine immunogène importante [28](#page=28).
#### 4.1.3 Diagnostic bactériologique
Le diagnostic de *C. trachomatis* peut être direct ou indirect.
**Prélèvements pour le diagnostic direct :**
* Auto-prélèvements non invasifs: urine du premier jet (chez l'homme++) [29](#page=29).
* Prélèvements urogénitaux classiques: urètre, endocol, anal [29](#page=29).
* Prélèvements sur d'autres sites infectés: œil en cas de conjonctivite [29](#page=29).
**Méthodes de diagnostic direct :**
* Tests antigéniques par immunochromatographie: peu sensibles [29](#page=29).
* Biologie moléculaire: PCR, souvent combinée à la recherche de *Neisseria gonorrhoeae* (PCR Duplex) [29](#page=29).
**Diagnostic indirect (recherche d'anticorps dans le sérum ou le plasma) :**
* Méthodes: ELISA, immunofluorescence [29](#page=29).
* Indication: principalement lors de suspicions d'infections génitales hautes ou de LGV [29](#page=29).
#### 4.1.4 Traitement et prévention
*C. trachomatis* n'a pas développé de résistance acquise aux antibiotiques, ce qui rend les traitements efficaces. Les antibiotiques de choix sont l'azithromycine et la doxycycline. Il est impératif de traiter les partenaires sexuels. La conjonctivite néonatale est une complication à surveiller. Un bilan des autres IST est systématiquement recommandé [29](#page=29).
La prévention repose sur :
* Le dépistage, essentiel en raison de la fréquence des infections asymptomatiques [29](#page=29).
* Le traitement des complications potentielles, notamment chez la femme (salpingite, stérilité, grossesses extra-utérines) [29](#page=29).
* L'absence de vaccin et d'immunisation acquise [29](#page=29).
### 4.2 Treponema pallidum
#### 4.2.1 Caractères bactériologiques
*Treponema pallidum*, surnommé le "tréponème pâle", appartient à la famille des spirochètes. Il s'agit d'une bactérie strictement humaine et pathogène, responsable de la syphilis. Morphologiquement, c'est un bacille long et fin (environ 20 à 30 µm), spiralé et mobile, présentant un aspect de ressort avec des mouvements de propulsion, de rotation et de flexion [31](#page=31).
Sa structure antigénique comprend une membrane lisse, dépourvue de LPS, riche en antigènes. Les immunogènes majeurs sont des lipoprotéines périplasmiques, dont une est utilisée dans les tests sérologiques spécifiques. Le cardiolipide, ou antigène de Wassermann, est un autre antigène ubiquitaire présent dans la membrane cytoplasmique, également utilisé dans les tests sérologiques [31](#page=31).
*T. pallidum* ne répond pas bien à la coloration de Gram, d'où son nom, et n'est pas cultivable en laboratoire [31](#page=31).
#### 4.2.2 Pathogénie
La transmission est principalement sexuelle, de muqueuse à muqueuse, rendant la bactérie très contagieuse. La transmission materno-fœtale est également possible au cours de la grossesse. La période d'incubation est longue, variant de 10 à 60 jours [32](#page=32).
La syphilis évolue en plusieurs phases :
* **Phase primaire:** apparition d'un chancre d'inoculation indolore, qui disparaît spontanément après 1 à 2 mois, accompagné d'une adénopathie satellite [32](#page=32).
* **Phase secondaire:** manifestations cutanéo-muqueuses très contagieuses [32](#page=32).
* **Phase silencieuse ou syphilis latente:** peut durer de 2 ans (phase courte) à 20-30 ans (phase tardive) [32](#page=32).
* **Phase tertiaire:** atteinte cardiaque et neurologique [32](#page=32).
* **Syphilis congénitale:** peut entraîner la mort du fœtus in utero ou la naissance d'un nouveau-né syphilitique avec des manifestations cutanées et viscérales [32](#page=32).
#### 4.2.3 Diagnostic bactériologique
Le diagnostic peut être direct ou indirect.
**Prélèvements :**
* Sérum (le plus fréquent) [34](#page=34).
* LCR [34](#page=34).
* Écouvillonnage des lésions (nécessitant des conditions d'acheminement spécifiques) [34](#page=34).
**Diagnostic direct (rare) :**
* Examen direct au microscope en fond noir: peu sensible et rarement pratiqué en routine. Utile sur ulcération génitale, lésions secondaires, LCR ou liquide amniotique [34](#page=34).
* PCR: sur lésions, LCR, liquide amniotique; utilisation rare [34](#page=34).
**Diagnostic indirect (le plus fréquent) :**
L'intérêt des tests de diagnostic indirects est majeur pour le dépistage, le diagnostic et le suivi de l'infection [34](#page=34).
* **Tests spécifiques à Ag tréponémique (TT) :**
* TPHA (Treponema Pallidum Haemagglutination Assay) ou ELISA: réalisés en première intention. Ils restent positifs longtemps, même après guérison [34](#page=34).
* Détection des IgM (FTA-IgM, ELISA IgM): utile en phase précoce de syphilis primaire pour détecter une infection récente [34](#page=34).
* **Tests non spécifiques à Ag non tréponémique (TNT) :**
* VDRL (Veneral Disease Reagent Laboratory): utilise le cardiolipide pour l'agglutination de particules avec des anticorps anti-lipidiques [34](#page=34).
* RPR (Rapid Plasma Reagin test) [34](#page=34).
La cinétique des anticorps est importante pour l'interprétation :
* Un test TPHA VDRL négatif précoce (< 3 semaines de contact) n'élimine pas l'infection [35](#page=35).
* Le tableau d'interprétation des résultats sérologiques aide à distinguer entre syphilis active, en voie de guérison, ancienne, ou fenêtre sérologique [36](#page=36).
#### 4.2.4 Traitement et prévention
Le traitement de référence est la pénicilline G, généralement administrée en une seule injection en première intention. Des alternatives incluent les céphalosporines, les tétracyclines ou les macrolides. Le traitement prophylactique des partenaires sexuels avec de la pénicilline G est essentiel [37](#page=37).
La prophylaxie repose sur :
* Mesures d'hygiène individuelle (préservatif) et éducation de la population [37](#page=37).
* Dépistage systématique des femmes enceintes et des personnes ayant des comportements à risque [37](#page=37).
* Traitement du sujet contaminateur et du conjoint [37](#page=37).
* Il n'y a ni vaccin ni immunisation acquise contre la syphilis [37](#page=37).
### 4.3 Neisseria gonorrhoeae
#### 4.3.1 Caractères bactériologiques
*Neisseria gonorrhoeae*, communément appelé gonocoque, appartient à la famille des Neisseria. C'est un diplocoque Gram négatif, en forme de grains de café. Il est catalase positif et oxydase positif. Il s'agit d'un aérobie strict. Le gonocoque est maltose négatif, contrairement au méningocoque qui est maltose positif. Il multiplie à l'intérieur ou à l'extérieur des cellules phagocytaires (phagocytes, polynucléaires). C'est une bactérie fragile et exigeante, dont la culture est lente (2-5 jours). Elle nécessite des milieux de culture riches en nutriments comme la gélose au sang cuit ("chocolat"), sous atmosphère de CO2 (5%) et en milieu humide. Un milieu spécifique est le Martin et Lewis [39](#page=39).
#### 4.3.2 Pouvoir pathogène
*Neisseria gonorrhoeae* est strictement humain. Il est responsable de [39](#page=39):
* **Infections génitales basses :**
* Urétrite aiguë symptomatique chez l'homme, caractérisée par un écoulement purulent [39](#page=39).
* Urétrite et cervicite chez la femme [39](#page=39).
* **Infections extra-génitales:** formes ano-rectales, pharyngées, conjonctivites [39](#page=39).
* **Formes disséminées (rares):** bactériémies, arthrites [39](#page=39).
Il est important de ne pas confondre *Neisseria gonorrhoeae* (gonocoque) avec *Neisseria meningitidis* (méningocoque), responsable des méningites [39](#page=39).
#### 4.3.3 Diagnostic bactériologique
Le diagnostic est exclusivement direct [40](#page=40).
**Chez l'homme:** L'écoulement urétral purulent est un signe clinique majeur [40](#page=40).
**Chez la femme:** L'identification peut être plus difficile, nécessitant un prélèvement vaginal [40](#page=40).
**Méthodes de diagnostic :**
* **Culture:** Utilisation de milieux enrichis tels que la gélose au sang cuit et la gélose VCAT (Vancomycine, Colistine, Amphotéricine B, Triméthoprime). L'identification se fait par l'aspect des colonies, les caractères biochimiques (galeries d'identification) et la spectrométrie de masse (MALDI-ToF) [40](#page=40).
* **Amplification des acides nucléiques (PCR):** Méthode de choix, très sensible [40](#page=40).
Il n'existe pas de sérologie pour le diagnostic du gonocoque [40](#page=40).
#### 4.3.4 Traitement
Le Ceftriaxone est le seul antibiotique recommandé en première intention sans nécessité de réaliser un antibiogramme, car toutes les souches y sont sensibles. Si une PCR est positive, un nouveau prélèvement doit être effectué pour une culture et un antibiogramme avant l'instauration du traitement [40](#page=40).
Il n'y a ni vaccin ni immunisation acquise contre *Neisseria gonorrhoeae* [40](#page=40).
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# Mycoplasmes
Les mycoplasmes sont des bactéries atypiques caractérisées par leur absence de paroi cellulaire, ce qui confère des propriétés uniques en termes de pathogénicité, de diagnostic et de traitement, particulièrement pertinents pour les infections génitales [42](#page=42).
### 5.1 Caractères bactériologiques uniques
Les mycoplasmes se distinguent par plusieurs caractéristiques fondamentales [42](#page=42):
* **Petite taille et morphologie:** Ils sont d'une très petite taille, environ 300 nanomètres (0.3 micromètre), ce qui en fait les plus petites bactéries capables de réplication autonome. Leur morphologie est variable au microscope électronique et ils peuvent être retrouvés de manière extra et intracellulaire [42](#page=42).
* **Absence de paroi cellulaire:** C'est leur caractéristique la plus distinctive. L'absence de paroi, et donc l'incapacité à synthétiser le peptidoglycane, les rend naturellement résistants aux antibiotiques qui ciblent cette structure, tels que les bêta-lactamines [42](#page=42).
* **Sensibilité environnementale:** Du fait de l'absence de paroi rigide, ils sont très sensibles aux conditions du milieu, comme le pH, la température, la pression osmotique et la présence de tensioactifs [42](#page=42).
* **Différenciation des espèces :** Les mycoplasmes génitaux incluent plusieurs espèces importantes :
* *Ureaplasma* spp (*Ureaplasma urealyticum* et *Ureaplasma parvum*), qui métabolise l'urée [42](#page=42).
* *Mycoplasma hominis*, qui métabolise l'arginine [42](#page=42).
* *Mycoplasma genitalium* [42](#page=42).
#### 5.1.1 Mycoplasmes génitaux : pathogénicité et manifestations cliniques
Les mycoplasmes génitaux partagent des similarités significatives avec les chlamydias en termes de présentation clinique et de complications [42](#page=42).
* **Signes cliniques:** Les manifestations cliniques sont souvent identiques à celles des infections à chlamydia, incluant des urétrites chez l'homme, ainsi que des salpingites et des épididymites [42](#page=42).
* **Complications:** Les complications sont également similaires, pouvant entraîner une infertilité significative, voire une stérilité, tant chez l'homme que chez la femme [42](#page=42).
> **Tip:** Il est crucial de différencier les mycoplasmes génitaux (*Mycoplasma hominis*, *Ureaplasma* spp., *Mycoplasma genitalium*) des mycoplasmes respiratoires comme *Mycoplasma pneumoniae*, car leurs tropismes et leurs manifestations cliniques diffèrent [42](#page=42).
### 5.2 Approches de diagnostic
Le diagnostic des infections à mycoplasmes génitaux nécessite des prélèvements spécifiques et des techniques adaptées [43](#page=43).
#### 5.2.1 Prélèvement
Le type de prélèvement dépend du sexe du patient [43](#page=43):
* **Chez l'homme:** Un écouvillonnage urétral ou l'utilisation d'une brosse spécifique est généralement réalisée, soit au cabinet médical, soit au laboratoire [43](#page=43).
* **Chez la femme:** Les prélèvements peuvent être génitaux (col de l'utérus, vagin) ou urinaires [43](#page=43).
* **Conservation:** Le délai d'acheminement au laboratoire et les conditions de conservation des échantillons sont des facteurs critiques pour la viabilité des mycoplasmes [43](#page=43).
#### 5.2.2 Méthodes diagnostiques
Plusieurs méthodes sont utilisées pour identifier les mycoplasmes [43](#page=43):
* **Culture:** La culture bactériologique, souvent en milieu liquide, permet d'isoler et de dénombrer les mycoplasmes [43](#page=43).
* **PCR (Réaction de Polymérisation en Chaîne):** La PCR est une méthode très sensible et spécifique pour la détection directe de l'ADN des mycoplasmes [43](#page=43).
* **Absence de sérologie:** Contrairement à d'autres infections, la sérologie n'est généralement pas utilisée pour le diagnostic des infections à mycoplasmes génitaux [43](#page=43).
> **Tip:** L'absence d'immunisation acquise suite à une infection à mycoplasmes et l'absence de vaccin disponible rendent la prévention des réinfections et la prise en charge des épidémies particulièrement importantes [43](#page=43).
### 5.3 Principe thérapeutique
Le traitement des infections à mycoplasmes génitaux est guidé par la sensibilité des différentes espèces aux antibiotiques, notamment en raison de l'absence de paroi [43](#page=43).
* **Sensibilité:** *Mycoplasma genitalium* est naturellement sensible aux tétracyclines et aux fluoroquinolones [43](#page=43).
* **Résistance:** Il présente une résistance naturelle aux bêta-lactamines, à la rifampicine, aux sulfamides et au triméthoprime, en raison de l'absence de paroi. De plus, une résistance acquise aux macrolides est en augmentation [43](#page=43).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Agents des IST | Microorganismes (bactéries, virus, champignons, parasites) capables d'infecter l'appareil génital et de se transmettre par contact sexuel. |
| IST | Acronyme désignant les Infections Sexuellement Transmissibles, des infections contractées principalement lors de rapports sexuels. |
| VPH | Acronyme pour Virus du Papillome Humain, un groupe de virus très répandus qui infectent la peau et les muqueuses, certains pouvant causer des verrues et d'autres des cancers. |
| HPV HR | Abréviation pour High-Risk Human Papillomavirus, les types de VPH considérés comme oncogènes et pouvant entraîner des lésions précancéreuses et des cancers. |
| HPV BR | Abréviation pour Bas-Risque Human Papillomavirus, les types de VPH généralement associés à des affections bénignes telles que les condylomes. |
| VIH | Acronyme pour Virus de l'Immunodéficience Humaine, un rétrovirus qui attaque le système immunitaire, spécifiquement les lymphocytes T CD4, et peut conduire au SIDA. |
| SIDA | Acronyme pour Syndrome d'Immunodéficience Acquise, le stade avancé de l'infection par le VIH, caractérisé par une défaillance du système immunitaire et l'apparition de maladies opportunistes. |
| Rétrovirus | Famille de virus qui utilisent une enzyme appelée transcriptase inverse pour convertir leur ARN en ADN, lequel est ensuite intégré dans le génome de la cellule hôte. |
| Transcriptase inverse (RT) | Enzyme virale des rétrovirus qui catalyse la synthèse d'ADN à partir d'une matrice d'ARN. |
| Lymphocytes T CD4 | Type de globules blancs qui jouent un rôle central dans la réponse immunitaire ; ils sont la cible principale du VIH. |
| Chlamydia trachomatis | Bactérie à Gram négatif intracellulaire, cause majeure d'IST, pouvant entraîner des urétrites, cervicites et parfois des complications comme la salpingite. |
| Treponema pallidum | Bactérie spirochète, agent causal de la syphilis, une infection sexuellement transmissible qui évolue en plusieurs stades. |
| Neisseria gonorrhoeae | Bactérie diplocoque à Gram négatif, responsable de la gonorrhée (ou blennorragie), une IST provoquant des infections génitales et parfois des infections disséminées. |
| Gonocoque | Nom commun pour Neisseria gonorrhoeae. |
| Mycoplasmes | Groupe de bactéries dépourvues de paroi cellulaire, qui incluent des espèces pathogènes pour l'homme, notamment Mycoplasma genitalium, une cause d'IST. |
| Urétrite | Inflammation de l'urètre, le canal qui transporte l'urine hors du corps, souvent causée par des infections sexuellement transmissibles. |
| Cervicite | Inflammation du col de l'utérus, souvent due à des infections bactériennes ou virales transmises sexuellement. |
| Salpingite | Inflammation des trompes de Fallope, généralement causée par une infection sexuellement transmissible ascendante (comme Chlamydia ou Gonorrhée), pouvant mener à l'infertilité. |
| Lymphogranulomatose vénérienne (LGV) | Une forme grave de l'infection à Chlamydia trachomatis, causée par des sérovar spécifiques (L1, L2, L3), qui affecte le système lymphatique génital. |
| PCR | Réaction en chaîne par polymérase, une technique de biologie moléculaire utilisée pour amplifier de petits fragments d'ADN ou d'ARN, permettant de détecter la présence d'agents infectieux. |
| Sérologie | Méthode de diagnostic qui recherche la présence d'anticorps produits par l'organisme en réponse à une infection ou d'antigènes du pathogène. |
| Antigénémie | Détection d'antigènes viraux ou bactériens dans le sang ou d'autres fluides corporels, souvent un indicateur d'infection active. |
| Fenêtre sérologique | Période entre le moment de l'infection et le moment où les anticorps spécifiques sont détectables dans le sang par les tests de sérologie. |
| Antirétroviraux | Médicaments utilisés pour traiter l'infection par le VIH, qui inhibent la réplication du virus à différentes étapes de son cycle. |