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Summary
# Définition et historique de la schizophrénie
L'histoire et la définition de la schizophrénie remontent aux premières conceptualisations de maladies mentales caractérisées par des troubles profonds de la personnalité, de la pensée et de la perception de la réalité, menant à des formes d'isolement et de déclin cognitif [1](#page=1).
### 1.1 Origine du terme "schizophrénie"
Le terme "schizophrénie" a été inventé en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler. Il dérive du grec [1](#page=1):
* "schizo" signifiant "séparer" ou "couper" [1](#page=1).
* "phrénie" se référant à l'"esprit" [1](#page=1).
Bleuler a choisi ce terme pour mettre en évidence la caractéristique centrale de la maladie: la dissociation ou la désagrégation de la personnalité [1](#page=1).
### 1.2 Premières descriptions et concepts
Avant que Bleuler ne nomme la maladie, le psychiatre Emil Kraepelin avait déjà observé et décrit des symptômes similaires chez de jeunes patients [1](#page=1).
#### 1.2.1 La démence précoce selon Kraepelin
Kraepelin a remarqué que les jeunes personnes atteintes de cette affection souffraient d'une forme de "démence", c'est-à-dire une perte de facultés mentales, généralement observée chez les personnes âgées. Il a donc appelé cette maladie la "démence précoce" [1](#page=1).
La définition de la démence précoce par Kraepelin décrivait une atteinte profonde de la vie affective et de la volonté, évoluant vers un affaiblissement de la personnalité [1](#page=1).
Kraepelin distinguait trois formes de la démence précoce :
1. L'hébéphrénie [1](#page=1).
2. La catatonie [1](#page=1).
3. La forme paranoïde [1](#page=1).
#### 1.2.2 Apports d'Eugen Bleuler
Eugen Bleuler a observé chez les personnes atteintes de schizophrénie une évolution constante de la maladie, entraînant des difficultés croissantes à être en accord avec la réalité. Il a nommé ce phénomène une "évolution déficitaire" [1](#page=1).
Bleuler a identifié trois grands syndromes caractéristiques de la schizophrénie :
1. Les troubles de l'association des idées et de l'affectivité [1](#page=1).
2. Une perte de contact avec la réalité conduisant à des délires [1](#page=1).
3. Le refuge dans la vie imaginaire, un repli sur soi appelé "autisme", particulièrement observé chez les jeunes adultes schizophrènes [1](#page=1).
Pour Bleuler, la dissociation ou désagrégation de la personnalité demeurait le facteur majeur et le plus important de la schizophrénie [1](#page=1).
##### 1.2.2.1 Le concept de dissociation de la personnalité
La désagrégation de la personnalité, selon Bleuler, implique que différents éléments de la personnalité ne fonctionnent plus de manière cohérente et coordonnée. Un exemple illustratif est lorsqu'une personne exprime une tristesse profonde (ce qui serait normalement cohérent avec une expression faciale triste), mais que son expression faciale ne correspond pas à son état émotionnel. C'est cette incohérence qui caractérise la dissociation de la personnalité [1](#page=1).
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# Diagnostic et symptômes de la schizophrénie
Le diagnostic et les symptômes de la schizophrénie impliquent l'analyse de critères diagnostiques spécifiques, notamment le syndrome dissociatif, la dépersonnalisation, la déréalisation, ainsi que les troubles affectant la pensée, le langage, l'affectivité et le raisonnement.
### 2.1 Critères généraux de diagnostic
La schizophrénie est considérée comme une maladie chronique, caractérisée par une aggravation progressive au fil du temps. Pour poser un diagnostic de schizophrénie, les symptômes doivent être installés depuis au moins six mois. En France, moins de 1% de la population est atteinte de schizophrénie, avec une répartition égale entre hommes et femmes. La maladie se manifeste généralement entre 18 et 26 ans, débutant plus tôt et étant plus prononcée chez les hommes [2](#page=2).
### 2.2 Le syndrome dissociatif
Le syndrome dissociatif est un élément central du diagnostic de la schizophrénie, se manifestant par plusieurs symptômes interconnectés [2](#page=2).
#### 2.2.1 La dépersonnalisation
La dépersonnalisation se caractérise par un sentiment de perte de l'unité et de l'intégrité psychique et physique, ainsi qu'une transformation interne de l'identité. L'individu peut avoir l'impression que son esprit et son corps ne fonctionnent plus ensemble, donnant lieu à des expressions telles que "je deviens fou". Bien que la dépersonnalisation ne soit pas exclusive à la schizophrénie, elle est fréquemment observée, souvent déclenchée par un stress intense ou une crise d'angoisse [2](#page=2).
#### 2.2.2 La déréalisation
Associée à la dépersonnalisation, la déréalisation se manifeste par l'impression que le monde environnant a été transformé et qu'il y a quelque chose d'anormal dans l'environnement [2](#page=2).
#### 2.2.3 Troubles de la pensée
Le processus dissociatif entraîne un relâchement des associations d'idées, se traduisant par des troubles de la pensée. Cela peut inclure le fait de divaguer complètement hors sujet lorsqu'une question est posée. Un autre symptôme est le "barrage", où la personne s'arrête brutalement de parler en cours de conversation [2](#page=2).
##### 2.2.3.1 Troubles du contenu de la pensée
Les troubles du contenu de la pensée impliquent une pensée illogique. Ils incluent [3](#page=3):
* **Le rationalisme morbide**: le patient cherche une raison rationnelle à sa maladie [3](#page=3).
* **Les persévérations**: l'individu répète constamment la même chose [3](#page=3).
#### 2.2.4 Troubles du langage
Les troubles du langage, toujours liés au syndrome dissociatif, peuvent se manifester par un maniérisme du langage, donnant l'impression d'une parole datant d'un siècle précédent. L'individu peut également inventer des mots et commettre des erreurs orthographiques [3](#page=3).
#### 2.2.5 Troubles de l'affectivité
Les troubles de l'affectivité, également issus du syndrome dissociatif, incluent :
* **L'ambivalence affective**: l'affectivité est perturbée, oscillant entre de grands gestes affectueux et de la colère [3](#page=3).
* **La discordance idéco-affective**: l'individu présente des mimiques physiques opposées à ce qu'il dit verbalement [3](#page=3).
#### 2.2.6 Troubles du raisonnement logique
Les troubles du raisonnement logique, toujours liés au syndrome dissociatif, se traduisent par :
* **Une altération du raisonnement et de l'abstraction**: les individus interprètent le sens littéral de certains mots, perdant ainsi l'humour [3](#page=3).
* **Un défaut d'intégration du contexte**: difficulté à comprendre ou à s'adapter au contexte [3](#page=3).
* **La difficulté à attribuer des intentions appropriées à autrui**: incapacité à se mettre à la place de l'autre [3](#page=3).
#### 2.2.7 Discordances psychomotrices
Enfin, les discordances psychomotrices, toujours dues au syndrome dissociatif, incluent :
* **Le négativisme**: refus du contact avec autrui, les individus touchés par la maladie évitant le regard des autres [3](#page=3).
> **Tip:** Il est crucial de noter que dans la conception française de la schizophrénie, la présence du syndrome autistique est indispensable pour le diagnostic, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays [2](#page=2).
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# Étude de cas et psychopathologie adulte
This section explores the case of Marc to illustrate schizophrenia symptoms, familial factors, and the importance of medical follow-up, while introducing the field of adult psychopathology and psychic construction.
### 3.1 Introduction à la psychopathologie adulte
La psychopathologie adulte se consacre à l'étude des troubles mentaux spécifiques à cette tranche d'âge. Elle se distingue de la psychopathologie infantile, car les troubles de l'adulte découlent de la différenciation progressive du psychisme, qui se cristallise à l'adolescence. L'étude des maladies mentales adultes se fait sous l'angle de leurs structures et de leur sémiologie, c'est-à-dire l'étude des signes. Les symptômes sont définis comme ce qui « tombe », tandis que les signes représentent un ensemble de manifestations qui coïncident, indiquant qu'un problème est présent. La psychopathologie cherche à comprendre la manière dont un individu gère ses conflits, ces derniers variant selon sa structure psychique [5](#page=5).
### 3.2 Le cas de Marc : une illustration de la schizophrénie
Le cas de Marc sert d'exemple concret pour illustrer les symptômes de la schizophrénie, l'influence des facteurs familiaux et la nécessité d'un suivi médical rigoureux.
#### 3.2.1 Contexte familial et événements traumatiques de Marc
Marc a traversé une enfance marquée par des tensions familiales, notamment le divorce de ses parents alors qu'il n'avait que 17 mois. Il a grandi chez ses grands-parents maternels, dans un environnement où la relation avec sa mère était conflictuelle et où il a ressenti un rejet de la part de sa famille paternelle. Le remariage de sa mère et la naissance d'un frère ont davantage perturbé la dynamique familiale. Un événement particulièrement traumatisant fut le décès de sa mère d'un cancer de l'utérus, qui a agi comme un déclencheur pour la détérioration de son état mental. Suite à ce deuil, Marc s'est davantage retiré socialement et a développé des troubles du comportement, une isolation croissante et des symptômes psychosomatiques tels que la fatigue et des troubles du sommeil [4](#page=4).
#### 3.2.2 Symptômes de la schizophrénie chez Marc
L'analyse du cas de Marc met en lumière plusieurs symptômes caractéristiques de la schizophrénie :
* **Hallucinations:** Marc semble percevoir des voix et des sons qui n'existent pas dans la réalité [4](#page=4).
* **Délires de persécution et de grandeur:** Il est convaincu que ses voisins et son entourage complotent contre lui, manifestant ainsi des croyements délirants [4](#page=4).
* **Trouble de la pensée et de la communication:** Marc éprouve des difficultés à organiser ses pensées de manière cohérente, ce qui altère sa capacité à communiquer clairement [4](#page=4).
#### 3.2.3 Facteurs familiaux et leur impact
La dynamique familiale de Marc a joué un rôle prépondérant dans l'émergence de ses symptômes. Le divorce des parents, le décès de sa mère, et l'influence significative de ses grands-parents, notamment une grand-mère autoritaire, ont contribué à son isolement social et ont limité son accès à un soutien affectif et à une stabilité. La relation avec sa famille est caractérisée par des tensions et une aliénation, où il se sent souvent dévalorisé, renforçant ainsi son sentiment de solitude et sa confusion intérieure [4](#page=4).
#### 3.2.4 Importance du suivi médical
Marc a consulté plusieurs professionnels de la santé mentale et a bénéficié d'un traitement psychiatrique. Cependant, son parcours de soins a été fortement influencé par ses proches, en particulier sa grand-mère, soulignant l'importance de la prise en compte de l'entourage dans le suivi des patients [4](#page=4).
> **Tip:** L'exemple de Marc met en évidence que la compréhension des troubles mentaux nécessite une approche holistique, intégrant les aspects symptomatiques, les facteurs psychologiques et sociaux, ainsi que le contexte familial.
### 3.3 La construction du psychisme adulte
La psychopathologie adulte s'intéresse également à la manière dont le psychisme se construit depuis la naissance jusqu'à l'âge adulte.
#### 3.3.1 Développement du psychisme de la naissance à l'adolescence
Dans la petite enfance, le psychisme n'est pas encore complètement structuré. L'enfant élabore progressivement un « moi » distinct de son environnement. Le rôle de la famille est fondamental: la mère apporte soins et sécurité, tandis que le père ou d'autres figures parentales contribuent à la structuration de l'enfant. Les images parentales initialement indifférenciées se précisent au fil des interactions. Ce processus de différenciation permet au bébé de distinguer progressivement le soi de l'extérieur, en intégrant ses perceptions, ses sensations et ses expériences [5](#page=5).
#### 3.3.2 La cristallisation psychique à l'adolescence
L'adolescence marque une étape cruciale où la structure psychique se stabilise. Cette période de « cristallisation » définit l'identité adulte et la manière dont les conflits internes et les rapports au monde se manifesteront. L'identité psychique et sexuelle s'ancre durant cette phase, posant les bases de la vie adulte [5](#page=5).
> **Tip:** Comprendre la trajectoire de développement du psychisme est essentiel pour appréhender les troubles psychopathologiques à l'âge adulte, car ces derniers peuvent découler de difficultés rencontrées lors des phases de construction antérieures.
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# Structures psychopathologiques : névroses, psychoses et états limites
Ce chapitre aborde la classification des troubles mentaux, en se concentrant sur les concepts de névroses, psychoses et états limites, ainsi que les différentes écoles de pensée les concernant [6](#page=6).
### 4.1 Les grandes classifications des troubles mentaux
Historiquement, la compréhension de la folie a évolué, passant d'une confusion avec la sorcellerie au moyen âge à une approche plus médicale et institutionnelle dès le XVIIIe siècle avec la construction d'asiles. Aujourd'hui, plusieurs systèmes de classification coexistent, notamment le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) publié par l'Association américaine de psychiatrie (APA) et la CIM (Classification Internationale des Maladies). Ces classifications visent à décrire et classer les troubles mentaux. Il est important de noter que les symptômes seuls ne permettent pas toujours un diagnostic définitif, car peu de symptômes sont pathognomoniques (caractéristiques et exclusifs à une maladie). Un diagnostic repose souvent sur l'ensemble des symptômes formant un syndrome, et idéalement, sur l'identification de l'origine du trouble, le considérant alors comme une maladie [7](#page=7).
### 4.2 Les deux principales écoles de pensée
Deux écoles de pensée distinctes ont émergé pour catégoriser les structures psychopathologiques :
#### 4.2.1 École 1 : Névrose, psychose et perversion
Cette école distingue trois catégories principales :
1. **Névrose**
* **Définition:** Caractérisée par un conflit intrapsychique résultant de désirs contradictoires [6](#page=6).
* **Mécanisme:** Les symptômes, tels que les phobies, les obsessions ou la somatisation, servent à résoudre indirectement ces conflits internes. Le symptôme est vu comme un compromis permettant de ne pas être directement confronté au conflit psychique [6](#page=6).
* **Structure:** La structure névrotique est considérée comme stable mais peut être modulable en fonction des situations. Le rapport du sujet à la réalité est généralement conservé [6](#page=6).
2. **Psychose**
* **Définition:** Le conflit principal oppose le moi à la réalité [6](#page=6).
* **Manifestations:** Les manifestations incluent des hallucinations, des délires et une altération globale du fonctionnement psychique, indiquant une perturbation du rapport à la réalité [6](#page=6).
* **Sous-types:** Les psychoses peuvent se décliner en psychoses délirantes chroniques, psychoses délirantes aiguës et psychose hallucinatoire chronique [6](#page=6).
3. **Perversion**
* **Définition:** Il s'agit d'une déviation des règles sociales et sexuelles [6](#page=6).
* **Adaptation:** Les individus concernés s'adaptent de manière atypique sans pour autant manifester les caractéristiques de la psychose ou de la névrose classique [6](#page=6).
#### 4.2.2 École 2 : Névrose, psychose et états limites
Cette seconde école intègre la notion d'états limites aux catégories traditionnelles :
1. **Névrose**
* Identique à la définition et aux caractéristiques de l'école 1 [6](#page=6).
2. **Psychose**
* Identique à la définition et aux caractéristiques de l'école 1 [6](#page=6).
3. **États limites (Borderline)**
* **Définition:** Cette catégorie inclut certains individus auparavant classés comme pervers, ainsi que des personnes présentant des symptômes atypiques [6](#page=6).
* **Caractéristiques:** Les états limites se manifestent par une instabilité, des symptômes intermittents et des difficultés notables dans la régulation des affects [6](#page=6).
* **Position:** Ils représentent une tentative de résolution de conflits internes ou des difficultés adaptatives qui ne correspondent pas aux structures classiques de la névrose ou de la psychose. L'introduction de cette catégorie visait à inclure des patients dont les symptômes intermittents et les troubles de la régulation affective ne rentraient pas dans les cadres établis [6](#page=6) [7](#page=7).
* **Controverse:** L'existence et la pertinence de la catégorie des états limites ont fait débat parmi les cliniciens; certains psychanalystes lacaniens considèrent que ces états n'existent pas, tandis que les psychanalystes freudiens défendent leur reconnaissance [7](#page=7).
> **Tip:** Les symptômes, bien qu'indicatifs d'un dysfonctionnement, ne suffisent pas toujours à poser un diagnostic unique. Le clinicien doit intégrer plusieurs éléments de connaissance (symptômes, syndrome, origine identifiable) pour construire un diagnostic pertinent [7](#page=7).
> **Example:** La phobie peut être un symptôme, mais si elle s'associe à d'autres symptômes, on parle de syndrome. Si l'origine de ce syndrome est comprise (par exemple, un virus dans le cas du SIDA, initialement un syndrome), on peut parler de maladie. Les névroses, quant à elles, sont parfois expliquées par des théories comme le complexe d'Œdipe [7](#page=7).
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# Théories étiologiques et classification des psychoses
Voici un résumé détaillé sur les théories étiologiques et la classification des psychoses, conçu pour un guide d'étude.
## 5. Théories étiologiques et classification des psychoses
Ce chapitre explore les diverses perspectives théoriques sur l'origine des maladies mentales et détaille la classification des différentes formes de psychoses [8](#page=8).
### 5.1 Théories étiologiques des maladies mentales
Trois grandes perspectives théoriques tentent d'expliquer les causes des maladies mentales: les théories dynamiques, organiques et adaptationnelles [8](#page=8).
#### 5.1.1 Théories dynamiques
Les théories dynamiques, dont la psychanalyse est un exemple majeur, considèrent les psychoses comme des tentatives d'organisation de la personne face au monde, bien que leurs perceptions soient perturbées par des conflits internes. Elles mettent l'accent sur le mouvement dynamique et l'évolution individuelle de l'enfance à l'âge adulte dans le développement des pathologies [8](#page=8).
#### 5.1.2 Théories organiques
À l'opposé, les théories organiques ou mécaniques postulent que les maladies mentales ont une origine physique, avec des symptômes directement liés à des lésions du système nerveux fonctionnel. Les avancées modernes utilisent l'imagerie cérébrale pour mieux comprendre ces origines [8](#page=8).
#### 5.1.3 Théories adaptationnelles
Ces théories suggèrent que les maladies mentales résultent d'un échec d'adaptation à l'environnement, entraînant stress et pathologies. Les études expérimentales sur animaux dans les années 1950-1960 ont notamment mis en évidence comment des environnements contraints ou des injonctions contradictoires peuvent induire des troubles mentaux. Le concept de "double contrainte", développé par des pionniers comme Gregory Bateson, décrit des situations où toute réponse est mauvaise, emprisonnant l'individu dans un système toxique [8](#page=8) [9](#page=9).
> **Tip:** Aucune théorie unique ne parvient à expliquer l'intégralité des psychoses. Des tentatives de synthèse, comme celle d'Henry Ey, ont existé mais n'ont pas été historiquement retenues [9](#page=9).
### 5.2 Classification des psychoses
La classification des psychoses se divise en plusieurs catégories principales, incluant la schizophrénie, les psychoses délirantes chroniques et aiguës, et la psychose maniaco-dépressive [9](#page=9).
#### 5.2.1 Schizophrénie
La schizophrénie est considérée comme une maladie distincte en raison de :
* Syndromes autistiques et dissociatifs [9](#page=9).
* Altération durable des relations sociales et du fonctionnement psychique [9](#page=9).
* Présence du syndrome d'automatisme mental [9](#page=9).
* Évolution défavorable si non traitée, menant à un isolement progressif et une régression sociale [9](#page=9).
Contrairement à d'autres psychoses chroniques, la schizophrénie se caractérise par une aggravation progressive des symptômes et un repli autistique marqué [10](#page=10) [12](#page=12).
#### 5.2.2 Psychoses délirantes chroniques
Ces psychoses se caractérisent par un début progressif et une évolution persistante, souvent marquées par un délire construit et des hallucinations possibles [9](#page=9).
##### 5.2.2.1 Psychose hallucinatoire chronique
Il s'agit d'un type particulier de psychose délirante chronique, marqué par un début souvent brutal pour l'entourage [10](#page=10) [9](#page=9).
* **Symptômes:** Éruption d'hallucinations auditives (voix menaçantes, commentaires des actes, écho de la parole, écho paradoxal) automatisme sensoriel et psychomoteur (impression que le cerveau fonctionne seul ou que des actions sont imposées). Ces manifestations peuvent générer un délire paranoïde [10](#page=10).
* **Évolution:** Chronique mais stabilisée, avec la possibilité d'une intégration sociale partielle. Le traitement par neuroleptiques aide à bloquer les hallucinations, tandis que la psychothérapie vise la gestion des symptômes et la prévention des crises. La maladie évolue par poussées avec des phases de stabilisation, permettant une adaptation progressive [11](#page=11).
> **Encadré - Pourquoi la psychose hallucinatoire chronique est particulière:** Bien que le début puisse être brutal pour l'entourage, il est parfois progressif pour le patient. Les hallucinations sont complexes et variées, et un maintien partiel des activités sociales est possible. Un suivi combinant traitement médicamenteux et psychothérapique est essentiel [11](#page=11).
##### 5.2.2.2 Paranoïa
Caractérisée par un délire systématisé, la paranoïa présente une construction logique qui peut sembler plausible extérieurement, s'appuyant sur des éléments souvent faux. Les personnes paranoïaques peuvent entraîner d'autres individus dans leur délire [13](#page=13).
* **Types de délires passionnels et de revendication :**
* **Quérulents processifs:** Engagent des procédures judiciaires pour faire triompher leurs revendications, se sentant attaqués et perdant confiance en la justice [13](#page=13).
* **Inventeurs:** S'imaginent avoir inventé des choses qui leur ont été volées, intentant des procès [14](#page=14).
* **Idéalistes passionnés:** Rêvent de nouveaux systèmes politiques ou sociaux et tentent de les mettre en place [14](#page=14).
* **Types de délires passionnels :**
* **Jalousie:** Le sujet est incertain, pense être trompé et cherche des preuves d'infidélité, devenant parfois agressif [15](#page=15).
* **Érotomanie:** Illusion d'être aimé, le sujet interprète les gestes de l'autre comme des signes de séduction [15](#page=15).
* **Délire sensitif de relations:** Moins agressif, vécue sur un mode dépressif et anxieux, avec sentiment de persécution [16](#page=16).
* **Délire d'interprétation:** Poussé à l'extrême, avec des raisonnements faux menant à voir des signes de complots dans des événements anodins [16](#page=16).
##### 5.2.2.3 Paraphénie
Historiquement associée aux "délires fantastiques", la paraphénie se distingue par des thèmes délirants riches et imaginatifs, parfois juxtaposés à la vie ordinaire du sujet. Les hallucinations sont moins présentes, l'imagination étant le moteur du délire. L'adaptation sociale peut être surprenante, avec le délire restant souvent cantonné à un secteur de la pensée [11](#page=11) [12](#page=12).
#### 5.2.3 Psychoses délirantes aiguës
Ces psychoses se caractérisent par l'apparition brutale d'un délire transitoire, généralement polymorphe dans ses thèmes et expressions [16](#page=16).
* **Déclenchement:** Souvent chez les jeunes femmes, potentiellement favorisé par des antécédents psychopathiques, des troubles de l'usage de substances, des émotions fortes, des chocs ou des disputes [17](#page=17).
* **Symptômes:** Délire complet et soudain, hallucinations, thèmes délirants multiples et variables (persécution, grandeur, filiation, possession, empoisonnement, richesse, influence, automatisme mental). L'humeur peut changer très violemment. La lucidité du malade reste intacte, mais il peut paraître absent, envahi par les hallucinations et les pensées délirantes [17](#page=17).
* **Évolution:** D'une durée de quelques semaines si non traitée. La crise peut se terminer brutalement ou progressivement. Un risque de récidive existe, ainsi qu'un risque de transition vers la schizophrénie [16](#page=16) [18](#page=18).
* **Diagnostic:** Des indices comme un début soudain, le caractère polymorphe et intensément vécu du délire, l'adéquation entre le thème délirant et l'humeur, et l'augmentation des troubles de la conscience peuvent aider au diagnostic. Les facteurs mauvais pronostics incluent la présence d'automatisme mental, la systématisation du délire, la longueur de la crise et la résistance au traitement [18](#page=18) [19](#page=19).
* **Causes:** Exogènes (intoxication aux psychodysleptiques), maladies (tumeur, encéphalite), AVC, chocs émotionnels forts [19](#page=19).
* **Traitement:** Symptomatique, incluant neuroleptiques, anxiolytiques et psychothérapie sous narcoanalyse [19](#page=19).
#### 5.2.4 Psychose maniaco-dépressive (Trouble bipolaire)
Cette affection se caractérise par l'alternance d'épisodes maniaques et dépressifs [9](#page=9).
* **Phases dépressives (Mélancolie) :**
* **Dépression réactionnelle:** Réaction à un événement de vie (deuil, perte), considérée comme normale. Elle entraîne un affaissement de l'humeur, une inhibition (ralentissement psychique et social), de la lassitude, de la fatigue, et peut évoluer vers l'auto-dépréciation, l'auto-accusation et l'auto-punition [19](#page=19).
* **Dépression endogène:** Sans cause extérieure apparente, souvent sans différence aujourd'hui avec la mélancolie ou le trouble bipolaire. Elle débute progressivement sur plusieurs semaines, avec asthénie, céphalées, troubles du sommeil, sentiment dépressif intense, perte de contact avec la réalité, auto-dépréciation marquée, impuissance, et idées suicidaires [19](#page=19) [20](#page=20).
* **Formes de mélancolie:** Stuporeuse (avec stupeur et absence de mouvement), anxieuse (tristesse intense, anxiété extrême, risque suicidaire élevé), délirante (avec délires à tonalité dépressive, d'indignité, d'hypocondrie, de négation) et monosymptomatique [20](#page=20) [21](#page=21).
* **Traitement de la mélancolie:** Hospitalisation pour éviter le suicide, administration d'antidépresseurs (tricycliques, IMAO, ISRS) et s'il le faut, s'orienter vers une électroconvulsivothérapie (ECT) [21](#page=21).
* **Phases maniaques:** Humeur haute, excitation joyeuse, euphorique, recherche de contact, exaltation, optimisme, mais pouvant devenir grossier. Le langage est rapide, avec des associations d'idées rapides. Peut être provoqué par des tumeurs, des toxines, avec un terrain héréditaire marqué. Le traitement inclut des calmants et hypnotiques [22](#page=22).
> **Tip:** Le risque suicidaire est particulièrement élevé pendant la phase de rémission des crises mélancoliques [20](#page=20).
### 5.3 Notion de structure psychique et de décompensation
Il existe une continuité entre le pathologique et le normal, où la structure psychique (névrotique ou psychotique) détermine le mode de décompensation en cas de maladie. Une personne bien portante dans une structure psychotique restera psychotique si elle devient malade, mais à l'intérieur de cette structure [14](#page=14).
* **Différence entre névrose et psychose:** La névrose implique un conflit intra-psychique sans perte de contact avec la réalité, tandis que la psychose se caractérise par une perte de contact avec la réalité [15](#page=15).
### 5.4 États limites
Les personnes en état limite, ou borderline, ont du mal à se structurer, manifestant une multiplicité de symptômes et une persistance de l'angoisse. Elles peuvent souffrir d'une angoisse anaclitique, nécessitant de s'appuyer sur un objet ou une personne pour fonctionner. Cela peut mener à des stratégies de contrôle de l'objet, à une angoisse de séparation importante, et parfois à des conduites auto-agressives. Le surmoi est souvent faible voire inexistant chez ces individus [23](#page=23).
> **Tip:** Les états limites représentent une zone grise où les individus ne sont pas clairement ni névrotiques, ni psychotiques [23](#page=23).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Schizophrénie | Terme inventé par Eugen Bleuler en 1911, signifiant littéralement "séparer l'esprit", pour décrire une maladie caractérisée par une dissociation ou désagrégation de la personnalité. |
| Démence précoce | Terme utilisé par Emil Kraepelin pour désigner la schizophrénie, soulignant la perte de facultés mentales observée chez les jeunes personnes atteintes. |
| Syndrome dissociatif | Ensemble de symptômes regroupés qui manifestent une perturbation de la cohérence psychique, pouvant inclure la dépersonnalisation, la déréalisation et des troubles de la pensée et de l'affectivité. |
| Dépersonnalisation | Sentiment de perte de l'unité et de l'intégrité psychique et physique, ainsi qu'un sentiment de transformation de sa propre identité, donnant l'impression d'être étranger à son propre corps. |
| Déréalisation | Impression que le monde environnant a été transformé, donnant le sentiment que quelque chose d'anormal se manifeste dans l'environnement. |
| Trouble de la pensée | Altération de la capacité à organiser les idées de manière cohérente, se manifestant par des divagations, des interruptions brusques du discours (barrage) ou des pensées illogiques. |
| Rationalisme morbide | Tendance du patient à chercher une explication rationnelle et logique à sa propre maladie mentale, même lorsque celle-ci est irrationnelle. |
| Persévération | Répétition compulsive de certains mots, phrases ou idées par un individu, indépendamment du contexte ou de la conversation en cours. |
| Manierisme du langage | Style de langage inhabituel, parfois archaïque ou inventant des mots, donnant l'impression d'une expression figée ou déconnectée de l'usage contemporain. |
| Ambivalence affective | Présence simultanée de sentiments opposés (par exemple, amour et haine) envers la même personne ou situation, entraînant une instabilité émotionnelle. |
| Discordance idéo-affective | Désaccord entre ce qu'une personne dit et l'expression physique ou émotionnelle qu'elle manifeste, créant une incohérence entre le contenu verbal et la présentation non verbale. |
| Altération du raisonnement et de l'abstraction | Difficulté à comprendre le sens figuré des mots, l'humour, ou à saisir les concepts abstraits, conduisant à une interprétation littérale du langage. |
| Défaut d'intégration du contexte | Incapacité à tenir compte de l'environnement ou des circonstances lors de la compréhension et de la réaction aux situations. |
| Difficulté à attribuer des intentions appropriées à autrui | Problème à comprendre les motivations, les sentiments ou les pensées des autres, rendant la compréhension sociale complexe. |
| Discordance psychomotrice | Désynchronisation entre les mouvements du corps et les pensées ou le discours, pouvant se manifester par des gestes inappropriés ou une rigidité. |
| Négativisme | Tendance à s'opposer aux demandes, aux ordres ou aux suggestions, pouvant aller jusqu'au refus de toute interaction ou coopération. |
| Hallucinations | Perceptions sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, tactiles, gustatives) qui surviennent en l'absence de stimulus externe réel. |
| Délires de persécution | Croyances délirantes selon lesquelles une personne est menacée, espionnée, harcelée ou complotée contre elle par des individus ou des groupes. |
| Délires de grandeur | Croyances délirantes selon lesquelles une personne possède des capacités, des pouvoirs, des connaissances ou une importance exceptionnelle. |
| Syndrome d'automatisme mental | Ensemble de phénomènes psychiques (idéo-verbaux, sensoriels, psychomoteurs) qui donnent l'impression que des pensées, des sensations ou des mouvements sont imposés à l'individu de l'extérieur. |
| Psychose hallucinatoire chronique | Type de psychose caractérisée par des hallucinations auditives prédominantes, souvent menaçantes ou commentant les actes du sujet, et l'installation progressive d'un délire. |
| Paranoïa | Trouble psychotique caractérisé par des délires systématisés, souvent de persécution ou de jalousie, mais avec un rapport à la réalité généralement conservé dans les autres sphères. |
| Paraphénie | Forme de psychose délirante chronique présentant des délires fantastiques ou imaginatifs, où le patient juxtapose son délire à sa vie ordinaire sans perdre le contact avec la réalité. |
| Délire passionnel | Délire centré sur une passion (amour, jalousie, revendication) où la personne est totalement adhère à sa croyance et reste focalisée sur ce thème. |
| Érotomanie | Délire d'amour, où la personne croit être aimée par une autre personne, souvent d'un rang social supérieur, qui lui envoie des signes subtils. |
| Syndrome dépressif | État caractérisé par une tristesse profonde, une inhibition psychique et motrice, une fatigue morale, une perte d'intérêt et d'autres symptômes affectant l'humeur et le fonctionnement quotidien. |
| Mélancolie | Forme grave de dépression caractérisée par une tristesse intense, une inhibition psychique et motrice, des idées de culpabilité, d'indignité et parfois des délires. |
| Trouble bipolaire | Maladie mentale caractérisée par des alternances d'épisodes maniaques (humeur euphorique ou irritable, excitation, discours rapide) et d'épisodes dépressifs (mélancolie). |
| États limites (Borderline) | Condition psychopathologique caractérisée par une instabilité de l'humeur, des relations interpersonnelles et de l'image de soi, avec des symptômes intermittents et des difficultés de régulation affective. |
| Psychose maniaco-dépressive | Terme plus ancien pour désigner le trouble bipolaire, impliquant des alternances d'états maniaques et dépressifs. |
| Théories dynamiques | Approches théoriques en psychopathologie qui mettent l'accent sur les processus psychiques internes, les conflits inconscients et le développement de la personnalité au fil du temps. |
| Théories organiques | Approches théoriques en psychopathologie qui considèrent que les maladies mentales ont une origine biologique, souvent liée à des lésions cérébrales ou à des dysfonctionnements neurochimiques. |
| Théorie de l'adaptation | Hypothèse selon laquelle les troubles mentaux résultent d'un échec de l'individu à s'adapter à son environnement, entraînant stress et pathologies. |
| Neuroleptiques | Classe de médicaments psychotropes utilisés principalement pour traiter les symptômes psychotiques, tels que les hallucinations et les délires, en agissant sur les récepteurs de la dopamine. |
| Psychothérapie | Traitement des troubles mentaux par des moyens psychologiques, impliquant une relation thérapeutique entre le patient et un professionnel de la santé mentale. |
| Antidépresseurs | Médicaments utilisés pour traiter les épisodes dépressifs, agissant généralement sur les neurotransmetteurs comme la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. |
| Sélistérapie | Traitement utilisant des sels de lithium, particulièrement efficace pour stabiliser l'humeur dans les troubles bipolaires et prévenir les rechutes. |