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# La profession de psychologue et son cadre déontologique Voici une synthèse détaillée du sujet "La profession de psychologue et son cadre déontologique". ## 1. La profession de psychologue et son cadre déontologique Ce sujet aborde la réglementation, l'éthique et la déontologie de la profession de psychologue en France, en mettant l'accent sur les aspects liés aux écrits professionnels, à la confidentialité et au RGPD. ### 1.1 Aspects fondamentaux de la profession de psychologue La profession de psychologue en France est réglementée, ce qui implique des conditions d'exercice spécifiques. #### 1.1.1 Réglementation de la profession * **Profession réglementée :** Pour exercer en France, il est nécessaire de posséder le titre universitaire de psychologue, obtenu par l'obtention d'une licence et d'un master en psychologie, incluant un mémoire de recherche et un stage professionnel. * **Inscription administrative :** Les titulaires de ces diplômes doivent s'inscrire au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) auprès de l'Agence Régionale de Santé (ARS). * **Usage du titre :** L'usage du titre de psychologue est protégé par la loi (loi n° 85-772 du 25 juillet 1985). * **Profession non ordinale :** La profession de psychologue n'est pas organisée autour d'un ordre professionnel. Cela a des implications juridiques quant à l'opposabilité et aux sanctions disciplinaires liées au code de déontologie. #### 1.1.2 Code de déontologie des psychologues * **Référence professionnelle :** Le code de déontologie est le guide de référence pour l'exercice quotidien des psychologues et sert de support à la Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues (CNCDP). * **Évolutions :** Le code a fait l'objet d'actualisations régulières, la version consolidée de référence datant du 9 septembre 2021. Il comprend 6 principes généraux et 56 articles, dont un nombre significatif concerne les écrits professionnels. * **Structure du code :** Le code est structuré en titres et chapitres abordant la définition de la profession, les conditions d'exercice, les modalités techniques, la formation, la recherche, et les principes généraux. #### 1.1.3 Instances de régulation et de conseil * **Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues (CNCDP) :** Cette commission consultative donne des avis motivés sur des questions déontologiques. Elle reçoit des demandes, attribue des dossiers à des membres pour élaboration d'avis, procède à des discussions collégiales, et publie les avis anonymisés après environ un an. #### 1.1.4 Éthique et déontologie * **Distinction :** La déontologie s'inscrit dans un cadre éthique plus large. L'éthique concerne les principes moraux guidant l'action, tandis que la déontologie établit les règles et devoirs professionnels spécifiques. ### 1.2 Les écrits professionnels du psychologue Les écrits constituent une trace matérielle et un vecteur de communication essentiel de l'activité du psychologue, particulièrement en raison du manque de visibilité de cette profession. #### 1.2.1 La nature et la fonction des écrits * **Représentation de la parole et de la pensée :** L'écriture est un procédé de représentation graphique de la parole et de la pensée par des signes conventionnels. Elle permet une pérennité des échanges, contrairement à la volatilité de l'oral. * **Outil de communication et de réflexion :** L'écrit facilite la communication, enrichit l'expression de la pensée, permet une prise de distance critique et une analyse approfondie. Il transforme le langage de l'immédiateté orale en données organisées et tangibles. * **Enjeux des écrits professionnels :** Ils doivent être éclairants, répondre à des exigences contraignantes (confidentialité, déontologie), être droits et respectueux des données. Ils demandent un équilibre entre les besoins du prescripteur et du bénéficiaire. * **Types d'écrits :** Les écrits professionnels incluent les prises de notes, les certificats, les devis, les comptes-rendus de séance, les bilans (de compétences, psychologiques, d'orientation, de recrutement), les courriers, les attestations, les synthèses de réunions, etc. #### 1.2.2 Principes généraux de rédaction * **Clarté et rigueur :** Utiliser un langage concret, précis, et éviter le jargon technique ou les formulations alambiquées. Les phrases doivent maintenir l'attention du lecteur. * **Adaptation au destinataire :** L'écrit doit être rédigé en tenant compte du niveau d'expertise, de l'orientation théorique et des responsabilités du lecteur présumé. La terminologie utilisée doit être compréhensible par le public visé. * **Objectivité et subjectivité :** Bien que les mots doivent renvoyer à la réalité, l'écriture est inévitablement marquée par la subjectivité du psychologue (interprétation, biais cognitifs). La transparence sur les sources et la fiabilité des conclusions renforce la crédibilité. * **Prudence et nuance :** Indiquer le niveau de fiabilité des conclusions, différencier une interprétation sûre d'une inférence spéculative, et utiliser des termes prudents comme "probablement" ou "il semblerait" pour les conclusions moins certaines. * **Structure et organisation :** Les écrits, notamment les comptes-rendus, doivent être organisés de manière logique (par thèmes plutôt que chronologiquement), avec des paragraphes courts et des notions similaires regroupées. * **Identification formelle :** Tout document émanant d'un psychologue doit être daté, porter son identité, son titre, son numéro d'inscription légal, ses coordonnées, sa signature, ainsi que le destinataire et l'objet de l'écrit. #### 1.2.3 Le compte-rendu de réunion * **Objectifs :** Informer les absents, remplir une fonction historique, recentrer le débat, établir un bilan d'action, permettre une prise de distance et faire signe de preuve. * **Rédaction :** Idéalement, un scribe est désigné en amont de la réunion. Il doit aimer écrire et écouter, être neutre dans les débats, disposer de temps et avoir un esprit clair et des aptitudes de synthèse. * **Contenu :** Intitulé, date, lieu, participants, objectif, éléments de développement par sous-chapitres, conclusions (avec calendrier, décisions, engagements), et information sur la prochaine réunion. #### 1.2.4 Le rapport d'examen ou de bilan psychologique * **Objectifs :** Répondre aux questions posées, affiner la compréhension du fonctionnement individuel, contribuer à la prise de décision. * **Contenu type :** Présentation de la demande et des questions, brève histoire de vie, description comportementale, présentation des sources d'information, discussion des résultats, conclusions et recommandations. * **Restitution :** Elle est orale puis écrite, interactive, visant à la co-construction et à l'appropriation par le bénéficiaire. Le psychologue doit adapter sa communication à l'âge, au niveau de formation et au champ d'intervention. * **Types de styles de rédaction :** * **Littéraire :** Langage courant, descriptions vivantes, risque d'imprécision conceptuelle. * **Scientifique :** Axé sur la normativité, les données objectives, les processus factuels, risque de fragmentation de la personne. * **Professionnel :** Langage concret, terminologie précise, phrases maintenat l'attention, paragraphes courts centrés sur un concept, regroupement des notions similaires. C'est le style à privilégier pour la clarté et l'utilité pratique. * **Informations utiles :** Révèlent les aspects spécifiques et l'unicité de la personne, répondent à la question posée, et permettent des recommandations claires et réalistes. Toutes les informations recueillies ne sont pas forcément incluses dans le CR. ### 1.3 Confidentialité et secret professionnel Ces deux notions sont fondamentales pour la pratique du psychologue et sont régies par des principes éthiques et légaux. #### 1.3.1 Le secret professionnel * **Obligation légale :** Le secret professionnel est une obligation qui peut engager des responsabilités pénales et civiles. Il protège les intérêts privés (de la personne) et publics (de la société). * **Sanctions pénales :** La violation du secret professionnel est punie par la loi (article 226-13 du code pénal) d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Cette obligation est universelle et s'applique aux psychologues, comme confirmé par la Cour de cassation. * **Informations confidentielles :** Toute information recueillie dans le cadre de l'activité professionnelle est réputée secrète, même si elle est connue du public. Le propriétaire de l'information (le bénéficiaire) peut en disposer comme il l'entend. * **Révélation et divulgation :** La loi punit la révélation, qu'elle soit partielle ou totale, intentionnelle, et ce, quel que soit le mode d'expression. La négligence ou l'imprudence peuvent également engager la responsabilité. * **Aménagements :** Le secret professionnel peut être levé par la loi dans des cas spécifiques, notamment pour la protection de victimes mineures (article 226-14 du code pénal). #### 1.3.2 La confidentialité * **Principes :** Repose sur la confidentialité visuelle (bureaux non partagés, vitrophanie) et sonore (échanges non audibles). * **Responsabilité de l'employeur :** L'employeur doit fournir les moyens d'exercer dans le respect de la confidentialité. #### 1.3.3 Le partage du secret professionnel * **Principe :** Le secret professionnel est individuel et non partageable, même avec d'autres professionnels soumis au secret. * **Dérogations :** Des dérogations existent pour les professionnels de santé, mais les psychologues ne sont pas encore inclus dans ce cadre. * **Communication avec des tiers :** Le partage d'informations doit être strictement limité aux informations nécessaires à la finalité professionnelle, avec l'accord préalable des personnes concernées. L'anonymisation est primordiale. * **Pluridisciplinarité et interdisciplinarité :** En travail pluridisciplinaire, le partage doit être minimaliste. En interdisciplinarité, le seuil du secret peut être moins élevé pour permettre une production commune. ### 1.4 Archivage des pièces et dossiers * **Obligation de sécurité :** Les psychologues doivent recueillir, traiter, classer et archiver leurs notes personnelles et les données de manière à préserver la vie privée et le secret professionnel. * **Distinction notes personnelles / dossier :** Les notes personnelles, qui ont concouru à la réflexion et à l'élaboration d'un avis, doivent être distinctes du dossier du bénéficiaire et porter la mention "confidentiel". Elles ne sont pas cessibles. Les documents logotypés par l'institution deviennent communicables. * **Durée de conservation :** La durée moyenne est de 5 ans, mais cela peut varier. Il faut pouvoir se référer aux dossiers si nécessaire. * **Propriété du dossier :** L'usager est propriétaire de son dossier. * **Support :** La conservation peut être sur disque dur (avec mot de passe) ou sous format papier (cloisonnement, discrétion). ### 1.5 Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) Le RGPD s'applique à tous les professionnels collectant et traitant des données personnelles, y compris les psychologues. * **Champ d'application :** Concerne tous les organismes européens, ainsi que ceux hors UE ciblant des résidents européens, et les sous-traitants. * **Données personnelles :** Toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable. * **Traitement des données :** Englobe toute opération portant sur des données personnelles (collecte, enregistrement, organisation, conservation, etc.). * **Obligations :** * **Information :** Informer la personne sur l'utilisation et la conservation des données. * **Limitation des données :** Collecter uniquement ce qui est strictement nécessaire. * **Transmission aux tiers :** Limiter l'accès aux données aux personnes autorisées et uniquement aux informations nécessaires à leur mission. * **Conservation :** Conserver les données pour une durée déterminée. * **Sécurité :** Mettre en place des mesures techniques et organisationnelles pour protéger les données. * **Registre des activités de traitement :** Obligatoire pour documenter la conformité au RGPD. * **Consentement :** Le consentement n'est pas toujours nécessaire si la collecte est indispensable au diagnostic ou à la prise en charge. ### 1.6 Biais cognitifs et écrits professionnels La rédaction des écrits professionnels peut être influencée par divers biais cognitifs qui affectent la perception et l'interprétation. * **Système 1 (rapide, intuitif) vs Système 2 (lent, logique) :** Le passage de l'oral (souvent Système 1) à l'écrit (nécessitant le Système 2) demande une prise de distance et une analyse réfléchie. * **Exemples de biais :** * **Effet Dunning-Kruger / sur-confiance :** Surestimation de ses compétences. * **Biais de favoritisme endo-groupe / de similarité :** Privilégier les personnes qui nous ressemblent. * **Biais d'extraordinaireté :** Accorder plus de valeur aux caractéristiques originales. * **Biais de projection / faux consensus :** Penser que les autres pensent comme nous. * **Biais de désirabilité sociale :** Chercher à se présenter sous un jour favorable. * **Effet de halo :** Laisser une première impression influencer les jugements ultérieurs. * **Effet de désinformation :** Faux souvenirs induits par des informations ultérieures. * **Biais de contraste :** Perception affectée par un stimulus opposé présenté précédemment. * **Effet Pygmalion / Golem :** Les attentes élevées ou faibles influencent les performances. * **Effet Barnum :** Acceptation naïve de résultats vagues et généralistes. * **Conseils pour contrer les biais :** Utiliser des entretiens structurés, des grilles d'évaluation objectives, multiplier les contacts, faire appel à des analyses collégiales, et développer une conscience de ces biais. ### 1.7 Le Bilan de Compétences (BdC) Le bilan de compétences est une démarche encadrée qui vise à analyser les compétences, aptitudes et motivations pour définir un projet professionnel. * **Définition :** Permet d'analyser ses compétences professionnelles et personnelles, ses aptitudes et motivations, pour appuyer un projet d'évolution professionnelle et/ou de formation. * **Mise en œuvre :** Comprend trois phases : préliminaire (analyse de la demande), investigation (construction/vérification du projet), et conclusion (appropriation des résultats, définition des moyens et étapes du projet). * **Documents :** Un document de synthèse détaillé est remis au bénéficiaire, qui en est le seul propriétaire et ne peut être communiqué à un tiers qu'avec son accord. * **Réglementation :** Encadré par le Code du Travail, éligible au Compte Personnel de Formation (CPF). * **Compétence :** Concept polysémique et dynamique, représentant la capacité à agir avec pertinence en mobilisant des ressources personnelles et de réseaux. ### 1.8 Les spécificités de la rédaction étudiante * **Rapport de stage :** Témoigne des qualités professionnelles du futur psychologue, alliant subjectivité et distanciation critique. Il doit respecter le code de déontologie et le secret professionnel, en se concentrant sur les faits et les observations, sans mettre en cause nommément les personnes. * **Travail à l'université :** La rédaction de rapports et mémoires nécessite de construire un rapport au savoir, d'interroger ses expériences à travers des concepts théoriques, et de développer une pensée critique. ### 1.9 Points clés à retenir * **Langage et écriture :** L'écrit représente la parole et la pensée par des signes, offrant pérennité et permettant l'analyse. Les écrits professionnels sont la trace de l'activité du psychologue. * **Les écrits :** Ils font passer le langage de l'immédiateté à un usage différé, acquérant une autonomie et une subjectivité malgré la recherche d'objectivité. * **Écriture professionnelle :** Pose les questions fondamentales : Qu'est-ce que j'ai à dire ? Comment le dire ? À qui le dire ? * **Principes déontologiques :** Respect des droits fondamentaux, de la vie privée, du secret professionnel, intégrité, probité, compétences, responsabilité, autonomie, rigueur. * **Prudence dans l'expression :** La prudence est proportionnelle au degré de certitude des conclusions. Les conclusions doivent être claires et compréhensibles par les intéressés. * **Responsabilité :** Le psychologue est responsable de ses conclusions, qui doivent être soutenues publiquement. * **Confidentialité des écrits :** Protéger les documents par un marquage "confidentiel", un système de repérage, et éventuellement des mots de passe. > **Tip :** Il est essentiel de distinguer l'oral, volatil et contextualisé, de l'écrit, permanent et potentiellement opposable. Toujours se demander : "Puis-je soutenir publiquement ce que j'ai écrit ?" La qualité des écrits reflète la qualité du travail du psychologue. > **Tip :** En cas de doute sur la formulation d'une conclusion, privilégier la prudence et la précision plutôt que la généralité. Si vous ne pouvez pas le dire oralement de manière bienveillante, il est peu probable que vous puissiez l'écrire sans risquer une interprétation négative. > **Tip :** L'objectif d'un écrit professionnel n'est pas seulement de rapporter des faits, mais de construire une réalité compréhensible, en tenant compte de la subjectivité inhérente au processus. --- # Les spécificités et enjeux des écrits professionnels en psychologie Voici une synthèse détaillée sur les spécificités et enjeux des écrits professionnels en psychologie, conçue pour un examen. ## 2. Les spécificités et enjeux des écrits professionnels en psychologie Les écrits professionnels des psychologues constituent un élément central et indispensable de leur pratique, transcendant la simple transcription de la parole pour devenir des outils d'analyse, de communication et de prise de décision. Ils répondent à des exigences éthiques et déontologiques strictes, tout en étant confrontés aux réalités complexes de la transmission de l'information psychologique à divers interlocuteurs. ### 2.1 L'écriture en tant que processus et outil L'écriture, en tant que procédé de représentation de la parole et de la pensée par des signes graphiques conventionnels, possède une permanence qui la distingue de l'oralité. Historiquement, elle a joué un rôle fondamental dans la conservation des savoirs et la structuration des sociétés. Pour le psychologue, l'acte d'écrire est un travail de traduction, de distanciation et de conceptualisation de la matière brute que représentent les interactions humaines. * **Langue, Parole et Écriture :** * La **langue** est un système institué et stable de signes partagé par une communauté. * La **parole** est individuelle, active, et permet de s'approprier une langue. Elle est caractérisée par l'immédiateté, la contextualisation (verbale et non verbale) et la dimension affective et intellectuelle. * L'**écriture** représente la parole et la pensée par des signes tracés destinés à subsister. Elle transforme le langage du rapport d'immédiateté à un usage différé, exigeant une forte contextualisation et une réflexion linguistique accrue. L'écrit acquiert une autonomie et une puissance qui nécessitent une vigilance constante de la part du psychologue. * **L'écrit comme transformateur cognitif et social :** L'utilisation de l'écrit modifie les processus cognitifs en imposant une prise de distance par rapport au langage immédiat, une contextualisation et une symbolisation. Il transforme le rapport au monde et aux valeurs. Sociologiquement, l'accès généralisé à la littératie a façonné les modes de pensée et l'organisation sociale, rendant l'écrit essentiel à la transmission de la culture et des valeurs. ### 2.2 La profession de psychologue : cadre réglementaire et éthique La profession de psychologue en France est réglementée, impliquant un parcours universitaire spécifique (Licence et Master en psychologie, mémoire et stage) et une inscription au répertoire RPPS. Bien que n'étant pas une profession "ordinale" (sans ordre professionnel), elle est encadrée par un **Code de Déontologie** qui sert de référence essentielle à l'exercice. * **Le Code de Déontologie :** * Il est actualisé régulièrement (dernière version consolidée en 2021) et regroupe 6 principes généraux et 56 articles, dont une part significative concerne les écrits professionnels. * Il est un guide éthique, mais n'a pas de valeur juridique directe pour les psychologues, sauf s'il est annexé à un contrat de travail. * La **Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues (CNCDP)** offre un recours pour les interrogations déontologiques, rendant des avis motivés suite à une analyse collégiale. * **Confidentialité et Secret Professionnel :** * La **confidentialité** concerne la protection visuelle et sonore des échanges. Elle implique des locaux adaptés et le respect de la discrétion. * Le **secret professionnel** est une obligation légale (articles 226-13 et 226-14 du Code pénal) protégeant les intérêts privés et publics. Sa violation peut entraîner des sanctions pénales (un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende). Les psychologues, bien que n'étant pas une profession ordinale, sont explicitement soumis à cette obligation. * Une information est considérée comme confidentielle dès lors qu'elle est recueillie dans le cadre professionnel. La révélation, même partielle, est punie. Le partage du secret professionnel est individuel et non partageable, sauf exceptions légales (protection de mineurs par exemple) ou dans l'intérêt du bénéficiaire dans des cadres spécifiques (professionnels de santé). * **RGPD et protection des données :** Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) impose des obligations aux psychologues concernant la collecte, le traitement, la conservation et la sécurisation des données personnelles, qu'elles soient informatiques ou papier. Il renforce les droits des personnes, responsabilise les acteurs et exige une information claire sur l'utilisation des données. La tenue d'un registre des activités de traitement est une obligation. ### 2.3 Les types d'écrits professionnels en psychologie La diversité des écrits professionnels reflète la multiplicité des interventions du psychologue. Ces écrits visent à informer, échanger, mémoriser, coordonner et rendre compte de l'activité du professionnel, dont l'opacité est souvent un enjeu. * **Principaux écrits :** * Prises de notes personnelles et en réunion. * Synthèses de réunions, séminaires, symposiums. * Comptes rendus de bilans (compétences, psychologiques, de carrière, de recrutement). * Courriers, certificats, attestations. * Rapports d'expertise psychologique (souvent normés, notamment pour la justice). * Communications pour interventions ou articles. * **Le compte rendu (CR) :** * **Finalités :** Informer les absents, remplir une fonction historique (suivi d'un projet), recentrer le débat, établir un bilan d'action, permettre une prise de distance et faire signe de preuve. * **Rédaction :** Le scribe (rédacteur du CR) doit être neutre, doté d'une bonne capacité d'écoute, de synthèse et de rédaction. Il ne participe pas aux débats. La rédaction s'effectue idéalement peu de temps après la réunion, en se concentrant sur les thématiques abordées plutôt que sur la chronologie. * **Contenu :** Rappel de l'intitulé, date, participants, objectif, éléments de développement par sous-chapitres, conclusions (décisions, calendrier, engagements), et information sur la prochaine réunion. * **Le bilan psychologique / examen psychologique :** * **Objectif :** Répondre aux questions des demandeurs, affiner la compréhension du fonctionnement psychologique, contribuer à la prise de décision. Sa valeur repose sur l'interprétation des faits psychiques. * **Communication :** Elle est à la fois orale (restition, échange interactif) et écrite (compte rendu). L'oral permet d'ajuster l'écrit. * **Contenu type :** Présentation de la demande et des questions, brève histoire de vie, description comportementale, présentation des sources d'information, discussion des résultats, conclusions et recommandations. * **Information utile :** Révèle les aspects spécifiques et uniques de la personne, permet de répondre à la question posée, et aboutit à des recommandations pertinentes et réalisables. * **Les attestations :** * Doivent être rédigées sur papier à en-tête, comporter date, lieu, nom/fonction/numéro ADELI du psychologue. * La formulation "attestation établie à la demande de..." est privilégiée par rapport à "j'atteste sur l'honneur". ### 2.4 Qualité, rigueur et enjeux éthiques des écrits professionnels La qualité des écrits professionnels est le reflet direct de la qualité du travail du psychologue. Elle engage sa responsabilité civile et pénale. * **Exigences de qualité :** * **Clarté et accessibilité :** Utiliser un langage précis, concret, non jargonnant, adapté au destinataire. Les formulations trop vagues ou trop techniques peuvent être source d'erreurs d'interprétation ou de déshumanisation. * **Rigueur argumentaire :** Les conclusions doivent être étayées par les données recueillies et faire preuve de prudence lorsque la certitude n'est pas absolue ("probablement", "il semblerait"). * **Objectivité :** Bien que l'interprétation soit inhérente au travail du psychologue, il est crucial de reconnaître et de limiter l'influence des biais cognitifs personnels (effet de halo, projection, faux consensus, désirabilité sociale, etc.). L'utilisation de méthodes standardisées et la collégialité peuvent aider. * **Pertinence :** Se centrer sur les informations utiles et nécessaires à la compréhension du cas et à la réponse à la demande initiale, sans noyer le lecteur sous des détails superflus ou non pertinents. * **Structure et organisation :** Les écrits doivent être clairs, bien organisés (par thèmes, par chapitres), avec une progression logique. L'utilisation de tableaux, schémas peut aider à l'objectivation. * **Trois styles d'écriture possibles :** * **Littéraire :** Langage courant, descriptions imagées, risque d'imprécision. * **Scientifique :** Accent sur la normativité, les données objectives, les concepts théoriques. Risque de déshumanisation et de "morcellement" de la personne. * **Professionnel :** Langage concret, terminologie précise et compréhensible, phrases qui maintiennent l'attention, regroupement des notions similaires. Ce style vise l'utilité et la clarté pour le lecteur. * **Gestion des biais cognitifs :** Une conscience des nombreux biais cognitifs est essentielle pour une rédaction rigoureuse. Parmi eux : * **Effet Dunning-Kruger :** Surestimation des compétences par les moins qualifiés. * **Biais de favoritisme endo-groupe :** Favoriser les personnes qui nous ressemblent. * **Biais d'extraordinaireté :** Accorder plus de valeur à des caractéristiques originales. * **Biais de projection (ou faux consensus) :** Penser que les autres pensent comme soi. * **Biais de désirabilité sociale :** Tendance à donner des réponses socialement acceptables. * **Effet de halo :** La première impression influence la perception globale. * **Effet de désinformation :** Faux souvenirs induits par des informations ultérieures. * **Biais de contraste :** Perception d'un stimulus affectée par un stimulus opposé précédent. * **Effet Pygmalion :** L'attente de réussite améliore les performances. * **Effet Barnum :** Acceptation naïve de résultats vagues et généralistes. * **Responsabilité et conséquences :** Les écrits engagent personnellement le psychologue. Un écrit non conforme à l'éthique et à la déontologie peut discréditer non seulement le professionnel, mais aussi la profession dans son ensemble. L'archivage des dossiers doit garantir la confidentialité et la sécurité des informations. ### 2.5 Aspects pratiques de la rédaction et de la restitution * **Prise de notes :** Essentielle et doit être rendue confidentielle dès la rédaction. Elle doit être le reflet des échanges (verbaux et non verbaux) et des réflexions du psychologue. * **Restitution des résultats :** Doit être interactive, claire, et adaptée au bénéficiaire et au tiers. L'objectif est de permettre la compréhension, l'appropriation des informations et la co-construction de projets. * **Archivage :** Doit respecter la confidentialité, distinguer les notes personnelles des dossiers communicables, et suivre une durée de conservation appropriée. Les documents informatiques doivent être sécurisés par mot de passe. * **Distinction oral/écrit :** L'oral est volatil et contextuel, l'écrit est permanent et objectif. Le choix entre les deux dépend de la finalité de la communication. * **Écrits étudiants :** Les rapports de stage, mémoires, et autres travaux universitaires doivent respecter le code de déontologie, le secret professionnel, et témoigner d'une prise de recul critique sur l'expérience. En somme, les écrits professionnels en psychologie sont bien plus qu'une simple formalité ; ils sont une manifestation de la pensée clinique, un instrument éthique et déontologique, et un vecteur essentiel de la reconnaissance et de l'utilité de la profession. Ils exigent une maîtrise du langage, une rigueur méthodologique, une vigilance constante face aux biais, et une profonde considération pour le respect de la personne. --- # Le RGPD et la protection des données personnelles par les psychologues Voici une synthèse détaillée sur le RGPD et la protection des données personnelles par les psychologues. ## 3. Le RGPD et la protection des données personnelles par les psychologues Ce thème aborde l'application du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) aux psychologues, en détaillant leurs obligations concernant la collecte, le traitement, la conservation et la transmission des données personnelles, ainsi que les mesures de sécurité et les obligations déclaratives. ### 3.1 Introduction au RGPD pour les psychologues Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) est entré en vigueur le 25 mai 2018, imposant de nouvelles obligations aux professionnels, y compris les psychologues, en matière de collecte et de traitement des données personnelles. Ces données englobent toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable, qu'il s'agisse d'une identification directe (nom, prénom) ou indirecte (identifiant, numéro). Les traitements de données incluent toute opération effectuée sur ces données, telle que la tenue d'un fichier de patients, la collecte de coordonnées, ou la mise à jour d'un fichier. #### 3.1.1 Champ d'application du RGPD Le RGPD s'applique à toute structure, privée ou publique, traitant des données personnelles, indépendamment de son secteur d'activité ou de sa taille. Il concerne les organismes établis dans l'Union Européenne, ainsi que ceux implantés hors de l'UE qui ciblent directement des résidents européens. Les sous-traitants traitant des données pour le compte d'une autre entité sont également soumis à ces obligations. Les psychologues, qu'ils soient salariés ou en exercice libéral, doivent s'y conformer. #### 3.1.2 Nature des données collectées et traitées Les données collectées doivent être adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est strictement nécessaire pour la prise en charge du client ou du patient, dans le cadre des activités de prévention, de diagnostic et d'intervention. #### 3.1.3 Traitements de données : informatiques et papier Les dispositions du RGPD s'appliquent à tous les traitements de données personnelles, qu'ils soient sous forme informatique (logiciels de gestion) ou papier (dossiers physiques). ### 3.2 Obligations des psychologues vis-à-vis du RGPD #### 3.2.1 Information et transparence Les psychologues doivent informer leurs clients/patients sur le traitement de leurs données, les modalités de conservation et d'utilisation. Cette information peut être communiquée via une affiche, un flyer, ou intégrée dans des documents contractuels. #### 3.2.2 Consentement pour la collecte et la conservation En cas d'exercice libéral, le consentement spécifique n'est pas requis pour collecter et conserver des données nécessaires au diagnostic et à la prise en charge. Toutefois, pour toute transmission à des tiers, l'accord du patient est indispensable. #### 3.2.3 Mesures de sécurité et confidentialité Les psychologues doivent mettre en place des mesures techniques et organisationnelles appropriées pour garantir la sécurité des données, les protéger contre les accès non autorisés, la perte, la destruction ou les dégâts accidentels. Cela inclut l'utilisation de mots de passe personnels, de systèmes de chiffrement forts, et le respect de la confidentialité visuelle et sonore dans leurs locaux. #### 3.2.4 Transmission des données aux tiers autorisés L'accès aux données des clients doit être limité aux personnes autorisées en fonction de leurs missions (équipe de soins, organisme d'assurance maladie, etc.). Ces personnes n'accèdent qu'aux données strictement nécessaires à leurs fonctions. La loi peut également autoriser l'accès à certaines données pour des tiers autorisés (administration fiscale, organismes de sécurité sociale pour la lutte contre la fraude, administrations judiciaires sur commission rogatoire). Pour qu'un "tiers autorisé" puisse obtenir des informations, sa demande doit être écrite, justifiée par un texte législatif, identifier précisément les personnes concernées, être ponctuelle et spécifier les catégories de données demandées. #### 3.2.5 Conservation des données Les données collectées doivent être conservées pour une durée déterminée. Cette durée est à définir par le professionnel en libéral ou par l'employeur. À titre d'illustration, les médecins libéraux conservent les dossiers médicaux pendant 20 ans à compter de la dernière consultation. #### 3.2.6 Déclaration des traitements à la CNIL Avec l'entrée en application du RGPD, il n'est plus nécessaire d'accomplir de formalités auprès de la CNIL pour les traitements de données nécessaires à la gestion classique de l'activité. Cependant, il est impératif de pouvoir démontrer sa conformité au RGPD en traçant toutes les démarches entreprises, notamment par la tenue d'un registre des activités de traitement. #### 3.2.7 Le registre des activités de traitement La constitution et le maintien d'un registre des activités de traitement sont une obligation pour toute structure traitant régulièrement des données personnelles. Ce registre permet de documenter la conformité au RGPD et doit être conservé en interne. Il peut être mis à disposition des agents de la CNIL en cas de contrôle. La CNIL propose un modèle de registre pour les petites structures. #### 3.2.8 La désignation d'un délégué à la protection des données (DPO) La désignation d'un DPO est obligatoire dans certains cas, notamment si l'activité implique le traitement de données à grande échelle (réseau de professionnels, maisons de santé, études statistiques, enquêtes). Un professionnel exerçant à titre individuel n'est pas soumis à cette obligation, sauf si son activité le justifie. ### 3.3 Le secret professionnel et la confidentialité pour les psychologues La distinction entre confidentialité et secret professionnel est essentielle. #### 3.3.1 La confidentialité La confidentialité repose sur deux aspects : * **Visuel :** Les bureaux des psychologues doivent garantir une confidentialité visuelle, évitant les bureaux partagés ou les vitres sans protection. * **Sonore :** Les échanges ne doivent pas être audibles par des tiers, impliquant un aménagement des locaux. L'employeur a la responsabilité de fournir les moyens nécessaires à l'exercice de ces missions dans le respect des contraintes réglementaires. #### 3.3.2 Le secret professionnel Le secret professionnel est une obligation légale qui peut entraîner des responsabilités pénales et civiles. Il protège les intérêts privés (ceux de la personne) et les intérêts publics (la confiance dans la profession). La violation de cette obligation est passible d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende (article 226-13 du Code pénal). * **Caractère universel :** Le secret professionnel ne dépend pas d'une profession spécifique mais de la nature des informations confidentielles auxquelles le professionnel accède. Les psychologues sont explicitement soumis à cette obligation, comme l'a confirmé la Cour de cassation. * **Informations confidentielles :** Il n'existe pas de définition juridique unique. Traditionnellement, toute information recueillie dans le cadre de l'activité professionnelle est réputée secrète, indépendamment de sa nature ou du fait qu'elle soit déjà connue du public. * **Révélation et divulgation :** La loi punit la révélation (communication à un tiers), qu'elle soit partielle ou totale, intentionnelle ou non. La négligence ou l'imprudence peuvent également engager la responsabilité du professionnel. * **Aménagements du secret professionnel :** La loi peut autoriser la levée du secret professionnel dans certaines situations, notamment pour la protection de victimes, y compris de mineurs (article 226-14 du Code pénal). * **Partage du secret professionnel :** Le secret professionnel est individuel et non partageable, même avec d'autres professionnels soumis au même secret, sauf dérogations légales spécifiques (par exemple, pour les professionnels de santé dans l'intérêt de la personne). Le partage d'informations avec d'autres professionnels doit se limiter au strict minimum nécessaire et faire l'objet d'une anonymisation systématique. #### 3.3.3 L'archivage des pièces et dossiers Les psychologues doivent mettre en place un système d'archives sécurisé, distinguant les dossiers confidentiels (comptes rendus, résultats de tests) des notes personnelles. Les notes personnelles, qui doivent avoir l'apparence de notes prises en cours d'entretien (ratures, dessins), sont considérées comme non cessibles et propriété du psychologue. La durée moyenne de conservation des dossiers est généralement de 5 ans, mais doit être évaluée au cas par cas. L'usager est propriétaire de son dossier. ### 3.4 Le rôle des écrits professionnels Les écrits professionnels sont la seule trace visible de l'activité du psychologue et revêtent une importance capitale. Ils permettent de transmettre des informations, de coordonner des actions, de mémoriser des éléments, et de témoigner de la qualité du travail du professionnel. #### 3.4.1 Typologie des écrits professionnels Les écrits les plus courants incluent : * Prises de notes personnelles et en réunion. * Synthèses de réunions de travail, de séminaires, de colloques. * Synthèses et comptes rendus de bilans (compétences, carrière, psychologiques, etc.). * Certificats et attestations. * Courriers. * Rapports d'expertise psychologique. #### 3.4.2 Principes de rédaction * **Clarté et pertinence :** Le langage doit être précis, compréhensible par le destinataire, et éviter le jargon technique excessif. * **Objectivité :** Les faits observés doivent être décrits en lien avec les situations, en distinguant clairement les observations du psychologue de celles de l'usager. * **Adaptation au destinataire :** Le style et le contenu doivent être adaptés au niveau d'expertise et aux attentes du lecteur. * **Responsabilité :** Tout écrit engage personnellement le psychologue, y compris sur le plan civil et pénal. * **Transparence :** Les sources d'information et la fiabilité des conclusions doivent être présentées. #### 3.4.3 Différencier l'oral et l'écrit L'oral est volatile et contextualisé, tandis que l'écrit offre permanence et irréversibilité. Un psychologue doit pouvoir soutenir publiquement ce qu'il écrit. #### 3.4.4 Les biais cognitifs dans la rédaction Les psychologues doivent être conscients des biais cognitifs qui peuvent influencer leurs écrits, tels que l'effet Dunning-Kruger, le biais de favoritisme endogroupe, le biais d'extraordinaireté, le biais de projection, le biais de désirabilité sociale, l'effet de halo, l'effet de désinformation, le biais de contraste et l'effet Pygmalion. La prise de conscience de ces biais est essentielle pour une rédaction rigoureuse et objective. ### 3.5 Le RGPD et les écrits professionnels Les dispositions du RGPD s'appliquent directement aux écrits professionnels des psychologues, qui constituent des données personnelles. #### 3.5.1 Conservation et destruction des données Les données doivent être conservées pour une durée déterminée et ne peuvent être gardées indéfiniment. Il est crucial de définir des procédures de conservation et de destruction sécurisées, notamment pour les documents informatiques et papier. #### 3.5.2 Accessibilité et transmission des écrits Les écrits, tels que les comptes rendus de bilan, sont la propriété du bénéficiaire et ne peuvent être communiqués à un tiers qu'avec son accord écrit. Une attention particulière doit être portée à la rédaction de synthèses destinées à différents interlocuteurs, en adaptant le langage et le niveau de détail. #### 3.5.3 La responsabilité du psychologue Le psychologue est responsable de ses conclusions et des méthodes utilisées. Il doit s'assurer que ses écrits respectent la confidentialité, le secret professionnel et les principes déontologiques, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles de ses patients. La mention "CONFIDENTIEL" en gras sur les premières pages des comptes rendus est une mesure importante. #### 3.5.4 L'archivage et la sécurisation des données Les documents émanant d'un psychologue doivent être datés, porter son identité, son titre, son numéro d'inscription RPPS, ses coordonnées professionnelles, sa signature et celle du destinataire. La signature, la modification ou l'annulation de ces documents relèvent de la seule responsabilité de l'auteur. La sécurisation des données, y compris par le biais de mots de passe sur les documents informatiques et l'utilisation de systèmes d'identification uniques pour les dossiers, est primordiale. Les notes personnelles doivent être clairement identifiées comme telles et archivées séparément. En somme, le RGPD impose aux psychologues une vigilance accrue quant à la gestion des données personnelles, renforçant la nécessité d'une rigueur déontologique et d'une transparence dans toutes leurs pratiques écrites et orales. --- # Les bilans de compétences : définition, mise en œuvre et restitution Voici une synthèse détaillée sur les bilans de compétences, couvrant leur définition, leur mise en œuvre et leur restitution, conçue pour un examen. ## 4. Les bilans de compétences : définition, mise en œuvre et restitution Ce sujet explore en profondeur la nature, le processus et les implications des bilans de compétences, en soulignant l'importance de leur mise en œuvre éthique et de la restitution appropriée des résultats. ### 4.1 Définition et objectifs du bilan de compétences #### 4.1.1 Qu'est-ce qu'un bilan de compétences ? Le bilan de compétences est une démarche ou un outil visant à analyser l'expérience d'un individu dans le but de favoriser sa mobilité professionnelle, qu'elle soit interne ou externe à son entreprise. Il aide à la construction d'un projet professionnel et peut pallier un éventuel déficit de qualification dans un contexte économique et social en mutation. La définition légale stipule que le bilan de compétences permet aux travailleurs d'analyser leurs compétences professionnelles et personnelles, leurs aptitudes et leurs motivations, en vue de définir un projet d'évolution professionnelle et, le cas échéant, un projet de formation. #### 4.1.2 L'histoire et la législation du bilan de compétences L'histoire des bilans de compétences remonte aux expérimentations des années 1985-1986, qui ont conduit à la création des Centres Interinstitutionnels de Bilans de Compétences (CIBC) et à la loi encadrant cette pratique le 31 décembre 1991. Les textes législatifs fondamentaux actuels sont principalement issus du Code du Travail, notamment les articles L6313-1, L6313-4 et R6313-4 à R6313-7. Le bilan de compétences est éligible au compte personnel de formation (CPF). #### 4.1.3 Les objectifs du bilan de compétences Les objectifs principaux d'un bilan de compétences sont : * Analyser les compétences professionnelles et personnelles, les aptitudes et les motivations. * Définir un projet professionnel et, potentiellement, un projet de formation. * Utiliser les atouts identifiés comme levier de négociation pour un emploi, une formation ou une évolution de carrière. #### 4.1.4 La notion de compétence Le terme "compétence" est polysémique et complexe. Il se définit généralement comme la mise en œuvre intégrée d'aptitudes, de traits de personnalité et de connaissances acquises pour accomplir une mission complexe. Une personne compétente sait agir avec pertinence dans un contexte particulier en mobilisant des ressources personnelles (connaissances, savoir-faire, qualités) et des ressources de réseaux. La compétence est un processus dynamique, une mise à l'épreuve du savoir qui trouve son sens dans sa mobilisation. L'évolution des définitions tend à dépasser la simple triade "savoir, savoir-faire, savoir-être" pour inclure des notions comme le "faire savoir", le "savoir-faire faire" et le "savoir devenir" (Christian Heslon). #### 4.1.5 Qui peut bénéficier d'un bilan de compétences ? Toute personne active peut bénéficier d'un bilan de compétences, notamment : * Les salariés du secteur privé. * Les demandeurs d'emploi (via France Travail, APEC ou Cap emploi). * Les salariés du secteur public (fonctionnaires et agents non titulaires), selon des conditions spécifiques. ### 4.2 Mise en œuvre du bilan de compétences #### 4.2.1 Modalités de réalisation Le bilan de compétences est une démarche individuelle, dont la durée peut varier (maximum de 24 heures) et se déroule généralement sur plusieurs semaines. Il comprend obligatoirement trois phases, sous la conduite du prestataire : 1. **Phase préliminaire :** * Analyse de la demande et du besoin du bénéficiaire. * Détermination du format le plus adapté. * Définition conjointe des modalités de déroulement. 2. **Phase d'investigation :** * Construction du projet professionnel et vérification de sa pertinence. * Élaboration d'une ou plusieurs alternatives professionnelles. 3. **Phase de conclusion :** * Appropriation des résultats détaillés de la phase d'investigation. * Recensement des conditions et moyens pour réaliser le(s) projet(s) professionnel(s). * Prévision des modalités et étapes du ou des projets, incluant la possibilité d'un entretien de suivi. #### 4.2.2 Cadre contractuel * **Mobilisation du CPF hors temps de travail :** L'employeur n'a pas à être informé. * **Mobilisation du CPF pendant le temps de travail :** Accord préalable de l'employeur requis. * **Plan de développement des compétences de l'entreprise ou congé de reclassement :** Nécessite le consentement du salarié et une convention tripartite (salarié, employeur, organisme prestataire), détaillant objectifs, contenu, moyens, durée, période, modalités de remise des résultats, prix et modalités de règlement. Le coût est à la charge de l'employeur, sauf mobilisation du CPF. * **Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) :** Les attentes sont définies conjointement par le bénéficiaire et son conseiller CEP. Le document de synthèse peut être communiqué au conseiller CEP sous certaines conditions (espace neutre, obligation de discrétion du conseiller, lien étroit avec le projet professionnel). #### 4.2.3 Le rôle du prestataire et les documents Le prestataire est responsable de la réalisation du bilan. En cas de passation de tests psychotechniques, ceux-ci doivent être réalisés sous la responsabilité d'un psychologue, et leur interprétation doit être assurée par ce dernier. L'ancien article R6322-38 du code du travail, aujourd'hui abrogé, proposait une ossature pour la rédaction de la synthèse, toujours pertinente : * **Introduction :** Circonstances et contexte du bilan. * **Compétences et aptitudes remarquées :** Résultats de la phase d'investigation. * **Étapes de réalisation du projet professionnel :** Conditions, moyens, modalités et prévisions. Le prestataire est tenu de détruire les documents élaborés à l'issue du bilan, sauf accord écrit du bénéficiaire pour un suivi. Le document de synthèse est la propriété exclusive du bénéficiaire et ne peut être communiqué à un tiers qu'avec son accord. ### 4.3 La restitution des résultats #### 4.3.1 Importance de la restitution La restitution des résultats du bilan de compétences est une étape cruciale. Elle permet au bénéficiaire de s'approprier les informations, de comprendre les apports du bilan et de co-construire un plan d'actions. Le psychologue, en particulier, a le devoir de rendre ces résultats compréhensibles et utilisables par le bénéficiaire. #### 4.3.2 Modes de communication : oral et écrit Deux modes de communication sont complémentaires : * **Oral :** Permet un échange interactif, l'ajustement des explications et la prise en compte des réactions du bénéficiaire. Le psychologue doit être un facilitateur et non un simple transmetteur d'informations. * **Écrit :** Constitue une trace, un support concret pour le bénéficiaire. Le document de synthèse doit être clair, précis et adapté au destinataire. #### 4.3.3 Les étapes de la restitution 1. **Préparation :** Relecture approfondie des données, présentation des hypothèses, définition des pistes envisagées. 2. **Introduction :** Précision du cadre éthique (confidentialité), des objectifs, des apports et des limites de l'examen. 3. **Transmission des résultats :** Doit être interactive, invitant le bénéficiaire à échanger, poser des questions et co-construire le sens des résultats. 4. **Synthèse :** Mise en relief des points centraux, esquisse de perspectives et propositions d'actions concrètes (recherche d'informations, consultations complémentaires, conseils pratiques, démarches thérapeutiques ou professionnelles). #### 4.3.4 Dysfonctionnements et pièges potentiels * **Dire la vérité sans blesser :** Gérer les résultats défavorables avec tact, en utilisant un langage non violent et en contextualisant les informations. * **Le piège de la technicité :** Éviter le jargon psychologique. Il est essentiel de trouver des équivalences, de se constituer un glossaire et de vérifier la compréhension par le bénéficiaire. * **Communiquer pour influencer :** Le psychologue doit veiller à ne pas influencer indûment le bénéficiaire. Il doit exposer des alternatives et favoriser l'auto-détermination. La prudence est de mise, et le psychologue doit être conscient de son propre rôle dans la dynamique de conseil. #### 4.3.5 Les effets du bilan sur le bénéficiaire * **Attentes fortes :** Les bénéficiaires attendent des réponses à leurs questionnements, souvent en période de crise ou de transition. Ils peuvent avoir une attitude passive, considérant le psychologue comme l'expert unique. * **Rapport à soi :** Le bilan peut modifier la représentation de soi et l'estime de soi, en apportant une vision plus riche et différenciée des caractéristiques personnelles. * **Engagement dans l'action :** La restitution vise à mobiliser le bénéficiaire pour qu'il devienne acteur de son projet professionnel. #### 4.3.6 Les biais cognitifs et leur impact sur les écrits Les biais cognitifs, qu'ils surviennent lors de l'entretien ou de la rédaction, peuvent altérer la perception et l'interprétation des données. Il est essentiel d'en avoir conscience pour produire des écrits rigoureux et éthiques. Parmi les biais notables : * **Biais de projection (faux consensus) :** Tendance à penser que les autres partagent nos opinions et nos valeurs. * **Biais de désirabilité sociale :** Tendance à se présenter sous un jour favorable. * **Effet de halo :** Première impression influençant la perception des caractéristiques ultérieures. * **Effet Barnum :** Acceptation naïve de résultats vagues et généralistes. * **Biais de contraste :** Perception influencée par des stimuli précédents de nature opposée. * **Effet Pygmalion :** L'attente de réussite par une autorité améliore les performances. #### 4.3.7 Les propriétés de transparence et la fiabilité La crédibilité d'un compte rendu repose sur la transparence : * **Présentation des sources :** Citer les tests et méthodes utilisés, en indiquant leurs propriétés métrologiques. * **Fiabilité des conclusions :** Distinguer les interprétations "sûres" des inférences spéculatives, en utilisant des formulations prudentes ("probablement", "il semblerait"). ### 4.4 Aspects déontologiques et professionnels liés aux écrits #### 4.4.1 Cadre légal et déontologique du psychologue La profession de psychologue en France est réglementée, nécessitant un diplôme spécifique (Licence et Master) et une inscription au répertoire RPPS. Bien que la profession ne soit pas "ordinale" (pas d'Ordre professionnel), le Code de déontologie des psychologues (version consolidée en 2021) constitue une référence essentielle. * **Code de déontologie :** Définit les principes généraux (respect des droits fondamentaux, vie privée, secret professionnel, intégrité, compétences, responsabilité, rigueur) et de nombreux articles liés aux écrits professionnels. * **Secret professionnel :** Obligation légale (articles 226-13 et 226-14 du Code pénal) qui engage des responsabilités pénales et civiles. Il protège les intérêts privés et publics. Il est individuel et non partageable, sauf dérogations légales spécifiques (protection des victimes mineures). * **Confidentialité :** Repose sur des aspects visuels (bureaux adaptés) et sonores (locaux insonorisés). * **Profession non ordinale :** Le non-respect du code de déontologie n'entraîne pas de sanctions disciplinaires directes, sauf si le code est annexé au contrat de travail, le rendant opposable à l'employeur. #### 4.4.2 La place de l'écrit dans l'activité du psychologue L'écrit est le seul témoignage visible de l'activité du psychologue. La qualité de ses écrits reflète la qualité de son travail. Il est un lien essentiel entre le psychologue et le bénéficiaire, permettant la conscientisation de méthodologies et la transmission de concepts psychologiques. #### 4.4.3 Organisation et rédaction des écrits * **Prise de notes :** Doit être rendue confidentielle dès la prise, et ce, au fil de l'eau. * **Anticipation de la réception :** L'écriture doit considérer le lecteur potentiel et l'usage qui sera fait du document. * **Clarté et rigueur :** Utilisation d'un langage précis, absence de jargon inutile, progression logique des idées. * **Responsabilité :** Tous les actes et écrits du psychologue l'engagent personnellement. #### 4.4.4 Typologies d'écrits professionnels Les écrits les plus courants incluent : prises de notes, synthèses de réunions, comptes-rendus de bilans (compétences, psychologiques, carrière, recrutement), certificats, courriers, rapports d'expertise. #### 4.4.5 Le compte rendu de bilan psychologique Un compte rendu de bilan doit être utile, c'est-à-dire révéler les aspects spécifiques et uniques de la personne, répondre à la demande posée et permettre des recommandations pertinentes. Il est structuré autour de : * Présentation de la demande et des questions posées. * Brève histoire de vie. * Description comportementale (observations lors des entretiens, passation de tests). * Présentation des sources d'informations. * Discussion des résultats (approche intégrative des différents domaines : cognitif, affectif, relationnel, motivationnel, image de soi). * Conclusions et recommandations claires et réalisables. #### 4.4.6 Les exigences de forme et de contenu * **Langage :** Précis, concret, non jargonnant, adapté au lecteur. Éviter les formulations trop vagues ou les "mots valise". * **Transparence et fiabilité :** Indiquer les sources, le niveau de fiabilité des conclusions, distinguer faits objectifs et inférences spéculatives. * **Identification :** Le document doit comporter la date, l'identité, le titre, le numéro RPPS/ADELI, les coordonnées, la signature du psychologue, le destinataire et l'objet de l'écrit. Mention "Confidentiel" est impérative. * **Conservation des dossiers :** Les notes personnelles manuscrites doivent être dissociées du dossier bénéficiaire, identifiées comme "confidentiel" et idéalement détruites après un délai raisonnable (environ 5 ans) pour garantir la vie privée, sauf dispositions légales spécifiques. #### 4.4.7 La restitution et la communication des résultats La restitution orale précède et éclaire la compréhension du document écrit. Le psychologue doit adapter son discours et son écrit au public, en tenant compte de ses attentes, de son niveau de compréhension et de son contexte. L'écrit doit être accessible, clair et concis, évitant toute interprétation hâtive ou surinterprétation. Il est crucial de respecter le secret professionnel et de ne transmettre des informations à des tiers qu'avec l'accord explicite du bénéficiaire. #### 4.4.8 Les spécificités du bilan de compétences Le bilan de compétences, en tant que démarche d'analyse des compétences, aptitudes et motivations, vise à construire ou valider un projet professionnel. Sa restitution écrite, le document de synthèse, est une trace écrite destinée au bénéficiaire, documentant le cheminement parcouru et les perspectives identifiées. Les règles déontologiques relatives à la confidentialité, au secret professionnel et à la restitution respectueuse des résultats s'appliquent pleinement à ces bilans. En conclusion, la rédaction d'écrits professionnels par un psychologue est un acte engageant qui requiert rigueur, clarté, éthique et respect scrupuleux du secret professionnel et de la confidentialité. La restitution des bilans, qu'il s'agisse de bilans de compétences ou d'autres évaluations, est une phase critique où le professionnalisme du psychologue est mis à l'épreuve, nécessitant une adaptation constante aux besoins et au contexte du bénéficiaire. --- # Les biais cognitifs dans la pratique du psychologue Cette section aborde les biais cognitifs qui peuvent influencer le jugement et la rédaction professionnelle des psychologues, ainsi que les stratégies pour les contrer. ### 5.1 L'impact des biais cognitifs sur les écrits professionnels Les écrits professionnels du psychologue, qu'il s'agisse de comptes rendus, de bilans ou de certificats, sont susceptibles d'être influencés par divers biais cognitifs. Ces biais, souvent inconscients, peuvent altérer l'objectivité, la clarté et la pertinence de l'écrit, affectant ainsi la qualité de la communication avec le bénéficiaire et les autres professionnels. #### 5.1.1 Identification des biais cognitifs Parmi les biais les plus fréquemment rencontrés dans la pratique du psychologue, on peut citer : * **L'effet Dunning-Kruger (ou effet de surconfiance)** : Ce biais se caractérise par une surestimation de ses propres compétences par les moins qualifiés et une sous-estimation par les plus compétents. Dans le contexte de l'écriture, cela peut mener à une rédaction trop simpliste ou, inversement, à une utilisation excessive d'un jargon technique, donnant une fausse impression de maîtrise. * **Le biais de favoritisme endo-groupe** : Il s'agit de favoriser les personnes qui nous ressemblent ou qui appartiennent à notre groupe d'appartenance. Ce biais peut conduire à des recrutements homogènes et à une discrimination involontaire, en privilégiant des candidats sur la base de critères non pertinents pour le poste. * **Le biais d'extraordinaireté** : Ce biais consiste à accorder une valeur disproportionnée aux caractéristiques originales ou extraordinaires d'une personne, au risque d'oublier les aspects plus pertinents pour l'évaluation ou la situation. Les "mad skills" peuvent ainsi occulter des compétences professionnelles essentielles. * **Le biais de projection (ou effet de faux consensus)** : Il s'agit de croire que les autres pensent comme nous, partageant nos opinions, nos valeurs et nos logiques. Ce biais peut mener à des jugements hâtifs et erronés, et renforce l'homogénéité au sein des organisations en favorisant le recrutement de personnes similaires aux décideurs. * **Le biais de désirabilité sociale** : Ce biais décrit la tendance des individus à présenter une image favorable d'eux-mêmes, en se conformant aux normes sociales ou en souhaitant plaire à autrui. Cela peut affecter la sincérité des réponses lors d'évaluations ou d'entretiens, réduisant la validité des conclusions. * **L'effet de halo** : Il s'agit d'une perception sélective où une première impression, positive ou négative, influence l'évaluation des autres caractéristiques d'une personne. Une première impression favorable peut rendre plus indulgent face aux défauts, et inversement. * **L'effet de désinformation (ou faux souvenirs)** : Des informations erronées intégrées après un événement peuvent altérer la mémoire de celui-ci. La suggestibilité et la mésattribution de l'information sont des facteurs clés de ce biais. * **L'effet de contraste** : La perception d'un stimulus est affectée par la présentation préalable ou simultanée d'un stimulus de nature opposée. Dans le recrutement, un candidat moyen peut sembler plus brillant s'il est présenté après un candidat médiocre. * **L'effet Pygmalion (ou prophétie autoréalisatrice)** : Les attentes élevées d'une autorité ou de l'environnement peuvent améliorer les performances d'un individu. À l'inverse, l'effet Golem correspond à des attentes plus basses menant à de moins bonnes performances. #### 5.1.2 Stratégies pour contrer les biais cognitifs Pour minimiser l'influence des biais cognitifs dans la rédaction professionnelle, plusieurs stratégies sont recommandées : * **Développer une conscience de soi** : Identifier et reconnaître l'existence de ces biais est la première étape pour les contrer. Une auto-réflexion régulière sur ses propres perceptions et jugements est essentielle. * **Utiliser des écrits structurés et objectifs** : Adopter des formats standardisés pour les comptes rendus et bilans, en se basant sur des données objectives et factuelles, permet de limiter la subjectivité. L'utilisation de tableaux, schémas, et graphiques peut aider à objectiver les données. * **Privilégier un langage clair et précis** : Éviter le jargon technique excessif, les formulations ambiguës ou trop génériques. Les termes techniques doivent être explicités et adaptés au lecteur. * **Se centrer sur l'information utile** : Se concentrer sur les informations qui révèlent les aspects spécifiques et uniques de la personne, répondent à la demande initiale et facilitent la prise de décision. Éviter de surcharger l'écrit avec des informations non pertinentes. * **Différencier l'oral de l'écrit** : L'oral est volatile et contextuel, tandis que l'écrit est permanent et irréversible. Il faut s'assurer de pouvoir soutenir publiquement ce qui est écrit. * **Mettre en place des procédures de relecture et de validation** : Faire relire ses écrits par un pair ou un superviseur peut aider à identifier des biais ou des erreurs d'interprétation. * **Recourir à des entretiens structurés ou standardisés** : Poser les mêmes questions à tous les candidats ou bénéficiaires permet de réduire l'impact des biais liés aux impressions personnelles. * **Favoriser la collégialité dans les décisions** : Impliquer plusieurs professionnels dans l'évaluation et la prise de décision peut aider à neutraliser les biais individuels. * **Être vigilant quant à la formulation des conclusions** : Éviter les formulations qui rejettent la responsabilité sur les outils d'évaluation ("Les tests montrent que..."). Formuler des conclusions prudentes et argumentées, en indiquant le niveau de fiabilité et en distinguant les faits des inférences spéculatives. * **Garder une trace écrite rigoureuse** : La prise de notes détaillée et précise lors des entretiens et observations est fondamentale pour la rédaction ultérieure. ### 5.2 Les écrits professionnels du psychologue : cadre déontologique et éthique Les écrits professionnels du psychologue sont encadrés par le code de déontologie et les principes éthiques de la profession. #### 5.2.1 Le cadre réglementaire de la profession La profession de psychologue est réglementée en France. Pour exercer, il faut détenir un diplôme universitaire (Licence et Master en psychologie), être inscrit au répertoire RPPS, et respecter les règles du code de déontologie. La profession n'étant pas ordinale, le code de déontologie n'a pas de valeur juridique contraignante directe, sauf s'il est annexé au contrat de travail. #### 5.2.2 Les principes généraux du code de déontologie et les écrits Le code de déontologie des psychologues s'articule autour de six principes généraux : 1. **Respect des droits fondamentaux de la personne** : Cela inclut le droit à l'information, à la liberté de jugement et de décision. Les écrits doivent être compréhensibles et permettre au bénéficiaire de prendre des décisions éclairées. 2. **Respect de la vie privée, du secret professionnel, de la confidentialité** : Le psychologue est soumis à une obligation de discrétion. Les écrits doivent garantir la confidentialité des informations recueillies. * **Confidentialité visuelle et sonore** : Cela implique des conditions d'exercice adéquates (bureaux fermés, isolation phonique). * **Secret professionnel** : Il s'agit d'une obligation légale (articles 226-13 et 226-14 du code pénal) protégeant les intérêts privés et publics. Sa violation peut entraîner des sanctions pénales. Le secret est individuel et non partageable, sauf dans l'intérêt de la personne et dans des cadres spécifiques. 3. **Intégrité et probité** : Le psychologue ne doit pas exploiter sa position à des fins personnelles et doit considérer les utilisations potentielles de ses écrits par des tiers. 4. **Compétences** : Le psychologue doit agir dans le cadre de ses compétences et utiliser des méthodes et techniques validées. 5. **Responsabilité et autonomie professionnelle** : Le psychologue est responsable de ses méthodes, techniques, avis et écrits. 6. **Rigueur et respect du cadre d'intervention** : Les modes d'intervention doivent être raisonnés, argumentés et adaptés à l'interlocuteur. #### 5.2.3 Le RGPD et la protection des données Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) s'applique à tous les traitements de données personnelles, y compris les données recueillies par les psychologues. Il impose des obligations en matière de collecte, de traitement, de conservation et de sécurité des données. * Les données collectées doivent être adéquates, pertinentes et limitées au strict nécessaire. * La transmission de données à des tiers est strictement encadrée et nécessite l'accord du bénéficiaire. * Les données doivent être conservées pour une durée déterminée. * Les psychologues doivent mettre en place des mesures techniques et organisationnelles pour garantir la sécurité et la confidentialité des données. * La tenue d'un registre des activités de traitement est une obligation. #### 5.2.4 L'archivage des dossiers La conservation des dossiers est importante pour pouvoir s'y référer. Les dossiers sont la propriété du bénéficiaire et peuvent être consultés. Les notes personnelles du psychologue doivent être dissociées du dossier principal et marquées comme confidentielles. La durée de conservation est généralement de 5 ans, mais peut varier selon les institutions. ### 5.3 Les types d'écrits professionnels en psychologie Les écrits professionnels les plus courants en psychologie incluent : * Prises de notes personnelles * Prises de notes en réunion * Synthèses de réunions de travail * Synthèses de séminaires et symposiums * Synthèses de bilans (bilan de compétences, bilans psychologiques, d'évaluation, de recrutement, etc.) * Certificats et attestations * Courriers * Rapports d'expertise psychologique * Rapports d'examen ou de bilan psychologique #### 5.3.1 Les enjeux de la communication écrite L'écrit est un outil essentiel pour le psychologue, permettant d'informer, d'échanger, de mémoriser et de coordonner. Il est la seule trace visible de l'activité du psychologue, et sa qualité reflète la qualité du travail. L'écrit permet de transmettre la compréhension des sujets humains et de positionner la psychologie comme une discipline spécifique. #### 5.3.2 L'organisation de l'écriture La rédaction commence dès la prise de notes, au fil des entretiens. Elle permet de prendre de la distance, de confronter les hypothèses et de progresser dans l'analyse. L'écriture pour autrui demande de la clarté, de la rigueur, l'absence de jargon et une progressivité dans l'exposé. L'analyse des données et l'écriture doivent progresser parallèlement. #### 5.3.3 La rédaction d'un compte rendu de réunion Le compte rendu de réunion vise à informer les absents, à conserver une trace historique, à recentrer le débat et à établir un bilan d'action. Le scribe doit être neutre, aimer écouter et écrire, et avoir une capacité de synthèse. Le CR doit être rédigé peu de temps après la réunion, de manière claire et lisible, et organisé par thématiques plutôt que chronologiquement. #### 5.3.4 La rédaction d'un compte rendu d'examen/bilan psychologique Le bilan psychologique vise à répondre à des questions spécifiques, à affiner la compréhension du fonctionnement individuel et à contribuer à la prise de décision. La communication des résultats peut se faire à l'oral et à l'écrit, de manière interactive, en tenant compte du niveau d'expertise du destinataire. Les informations utiles sont celles qui révèlent l'unicité de la personne et permettent de répondre précisément à la demande. > **Tip:** Il est crucial de distinguer les faits objectifs des inférences spéculatives dans les conclusions. L'utilisation de termes comme "probablement" ou "il semblerait" est nécessaire pour indiquer le degré de certitude. > **Tip:** Éviter la surinterprétation des données et les formulations "valises" qui manquent de précision. Chaque mot compte et doit être choisi avec soin pour être compréhensible et pertinent. #### 5.3.5 Les styles de rédaction Trois styles principaux peuvent être alternés dans la rédaction d'un compte rendu : * **Littéraire** : Langage courant, descriptions imagées. Risque d'imprécision et de subjectivité. * **Scientifique** : Accent sur la normativité, les données objectives, les modèles théoriques. Risque de déshumanisation en découpant la personne. * **Professionnel** : Langage concret, terminologie précise, phrases courtes, organisation claire. Ce style vise à être compréhensible et utile pour la prise de décision. #### 5.3.6 La restitution des résultats La restitution des résultats doit être interactive et adaptée au bénéficiaire. Le psychologue doit inviter à l'échange, recueillir les étonnements et les questions, et co-construire le plan d'action. Le document de synthèse est un outil essentiel pour ancrer les informations et favoriser l'autonomie du bénéficiaire. Il est impératif de respecter les délais et de fournir un écrit clair, précis et accessible. #### 5.3.7 Les attributions et le rôle du psychologue dans l'écrit Le psychologue est le garant de la qualité et de l'éthique de ses écrits. Il est responsable de ses conclusions, même si celles-ci s'appuient sur des outils d'évaluation. La rédaction d'un écrit engage sa responsabilité civile et pénale. La prudence dans l'expression est proportionnelle au degré de certitude, et il n'est pas toujours nécessaire de détailler tous les éléments ayant fondé une décision, sauf si cela est nécessaire pour faire avancer la problématique. #### 5.3.8 Les biais à considérer lors de la rédaction Plusieurs biais cognitifs peuvent impacter la rédaction : * **Effet Pygmalion** : Les attentes positives peuvent influencer les performances. Il est important de distinguer cet effet de l'effet Golem (attentes négatives). * **Biais de projection et de faux consensus** : Tendance à croire que les autres pensent comme nous. * **Biais de désirabilité sociale** : Volonté de se présenter sous un jour favorable. * **Effet de halo** : Première impression influençant les jugements ultérieurs. * **Effet Barnum** : Acceptation naïve de résultats vagues et généralistes. Il est essentiel d'être conscient de ces biais et de mettre en place des stratégies pour en limiter l'impact, telles que des entretiens structurés, une analyse objective des données, et une prise de recul lors de la rédaction. --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Terme | Définition | |------|------------| | Écrit professionnel | Tout type d’écrits concernant directement les usagers, les bénéficiaires d’institutions, d’entreprises, de structures, de cabinets, rédigés intégralement ou partiellement par un professionnel dans l’exercice de sa fonction. | | Code de déontologie | Ensemble de règles et de devoirs qui régissent la profession de psychologue, servant de référence pour l’exercice quotidien et guidant les pratiques éthiques. | | Confidentialité | Principe qui repose sur la discrétion visuelle et sonore concernant les échanges entre un professionnel et une personne, garantissant que les informations partagées ne soient pas accessibles par des tiers non autorisés. | | Secret professionnel | Obligation légale et déontologique qui impose au professionnel de ne pas divulguer les informations confidentielles dont il a connaissance dans le cadre de son activité, protégeant ainsi les intérêts privés et publics. | | RGPD | Règlement Général sur la Protection des Données, un texte réglementaire européen qui encadre le traitement des données personnelles pour renforcer les droits des individus et responsabiliser les acteurs traitant ces données. | | Bilan de compétences | Démarche qui permet à un individu d’analyser ses compétences professionnelles et personnelles, ses aptitudes et ses motivations afin de définir un projet d’évolution professionnelle ou de formation. | | Biais cognitif | Tendance systématique à la déviation de la norme ou de la rationalité dans le jugement. Ce sont des raccourcis mentaux qui peuvent altérer la perception, la mémoire et la prise de décision. | | Signifiant | Dans la linguistique, c’est la partie sonore ou graphique d’un signe linguistique, telle que le mot prononcé ou écrit. | | Signifié | Dans la linguistique, c’est le concept ou l’idée associé au signifiant, représentant le sens d’un signe linguistique. | | Littératie | Capacité à lire, écrire et comprendre des textes. L’accès généralisé à la littératie a des conséquences importantes sur les modes de pensée et l’organisation sociale. | | Autonomie professionnelle | Capacité du professionnel à exercer sa fonction de manière indépendante, en prenant des décisions éclairées basées sur ses compétences et le respect des règles éthiques et déontologiques. | | CNCDP | Commission Nationale Consultative de Déontologie des Psychologues, une instance qui donne des avis motivés sur les questions relatives à la déontologie des psychologues. | | RPPS | Répertoire Partagé des Professionnels de Santé, un répertoire public national géré par l'État français qui recense les professionnels du secteur de la santé. | | Verbatim | Transcription exacte des propos tenus par une personne lors d’un entretien ou d’une réunion, sans aucune modification ou interprétation. | | Effet Pygmalion | Phénomène de prophétie autoréalisatrice où des attentes élevées envers une personne peuvent améliorer ses performances, tandis que des attentes faibles peuvent conduire à une moins bonne performance (effet Golem). | | Biais de désirabilité sociale | Tendance à donner des réponses socialement désirables lors d’enquêtes ou d’évaluations, afin de se présenter sous un jour favorable, ce qui peut affecter la validité des résultats. | | Effet de halo | Biais cognitif qui consiste à laisser une première impression (positive ou négative) influencer la perception globale d'une personne ou d'une chose, déduisant d'autres caractéristiques inconnues à partir de celles qui sont connues. | | Biais de projection (ou faux consensus) | Tendance à penser que les autres partagent nos mêmes opinions, valeurs et caractéristiques, surestimant le degré d’accord des autres avec nous. | | Bilan de carrière | Processus d'évaluation qui aide une personne à analyser son parcours professionnel, ses compétences et ses aspirations pour définir ses orientations futures. | | Compétence | Capacité d'une personne à mettre en œuvre, dans une situation donnée, un ensemble intégré d'aptitudes, de traits de personnalité et de connaissances pour mener à bien une mission complexe. |