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Summary
# Enzymes et régulation enzymatique
Ce sujet explore le fonctionnement des enzymes et les mécanismes variés qui permettent de contrôler leur activité.
## 1. Enzymes et régulation enzymatique
### 1.1 Introduction aux enzymes et voies métaboliques
Les enzymes sont des protéines biologiques qui agissent comme catalyseurs de réactions chimiques, avec une spécificité remarquable et la capacité d'être régulées. Les voies métaboliques sont des séquences de réactions chimiques catalysées par des enzymes, où le produit d'une réaction sert de substrat à la suivante. Ces voies peuvent être linéaires, ramifiées ou cycliques. La régulation de l'activité enzymatique est cruciale pour le contrôle des activités cellulaires; une régulation inappropriée peut mener à des maladies, comme le cancer, où la surexpression d'enzymes telles que la tyrosine kinase est associée à des altérations cellulaires [3](#page=3).
### 1.2 Voies métaboliques et enzyme clé
Dans une voie métabolique, la plupart des enzymes sont présentes en excès, ce qui signifie que la vitesse des réactions dépend principalement de la concentration des substrats. Cependant, une enzyme régulatrice, qui catalyse la réaction limitante, contrôle le flux de la voie [3](#page=3).
#### 1.2.1 La réaction limitante
La réaction limitante est définie comme :
* La première réaction spécifique d'une voie métabolique [4](#page=4).
* La réaction la plus lente de la voie, imposant ainsi sa cadence à l'ensemble de la séquence [4](#page=4).
* Généralement irréversible [4](#page=4).
La vitesse de la réaction limitante dépend de trois facteurs principaux :
1. La disponibilité en substrat et en coenzyme [4](#page=4).
2. La concentration de l'enzyme régulatrice [4](#page=4).
3. L'activité de l'enzyme régulatrice [4](#page=4).
#### 1.2.2 Disponibilité en substrat et coenzyme
La disponibilité d'un substrat est déterminée par l'approvisionnement en précurseurs et le flux métabolique qui le convertit. Une fois que le substrat est disponible, la vitesse de réaction augmente tant que l'enzyme n'est pas saturée [4](#page=4).
La disponibilité d'un coenzyme dépend de son propre approvisionnement et de sa régénération sous une forme utilisable par l'enzyme [4](#page=4).
### 1.3 Régulation enzymatique
La régulation enzymatique peut s'exercer selon deux grands principes :
1. **Contrôle de la quantité de l'enzyme**: Cela implique d'ajuster le nombre de molécules enzymatiques présentes dans la cellule par des mécanismes comme l'induction, la répression ou la dégradation. Ces mécanismes sont généralement lents et assurent un contrôle à long terme [5](#page=5).
2. **Contrôle de l'activité de l'enzyme**: Cela consiste à moduler l'activité des molécules enzymatiques déjà synthétisées, par des processus d'inhibition ou d'activation. Ces mécanismes sont rapides et permettent une adaptation aux changements de conditions à court terme [5](#page=5).
#### 1.3.1 Contrôle de la quantité de l'enzyme
Ce mode de régulation est largement lié à la régulation génétique, ajustant la synthèse enzymatique [5](#page=5).
* **Induction**: Augmentation de la synthèse d'une enzyme en réponse à un inducteur. Par exemple, la glucokinase est stimulée par son substrat, le glucose. Les enzymes régulées de cette manière sont dites inductibles [5](#page=5).
* **Répression**: Diminution de la synthèse d'une enzyme par un répresseur [5](#page=5).
* **Régulation par dégradation des protéines**: Une fois qu'un produit final d'une voie métabolique est synthétisé, les enzymes impliquées peuvent être dégradées, souvent dans les lysosomes, pour arrêter la production [6](#page=6).
#### 1.3.2 Contrôle de l'activité enzymatique
Plusieurs mécanismes permettent de moduler l'activité des enzymes préexistantes.
##### 1.3.2.1 Rétroinhibition
La rétroinhibition, ou rétroaction négative, est un mécanisme rapide où le produit final d'une voie de biosynthèse inhibe directement la première enzyme de cette voie [6](#page=6).
* Il s'agit d'une interaction non covalente et réversible [6](#page=6).
* Si l'inhibiteur ressemble au substrat, il peut se lier au site actif (inhibition compétitive) [6](#page=6).
* Un inhibiteur n'ayant pas de structure similaire au substrat peut se lier à un site différent du site actif, agissant comme un inhibiteur allostérique [6](#page=6).
* La rétroinhibition peut impliquer de multiples boucles d'inhibition, notamment dans les voies de synthèse ramifiées [6](#page=6) [7](#page=7).
##### 1.3.2.2 Activation par protéolyse
Certaines enzymes sont sécrétées sous forme inactive, appelée proenzymes ou zymogènes. Un zymogène est inactif car une chaîne polypeptidique supplémentaire masque le site actif. L'activation se produit par le clivage de cette chaîne, révélant le site actif. L'héxapeptide de l'extrémité N-terminale peut modifier la conformation de la protéine; la trypsine, une enzyme pancréatique, en est un exemple [7](#page=7).
##### 1.3.2.3 Modification covalente réversible
L'activité enzymatique peut être modifiée par la formation réversible de liaisons covalentes avec des groupes chimiques. Les types de modifications incluent [7](#page=7):
* Méthylation (ajout d'un groupe méthyle) [7](#page=7) [8](#page=8).
* Adénylation (ajout d'un groupe AMP) [7](#page=7) [8](#page=8).
* Phosphorylation (ajout d'un groupe phosphate) [7](#page=7) [8](#page=8).
* Uridylation (ajout d'un groupe uridine) [7](#page=7).
* ADP-Ribosylation (ajout d'un groupe ADP-Ribose) [7](#page=7) [8](#page=8).
La phosphorylation est la modification la plus couramment utilisée pour réguler l'activité enzymatique. Elle implique l'ajout d'un groupe phosphate aux groupes hydroxyle de résidus sérine, thréonine ou tyrosine. Cette réaction est catalysée par des protéine kinases, tandis que la déphosphorylation, l'élimination du groupe phosphate, est effectuée par des phosphatases. La forme phosphorylée ou déphosphorylée peut être la forme active selon l'enzyme [8](#page=8).
##### 1.3.2.4 Interaction protéine-protéine
Chez certaines enzymes composées de multiples sous-unités (catalytiques et régulatrices), l'inactivation peut survenir lorsque l'enzyme est entière. La liaison d'une molécule régulatrice, comme l'AMPc, aux sous-unités régulatrices peut libérer les sous-unités catalytiques, rendant l'enzyme pleinement active [8](#page=8).
### 1.4 Enzymes allostériques et régulation
#### 1.4.1 Définition et structure
L'allostérie décrit une modification de la conformation (structure spatiale) d'une protéine suite à la fixation d'un substrat ou d'une molécule effectrice, conférant ainsi des propriétés particulières, notamment un changement d'activité. Cette régulation est efficace lorsque la macromolécule est sous forme polymérique [1](#page=1).
Les enzymes allostériques sont une classe d'enzymes de régulation qui possèdent des sites supplémentaires, appelés sites allostériques, en plus du site actif. Ces sites allostériques peuvent être uniques ou multiples. Les enzymes allostériques sont souvent composées de plusieurs sous-unités (protomères) occupant des positions équivalentes et présentant une symétrie. Chaque protomère possède un site actif pour fixer le substrat (S) et le transformer en produit (P), ainsi qu'un site régulateur pour la fixation réversible d'un effecteur allostérique (activateur ou inhibiteur) [1](#page=1) [2](#page=2).
#### 1.4.2 Mode d'action et rôle
La fixation d'un effecteur allostérique sur le site régulateur entraîne une modification conformationnelle du site actif, altérant ainsi l'activité biologique de l'enzyme (augmentation ou diminution). Les enzymes allostériques jouent un rôle régulateur essentiel dans les voies métaboliques, catalysant souvent la première réaction limitante et permettant d'adapter le métabolisme aux besoins cellulaires [1](#page=1) [2](#page=2).
#### 1.4.3 Caractéristiques cinétiques
Les enzymes allostériques ne suivent pas la cinétique de Michaelis-Menten. Leur courbe de vitesse en fonction de la concentration du substrat ($v_i$ vs $S$) présente une forme sigmoïdale [10](#page=10).
* **Coopérativité**: La fixation d'un substrat sur une sous-unité influence la fixation des substrats sur les autres sous-unités [10](#page=10).
* **Coopérativité positive**: La liaison d'un substrat augmente l'affinité de l'enzyme pour d'autres molécules de substrats [11](#page=11).
* **Coopérativité négative (anticoopérativité)**: La liaison d'un substrat diminue l'affinité de l'enzyme pour d'autres molécules de substrats [11](#page=11).
* La coopérativité nulle correspond à la cinétique Michaelis-Menten ($n=1$) [11](#page=11).
* **Coefficient de Hill (n)**: Il mesure le degré de coopérativité. Plus $n$ est élevé, plus la coopérativité est forte [11](#page=11).
* $n > 1$ : Coopérativité positive
* $n = 1$ : Coopérativité nulle
* $0 < n < 1$ : Coopérativité négative
#### 1.4.4 Modèles allostériques
Le comportement des enzymes allostériques est décrit par deux modèles principaux :
1. **Modèle symétrique (concerté) de Monod-Wyman-Changeux (MWC, 1965)** :
* La symétrie est conservée: tous les changements conformationnels affectent simultanément toutes les sous-unités [11](#page=11).
* L'enzyme existe sous deux formes: T (tendue, faible activité et affinité) et R (relâchée, forte activité et affinité) [11](#page=11) [9](#page=9).
* Le ligand se fixe aux formes T ou R selon des affinités différentes, et la fixation du ligand modifie l'équilibre entre les formes T et R [11](#page=11).
2. **Modèle séquentiel de Koshland ** :
* Chaque sous-unité passe individuellement d'un état à un autre, et les sous-unités peuvent avoir des affinités différentes pour le substrat [12](#page=12).
* Le changement d'état d'une sous-unité influence le changement des autres sous-unités, se produisant en cascade de manière séquentielle [12](#page=12).
* La symétrie n'est pas toujours conservée, permettant l'observation de formes hybrides où les formes T et R coexistent [12](#page=12).
> **Tip:** Comprendre les différences entre les modèles MWC et Koshland est crucial pour expliquer la sigmoïdalité observée dans la cinétique des enzymes allostériques. Le modèle MWC postule un changement concerté de toutes les sous-unités, tandis que le modèle de Koshland permet des changements séquentiels et asymétriques.
### 1.5 Facteurs influençant la cinétique enzymatique
#### 1.5.1 Effecteurs chimiques
* **Activateurs chimiques**: Ces molécules se fixent à l'enzyme (et/ou augmentent son activité). Ils peuvent soit augmenter l'affinité pour le substrat ($K_M$), soit augmenter l'activité maximale ($V_{max}$). La fixation peut être réversible (liaison faible, phénomène instantané) ou irréversible (liaison covalente, phénomène lent) [1](#page=1).
* **Inhibiteurs chimiques** : Bien que non détaillés dans cette section, les inhibiteurs jouent un rôle majeur dans la régulation enzymatique, comme vu précédemment avec la rétroinhibition.
> **Tip:** La distinction entre activateurs et inhibiteurs est fondamentale. Les activateurs augmentent l'efficacité enzymatique, tandis que les inhibiteurs la réduisent. Les mécanismes d'action peuvent être variés, allant de la modification directe du site actif à des changements conformationnels globaux de l'enzyme.
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# Facteurs influençant la cinétique enzymatique
Cette section détaille les éléments qui modulent la vitesse des réactions enzymatiques, en abordant notamment les activateurs chimiques et le fonctionnement des enzymes allostériques.
### 2.1 Activateurs chimiques
Les activateurs sont des molécules qui se lient à l'enzyme, soit pour augmenter son affinité pour le substrat (diminution de $K_M$), soit pour accroître son activité maximale ($V_{max}$) [1](#page=1).
* **Nature de la liaison:**
* **Réversible:** L'activateur se fixe à l'enzyme par des liaisons faibles, permettant une modulation rapide et instantanée de l'activité [1](#page=1).
* **Irréversible:** L'activateur se lie par une liaison covalente, entraînant un processus de modification plus lent mais potentiellement plus durable [1](#page=1).
### 2.2 Enzymes et effecteurs allostériques
L'allostérie décrit la modification de la conformation (structure spatiale) d'une protéine suite à la fixation d'un substrat ou d'une molécule effectrice, conférant ainsi de nouvelles propriétés, notamment une modification de l'activité. La structure d'une macromolécule est intrinsèquement liée à sa fonction [1](#page=1).
#### 2.2.1 Structure et mode d'action des enzymes allostériques
Les enzymes allostériques sont souvent des protéines polymériques, dont la structure quaternaire est composée de plusieurs chaînes d'acides aminés appelées protomères [1](#page=1).
* **Protomères:** Ils occupent des positions équivalentes et présentent une symétrie mutuelle. Chaque protomère possède deux sites fonctionnels distincts [1](#page=1):
* **Site actif:** Lieu de fixation du substrat (S) et de sa transformation en produit (P) [1](#page=1).
* **Site régulateur:** Site où se fixe l'effecteur allostérique (activateur ou inhibiteur) de manière réversible [1](#page=1).
* **Conséquence de la fixation de l'effecteur:** La fixation d'un effecteur sur le site régulateur entraîne une modification conformationnelle du site actif. Cette modification peut altérer positivement ou négativement l'activité biologique de l'enzyme [1](#page=1).
#### 2.2.2 Caractéristiques des enzymes allostériques
Les enzymes allostériques constituent une classe d'enzymes cruciales pour la régulation. Elles sont caractérisées par une régulation enzymatique via la liaison non covalente et réversible de molécules régulatrices, appelées modulateurs allostériques ou effecteurs allostériques. Ces enzymes possèdent des sites supplémentaires, distincts du site actif, nommés sites allostériques. Une enzyme allostérique peut comporter un ou plusieurs sites allostériques [2](#page=2).
#### 2.2.3 Rôles des enzymes allostériques
Le rôle principal des enzymes allostériques est la régulation des voies métaboliques. En catalysant la première réaction limitante d'une voie métabolique, elles permettent d'adapter le métabolisme cellulaire aux besoins physiologiques changeants. La régulation de l'activité enzymatique est fondamentale pour le contrôle des voies métaboliques; une absence de régulation peut entraîner des dysfonctionnements cellulaires et le développement de maladies, comme le cancer, où la surexpression de certaines enzymes, telle que la tyrosine kinase, est associée à des altérations cellulaires [2](#page=2) [3](#page=3).
> **Tip:** Les enzymes allostériques sont des points de contrôle clés dans le réseau métabolique, assurant l'efficacité et la flexibilité des processus cellulaires.
### 2.3 La réaction limitante et la vitesse enzymatique
Une voie métabolique est une séquence de réactions chimiques catalysées par des enzymes. Dans la plupart des cas, les enzymes sont présentes en excès et la vitesse des réactions dépend des concentrations de substrats. Cependant, une enzyme spécifique, dite enzyme régulatrice, catalyse la réaction limitante et contrôle le flux global de la voie [3](#page=3).
#### 2.3.1 Définition de la réaction limitante
La réaction limitante est définie comme :
* La première réaction spécifique d'une voie métabolique [4](#page=4).
* La réaction la plus lente de la voie, imposant sa cadence à l'ensemble du processus [4](#page=4).
* Une réaction généralement irréversible [4](#page=4).
#### 2.3.2 Facteurs influençant la vitesse de la réaction limitante
La vitesse de la réaction limitante est déterminée par trois facteurs principaux [4](#page=4):
1. **Disponibilité en substrat et coenzyme:** La concentration de substrat et de cofacteurs disponibles est cruciale.
2. **Concentration en enzyme:** La quantité d'enzyme active présente.
3. **Activité de l'enzyme:** L'efficacité intrinsèque de l'enzyme, qui peut être modulée par divers facteurs.
#### 2.3.3 Disponibilité du substrat et du coenzyme
La disponibilité du substrat (S) dépend de l'apport des précurseurs métaboliques et du flux métabolique qui les convertit en S. Tant que l'enzyme n'est pas saturée, une augmentation de la disponibilité de S conduit à une augmentation de la vitesse de réaction ($V$) [4](#page=4).
La disponibilité du coenzyme est également essentielle et dépend de son approvisionnement et de sa régénération efficace sous une forme utilisable par l'enzyme [4](#page=4).
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# Enzymes allostériques et leur mode d'action
Ce chapitre explore la nature, la structure et le fonctionnement des enzymes allostériques, en mettant l'accent sur leur rôle régulateur grâce à la modulation de leur conformation par des effecteurs.
### 3.1 Définition et principes fondamentaux des enzymes allostériques
L'allostérie décrit la modification de la conformation (structure spatiale) d'une protéine suite à la fixation d'un substrat ou d'une molécule effectrice, ce qui confère à la protéine des propriétés particulières, notamment un changement d'activité. Cette propriété est particulièrement pertinente pour les macromolécules de structure polymérique. Les enzymes allostériques constituent une classe d'enzymes essentielles à la régulation, fonctionnant par liaison non covalente et réversible de molécules régulatrices, appelées modulateurs ou effecteurs allostériques. Elles se distinguent par la présence de sites supplémentaires, appelés sites allostériques, en plus du site actif. Ces sites allostériques sont des régions uniques sur la molécule enzymatique, et une enzyme allostérique peut en posséder un ou plusieurs [1](#page=1) [2](#page=2).
> **Tip:** Les enzymes allostériques sont cruciales pour la régulation des voies métaboliques. Elles catalysent généralement la première réaction limitante d'une voie, permettant ainsi à la cellule d'adapter son métabolisme à ses besoins changeants [2](#page=2).
### 3.2 Structure des enzymes allostériques
Les enzymes allostériques sont typiquement des enzymes polymériques dont la structure quaternaire est composée de plusieurs chaînes d'acides aminés, formant des sous-unités appelées protomères. Ces protomères occupent des positions équivalentes et présentent une symétrie les uns par rapport aux autres. Chaque protomère possède deux sites fonctionnels principaux [1](#page=1):
* **Site actif:** C'est le site où le substrat (S) se fixe pour être transformé en produit (P) [1](#page=1).
* **Site régulateur:** C'est le site où un effecteur allostérique (activateur ou inhibiteur) se fixe de manière réversible [1](#page=1).
La structure quaternaire, où chaque sous-unité possède son propre site actif, implique qu'une enzyme peut lier plusieurs molécules de substrat [9](#page=9).
### 3.3 Mode d'action des enzymes allostériques
La fixation d'un effecteur allostérique sur le site régulateur induit une modification conformationnelle du site actif entraînant ainsi une altération de l'activité biologique de l'enzyme, positive ou négative [1](#page=1).
#### 3.3.1 Changements conformationnels et états de l'enzyme
Les enzymes allostériques peuvent exister sous différentes conformations, principalement deux états :
* **État T (Tendu):** Caractérisé par une faible activité catalytique et une faible affinité pour le substrat [9](#page=9).
* **État R (Relâché):** Caractérisé par une forte activité catalytique et une forte affinité pour le substrat [9](#page=9).
L'enzyme entière peut permuter entre ces conformations T et R. La liaison du substrat au site actif ou de molécules régulatrices aux sites allostériques déclenche ces changements de forme [9](#page=9).
#### 3.3.2 Cinétique des enzymes allostériques et coopérativité
Contrairement aux enzymes michaeliennes, la cinétique des enzymes allostériques n'est pas simple. Elles présentent un tracé sigmoïdal lors de la représentation de la vitesse initiale ($v_i$) en fonction de la concentration du substrat ([S]). Cette forme sigmoïdale traduit le phénomène de **coopérativité** [10](#page=10).
La coopérativité se produit lorsque la fixation d'une molécule de substrat sur une sous-unité d'une enzyme allostérique influence la fixation des substrats sur les autres sous-unités [10](#page=10).
Le processus typique est le suivant [10](#page=10):
1. À faible concentration de substrat, l'enzyme est majoritairement dans sa conformation inactive (état T).
2. La liaison du premier substrat à une sous-unité déclenche un changement conformationnel, favorisant le passage à la forme active (état R).
3. Une fois le premier substrat lié, les substrats suivants se lient plus facilement aux autres sous-unités (coopérativité positive).
4. Ce changement conformationnel se traduit par une forte augmentation de l'affinité pour le substrat et, par conséquent, une augmentation rapide de la vitesse de réaction sur une plage étroite de concentrations de substrat.
5. Lorsque tous les sites actifs sont occupés, la vitesse de réaction atteint un plateau ($v_i = V_{max}$), indiquant que toutes les enzymes sont saturées.
#### 3.3.3 Types de coopérativité
* **Coopérativité positive:** La liaison d'un substrat à un site actif augmente l'affinité de l'enzyme pour les autres molécules de substrat. Le coefficient de Hill ($n$) est supérieur à 1 ($n > 1$) [11](#page=11).
* **Coopérativité négative (anticoopérativité):** La liaison d'un substrat à un site actif diminue l'affinité de l'enzyme pour les autres molécules de substrat. Le coefficient de Hill ($n$) est inférieur à 1 ($0 < n < 1$) [11](#page=11).
* **Coopérativité nulle:** La liaison du substrat n'affecte pas les autres sites. Ceci correspond à la cinétique Michaelienne ($n = 1$) [11](#page=11).
Le **coefficient de Hill ($n$)**, également appelé indice de coopérativité, quantifie la force de la coopération du substrat avec l'enzyme [11](#page=11).
La cinétique des enzymes allostériques, ne pouvant être décrite par la simple cinétique Michaelis-Menten en raison de l'évolution de l'affinité avec la concentration du substrat, est caractérisée par la concentration de substrat donnant un taux demi-maximal ([S]$_{0.5}$) et le coefficient de Hill ($n$) [11](#page=11).
#### 3.3.4 Modèles allostériques
Le comportement des enzymes allostériques est expliqué par deux modèles principaux :
1. **Le modèle symétrique (concerté) de Monod-Wyman-Changeux (MWC):** [11](#page=11).
* Ce modèle postule que toutes les sous-unités changent de conformation simultanément (modèle concerté) [11](#page=11).
* La symétrie de la protéine est conservée pendant le changement conformationnel [11](#page=11).
* Le ligand (substrat ou modulateur) se fixe aux formes T ou R avec des affinités différentes [11](#page=11).
* La fixation du ligand modifie l'équilibre entre les formes R et T [11](#page=11).
2. **Le modèle séquentiel de Koshland:** [11](#page=11) [12](#page=12).
* Dans ce modèle, chaque sous-unité passe individuellement d'un état à l'autre, avec des affinités potentiellement différentes pour le substrat entre les sous-unités [12](#page=12).
* Le changement d'état d'une sous-unité influence le changement des autres sous-unités, se produisant en cascade et de manière séquentielle [12](#page=12).
* La conservation de la symétrie n'est pas toujours observée, permettant la coexistence de formes hybrides (T et R) [12](#page=12).
Ces modèles permettent de comprendre comment la liaison d'un effecteur peut moduler l'activité enzymatique par des changements conformationnels coordonnés ou indépendants des sous-unités.
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# Mécanismes de régulation de l'activité enzymatique
Ce thème aborde les différentes stratégies de contrôle de l'activité enzymatique, incluant l'inhibition par rétroaction, l'activation par protéolyse et la modification covalente réversible.
### 6.1 Contrôle de la quantité de l'enzyme
Le contrôle de la quantité d'une enzyme peut être réalisé par sa dégradation. La dégradation intracellulaire des enzymes se fait dans les lysosomes, et une fois que le produit final d'une voie métabolique est synthétisé, les enzymes impliquées dans cette voie peuvent être dégradées pour arrêter la production [6](#page=6).
### 6.2 Contrôle de l'activité enzymatique
#### 6.2.1 Rétroinhibition
La rétroinhibition, également appelée rétroaction négative, est un mécanisme par lequel le produit final d'une voie de biosynthèse inhibe directement la première enzyme de cette voie. Il s'agit d'un moyen de contrôle très rapide. Cette interaction est non covalente et réversible [6](#page=6).
L'inhibition peut se produire de deux manières principales :
* **Inhibition compétitive:** Si l'inhibiteur a une structure similaire au substrat, il se lie au site actif de l'enzyme [6](#page=6).
* **Inhibition allostérique:** Si l'inhibiteur n'a pas une structure similaire au substrat, il peut se lier à un site différent du site actif [6](#page=6).
La rétroinhibition peut impliquer de multiples boucles, comme observé dans la voie de synthèse ramifiée [7](#page=7).
#### 6.2.2 Activation par protéolyse
Certaines enzymes sont sécrétées sous des formes inactives appelées proenzymes ou zymogènes. Un zymogène est inactif car il contient une chaîne polypeptidique supplémentaire qui masque le site actif de l'enzyme. L'activation du zymogène se produit par le retrait de cette chaîne polypeptidique [7](#page=7).
Un exemple notable est la trypsine, une enzyme pancréatique, où l'extrémité N-terminale modifie la conformation de la protéine [7](#page=7).
#### 6.2.3 Modification covalente réversible
Ce mécanisme implique la modification de l'activité enzymatique par la formation réversible de liaisons covalentes avec un groupement chimique. Les modifications covalentes réversibles courantes incluent [7](#page=7):
* Méthylation (ajout d'un groupe méthyle) [7](#page=7).
* Adénylation (addition d'un groupe AMP) [7](#page=7).
* Phosphorylation (addition d'un groupe phosphate) [7](#page=7).
* Uridylation (addition d'un groupe uridine) [7](#page=7).
* ADP-Ribosylation (addition d'un groupe ADP-Ribose) [7](#page=7).
La localisation de ces modifications sur les résidus d'acides aminés est la suivante :
* Méthylation: Aspartate, Glutamate [8](#page=8).
* Adénylation: Tyrosine [8](#page=8).
* Phosphorylation: Sérine, thréonine ou tyrosine [8](#page=8).
* ADP-Ribosylation: Arginine [8](#page=8).
##### 6.2.3.1 Phosphorylation
La phosphorylation est la modification la plus fréquemment utilisée pour réguler l'activité enzymatique. Elle se produit par l'addition d'un groupe phosphate à un groupe hydroxyle de sérine, thréonine ou tyrosine de l'enzyme. Ce processus est catalysé par une enzyme appelée protéine kinase. La déphosphorylation, l'élimination du groupe phosphate, est réalisée par une enzyme appelée phosphatase [8](#page=8).
La forme phosphorylée peut être active pour certaines enzymes, tandis que la forme déphosphorylée est active pour d'autres [8](#page=8).
#### 6.2.4 Interaction protéine-protéine
De nombreuses enzymes sont composées de plusieurs sous-unités, incluant des sous-unités catalytiques et régulatrices. L'enzyme entière peut être inactive. La liaison d'une molécule comme l'AMP cyclique (AMPc) aux sous-unités régulatrices peut libérer les sous-unités catalytiques, les rendant pleinement actives [8](#page=8).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Enzyme | Protéine biologique agissant comme catalyseur pour accélérer les réactions chimiques dans les organismes vivants. |
| Cinétique enzymatique | Étude de la vitesse des réactions catalysées par les enzymes et des facteurs qui influencent cette vitesse. |
| Activateur chimique | Molécule qui se lie à une enzyme pour augmenter son activité catalytique, soit en améliorant l'affinité pour le substrat, soit en augmentant la vitesse maximale de réaction. |
| Liaison faible | Interaction réversible entre molécules, caractérisée par une faible énergie de liaison, permettant des changements rapides. |
| Liaison covalente | Liaison chimique forte formée par le partage d'électrons entre atomes, souvent irréversible dans le contexte enzymatique. |
| Allostérie | Phénomène par lequel la fixation d'une molécule régulatrice (effecteur) sur un site de la protéine modifie la conformation de cette protéine, et par conséquent son activité. |
| Conformation | Structure tridimensionnelle spécifique d'une protéine, déterminée par l'arrangement de ses atomes et essentielle à sa fonction. |
| Protomère | Une des unités moléculaires identiques qui composent une protéine polymérique, en particulier dans sa structure quaternaire. |
| Site actif | Région spécifique d'une enzyme où se lie le substrat et où la réaction catalytique a lieu. |
| Site régulateur | Site sur une enzyme allostérique où se fixe un effecteur allostérique, modulant ainsi l'activité de l'enzyme. |
| Effecteur allostérique | Molécule qui se lie à un site régulateur d'une enzyme allostérique, modifiant sa conformation et son activité catalytique. |
| Modulateur allostérique | Synonyme d'effecteur allostérique, terme utilisé pour décrire les molécules qui régulent l'activité enzymatique par liaison à un site allostérique. |
| Voie métabolique | Séquence de réactions biochimiques catalysées par une série d'enzymes, où le produit d'une réaction devient le substrat de la réaction suivante. |
| Enzyme clé | Enzyme qui catalyse la première réaction d'une voie métabolique, souvent la réaction limitante, et qui est un point de régulation majeur. |
| Réaction limitante | Étape la plus lente d'une voie métabolique qui détermine la vitesse globale de la voie. |
| Induction enzymatique | Augmentation de la synthèse d'une enzyme en réponse à la présence d'un inducteur, souvent le substrat lui-même ou un produit de la voie. |
| Répression enzymatique | Diminution de la synthèse d'une enzyme en réponse à la présence d'un répresseur, souvent un produit de la voie métabolique. |
| Rétroinhibition (ou rétroaction négative) | Mécanisme de régulation où le produit final d'une voie métabolique inhibe l'activité de la première enzyme de cette voie. |
| Zymogène (ou proenzyme) | Précurseur inactif d'une enzyme qui nécessite une modification post-traductionnelle, comme une coupure protéolytique, pour devenir actif. |
| Protéolyse | Hydrolyse des protéines en peptides plus petits par rupture des liaisons peptidiques, souvent impliquée dans l'activation des zymogènes. |
| Modification covalente réversible | Modification chimique d'une enzyme par la formation d'une liaison covalente avec un groupement, qui peut être retirée, modulant ainsi son activité. |
| Phosphorylation | Ajout d'un groupe phosphate à une molécule, souvent une protéine, par l'action d'une kinase, et qui peut moduler l'activité enzymatique. |
| Déphosphorylation | Retrait d'un groupe phosphate d'une molécule, souvent une protéine, par l'action d'une phosphatase, et qui peut rétablir ou modifier l'activité enzymatique. |
| Modèle concerté (ou symétrique) | Modèle allostérique (Monod-Wyman-Changeux) selon lequel toutes les sous-unités d'une enzyme changent de conformation simultanément. |
| Modèle séquentiel | Modèle allostérique (Koshland) selon lequel les sous-unités d'une enzyme peuvent changer de conformation individuellement et séquentiellement. |
| Coopérativité | Phénomène où la liaison d'un ligand (comme un substrat) à une sous-unité d'une enzyme allostérique influence la liaison du ligand aux autres sous-unités. |
| Cooperativité positive | La liaison d'un substrat à une sous-unité augmente l'affinité des autres sous-unités pour le substrat. |
| Cooperativité négative (ou anticoopérativité) | La liaison d'un substrat à une sous-unité diminue l'affinité des autres sous-unités pour le substrat. |
| Coefficient de Hill (n) | Paramètre utilisé pour quantifier la coopérativité dans la liaison des ligands aux enzymes allostériques. Un $n > 1$ indique une coopérativité positive, $n = 1$ une absence de coopérativité (cinétique Michaelis-Menten), et $0 < n < 1$ une coopérativité négative. |