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Summary
# La sécurité, la peur et les libertés
Voici le résumé de cours sur le thème "La sécurité, la peur et les libertés" :
## 1. La sécurité, la peur et les libertés
### 1.1 Sécurité, peur et liberté : des relations complexes et ambiguës
La sécurité et l'insécurité présentent une double dimension: subjective et objective. La dimension subjective renvoie à un sentiment, une impression de tranquillité, dont l'étymologie latine "sine cura" (sans souci) témoigne. Il s'agit d'une forme de tranquillité, une sensation primaire chez l'homme, assimilable à la peur d'être délaissé selon Freud. La dimension objective, quant à elle, concerne la situation réelle, caractérisée par l'absence relative de dangers, de menaces ou de risques. Cette dimension peut être quantifiée, mesurée et comparée au fil du temps, comme l'illustrent les bilans du Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure. Par exemple, une baisse de 2% des homicides en 2025 par rapport à 2024, tout en constatant une augmentation de 6% du trafic et de l'usage de stupéfiants [1](#page=1).
La sécurité constitue une aspiration fondamentale du citoyen, étant même déterminante pour le vote de nombreux Français. Le débat entre Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti autour du terme "ensauvagement" illustre le caractère d'enjeu social et politique de la sécurité: le premier l'utilise pour dénoncer une réalité, tandis que le second refuse ce terme car il développe un sentiment d'insécurité, considérant que "pire que l'insécurité, le sentiment d'insécurité" peut mener à une euphémisation de la violence [1](#page=1).
Le concept de sécurité est également polysémique, présentant cinq sens principaux :
* **Sens juridique:** Il se réfère à la sûreté, définie par l'article 2 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen comme un droit naturel et imprescriptible de l'homme, aux côtés de la liberté, de la propriété et de la résistance à l'oppression. Le principe de légalité, garantissant que nul ne peut être puni d'une peine non prévue par la loi ("nul n'est au dessus des droits"), en est une illustration concrète, constituant un rempart contre l'arbitraire et un fondement de l'État de droit [1](#page=1).
* **Sens politique:** Dans une démocratie libérale, il se manifeste par la stabilité, assurée par l'identification claire du détenteur exclusif de la souveraineté (le peuple) et par les institutions organisant la compétition pour le pouvoir via les élections [1](#page=1).
* **Sens social et économique:** Associé à l'État Providence (depuis 1945, sous l'impulsion de penseurs comme Pierre Laroque), il vise à porter secours aux plus démunis et vulnérables, institutionnalisant ainsi la solidarité [1](#page=1).
* **Sens sanitaire:** Il a pris une importance particulière avec l'instauration d'un État d'urgence sanitaire, comme durant la pandémie de COVID-19 [1](#page=1).
* **Sens géopolitique:** Il concerne la sécurité collective et les relations internationales entre États souverains, se traduisant par des organisations comme la Société des Nations (SDN) ou l'Organisation des Nations Unies (ONU) et l'OTAN pour la défense collective [1](#page=1).
### 1.2 La perception de la violence et le concept de civilisation
La question de savoir si l'on fait face à "toujours plus de violences" peut être perçue comme un constat évident ou au contraire comme une illusion. Cette interrogation soulève la notion de "décivilisation" ou d'"ensauvagement" de notre société [2](#page=2).
Norbert Elias, dans ses ouvrages "La dynamique de l'Occident" et "La civilisation des mœurs", analyse le processus de civilisation comme un adoucissement progressif et une pacification croissante des mœurs. Contrairement à une opinion reçue, Elias soutient que la violence n'a cessé de décroître depuis trois siècles, et ce, grâce à trois facteurs principaux [2](#page=2):
* **Facteur social:** L'Église a joué un rôle crucial dans la régulation de la violence, notamment guerrière. Avant le Moyen Âge, la guerre était une norme, la paix une exception. L'Église a progressivement imposé des règles à la pulsion guerrière à travers la "théorie de la guerre juste" (reprisse par Saint-Augustin et Saint-Thomas d'Aquin), qui conditionne la légitimité de la guerre à trois critères: être déclarée par une autorité juste, avoir une cause juste (comme la légitime défense), et viser une intention juste (la paix et le bien) . Cette théorie a donné naissance aux concepts de [2](#page=2):
* **"Jus ad bellum":** Le droit de faire la guerre, définissant les conditions qui la justifient [2](#page=2).
* **"Jus in bello":** Le droit pendant la guerre, régissant la conduite des combats et distinguant combattants et civils. Kant prônait la substitution du règne de la force par un règne du droit [2](#page=2).
* **Facteur politique:** Les penseurs du contrat social au XVIIIe siècle (Locke, Rousseau, Hobbes) ont mis en avant la nécessité de l'État pour garantir la paix et la sécurité. Ils considéraient qu'à l'état de nature, les hommes sont "naturellement ennemis" et que "l'homme est un loup pour l'homme" . L'État, en tant qu'institution fabriquée par les hommes, a pour but de les arracher à l'insécurité et à l'instabilité de cet état de nature par des contraintes [2](#page=2).
* **Facteur économique:** La révolution libérale du XVIIIe siècle et l'avènement du libéralisme économique ont favorisé le "Doux Commerce" théorisé par Montesquieu. Selon cette théorie, le commerce est intrinsèquement pacificateur: là où il y a du commerce, il y a de la paix, et vice versa. Le commerce substitue la pulsion violente par un calcul intéressé, transformant l'autre en partenaire plutôt qu'en menace potentielle, favorisant ainsi l'interdépendance et la mondialisation (ex: la Communauté Économique Européenne) ] [2](#page=2).
En synthèse, la civilisation est définie comme un processus d'adoucissement et de pacification croissante des mœurs, marqué par le triomphe du rationnel et de la maîtrise de soi sur les pulsions primitives. Elle implique l'adoption de normes et de comportements qui rejettent la violence et abaissent le seuil de tolérance à celle-ci, conduisant ainsi à un reflux global de la violence [2](#page=2).
### 1.3 La demande de sécurité : une exigence ambivalente
La demande de sécurité est intrinsèquement ambivalente et peut présenter des aspects controversés [3](#page=3).
#### 1.3.1 Le paradoxe de Tocqueville
Le paradoxe de Tocqueville, tel que décrit dans "De la démocratie en Amérique", souligne que lorsqu'une société vise une sécurité totale et absolue, et que les violences et l'insécurité reculent du fait de sa civilisation, la distance restante par rapport à cet idéal ultime devient jugée insupportable et scandaleuse. Autrement dit, même si la société devient globalement plus sûre, les insécurités résiduelles, celles qui persistent ou ne parviennent pas à être éliminées, sont perçues de manière disproportionnée [3](#page=3).
> **Tip :** Le paradoxe de Tocqueville met en lumière notre tendance à oublier les progrès réalisés en matière de sécurité et à nous concentrer uniquement sur les violences restantes.
Cette focalisation sur l'insécurité résiduelle, combinée à un abaissement du seuil de tolérance à l'insécurité, génère une frustration constante. Cela peut nous pousser à céder à l'"hubris" grecque, la démesure, un désir insatiable de toujours plus de sécurité [3](#page=3).
#### 1.3.2 L'exigence de sécurité au détriment d'autres valeurs
Il est dangereux de sacraliser la sécurité au point de viser un risque zéro, qui est un fantasme irréalisable. Toute action humaine, individuelle ou collective, comporte une part de risque, et la recherche d'un risque zéro conduirait à une paralysie générale de la vie. L'éradication totale du risque n'est envisageable que dans une société dystopique [3](#page=3).
Rousseau, dans "Le Contrat Social", pose la question rhétorique: "On vit tranquille dans les cachots; en est-ce assez pour s'y trouver bien?" . Benjamin Franklin renchérit en affirmant qu'un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. Le prix à payer pour une sécurité accrue peut être celui de l'hyper-surveillance [3](#page=3).
### 1.4 La visibilité accrue de l'insécurité et l'instrumentalisation de la peur
#### 1.4.1 Contextes technologiques et médiatiques en mutation
Les médias, définis comme des intermédiaires (journaux, télévision, radio, internet), sont des moyens techniques de diffusion d'un message, d'une information ou d'une image. Dès le XVIIIe siècle, Edmund Burke identifiait les journalistes comme le "quatrième pouvoir", soulignant leur non-neutralité. Afin d'accroître leur audience, les médias peuvent entrer en compétition et mettre en scène la violence pour dramatiser les événements [3](#page=3).
Guy Debord, dans sa societé du spectacle, décrit cette tendance. L'exemple du journal télévisé de 20h en 1976 par Roger Gicquel illustre l'utilisation massive de procédés rhétoriques tels que l'anaphore ("La France a peur"), la personnification, un registre dramatique et émotionnel, des contrastes entre innocence et barbarie, et un ton solennel. Ces techniques visent à créer une impression d'omniprésence du danger et du risque, universalisant le sentiment d'insécurité [3](#page=3).
Les médias, dans leur course à l'audience, transforment les citoyens en "consommateurs d'images" toujours plus sensationnelles et spectaculaires de violence. Cette mise en scène médiatique de la violence produit trois effets [3](#page=3):
* **Effet de loupe:** Focalisation exclusive sur la violence [3](#page=3).
* **Effet de contagion:** Propagation virale de l'information [3](#page=3).
* **Effet de réalité:** La violence devient une norme perçue [3](#page=3).
Nous assistons à une révolution dans la diffusion de l'information, où le message, l'information et l'image se diffusent immédiatement, irrésistiblement, en continu et universellement. Marshall McLuhan parlait de "village global" ou "planétaire", tandis qu'Al Gore évoquait les "autoroutes de l'information" ] [4](#page=4).
#### 1.4.2 La pulsion de mort et la relation ambiguë à la violence
Selon Freud, nous sommes paradoxalement attirés par le spectacle de la violence, éprouvant une forme de jouissance ou de jubilation que le processus de civilisation a tenté de refouler. Cette relation ambiguë à la violence se manifeste dans des domaines comme le sport (MMA) ou le cinéma [4](#page=4).
Freud identifie deux pulsions fondamentales chez l'être humain :
* **Éros:** La pulsion de vie, visant à préserver et perpétuer la vie, se manifestant par la recherche du plaisir, de l'amour, de la sexualité et la création de liens sociaux [4](#page=4).
* **Thanatos:** La pulsion de destruction ou de mort, dont le but est de "ramener tout ce qui vit à l'état inorganique" . Le processus de civilisation impose de renoncer, censurer et refouler cette pulsion de mort et de violence par le biais de la morale et de la religion [4](#page=4).
Notre rapport à la violence est donc ambivalent et contradictoire: d'un côté, nous la condamnons moralement, socialement (en tant que facteur de désintégration sociale) et juridiquement; de l'autre, nous éprouvons un désir et une jouissance face à son spectacle [4](#page=4).
#### 1.4.3 Instrumentalisation politique et commerciale de la peur
La peur est un phénomène complexe qui peut être exploité à des fins politiques et commerciales [4](#page=4).
> **Tip :** Il est essentiel de comprendre comment les médias et les discours politiques peuvent amplifier la peur pour servir des agendas particuliers, au détriment d'une analyse rationnelle de la sécurité et des libertés.
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# L'évolution de la violence et le concept de civilisation
Ce sujet examine si la violence dans la société augmente ou diminue, en explorant le concept de décivilisation à travers les travaux de Norbert Elias et d'autres penseurs.
### 2.1 Le paradoxe de la violence : déclin ou illusion ?
Il est pertinent de se demander si l'augmentation perçue de la violence dans nos sociétés contemporaines relève d'un constat objectif ou d'une illusion médiatique et psychologique. La notion de "décivilisation" ou d'"ensauvagement" de la société est au cœur de ce débat [2](#page=2).
#### 2.1.1 La thèse de Norbert Elias sur le reflux de la violence
Norbert Elias, dans ses ouvrages majeurs tels que "La dynamique de l'Occident" et "La Civilisation des mœurs", propose une perspective contre-intuitive: la violence ne cesse de diminuer au fil du temps, contrairement aux idées reçues. Il justifie cette thèse en s'appuyant sur trois facteurs principaux [2](#page=2):
* **Facteur social:** Elias observe le rôle de l'Église dans la régulation de la violence, notamment la guerre. Historiquement, la guerre était une norme et la paix une exception. Progressivement, l'Église a imposé des règles à la pulsion guerrière, notamment à travers la théorie de la guerre juste, reprise par Saint-Augustin et Saint-Thomas d'Aquin. Cette théorie stipule que Dieu désire la paix et n'accepte la guerre que sous certaines conditions [2](#page=2):
1. Déclarée par une autorité juste [2](#page=2).
2. Pour une cause juste (par exemple, la légitime défense contre une agression) [2](#page=2).
3. Avec une intention juste (le but étant la paix et le bien) [2](#page=2).
Cette théorie a permis de distinguer le "Jus ad Bellum" (le droit de faire la guerre et ses conditions) du "Jus in Bello" (le droit pendant la guerre, régissant la conduite et distinguant combattants et civils). Pour des penseurs comme Kant, l'objectif est de substituer le règne du droit au règne de la force [2](#page=2).
* **Facteur politique:** L'importance du contrat social, conceptualisé par des penseurs du XVIIIe siècle tels que Locke, Rousseau et Hobbes, est mise en avant. Dans l'état de nature, les hommes sont considérés comme "naturellement ennemis" et la vie est marquée par une insécurité constante, résumé par l'adage "l'Homme est un loup pour l'Homme". L'État est donc une institution créée par les hommes dans le but de garantir la paix et la sécurité par des contraintes, arrachant ainsi les individus à l'instabilité de leur état de nature [2](#page=2).
* **Facteur économique:** La révolution libérale du XVIIIe siècle a vu l'émergence du libéralisme économique et de théories comme celle du "Doux Commerce" de Montesquieu. Selon cette théorie, le commerce est intrinsèquement pacificateur: là où il y a du commerce, il y a de la paix, et vice versa. Le commerce substitue le calcul intéressé à la pulsion violente, transformant les autres en partenaires plutôt qu'en menaces potentielles dans un climat d'interdépendance, un mouvement que l'on observe dans la globalisation et la mondialisation (par exemple, la Communauté Économique Européenne) [2](#page=2).
Ces différents facteurs ont collectivement contribué à un reflux global de la violence [2](#page=2).
> **Définition:** La civilisation, sujet souvent controversé, peut être comprise comme un processus d'adoucissement progressif et de pacification croissante des mœurs. Elle se caractérise par un triomphe du rationnel et de la maîtrise de soi sur les pulsions ou les instincts primitifs. En essence, elle englobe un ensemble de normes et de comportements qui exigent le rejet de la violence et un abaissement significatif de notre seuil de tolérance à celle-ci [3](#page=3).
#### 2.1.2 Le paradoxe de Tocqueville et la demande de sécurité
La demande de sécurité dans les sociétés modernes présente une ambivalence notoire, comme le met en évidence le paradoxe de Tocqueville. Tocqueville, dans "De la démocratie en Amérique", souligne que lorsqu'une société tend vers une sécurité totale et absolue, la moindre insécurité résiduelle devient insupportable et scandaleuse [3](#page=3).
> **Paradoxe de Tocqueville:** Même si une société devient de plus en plus sûre, les insécurités restantes, celles que la société ne parvient pas à éliminer, sont perçues comme scandaleuses. On a tendance à oublier les progrès réalisés et à se focaliser sur les violences persistantes. Bien que notre société soit plus sûre, notre seuil de tolérance à l'insécurité s'est abaissé, ce qui nous laisse frustrés [3](#page=3).
Cette quête de sécurité peut mener à l'"hubris" grecque, la démesure et le désir insatiable du "toujours plus". Paradoxalement, une société plus sûre ne s'apaise pas nécessairement, mais désire une sécurité accrue en se concentrant sur l'insécurité résiduelle [3](#page=3).
##### 2.1.2.1 L'exigence de sécurité au détriment d'autres valeurs
Il est dangereux de sacraliser la sécurité au point de vouloir un risque zéro, un fantasme qui peut conduire à vouloir la sécurité à tout prix. Toute action humaine, individuelle ou collective, comporte une part de risque, et vouloir l'éliminer entièrement mènerait à une paralysie de la vie. Une société débarrassée de tout risque relèverait d'une dystopie [3](#page=3).
> **Citation:** "On vit tranquille dans les cachots; en est-ce assez pour s'y trouver bien?" (Rousseau, *Du contrat social*) [3](#page=3).
> **Citation:** "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finis par perdre les deux." (Benjamin Franklin) [3](#page=3).
Le prix à payer pour une sécurité absolue pourrait être une hyper-surveillance généralisée [3](#page=3).
#### 2.1.3 La visibilité accrue de l'insécurité et le risque d'instrumentalisation
La médiatisation croissante des faits d'insécurité, associée aux mutations technologiques et médiatiques, pose le risque d'une instrumentalisation politique et commerciale de la peur [3](#page=3).
* **Le rôle des médias:** Les "médias" (ou "mass media") sont des intermédiaires (journaux, télévision, radio, internet, etc.) qui permettent l'émission et la transmission d'informations et d'images. Dès le XVIIIe siècle, Edmund Burke a identifié les journalistes comme le "quatrième pouvoir", soulignant leur influence et le fait qu'ils ne sont pas neutres. Afin d'attirer l'audience et de gagner en visibilité, les médias peuvent entrer en compétition et mettre en scène la violence de manière dramatisée [3](#page=3).
> **Tip :** Comprendre les mécanismes de médiatisation de la violence est essentiel pour distinguer la perception de la réalité objective de l'insécurité.
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# La demande de sécurité et ses paradoxes
La demande de sécurité, bien que visant une protection accrue, recèle des paradoxes fondamentaux qui influencent profondément les sociétés contemporaines, notamment en raison de l'abaissement du seuil de tolérance à l'insécurité et de la médiatisation croissante des risques.
### 3.1 Le paradoxe de Tocqueville et la société de sécurité
Le paradoxe de Tocqueville, tel qu'énoncé dans "De la démocratie en Amérique", décrit une dynamique où une société qui s'efforce d'atteindre une sécurité absolue voit paradoxalement l'insécurité résiduelle jugée insupportable et scandaleuse [3](#page=3).
* **Principe général:** À mesure qu'une société progresse vers une sécurité accrue, la petite part d'insécurité qui subsiste devient disproportionnellement intolérable, éclipsant les progrès réalisés [3](#page=3).
* **Conséquence psychologique:** Au lieu de s'apaiser, les individus se sentent frustrés, focalisant leur attention sur les menaces restantes, ce qui peut mener à une "hubris" (démesure) et à un désir insatiable de toujours plus de sécurité [3](#page=3).
> **Tip:** Il est crucial de comprendre que la perception de l'insécurité est subjective et fortement influencée par les progrès réalisés. Le désir de sécurité parfaite est irrationnel et peut conduire à des exigences déraisonnables.
### 3.2 L'impact de la demande de sécurité sur d'autres valeurs
La quête effrénée de sécurité peut se faire au détriment d'autres valeurs fondamentales, telles que la liberté et la vie sociale normale.
* **Le fantasme du risque zéro:** Vouloir éliminer tout risque est un fantasme dangereux qui mènerait à une société dystopique et à une paralysie de l'action humaine. Toute action comporte une part de risque [3](#page=3).
* **Sacrifice de la liberté:** L'exigence accrue de sécurité peut entraîner une hyper-surveillance, limitant considérablement les libertés individuelles. Benjamin Franklin a d'ailleurs averti qu'un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux. La vie en prison, bien que sûre, n'est pas souhaitable car elle sacrifie d'autres aspects essentiels de l'existence humaine [3](#page=3).
### 3.3 La visibilité accrue de l'insécurité et l'instrumentalisation de la peur
Les contextes technologiques et médiatiques actuels amplifient la perception de l'insécurité et ouvrent la voie à son instrumentalisation politique et commerciale.
#### 3.3.1 Les mutations technologiques et médiatiques
Les "mass media" (journaux, télévision, radio, Internet) sont des intermédiaires techniques qui diffusent informations et images. Ils ne sont pas neutres et peuvent chercher à dramatiser les événements pour capter l'audience [3](#page=3).
* **Le rôle des médias:** Edward Burke identifiait déjà les journalistes comme le "4ème pouvoir", soulignant leur influence. La compétition médiatique peut mener à une mise en scène de la violence pour la rendre plus spectaculaire [3](#page=3).
* **La société du spectacle:** Guy Debord décrit une société où le spectacle prédomine. Le journal télévisé de 1976 par Roger Gicquel, avec son slogan "La France a peur", l'anaphore, la personnification de la France, et l'utilisation d'un registre émotionnel et dramatique, illustre cette tendance à universaliser le sentiment de danger [4](#page=4).
* **Effets de la mise en scène médiatique :**
* **Effet de loupe:** L'insécurité devient le seul élément visible [4](#page=4).
* **Effet de contagion:** L'information et les émotions liées à l'insécurité se propagent rapidement, devenant virales [4](#page=4).
* **Effet de réalité:** La représentation médiatique finit par façonner la perception de la réalité, établissant de nouvelles normes [4](#page=4).
> **Example:** La diffusion quasi immédiate et universelle d'images choquantes peut créer un sentiment d'insécurité généralisée, même lorsque les statistiques objectives d'insécurité ne justifient pas une telle réaction. McLuhan parlait de "village global" pour décrire cette interconnexion planétaire via les médias [4](#page=4).
#### 3.3.2 L'ambivalence psychique face à la violence
Notre rapport à la violence est complexe et contradictoire, oscillant entre la condamnation morale et sociale, et une forme de fascination refoulée.
* **Les pulsions freudiennes:** Sigmund Freud distinguait deux pulsions fondamentales chez l'être humain [4](#page=4):
* **Éros:** La pulsion de vie, qui vise à préserver et perpétuer la vie (plaisir, amour, création de liens) [4](#page=4).
* **Thanatos:** La pulsion de mort, qui cherche à ramener toute chose à un état inorganique (destruction, violence) [4](#page=4).
* **Le refoulement civilisateur:** Le processus de civilisation impose de refouler la pulsion de mort et la violence par la morale, la religion, et le droit [4](#page=4).
* **La jouissance face à la violence:** Malgré la condamnation sociale et juridique de la violence, il existe une attirance psychique, une forme de jouissance ou de jubilation face au spectacle de la violence, que le processus de civilisation a tenté de refouler. Des exemples comme le MMA ou la violence dans le cinéma révèlent cette relation ambiguë [4](#page=4).
#### 3.3.3 L'instrumentalisation politique et commerciale de la peur
La peur, en tant que phénomène complexe, peut être exploitée à des fins politiques et commerciales pour manipuler l'opinion publique et orienter les comportements [4](#page=4).
> **Tip:** Comprendre les mécanismes psychologiques et médiatiques de la peur est essentiel pour analyser de manière critique les discours sur la sécurité et leurs motivations sous-jacentes.
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# L'impact des médias sur la perception de l'insécurité
L'impact des médias sur la perception de l'insécurité réside dans la manière dont les technologies médiatiques, la médiatisation accrue de la violence et l'instrumentalisation de la peur façonnent la vision publique du danger [3](#page=3) [4](#page=4).
### 4.1 Les technologies médiatiques et la médiatisation accrue de la violence
#### 4.1.1 La nature des médias et leur rôle
Le terme "médias" désigne les "mass media", des intermédiaires (journal, télévision, radio, internet, etc.) qui permettent la transmission d'un message, d'une information ou d'une image. Dès le XVIIIe siècle, E. Burke a souligné que les médias, considérés comme le "4ème pouvoir", ne sont pas neutres. Afin d'attirer l'audience, ils peuvent mettre en scène la violence pour la dramatiser. Guy Debord a conceptualisé ce phénomène dans sa théorie de la "société du spectacle" [3](#page=3) [4](#page=4).
#### 4.1.2 La mise en scène médiatique de la violence
L'exemple du journal télévisé de 1976 présenté par Roger Gicquel illustre l'utilisation de procédés rhétoriques tels que l'anaphore ("La France a peur"), la personnification, un registre dramatique et émotionnel, et des contrastes saisissants (innocence de l'enfant face à la barbarie) pour créer un ton solennel. Ceci contribue à donner l'impression d'une omniprésence du danger et d'une insécurité généralisée. Les médias sont engagés dans une compétition et une surenchère, transformant les citoyens en consommateurs d'images de violence de plus en plus sensationnelles [4](#page=4).
Cette mise en scène médiatique de la violence engendre trois effets principaux :
* **Effet de loupe :** focalisation exclusive sur la violence.
* **Effet de contagion :** la violence devient virale.
* **Effet de réalité :** la violence médiatisée devient la norme perçue.
#### 4.1.3 La révolution numérique et le "village global"
La diffusion immédiate, irrésistible, continue et universelle des messages et des images marque une révolution médiatique. Marshall McLuhan a décrit ce phénomène métaphoriquement comme un "village global" ou planétaire, et Al Gore a parlé des "autoroutes de l'information" [4](#page=4).
#### 4.1.4 Le rapport ambivalent à la violence
Sigmund Freud, dans son analyse des profondeurs psychiques, suggère que malgré la condamnation morale de la violence, il existe une attirance et une jouissance face à son spectacle, un sentiment refoulé par le processus de civilisation. Ceci se manifeste dans des domaines comme le sport (MMA) ou le cinéma. Freud distingue deux pulsions fondamentales [4](#page=4):
* **Éros:** la pulsion de vie, qui vise à préserver et perpétuer la vie à travers la recherche du plaisir, l'amour, la sexualité et les liens sociaux [4](#page=4).
* **Thanatos:** la pulsion de destruction ou de mort, qui cherche à ramener le vivant à l'état inorganique. Le processus de civilisation impose le renoncement et le refoulement de cette pulsion de mort par des normes morales et religieuses [4](#page=4).
Notre rapport à la violence est donc contradictoire: d'une part, une condamnation morale, sociale et juridique; d'autre part, un désir et une jouissance face à son spectacle [4](#page=4).
### 4.2 L'instrumentalisation politique et commerciale de la peur
La peur est un phénomène complexe qui peut être exploité à des fins politiques et commerciales [4](#page=4).
> **Tip:** Comprendre le paradoxe de Tocqueville est crucial: même si une société devient plus sûre, l'insécurité résiduelle peut être perçue comme scandaleuse en raison de l'abaissement du seuil de tolérance à la violence [3](#page=3).
> **Tip:** Méfiez-vous de la sacralisation de la sécurité. Vouloir un risque zéro est un fantasme irréalisable qui peut mener à la paralysie et à la perte de libertés fondamentales, comme le souligne Benjamin Franklin [3](#page=3).
> **Exemple:** La citation de Rousseau, "on vit tranquille dans les cachots; en est-ce assez pour s'y trouver bien?", illustre le coût d'une sécurité absolue au détriment d'autres valeurs essentielles comme la liberté [3](#page=3).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Dimension subjective | Aspect de la sécurité lié à un sentiment, une impression, une sensation de tranquillité ou d'inquiétude, souvent enraciné dans des expériences émotionnelles primaires. |
| Dimension objective | Aspect de la sécurité mesurable et quantifiable, caractérisé par l'absence relative de dangers, de menaces ou de risques concrets dans une situation donnée. |
| Sûreté (en droit) | Principe fondamental en droit qui garantit que les individus ne peuvent être punis que pour des actes prévus par la loi et selon des procédures établies, agissant comme un rempart contre l'arbitraire. |
| Principe de légalité | Adage juridique signifiant qu'il ne peut y avoir de crime ou de peine sans loi antérieure qui les définisse, assurant l'égalité de tous devant le droit et l'État de droit. |
| État providence | Système de protection sociale mis en place par l'État, notamment après 1945, visant à institutionnaliser la solidarité et à porter secours aux personnes démunies et vulnérables. |
| Décivilisation | Processus suggérant une régression ou une perte des normes et des comportements civilisés, potentiellement marqué par une recrudescence de la violence ou une diminution de la maîtrise de soi. |
| Pulsion guerrière | Tendance naturelle ou sociale à la confrontation violente, que les sociétés et les institutions, comme l'Église via la théorie de la guerre juste, ont cherché à réguler ou à canaliser. |
| Jus ad bellum | Ensemble des conditions et des justifications qui rendent légitime le recours à la guerre, selon la théorie du droit de faire la guerre. |
| Jus in bello | Ensemble des règles qui régissent la conduite pendant une guerre, notamment la distinction entre combattants et civils, et les limites éthiques à ne pas franchir. |
| Doux commerce | Théorie selon laquelle le commerce et les échanges économiques ont une influence pacifiatrice en substituant le calcul économique à la pulsion violente, favorisant ainsi la paix. |
| Paradoxe de Tocqueville | Observation selon laquelle, dans une société qui progresse vers une sécurité accrue, l'insécurité résiduelle devient d'autant plus intolérable et scandaleuse, malgré les progrès accomplis. |
| Hubris | Terme grec désignant la démesure, l'excès, souvent lié à un désir insatiable, appliqué ici au désir de sécurité qui ne peut jamais être pleinement satisfait. |
| Sûreté juridique | Synonyme de sécurité juridique, renvoyant au principe de sûreté en droit, garantissant la prévisibilité et la protection contre l'arbitraire. |
| 4ème pouvoir | Désigne les médias, considérés comme une force influente et indépendante dans le paysage politique et social, capable de façonner l'opinion publique. |
| Société du spectacle | Concept développé par Guy Debord pour décrire une société où les images et la mise en scène prédominent sur l'expérience vécue, influençant fortement la perception de la réalité. |
| Pulsion de vie (Éros) | Selon Freud, la pulsion fondamentale qui tend à préserver, perpétuer la vie, se manifestant par la recherche du plaisir, de l'amour, de la sexualité et la création de liens sociaux. |
| Pulsion de mort (Thanatos) | Selon Freud, la pulsion fondamentale qui tend à ramener la matière vivante à un état inorganique, se manifestant par la destruction et l'agression, souvent refoulée par le processus de civilisation. |