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Mulai sekarang gratis Chapitre VII
Summary
# Identification et distinction des régimes autoritaires
Ce sujet explore les critères permettant d'identifier les régimes autoritaires, en les distinguant des régimes démocratiques et totalitaires, et souligne le rôle de Juan José Linz dans cette classification.
### 1.1 L'émergence de l'étude des régimes autoritaires
Historiquement, dans les années 1970, l'analyse des régimes politiques était souvent dichotomique, opposant démocraties libérales et totalitarismes, laissant les régimes autoritaires relégués au statut de catégorie résiduelle. Un tournant majeur dans la compréhension des régimes autoritaires a été initié par le sociologue Juan José Linz, reconnu comme un maître de la politique comparée. Son travail, influencé par ses origines franco-allemandes, a encouragé des analyses comparatives et mis en lumière les distinctions fondamentales entre totalitarisme et autoritarisme. Linz a plaidé pour une classification ternaire des régimes politiques (démocraties, totalitarismes, autoritarismes), intégrant diverses variantes au sein des régimes autoritaires [1](#page=1).
### 1.2 Critères d'identification des régimes autoritaires
L'identification des régimes autoritaires repose sur plusieurs critères clés :
#### 1.2.1 Le verrouillage institutionnel
Les régimes autoritaires cherchent à consolider leur pouvoir en évitant toute remise en cause de leur légitimité, souvent par l'interdiction d'activités politiques organisées (syndicats, associations civiques) et l'absence de consultations électorales significatives. Ce verrouillage peut également se manifester de manière plus subtile, par un contrôle étroit de la vie politique, permettant un pseudo-pluralisme ou une institutionnalisation de la vie politique qui rend difficile la participation électorale. Bien que des élections puissent exister, elles ne portent pas sur le pouvoir du chef de l'État ou sont truquées pour assurer un résultat favorable et légitimant le pouvoir [1](#page=1).
#### 1.2.2 Le contrôle de l'appareil de l'État
Le maintien au pouvoir exige une fidélité rigoureuse de l'ensemble de l'appareil d'État. Dans les sociétés peu différenciées, les régimes autoritaires privilégient les mécanismes d'allégeance personnels, tels que les liens familiaux, tribaux, régionaux ou clientélistes. Dans les sociétés plus différenciées administrativement et politiquement, ces allégeances personnelles ne suffisent pas. Des structures institutionnalisées, comme des partis politiques soutenant le pouvoir, des syndicats d'État ou des comités citoyens de défense du régime, sont mises en place pour assurer ce contrôle. L'objectif est moins un contrôle idéologique qu'un contrôle des déviances par rapport au système, permettant la sélection de cadres fidèles à tous les niveaux [1](#page=1).
#### 1.2.3 L'accommodement d'un relatif polycentrisme et pluralisme
Ce critère permet de distinguer les régimes autoritaires des régimes totalitaires, qui n'acceptent aucune forme de polycentrisme ou de pluralisme. Certains régimes autoritaires, ou monarchies anciennes, tolèrent une certaine autonomie de pouvoir dans des domaines spécifiques, comme la religion, la noblesse ou le clergé, permettant aux acteurs d'agir dans leur sphère d'intervention [1](#page=1).
#### 1.2.4 Le musellement de la presse
La maîtrise et le contrôle de la presse écrite, de la radio, de la télévision et des réseaux sociaux sont un enjeu majeur pour les régimes autoritaires. Bien qu'une censure politique soit pratiquée, une relative liberté d'expression peut subsister dans des domaines non politiques. L'objectif n'est pas de contrôler les cœurs et les esprits, mais plutôt de s'accommoder de l'apathie des masses et de l'indifférence des élites [1](#page=1).
#### 1.2.5 L'utilisation de la violence pour réguler les oppositions
En l'absence de soutien populaire et face à une opposition perçue comme une menace, les dirigeants autoritaires peuvent recourir à une violence impitoyable pour la contenir [1](#page=1).
### 1.3 Distinction avec les régimes démocratiques et totalitaires
#### 1.3.1 Distinction avec les régimes démocratiques
Les régimes autoritaires se distinguent des régimes démocratiques par plusieurs aspects :
* Monopolisation du pouvoir par un individu, une famille ou un groupe [2](#page=2).
* Absence de responsabilité du pouvoir vis-à-vis des gouvernés (pas de possibilité de destitution) [2](#page=2).
* Absence de séparation des pouvoirs et de respect de l'État de droit [2](#page=2).
* Répression des opposants organisée par un appareil policier et militaire soumis au pouvoir [2](#page=2).
* Contrôle de la société civile [2](#page=2).
* Importance de la patrimonialisation du pouvoir [2](#page=2).
#### 1.3.2 Distinction avec les régimes totalitaires
Les régimes autoritaires se différencient des régimes totalitaires par :
* L'existence d'un pluralisme limité [2](#page=2).
* L'absence d'une idéologie propre et d'une "loi de l'histoire" (comme le nazisme ou le marxisme), ainsi que d'une mentalité collective homogène [2](#page=2).
* Une faible capacité de monopolisation de la population [2](#page=2).
* Le maintien d'une forme de séparation entre la sphère publique et privée, en lien avec un polycentrisme et un pluralisme modérés [2](#page=2).
* L'absence d'une terreur idéologique systématique, même si des vagues de répression peuvent survenir [2](#page=2).
> **Tip:** Il est crucial de retenir que la distinction entre autoritarisme et totalitarisme repose en grande partie sur le degré d'emprise idéologique et de mobilisation de la société. Les régimes autoritaires acceptent souvent une sphère de vie privée et un pluralisme limité, là où les régimes totalitaires visent une société entièrement mobilisée et idéologisée.
### 1.4 Les régimes autoritaires : systèmes à pluralisme limité et politiquement non responsables selon Juan José Linz
Selon Linz, les régimes autoritaires se caractérisent par une "simple mentalité" plutôt qu'une idéologie au sens strict. Une idéologie est définie comme un système de pensée intellectuellement élaboré, cohérent, mobilisateur pour les intellectuels, souvent écrit et doctrinal, comportant une dimension utopique et transformatrice. La "mentalité", quant à elle, recouvre un mode de pensée et de perception moins systématisé, sans caractère utopique et plus émotionnel [2](#page=2).
Contrairement aux régimes totalitaires qui cherchent à mobiliser l'ensemble de la société, de nombreux régimes autoritaires se contentent de la passivité, voire de l'apathie, de la population. Linz analyse les différences entre régimes autoritaires en fonction de paramètres tels que la place de la mobilisation, le poids de la mentalité et la structuration du pouvoir [2](#page=2).
#### 1.4.1 Typologie des régimes autoritaires
Linz a proposé différentes typologies de régimes autoritaires :
##### 1.4.1.1 Le régime autoritaire organique (corporatiste)
Ce type de régime, exemplifié par le franquisme, repose sur l'alliance de groupes aux objectifs distincts (par exemple, phalangistes et Église catholique). Le système se construit et perdure grâce à la représentation de différents groupes d'intérêt au sein d'un système corporatiste, d'où la qualification d'« État organique ». La mentalité catholique nationale n'est pas considérée comme une idéologie totalitaire, mais comme une simple mentalité sans endoctrinement ni forte mobilisation de la population [2](#page=2).
##### 1.4.1.2 Les régimes bureaucratiques militaires
Ces régimes se distinguent par leur appui sur une bureaucratie militaire plutôt que sur un leader incontesté ou un parti unique. Leur objectif n'est pas de mobiliser socialement et idéologiquement la population, ni de se rendre légitime par la répression. Par exemple, la dictature brésilienne de 1964, issue d'un coup d'État militaire soutenu par la CIA, était incarnée par l'armée plutôt que par des personnalités individuelles. Les militaires, formés dans des écoles de guerre, défendent une doctrine de sécurité nationale. Ces régimes suspendent souvent la constitution, instaurent la censure et abrogent les libertés individuelles [2](#page=2).
> **Example:** Le régime franquiste en Espagne est un exemple classique de régime autoritaire organique, où des groupes d'intérêt divers comme les catholiques et les phalangistes devaient composer au sein d'une structure corporatiste pour maintenir le pouvoir, sans pour autant imposer une idéologie totalitaire.
> **Example:** Les juntes militaires qui ont dirigé certains pays d'Amérique latine au XXe siècle, comme la dictature militaire brésilienne, représentent des régimes bureaucratiques militaires où le pouvoir émanait de l'institution militaire elle-même, souvent au nom de la "sécurité nationale".
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# Typologies et configurations des régimes autoritaires
Ce chapitre explore les diverses typologies de régimes autoritaires, en examinant leurs caractéristiques institutionnelles, économiques et sociales distinctives, ainsi que les facteurs de leur stabilité et de leur changement.
### 2.1 Distinction des régimes autoritaires
Les régimes autoritaires se distinguent des régimes démocratiques par plusieurs critères [2](#page=2):
* Monopolisation du pouvoir par un individu, une famille ou un groupe [2](#page=2).
* Absence de responsabilité du pouvoir (impossibilité de destitution) [2](#page=2).
* Absence de séparation des pouvoirs et de l'État de droit [2](#page=2).
* Répression des opposants par un appareil policier et militaire soumis au pouvoir [2](#page=2).
* Contrôle de la société civile [2](#page=2).
* Importance de la patrimonialisation du pouvoir [2](#page=2).
Ils se différencient également des régimes totalitaires par :
* L'existence d'un pluralisme limité [2](#page=2).
* L'absence d'une idéologie propre et d'une loi de l'histoire systématiquement appliquée [2](#page=2).
* Des mentalités collectives plutôt qu'une idéologie systématisée [2](#page=2).
* Une faible capacité de monopolisation de la population, se contentant souvent de passivité ou d'apathie [2](#page=2).
* Le maintien d'une séparation entre sphère publique et privée, lié à un polycentrisme et un pluralisme modérés [2](#page=2).
* L'absence d'une terreur idéologique omniprésente, bien que des vagues de répression puissent exister [2](#page=2).
Juan José Linz définit les régimes autoritaires comme des systèmes au pluralisme limité et politiquement non responsables, où une "mentalité" (un mode de pensée moins systématisé et plus émotionnel) prévaut sur une idéologie (système de pensée élaboré, cohérent, avec une dimension utopique et transformatrice). Ces régimes se différencient entre eux par la place accordée à la mobilisation, le poids de la mentalité et la structuration du pouvoir [2](#page=2).
### 2.2 Typologies des régimes autoritaires
#### 2.2.1 Le régime autoritaire organique (corporatiste)
Ce type de régime, illustré par le franquisme, repose sur l'alliance de groupes d'intérêt aux objectifs divergents, tels que les phalangistes et l'Église catholique. Le système se construit et perdure grâce à la représentation de ces différents groupes dans un cadre corporatiste, d'où la qualification d'"État organique". La mentalité dominante, comme le catholicisme national dans le cas franquiste, n'est pas une idéologie totalitaire et ne fait pas l'objet d'un endoctrinement ou d'une mobilisation forte de la population [2](#page=2).
#### 2.2.2 Les régimes bureaucratiques militaires
Ces régimes s'appuient sur une bureaucratie militaire plutôt que sur un leader incontesté ou un parti unique. Ils ne visent pas à mobiliser socialement et idéologiquement la population, ni à se rendre légitimes par la répression. L'armée, formée dans des écoles militaires et défendant une doctrine de sécurité nationale, garantit le pouvoir. Un exemple est la dictature brésilienne de 1964, initiée par un coup d'État militaire. Durant ces régimes, la constitution peut être suspendue, la censure instaurée, les libertés individuelles abrogées et des codes de procédure pénale permettant des détentions arbitraires adoptés. Jaïre Bolsonaro a montré une nostalgie pour la dictature brésilienne [2](#page=2) [3](#page=3).
#### 2.2.3 Les régimes autoritaires sultaniques (clientélistes)
Ils se caractérisent par un gouvernement autoritaire et personnel, où la loyauté envers le dirigeant suprême repose sur un mélange de peur entretenue par les autorités et de gratifications distribuées aux collaborateurs, plutôt que sur la tradition, la religion, une idéologie ou le charisme. Selon Max Weber, le sultanisme désigne une domination patrimoniale caractérisée par l'absence de différence entre le privé et le public, et la prévalence de l'arbitraire. Des exemples incluent les régimes en République dominicaine, en Ouganda (1971-1979) et en Centrafrique (1965-1979) [3](#page=3).
#### 2.2.4 Les régimes mobilisateurs
Ces régimes s'inscrivent dans un contexte de construction d'un État national, souvent après une guerre ou une période coloniale. Le pouvoir s'appuie sur un parti unique qui mobilise l'ensemble de la population. Ils sont marqués par une forte personnalisation et un appel au peuple, comme en Côte d'Ivoire sous Houphouet-Boigny [3](#page=3).
#### 2.2.5 Les régimes traditionnels
Ces régimes se caractérisent par une grande stabilité, s'appuyant sur les structures traditionnelles de la société (organisation sociale, religion) pour fonder leur légitimité. Le pouvoir est transmis de manière héréditaire et patrimoniale. Les monarchies du Golfe persique, fondées sur des clans tribaux et s'appuyant sur des valeurs religieuses comme le Wahhabisme, en sont un exemple [3](#page=3).
### 2.3 Configuration institutionnelle et fondements économiques et sociaux des pouvoirs autoritaires
L'analyse des régimes autoritaires ne peut négliger leurs caractéristiques socio-économiques, en complément de l'approche institutionnelle [3](#page=3).
#### 2.3.1 Stabilité et instabilité des régimes autoritaires
Les monarchies autoritaires du monde arabe démontrent une grande stabilité, tandis que les régimes militaires semblent plus instables que les régimes personalistes ou à parti unique. Dans le monde arabe, on trouve des régimes autoritaires stricts (Qatar, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Sultanat d'Oman) et des régimes hybrides (Maroc, Jordanie). Les monarchies détiennent un pouvoir parfois absolu. Les Printemps arabes en 2011 ont révélé une contestation populaire visant davantage de libertés et une amélioration des conditions de vie dues aux inégalités persistantes. Des régimes républicains autoritaires ont été renversés (Égypte, Tunisie, Libye, Yémen), contrairement aux monarchies du Golfe, à l'exception de Bahreïn, dont la révolution a été réprimée avec le soutien des autres monarchies [3](#page=3).
La contestation est limitée dans les monarchies religieuses du Golfe grâce à :
* Le poids de la famille royale et de la religion, incarnant le pouvoir non pas par une seule personne mais par des clans, tribus et familles élargies qui constituent une institution gouvernementale [3](#page=3).
* La dimension religieuse apportant une légitimité au pouvoir familial, notamment en Arabie Saoudite où l'islam confère une forte légitimité régionale. Le Wahhabisme, mouvement religieux sunnite prônant l'interprétation littérale du Coran, s'oppose au chiisme iranien [4](#page=4).
* L'économie politique liée à la rente pétrolière, redistribuée pour assurer la stabilité, comme en 2011 où les monarchies du Golfe ont créé des emplois et augmenté les salaires. Les régimes hybrides, faute de capacité économique redistributive, ont dû faire des concessions en matière de libéralisation des droits [4](#page=4).
Les régimes autoritaires militaires sont considérés comme plus fragiles. Les membres de l'institution militaire, malgré des origines diverses, font preuve d'un grand attachement à l'armée et d'un corporatisme élevé. Si des divisions internes menacent la cohésion de l'armée, les militaires préfèrent se retirer, laissant le régime s'écrouler, leur fidélité à l'armée primant sur celle au régime. Cela diffère des régimes à parti unique où les acteurs cherchent à conserver le pouvoir. La Turquie, avec une armée qui assure une forme de continuité et de contrôle, représente un contre-exemple [4](#page=4).
#### 2.3.2 Approche socio-économique des régimes autoritaires
L'enracinement de certains régimes autoritaires s'explique par une rhétorique de modernité, de sécurité matérielle et de prospérité économique, générant un sentiment de loyauté au sein de la population. Le maintien de ces régimes dépend de l'intéressement de certains segments sociaux, l'assujettissement n'étant pas uniquement le résultat de la répression ou de la surveillance [4](#page=4).
Selon Béatrice Hibou, un système de transaction comportant des interdits, des sanctions, mais aussi des gratifications, des dérogations, des aides et des passe-droits, insère la vie quotidienne dans un maillage d'acteurs incluant les membres du parti dominant et les comités de quartier avec leurs informateurs. L'économie de l'endettement, où l'État garantit les créances, assure la soumission des individus. Le recyclage des professionnels du renseignement et l'usage de la corruption, parallèlement à la lutte anti-corruption, constituent d'autres éléments de soutien, comme dans le cas de Poutine, où la corruption initiale permet ensuite des actions "anti-corruption" [4](#page=4).
### 2.4 Transformations et dynamique de changement des régimes politiques
Les théories de la modernisation ont souligné les conditions économiques et sociales de la démocratisation, amorcée en Amérique Latine, en Europe du Sud, puis en Asie du Sud-Est, et amplifiée après l'effondrement du bloc de l'Est, ce que Samuel Huntington a qualifié de "3e vague de démocratisation". Cependant, la perspective d'une démocratisation mondiale semble s'estomper [4](#page=4).
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# Évolution et tendances des régimes politiques mondiaux
Ce sujet examine les phases de démocratisation mondiale, les théories associées, ainsi que la tendance actuelle à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes, y compris l'émergence de concepts comme l'autoritarisme électoral.
### 3.1 Les phases de démocratisation mondiale
L'histoire récente des régimes politiques mondiaux a été marquée par des périodes de démocratisation significatives, souvent analysées à travers le prisme de vagues successives [4](#page=4) [5](#page=5).
#### 3.1.1 Les théories de la modernisation
Les théories de la modernisation, également appelées approches structurelles, ont mis l'accent sur les conditions économiques et sociales nécessaires à la démocratisation. Ces théories suggèrent que le développement économique, l'industrialisation et l'urbanisation modifient les comportements, les relations sociales et les valeurs, favorisant ainsi l'ouverture des institutions politiques. Une corrélation, voire une causalité, est établie entre le développement économique et la démocratisation, impliquant que la démocratie s'enracine mieux dans les pays riches. L'élévation du niveau d'éducation et les phénomènes de socialisation à la démocratie sont également soulignés [4](#page=4) [5](#page=5).
> **Tip:** Il est crucial de distinguer corrélation et causalité. Par exemple, il y a du givre quand il y a des bonnets (corrélation), mais ce n'est pas le givre qui provoque le port de bonnets (causalité).
#### 3.1.2 Les vagues de démocratisation
Les travaux de Samuel Huntington ont identifié trois vagues majeures de démocratisation :
* **Première vague (XIXe siècle - fin de la Première Guerre mondiale):** Caractérisée par l'extension du suffrage masculin et l'émergence de partis politiques compétitifs. Géographiquement, elle a concerné l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord, avec comme facteurs clés l'industrialisation, l'urbanisation et l'éducation [5](#page=5).
* **Deuxième vague (après la Seconde Guerre mondiale - années 1960):** Liée aux processus de décolonisation, elle a touché des pays en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Les facteurs clés étaient la décolonisation et l'influence des puissances occidentales [5](#page=5).
* **Troisième vague (années 1970 - fin du XXe siècle):** A concerné l'Europe du Sud, puis de l'Est, l'Amérique Latine, l'Asie et l'Afrique. Les facteurs clés étaient la fin de la Guerre Froide, l'effondrement des régimes autoritaires et la globalisation économique [5](#page=5).
> **Tip:** La théorie de la modernisation établit une relation entre le développement économique et la démocratie, mais cette logique est loin d'être automatique et doit être nuancée [5](#page=5).
### 3.2 Tendance à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes
Malgré les avancées démocratiques, une tendance à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes s'observe actuellement, marquant un recul de la démocratisation mondiale [4](#page=4) [5](#page=5).
#### 3.2.1 Le processus d'autocratisation
L'autocratisation peut se manifester de deux manières: comme un durcissement d'un régime autoritaire existant, ou comme une dé-démocratisation, également appelée "democratic backsliding". Les bases de données suédoises ont recensé 217 épisodes d'autocratisation touchant 109 pays, répartis en trois vagues [5](#page=5):
* **1926-1946:** A affecté tous les types de régimes [5](#page=5).
* **1965-1977:** Concerne des régimes autocratiques [5](#page=5).
* **1994 - présent:** Continue et s'applique aux régimes démocratiques [5](#page=5).
Ce processus se dissimule souvent derrière une façade démocratique et légale, sans remettre en cause le jeu électoral, mais en intervenant par le biais d'élections. L'autocratisation se manifeste par la remise en cause d'éléments institutionnels démocratiques une fois au pouvoir [5](#page=5).
> **Example:** L'autocratisation du Pérou par Alberto Fujimori en 1992, qui a suspendu le Congrès et la Constitution. Un autre exemple est la Russie sous Poutine, où l'autocratisation a été plus graduelle, débutant par un mimétisme à l'égard des démocraties occidentales, conduisant à une "démocratie administrée" [5](#page=5).
Les processus d'autocratisation peuvent être cumulés ou dissociés et incluent :
* La dégradation de la dimension concurrentielle des élections [5](#page=5) [6](#page=6).
* L'atteinte aux droits politiques fondamentaux [5](#page=5) [6](#page=6).
* La remise en cause du principe de séparation des pouvoirs, de l'État de droit, et la concentration du pouvoir entre les mains de l'exécutif [6](#page=6).
Selon Nancy Bermeo, le basculement autocratique est le fait des élites plutôt que d'une radicalisation des peuples [6](#page=6).
#### 3.2.2 L'hybridation des régimes
L'érosion démocratique aboutit à une hybridation des régimes, qui adoptent des apparences démocratiques tout en renforçant leur contrôle par des partis hégémoniques ou une répression des libertés politiques [6](#page=6).
#### 3.2.3 Nouveaux concepts : autoritarisme électoral et démocratie non libérale
Face à ces transformations, de nouveaux concepts ont émergé en sciences politiques, tels que l'autoritarisme électoral et l'autoritarisme politique. Le terme de "démocratie non libérale" a été popularisé par Fareed Zakaria. Si dans les pays occidentaux, la démocratie libérale est fondée sur l'État de droit, la protection des libertés et la séparation des pouvoirs, il existe désormais des démocraties qui organisent des élections compétitives mais transgressent le principe du libéralisme constitutionnel. Elles restreignent la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice et de la presse, et peuvent être hostiles aux minorités [6](#page=6).
> **Example:** La Hongrie, sous la ligne politique de son parti Fidesz, est un exemple actuel de démocratie non libérale, où le parti, initialement libéral, est devenu dominant et a restreint les contre-pouvoirs. La Pologne illustre également cette tendance [6](#page=6).
### 3.3 Les bases des régimes autoritaires
Les régimes autoritaires ne s'appuient pas uniquement sur des éléments institutionnels et des contrôles policiers et militaires [4](#page=4).
#### 3.3.1 Approche socio-économique
L'enracinement de certains régimes autoritaires peut s'expliquer par une rhétorique de modernité, de sécurité matérielle et de prospérité économique, créant un sentiment de loyauté au sein de la population. Le maintien de ces régimes dépend de l'intérêt de certains segments sociaux à leur pérennisation, et l'assujettissement ne découle pas toujours de la répression ou de la surveillance [4](#page=4).
Selon Béatrice Hibou, un vaste système de transaction, incluant interdits, sanctions, gratifications, dérogations et passe-droits, insère la vie quotidienne dans un maillage d'acteurs incluant les membres du parti dominant, les comités de quartier et leurs informateurs. L'économie de l'endettement, où l'État garantit les créances, assure également la soumission [4](#page=4).
D'autres éléments de soutien incluent le recyclage des professionnels du renseignement et l'usage de la corruption, où la lutte anti-corruption peut servir de prétexte pour éliminer des opposants [4](#page=4).
#### 3.3.2 Régimes monarchiques et rente
La dimension religieuse peut apporter une légitimité au pouvoir familial, comme en Arabie Saoudite où l'islam wahhabite confère une forte légitimité régionale. Ces monarchies sunites du Golfe s'opposent au chiisme iranien. L'économie politique, liée à la rente pétrolière redistribuée pour assurer la stabilité, est également un facteur clé. En 2011, ces monarchies ont réagi aux printemps arabes par la création d'emplois, l'augmentation des salaires et des mesures paternalistes étatiques. Les régimes hybrides (Maroc, Jordanie), faute de capacité économique redistributive, ont dû faire des concessions en matière de libéralisation des droits [4](#page=4).
#### 3.3.3 Régimes autoritaires militaires
Les régimes autoritaires militaires sont considérés comme potentiellement plus fragiles. Bien que issus de divers horizons sociaux, religieux et idéologiques, les membres de l'institution militaire se signalent par leur attachement à l'armée et leur corporatisme élevé. En cas de divisions internes menaçant la cohésion de l'armée, celle-ci préfère se retirer, laissant le régime s'écrouler, la fidélité à l'institution militaire primant sur celle au régime. Cela diffère des régimes à parti unique où la volonté de garder le pouvoir est intrinsèque. Un contre-exemple est la Turquie, où l'armée assure une forme de continuité et de contrôle du régime [4](#page=4).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Régime autoritaire | Système de gouvernement qui refuse de se soumettre aux aléas d'une compétition politique ouverte, caractérisé par l'absence d'élections pluralistes et le contrôle de l'opposition. |
| Totalitarisme | Régime politique qui exige des citoyens le partage de l'idéologie des gouvernants, visant à conquérir les cœurs et les esprits, et exerçant un contrôle absolu sur tous les aspects de la vie publique et privée. |
| Verrouillage institutionnel | Stratégie des régimes autoritaires pour asseoir leur pouvoir en évitant toute remise en cause, souvent par l'interdiction d'activités politiques organisées ou le contrôle des élections. |
| Allégeance personnelle | Mécanisme de contrôle des régimes autoritaires dans les sociétés peu différenciées, basé sur des liens familiaux, tribaux, régionaux ou clientélistes. |
| Polycentrisme | Existence de multiples centres de pouvoir au sein d'un système politique, qui peut être accommodé par certains régimes autoritaires, à la différence des régimes totalitaires. |
| Musellement de la presse | Contrôle ou suppression de la liberté d'expression des médias par un régime, incluant la censure et la manipulation de l'information pour maintenir le pouvoir. |
| Démocratisation | Processus par lequel un régime politique évolue vers un système plus démocratique, impliquant généralement l'extension des droits civiques et politiques, et l'ouverture des institutions. |
| Autocratisation | Processus par lequel un régime politique se durcit et concentre le pouvoir entre les mains d'un individu ou d'un petit groupe, souvent en érodant les principes démocratiques. |
| Hybridation des régimes | Phénomène où les régimes politiques combinent des caractéristiques démocratiques (comme les élections) avec des pratiques autoritaires, créant des systèmes aux apparences démocratiques mais au contrôle renforcé. |
| Apathie | Manque d'intérêt, de passion ou d'enthousiasme, souvent observé chez les populations sous des régimes autoritaires qui se contentent de la passivité plutôt que de chercher à mobiliser activement. |
| Mentalité | Mode de pensée et de perception moins systématique et moins utopique qu'une idéologie, souvent plus émotionnel, qui peut caractériser certains régimes autoritaires. |
| Corporatisme | Système d'organisation politique et sociale où les différentes corporations ou groupes d'intérêt sont représentés et participent à la gouvernance, souvent au sein de régimes autoritaires. |
| Régime bureaucratique militaire | Type de régime autoritaire qui s'appuie sur une bureaucratie militaire pour exercer le pouvoir, souvent sans chercher à mobiliser la population ou à se légitimer idéologiquement. |
| Sultanisme | Type de domination patrimoniale caractérisée par l'absence de distinction entre le privé et le public, et par la prévalence de l'arbitraire, souvent lié à des gratifications et à la peur. |
| Rente pétrolière | Revenus importants issus de l'exploitation du pétrole, qui peuvent être utilisés par certains régimes autoritaires pour assurer leur stabilité en redistribuant ces richesses à leur population. |
| Démocratie libérale | Concept qui décrit des démocraties qui, tout en ayant des élections compétitives, restreignent la séparation des pouvoirs et les libertés constitutionnelles, notamment celles de la justice et de la presse. |
| État de droit | Principe selon lequel toutes les actions de l'État sont soumises à la loi, garantissant la protection des droits fondamentaux et la séparation des pouvoirs. |