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Summary
# Le cadre d’analyse keynésien et les fluctuations économiques
Ce sujet examine le modèle keynésien expliquant les variations de l'activité économique à court terme, en soulignant le rôle des prix et salaires fixes, de la demande globale, et du chômage involontaire.
### 1.1 Les fluctuations économiques
Les fluctuations économiques, également appelées cycles économiques, sont définies comme des variations à court terme du taux de croissance du PIB réel. Ces changements sont souvent le résultat de chocs économiques. Les fluctuations se caractérisent par des mouvements conjoints de divers indicateurs économiques tels que le chômage, les licenciements, la production industrielle et les ventes, expliqués par les mécanismes de propagation des chocs. Les mouvements du PIB réel lors de ces fluctuations peuvent être classés comme suit [5](#page=5):
* **Expansion**: une période de croissance économique [5](#page=5).
* **Contraction (ou récession)**: un ralentissement temporaire de l'activité économique d'un pays [5](#page=5).
* **Dépression**: une baisse significative et prolongée de l'activité, s'étendant sur plusieurs années et affectant de nombreux pays [5](#page=5).
L'analyse des fluctuations économiques et la recherche de moyens pour stabiliser l'économie sont au cœur du cadre d'analyse keynésien [5](#page=5).
### 1.2 Le cadre du modèle keynésien
La "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" de Keynes, publiée en 1936, a introduit une nouvelle approche pour expliquer les fluctuations économiques. Les hypothèses fondamentales de ce cadre sont les suivantes [7](#page=7):
* **Rigidités nominales**: les prix des biens et les salaires sont fixes à court terme sur les marchés des biens et du travail. Cela implique que l'ajustement pour retrouver l'équilibre se fait par les quantités plutôt que par les prix [39](#page=39) [7](#page=7).
* **Marché du bien**: une faiblesse de la demande globale entraîne une contrainte sur les débouchés pour les entreprises, se traduisant par un excès d'offre de biens [39](#page=39) [7](#page=7).
* **Marché du travail**: la demande de travail est une demande dérivée de la demande agrégée sur le marché des biens. Par conséquent, une faible demande agrégée conduit à une situation de chômage involontaire, caractérisée par un excès d'offre de travail [39](#page=39) [7](#page=7).
* **Marchés financiers**: le prix des titres et le taux d'intérêt sont considérés comme parfaitement flexibles, assurant l'équilibre sur le marché des titres et le marché de la monnaie [39](#page=39) [7](#page=7).
* **Préférence pour la liquidité**: les agents économiques ont une préférence pour détenir de la monnaie liquide [39](#page=39) [7](#page=7).
> **Tip:** Il est essentiel de comprendre que les rigidités nominales sont la pierre angulaire du modèle keynésien pour expliquer le chômage involontaire à court terme.
### 1.3 Le modèle IS-LM
Le modèle IS-LM, développé par Hicks en 1937, représente la première tentative de formalisation des idées keynésiennes. Ce modèle macroéconomique est conçu pour analyser les fluctuations économiques de très court terme [9](#page=9).
Dans l'optique du très court terme, c'est la demande agrégée qui détermine le niveau du revenu national et le taux d'emploi. Le modèle IS-LM permet d'étudier comment les modifications des politiques budgétaire et monétaire peuvent influencer l'économie, notamment dans le but de réduire le chômage [9](#page=9).
Les marchés des biens et du travail sont déséquilibrés à très court terme en raison des rigidités nominales mentionnées précédemment. En revanche, les marchés de la monnaie et des titres sont considérés comme étant à l'équilibre, car le taux d'intérêt et le prix des titres financiers sont flexibles [9](#page=9).
> **Example:** Imaginez une économie où les salaires sont fixés par contrat pour l'année. Si la demande de biens diminue soudainement, les entreprises ne peuvent pas immédiatement réduire les salaires pour maintenir l'emploi. Elles vont plutôt réduire leur production, ce qui entraînera des licenciements et du chômage involontaire, conformément au cadre keynésien.
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# Le marché des biens et la détermination de la courbe IS
Cette section examine la composition de la demande agrégée, l'équilibre sur le marché des biens et la dérivation de la courbe IS, qui établit la relation entre la production et le taux d'intérêt d'équilibre [10](#page=10) [11](#page=11) [12](#page=12) [13](#page=13) [14](#page=14) [15](#page=15) [16](#page=16) [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19) [20](#page=20) [21](#page=21) [22](#page=22) [23](#page=23).
### 2.1 La demande agrégée
La demande agrégée représente la dépense totale prévue dans une économie fermée. Elle est composée de la consommation privée, de l'investissement et des dépenses publiques [10](#page=10).
#### 2.1.1 La consommation privée
La consommation privée est la composante la plus importante de la demande globale, représentant environ 52% en France en 2018. Elle dépend principalement du revenu disponible ($Y_d$) et du taux d'intérêt ($i$). Le revenu disponible est défini comme le revenu total moins les impôts ($Y_d \equiv Y - T$). Le taux d'intérêt reflète l'arbitrage entre la consommation courante et la consommation future (épargne). L'épargne ($S$) est ce qui reste du revenu disponible après la consommation: $S = Y - T - C$ [11](#page=11).
La fonction de consommation keynésienne, issue de la loi psychologique fondamentale de Keynes, stipule que la consommation augmente avec le revenu disponible, mais dans une proportion moindre. La forme linéaire de cette fonction est [12](#page=12):
$$C = c_0 + c_1 Y_d$$
où $0 < c_1 < 1$ est la propension marginale à consommer (pmc) et $c_0 > 0$ est la consommation autonome. La propension marginale à consommer ($c_1$) mesure la part d'une unité supplémentaire de revenu disponible consacrée à la consommation ($c_1 = \frac{dC}{dY_d}$). La propension moyenne à consommer (PMC) est la part du revenu total consacrée à la consommation: $PMC = \frac{C}{Y_d}$ [12](#page=12).
> **Tip:** La consommation autonome ($c_0$) représente le niveau de consommation même lorsque le revenu disponible est nul. Elle est influencée par des facteurs comme la confiance des consommateurs ou la disponibilité du crédit.
#### 2.1.2 L'investissement
L'investissement prévu correspond aux dépenses des entreprises visant à accroître le stock de capital productif, ainsi qu'à l'investissement des ménages dans l'immobilier. C'est une composante volatile, mais essentielle dans les fluctuations économiques. L'investissement dépend positivement du niveau des ventes courantes et prévues, et négativement du taux d'intérêt ($I = I(Y^+, i^-)$). Le taux d'intérêt influence l'investissement à la fois comme coût d'emprunt et comme élément d'arbitrage entre l'investissement financier et l'investissement en capital physique [13](#page=13).
> **Example:** Une entreprise pourrait décider d'investir dans de nouvelles machines si elle anticipe une forte demande pour ses produits et si le coût d'emprunt (taux d'intérêt) est bas.
#### 2.1.3 Les dépenses publiques
Les dépenses publiques représentent environ 23% de la demande globale en France en 2018. Les dépenses publiques ($G$) et les impôts nets ($T$) sont considérés comme des instruments de politique budgétaire permettant à l'État de stimuler la demande et l'activité économique. Dans ce modèle, $G$ et $T$ sont traités comme des variables exogènes ($\bar{G}$ et $\bar{T}$). Le financement des dépenses publiques peut se faire par l'augmentation des impôts, l'émission de dette publique ou la création monétaire (monétisation de la dette) [14](#page=14).
#### 2.1.4 La demande agrégée dans son ensemble
La demande agrégée ($Z$) sur le marché des biens est donc définie comme la dépense totale prévue :
$$Z \equiv C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$
Elle est positivement liée au revenu ($Y$) via la consommation et l'investissement, et négativement liée au taux d'intérêt ($i$) via les mêmes canaux [15](#page=15).
### 2.2 L'équilibre sur le marché des biens
L'équilibre sur le marché des biens est atteint lorsque la production totale vendue ($Q$) est égale à la demande agrégée ($Z$). La production totale est également égale au revenu total ($Y$), car elle rémunère les facteurs de production. Ainsi, en équilibre, la production, le revenu et la demande agrégée sont égaux [17](#page=17):
$$Q = Y = Z$$
À court terme, la demande globale détermine la production et le PIB d'équilibre [17](#page=17).
#### 2.2.1 Détermination de l'équilibre
L'condition d'équilibre sur le marché des biens est donc :
$$Y = Z \equiv C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$
La résolution algébrique de cette équation pour le revenu d'équilibre ($Y$) donne [18](#page=18):
$$Y = \frac{1}{1-c_1} (c_0 + I + G - c_1 T)$$
#### 2.2.2 L'approche par l'épargne et l'investissement
Une autre perspective de l'équilibre découle de l'identité épargne-investissement. L'épargne ($S$) est le revenu disponible moins la consommation :
$$S(Y-T, i) = Y - T - C(Y-T, i)$$
Sachant que $Y = C + I + G$, on peut réécrire l'égalité [19](#page=19):
$$Y - T - C = I + G - T$$
$$S(Y-T, i) = I(Y, i) + G - T$$
En réarrangeant, on obtient la relation Investissement-Épargne (IS) : l'investissement doit être égal à l'épargne totale (privée et publique) :
$$I(Y, i) = S(Y-T, i) + (T-G)$$
où $(T-G)$ représente l'épargne publique (excédent budgétaire si $T>G$, déficit si $T i$) entraîne une baisse de l'investissement et de la consommation (car celle-ci est une fonction décroissante de $i$). Par conséquent, la demande agrégée diminue, ce qui conduit à une production d'équilibre plus faible ($Y' < Y$). Graphiquement, cela se traduit par un mouvement le long de la courbe IS, qui a une pente négative [21](#page=21).
#### 2.3.2 Pente de la courbe IS
La pente de la courbe IS dépend de la sensibilité de l'investissement au taux d'intérêt. Plus l'investissement réagit fortement aux variations du taux d'intérêt, plus la courbe IS sera plate [21](#page=21).
#### 2.3.3 Déplacements de la courbe IS
Les déplacements de la courbe IS sont causés par des changements dans les variables exogènes du modèle, c'est-à-dire les composantes autonomes de la consommation et de l'investissement ($c_0$, $I_0$), ainsi que les dépenses publiques ($G$) et les impôts ($T$) [22](#page=22).
> **Tip:** Un changement dans une variable endogène ($Y$ ou $i$) entraîne un mouvement *le long* de la courbe IS, tandis qu'un changement dans une variable exogène provoque un déplacement *de* la courbe IS.
Une hausse des composantes autonomes de la demande agrégée (comme une augmentation de $c_0$, $I_0$ ou $G$) ou une baisse des impôts ($T$) entraîne un déplacement de la courbe IS vers la droite. Inversement, une baisse de ces composantes ou une hausse des impôts déplace la courbe IS vers la gauche [22](#page=22).
### 2.4 Le multiplicateur keynésien
Le multiplicateur keynésien met en évidence l'effet amplifié d'une variation autonome de la demande agrégée sur le revenu d'équilibre. En partant de l'équation d'équilibre $Y = Z$, et en considérant la forme simplifiée de la demande agrégée où l'investissement est autonome [23](#page=23):
$$Z = c_0 + c_1(Y-T) + \bar{I} + G$$
L'équation IS se réécrit :
$$Y = \frac{1}{1-c_1} (c_0 + \bar{I} + G - c_1 T)$$
L'équation montre qu'une variation d'une composante exogène de la demande agrégée (par exemple $G$) a un effet multiplicateur sur la production. Le multiplicateur est donné par [23](#page=23):
$$m = \frac{dY}{dG} \equiv \frac{1}{1-c_1}$$
Comme $0 < c_1 < 1$, le multiplicateur est supérieur à 1 ($m > 1$). Cela signifie qu'une hausse initiale de la demande entraîne une augmentation du revenu plus que proportionnelle. Plus la propension marginale à consommer ($c_1$) est élevée, plus le multiplicateur est important [23](#page=23).
> **Example:** Si la propension marginale à consommer est de 0.8, le multiplicateur est de $\frac{1}{1-0.8} = \frac{1}{0.2} = 5$. Une augmentation des dépenses publiques de 100 dollars entraînera une augmentation totale du revenu de 500 dollars.
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# Le marché de la monnaie et la détermination de la courbe LM
Ce chapitre explore la nature de la monnaie, la théorie de la préférence pour la liquidité, la demande et l'offre de monnaie, ainsi que l'équilibre sur le marché monétaire, qui conduit à la détermination de la courbe LM.
### 3.1 La demande de monnaie
#### 3.1.1 Qu'est-ce que la monnaie ?
La monnaie est définie comme l'ensemble des actifs financiers que les individus utilisent couramment pour acquérir des biens et services. Il est crucial de distinguer la monnaie du revenu et de la richesse [27](#page=27):
* La richesse représente le stock total d'actifs, incluant la monnaie, les biens mobiliers et immobiliers [27](#page=27).
* Le revenu est un flux de gains monétaires sur une période donnée, tel qu'un salaire mensuel [27](#page=27).
La monnaie elle-même est un stock. Elle comprend la monnaie fiduciaire et les dépôts à vue (agrégat M1). La monnaie est l'actif financier le plus liquide. Ses trois fonctions principales dans une économie sont [27](#page=27):
* Moyen d'échange [27](#page=27).
* Unité de compte [27](#page=27).
* Réserve (imparfaite) de valeur [27](#page=27).
#### 3.1.2 La théorie de la préférence pour la liquidité
Le concept de liquidité se réfère à la facilité avec laquelle un actif peut être converti en moyen d'échange. La monnaie est considérée comme parfaitement liquide. Cette théorie a été développée par Keynes dans son ouvrage "La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" [28](#page=28).
Les raisons pour lesquelles les individus souhaitent détenir de la monnaie sont multiples :
* Le motif de transaction: lié aux besoins d'effectuer des achats réguliers [28](#page=28).
* Le motif de précaution: pour faire face à des dépenses imprévues [28](#page=28).
* Le motif de spéculation: lié à la possibilité de réaliser des gains en détenant de la monnaie en attendant des opportunités d'investissement plus profitables [28](#page=28).
#### 3.1.3 La demande de monnaie
La demande de monnaie dans une économie, notée $M^d$, est influencée positivement par le niveau des transactions et négativement par le taux d'intérêt. La demande réelle de monnaie, $\frac{M^d}{P}$, mesure le pouvoir d'achat de la monnaie en termes de biens et services. L'équation de la demande de monnaie s'écrit [29](#page=29):
$$ \frac{M^d}{P} = Y \cdot L(i) $$
où :
* $\frac{M^d}{P}$ représente la demande réelle de monnaie.
* $Y$ est le niveau des transactions, souvent représenté par le revenu réel.
* $L(i)$ est une fonction décroissante du taux d'intérêt ($i$), reflétant la préférence pour la liquidité.
Pour un taux d'intérêt donné, un revenu nominal plus élevé entraîne une augmentation de la demande de monnaie [29](#page=29).
### 3.2 L'équilibre sur le marché de la monnaie
#### 3.2.1 La création monétaire par la Banque Centrale
La Banque Centrale joue un rôle déterminant dans la fixation de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, c'est-à-dire l'offre de monnaie ($M^s$). L'offre de monnaie n'est pas directement dépendante du taux d'intérêt [31](#page=31).
La Banque Centrale peut modifier le stock de monnaie par le biais d'opérations d'open market :
* Une opération d'open market d'expansion monétaire implique l'achat de titres d'État par la Banque Centrale, ce qui augmente la masse monétaire [31](#page=31).
* Une opération d'open market de contraction monétaire implique la vente de titres d'État par la Banque Centrale, ce qui réduit la masse monétaire [31](#page=31).
L'achat (resp. vente) de titres d'État par la Banque Centrale a un impact sur leur prix et, par conséquent, sur le taux d'intérêt :
$$ \text{prix du titre aujourd'hui} = \frac{\text{valeur du titre à échéance}}{1+i} $$
Une augmentation du prix du titre (due à un achat par la BC) entraîne une diminution du taux d'intérêt, et inversement. Ces opérations déplacent la courbe d'offre de monnaie vers la droite (expansion) ou vers la gauche (contraction) [31](#page=31).
#### 3.2.2 L'équilibre sur le marché de la monnaie
L'équilibre sur le marché de la monnaie est atteint lorsque l'offre réelle de monnaie est égale à la demande réelle de monnaie :
$$ \frac{M^s}{P} = \frac{M^d}{P} $$
En substituant l'équation de la demande de monnaie, on obtient la relation d'équilibre :
$$ \frac{M^s}{P} = Y \cdot L(i) $$
L'offre de monnaie réelle ($\frac{M^s}{P}$) est déterminée par la Banque Centrale et est généralement considérée comme une variable exogène, notée $\overline{M}$. [32](#page=32).
Le taux d'intérêt agit comme le prix qui équilibre le marché monétaire [32](#page=32).
* Si le taux d'intérêt est trop élevé par rapport à l'offre de monnaie, la demande de monnaie sera faible, créant un excès d'offre de monnaie et poussant le taux d'intérêt à la baisse.
* Si le taux d'intérêt est trop bas, la demande de monnaie sera forte, créant une pénurie de monnaie et poussant le taux d'intérêt à la hausse.
La relation $\frac{M^s}{P} = Y \cdot L(i)$ constitue la relation LM (Liquidité-Monnaie) [32](#page=32).
> **Tip:** Le taux d'intérêt d'équilibre sur le marché monétaire est celui qui permet d'égaliser l'offre et la demande de monnaie dans l'économie.
### 3.3 De l'équilibre sur le marché de la monnaie à la courbe LM
#### 3.3.1 La courbe LM
La courbe LM représente l'ensemble des combinaisons du niveau de production d'équilibre ($Y$) et du taux d'intérêt d'équilibre ($i$) pour lesquelles le marché de la monnaie est en équilibre, étant donné un niveau d'offre de monnaie $\overline{M}$ et un niveau de prix $P$ [34](#page=34).
* Pour un revenu réel donné ($Y$), il existe un taux d'intérêt d'équilibre ($i$) qui assure l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie [34](#page=34).
* Si le revenu réel augmente à $Y'$ ($Y' > Y$), la demande de monnaie augmente (puisque $Y$ est dans la fonction de demande de monnaie). Pour rétablir l'équilibre sur le marché monétaire avec une offre de monnaie constante, le taux d'intérêt doit augmenter à $i'$ ($i' > i$). Ceci est représenté par un mouvement le long de la courbe LM [34](#page=34).
La courbe LM a donc une pente positive, indiquant une relation positive à court terme entre le taux d'intérêt et la production d'équilibre lorsque le marché monétaire est à l'équilibre. La pente de la courbe LM dépend de la sensibilité de la demande de monnaie au revenu réel [34](#page=34).
> **Example:** Imaginons une économie avec un revenu réel $Y_1$ et un taux d'intérêt $i_1$ tels que le marché monétaire est en équilibre. Si le revenu réel augmente à $Y_2$, les ménages et les entreprises demanderont plus de monnaie pour leurs transactions. Pour absorber cette demande accrue sans changer l'offre de monnaie, le taux d'intérêt devra monter à $i_2$. Ce couple $(Y_2, i_2)$ est un autre point sur la courbe LM.
#### 3.3.2 Déplacements de la courbe LM
Les mouvements sur la courbe LM sont distingués des déplacements de la courbe elle-même :
* **Déplacement le long de la courbe LM:** survient lorsque la production ($Y$) varie. Une modification de $Y$ entraîne une modification du taux d'intérêt ($i$) qui maintient l'équilibre sur le marché monétaire [35](#page=35).
* **Déplacement de la courbe LM:** survient lorsque des variables exogènes, autres que le revenu, changent. La principale variable exogène affectant la courbe LM est la masse monétaire ($\overline{M}$) [35](#page=35).
* Une hausse de la masse monétaire, à revenu réel donné, réduit le taux d'intérêt d'équilibre. Cela se traduit par un déplacement vers le bas de la courbe LM [35](#page=35).
* Une baisse de la masse monétaire, à revenu réel donné, augmente le taux d'intérêt d'équilibre. Cela se traduit par un déplacement vers le haut de la courbe LM [35](#page=35).
> **Tip:** Pour comprendre les déplacements de la courbe LM, pensez à l'effet d'une modification de l'offre de monnaie : si la Banque Centrale injecte plus de monnaie dans l'économie, cela pousse les taux d'intérêt vers le bas pour tous les niveaux de revenu.
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# L’équilibre IS-LM et les politiques conjoncturelles
L'intersection des courbes IS et LM détermine l'équilibre macroéconomique, et le modèle permet d'analyser l'impact des politiques budgétaires et monétaires sur cet équilibre.
### 4.1 Le modèle IS-LM : fondements
Le modèle IS-LM est un outil d'analyse macroéconomique qui décrit l'équilibre simultané sur le marché des biens et sur le marché de la monnaie en économie fermée. Il permet de comprendre comment le taux d'intérêt ($i$) et le niveau de production ($Y$) sont déterminés, et comment les politiques publiques peuvent influencer ces variables [42](#page=42).
#### 4.1.1 La relation IS (Investment-Saving)
La relation IS représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt et de production qui assurent l'équilibre sur le marché des biens. La condition d'équilibre sur le marché des biens est donnée par l'équation [40](#page=40):
$$Y = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$ [40](#page=40).
* **Interprétation:** La production ($Y$) est égale à la somme de la consommation ($C$), de l'investissement ($I$) et des dépenses publiques ($G$). Ces composantes dépendent de la production, des impôts ($T$) et du taux d'intérêt ($i$) [40](#page=40).
* **Pente de la courbe IS:** La courbe IS est décroissante. Une hausse du taux d'intérêt entraîne une baisse de l'investissement, ce qui réduit la demande globale et donc la production d'équilibre [40](#page=40).
* **Déplacements de la courbe IS:** La courbe IS se déplace à droite (augmentation de $Y$ pour un $i$ donné) lorsque les dépenses publiques ($G$) augmentent ou que les impôts ($T$) diminuent. Elle se déplace à gauche dans les cas inverses [46](#page=46).
#### 4.1.2 La relation LM (Liquidity Preference-Money Supply)
La relation LM représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt et de production qui assurent l'équilibre sur le marché de la monnaie. La condition d'équilibre sur le marché de la monnaie s'écrit [41](#page=41):
$$\frac{M^s}{P} = Y L(i)$$ [41](#page=41).
* **Interprétation:** L'offre de monnaie réelle ($\frac{M^s}{P}$) est égale à la demande de monnaie ($Y L(i)$), qui dépend positivement du revenu ($Y$) et négativement du taux d'intérêt ($i$) [41](#page=41).
* **Pente de la courbe LM:** La courbe LM est croissante. Une hausse de la production entraîne une augmentation de la demande de monnaie. Pour que le marché de la monnaie reste en équilibre, le taux d'intérêt doit augmenter pour réduire la demande de monnaie spéculative [41](#page=41).
* **Déplacements de la courbe LM:** La courbe LM se déplace vers le bas (diminution de $i$ pour un $Y$ donné) lorsque l'offre de monnaie ($M^s$) augmente. Elle se déplace vers le haut lorsque l'offre de monnaie diminue [47](#page=47).
#### 4.1.3 L'équilibre macroéconomique
L'intersection des courbes IS et LM détermine l'équilibre macroéconomique simultané du marché des biens et de la monnaie. Cet équilibre se caractérise par un niveau de production d'équilibre ($Y^E$) et un taux d'intérêt d'équilibre ($i^E$) uniques pour des valeurs données des variables exogènes ($G$, $T$, $M^s$, $P$). Les autres variables endogènes, telles que la consommation, l'investissement et la demande de monnaie, sont déterminées à partir de cet équilibre. Le taux de chômage d'équilibre peut ensuite être déduit du produit d'équilibre [42](#page=42).
> **Tip:** Pour analyser l'impact d'une politique, il faut suivre trois étapes: déterminer le déplacement de la courbe IS et/ou LM, observer l'impact sur $Y^E$ et $i^E$, et décrire les mécanismes économiques sous-jacents [45](#page=45).
### 4.2 Les politiques conjoncturelles
Les politiques conjoncturelles visent à stabiliser l'économie en agissant sur la production et l'emploi, principalement via les politiques budgétaires et monétaires [44](#page=44).
#### 4.2.1 La politique budgétaire
La politique budgétaire modifie les dépenses publiques ($G$) et/ou les impôts ($T$), affectant ainsi la courbe IS [46](#page=46).
* **Contraction budgétaire (consolidation fiscale):** Correspond à une baisse de $G-T$ (réduction du déficit budgétaire). Une diminution de $G$ ou une augmentation de $T$ déplace la courbe IS vers la gauche, entraînant une baisse de la production d'équilibre ($Y^E$) et du taux d'intérêt d'équilibre ($i^E$) [46](#page=46).
* **Expansion budgétaire (relance budgétaire):** Correspond à une hausse de $G-T$. Une augmentation de $G$ ou une diminution de $T$ déplace la courbe IS vers la droite, entraînant une augmentation de $Y^E$ et de $i^E$ [46](#page=46).
L'effet d'une augmentation des dépenses publiques sur l'investissement est incertain en raison de l'**effet d'éviction**: la hausse du taux d'intérêt qui résulte de la relance budgétaire peut décourager l'investissement privé [46](#page=46).
#### 4.2.2 La politique monétaire
La politique monétaire modifie l'offre de monnaie ($M^s$), affectant ainsi la courbe LM [47](#page=47).
* **Contraction monétaire:** Correspond à une baisse de $M^s$. Une baisse de l'offre de monnaie déplace la courbe LM vers le haut, entraînant une hausse du taux d'intérêt d'équilibre ($i^E$) et une baisse de la production d'équilibre ($Y^E$) [47](#page=47).
* **Expansion monétaire:** Correspond à une hausse de $M^s$. Une hausse de l'offre de monnaie déplace la courbe LM vers le bas, entraînant une baisse de $i^E$ et une hausse de $Y^E$ [47](#page=47).
La monnaie n'est pas neutre à court terme, car les variations de l'offre de monnaie affectent le niveau de la production. L'efficacité d'une expansion monétaire dépend de la sensibilité de l'investissement au taux d'intérêt et de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d'intérêt [47](#page=47).
#### 4.2.3 Le policy-mix
Le "policy-mix" désigne la combinaison des politiques budgétaires et monétaires menées simultanément [48](#page=48).
* **Exemple du policy-mix Clinton-Greenspan (années 1990 aux États-Unis):** Une réduction du déficit budgétaire par l'administration Clinton a été accompagnée d'une politique monétaire accommodante de la Réserve Fédérale (baisse des taux d'intérêt). Cette combinaison a contribué à la forte croissance de la production, bien que d'autres facteurs comme la confiance des agents économiques aient également joué un rôle [48](#page=48).
* **Exemple du policy-mix allemand (réunification):** La réunification allemande a entraîné une hausse des dépenses publiques. Face au risque inflationniste, la Bundesbank a mené une politique monétaire restrictive (hausse des taux d'intérêt). Ce policy-mix a conduit à une forte hausse des taux d'intérêt en Europe, contribuant à une récession au début des années 1990 [50](#page=50).
### 4.3 Validité du modèle IS-LM
Le modèle IS-LM est un cadre théorique utile, mais sa capacité à décrire fidèlement la réalité économique doit être évaluée [52](#page=52).
* **Tests de validité:** Une théorie doit avoir des hypothèses "raisonnables" et des implications compatibles avec les observations empiriques. L'économétrie permet de mesurer les effets réels des politiques monétaire et budgétaire [52](#page=52).
* **Limitations:** Le modèle IS-LM simplifie grandement la réalité. Les effets des politiques peuvent être plus complexes et dépendent de nombreux facteurs, notamment l'évolution des prix à court et à long terme. Par exemple, une hausse du taux directeur de la banque centrale peut avoir des effets différents sur l'économie selon la manière dont les prix évoluent [53](#page=53).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Rigidités nominales | Caractéristique d'une économie où les prix et les salaires ne s'ajustent pas immédiatement aux changements des conditions de marché, entraînant un ajustement par les quantités. |
| Propension marginale à consommer (pmc) | La part d'une unité de revenu disponible supplémentaire qui est consacrée à la consommation. Elle est représentée par le coefficient $c_1$ dans la fonction de consommation $C = c_0 + c_1Y_d$. |
| Multiplicateur keynésien | Un concept selon lequel une augmentation initiale de la demande agrégée (comme une hausse des dépenses publiques) entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu national, en raison des dépenses induites. Il est calculé comme $\frac{1}{1-c_1}$. |
| Chômage involontaire | Situation où des individus sont sans emploi et seraient prêts à travailler au salaire courant, mais ne trouvent pas d'emploi car la demande de travail des entreprises est inférieure à l'offre. |
| Demande agrégée | La dépense totale prévue dans une économie pour les biens et services à un niveau de prix donné. Elle comprend la consommation, l'investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes. |
| Dépense prévue | La quantité de biens et services que les agents économiques (ménages, entreprises, État) prévoient d'acheter à un niveau de revenu et de taux d'intérêt donné. |
| Cycles économiques (fluctuations économiques) | Changements à court terme du taux de croissance du PIB réel, caractérisés par des périodes d'expansion suivies de périodes de contraction (récession). |
| Expansion | Période de croissance économique marquée par une augmentation du PIB réel, de l'emploi et des investissements. |
| Récession (Contraction) | Ralentissement passager de l'activité économique d'un pays, caractérisé par une baisse du PIB réel, une hausse du chômage et une diminution de l'investissement. |
| Dépression | Une chute importante et durable de l'activité économique s'étendant sur plusieurs années et touchant plusieurs pays, beaucoup plus grave qu'une récession. |
| Préférence pour la liquidité | La tendance des agents économiques à détenir des actifs liquides (comme la monnaie) plutôt que des actifs moins liquides, même si ces derniers offrent un rendement potentiellement plus élevé, en raison de la facilité d'accès et de la réduction de l'incertitude. |
| Demande réelle de monnaie | La quantité de monnaie demandée, exprimée en termes de biens et services, c'est-à-dire en pouvoir d'achat. Elle est égale à la demande nominale de monnaie divisée par le niveau général des prix ($M_d/P$). |
| Offre réelle de monnaie | La quantité de monnaie en circulation dans l'économie, exprimée en termes de biens et services. Elle est égale à l'offre nominale de monnaie divisée par le niveau général des prix ($M_s/P$). |
| Banque Centrale | L'institution chargée de la politique monétaire d'un pays ou d'une zone économique, notamment de la gestion de la masse monétaire, des taux d'intérêt et de la stabilité financière. |
| Opérations d’open market | Une technique de politique monétaire utilisée par les banques centrales pour gérer la liquidité dans le système bancaire et influencer les taux d'intérêt. Elles consistent à acheter ou vendre des titres d'État sur le marché. |
| Politique budgétaire | L'utilisation par le gouvernement des dépenses publiques et des impôts pour influencer l'économie, notamment pour stabiliser le cycle économique, réduire le chômage ou contrôler l'inflation. |
| Politique monétaire | L'action d'une banque centrale visant à influencer la quantité de monnaie et de crédit dans l'économie, principalement par la manipulation des taux d'intérêt et de la masse monétaire. |
| Policy mix (Stratégie de coordination des politiques) | La coordination des politiques budgétaires et monétaires menées simultanément par le gouvernement et la banque centrale pour atteindre des objectifs macroéconomiques communs. |
| Effet d’éviction | La réduction de l'investissement privé résultant d'une augmentation des dépenses publiques, qui peut entraîner une hausse des taux d'intérêt, rendant l'emprunt plus coûteux pour les entreprises. |