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Summary
# La méthode cartésienne et ses fondements métaphysiques
La méthode cartésienne et ses fondements métaphysiques visent à établir une science certaine en s'appuyant sur une méthode rigoureuse et des principes métaphysiques fondamentaux.
## 1. La méthode cartésienne et son objectif
### 1.1 L'importance de la méthode dans les sciences
René Descartes, philosophe et homme de science, a affirmé la nécessité d'une méthode pour parvenir à la vérité dans les sciences. Il a contribué à de nombreuses découvertes, notamment en mathématiques, en donnant une signification géométrique aux opérations algébriques et en développant la géométrie analytique grâce à l'utilisation des coordonnées cartésiennes. En optique, il a établi les lois de la réfraction. Son ouvrage majeur, le "Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences" visait à vulgariser sa méthode et ses découvertes, étant publié en français pour un public plus large que les spécialistes. Le "Discours" sert de préface à trois traités scientifiques: la Dioptrique, les Météores et la Géométrie [15](#page=15) .
> **Tip:** Descartes a choisi de publier en français et non en latin, ce qui était inhabituel à l'époque, afin de rendre ses travaux accessibles à un plus grand nombre de personnes capables d'utiliser leur raison naturelle.
### 1.2 Les règles de la méthode
La méthode cartésienne se compose de règles exposées dans le "Discours de la méthode" [15](#page=15).
#### 1.2.1 Le principe d'évidence
La première règle prescrit de ne se fier qu'aux idées claires et distinctes. Une idée est claire lorsqu'on en a conscience par une manifestation directe, et distincte lorsqu'elle n'est confondue avec aucune autre. Cette règle permet d'éviter la précipitation et les préjugés en s'assurant que l'esprit a une conception claire et distincte avant de juger [15](#page=15).
> **Exemple:** Avant d'accepter une proposition mathématique, il faut s'assurer de la comprendre parfaitement, sans aucune ambiguïté.
#### 1.2.2 La règle de l'analyse
La deuxième règle consiste à diviser un problème complexe en parties plus petites afin de faciliter leur résolution. Il ne faut pas tenter de résoudre un problème trop difficile d'emblée, car la solution serait incertaine [16](#page=16).
> **Exemple:** Pour résoudre une équation du troisième degré, il est préférable de la ramener à des équations de premier et second degré.
#### 1.2.3 La règle de la synthèse (ordre des raisons)
La troisième règle stipule qu'il faut toujours commencer par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître, puis progresser vers les objets plus complexes. Il s'agit d'un ordre ascendant, allant du simple (absolu) au composé (relatif) [16](#page=16).
> **Exemple:** Comprendre la notion d'angle droit est plus simple que de comprendre celle d'angle aigu, car l'angle aigu nécessite la connaissance de l'angle droit.
#### 1.2.4 La règle du dénombrement
La quatrième règle, celle du dénombrement, vise à éviter toute omission en s'assurant que rien n'est oublié dans la progression des propositions du simple au composé [16](#page=16).
> **Tip:** Ces quatre règles sont conçues pour découvrir de nouvelles vérités scientifiques, éviter les erreurs et accroître la connaissance.
## 2. Les fondements métaphysiques de la méthode
### 2.1 La métaphysique comme fondement de la connaissance
Dans la quatrième partie du "Discours de la méthode", Descartes aborde, avec réticence, sa métaphysique pour justifier la validité et l'origine de sa méthode. La métaphysique est définie comme la partie de la philosophie qui recherche et analyse les premiers principes et les causes premières [16](#page=16).
Dans les "Principes de la philosophie", Descartes compare la philosophie à un arbre dont la métaphysique constitue les racines, le tronc représentant la physique, et les branches les autres sciences appliquées. Cette métaphysique est donc le fondement essentiel de l'édifice du savoir [16](#page=16).
### 2.2 La finalité de la science cartésienne
L'objectif ultime de Descartes est de fonder la science sur des vérités certaines afin d'en tirer des applications techniques et pratiques pour améliorer la condition matérielle des hommes et leur permettre d'agir sur la nature [16](#page=16).
### 2.3 Le sujet souverain
La théorie de l'homme comme "sujet souverain" est une conception inédite de la réalité humaine qui deviendra dominante. Bien que critiquée et remaniée au fil des siècles, l'idée de subjectivité initiée par Descartes n'a jamais été totalement abolie. Les critiques ont cherché à révéler les limites de cette théorie sans jamais se défaire de l'importance accordée à la subjectivité. Les "Méditations métaphysiques" constituent un moment charnière, faisant de l'existence d'un "moi intérieur" la condition nécessaire à l'exercice de toute pensée [17](#page=17).
### 2.4 Le doute méthodique
La démarche cartésienne commence par la mise en doute de toutes les opinions et idées admises depuis l'enfance, afin d'établir une science absolument certaine. Descartes reconnaît la difficulté de cette tâche, mais la considère comme essentielle pour fonder la science sur des principes absolument certains [17](#page=17).
#### 2.4.1 L'approche hyperbolique du doute
Face à l'impossibilité de tester la véracité de chaque idée individuellement, Descartes propose de s'attaquer à la racine des idées, c'est-à-dire à leurs fondements. Si le fondement de plusieurs idées est douteux, alors toutes les idées qui en découlent peuvent être rejetées comme systématiquement douteuses. Cette approche est comparée à la nécessité de s'attaquer aux fondations d'une maison pour ruiner l'édifice entier [17](#page=17).
> **Exemple:** Si les sens (une source d'idées) peuvent parfois nous tromper (par exemple, par des illusions d'optique), alors toutes les connaissances dérivées des sens peuvent être remises en question.
#### 2.4.2 Les caractéristiques du doute cartésien
Le doute cartésien est volontaire, radical (il s'attaque à la racine des idées), et méthodique (il procède par ordre et par étapes) [17](#page=17).
#### 2.4.3 La remise en question des sens et de l'autorité
Descartes commence par s'attaquer à la première source des idées: les sens. Il remet en question leur fiabilité, arguant que les sens peuvent être trompeurs. Il s'attaque également à l'argument d'autorité (ce que l'on a appris par ouï-dire ou par la lecture), considérant cette source comme une base naïve et incertaine pour la connaissance. L'idée est que si les sources des connaissances sont douteuses, alors les connaissances elles-mêmes sont suspectes [17](#page=17).
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# La démarche du doute méthodique chez Descartes
Voici un résumé détaillé et complet de la démarche du doute méthodique chez Descartes, conçu pour un guide d'étude prêt pour un examen.
## 2. La démarche du doute méthodique chez Descartes
La démarche du doute méthodique chez Descartes vise à établir une science absolument certaine en débarrassant l'esprit de toutes les idées potentiellement fausses ou douteuses [17](#page=17).
### 2.1 Le principe du doute méthodique
#### 2.1.1 La nécessité d'une base certaine
Descartes constate que depuis son enfance, il a assimilé un grand nombre d'idées transmises par l'éducation et la tradition, dont il est incapable de redémontrer la vérité par lui-même. Il considère que si les fondements sur lesquels ses connaissances ont été élaborées ne sont pas certains, il ne pourra jamais atteindre la certitude absolue qu'il recherche pour fonder une science sans faille [17](#page=17).
#### 2.1.2 La stratégie de la méthode
Face à l'immense quantité d'idées à examiner, Descartes ne peut tester la véracité de chacune isolément. Sa stratégie consiste donc à s'attaquer à la racine des idées: si le fondement de plusieurs idées est douteux, alors toutes les idées qui en découlent pourront être rejetées comme systématiquement douteuses. Il utilise l'analogie d'une maison: pour ruiner l'édifice, il suffit d'attaquer les fondations [17](#page=17).
> **Tip:** Le doute cartésien est volontaire, actif, radical (il s'attaque aux fondements) et méthodique (il procède par étapes ordonnées) [17](#page=17).
### 2.2 Les étapes du doute
#### 2.2.1 La mise en doute des données sensibles
Descartes commence par examiner la première source des idées: les sens. Il reconnaît l'évidence apparente des informations fournies par nos sens, ainsi que celles acquises par l'autorité (ce que nous avons entendu ou lu). Cependant, il rejette le caractère trompeur des sens, citant les illusions d'optique comme exemples d'erreurs possibles. L'argument est que sous prétexte que les sens nous ont déjà trompés, nous devons douter de toutes nos représentations sensibles, car il se pourrait qu'aucune ne soit adéquate à son objet [17](#page=17) [18](#page=18).
> **Tip:** Cet aspect est qualifié d'hyperbolique car il faut faire comme si les sens étaient toujours sources d'erreurs, alors qu'ils ne le sont que parfois [17](#page=17) [18](#page=18).
#### 2.2.2 L'objection et la résolution
Descartes anticipe une objection: les sens ne nous trompent pas sur les choses proches et facilement perceptibles. De plus, la présence de sensations implique l'existence d'organes et donc d'un corps. Nier posséder des sens et un corps reviendrait à agir comme un fou. Pour ne pas tomber dans la folie, Descartes doit trouver un autre argument [18](#page=18).
#### 2.2.3 L'argument du rêve
L'argument du rêve sert à remettre en cause la distinction entre veille et sommeil. Descartes constate qu'il lui est arrivé d'avoir dans ses rêves des représentations aussi claires et distinctes que celles de la veille, menant à une incertitude quant à la réalité de l'expérience présente. Il conclut qu'il n'existe aucun indice concluant permettant d'avoir la certitude absolue d'être éveillé [18](#page=18).
> **Exemple:** La distinction entre un insensé qui se croit roi et Descartes rêvant d'être habillé près du feu, alors qu'il est nu, semble résider dans le fait que le dormeur n'est insensé que pendant le rêve, tandis que l'homme sain sait faire la différence entre veille et rêve [18](#page=18).
#### 2.2.4 La réalité des éléments constitutifs
Même si toutes nos représentations pouvaient être des songes, Descartes pose que ces représentations oniriques sont formées à la ressemblance de quelque chose de réel. Si un rêve nous présente un être humain, il contiendra des éléments réels comme un corps, des membres, une tête avec des yeux, une bouche, etc. L'imagination, même dans la fiction, est composée d'éléments réels et simples, comme les couleurs dans la peinture abstraite. Ainsi, même si le monde extérieur est douteux, les éléments qui le composent doivent être vrais. Descartes s'interroge alors sur la nature de ces éléments ultimes [18](#page=18).
#### 2.2.5 L'hypothèse du dieu trompeur et du malin génie
Pour étendre le doute, Descartes introduit l'hypothèse d'un "dieu trompeur" ou d'un "malin génie" qui pourrait être la cause de nos erreurs, rendant ainsi douteuse même la certitude rationnelle. Cette hypothèse métaphysique radicalise le doute à l'extrême [19](#page=19).
### 2.3 La sortie du doute : la découverte de la première vérité
#### 2.3.1 Le "cogito ergo sum"
La deuxième méditation marque la sortie du doute grâce à la découverte de la première vérité: la certitude de l'existence du sujet pensant. Descartes cherche à découvrir ce qu'il est à partir de cette certitude première d'exister [19](#page=19).
#### 2.3.2 L'analyse de la nature de l'homme
Descartes examine différentes conceptions de l'homme :
1. **L'homme comme "animal raisonnable":** Cette définition est rejetée car elle multiplie les termes à définir et renvoie à la notion "animal" qui reste douteuse [19](#page=19).
2. **L'homme comme composé d'un corps et d'une âme:** L'âme est conçue comme un corps subtil, tandis que le corps est plus dense [19](#page=19).
#### 2.3.3 La primauté de la pensée
Descartes rejette tout ce qui relève du corps et des attributs corporels comme douteux. Il rejette également les fonctions de l'âme liées au corps (motrice, végétative, sensitive) car l'existence du corps est toujours douteuse. Il reste la pensée, unique fonction de l'âme que le doute ne permet pas de rejeter. Il parvient ainsi à la conclusion qu'il est certain d'être "une chose qui pense" (ou esprit, entendement, raison), sans que cela ne suppose l'existence corporelle [19](#page=19).
#### 2.3.4 La connaissance de la chose qui pense
Pour mieux connaître cette chose qui pense, Descartes distingue la pensée de l'imagination. L'imagination est la faculté de se représenter des choses de manière sensible, étant liée au corps et à la sensation. Elle n'est donc pas en mesure d'appréhender la chose qui pense. La connaissance certaine de soi ne peut provenir de l'imagination, et il faut s'en détourner pour la quête de vérité [19](#page=19).
> **Exemple:** Penser inclut diverses opérations comme douter, affirmer, nier, désirer. Ces facultés, bien que distinctes de leurs objets, sont rapportées au sujet qui les exerce [19](#page=19).
#### 2.3.5 La conscience comme attribut essentiel
Ce qui est clair, c'est que la pensée, dans toutes ses opérations, s'accompagne toujours de la connaissance du fait de penser, c'est-à-dire de la conscience. Ce n'est pas la compréhension par rapport à un monde extérieur (dont l'existence même est suspendue), mais la conscience de soi en tant que sujet pensant [19](#page=19).
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# La nature de la connaissance scientifique selon Aristote
Voici une synthèse détaillée sur la nature de la connaissance scientifique selon Aristote.
## 3. La nature de la connaissance scientifique selon Aristote
La philosophie d'Aristote sur la connaissance scientifique explore la manière dont nous acquérons des vérités nécessaires et universelles, distinguant la science de la simple opinion ou de la connaissance basée sur des prémisses fausses.
### 3.1 Distinction entre la validité formelle et la vérité matérielle
Aristote souligne que la validité logique d'un raisonnement (syllogisme) ne garantit pas la vérité de sa conclusion. Une conclusion peut être formellement valide tout en étant matériellement fausse si ses prémisses ne sont pas vraies [8](#page=8).
> **Exemple:**
> "Tout mammifère est un poisson. Or, tout chat est un mammifère. Donc, tout chat est un poisson." [8](#page=8).
> La conclusion est valide logiquement, mais fausse car la prémisse majeure ("Tout mammifère est un poisson") est fausse [8](#page=8).
Pour qu'une conclusion scientifique soit vraie, les prémisses sur lesquelles elle repose doivent également être nécessairement vraies [8](#page=8).
### 3.2 La science démonstrative : un système déductif basé sur des principes premiers
Aristote identifie la science démonstrative comme un mode supérieur de savoir, caractérisé par un système déductif fondé sur des principes vrais, antérieurs et causes des conclusions. Les "Seconds Analytiques" sont consacrés à l'étude de cette science démonstrative. Ce type de raisonnement part de prémisses nécessairement vraies pour aboutir à des conclusions également nécessairement vraies [8](#page=8).
> **Tip:** Contrairement aux "Premiers Analytiques" qui exposent la théorie générale du syllogisme et la dépendance formelle de la conclusion par rapport aux prémisses, les "Seconds Analytiques" se concentrent sur l'établissement du caractère nécessairement vrai d'une conclusion [8](#page=8).
### 3.3 L'impossibilité de tout démontrer et l'existence des principes premiers
Aristote reconnaît l'impossibilité de tout démontrer, car cela mènerait à une régression infinie. Si toutes les prémisses devaient être démontrées à partir d'autres prémisses, la démonstration ne pourrait jamais s'achever. Par conséquent, la science démonstrative ne peut pas rendre compte de ses propres points de départ: les principes premiers [9](#page=9).
### 3.4 L'appréhension des principes immédiats : l'induction
L'appréhension des principes immédiats, qui constituent le point de départ de la science, n'est pas démonstrative. Aristote rejette l'idée d'une connaissance innée des principes premiers, s'opposant ainsi à la théorie platonicienne de la réminiscence. Il attribue la connaissance des premiers principes à l'induction [9](#page=9).
> **Tip:** Le rejet de la réminiscence par Aristote repose sur l'idée qu'il serait absurde d'avoir des connaissances plus exactes que la démonstration tout en les ignorant [9](#page=9).
L'induction, dans la perspective aristotélicienne, est le processus par lequel l'esprit passe de la connaissance des cas particuliers à la connaissance de l'universel [10](#page=10) [9](#page=9).
#### 3.4.1 Le cheminement de l'induction
Le point de départ de l'induction est la sensation, qui nous fait connaître les cas particuliers. Ce cheminement productif de l'universel comporte plusieurs étapes [10](#page=10):
1. **La sensation:** perception des cas particuliers [10](#page=10).
2. **La persistance de l'impression sensible:** la sensation laisse une trace dans l'âme, correspondant au souvenir [10](#page=10).
3. **La répétition du souvenir:** la multiplication des souvenirs d'une même chose conduit à l'expérience [10](#page=10).
4. **L'unification des souvenirs:** dans l'expérience unitaire qui résulte de la multiplicité des souvenirs, l'âme accède à l'universel [10](#page=10).
Aristote précise que c'est à partir de cas individuels présentant une similitude que l'induction s'élève à l'universel [10](#page=10).
> **Exemple:** En observant plusieurs triangles, bien qu'ils diffèrent par leur aspect, on retrouve des traits communs qui fondent le concept de "triangularité", cette forme universelle reconnaissable dans chaque cas particulier [10](#page=10).
#### 3.4.2 L'empirisme aristotélicien
La primauté accordée à la sensation et à l'induction par Aristote a conduit certains à considérer sa théorie comme une préparation à l'empirisme, un courant philosophique qui place l'origine de la connaissance dans l'expérience sensible [10](#page=10).
### 3.5 La psychologie d'Aristote : l'âme indissociable du corps
Aristote aborde la nature de l'âme dans son traité "De l'âme", en adoptant une approche naturaliste et physiciens. Pour lui, l'âme est le principe vital des êtres vivants, le corps étant la matière de la substance composée qu'est l'être vivant. L'âme est conçue comme la **forme** d'un corps qui possède potentiellement la vie [11](#page=11).
> **Tip:** L'approche d'Aristote s'inscrit dans son doctrine de l'hylémorphisme, où tout être sujet au changement est constitué d'une matière (hylé) et d'une forme (morphé). Pour les êtres vivants, le corps est la matière et l'âme est la forme [11](#page=11).
Il ne peut y avoir d'âme sans corps, car sans lui, il n'y aurait rien à animer. Inversement, le corps sans âme n'est qu'un cadavre. L'âme et le corps sont deux aspects inséparables d'une seule substance composée: l'être vivant [11](#page=11).
#### 3.5.1 Les facultés de l'âme
Aristote identifie plusieurs facultés de l'âme, formant une hiérarchie où les facultés supérieures présupposent les inférieures :
* **L'âme nutritive (végétative):** le degré le plus bas, commun à tous les êtres vivants, responsable de la nutrition, de la croissance et de la reproduction. Elle vise la préservation de l'espèce [12](#page=12).
* **L'âme sensitive:** ajoutée à l'âme végétative chez les animaux et les hommes, elle inclut les fonctions des cinq sens [12](#page=12).
* **L'âme pensante (intellective):** la faculté la plus élevée, propre à l'homme [12](#page=12).
* **L'âme motrice:** responsable du déplacement et de l'action, mais ne définit pas en propre un règne vital [12](#page=12).
> **Tip:** L'ordre d'analyse des facultés de l'âme par Aristote commence par la nutrition pour finir par la pensée, bien que l'ordre hiérarchique soit végétative < sensitive < intellective [12](#page=12).
#### 3.5.2 La sensation et le sens commun
Aristote définit la sensation comme l'acte commun du sens et du sensible, où seule la forme de l'objet est reçue sans sa matière. Ce processus de dématérialisation du sensible permet d'éviter que le sujet percevant ne soit altéré par l'objet perçu [12](#page=12) [13](#page=13).
Il introduit également la notion originale et inédite de **sens commun**, qui n'est pas un sixième sens, mais une faculté qui unifie les perceptions des cinq sens. Le sens commun a trois fonctions principales [13](#page=13):
1. **Le discernement:** appréhender ensemble les divers sensibles sans les confondre et les rapporter les uns aux autres [13](#page=13).
2. **L'unité de la perception:** garantir la perception d'un objet cohérent à partir de la combinaison de ses divers aspects perceptifs. Sans lui, la perception resterait fragmentée [13](#page=13).
#### 3.5.3 L'imagination
L'imagination (fantasia) est étudiée pour elle-même dans le traité "De l'âme". Elle se situe entre la sensation et la pensée intellectuelle, agissant comme une faculté intermédiaire. L'imagination prolonge la sensation lorsque l'objet n'est plus présent, permettant de se représenter un objet en son absence. Les rêves sont une manifestation de cette persistance des images dans l'âme [13](#page=13).
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# La découverte du moi pensant et le rejet de l'empirisme
Ce sujet traite de la démarche cartésienne visant à établir une certitude première par le doute, conduisant à la découverte du sujet pensant, et de la réfutation subséquente de l'empirisme par l'analyse d'un morceau de cire.
### 4.1 La découverte de la première vérité : le "cogito"
Face à l'hypothèse d'un "dieu trompeur" ou d'un "mauvais génie" qui rendrait tout rationnel savoir douteux, Descartes s'engage dans un doute systématique pour atteindre une certitude inébranlable. La sortie de ce doute s'opère par la découverte de la première vérité: la certitude de l'existence du sujet en tant que condition première de toute conviction. Descartes cherche alors à définir ce qu'il est à partir de cette certitude fondamentale [19](#page=19).
#### 4.1.1 Analyse des conceptions de l'homme
Descartes examine deux conceptions traditionnelles de l'homme :
* **L'homme comme animal raisonnable:** Cette définition est rapidement rejetée car elle multiplie les termes à définir et renvoie à des concepts douteux comme celui d'"animal" [19](#page=19).
* **L'homme comme composé d'âme et de corps:** Dans cette optique, l'âme est conceptualisée comme un "corps subtil" (souffle, vent) opposé à un corps plus dense [19](#page=19).
#### 4.1.2 La primauté de la pensée
Dans la conception de l'âme et du corps, Descartes rejette tout ce qui relève du corps et des fonctions de l'âme qui sont liées à celui-ci (moteur, végétatif, sensitif) car l'existence du corps demeure douteuse. La seule fonction de l'âme qui résiste au doute est la **pensée**. C'est ainsi que Descartes redécouvre sa certitude première: il existe en tant que chose qui pense, aussi longtemps qu'il pense. Les synonymes qu'il utilise pour désigner cette chose sont "esprit", "entendement" ou "raison", et cette existence ne suppose aucune réalité corporelle [19](#page=19).
#### 4.1.3 La connaissance de soi et le rejet de l'imagination
Pour mieux connaître cette chose qui pense, Descartes analyse la faculté d'imagination, définie comme la capacité de se représenter des choses de manière sensible. Cette faculté, étant liée au corps et à la sensation, est jugée incapable d'appréhender la chose pensante elle-même. La connaissance certaine de soi ne peut donc pas provenir de l'imagination, qui doit être évitée dans la quête de vérité [19](#page=19).
Descartes détaille ensuite les diverses opérations de la pensée: douter, affirmer, nier, désirer, etc. Ces facultés, bien que distinctes des objets auxquels elles s'appliquent, sont rapportées au sujet qui les exerce, le même sujet. La pensée, dans toutes ses opérations, s'accompagne toujours de la conscience du fait de penser. Même si le doute peut persister sur ce qui est imaginé ou senti, il ne peut porter sur le fait que l'on sait que l'on sent, que l'on imagine, ou que l'on doute. La conscience de soi est donc la certitude fondamentale [19](#page=19).
> **Tip:** Il est important de noter que même des opérations comme la perception ou l'imagination sont considérées comme des fonctions de la pensée. L'essentiel n'est pas la nature de l'objet pensé, mais la conscience que l'on a de le penser [20](#page=20).
À ce stade, le sujet apparaît comme l'unité fondamentale reliant toutes les opérations de la pensée. L'existence du corps reste incertaine, alors que l'existence d'une chose qui pense, donc immatérielle, est certaine [20](#page=20).
### 4.2 Le rejet de l'empirisme par l'analyse du morceau de cire
Confronté aux résistances de son esprit face à l'idée que les choses matérielles, apparemment plus certaines car accessibles aux sciences, soient en réalité moins connaissables que l'esprit, Descartes décide d'adopter provisoirement la thèse empiriste pour mieux la réfuter [20](#page=20).
#### 4.2.1 L'approche empiriste : la connaissance sensible
Descartes analyse un morceau de cire fraîchement extrait de la roche, en énumérant ses qualités sensibles :
* **Odeur:** Elle est éphémère [20](#page=20).
* **Vue:** Forme, taille, couleur [20](#page=20).
* **Toucher:** Qualités tactiles [20](#page=20).
* **Ouïe:** Possibilité d'un son émis [20](#page=20).
Selon l'empirisme, la connaissance de ce morceau de cire provient globalement de la perception sensible [20](#page=20).
#### 4.2.2 La réfutation de l'empirisme
Le "mais" introduit par Descartes marque le début de la réfutation de l'empirisme. L'analyse de la métamorphose du morceau de cire par échauffement révèle son évanescence des qualités sensibles initiales: saveur, odeur, aspect, contact, son. Si la connaissance du corps était exclusivement sensible, il faudrait conclure que la cire fondue est un corps différent de la cire non fondue, ce qui contredit l'évidence que c'est le même morceau de cire, simplement dans un état différent [20](#page=20) [21](#page=21).
La connaissance distincte du morceau de cire ne peut donc pas être l'œuvre de la sensation seule, car les qualités sensibles ne sont que des indices pour identifier la cire, pas son essence. Leur transformation ne détruit pas la cire elle-même ni n'empêche sa reconnaissance. L'empirisme est ainsi réfuté: ce n'est pas par les sens que l'on connaît les corps [21](#page=21).
> **Example:** Lorsque la cire fond, elle perd son odeur et sa forme initiale. Cependant, nous continuons de la reconnaître comme étant la même cire. Cela démontre que notre connaissance de la cire ne se limite pas à ses qualités sensibles immédiates.
#### 4.2.3 L'intervention de l'entendement
L'imagination, qui se rapporte aux formes (carré, triangulaire) mais pas à leur condition (étendu, flexible, mobile), est également disqualifiée. La cire est capable d'une infinité de formes et de variations, ce que l'imagination, ne pouvant accéder à l'infini, ne peut concevoir [21](#page=21).
C'est l'**entendement** qui est la seule faculté capable de concevoir les propriétés abstraites de la cire, telles que son extension, sa flexibilité et sa mutabilité. La perception de l'identité de la cire sous les variations de son apparence est une activité de la pensée, une inspection de l'esprit, qui a toujours été un acte de l'entendement. Percevoir, c'est donc toujours juger, être actif, et non passivement recevoir des impressions sensibles [21](#page=21).
#### 4.2.4 Le langage et le jugement
Descartes met en évidence le rôle du langage dans l'illusion que la perception sensible serait uniquement l'œuvre des sens. Nous disons "voir" la cire changer d'état, omettant le jugement impliqué. L'exemple des silhouettes dans la rue, où nous jugeons voir des hommes alors que nous ne percevons que des chapeaux et des manteaux, illustre ce piège du langage. La pensée donne du sens, interprète les informations des sens. Ainsi, "faire savoir, c'est juger" [21](#page=21).
### 4.3 Les implications de la découverte du moi pensant
La découverte du moi pensant comme réalité première soulève la question du risque du solipsisme, c'est-à-dire l'attitude d'un esprit ne concevant d'autre réalité que lui-même. La conscience, bien que souveraine, semble enfermée en elle-même. La subjectivité est posée comme un fait primitif et une certitude première [22](#page=22).
Descartes réitère que la connaissance des choses autres que soi suppose toujours l'intervention de l'esprit. L'esprit est nécessairement plus facile à connaître que le corps, car l'entendement est la condition de possibilité de la connaissance des choses extérieures. C'est pourquoi Descartes décide d'analyser en profondeur son intériorité [22](#page=22).
> **Tip:** Le solipsisme est le risque que le sujet pensant ne reconnaisse comme réelle que sa propre conscience. Descartes cherche à dépasser ce risque.
La découverte du moi pensant permettra à Descartes de retrouver l'existence du monde extérieur, notamment par la reconnaissance de l'idée d'infini en lui, dont il ne peut être l'auteur, ce qui implique l'existence de Dieu. Il abordera ensuite le problème de l'erreur, puis déduira l'existence des choses matérielles et de son propre corps, conçu comme une machine dont l'âme est le pilote. Ce cheminement établit l'homme comme souverain, doté d'une intériorité et d'une capacité d'auto-conscience lui permettant de se gouverner de manière autonome [22](#page=22).
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# La théorie de la connaissance et les principes premiers chez Aristote
Voici une ébauche du résumé de cours sur "La théorie de la connaissance et les principes premiers chez Aristote", basée sur les pages fournies.
## 5. La théorie de la connaissance et les principes premiers chez Aristote
Ce chapitre explore les origines antiques de la psychologie, sa relation avec la philosophie, et les fondements de la connaissance chez Platon et Aristote, en se concentrant particulièrement sur la théorie de la réminiscence et la nature des principes premiers.
### 5.1 Les origines antiques de la psychologie
La psychologie, en tant que discipline scientifique autonome, est relativement récente, bien que ses racines plongent dans la philosophie antique. Le terme "psychologie" dérive des mots grecs *psuché* (âme, souffle) et *logos* (discours, théorie). Les philosophes de l'Antiquité ont été les premiers à interroger la nature de l'âme et la vie intérieure, posant ainsi les bases de la réflexion psychologique [1](#page=1).
#### 5.1.1 La psychologie chez Homère et les Tragiques
Selon Jacqueline de Romilly, les prémices de la psychologie se retrouvent dans la littérature grecque classique, notamment chez Homère. Les personnages homériques sont décrits avec des traits spécifiques et confrontés à des souffrances psychiques comme l'angoisse et le deuil. Cependant, les motivations de leurs actions sont attribuées à des forces extérieures ou au destin plutôt qu'à des états intérieurs. Les tragédies du 5ème siècle, comme celles d'Euripide, marquent un approfondissement de cette exploration en montrant la conscience d'une vie intérieure complexe, les passions contradictoires et la lutte entre la raison et la passion [2](#page=2).
#### 5.1.2 Socrate et la démarche réflexive
Socrate est considéré comme le premier philosophe à avoir orienté la réflexion vers l'esprit humain et la connaissance de soi. Bien qu'il n'ait laissé aucun écrit, sa pensée nous est parvenue à travers les dialogues de son disciple Platon. Socrate, accusé de corrompre la jeunesse et d'impiété, a mené une enquête pour réfuter ces accusations, se distinguant par sa lucidité face à sa propre ignorance. Cette conscience de l'ignorance est le moteur de la recherche du savoir (*sophia*). La démarche socratique d'introspection et d'attention portée à la pensée humaine préfigure des questions centrales de la psychologie [2](#page=2) [3](#page=3).
> **Tip:** La singularité de Socrate résidait dans sa reconnaissance de l'ignorance, qui le poussait à interroger ceux qui se prétendaient savants.
### 5.2 Platon et la théorie de la réminiscence
Platon, à travers les dialogues, développe des thèses philosophiques qui abordent des questions toujours traitées par la psychologie contemporaine. Il est notamment connu pour sa théorie de la connaissance fondée sur la réminiscence (ou le souvenir) et la séparation de l'âme et du corps [3](#page=3) [4](#page=4).
#### 5.2.1 Le dialogue du Menon et le paradoxe de la connaissance
Dans le dialogue *Ménon*, Platon aborde la question de la vertu et, par extension, de la connaissance. Ménon compare Socrate à une raie torpille, car ses questions plongent son interlocuteur dans le doute et l'embarras. Le dialogue met en lumière le "paradoxe de Ménon": comment peut-on chercher ce que l'on ignore? Il semble impossible de chercher ce que l'on sait déjà (car inutile) ou ce que l'on ignore totalement (car impossible de le reconnaître) [4](#page=4) [5](#page=5) [6](#page=6).
#### 5.2.2 La théorie de la réminiscence
Pour résoudre ce paradoxe, Socrate expose la théorie de la réminiscence. Selon cette théorie, connaître, c'est se ressouvenir. L'âme, immortelle et distincte du corps, aurait acquis la connaissance de toutes choses lors d'une existence antérieure à son union avec le corps. L'union au corps, comparée à un tombeau, entrave cet accès direct et intégral à la vérité. Les besoins vitaux, les sensations et les passions du corps détournent l'âme de la pensée véritable et constituent une puissance d'aveuglement. Seule la séparation quasi-totale de l'âme et du corps, idéalement la mort, permettrait à l'âme d'atteindre la connaissance intégrale [6](#page=6) [7](#page=7).
> **Tip:** La théorie platonicienne de la réminiscence repose sur l'idée que l'âme a une connaissance innée qu'elle a simplement oubliée lors de son incarnation.
#### 5.2.3 Le mythe de la char ailé
Pour illustrer la complexité de l'âme, Platon utilise le mythe de la char ailé dans le dialogue *Phèdre*. L'âme est représentée comme un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux aux caractères opposés: l'un est docile et bon, tandis que l'autre est récalcitrant et insoumis. Cette image symbolise la division interne de l'âme humaine et la lutte entre les différentes facultés [7](#page=7) [8](#page=8).
### 5.3 Aristote et la connaissance des principes premiers
Aristote, successeur de Platon, aborde la théorie de la connaissance sous un angle plus empirique, notamment dans ses *Seconds analytiques*. Il s'intéresse aux conditions de la véracité des prémisses, qui sont le fondement de toute démonstration scientifique [8](#page=8).
#### 5.3.1 La science démonstrative et la régression à l'infini
Aristote distingue la science démonstrative, qui repose sur des principes vrais et nécessaires, des syllogismes dont la validité formelle ne garantit pas la vérité matérielle des conclusions. Il souligne qu'il est impossible de tout démontrer, car cela mènerait à une régression à l'infini: chaque prémisse devrait être démontrée par une autre, sans jamais atteindre un point de départ solide [8](#page=8).
> **Exemple:** Un syllogisme valide mais matériellement faux: "Tous les mammifères sont des poissons; or, tous les chats sont des mammifères; donc, tous les chats sont des poissons." [8](#page=8).
#### 5.3.2 L'induction et l'appréhension des principes
Face à l'impossibilité de tout démontrer, Aristote rejette l'idée que toute science soit démonstrative. Il identifie une connaissance antérieure à la science démonstrative: la connaissance des principes premiers. Ces principes ne peuvent être connus par démonstration. Aristote attribue la connaissance de ces premiers principes à l'induction [9](#page=9).
> **Tip:** L'induction, pour Aristote, est le processus par lequel la sensation engendre en nous la connaissance de l'universel, permettant d'accéder aux principes sur lesquels reposent toutes les démonstrations.
#### 5.3.3 Le rejet de la réminiscence platonicienne
Aristote s'oppose radicalement à la théorie platonicienne de la réminiscence. Il considère comme absurde l'idée que des connaissances plus exactes que la démonstration puissent être présentes en nous tout en nous étant inconnues. Pour lui, les premiers principes ne peuvent être connus de manière innée ou par souvenir; ils sont acquis par l'induction, qui permet le passage des cas particuliers à l'universel. L'induction est donc le moyen par lequel l'esprit accède à la connaissance des principes fondamentaux de la science [9](#page=9).
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La théorie de la connaissance chez Aristote, telle qu'elle est développée principalement dans les pages 10 à 18, se fonde sur une approche empirique où la sensation et l'expérience jouent un rôle crucial dans l'accès aux principes premiers et à l'universel.
### 5.1 L'origine de la connaissance : de la sensation à l'expérience
Aristote établit un lien indissociable entre la sensation, point de départ de toute connaissance, et l'élaboration progressive de concepts universels. Ce cheminement productif de l'universel comporte plusieurs étapes fondamentales [10](#page=10).
#### 5.1.1 Les étapes du processus cognitif
1. **La sensation:** Elle nous fait connaître les cas particuliers et constitue la base de toute induction. La sensation nécessite la présence d'un corps et est donc tributaire du monde sensible [10](#page=10).
2. **Le souvenir:** L'impression sensible laisse une trace dans l'âme, correspondant au souvenir. Il s'agit de la persistance de l'impression sensible [10](#page=10).
3. **L'expérience:** La répétition des souvenirs d'une même chose produit l'expérience. L'expérience résulte de la multiplicité des souvenirs unifiés. C'est dans cette unification que l'âme accède à l'universel [10](#page=10).
> **Tip:** L'analyse d'Aristote, en plaçant l'expérience au cœur de l'élaboration des connaissances, constitue une alternative à la doctrine de la réminiscence [10](#page=10).
#### 5.1.2 L'induction et l'accès à l'universel
L'induction est le raisonnement par lequel l'esprit passe de la connaissance des cas particuliers à la connaissance de l'universel. Elle consiste à produire l'universel à partir des sensations particulières. Aristote précise que c'est l'expérience répétée de cas semblables qui permet à l'induction de s'élever à l'universel. Par la répétition, une forme universelle émerge à partir de plusieurs formes singulières [10](#page=10).
> **Exemple:** En observant plusieurs triangles qui diffèrent par leur aspect, l'esprit retrouve les traits communs qui fondent la "triangularité" elle-même, une forme universelle que l'on retrouve dans chaque cas particulier de triangle [10](#page=10).
#### 5.1.3 L'empirisme aristotélicien
La place accordée à l'induction et à la sensation par Aristote a conduit certains à considérer sa théorie comme un précurseur de l'empirisme, un courant philosophique qui situe l'origine de la connaissance dans l'expérience sensible. L'empirisme est fondamentalement lié à l'expérience sensible, tant dans sa genèse que dans sa justification. À l'exception des vérités logiques et mathématiques, toutes les connaissances sont fondées sur l'essence [10](#page=10).
### 5.2 La psychologie aristotélicienne : l'âme et le corps
L'étude de l'âme chez Aristote, notamment dans le traité *De l'âme*, constitue la première véritable approche scientifique et rationnelle de l'âme comme indissociable du corps [10](#page=10) [11](#page=11).
#### 5.2.1 La définition de l'âme : l'hylémorphisme
Aristote aborde l'analyse de l'âme dans une perspective naturaliste, s'inscrivant dans sa physique et sa biologie [11](#page=11).
* **Corps naturel vivant:** Aristote identifie les propriétés des corps vivants: se nourrir, croître, dépérir par soi-même [11](#page=11).
* **L'âme comme forme du corps:** Tout être vivant est une substance composée d'un corps et d'une âme. L'âme est conçue comme le principe vital, la **forme** d'un corps qui possède potentiellement la vie. Le corps est la **matière** de cette substance composée [11](#page=11).
* **L'actualisation du corps:** L'âme est ce qui maintient le corps en activité et lui donne vie. Sans l'âme, le corps ne serait qu'une pure matérialité, un cadavre. Les organes ont une finalité: une activité, et l'âme est le principe qui permet cette activité [11](#page=11).
* **L'hylémorphisme:** Aristote reprend les concepts de matière ( *ulé*) et de forme (*morphé*) développés dans sa philosophie de la nature. Pour les êtres vivants, corps et âme sont des aspects inséparables d'une seule et même chose: le corps vivant. Il n'y a pas d'âme sans corps, ni de corps animé sans âme [11](#page=11).
> **Tip:** Contrairement au dualisme platonicien, Aristote conçoit l'âme comme inséparable du corps parce qu'elle est l'actualisation de ses potentialités. L'âme est donc définie comme l'acte premier d'un corps naturel qui a potentiellement la vie [11](#page=11).
#### 5.2.2 Les facultés de l'âme
Aristote distingue plusieurs facultés de l'âme, formant une hiérarchie où les facultés supérieures présupposent les inférieures :
1. **L'âme nutritive (végétative):** Le degré le plus bas, commun à tout le vivant. Elle permet la croissance, la nutrition et la reproduction. Elle peut exister seule, comme chez les végétaux. Sa fin est la préservation de l'espèce [12](#page=12).
2. **L'âme sensitive:** Présente chez les animaux et les hommes, elle s'ajoute à l'âme végétative. Elle se déploie en cinq sens particuliers, chacun associé à un organe spécifique [12](#page=12).
* **La sensation:** Le processus par lequel le sens reçoit la forme de l'objet sans sa matière. La sensation est un acte commun du sens et du sensible, une impression de la forme sans la matière dans l'âme [12](#page=12) [13](#page=13).
* **Le sens commun:** Une faculté irréductible aux cinq sens, qui permet de discerner et d'unifier les données sensibles. Il assure la cohérence de la perception, permettant d'appréhender un objet comme une unité (ex: voir quelque chose de blanc et doux) [13](#page=13).
* **L'imagination (*fantasia*):** Une faculté intermédiaire entre la sensation et la pensée intellectuelle. Elle permet de se représenter un objet en son absence, conservant les images comme des empreintes. L'imagination appartient à tous les animaux [13](#page=13) [14](#page=14).
3. **L'âme pensante (intellective):** La faculté de connaître intellectuellement [14](#page=14).
* **L'intellect:** Distinct des sens, il n'a pas d'organes corporels propres. La connaissance universelle est contenue en puissance dans la perception individuelle [14](#page=14).
* **Abstraction:** À partir des images fournies par l'imagination, l'intellect abstrait les formes, rendant possible la connaissance universelle. La sensation et l'imagination constituent la matière de l'intellect [14](#page=14).
> **Exemple:** La cire recevant l'empreinte d'un anneau illustre comment la sensation reçoit la forme sans la matière de l'objet [12](#page=12).
> **Tip:** Aristote est le premier à proposer une étude philosophique de la perception sensible et à analyser l'imagination pour elle-même [13](#page=13).
#### 5.2.3 Influence et préfigurations
L'ouvrage *De l'âme* d'Aristote a eu une influence capitale dans l'histoire des idées, notamment en théorie de la connaissance. Les spécialistes soulignent que des penseurs comme Locke et Hume, théoriciens de l'empirisme, auraient été influencés par Aristote dans leur conception de la sensation, de l'imagination et de l'origine empirique de la connaissance [14](#page=14).
### 5.3 Les principes premiers : au-delà de la sensation
Bien que les pages spécifiquement attribuées à Aristote dans ce document se concentrent sur la genèse de la connaissance via la sensation et l'expérience, elles introduisent l'idée que cette démarche conduit aux principes premiers. Ces principes, points de départ de l'induction, représentent le niveau le plus universel de connaissance, atteignable par l'abstraction et la raison. L'analyse aristotélicienne du *De l'âme* jette les bases d'une compréhension de la cognition qui, combinée à sa logique et sa métaphysique (non détaillées ici mais mentionnées dans le contexte plus large), permet d'accéder à ces fondements ultimes du savoir [10](#page=10) [14](#page=14).
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Voici le résumé de la théorie de la connaissance et des principes premiers chez Aristote, basé sur les pages fournies.
Cette section explore la manière dont la connaissance est acquise et les fondements de notre savoir, en se concentrant sur les méditations de Descartes et l'analyse de la cire comme exemple clé.
### 5.1 La recherche de la certitude première
Descartes, confronté à l'hypothèse d'un dieu trompeur ou d'un mauvais génie, élabore une méthode de doute hyperbolique pour atteindre une certitude indubitable. La première vérité qu'il découvre est sa propre existence en tant que sujet pensant: "je pense, donc je suis" (cogito ergo sum) [19](#page=19).
#### 5.1.1 L'analyse de la conception de l'homme
Descartes examine deux définitions de l'homme :
* **L'homme comme animal raisonnable**: Rejetée car elle multiplie les termes à définir et renvoie à des concepts potentiellement douteux comme "animal" [19](#page=19).
* **L'homme comme composé de corps et d'âme**: L'âme est vue comme un corps subtil par rapport au corps plus dense. Descartes évalue si cette conception résiste au doute [19](#page=19).
#### 5.1.2 La primauté de la pensée
En analysant la conception du composé corps-âme, Descartes rejette tout ce qui relève du corps et des fonctions de l'âme liées au corps (motrice, végétative, sensitive) car l'existence du corps reste douteuse. Il ne reste que la pensée, seule fonction de l'âme dont la certitude ne peut être ébranlée par le doute. Il conclut qu'il est certain d'être une chose qui pense, un esprit, un entendement ou une raison, sans nécessiter l'existence corporelle [19](#page=19).
### 5.2 La connaissance de soi et la critique de l'imagination
Descartes explore comment connaître cette "chose qui pense" [19](#page=19).
#### 5.2.1 Le rôle de l'imagination
L'imagination, définie comme la faculté de se représenter des choses de manière sensible, est liée au corps et à la sensation. Elle ne peut donc appréhender la chose qui pense, qui est immatérielle. Descartes conclut que la connaissance certaine de soi ne provient pas de l'imagination et qu'il faut s'en détourner pour chercher la vérité [19](#page=19).
#### 5.2.2 L'analyse des opérations de la pensée
La pensée englobe diverses opérations: douter, affirmer, nier, désirer, etc. Ces facultés sont distinctes des objets auxquels elles s'appliquent mais sont rapportées au sujet qui les exerce. La pensée, dans toutes ses opérations, s'accompagne toujours de la connaissance du fait de penser, d'une conscience de soi. Même si l'on perçoit ou imagine quelque chose qui n'existe pas, on est conscient de percevoir ou d'imaginer. La nature de l'objet pensé importe moins que la nature du sujet pensant. Le sujet devient ainsi l'unité fondamentale reliant toutes les opérations de la pensée. Le corps, quant à lui, est moins connaissable car l'existence des choses matérielles et du propre corps de Descartes restent incertaines [19](#page=19) [20](#page=20).
### 5.3 La réfutation de l'empirisme par l'analyse du morceau de cire
Pour combattre le préjugé de la primauté des choses matérielles, Descartes adopte provisoirement la thèse empiriste et analyse un morceau de cire [20](#page=20).
#### 5.3.1 L'expérience sensible du morceau de cire
Initialement, la cire présente des qualités sensibles: odeur, forme, taille, couleur, contact, et potentiellement un son. L'empirisme suggère que la connaissance de ce morceau de cire provient de la perception sensible [20](#page=20).
#### 5.3.2 La métamorphose et l'insuffisance des sens
Après échauffement, la cire fondue perd toutes ses caractéristiques sensibles initiales (saveur, odeur, aspect, contact, son). Si la connaissance était purement sensible, la cire fondue ne serait pas la même chose que la cire non fondue. Cependant, personne ne nie qu'il s'agisse du même morceau de cire, simplement dans un état différent. Les qualités sensibles n'étaient que des indices pour identifier la cire, pas son essence, car leur transformation n'abolit pas la cire elle-même. L'empirisme est donc réfuté: la connaissance des corps ne passe pas uniquement par les sens [20](#page=20) [21](#page=21).
#### 5.3.3 Le rôle de l'entendement
L'imagination, bien qu'elle puisse appréhender des formes (carré, triangle), ne peut saisir ce qui est leur condition: l'étendue, la flexibilité, la mutabilité. La cire possède une capacité infinie de changement de forme. L'imagination, incapable d'accéder à l'infini sans le dénaturer, est disqualifiée [21](#page=21).
La seule faculté capable d'appréhender l'identité de la cire, notamment sa propriété d'occuper un espace non déterminé et variable à l'infini, est l'entendement. L'entendement conçoit abstraitement les propriétés physiques, comme l'étendue. Percevoir correctement l'identité de la cire sous ses apparences changeantes est un acte de pensée, une inspection de l'esprit, qui a toujours été un acte de l'entendement. Percevoir, c'est juger et être actif, et non recevoir passivement des impressions sensibles [21](#page=21).
#### 5.3.4 Le langage et le jugement
Descartes met en évidence que le langage entretient l'illusion que la perception sensible est uniquement l'œuvre des sens. Dire que l'on "voit" la cire changer d'état masque le jugement impliqué. Il utilise l'exemple des silhouettes dans la rue: nous disons "voir des hommes", mais en réalité nous jugeons qu'il s'agit d'hommes à partir de quelques signes (chapeaux, manteaux), car seuls ces éléments sont perçus. La pensée interprète les informations des sens. "Faire savoir, c'est juger" [21](#page=21).
### 5.4 La subjectivité et le risque du solipsisme
Le sujet pensant, individualisé, risque de tomber dans le solipsisme: ne concevoir d'autre réalité que soi-même. Le solipsisme est l'attitude où la conscience propre est l'unique réalité, le monde extérieur et les autres consciences n'étant que des représentations. La conscience est souveraine mais semble seule et enfermée. La subjectivité est donc posée par Descartes comme un fait primitif, une première certitude [22](#page=22).
### 5.5 La reconstruction du savoir
#### 5.5.1 La primauté de l'esprit sur le corps
Le langage peut induire en erreur, car la connaissance des choses extérieures suppose toujours l'intervention de l'esprit. Puisque l'entendement est la condition de possibilité de la connaissance des choses extérieures et que toute idée d'une chose autre que soi suppose l'esprit, l'esprit est nécessairement plus facile à connaître que le corps. Descartes décide d'analyser son intériorité plutôt que l'extériorité [22](#page=22).
#### 5.5.2 La déduction de l'existence de Dieu et du monde
En analysant le moi pensant, Descartes retrouve l'existence de choses extérieures, notamment l'idée d'infini, dont il ne peut être l'auteur. Il affirme l'existence de Dieu comme cause infinie de cette idée. Il analyse ensuite le problème de l'erreur pour montrer que Dieu n'est pas trompeur et que l'erreur humaine résulte d'un défaut de jugement. Il déduit ensuite l'existence des choses matérielles [22](#page=22).
#### 5.5.3 La conception de l'homme comme sujet souverain
Le corps est conçu comme une chose étendue, une machine, et l'âme comme un pilote. La question de l'union âme-corps est abordée. Descartes a déduit le moi à partir de sa certitude première, puis une autre existence à partir de son intériorité, et enfin le monde à partir de l'existence de Dieu. Ce cheminement fonde la théorie de l'homme comme "homme souverain", une personne conçue avec une intériorité et une capacité de prise de conscience de soi. Cette conscience de soi, la "conscience intime de soi", est une force immédiate de confiance en soi, par opposition à la conscience médiate. Elle est considérée comme une faculté fondatrice sur laquelle s'édifie la personne humaine. L'inconscient psychique, théorisé par Freud, représente le territoire de l'intériorité qui échappe à cette conscience intime de soi [22](#page=22) [23](#page=23).
> **Tip:** L'analyse de la cire est cruciale car elle illustre le passage de la connaissance sensible, qui est trompeuse et changeante, à la connaissance intellectuelle, qui saisit l'essence immuable des choses. Elle permet de discréditer l'empirisme et de valoriser l'entendement comme faculté première de connaissance.
>
> **Tip:** La distinction entre "conscience intime de soi" (immédiate, interne) et "conscience de soi médiate" (qui passe par des actions ou des représentations) est importante pour comprendre la subjectivité chez Descartes et ses prolongements.
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Terme | Définition |
| Méthode Cartésienne | Ensemble de règles et de principes établis par René Descartes pour guider la raison dans la recherche de la vérité scientifique. Elle vise à éviter l'erreur et à accroître la connaissance en s'appuyant sur la clarté et la distinction des idées. |
| Fondements Métaphysiques | Les principes premiers et les causes premières qui sous-tendent la méthode cartésienne et l'ensemble du savoir. La métaphysique, chez Descartes, est comparée aux racines d'un arbre, fournissant la base solide sur laquelle repose tout l'édifice de la connaissance. |
| Principe d'Évidence | Première règle de la méthode cartésienne, qui stipule de ne se fier qu'aux idées perçues par l'esprit avec clarté et distinction. Une idée est claire lorsqu'on en est conscient et distincte lorsqu'elle est différenciée de toutes les autres. |
| Règle de l'Analyse | Deuxième règle de la méthode cartésienne, qui consiste à diviser un problème complexe en autant de parties plus simples que possible afin de faciliter leur résolution individuelle. |
| Règle de la Synthèse | Troisième règle de la méthode cartésienne, qui prescrit de commencer par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître avant de passer aux objets plus composés, suivant un ordre d'ascension de l'échelle du savoir. |
| Règle du Dénombrement | Quatrième règle de la méthode cartésienne, qui vise à éviter toute omission en s'assurant que tous les éléments et propositions sont comptés et examinés dans une série ordonnée, du simple au composé. |
| Sujet Souverain | Conception cartésienne de l'être humain comme un sujet autonome et pensant, dont l'existence du moi intérieur est la condition nécessaire à l'exercice de toute pensée. Cette théorie a marqué une rupture dans la compréhension de la réalité humaine. |
| Doute Hyperbolique | Méthode de doute volontaire, radicale et méthodique employée par Descartes pour parvenir à des vérités absolument certaines. Il s'agit de rejeter systématiquement toute idée dont le fondement est douteux, même si elle est probable. |
| Évidence Sensible | La perception immédiate des choses par les sens. Descartes remet en question cette source d'idées, la considérant comme potentiellement trompeuse et source d'erreurs, notamment à cause des illusions d'optique. |
| Doute méthodique | Démarche philosophique volontaire, radicale et ordonnée mise en œuvre par Descartes pour parvenir à une science absolument certaine en rejetant systématiquement toutes les idées potentiellement fausses ou douteuses. |
| Certitude | État de connaissance où l'on est absolument assuré de la vérité d'une proposition, considéré par Descartes comme l'objectif ultime de sa démarche philosophique. |
| Argument d'autorité | La croyance en la vérité de ce qui est appris par ouï-dire ou par la lecture, rejetée par Descartes car elle repose sur des fondements potentiellement douteux. |
| Illusion d'optique | Phénomène où les sens nous présentent une perception erronée de la réalité, utilisé par Descartes comme exemple pour illustrer le caractère trompeur des perceptions sensibles. |
| Argument du rêve | Hypothèse cartésienne qui met en doute la distinction entre l'état de veille et l'état de rêve, suggérant que toutes nos expériences pourraient n'être que des illusions oniriques. |
| Mauvais génie (ou Malin génie) | Fiction métaphysique introduite par Descartes pour radicaliser le doute, imaginant un être tout-puissant et trompeur qui pourrait nous faire croire à des vérités fausses. |
| Chose qui pense (ou Cogito) | La première vérité indubitable découverte par Descartes : "Je pense, donc je suis". Elle désigne l'essence de l'être humain comme une entité dont la seule certitude est l'existence lorsqu'elle pense. |
| Imagination | Faculté de se représenter des choses de manière sensible, considérée par Descartes comme liée au corps et à la sensation, et donc incapable d'appréhender la nature certaine de la chose qui pense. |
| Conscience | La connaissance immédiate et certaine du fait de penser, qui accompagne toutes les opérations de la pensée et constitue un aspect fondamental de la chose qui pense. |
| Science démonstrative | Mode de savoir supérieur qui prend la forme d'un système déductif fondé sur des principes vrais, antérieurs et causes des conclusions qui en sont tirées. Elle vise à établir le caractère nécessairement vrai d'une conclusion. |
| Prémisses | Propositions de départ d'un raisonnement logique ou d'une démonstration. La véracité de la conclusion dépend de la véracité des prémisses. |
| Conclusion valide | Résultat d'un raisonnement logique qui découle nécessairement des prémisses, indépendamment de la vérité matérielle de ces prémisses. |
| Conclusion matériellement fausse | Conclusion d'un raisonnement valide qui n'est pas conforme à la réalité, car au moins une de ses prémisses est fausse. |
| Régression infinie | Processus où une proposition dépend d'une autre, qui dépend à son tour d'une autre, sans jamais atteindre un point de départ solide, rendant impossible toute démonstration achevée. |
| Principes immédiats | Premiers principes de la science qui ne peuvent pas être démontrés, car ils constituent le point de départ de toute démonstration. Leur connaissance est acquise par une autre voie que la démonstration. |
| Induction | Processus par lequel l'esprit passe de la connaissance des cas particuliers à la connaissance de l'universel. C'est la voie d'accès aux principes premiers de la science. |
| Universel | Ce qui s'applique à tous les cas, de manière constante et partout. L'induction permet d'accéder à la connaissance de l'universel à partir de la sensation et de l'expérience des cas particuliers. |
| Sensation | Point de départ de l'induction, elle nous fait connaître les cas particuliers. Elle nécessite la présence d'un corps pour fonctionner. |
| Expérience | Résultat de la répétition des souvenirs d'une même chose. Elle est une étape intermédiaire entre la mémoire et l'accès à l'universel par l'induction. |
| Empirisme | Courant philosophique qui place l'origine de la connaissance dans les informations provenant de l'expérience sensible, par opposition aux idées innées. |
| Âme | Principe vital des êtres vivants, conçu par Aristote comme la forme d'un corps qui possède potentiellement la vie. Elle est indissociable du corps et le fait vivre. |
| Dieu trompeur | Hypothèse métaphysique introduite pour douter de la certitude rationnelle elle-même, suggérant qu'une cause moins parfaite pourrait être à l'origine de notre être. |
| Mauvais génie | Fiction métaphysique utilisée comme un outil de doute radical, permettant de remettre en question l'ensemble de nos croyances et perceptions sur une durée prolongée. |
| Moi pensant | La certitude fondamentale de l'existence du sujet en tant que condition de toute persuasion, identifié comme une chose qui pense, un esprit, un entendement ou une raison, sans supposer l'existence corporelle. |
| Animal raisonnable | Définition traditionnelle de l'homme, rapidement rejetée car elle multiplie les termes à définir et renvoie à une notion extérieure ("animal") qui reste douteuse. |
| Composé de corps et d'âme | Conception de l'homme où l'âme est vue comme un corps subtil et le corps comme une substance plus dense, une distinction que Descartes évalue à l'aune du doute. |
| Attributs corporels | Toutes les caractéristiques liées au corps, y compris les fonctions de l'âme qui impliquent le corps (motrice, végétative, sensitive), considérées comme douteuses car l'existence du corps est elle-même incertaine. |
| Chose qui pense | L'unique certitude que Descartes conserve après avoir rejeté tout ce qui est corporel ou lié au corps, c'est-à-dire une entité immatérielle dont l'existence est indissociable de l'acte de penser. |
| Morceau de cire | Objet d'analyse utilisé pour tester la thèse empiriste, dont les qualités sensibles (odeur, forme, couleur, contact, son) changent radicalement avec la chaleur, remettant en question la connaissance sensible. |
| Entendement | La faculté de concevoir et de connaître par concepts, de manière abstraite, seule capable d'appréhender les propriétés essentielles et abstraites des choses, comme l'étendue d'un objet. |
| Psyché (Psuché) | Terme grec signifiant "âme" ou "souffle", utilisé pour désigner l'essence de la vie et de la conscience. |
| Logos | Terme grec signifiant "raison", "discours ordonné" ou "théorie", souvent utilisé en combinaison avec "psyché" pour former "psychologie". |
| Épistémologie | L'étude de la science, examinant sa portée, sa valeur et ses fondements, réfléchissant à la validité et à la nature de l'expérience scientifique. |
| Philologie | Discipline académique qui se consacre à la recherche, à la conservation et à l'interprétation des documents écrits, souvent littéraires, d'une langue donnée. |
| Helléniste | Spécialiste de la langue et de la littérature de la Grèce antique, possédant une connaissance approfondie de cette civilisation. |
| Réminiscence (Anamnèse) | Doctrine philosophique, notamment chez Platon, selon laquelle la connaissance est un souvenir d'idées innées que l'âme a contemplées avant son incarnation. |
| Innées (Idées) | Concepts ou principes considérés comme présents dans l'esprit humain dès la naissance, indépendamment de toute expérience sensorielle ou apprentissage. |
| Innétisme | Doctrine philosophique affirmant que certaines structures mentales ou idées sont innées, c'est-à-dire présentes dès la naissance sans être le résultat d'un apprentissage. |
| Vertu (Arété) | En grec, signifie "excellence" ou "capacité à accomplir au mieux une tâche assignée". Dans un sens moral, il s'agit d'une bonne conduite ou d'une qualité morale. |
| Paradoxe de Ménon | Une objection soulevée par le personnage de Ménon, interrogeant la possibilité de chercher ce que l'on ignore, car on ne saurait le reconnaître s'il était trouvé. |
| Éristique | Style d'argumentation visant à contester la thèse de l'adversaire par des procédés rhétoriques et des sophismes, souvent dans le but de gagner une dispute plutôt que de trouver la vérité. |
| Aporie | Situation de blocage ou de difficulté insoluble dans un raisonnement philosophique, un problème qui semble insurmontable. |