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Summary
# Contexte géographique et socio-économique de Cochabamba
Cochabamba se situe dans un cadre géographique andin marqué par une altitude significative, une population importante et des défis socio-économiques profonds, notamment une pauvreté et des inégalités notables, le tout dans un contexte où l'eau revêt une importance culturelle capitale.
### 1.1 Localisation géographique et démographie
Cochabamba est une ville située au centre de la Bolivie nichée dans une vallée fertile. Son altitude s'élève à environ 2 500 mètres. L'aire urbaine compte approximativement 1,5 million d'habitants, ce qui en fait la troisième ville de Bolivie en termes d'importance économique. Géographiquement, la Bolivie se divise en trois grands ensembles: la zone andine et l'Altiplano, les vallées et la zone subandine (où se trouve Cochabamba), et les plaines tropicales. Cette localisation dans les vallées andines favorise l'agriculture, entraîne une forte densité de population et soulève des enjeux majeurs liés à l'eau [1](#page=1).
### 1.2 Situation économique et sociale de la Bolivie
La Bolivie est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud. En 2022, son PIB par habitant était d'environ 3 600 dollars américains, contrastant fortement avec la moyenne sud-américaine qui s'élevait à environ 9 674 dollars américains. L'Indice de Développement Humain (IDH) en 2022 était de 0,698 pour la Bolivie, inférieur à la moyenne sud-américaine de 0,762, positionnant la Bolivie comme l'un des pays avec le plus faible IDH du continent [1](#page=1) [2](#page=2).
Au début des années 2000, environ 65 % de la population bolivienne vivait sous le seuil de pauvreté. Bien qu'une amélioration progressive ait été observée, environ 35 % de la population vit encore dans cette situation aujourd'hui. Malgré cette amélioration, les inégalités sociales demeurent très importantes [2](#page=2).
### 1.3 Composition ethnique et linguistique
La Bolivie se distingue par la plus forte proportion de populations autochtones parmi les États d'Amérique du Sud. Si l'espagnol est parlé par environ 44 % de la population, les langues autochtones sont également très présentes. Le quechua, langue majoritaire à Cochabamba, est un héritage de l'Empire Inca, et la ville se situe au cœur de l'ancien Tahuantinsuyu. La composition ethnique de la population bolivienne inclut environ 30 % de Quechuas, 25 % d'Aymaras, 30 % de Métis et 15 % de Blancs [2](#page=2).
### 1.4 Importance culturelle de l'eau
Le nom de Cochabamba est d'origine quechua: "qucha" signifie lac et "pampa" signifie plaine ou marécage. Historiquement, le site était un quartier de populations autochtones, témoignant d'un lien ancien et symbolique avec l'eau. L'eau à Cochabamba n'est pas seulement une ressource; elle représente un élément culturel, social et identitaire majeur [3](#page=3).
### 1.5 Inégalités d'accès à l'eau
Même avant toute privatisation, l'accès à l'eau à Cochabamba était profondément inégal. L'eau, essentielle pour boire, cuisiner, se laver et pour l'agriculture, y est une ressource rare et mal distribuée. L'accès dépend de manière significative du quartier et du niveau de revenu. Dans le centre-ville et les quartiers favorisés, le raccordement au réseau public est courant, garantissant l'eau courante à un prix relativement faible et avec un accès plus régulier. En revanche, les quartiers périphériques et pauvres souffrent d'un manque ou d'une absence de raccordement, les rendant dépendants de solutions alternatives et confrontés à un accès irrégulier, voire inexistant. Ainsi, l'accès à l'eau devient un marqueur direct des inégalités sociales dans la ville [3](#page=3).
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# Inégalités d'accès à l'eau et causes de la privatisation
Ce chapitre analyse les profondes inégalités d'accès à l'eau à Cochabamba avant la privatisation et détaille les pressions internationales et les réformes structurelles qui ont conduit à cette privatisation.
### 2.1 Cochabamba et l'eau : un contexte de fortes inégalités
Même avant la privatisation, l'accès à l'eau à Cochabamba était marqué par de profondes inégalités socio-spatiales [3](#page=3).
#### 2.1.1 Une ressource vitale mais mal répartie
L'eau, indispensable à la vie (boire, cuisiner, se laver, agriculture), était rare et mal distribuée dans la ville de Cochabamba. L'accès dépendait fortement du quartier et du niveau de revenu [3](#page=3).
#### 2.1.2 Une ville marquée par de fortes inégalités socio-spatiales
* **Centre-ville / Quartiers favorisés**: bénéficiaient d'un raccordement au réseau public, d'une eau courante, d'un prix relativement faible et d'un accès plus régulier [3](#page=3).
* **Quartiers périphériques / pauvres**: souffraient de l'absence ou du peu de raccordement, dépendaient de solutions alternatives, et avaient un accès irrégulier, voire inexistant. L'accès à l'eau devenait ainsi un marqueur d'inégalité sociale [3](#page=3).
#### 2.1.3 Les solutions alternatives à l'eau courante
Dans les quartiers non raccordés, les habitants devaient recourir à des solutions alternatives comme les camions-citernes, les puits privés, les citernes individuelles ou la collecte informelle. Ces solutions étaient plus chères, moins sûres, et souvent de qualité douteuse [4](#page=4).
#### 2.1.4 Une injustice économique très forte
Les ménages pauvres payaient leur eau plus cher pour une qualité moindre, tandis que les ménages riches payaient moins pour une eau potable et régulière. C'est la "double pénalité de la pauvreté": ceux qui ont le moins paient le plus [4](#page=4).
#### 2.1.5 Un État incapable d'assurer un service universel
Le réseau public était incomplet, mal entretenu et sous-financé. Le manque d'investissements publics, combiné à une croissance urbaine rapide, rendait le réseau dépassé. L'État ne parvenait pas à assurer l'accès universel à l'eau [4](#page=4).
#### 2.1.6 L'eau : un enjeu social et politique
Ces conditions ont fait de l'eau une source de tensions, un enjeu de pouvoir et un symbole d'injustice. Les habitants ont développé un fort sentiment d'inégalité et une méfiance envers les autorités, préparant le terrain pour un conflit majeur [5](#page=5).
### 2.2 La privatisation de l'eau : causes et mécanismes
La privatisation du service de l'eau à Cochabamba s'est déroulée dans les années 1990, sous l'impulsion de facteurs économiques et de pressions internationales [5](#page=5).
#### 2.2.1 Le contexte des années 1990 : crise économique et pression internationale
La Bolivie traversait une crise économique avec une dette élevée et un État affaibli financièrement dans les années 1980-1990. L'État cherchait des financements, des investissements étrangers et des solutions "rapides" [5](#page=5).
#### 2.2.2 Le rôle des institutions internationales
Le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont accordé des prêts à la Bolivie. En contrepartie, ils ont imposé des réformes structurelles incluant la réduction du rôle de l'État, les privatisations et l'ouverture aux entreprises étrangères. L'accès à l'eau est ainsi devenu une question économique plutôt que sociale [5](#page=5).
#### 2.2.3 Pourquoi privatiser l'eau ? (logique officielle)
Les arguments avancés par l'État et les institutions pour la privatisation étaient que le service public était jugé inefficace et sous-financé. Les entreprises privées étaient censées investir, moderniser les infrastructures et améliorer la distribution. Sur le papier, cela se présentait comme une solution technique [6](#page=6).
#### 2.2.4 Mise en place de la privatisation à Cochabamba
En 1999, l'État bolivien a privatisé la gestion de l'eau à Cochabamba. Le contrat a été attribué à un consortium privé, Aguas del Tunari, lié à une multinationale étrangère. Le service de l'eau est ainsi passé du public au privé [6](#page=6).
#### 2.2.5 Les conditions du contrat (élément central)
Le contrat prévoyait un monopole total sur l'eau, incluant le contrôle de l'eau potable, des puits et de la distribution. Il incluait également une hausse immédiate des tarifs, affectant même les systèmes communautaires [6](#page=6).
#### 2.2.6 Une décision prise sans la population
Cette décision de privatisation a été prise sans aucune consultation des habitants [6](#page=6).
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# La guerre de l'eau de 2000 : déroulement et issue du conflit
La « guerre de l'eau » à Cochabamba en 2000 fut une révolte populaire née de la privatisation du service de l'eau et de la hausse brutale de ses tarifs, culminant en une confrontation violente avec l'État et se soldant par une victoire pour la population avec l'annulation du contrat de privatisation [7](#page=7) [8](#page=8) [9](#page=9).
### 4.1 Le déclencheur immédiat du conflit
Suite à la privatisation du service de l'eau en 1999, une augmentation drastique des tarifs fut imposée. Pour de nombreux ménages, cette hausse entraînait une augmentation de plus de 50 % de leur facture d'eau. Dans certains cas, le coût de l'eau représentait jusqu'à un quart du revenu mensuel, rendant ce bien vital inaccessible pour une partie de la population [7](#page=7).
### 4.2 Une contestation qui commence localement
Les habitants de Cochabamba protestèrent contre cette hausse des prix, le monopole privé nouvellement établi et la perception d'une confiscation d'un bien essentiel. La mobilisation fut d'abord locale, populaire et spontanée, naissant des réalités de la vie quotidienne [7](#page=7) [8](#page=8).
### 4.3 La coordination de la contestation
Face à cette situation, un acteur central fut créé: la Coordinadora por la Defensa del Agua y de la Vida. Cette coalition regroupait une large diversité d'acteurs, incluant les habitants, des syndicats, des paysans, des organisations autochtones, ainsi que les classes populaires et moyennes. Cette organisation permit à la contestation de devenir structurée et collective [8](#page=8).
### 4.4 Montée en puissance des mobilisations
Les formes de mobilisation se multiplièrent et prirent de l'ampleur, comprenant des manifestations de masse, des grèves, des blocages de routes et l'occupation de l'espace public. Ces actions paralyserent la ville pendant plusieurs semaines [8](#page=8).
### 4.5 Réaction de l'État : répression
Le gouvernement bolivien réagit en déclarant l'état de siège et en déployant l'armée et la police. La répression fut violente, entraînant des affrontements, des arrestations et des blessés [8](#page=8).
### 4.6 Un conflit meurtrier
En avril 2000, la mort d'un jeune manifestant, Victor Hugo Daza, marqua un tournant tragique. Cet événement eut un retentissement considérable, choquant l'opinion publique, l'ensemble du pays et la communauté internationale. La « guerre de l'eau » devint ainsi un symbole national [9](#page=9).
### 4.7 L'extension du conflit à l'échelle nationale et internationale
Le conflit transcenda les limites de Cochabamba, bénéficiant du soutien d'autres villes boliviennes. La médiatisation internationale s'intensifia, et des critiques émergèrent à l'encontre des institutions financières internationales [9](#page=9).
### 4.8 L'issue du conflit : une victoire populaire
En avril 2000, les efforts conjugués aboutirent à l'annulation du contrat de privatisation. Le consortium privé fut contraint de quitter le pays, et la gestion de l'eau revint au secteur public. La population sortit victorieuse de ce bras de fer [9](#page=9).
### 4.9 Pourquoi parle-t-on de « guerre de l'eau » ?
L'expression « guerre de l'eau » fut utilisée pour souligner la violence du conflit, la répression étatique, la mort d'un manifestant et la rupture totale entre l'État et la population. Elle met en exergue l'intensité des affrontements, leur radicalité et l'enjeu vital que représente l'eau pour les populations [9](#page=9).
> **Tip:** Comprendre la « guerre de l'eau » de Cochabamba est essentiel pour saisir les dynamiques de mobilisation sociale autour de la gestion des biens communs et les conséquences de la privatisation des services essentiels. Retenez que la privatisation fut vécue comme une imposition extérieure et une confiscation d'un bien vital, transformant l'eau d'un bien commun en marchandise soumise à une logique de profit incompatible avec les revenus des plus pauvres [7](#page=7).
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# Héritages et signification de la guerre de l'eau
La guerre de l'eau de Cochabamba est étudiée ici pour ses héritages, notamment sa perception comme une victoire symbolique majeure de la société civile, sa portée internationale en tant que symbole de résistance contre la marchandisation de l'eau et son impact politique durable en Bolivie, tout en reconnaissant les problèmes persistants d'accès à l'eau.
## 4. Héritages et signification de la guerre de l'eau
La guerre de l'eau, survenue à Cochabamba, ne fut pas un événement isolé, mais a révélé des inégalités structurelles et anciennes concernant l'accès à l'eau [10](#page=10).
### 4.1 Les inégalités révélées par la guerre de l'eau
Avant même la privatisation, l'accès à l'eau était déjà très inégal. La privatisation a exacerbé ces inégalités, et même après la guerre de l'eau, certaines disparités persistent. Il est crucial de comprendre que la guerre de l'eau n'a pas créé ces inégalités, mais les a rendues visibles [10](#page=10).
#### 4.1.1 Inégalités socio-spatiales dans la ville
La géographie urbaine reflétait la géographie des inégalités. Les quartiers centraux et aisés bénéficiaient d'un raccordement au réseau public, d'eau potable, d'un accès régulier et à un prix plus bas. À l'inverse, les quartiers périphériques et populaires étaient caractérisés par un faible raccordement, une dépendance à des solutions informelles, une eau plus chère et un accès irrégulier [10](#page=10).
#### 4.1.2 Systèmes communautaires d'accès à l'eau
Dans de nombreux quartiers, des systèmes communautaires de gestion de l'eau, tels que des puits collectifs et des réseaux auto-organisés, étaient essentiels. Ces systèmes étaient adaptés aux réalités locales et peu coûteux, mais la privatisation les menaçait directement [10](#page=10) [11](#page=11).
#### 4.1.3 La logique économique face à la réalité sociale
L'entreprise privée opère selon une logique de rentabilité et de profit. Les habitants, quant à eux, raisonnent en termes de besoin vital et de survie quotidienne. Ce conflit de logique oppose une logique marchande à une logique sociale [11](#page=11).
#### 4.1.4 L'eau : bien commun ou marchandise ?
L'opposition entre la vision des habitants, qui considèrent l'eau comme un bien commun, une ressource vitale et un droit fondamental, et la vision du modèle néolibéral, qui la voit comme une marchandise, un service à payer et une source de profit, est au cœur de la guerre de l'eau [11](#page=11).
#### 4.1.5 L'impact sur les plus pauvres
Les ménages pauvres étaient particulièrement touchés, payant plus cher pour une eau de moindre qualité, tandis que les ménages riches payaient moins pour une eau potable et régulière. La phrase clé à retenir est que « Ceux qui ont le moins paient le plus » [11](#page=11) [12](#page=12).
#### 4.1.6 Ce que révèle la guerre de l'eau
La guerre de l'eau a mis en lumière la faiblesse de l'État, les inégalités socio-spatiales, l'exclusion des populations pauvres et la déconnexion entre les décisions politiques et les réalités locales. Elle fut un révélateur social [12](#page=12).
### 4.2 Mobilisations sociales et répression en Amérique du Sud
La guerre de l'eau de Cochabamba s'inscrit dans une dynamique continentale de mobilisations sociales contre l'accaparement des ressources [12](#page=12).
#### 4.2.1 Un mouvement de contestation de la société civile
À Cochabamba, il s'agissait d'une mobilisation populaire, collective et interclassiste, réunissant habitants, syndicats, paysans, populations autochtones et classes moyennes. La contestation venait « d’en bas », et non des élites politiques [12](#page=12).
#### 4.2.2 Un schéma récurrent en Amérique du Sud
Un schéma récurrent en Amérique du Sud implique: 1. Une ressource essentielle (eau, pétrole, minerais); 2. Une décision politique imposée (privatisation, concession); 3. L'exclusion ou la marginalisation des populations; 4. Une mobilisation sociale; 5. La répression par l'État [13](#page=13).
#### 4.2.3 Mobilisations liées à l'accaparement des ressources
Ces mobilisations s'inscrivent dans des luttes contre la privatisation, l'extractivisme et l'appropriation des ressources par des acteurs privés ou étrangers. L'eau, tout comme le cuivre ou le pétrole, devient un enjeu de pouvoir [13](#page=13).
#### 4.2.4 Répression étatique comme réponse fréquente
Face aux mobilisations, l'État répond souvent par la violence, utilisant la police, l'armée, ou décrétant l'état d'urgence ou de siège. Cependant, la répression renforce souvent la détermination des populations [13](#page=13).
#### 4.2.5 Comparaisons avec d'autres luttes
Des comparaisons peuvent être faites avec le projet minier Mirador en Équateur (cuivre, acteurs étrangers, populations autochtones mobilisées, répression) et l'exploitation aurifère de Yanacocha au Pérou (multinationales, mobilisations contre les extensions minières, massacre de Bagua). Ces cas illustrent la même logique: ressources → décisions imposées → résistances → répression [13](#page=13) [14](#page=14).
#### 4.2.6 Spécificité de Cochabamba
Cochabamba se distingue par sa mobilisation victorieuse et l'annulation de la privatisation, constituant un rare exemple où la société civile a gagné contre l'État et une multinationale. Cochabamba est ainsi devenue un symbole international de résistance [14](#page=14).
#### 4.2.7 Rôle central des populations autochtones
Les populations autochtones sont souvent les premières touchées et les premières à se mobiliser pour défendre leur territoire, leurs ressources et leur mode de vie. Leur lutte combine des dimensions sociale, culturelle et politique [14](#page=14).
### 4.3 La mémoire de la guerre de l'eau et ses héritages
La guerre de l'eau a laissé des traces durables au-delà de l'année 2000 [14](#page=14).
#### 4.3.1 Une victoire symbolique majeure
La guerre de l'eau est largement perçue comme une victoire de la société civile contre l'État et une multinationale, un événement rare en Amérique du Sud où une privatisation a été annulée sous la pression populaire. Cette victoire a conféré légitimité aux mobilisations sociales et a donné de l'espoir à d'autres luttes [14](#page=14) [15](#page=15).
#### 4.3.2 Cochabamba comme symbole international
La guerre de l'eau est devenue un cas d'école et un symbole des luttes contre la marchandisation de l'eau. Elle est citée dans les milieux militants, par des ONG et dans les débats sur le droit à l'eau [15](#page=15).
#### 4.3.3 L'eau reconnue comme un bien commun
Suite à Cochabamba, l'idée que l'eau est un bien commun s'est renforcée, marquant une opposition claire à l'eau-marchandise et à une gestion uniquement privée. La guerre de l'eau a nourri le débat sur le droit universel à l'eau [15](#page=15).
#### 4.3.4 Héritages politiques en Bolivie
La guerre de l'eau a contribué à une prise de conscience politique et à une remise en cause du modèle néolibéral en Bolivie. Elle a préparé le terrain à l'arrivée de gouvernements plus critiques des privatisations et à une revalorisation du rôle de l'État. Cochabamba a marqué un tournant politique [15](#page=15).
#### 4.3.5 Limites et problèmes persistants
Malgré la victoire, l'accès à l'eau est resté inégal, le réseau insuffisant et la gestion publique manquait de moyens. La guerre de l'eau n'a pas réglé tous les problèmes structurels. Il est important de noter que la victoire politique ne constitue pas une solution technique complète [15](#page=15) [16](#page=16).
#### 4.3.6 Lien avec les autres cours
La guerre de l'eau partage des similarités avec les cas de Mirador (Équateur) et Yanacocha (Pérou) concernant l'accaparement de ressources, les populations mobilisées, les conflits socio-environnementaux, et les violences et répressions. Les parallèles avec le Venezuela, touché par la dépendance aux ressources, la mauvaise gouvernance et une crise humaine et politique, sont également pertinents. Ces cours montrent collectivement les conséquences de la gestion inégalitaire des ressources [16](#page=16).
#### 4.3.7 Ce que montre la guerre de l'eau, au fond
La guerre de l'eau démontre que les ressources vitales ne sont pas neutres et constituent des enjeux de pouvoir. Elle prouve que les populations ne sont pas passives et peuvent s'organiser et résister. Les conflits révèlent les inégalités et remettent en cause les modèles de développement. L'eau devient un révélateur des rapports de force sociaux et politiques [16](#page=16) [17](#page=17).
#### 4.3.8 Synthèse finale
Cochabamba, ville pauvre et inégalitaire, a connu un accès à l'eau très inégal, une privatisation imposée entraînant une hausse des prix, une mobilisation populaire massive suivie d'une répression, puis l'annulation de la privatisation. Cela a résulté en une victoire symbolique et un héritage politique et militant durable [17](#page=17).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| PIB/habitant | Produit Intérieur Brut par habitant, indicateur économique mesurant la richesse moyenne d'un pays par personne. Il est calculé en divisant le PIB total d'un pays par sa population totale. |
| IDH | Indice de Développement Humain, indicateur composite qui mesure le niveau de développement d'un pays en combinant trois dimensions clés : la santé (espérance de vie), l'éducation (durée moyenne et attendue de scolarisation) et le niveau de vie (revenu national brut par habitant). |
| Seuil de pauvreté | Niveau de revenu en dessous duquel une personne ou un ménage est considéré comme vivant dans la pauvreté, ne disposant pas des ressources suffisantes pour satisfaire ses besoins fondamentaux. |
| Population autochtone | Ensemble des populations originaires d'un territoire avant l'arrivée de populations allochtones, et qui conservent une identité culturelle, sociale et politique distincte. |
| Quechua | Langue amérindienne parlée par de nombreuses communautés dans la région andine d'Amérique du Sud, notamment en Bolivie, Pérou et Équateur. Elle est un héritage de l'Empire Inca. |
| Tahuantinsuyu | Nom en langue quechua pour désigner l'Empire Inca, qui s'étendait sur une vaste partie de l'Amérique du Sud. |
| Métis | Personne issue d'une union entre des individus de différentes origines ethniques, le plus souvent une combinaison d'Européens et d'Amérindiens en Amérique latine. |
| Eau courante | Eau acheminée par un réseau de distribution jusqu'aux robinets des habitations, permettant un accès direct et continu à l'eau potable. |
| Quartiers périphériques | Zones résidentielles situées en marge des centres urbains, souvent moins développées et moins bien équipées en infrastructures que les zones centrales. |
| Camions-citernes | Véhicules équipés de réservoirs pour le transport et la distribution d'eau, utilisés lorsque les réseaux de distribution publics sont défaillants ou inexistants. |
| Puits privés | Forages individuels réalisés par des particuliers pour accéder à l'eau souterraine, souvent en l'absence de service public. |
| Citernes individuelles | Réservoirs privés installés pour stocker l'eau, soit collectée par des moyens alternatifs, soit fournie par des livraisons. |
| Collecte informelle | Pratiques non réglementées pour obtenir de l'eau, comme le détournement de sources ou la récupération d'eau de pluie, souvent dans des zones non desservies par les services publics. |
| Service universel | Principe selon lequel un service essentiel, comme l'eau potable, doit être accessible à l'ensemble de la population, indépendamment de sa localisation géographique ou de son revenu. |
| FMI | Fonds Monétaire International, institution financière internationale qui fournit des prêts aux pays en difficulté économique en échange de réformes structurelles. |
| Banque Mondiale | Organisation internationale qui accorde des prêts et des dons aux pays en développement pour financer des projets d'investissement et de développement. |
| Réformes structurelles | Modifications profondes apportées aux politiques économiques et institutionnelles d'un pays, souvent demandées par les institutions financières internationales, visant à améliorer l'efficacité et la compétitivité de l'économie. |
| Consortium privé | Groupement d'entreprises indépendantes qui s'associent pour réaliser un projet spécifique, partageant ainsi les risques et les bénéfices. |
| Multinationales | Entreprises dont les activités s'étendent sur plusieurs pays, possédant des filiales et des opérations dans différentes nations. |
| Monopole | Situation où une seule entreprise ou entité contrôle l'ensemble de l'offre d'un bien ou d'un service sur un marché donné, sans concurrence. |
| Biens communs | Ressources naturelles ou culturelles partagées et gérées collectivement par une communauté, considérées comme appartenant à tous et devant être préservées pour les générations futures. |
| Marchandise | Bien ou service produit dans le but d'être échangé sur un marché et dont la valeur est déterminée par l'offre et la demande. |
| Coordinadora por la Defensa del Agua y de la Vida | Organisation collective créée à Cochabamba pour défendre l'accès à l'eau et le droit à la vie, regroupant diverses associations et syndicats. |
| État de siège | Mesure d'exception décrétée par un gouvernement en cas de grave menace pour la sécurité publique, permettant de suspendre certaines libertés civiles et de déléguer des pouvoirs spéciaux aux autorités militaires. |
| Extractivisme | Modèle de développement économique basé sur l'extraction intensive de ressources naturelles (minerais, hydrocarbures, produits agricoles) pour l'exportation, souvent au détriment de l'environnement et des populations locales. |
| Accaparement des ressources | Acquisition ou contrôle excessif et souvent exclusif de ressources naturelles par des acteurs privés ou étrangers, limitant l'accès des communautés locales et du reste de la population. |
| Conflits socio-environnementaux | Tensions et oppositions générées par l'impact des activités humaines sur l'environnement et les ressources naturelles, affectant les populations locales et leurs modes de vie. |
| Droit à l'eau | Reconnaissance de l'eau comme un droit humain fondamental, impliquant un accès suffisant, sûr, abordable et régulier à l'eau potable pour tous. |
| Gouvernance | Manière dont une société est dirigée, englobant les institutions, les processus et les relations par lesquels les décisions sont prises et mises en œuvre. |
| Rapports de force | Relations de pouvoir et d'influence entre différents acteurs sociaux, politiques ou économiques, déterminant la répartition des ressources et la prise de décision. |