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Summary
# Les origines et l'évolution de la psychologie
Ce sujet explore les fondements philosophiques de la psychologie, l'impact de la théorie de l'évolution de Darwin et l'établissement de la psychologie comme discipline scientifique expérimentale par Wundt.
### 1.1 Les origines philosophiques
Le terme "psychologie" dérive des mots grecs "psukhê" (âme) et "logos" (discours, logique). Historiquement, la psychologie s'est nourrie des réflexions philosophiques, notamment autour du dualisme des substances, qui distingue le corps matériel de l'esprit ou de l'âme immatérielle [1](#page=1).
#### 1.1.1 Platon et l'innéisme
Platon a avancé la théorie de l'innéisme, suggérant que l'âme possède intrinsèquement toutes les connaissances dès la naissance. L'apprentissage est alors conceptualisé comme un processus de réminiscence, c'est-à-dire le souvenir de connaissances préexistantes. Cette perspective s'oppose fondamentalement à l'empirisme, qui postule que tout savoir est acquis par l'expérience. L'allégorie de la caverne illustre cette idée, affirmant que notre perception est limitée et que la véritable connaissance se situe au-delà des apparences. Platon proposait également la méthode de l'introspection, consistant à observer et analyser ses propres pensées et émotions [1](#page=1).
### 1.2 L'influence de Darwin et la psychologie comparée
L'œuvre de Charles Darwin, particulièrement sa théorie de l'évolution publiée en 1859, a exercé une influence considérable sur la psychologie. Sa théorie postule que les espèces évoluent au fil du temps par le biais de la sélection naturelle (survie des plus adaptés) et de la sélection sexuelle (compétition intra-espèce). L'idée clé qui a émergé est la continuité psychologique entre les animaux et les humains, posant ainsi les bases de la psychologie comparée. L'influence de Darwin a perduré pendant environ 70 ans, bénéficiant de son prestige même en l'absence de preuves psychologiques directes dans un premier temps [1](#page=1).
### 1.3 Wilhelm Wundt et l'établissement de la psychologie expérimentale
Wilhelm Wundt est considéré comme le père de la psychologie expérimentale, ayant fondé le premier laboratoire de psychologie expérimentale en Allemagne en 1879. Son objectif principal était d'établir des lois générales du fonctionnement mental à travers des données expérimentales rigoureuses. Ce développement marque le passage de la philosophie de l'esprit à la psychologie en tant que science expérimentale autonome [1](#page=1).
> **Tip:** La création du laboratoire par Wundt est souvent citée comme l'acte fondateur marquant la naissance officielle de la psychologie comme science indépendante.
### 1.4 Le behaviorisme
Le behaviorisme, initié par John B. Watson en 1913, représente une rupture radicale avec les approches antérieures. Cette école de pensée se concentre exclusivement sur l'étude des comportements observables, rejetant l'analyse des états mentaux. Les postulats centraux du behaviorisme sont que tout comportement est appris (une vision radicalement empiriste, considérant l'esprit comme une "tabula rasa" ou table rase) et que le modèle animal est pertinent pour le contrôle des expériences [1](#page=1).
> **Example:** L'expérience du "Petit Albert" par Watson est un exemple paradigmatique du behaviorisme, illustrant comment la peur peut être conditionnée chez un enfant par l'association d'un stimulus neutre (un rat) avec un stimulus aversif (un bruit fort), entraînant une généralisation de la peur [1](#page=1).
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# Le béhaviorisme et sa transition vers le cognitivisme
Ce chapitre analyse les principes fondamentaux du béhaviorisme, incluant le conditionnement classique et opérant, et examine les expériences clés qui ont initié le passage vers le cognitivisme par l'introduction des représentations mentales [2](#page=2) [3](#page=3).
### 2.1 Le béhaviorisme : une approche centrée sur l'observable
Le béhaviorisme, théorisé par John B. Watson en 1913, se définit comme l'étude exclusive des comportements observables, excluant ainsi l'analyse des états mentaux. Cette approche représente une rupture radicale avec la philosophie et la méthode de l'introspection [1](#page=1).
Les postulats centraux du béhaviorisme sont les suivants :
* **Empirisme total:** Tout comportement est appris, l'individu naissant comme une *tabula rasa* (table rase). La citation de Watson "Donnez moi une douzaine d'enfants, je peux en faire n'importe quel spécialiste" illustre cette conviction [1](#page=1) [2](#page=2).
* **Utilisation du modèle animal:** Les expériences menées sur des animaux sont jugées pertinentes pour comprendre et contrôler les comportements humains. L'expérience du "Petit Albert", montrant le conditionnement de la peur par association d'un rat et d'un bruit fort, en est un exemple [1](#page=1).
#### 2.1.1 Le conditionnement classique
Développé par Ivan Pavlov, le conditionnement classique étudie comment des comportements réflexes peuvent être acquis par association [2](#page=2).
* **Principe:** Un stimulus inconditionnel (SI, ex: nourriture) provoque une réponse inconditionnelle (RI, ex: salivation). Un stimulus neutre (SN, ex: cloche) répété en association avec le SI finit par devenir un stimulus conditionné (SC) qui provoque une réponse conditionnée (RC, ex: salivation à la cloche) [2](#page=2).
> **Tip:** Le conditionnement classique explique l'apprentissage de réponses automatiques et émotionnelles.
#### 2.1.2 Le conditionnement opérant
Développé initialement par Thorndike et approfondi par Skinner, le conditionnement opérant se concentre sur l'apprentissage par les conséquences des comportements [2](#page=2).
* **Loi de l'effet (Thorndike, 1898):** Un comportement suivi d'une conséquence agréable est renforcé et plus susceptible d'être répété. Un comportement suivi d'une conséquence désagréable est évité. L'apprentissage par essais et erreurs, observé chez des chats dans des boîtes à problèmes, en est une illustration [2](#page=2).
* **Skinner:** Il a formalisé le conditionnement opérant avec la "boîte de Skinner", en utilisant le renforcement (positif ou négatif) et la punition pour moduler les comportements de rats et de pigeons. Skinner a avancé que même des comportements complexes, comme le langage, pouvaient être expliqués par des mécanismes d'apprentissage [2](#page=2).
* **Névrose expérimentale:** Skinner a également démontré qu'il était possible de déconstruire des comportements appris [2](#page=2).
> **Example:** Un enfant qui reçoit des éloges après avoir rangé sa chambre (renforcement positif) est plus susceptible de recommencer ce comportement.
#### 2.1.3 Limites du béhaviorisme
Le béhaviorisme a été critiqué pour son incapacité à expliquer les processus internes et mentaux, se limitant à une description des stimuli et des réponses [2](#page=2).
### 2.2 La transition vers le cognitivisme
La transition du béhaviorisme au cognitivisme s'est opérée par l'introduction des représentations mentales (RM) comme médiatrices entre le stimulus (S) et la réponse (R). Le modèle béhavioriste $S \rightarrow R$ est remplacé par le modèle cognitiviste $S \rightarrow RM \rightarrow R$ [2](#page=2).
#### 2.2.1 Expériences révélatrices
Plusieurs expériences ont mis en évidence l'existence de processus cognitifs internes, remettant en question les postulats béhavioristes stricts.
* **Expérience de Hunter:** Une souris apprenait à mémoriser la localisation d'une récompense grâce à un signal lumineux, démontrant une capacité de mémorisation différée et donc une représentation mentale. Le rat a construit une représentation mentale de la porte contenant la récompense [2](#page=2) [3](#page=3).
* **Expériences à l'Université de Yale:** Des rats s'immobilisaient au son associé à un choc électrique, même sans l'avoir expérimenté directement. Cela suggère une inférence mentale, prouvant que l'apprentissage ne se limite pas au vécu direct [3](#page=3).
* **Edward Tolman:** Ses expériences dans des labyrinthes ont introduit le concept de "carte cognitive", une représentation mentale de l'environnement. Il a également mis en évidence l'apprentissage latent: des rats exploraient un labyrinthe sans récompense, mais montraient des performances immédiates une fois la récompense introduite, suggérant un apprentissage "caché" [3](#page=3).
> **Tip:** Ces expériences montrent que les animaux ne sont pas de simples automates réagissant aux stimuli, mais qu'ils construisent et utilisent des représentations internes du monde.
* **Harlow et la remise en cause du béhaviorisme:** L'idée que le renforcement ne fait que révéler ce qui a été acquis, plutôt que de créer l'apprentissage, a également contribué à cette remise en cause [3](#page=3).
#### 2.2.2 L'étude du langage
Les travaux de linguistes et psychologues ont également soulevé des questions fondamentales pour le béhaviorisme.
* **Noam Chomsky:** Il a introduit le concept de "pauvreté du stimulus", arguant que la richesse des productions linguistiques d'un enfant ne peut être expliquée par la seule exposition à un environnement linguistique limité. Chomsky postule l'existence de structures innées permettant de générer spontanément du langage, suggérant que le langage n'est pas uniquement appris [3](#page=3).
* **Albert Bandura et l'apprentissage social:** L'expérience de la poupée Bobo a démontré que les enfants reproduisent des comportements agressifs observés chez les adultes, même en l'absence de récompense ou de punition directe. Ceci a conduit à l'introduction de l'apprentissage vicariant (ou observationnel) [3](#page=3).
> **Example:** Un enfant qui observe son parent lire des livres peut développer un intérêt pour la lecture, même sans être explicitement encouragé à le faire.
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# La mémoire et l'attention : modèles et études
La mémoire et l'attention sont des processus cognitifs interdépendants qui permettent l'acquisition, le stockage et la récupération de l'information, ainsi que la sélection de stimuli pertinents dans un environnement donné.
### 3.1 Le modèle standard de la mémoire
Le modèle standard décrit la mémoire comme une chaîne de traitement séquentielle comprenant trois étapes principales [4](#page=4):
* **Encodage:** Il s'agit du traitement initial de l'information, qui requiert de l'attention [4](#page=4).
* **Stockage:** Il correspond au maintien de l'information en mémoire à plus long terme [4](#page=4).
* **Récupération:** C'est le processus de rappel de l'information qui a été stockée [4](#page=4).
Ce modèle propose une architecture où les informations transitent par différents registres: Stimulus $\rightarrow$ Registre sensoriel (mémoire tampon) $\rightarrow$ Mémoire à court terme (encodage, stockage, récupération) $\rightarrow$ Mémoire à long terme [4](#page=4).
### 3.2 Recherches sur l'attention sélective
L'attention sélective est la capacité à se focaliser sur une source d'information spécifique tout en ignorant les autres distractions.
#### 3.2.1 L'effet cocktail party
Proposé par Colin Cherry en 1963, l'effet cocktail party a été mis en évidence par des expériences d'écoute dichotique. En présentant deux messages simultanément dans chaque oreille d'un casque, Cherry a observé que les individus pouvaient choisir de se concentrer sur un seul message et d'ignorer l'autre. Cette observation a souligné l'existence d'un filtre attentionnel [4](#page=4).
#### 3.2.2 Le modèle du filtre sélectif
Donald Broadbent a développé en 1958 le modèle du filtre sélectif, qui fut la première modélisation cognitive de l'attention. L'idée centrale est que la pensée est séquentielle, traitant une information à la fois [4](#page=4).
Ce modèle postule l'existence de mémoires tampons servant de stockage temporaire d'informations. Un filtre attentionnel sélectionne ensuite les informations pertinentes pour les transmettre à la mémoire à court terme, tandis que les autres informations sont inhibées [4](#page=4).
### 3.3 Les différents types de mémoire
Le document décrit plusieurs types de mémoire, distingués par leur durée de rétention, leur capacité et leur nature.
#### 3.3.1 La mémoire sensorielle
La mémoire sensorielle est une mémoire tampon qui maintient brièvement l'information avant qu'elle ne soit effacée. George Sperling a démontré son existence en 1960 avec une expérience présentant brièvement (50 ms) des lignes de consonnes. Les participants devaient rappeler la ligne correspondant à un son associé. Tant que le délai entre l'image et le son était inférieur à 300 ms, le rappel était correct, indiquant une trace visuelle sensorielle de courte durée [4](#page=4).
#### 3.3.2 La mémoire à court terme (MCT)
La mémoire à court terme a une capacité limitée et est fragile. L'effet de récence, observé dans les tâches de rappel libre (où les derniers mots d'une liste sont bien rappelés car encore actifs dans la MCT), illustre cette caractéristique. Si une tâche interférente vient occuper la MCT, ces informations sont perdues [4](#page=4).
#### 3.3.3 La mémoire à long terme (MLT)
La mémoire à long terme permet un stockage plus durable des informations. L'effet de primauté, où les premiers mots d'une liste sont mieux rappelés grâce à la répétition qui favorise le stockage en MLT, met en évidence cette distinction avec la MCT [4](#page=4).
Bennet Murdock a largement étudié la distinction entre mémoire à court terme et mémoire à long terme dans les années 1960, en utilisant des tâches comme le rappel libre, le rappel indicé et la reconnaissance [4](#page=4).
#### 3.3.4 Mémoire procédurale
La mémoire procédurale concerne les savoir-faire et les habiletés motrices (ex: conduire, jouer d'un instrument). Elle est caractérisée par son automaticité, consomme peu de ressources attentionnelles, permet le multitâche et s'acquiert progressivement par répétition. L'étude du patient H.M. par Brenda Milner a montré que malgré une incapacité à former de nouveaux souvenirs déclaratifs suite à une ablation des hippocampes, il pouvait apprendre de nouvelles procédures, démontrant ainsi que la mémoire procédurale est distincte de la mémoire déclarative. John Anderson a également beaucoup travaillé sur ce type de mémoire [5](#page=5).
#### 3.3.5 Mémoire déclarative
La mémoire déclarative englobe les connaissances et les souvenirs. Elle se subdivise en deux catégories :
* **Mémoire sémantique:** Elle concerne les connaissances générales (culture, faits) et est indépendante du vécu personnel (ex: "la Terre tourne autour du Soleil"). Elle est organisée hiérarchiquement en catégories et ne retient pas le contexte d'acquisition. La démence sémantique, une maladie neurodégénérative, affecte spécifiquement ce type de mémoire, entraînant des troubles du langage et une perte progressive des connaissances générales [5](#page=5).
* **Mémoire épisodique:** Proposée par Tulving, elle concerne les souvenirs personnels situés dans le temps et l'espace ("quoi, où, quand"). Elle est liée à l'hippocampe, et ses lésions peuvent entraîner une désorientation spatio-temporelle et des altérations de la personnalité [5](#page=5).
#### 3.3.6 Mémoire autobiographique
La mémoire autobiographique stocke les informations relatives à notre propre histoire personnelle. Elle est souvent considérée comme une composante à 100% de la mémoire épisodique, mais elle inclut aussi une composante de mémoire sémantique personnelle (ex: date de naissance). Dans certaines démences sémantiques, les souvenirs anciens peuvent être altérés, tandis que les souvenirs récents persistent [6](#page=6).
#### 3.3.7 Mémoire prospective
La mémoire prospective est un type particulier de mémoire épisodique qui consiste à se souvenir de ce que l'on doit faire dans le futur. Elle peut être déclenchée par un indice événementiel (ex: "Quand je la vois, je lui dirai...") ou un indice temporel (ex: "Dans 5 minutes, je dois faire ça.") [7](#page=7).
### 3.4 L'encodage et l'oubli
#### 3.4.1 Facteurs influençant l'encodage
L'encodage est la première étape de la mémorisation. Plusieurs facteurs peuvent l'influencer [7](#page=7):
* **Effet d'espacement:** Les informations espacées dans le temps sont mieux retenues à long terme. L'apprentissage distribué est plus efficace que l'apprentissage massé. Ce principe a été étudié par Ebbinghaus dès 1885 [7](#page=7).
* **Effet de contexte:** La mémorisation est améliorée lorsque le contexte de rappel est similaire au contexte d'apprentissage. Baddeley a démontré cela avec des plongeurs apprenant des mots sous l'eau ou hors de l'eau, montrant un meilleur rappel dans le même environnement. Cet effet s'observe aussi avec l'alcool, qui crée un état interne spécifique [7](#page=7).
* **Profondeur du traitement:** Plus le traitement de l'information est profond (analyse du sens), meilleure est la mémorisation [8](#page=8).
#### 3.4.2 L'oubli
L'oubli est une diminution du rappel d'informations avec le temps.
* **Courbe de l'oubli:** Ebbinghaus a décrit une diminution rapide du rappel après l'apprentissage, suivie d'une stabilisation. L'oubli joue un rôle de tri et de maintien des informations utiles [8](#page=8).
* **Interférences:** L'oubli peut être causé par des interférences. L'interférence proactive se produit lorsque l'apprentissage antérieur perturbe le nouvel apprentissage, tandis que l'interférence rétroactive est l'inverse [8](#page=8).
* **Oubli motivé:** Freud a introduit le concept de refoulement, un mécanisme inconscient visant à empêcher le retour de souvenirs douloureux à la conscience. Des études récentes sur le stress post-traumatique (PTSD) suggèrent que l'atrophie de l'hippocampe droit peut être associée à un mécanisme d'oubli volontaire, réduisant l'accès aux souvenirs émotionnels. Le PTSD est un stress intense généré par la récupération d'un souvenir lié à un événement traumatisant [8](#page=8).
* **Oubli dirigé:** C'est la capacité à supprimer volontairement un souvenir. Des expériences de Björk ont montré que les participants étaient réellement moins capables de rappeler des séries de chiffres ou de consonnes lorsqu'ils recevaient la consigne de les oublier [8](#page=8).
> **Tip:** Pour améliorer l'encodage, privilégiez l'apprentissage distribué (étalé dans le temps) et essayez de recréer les conditions d'apprentissage lors du rappel.
> **Example:** Si vous apprenez un cours dans une bibliothèque calme, essayez de réviser dans un environnement similaire pour bénéficier de l'effet de contexte.
### 3.5 Troubles de la mémoire et tests associés
#### 3.5.1 Démence sémantique
Cette maladie neurodégénérative se caractérise par une atrophie du pôle temporal, affectant la mémoire sémantique. Les patients perdent progressivement leurs connaissances générales, leur langage devient imprécis, et le sens des mots ne subsiste que s'il est lié à des expériences vécues. Les souvenirs personnels peuvent cependant rester préservés pendant un temps [5](#page=5).
#### 3.5.2 Tests de mémoire
Le test RL/RI-16 (Rappel Libre / Rappel Indicé) est un exemple de test utilisé pour évaluer les différents types de mémoire. Il permet de tester la compréhension des connaissances générales (trouble sémantique), l'encodage et l'attention (en observant les performances après répétition), et la mémoire à court terme (via une tâche interférente comme un compte à rebours). Les patients avec trouble épisodique peuvent faire des intrusions, tandis que ceux avec trouble sémantique échouent aux tâches de connaissance générale [6](#page=6).
Voici un résumé des troubles observés selon le type de mémoire testé :
| Type de mémoire | Exemple de test | Trouble observé |
| :------------------- | :---------------------------------- | :------------------------------------------------ |
| Sémantique | Vocabulaire, associations d'images | Démence sémantique |
| Épisodique | Rappel d'événements vécus | Alzheimer |
| Autobiographique | Souvenirs personnels | Altérée dans certaines démences |
#### 3.5.3 Mémoire épisodique chez les animaux
Des études sur les geais buissonniers ont montré des capacités rappelant la mémoire épisodique chez les animaux. Ces oiseaux capables de cacher leur nourriture et de la retrouver plus tard ont démontré qu'ils pouvaient se souvenir du "quoi", du "où" et du "quand" de leur cachette. Ceci remet en question l'idée que la mémoire épisodique est exclusivement humaine [7](#page=7).
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# Les troubles de la mémoire et la cognition sociale
Ce chapitre explore les désordres de la mémoire, notamment la démence sémantique, les tests associés, et introduit les concepts de théorie de l'esprit et de métacognitions [5](#page=5).
### 4.1 Les troubles de la mémoire
Les troubles de la mémoire peuvent affecter différents types de mémoire, notamment la mémoire sémantique, épisodique et autobiographique.
#### 4.1.1 La mémoire sémantique
La mémoire sémantique concerne les connaissances générales, les faits et le vocabulaire, indépendamment de toute expérience personnelle. Elle est organisée hiérarchiquement en catégories [5](#page=5).
**Démence sémantique:** Cette maladie neurodégénérative se caractérise par une atrophie du pôle temporal, entraînant une perte progressive des connaissances générales, du vocabulaire, et une difficulté à comprendre le sens des mots. Le langage devient générique et imprécis, et le sens des mots peut n'être conservé que s'il est lié à des expériences vécues. Les patients peuvent devenir égocentrés, rendant les échanges difficiles [5](#page=5).
**Tests associés à la mémoire sémantique :**
* **RL/RI-16:** Ce test évalue le rappel libre et le rappel indicé. Il utilise des planches avec des mots où le sujet doit identifier le bon mot selon une catégorie donnée. Si le mot "vêtement" n'est pas compris, cela indique un trouble sémantique. Une tâche interférente, comme un compte à rebours, teste la mémoire à court terme [6](#page=6).
* **Observation:** Les patients avec un trouble sémantique échouent aux tâches de connaissance générale, contrairement aux patients avec un trouble épisodique qui peuvent faire des intrusions [6](#page=6).
> **Tip:** Les troubles sémantiques entraînent une perte progressive des connaissances, débutant par les moins familières pour atteindre rapidement les mots qui n'ont plus de sens, rendant l'interaction sociale ardue [5](#page=5).
#### 4.1.2 La mémoire épisodique et autobiographique
La mémoire épisodique concerne les souvenirs personnels situés dans le temps et l'espace ("quoi, où, quand") et est liée à l'hippocampe. Les lésions dans cette région peuvent entraîner une désorientation spatio-temporelle et une altération de la personnalité [5](#page=5).
La mémoire autobiographique stocke les informations relatives à notre propre histoire personnelle. La mémoire épisodique est entièrement autobiographique [6](#page=6).
#### 4.1.3 Mémoire procédurale
La mémoire procédurale concerne le savoir-faire et les habiletés motrices, comme conduire une voiture ou jouer d'un instrument. Elle est automatique, permet le multitâche, et son acquisition est progressive et nécessite des répétitions (procéduralisation). Le patient H.M., bien qu'incapable de créer de nouveaux souvenirs déclaratifs, pouvait apprendre de nouvelles procédures, démontrant ainsi la distinction entre mémoire procédurale et déclarative [5](#page=5).
#### 4.1.4 Mémoire transactive
Définie comme un système de mémoire composé d'au moins deux systèmes de mémoire, la mémoire transactive se manifeste particulièrement dans les groupes ou les couples. Les individus répartissent naturellement les tâches de mémorisation sans concertation préalable, utilisant la mémoire externe de l'autre [9](#page=9).
> **Example:** Les couples qui vivent ensemble se rappellent plus d'anecdotes que les couples qui ne se connaissent pas, car ils se répartissent implicitement l'expertise sur différents sujets [9](#page=9).
### 4.2 Introduction à la théorie de l'esprit et aux métacognitions
#### 4.2.1 Métacognitions
Les métacognitions désignent la cognition sur la cognition, c'est-à-dire les processus cognitifs qui nous aident à nous représenter nos propres capacités cognitives. Ce concept est récursif car le système cognitif se prend lui-même comme objet d'étude [10](#page=10).
**Connaissance métacognitive:** Il s'agit de la connaissance à long terme sur le fonctionnement cognitif, distincte de l'expérience métacognitive, qui représente les ressentis subjectifs de notre performance cognitive pendant une tâche. Elle se divise en trois catégories [10](#page=10):
* Connaissance liée aux personnes: ce que l'on sait de soi et des autres [10](#page=10).
* Connaissance liée aux activités: quelle capacité cognitive une activité particulière exige [10](#page=10).
* Connaissance sur les stratégies: quelles stratégies peuvent être utilisées pour augmenter la capacité cognitive [10](#page=10).
L'anosognosie, le manque de conscience de ses propres troubles, peut être observée dans ce contexte [10](#page=10).
> **Tip:** L'étude de Schneider a montré un lien entre les performances aux tâches de théorie de l'esprit à 3 ans et les scores de métamémoire à 5 ans, suggérant que la capacité à se mettre à la place des autres est liée à la réflexion sur soi [11](#page=11).
#### 4.2.2 Théorie de l'esprit
La théorie de l'esprit est la capacité à raisonner sur les états mentaux (croyances, désirs, intentions) afin de comprendre et prédire le comportement d'autrui et le sien propre. Elle est proche de la notion d'empathie, impliquant de se mettre à la place de l'autre sans nécessairement partager ses émotions. La théorie de l'esprit est considérée comme la forme la plus élaborée de la cognition sociale, l'ensemble des processus cognitifs permettant de traiter notre environnement social. Des processus de bas niveau permettent de détecter des agents intentionnels dans l'environnement à partir d'indices expressifs [10](#page=10).
**Tâches classiques de la théorie de l'esprit :**
* **La tâche des trois montagnes de Piaget:** Les jeunes enfants sont incapables de décrire ce qu'une autre personne voit depuis une perspective différente, répétant simplement ce qu'ils voient eux-mêmes, démontrant leur égocentrisme [11](#page=11).
* **Tâche de fausse croyance (ex: Sally et Anne):** Cette tâche évalue la capacité à comprendre qu'une autre personne peut avoir une croyance différente de la réalité [11](#page=11).
**Développement de la théorie de l'esprit:** Deux théories existent: une théorie purement génétique suggérant un développement durant l'enfance, et une théorie situationnelle ou socio-constructive qui postule que la capacité est innée mais se manifeste lorsque l'environnement devient moins difficile. Les enfants de trois ans ont tendance à considérer les adultes comme omniscients [11](#page=11).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Terme | Définition |
| Psychologie | Le terme "psychologie" dérive des mots grecs "psukhê" (âme) et "logos" (discours, logique), indiquant l'étude de l'esprit ou de l'âme. |
| Dualisme des substances | Concept philosophique qui postule une distinction fondamentale entre le corps, une entité matérielle, et l'esprit ou l'âme, considérée comme immatérielle. |
| Innéisme | Doctrine selon laquelle l'âme ou l'esprit possède des connaissances intrinsèques dès la naissance, indépendantes de toute expérience sensorielle ou apprentissage externe. |
| Empirisme | Courant philosophique affirmant que toute connaissance est acquise exclusivement par l'expérience sensorielle et l'observation du monde extérieur. |
| Allégorie de la caverne | Une métaphore philosophique illustrant que la perception humaine est limitée et que la véritable connaissance se situe au-delà des apparences sensibles et des illusions. |
| Introspection | Méthode d'investigation psychologique qui consiste à observer et à analyser ses propres pensées, émotions et processus mentaux internes. |
| Théorie de l'évolution | Concept scientifique expliquant que les espèces vivantes se transforment et se diversifient au fil du temps par des processus de changement et d'adaptation. |
| Sélection naturelle | Mécanisme fondamental de la théorie de l'évolution, où les individus les mieux adaptés à leur environnement ont une probabilité accrue de survivre et de se reproduire. |
| Psychologie comparée | Branche de la psychologie qui étudie les comportements et les processus mentaux des différentes espèces animales, en recherchant des continuités avec ceux de l'être humain. |
| Psychologie expérimentale | Discipline scientifique qui utilise des méthodes rigoureuses et contrôlées en laboratoire pour étudier les phénomènes psychologiques et établir des lois générales sur le fonctionnement mental. |
| Comportement observable | L'ensemble des actions, réactions et manifestations externes d'un individu qui peuvent être directement perçus et mesurés par un observateur extérieur. |
| Conditionnement de la peur | Processus d'apprentissage par lequel une réponse de peur est associée à un stimulus neutre, transformant ce dernier en un déclencheur de peur. |
| Béhaviorisme | Courant de la psychologie qui étudie exclusivement les comportements observables, rejetant l'analyse des états mentaux internes au profit de l'étude des stimuli et des réponses. |
| Conditionnement classique | Processus d'apprentissage où un stimulus neutre, associé à un stimulus inconditionnel, finit par déclencher une réponse conditionnée, souvent par association répétée. |
| Conditionnement opérant | Type d'apprentissage où la probabilité d'un comportement est modifiée par ses conséquences : un renforcement augmente la probabilité, tandis qu'une punition la diminue. |
| Cognitivisme | Courant de la psychologie qui se concentre sur les processus mentaux internes tels que la perception, la mémoire, la pensée et la résolution de problèmes, en postulant l'existence de représentations mentales. |
| Représentations mentales | Structures internes qui encodent, stockent et manipulent l'information dans l'esprit, servant d'intermédiaires entre la perception d'un stimulus et la production d'une réponse comportementale. |
| Apprentissage latent | Acquisition d'une connaissance ou d'une compétence qui n'est pas immédiatement manifeste dans le comportement et qui ne se révèle que lorsque des incitations sont présentes. |
| Carte cognitive | Représentation mentale interne de l'environnement spatial, construite par un organisme, qui lui permet de se repérer et de naviguer efficacement. |
| Pauvreté du stimulus | Argument selon lequel les données environnementales auxquelles un individu est exposé ne sont pas suffisamment riches pour expliquer la complexité et la généralisation des comportements appris, notamment le langage. |
| Apprentissage vicariant | Apprentissage qui se produit par l'observation des comportements des autres, sans expérience directe ni renforcement personnel immédiat. |
| Loi de l'effet | Principe selon lequel les comportements suivis de conséquences satisfaisantes sont plus susceptibles d'être répétés, tandis que ceux suivis de conséquences désagréables sont moins susceptibles de l'être. |
| Modèle standard de la mémoire | Ce modèle décrit la mémoire comme un processus en trois étapes : l'encodage (traitement initial de l'information nécessitant de l'attention), le stockage (maintien de l'information à plus long terme) et la récupération (rappel de l'information stockée). |
| Effet cocktail party | Phénomène d'attention sélective où une personne peut se focaliser sur une seule conversation dans un environnement bruyant et ignorer les autres, démontrant la capacité à filtrer les stimuli auditifs non pertinents. |
| Modèle du filtre sélectif | Première modélisation cognitive de l'attention, proposée par Broadbent, qui suggère que la pensée est séquentielle et qu'un filtre attentionnel sélectionne les informations pertinentes pour les traiter davantage, inhibant les autres. |
| Mémoire sensorielle | Une mémoire tampon qui maintient l'information sensorielle visuelle et auditive pendant une très courte durée (quelques centaines de millisecondes) avant qu'elle ne soit effacée ou transmise à la mémoire à court terme. |
| Mémoire à court terme | Système de mémoire limité en capacité et en durée, qui retient temporairement les informations actives et disponibles pour un traitement immédiat. Les informations y sont fragiles et peuvent être facilement oubliées. |
| Mémoire à long terme | Système de mémoire plus durable et plus vaste, capable de stocker des informations sur de longues périodes. Les informations y sont moins accessibles immédiatement mais plus stables. |
| Effet de primauté | Tendance à mieux se rappeler les premiers éléments d'une liste présentée, attribuée à leur transfert plus efficace vers la mémoire à long terme grâce à la répétition. |
| Effet de récence | Tendance à mieux se rappeler les derniers éléments d'une liste présentée, car ils sont encore actifs dans la mémoire à court terme et n'ont pas encore été supplantés par d'autres informations. |
| Mémoire procédurale | Type de mémoire non déclarative qui concerne le savoir-faire, les compétences motrices et les habitudes. Elle est souvent automatique et ne consomme que peu de ressources attentionnelles, permettant le multitâche. |
| Mémoire déclarative | Type de mémoire qui concerne les connaissances et les souvenirs factuels et événementiels. Elle se subdivise en mémoire sémantique et mémoire épisodique. |
| Mémoire sémantique | Mémoire des connaissances générales, des faits et du vocabulaire, indépendante du vécu personnel et de son contexte d'acquisition. Elle est organisée de manière hiérarchique. |
| Mémoire épisodique | Mémoire des souvenirs personnels et des événements vécus, situés dans un contexte spatio-temporel spécifique (le "quoi, où, quand"). Elle est étroitement liée à l'hippocampe. |
| Mémoire autobiographique | Mémoire qui stocke les informations relatives à la propre histoire d'une personne, incluant les souvenirs personnels (épisodiques) et les connaissances générales sur soi (sémantique personnelle). |
| Mémoire prospective | Type particulier de mémoire épisodique qui consiste à se souvenir de ce que l'on doit faire dans le futur, souvent déclenchée par un indice événementiel ou temporel. |
| Encodage | L'étape initiale du processus de mémorisation qui implique le traitement de l'information pour la préparer au stockage, nécessitant une attention soutenue et influencée par la profondeur du traitement. |
| Stockage | Le processus de maintien de l'information dans la mémoire, que ce soit de manière temporaire (mémoire à court terme) ou durable (mémoire à long terme). |
| Récupération | L'acte de rappeler ou d'accéder aux informations stockées en mémoire, qui peut être facilité par des indices ou des contextes similaires à ceux de l'encodage. |
| Effet d'espacement | Principe selon lequel les informations espacées dans le temps sont mieux retenues à long terme que celles apprises de manière massive, démontrant l'efficacité de l'apprentissage distribué. |
| Effet de contexte | Phénomène où la mémorisation est améliorée lorsque le contexte de récupération est similaire au contexte d'encodage, qu'il s'agisse d'un environnement physique ou d'un état interne. |
| Profondeur du traitement | Le niveau d'analyse sémantique ou conceptuel appliqué à l'information pendant l'encodage ; un traitement plus profond conduit à une meilleure mémorisation. |
| Courbe de l'oubli | Représentation graphique de la diminution du taux de rappel d'informations au fil du temps après l'apprentissage, montrant une perte rapide initiale suivie d'une stabilisation. |
| Interférences (proactive et rétroactive) | Mécanismes d'oubli où l'apprentissage antérieur interfère avec la mémorisation de nouvelles informations (proactive), ou l'apprentissage récent perturbe le rappel d'informations anciennes (rétroactive). |
| Oubli motivé (refoulement) | Concept psychanalytique décrivant un mécanisme inconscient qui empêche des souvenirs douloureux ou traumatiques de remonter à la conscience, pouvant être associé à une réduction de l'activité hippocampique. |
| Oubli dirigé | Capacité à supprimer activement et volontairement un souvenir, démontrée par des expériences où les sujets apprennent à ne pas se rappeler de certaines informations. |
| Démence sémantique | Une maladie neurodégénérative caractérisée par des troubles spécifiques de la mémoire sémantique, entraînant une perte progressive des connaissances générales et du vocabulaire. Elle est souvent associée à une atrophie du pôle temporal. |
| RL/RI-16 | Un test de mémoire conçu pour évaluer le rappel libre (RL) et le rappel indicé (RI). Il implique de présenter des mots dans des catégories et de tester la capacité du sujet à les retrouver, permettant d'identifier d'éventuels troubles sémantiques. |
| Mémoire transactive | Un système de mémoire composé d'au moins deux systèmes de mémoire interdépendants. Elle concerne la manière dont les informations sont stockées et récupérées au sein de groupes, comme les couples, où les tâches de mémorisation sont souvent réparties naturellement. |
| Métacognitions | La cognition sur la cognition ; il s'agit des processus cognitifs qui nous aident à nous représenter nos propres capacités cognitives. Cela inclut la connaissance métacognitive (savoir à long terme sur le fonctionnement cognitif) et l'expérience métacognitive (ressentis subjectifs de la performance cognitive). |
| Théorie de l'esprit | La capacité à raisonner sur les états mentaux (croyances, désirs, intentions) pour comprendre et prédire le comportement des autres et de soi-même. C'est une forme élaborée de cognition sociale, permettant de se mettre à la place de l'autre sans nécessairement partager ses émotions. |
| Anosognosie | Un terme décrivant l'absence de conscience des troubles que l'on présente. Dans le contexte des métacognitions, cela peut se manifester par une sous-estimation ou une absence de conscience de ses propres déficiences cognitives. |
| Tâche de fausse croyance | Une tâche expérimentale, telle que celle de Sally et Anne, utilisée pour évaluer la théorie de l'esprit chez les enfants. Elle consiste à vérifier si l'enfant comprend que d'autres personnes peuvent avoir une croyance différente, potentiellement fausse, sur la réalité. |