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Summary
# La pragmatique et ses définitions
La pragmatique est l'étude du sens en contexte, abordant les aspects du langage qui dépendent de la situation de communication.
## 1. La pragmatique et ses définitions
La pragmatique se définit comme l'étude du sens en contexte. Elle complète la sémantique, qui s'intéresse à l'étude du sens des mots et des phrases indépendamment de leur usage. La pragmatique est essentielle car le sens d'un énoncé ne peut être entièrement compris sans prendre en compte les circonstances dans lesquelles il est prononcé [3](#page=3).
> **Tip:** Pensez à des énoncés comme "Tu peux me passer le sel?" ou "Brrr il fait froid ici!". Leur signification et leur intention ne sont pas uniquement linguistiques, mais dépendent fortement du contexte [3](#page=3).
L'unité d'analyse de la pragmatique est l'énoncé, qui est la réalisation concrète d'une phrase dans un contexte spécifique. Les énoncés partagent des propriétés communes telles que la longueur, la langue utilisée ou la complexité syntaxique, mais possèdent également des caractéristiques particulières liées à leur contexte, comme le temps, le lieu, le volume de la voix ou l'identité de l'émetteur [3](#page=3).
### 1.1 Les types de contextes en pragmatique
La pragmatique prend en considération plusieurs dimensions du contexte :
#### 1.1.1 Le contexte linguistique
Le contexte linguistique fait référence à l'environnement linguistique qui entoure un énoncé donné au sein d'un discours, qu'il précède ou qu'il suive l'énoncé [4](#page=4).
> **Exemple:** Dans le dialogue "As-tu vidé la litière du chat? Oui.", le mot "Oui" prend son sens complet grâce au contexte linguistique fourni par la question précédente. De même, des expressions comme "Naturellement" ou "Tu veux bien m'aider à préparer le repas?" acquièrent leur pleine signification en relation avec le discours environnant [4](#page=4).
#### 1.1.2 Le contexte situationnel
Le contexte situationnel englobe la situation matérielle de la communication, incluant des éléments tels que le temps, le lieu, et les participants [4](#page=4).
> **Exemple:** Dire "Regarde, voilà le Président!" a une signification immédiate et spécifique si l'on se trouve dans une situation où la personne mentionnée est effectivement présente. L'énoncé "Jeanne est très grande!" prend tout son sens lorsque l'on peut observer Jeanne dans sa situation [4](#page=4).
#### 1.1.3 Le contexte social
Le contexte social concerne les relations entre les interlocuteurs et les rôles qu'ils occupent dans l'interaction discursive [4](#page=4).
> **Exemple:** L'énoncé "Fais-moi 100 pompes!" peut être interprété différemment selon que celui qui parle est un entraîneur militaire s'adressant à un soldat, ou un ami demandant à un autre de faire un exercice par plaisanterie. Le rapport de pouvoir ou la nature de la relation influence grandement l'interprétation de l'énoncé [4](#page=4).
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# Les actes de langage et leurs classifications
La théorie des actes de langage, initiée par John L. Austin et développée par John Searle, postule que parler ne consiste pas seulement à transmettre des informations, mais aussi à accomplir des actions [6](#page=6).
### 2.1 Fondements de la théorie des actes de langage
La théorie des actes de langage repose sur l'idée que l'usage du langage est une forme d'action. Elle introduit une opposition entre la notion de vérité (vrai/faux) et celle de succès ou d'échec de l'action entreprise par le locuteur, qualifiée de "heureux/malheureux". La "force illocutoire" est ce qui confère à un énoncé sa valeur d'action [6](#page=6).
#### 2.1.1 Énoncés performatifs
Les énoncés performatifs sont ceux qui, par leur simple prononciation dans les bonnes circonstances, accomplissent l'action qu'ils décrivent, comme "Je vous déclare mari et femme" ou "Je te parie 5 euros qu'il sera en retard" [6](#page=6) [7](#page=7).
#### 2.1.2 Fonctions des actes de langage courants
Différents actes de langage remplissent des fonctions variées dans la communication :
* **Assertion:** Véhiculer de l'information [8](#page=8).
* **Question:** Éliciter de l'information [8](#page=8).
* **Requête:** Éliciter une action ou une information, souvent avec une nuance de politesse [8](#page=8).
* **Injonction:** Susciter une action [8](#page=8).
* **Promesse:** S'engager à faire quelque chose [8](#page=8).
* **Menace:** S'engager à faire quelque chose de non désiré par l'interlocuteur [8](#page=8).
### 2.2 Composantes de l'acte de langage
Un acte de langage peut être analysé selon trois niveaux distincts :
* **Acte locutoire:** Il s'agit de l'acte de prononcer un énoncé avec un contenu propositionnel défini. C'est le simple fait de dire quelque chose [9](#page=9).
* **Acte illocutoire:** C'est l'action accomplie en disant quelque chose, telle qu'une requête, un ordre, une promesse ou une menace. La force illocutoire est cruciale ici [6](#page=6) [9](#page=9).
* **Acte perlocutoire:** Il représente l'effet produit sur l'interlocuteur par l'énoncé, comme le fait de convaincre, d'émouvoir ou d'intimider [9](#page=9).
#### 2.2.1 Relation entre contenu propositionnel et force illocutoire
Un énoncé est constitué de deux éléments principaux: son contenu propositionnel et sa force illocutoire [10](#page=10).
* **Variété de forces illocutoires pour un même contenu propositionnel:** Un même contenu propositionnel peut être exprimé avec différentes forces illocutoires, modifiant ainsi l'acte de langage accompli. Par exemple, "Pierre ferme la porte" peut être une assertion, un ordre ("Pierre, ferme la porte!"), une question ("Pierre, tu fermes la porte?") ou un souhait ("Pourvu que Pierre ferme la porte!") [10](#page=10).
* **Diversité d'expressions pour une même force illocutoire:** Inversement, une même force illocutoire peut être exprimée de multiples manières. Par exemple, l'ordre de fermer la porte peut être rendu par "Ferme la porte!", "Je t'ordonne de fermer la porte!" ou "Pourrais-tu fermer la porte, stp?" [10](#page=10).
### 2.3 Classification des actes de langage : directs et indirects
Les actes de langage peuvent être divisés en deux catégories principales selon leur mode d'accomplissement :
* **Actes de langage directs:** Ils sont immédiatement compréhensibles à travers la forme linguistique de l'énoncé. Le sens littéral correspond à l'intention du locuteur [11](#page=11).
> **Exemple:** "Passe-moi le sel!", "Ferme la porte!", "Je t'ordonne de fermer la porte." [11](#page=11).
* **Actes de langage indirects:** L'énoncé prononcé accomplit, dans son sens littéral, un acte différent de celui que le locuteur a l'intention de réaliser. L'auditeur doit utiliser ses connaissances linguistiques et extralinguistiques pour déduire le sens voulu (processus d'inférence) [11](#page=11).
> **Exemple:** Demander "Peux-tu me passer le sel?" ou "Y a-t-il du sel?" peut être une requête indirecte pour que l'on vous passe le sel. Une phrase comme "Il fait froid ici!" peut être une demande indirecte de fermer une fenêtre ou d'augmenter le chauffage [11](#page=11).
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# Les maximes conversationnelles et les implicatures de Grice
Ce thème explore le principe de coopération et les quatre maximes associées (quantité, qualité, relation, manière) proposées par Paul Grice, ainsi que la notion d'implicatures conversationnelles qui en découle [12](#page=12) [13](#page=13).
### 3.1 Le principe de coopération de Grice
Le langage, en tant que pratique sociale, est régi par des règles qui visent à assurer la bonne communication. Le principe de coopération est le fondement de ces interactions langagières, supposant que chaque contribution à une conversation est conforme aux objectifs de l'échange en cours. Par défaut, les locuteurs coopèrent pour garantir le succès des échanges verbaux [13](#page=13).
### 3.2 Les maximes conversationnelles
Les maximes conversationnelles sont des outils essentiels pour les locuteurs (émetteurs et récepteurs) afin de maintenir leur coopération et assurer la fluidité des échanges. Grice en identifie neuf, regroupées en quatre catégories principales, qui contribuent à éviter les échanges saugrenus :
* **Quantité** [14](#page=14).
* **Qualité** [14](#page=14).
* **Relation** [14](#page=14).
* **Manière** [14](#page=14).
> **Example:** Un échange saugrenu illustre la rupture de ces maximes :
> Kim: Comment vas-tu aujourd'hui?
> Sandy: Oh, Londres est la capitale de l’Angleterre.
> Kim: Vraiment? Je pensais qu’il ferait meilleur.
> Sandy: Ben, à mon humble avis, la soupe manque de sel [15](#page=15).
#### 3.2.1 La maxime de qualité
Cette maxime stipule qu'il faut dire la vérité. Plus précisément, il faut éviter :
a. D'affirmer ce que l'on croit être faux [16](#page=16).
b. De dire des choses pour lesquelles on manque de preuves [16](#page=16).
Les conditions de respect de ces points peuvent varier selon les individus et les contextes [16](#page=16).
#### 3.2.2 La maxime de relation
Cette maxime demande d'être pertinent, c'est-à-dire de parler à propos du sujet en cours. Par défaut, et en vertu du principe de coopération, tout énoncé est considéré comme respectant cette maxime. Cette hypothèse permet d'interpréter certains énoncés par inférence [17](#page=17).
> **Example:**
> Locuteur 1: Julie voit quelqu’un en ce moment?
> Locuteur 2: En tout cas, elle va à Mons tous les weekends… [17](#page=17).
#### 3.2.3 La maxime de quantité
Cette maxime comporte deux volets :
a. Fournir autant d'informations que nécessaire [18](#page=18).
b. Ne pas fournir plus d'informations que nécessaire [18](#page=18).
Le degré d'information requis varie en fonction du contexte [18](#page=18).
> **Example:** Concernant la question "Où vit Pauline ?", les réponses suivantes varient en quantité d'informations :
> * Au coin de la rue Mazy et de la rue des violettes
> * À Jambes
> * À Jambes, près de Namur
> * En Belgique [18](#page=18).
#### 3.2.4 La maxime de manière
Cette maxime vise à assurer la clarté de la communication, à travers plusieurs aspects :
a. Éviter les obscurités, comme l'usage de jargon spécialisé ou de termes supposés inconnus de l'auditeur, ainsi que des phrases inutilement complexes [19](#page=19).
b. Éviter les ambiguïtés. Par exemple, "Tes clés sont sur le meuble du salon" ou "Assieds-toi à côté de Pierre" peuvent être ambigus [19](#page=19).
c. Être bref. Il est préférable de dire "Je suis prof de linguistique" plutôt que "Ce que je fais pour gagner ma vie est donner cours et le sujet que j’enseigne est la linguistique" [19](#page=19).
d. Être ordonné. L'ordre des actions rapportées peut influencer la compréhension [19](#page=19).
### 3.3 Violation des maximes et implicatures
La violation des maximes conversationnelles ne conduit pas systématiquement à des énoncés malheureux. Souvent, cette violation est intentionnellement exploitée pour communiquer de manière indirecte, tout en respectant le principe de coopération. L'idée est que si un locuteur semble enfreindre une maxime, l'interlocuteur suppose qu'il ne viole pas le principe de coopération, mais qu'il cherche plutôt à communiquer quelque chose d'implicite [20](#page=20).
> **Citation clé:** « Le locuteur a dit p; il n’y a aucune raison de penser qu’il ne respecte pas le principe de coopération ou les maximes conversationnelles; à moins qu’il pense q et veuille me faire impliciter q » [20](#page=20).
#### 3.3.1 La notion d'implicature
Lorsqu'un locuteur sous-entend quelque chose à travers son langage, on dit que son énoncé contient une implicature. Une implicature conversationnelle est une conclusion tirée par l'interlocuteur quant à l'intention du locuteur, basée sur sa connaissance implicite du fonctionnement de la communication et des maximes conversationnelles. Cela implique le recours au contexte et aux connaissances partagées sur le monde et les principes de la communication [21](#page=21).
#### 3.3.2 Utilité des implicatures
Les implicatures jouent un rôle crucial dans la communication en permettant d'éviter de blesser, d'être impoli, de limiter son implication personnelle, ou encore d'exprimer l'humour, le sarcasme ou la métaphore. Elles contribuent également à l'économie du langage; sans elles, la communication serait fastidieuse et excessivement longue [22](#page=22).
> **Examples d'utilisation des implicatures :**
> * **Métaphore:** "Ma fille est un ange." [22](#page=22).
> * **Sarcasme:** "Oui, et moi je suis la Reine d’Angleterre!" [22](#page=22).
> * **Dans un contexte académique:** A: T’es rentré de soirée à quelle heure hier? B: Je pense qu’il s’agit d’un préfixe dérivationnel [22](#page=22)!
#### 3.3.3 Implicatures basées sur la maxime de relation
Un locuteur peut impliciter une réponse en apparence hors sujet si l'on suppose qu'il respecte la maxime de relation.
> **Example 1:**
> A: J’ai super envie d’un café !
> B: Il y a un endroit au bout de la rue, ça s’appelle Chez Francine.
> **Implicature:** Chez Francine vend du café [23](#page=23).
> **Example 2:**
> A: Tu viens au cours de linguistique ?
> B: J’ai rendez-vous chez le dentiste.
> **Implicature:** Le rendez-vous chez le dentiste a lieu à la même heure que le cours, et la réponse est donc 'non' [24](#page=24).
#### 3.3.4 Implicatures basées sur la maxime de quantité
Une réponse qui ne fournit qu'une partie de l'information demandée peut impliquer que le reste de l'information n'est pas applicable ou vrai.
> **Example:**
> A: Tu as fini tes devoirs pour demain?
> B: J’ai fini mes devoirs d’histoire.
> **Implicature:** Si B avait terminé tous ses devoirs, sa réponse aurait violé la maxime de quantité en ne fournissant qu'une information partielle. L'interlocuteur A conclut donc que les devoirs ne sont pas tous terminés [25](#page=25).
#### 3.3.5 Implicatures basées sur la maxime de manière ("Soyez ordonné")
L'ordre dans lequel les informations sont présentées peut mener à des interprétations différentes, même si le sens propositionnel de base reste le même.
> **Example:**
> 1. Rebecca a pris le médicament et a eu une réaction allergique.
> 2. Rebecca a eu une réaction allergique et a pris le médicament.
> Les deux énoncés ont le même sens propositionnel, mais le premier suggère que la réaction allergique est une conséquence de la prise du médicament, tandis que le second ne l'implique pas nécessairement [26](#page=26).
#### 3.3.6 Violation malheureuse de la maxime de qualité
La violation de la maxime de qualité peut survenir de manière non intentionnelle, entraînant une communication inexacte plutôt qu'une implicature [27](#page=27).
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# La politesse linguistique et la notion de face
La politesse linguistique se réfère aux mécanismes interactionnels utilisés par les locuteurs pour construire et maintenir leurs relations, en tenant compte du désir de chacun d'être bien traité [29](#page=29).
### 4.1 Définition de la politesse linguistique
La politesse recouvre les comportements par lesquels les interactants indiquent qu'ils prennent en compte la manière dont ils pensent que les autres aimeraient être traités. Ce concept est subjectif, variant selon les différences personnelles et culturelles quant à ce qui est considéré comme offensant ou poli. Les travaux pionniers sur ce sujet sont ceux de Brown et Levinson, qui ont introduit la notion de 'face' [29](#page=29).
### 4.2 La notion de face
Chaque locuteur possède deux composantes sociales fondamentales et complémentaires :
* **Face négative:** Liée au désir d'autonomie et à la liberté d'action [31](#page=31).
* **Face positive:** Liée à l'image de soi que l'on souhaite projeter aux autres et au désir d'être apprécié [31](#page=31).
Chaque interaction met en jeu les quatre faces des participants, représentant l'image publique que chacun souhaite renvoyer. Brown et Levinson établissent un lien étroit entre la 'face' et le désir. La perception de la face varie selon le contexte, la relation entre les interlocuteurs et la culture. Elle est socialement construite et bilatérale [31](#page=31).
### 4.3 Face-threatening acts (FTAs)
La politesse linguistique intervient lorsqu'un locuteur porte atteinte à l'une des faces de son interlocuteur par le biais d'actes menaçant la face, ou "Face-Threatening Acts" (FTAs). Les FTAs sont des actions qui vont à l'encontre du désir de préservation des faces (le "face want") d'un des interactants. Ces actes peuvent émaner du locuteur ou de l'interlocuteur. Les FTAs varient en intensité en fonction de la relation entre les interactants, de l'image que chacun souhaite projeter, de la culture et de la situation de communication. Brown et Levinson soulignent que de nombreux échanges sont intrinsèquement menaçants pour la face [32](#page=32).
#### 4.3.1 Classification des FTAs
| | FACE POSITIVE | FACE NÉGATIVE |
| :---------------------------- | :-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- | :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
| **Face de l'interlocuteur** | - Plaintes et insultes
- Critiques et désapprobation
- Désaccords
- Demandes de clarification
- Évaluations | - Ordres et demandes
- Conseils et suggestions
- Menaces et avertissements
- Rappels
- Endettement | | **Face du locuteur** | - Excuses et aveux
- Acceptation d’un compliment
- Incompréhension/demande de clarification
- Action émotionnelle involontaire (ex. rires, pleurs)
- Action physique involontaire (ex. rot, pet) | - Acceptation d’une offre
- Acceptation d’un remerciement
- Promesse ou offre
- Comportements mettant en péril une relation sociale
- Faveur non sollicitée | #### 4.3.2 Exemple : Relations professeurs-étudiants à l'université Une étude de Baiocchi-Wagner sur des enseignants universitaires a révélé que les étudiants pouvaient menacer la face positive des professeurs par des remarques sur leurs erreurs (ex. problème de mathématiques au tableau), et la face négative par des demandes de modification des modalités du cours ou de l'évaluation. Les professeurs pouvaient eux-mêmes menacer leurs propres faces par des erreurs linguistiques ou des explications peu claires [34](#page=34). ### 4.4 Stratégies de politesse (Facework) Les stratégies de politesse, ou "facework", sont un ensemble de tactiques mises en œuvre pour préserver les faces des interactants face aux FTAs, qui sont parfois inévitables. Le choix d'une stratégie est guidé par trois facteurs principaux [35](#page=35): 1. Le degré du besoin lié au FTA [35](#page=35). 2. Le degré d'urgence et le besoin d'efficacité [35](#page=35). 3. Le degré auquel on souhaite protéger l'autre [35](#page=35). #### 4.4.1 Les 4 stratégies de politesse selon Brown & Levinson . Les quatre stratégies de politesse proposées par Brown et Levinson sont : * **Faire l'acte sans préavis (On-record):** Réalisation directe et explicite de l'acte. * **Faire l'acte sans préavis avec politesse positive (Positive Politeness):** Répondre au désir de l'interlocuteur d'être apprécié et reconnu. * **Faire l'acte sans préavis avec politesse négative (Negative Politeness):** Répondre au désir de l'interlocuteur d'être libre de ses actions et de ne pas être contraint. * **Ne pas faire l'acte (Off-record):** Réalisation indirecte, ambiguë ou allusive de l'acte. #### 4.4.2 Stratégies de gestion des menaces pour les faces Les stratégies peuvent être appliquées aux faces d'autrui ou à ses propres faces [37](#page=37). Pour les **faces d'autrui**, les stratégies incluent : * Discrétion [37](#page=37). * Mensonge ou circonlocution [37](#page=37). * Humour [37](#page=37). * Explications [37](#page=37). * Approbation [37](#page=37). * Tact [37](#page=37). Pour ses **propres faces**, les stratégies incluent : * Admission de l'erreur et auto-correction [37](#page=37). * Ignorer ou nier le FTA [37](#page=37). * Minimisation [37](#page=37). * Excuses ou compensation [37](#page=37). Kerbrat-Orecchioni a introduit la notion d'anti-FTA (ou FFA) et clarifié la distinction entre politesse négative et positive [37](#page=37). ### 4.5 Manifestations de la politesse dans les commerces français (Kerbrat-Orecchioni, 2001) Kerbrat-Orecchioni a observé plusieurs manifestations de la politesse dans les interactions commerciales en France [38](#page=38): 1. **Ouverture de l'interaction :** Généralement une salutation initiée par le commerçant (ex. "Bonjour !"). 2. **Requête du produit :** Rarement directe ; toujours accompagnée de "s'il vous plaît". 3. **Remerciements :** Fréquents (en moyenne 3,5 fois par interaction), lors de l'échange d'argent et du produit, et à la fin de l'interaction. 4. **Clôture de l'interaction :** Inclut des salutations (échange de "au revoir"), des formules votives et des remerciements. > **Exemple:** "Merci bonne journée madame au revoir" ou "Passez une bonne journée au revoir madame merci!" [38](#page=38). La politesse est omniprésente dans les interactions [40](#page=40). --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
- Critiques et désapprobation
- Désaccords
- Demandes de clarification
- Évaluations | - Ordres et demandes
- Conseils et suggestions
- Menaces et avertissements
- Rappels
- Endettement | | **Face du locuteur** | - Excuses et aveux
- Acceptation d’un compliment
- Incompréhension/demande de clarification
- Action émotionnelle involontaire (ex. rires, pleurs)
- Action physique involontaire (ex. rot, pet) | - Acceptation d’une offre
- Acceptation d’un remerciement
- Promesse ou offre
- Comportements mettant en péril une relation sociale
- Faveur non sollicitée | #### 4.3.2 Exemple : Relations professeurs-étudiants à l'université Une étude de Baiocchi-Wagner sur des enseignants universitaires a révélé que les étudiants pouvaient menacer la face positive des professeurs par des remarques sur leurs erreurs (ex. problème de mathématiques au tableau), et la face négative par des demandes de modification des modalités du cours ou de l'évaluation. Les professeurs pouvaient eux-mêmes menacer leurs propres faces par des erreurs linguistiques ou des explications peu claires [34](#page=34). ### 4.4 Stratégies de politesse (Facework) Les stratégies de politesse, ou "facework", sont un ensemble de tactiques mises en œuvre pour préserver les faces des interactants face aux FTAs, qui sont parfois inévitables. Le choix d'une stratégie est guidé par trois facteurs principaux [35](#page=35): 1. Le degré du besoin lié au FTA [35](#page=35). 2. Le degré d'urgence et le besoin d'efficacité [35](#page=35). 3. Le degré auquel on souhaite protéger l'autre [35](#page=35). #### 4.4.1 Les 4 stratégies de politesse selon Brown & Levinson . Les quatre stratégies de politesse proposées par Brown et Levinson sont : * **Faire l'acte sans préavis (On-record):** Réalisation directe et explicite de l'acte. * **Faire l'acte sans préavis avec politesse positive (Positive Politeness):** Répondre au désir de l'interlocuteur d'être apprécié et reconnu. * **Faire l'acte sans préavis avec politesse négative (Negative Politeness):** Répondre au désir de l'interlocuteur d'être libre de ses actions et de ne pas être contraint. * **Ne pas faire l'acte (Off-record):** Réalisation indirecte, ambiguë ou allusive de l'acte. #### 4.4.2 Stratégies de gestion des menaces pour les faces Les stratégies peuvent être appliquées aux faces d'autrui ou à ses propres faces [37](#page=37). Pour les **faces d'autrui**, les stratégies incluent : * Discrétion [37](#page=37). * Mensonge ou circonlocution [37](#page=37). * Humour [37](#page=37). * Explications [37](#page=37). * Approbation [37](#page=37). * Tact [37](#page=37). Pour ses **propres faces**, les stratégies incluent : * Admission de l'erreur et auto-correction [37](#page=37). * Ignorer ou nier le FTA [37](#page=37). * Minimisation [37](#page=37). * Excuses ou compensation [37](#page=37). Kerbrat-Orecchioni a introduit la notion d'anti-FTA (ou FFA) et clarifié la distinction entre politesse négative et positive [37](#page=37). ### 4.5 Manifestations de la politesse dans les commerces français (Kerbrat-Orecchioni, 2001) Kerbrat-Orecchioni a observé plusieurs manifestations de la politesse dans les interactions commerciales en France [38](#page=38): 1. **Ouverture de l'interaction :** Généralement une salutation initiée par le commerçant (ex. "Bonjour !"). 2. **Requête du produit :** Rarement directe ; toujours accompagnée de "s'il vous plaît". 3. **Remerciements :** Fréquents (en moyenne 3,5 fois par interaction), lors de l'échange d'argent et du produit, et à la fin de l'interaction. 4. **Clôture de l'interaction :** Inclut des salutations (échange de "au revoir"), des formules votives et des remerciements. > **Exemple:** "Merci bonne journée madame au revoir" ou "Passez une bonne journée au revoir madame merci!" [38](#page=38). La politesse est omniprésente dans les interactions [40](#page=40). --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Pragmatique | Discipline linguistique qui étudie le sens des énoncés en tenant compte du contexte dans lequel ils sont produits et interprétés. Elle s'intéresse à la façon dont le langage est utilisé pour agir sur autrui et sur la situation de communication. |
| Énoncé | Réalisation concrète d'une phrase dans un contexte spécifique, par un locuteur donné, à un moment donné. Il se distingue de la phrase par ses propriétés particulières liées à la situation d'énonciation (temps, lieu, volume, émetteur, etc.). |
| Contexte linguistique | Environnement immédiat d'un énoncé, constitué des éléments linguistiques (mots, phrases) qui le précèdent ou le suivent dans un discours. Il aide à déterminer le sens précis d'un mot ou d'une expression. |
| Contexte situationnel | Ensemble des circonstances matérielles de la communication, incluant le lieu, le moment, les participants présents et les objets ou événements immédiats. Ce contexte est crucial pour comprendre le sens de certains énoncés. |
| Contexte social | Ensemble des relations entre les interlocuteurs, leurs rôles sociaux et le cadre institutionnel ou culturel dans lequel se déroule l'interaction. Il influence la manière dont les énoncés sont formulés et interprétés. |
| Acte de langage (Speech Act) | Action réalisée par le fait même de dire quelque chose. Selon Austin et Searle, parler ne consiste pas seulement à transmettre des informations, mais aussi à accomplir des actions comme promettre, ordonner, demander, etc. |
| Force illocutoire | La force illocutoire d'un énoncé correspond à l'action que le locuteur accomplit en disant quelque chose, par exemple, une requête, un ordre, une promesse. Elle distingue un énoncé d'un autre ayant le même contenu propositionnel. |
| Acte locutoire | L'acte de dire quelque chose, c'est-à-dire l'émission d'un énoncé avec un sens littéral et un contenu propositionnel donné. C'est la dimension la plus fondamentale de la parole. |
| Acte illocutoire | L'action réalisée en disant quelque chose. Il s'agit de l'intention communicative du locuteur, comme faire une demande, poser une question, faire une promesse ou un avertissement. |
| Acte perlocutoire | L'effet produit sur l'interlocuteur par l'énoncé, qu'il soit intentionnel ou non. Cela peut être de convaincre, d'émouvoir, d'intimider, d'amuser, etc. |
| Acte de langage direct | Un acte de langage dont la force illocutoire est directement reconnaissable à travers la forme linguistique de l'énoncé, sans nécessiter d'inférence complexe. |
| Acte de langage indirect | Un acte de langage où le sens littéral de la phrase employée accomplit une action différente de celle intentionnée par le locuteur. L'interprétation nécessite une reconstruction du sens par l'auditeur. |
| Principe de coopération | Principe fondamental des interactions langagières qui postule que chaque participant contribue à la conversation de manière à ce qu'elle atteigne ses objectifs, comme l'expliquent les maximes conversationnelles de Grice. |
| Maximes conversationnelles | Règles ou principes qui guident les locuteurs pour une communication efficace et coopérative. Elles comprennent les maximes de quantité, de qualité, de relation et de manière. |
| Implicature conversationnelle | Conclusion tirée par l'interlocuteur concernant l'intention du locuteur, basée sur ses connaissances des maximes conversationnelles et du principe de coopération. C'est ce qui est sous-entendu sans être explicitement dit. |
| Face (positive et négative) | Concept central de la théorie de la politesse, la "face" représente l'image publique d'un individu. La face positive est le désir d'être apprécié, tandis que la face négative est le désir d'autonomie et de liberté d'action. |
| Face-Threatening Act (FTA) | Un acte de langage qui menace potentiellement la "face" (positive ou négative) de l'un des interactants. La politesse intervient pour atténuer ces menaces. |
| Stratégies de politesse | Moyens linguistiques et comportementaux utilisés par les locuteurs pour gérer les "face-threatening acts" et préserver la "face" des interactants, tout en atteignant leurs propres objectifs communicatifs. |