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Summary
# L'unification des Pays-Bas et les révolutions du XVIIIe siècle
L'unification des Pays-Bas et les révolutions du XVIIIe siècle décrivent le long et complexe processus d'agrégation territoriale qui a mené aux soulèvements brabançon et liégeois, marqués par des luttes entre pouvoir central et institutions locales.
## 1. L'unification des Pays-Bas sous les dynasties bourguignonne et habsbourgeoise
Le processus d'unification des territoires qui formeront plus tard la Belgique a débuté avec le mariage de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et de Marguerite de Male. Cette union a posé les bases des Pays-Bas bourguignons.
### 1.1 L'expansion sous Philippe le Bon
Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur, a considérablement étendu et consolidé le domaine territorial par des achats, des mariages et des conquêtes. Il a réuni des régions clés telles que la Flandre, le Brabant, le Hainaut et le Luxembourg, créant un ensemble géographique distinct, bien que non contigu à la Bourgogne.
### 1.2 L'ambition de Charles le Téméraire
Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon, a nourri l'ambition de relier la Bourgogne aux Pays-Bas, visant à reconstituer la Lotharingie médiévale. Son règne a été marqué par l'annexion de la principauté de Liège en 1468, entraînant le sac de la ville. Son projet a échoué avec sa mort en 1477 lors du siège de Nancy.
### 1.3 La transmission aux Habsbourg
L'héritage de Charles le Téméraire est revenu à sa fille, Marie de Bourgogne. Elle a dû accepter le Grand Privilège, restaurant les institutions locales et limitant le pouvoir central, et a également rendu son perron à Liège. Son mariage avec Maximilien d'Autriche a transféré les Pays-Bas à la dynastie des Habsbourg.
### 1.4 L'apogée de Charles Quint
Leur fils, Philippe le Beau, a bénéficié d'une légitimité territoriale accrue par rapport à son père. Son fils, Charles Quint, devenu empereur, a hérité en 1506 d'un vaste empire incluant les Pays-Bas, l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique. Le Traité d'Augsbourg en 1548 a créé le Cercle de Bourgogne, déclarant son indivisibilité et renforçant la cohésion des 17 provinces. C'est durant cette période que le terme "Belgique" a commencé à être utilisé pour désigner cet ensemble. La principauté de Liège a conservé son indépendance jusqu'en 1789.
## 2. Des Habsbourg aux Provinces-Unies et le déclin des Pays-Bas espagnols
### 2.1 La scission des Provinces-Unies
À l'abdication de Charles Quint en 1555, son fils Philippe II d'Espagne hérite des Pays-Bas espagnols. Les tensions religieuses et politiques ont conduit à la sécession des sept provinces du Nord, formant les Provinces-Unies en 1581 par l'Union d'Utrecht. Les provinces méridionales, fidèles à l'Espagne, ont connu une période de déclin marquée par la fermeture de l'Escaut à la suite de la guerre de Trente Ans et la perte de territoires au profit de la France au XVIIe siècle.
### 2.2 Le XVIIe siècle : un siècle de malheurs
Sous la gouvernance de l'archiduc Albert et Isabelle, les dix provinces ont bénéficié d'une relative autonomie. La paix de Westphalie en 1648 a reconnu l'indépendance des Provinces-Unies, affaiblissant considérablement Anvers par la perte des bouches de l'Escaut. Le XVIIe siècle a été marqué par des guerres incessantes contre la France de Louis XIV, entraînant la cession de nombreux territoires.
## 3. Le XVIIIe siècle : réformes et bouleversements
### 3.1 Le passage sous l'autorité autrichienne
La guerre de succession d'Espagne a conduit au passage des Pays-Bas espagnols sous le contrôle de la branche autrichienne des Habsbourg suite aux traités d'Utrecht et de Rastadt (1713-1714). L'Autriche, dirigée par Charles VI puis Marie-Thérèse, a initié une période de stabilisation et de réformes, notamment dans l'enseignement, tout en renforçant la francisation des élites.
### 3.2 Les réformes radicales de Joseph II
Joseph II a entrepris des réformes profondes visant à rationaliser, centraliser et laïciser l'État. Ses actions concernant l'Église (joséphisme), la suppression d'ordres, la création de séminaires unifiés, la réforme des corporations et l'organisation territoriale ont provoqué une forte opposition religieuse, politique et judiciaire, menant à une "contre-révolution".
### 3.3 La Révolution Brabançonne (1789)
L'annulation de la "Joyeuse Entrée" et la suppression des états du Brabant par Joseph II en 1789 ont déclenché la Révolution Brabançonne. Deux camps se sont formés : les Statistes, conservateurs menés par Henri Van der Noot, et les Vonckistes, réformateurs inspirés par les Lumières et dirigés par Jean-François Vonck. Malgré leurs divergences, ils se sont unis contre Joseph II. Des victoires militaires ont mené à la proclamation des "États Belges Unis" en janvier 1790, mais des divisions internes, des problèmes économiques et le retour des Autrichiens ont conduit à l'échec du mouvement.
### 3.4 La Révolution Liégeoise (1789-1791)
Parallèlement, la principauté de Liège a connu sa propre révolution, déclenchée par une crise financière et des tensions politiques. Influencés par la Révolution française et les Lumières, les Liégeois ont proclamé une déclaration des droits de l'Homme. L'intervention des Autrichiens et des Prussiens en 1791 a rétabli le pouvoir du prince-évêque Hoensbroeck.
## 4. La période française et hollandaise
### 4.1 L'annexion française (1792-1814)
La France révolutionnaire a envahi les territoires belges, les annexant en 1795 et les divisant en neuf départements. Cette période, marquée par le Directoire, le Consulat et l'Empire de Napoléon Bonaparte, a vu la mise en place de réformes politiques et juridiques, la centralisation administrative, la conscription et une politique antireligieuse.
### 4.2 Le Royaume-Uni des Pays-Bas (1814-1830)
Après la chute de Napoléon, les départements belges ont été intégrés aux Provinces-Unies pour former le Royaume-Uni des Pays-Bas sous Guillaume Ier d'Orange. L'objectif était de créer un État tampon face à la France. Ce royaume a été confronté à d'importantes divergences : religieuses (catholicisme belge vs protestantisme hollandais), linguistiques (francisation des élites belges) et économiques (partage de la dette, accès aux colonies).
#### 4.2.1 L'opposition à Guillaume Ier
Guillaume Ier a tenté d'unifier culturellement et historiquement les deux nations, se heurtant à une forte résistance. Des inégalités politiques et une mainmise hollandaise sur les postes de fonctionnaires ont exacerbé le mécontentement. La question du serment à la Constitution (Grondwet) a cristallisé l'opposition catholique.
#### 4.2.2 L'unionisme et les réformes
Face à l'opposition multiforme, un mouvement d'"unionisme" s'est développé, rassemblant catholiques et libéraux. Guillaume Ier a poursuivi ses tentatives d'unification culturelle, éducative, religieuse et linguistique, imposant le néerlandais en Flandre et à Bruxelles. Malgré un développement économique notable, notamment en Wallonie, les tensions ont persisté.
## 5. La Révolution belge de 1830
### 5.1 Les causes de la révolution
La révolution belge de 1830 avait des causes libérales (revendications de libertés politiques) et nationales (volonté d'indépendance). Des discours et des appels à la libéralisation dès 1825, ainsi que la montée en puissance de l'unionisme mené par des journalistes comme Louis de Potter, ont préparé le terrain.
### 5.2 Le déclenchement et les "Jours de Septembre"
Le 25 août 1830, la représentation de l'"Opéra La Muette de Portici" à Bruxelles a dégénéré en émeute populaire. Les hostilités se sont intensifiées, conduisant à la prise de pouvoir par une commission de sûreté publique puis par un gouvernement provisoire. Les "Jours de Septembre" ont vu les troupes hollandaises repoussées par les révolutionnaires belges.
### 5.3 La proclamation de l'indépendance et la Constitution
L'indépendance de la Belgique a été proclamée le 4 octobre 1830. Un Congrès national a été élu et a élaboré une constitution, principalement d'inspiration libérale, instaurant une monarchie constitutionnelle et un système bicaméral.
### 5.4 La reconnaissance internationale et le choix du roi
La Conférence de Londres a reconnu l'indépendance belge sous conditions. Après plusieurs tentatives infructueuses pour choisir un roi, Léopold de Saxe-Cobourg a été élu et est devenu le premier roi des Belges le 21 juillet 1831.
### 5.5 L'invasion hollandaise et le traité des 24 articles
L'invasion hollandaise d'août 1831 a mis en lumière les faiblesses militaires belges. Le traité des 24 articles d'octobre 1831, imposé par les puissances européennes, a entraîné des pertes territoriales (Luxembourg, Limbourg) et des conditions financières onéreuses pour la Belgique, finalement acceptées par Guillaume Ier en 1839.
## 6. La Belgique sous l'unionisme (1831-1857)
### 6.1 L'affirmation de l'État belge
Cette période a vu l'affirmation de l'État belge, dominée par l'unionisme, un compromis entre libéraux et catholiques. Des gouvernements homogènes ont émergé après 1839. La Belgique a connu un développement des infrastructures et une croissance économique, bien que la petite bourgeoisie n'ait pas toujours bénéficié de l'indépendance.
### 6.2 Tensions et compromis
Des tensions persistaient entre catholiques et libéraux sur des questions telles que l'enseignement et l'État civil. Des compromis ont été trouvés, mais la "loi des couvents" en 1857 a marqué la fin définitive de l'unionisme.
### 6.3 Le mouvement flamand
Le mouvement flamand s'est développé, revendiquant la reconnaissance de la langue et de la culture flamandes. Bien que d'abord soutenu par certains libéraux, il a rencontré des obstacles, notamment la crainte de l'unité de l'État.
## 7. Alternance libérale et catholique et début des lois linguistiques
### 7.1 Le libéralisme économique et social
La période post-unioniste a été marquée par une alternance entre gouvernements libéraux et catholiques, avec un libéralisme économique prédominant et des réformes sociales. Des crises économiques ont eu lieu, notamment la crise du coton et la crise alimentaire des Flandres.
### 7.2 La question scolaire et les lois linguistiques
La "guerre scolaire" a opposé les libéraux, prônant un enseignement laïque, et les catholiques, défendant l'enseignement confessionnel. Les premières lois linguistiques ont été introduites, autorisant l'usage du flamand dans certaines sphères judiciaires et administratives, marquant le début d'une reconnaissance progressive.
### 7.3 Le développement du mouvement ouvrier
L'essor du mouvement ouvrier a conduit à des avancées sociales, bien que souvent réprimées par le pouvoir. La création de l'Association Internationale des Travailleurs a marqué une étape importante.
### 7.4 La montée du parti catholique
Les divisions au sein des partis libéral et catholique ont conduit à l'émergence d'un parti catholique plus uni, axé sur des questions comme le vote et l'économie.
Cette période complexe, allant de l'unification sous des dynasties étrangères aux révolutions populaires, a jeté les bases de l'État belge moderne, en proie à des tensions internes et à des influences externes.
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# Les périodes française et hollandaise de la Belgique
Voici une synthèse détaillée des périodes française et hollandaise en Belgique, conçue pour un guide d'étude.
## 2. Les périodes française et hollandaise de la belgique
Cette section examine l'impact profond de la domination française (1792-1815) et de la brève union avec les Pays-Bas (1814-1815) sur la Belgique, en soulignant les transformations politiques, juridiques, culturelles et les réactions locales face à ces changements.
### 2.1 La période française (1792-1815)
La conquête française des territoires belges, initialement accueillie avec une certaine apathie, a engendré des changements structurels majeurs et a posé les bases du système politique et juridique contemporain.
#### 2.1.1 L'invasion et l'annexion
* **Début des hostilités :** La France révolutionnaire déclare la guerre à l'Autriche en avril 1792, rejointe par la Prusse en juillet. La victoire française à Valmy stoppe l'offensive prussienne.
* **Première avancée française :** La Belgique est envahie, et les Autrichiens sont repoussés lors de la Bataille de Jemappes le 6 novembre 1792. Un espoir éphémère d'indépendance pour des républiques belges et liégeoises émerge, mais est rapidement étouffé.
* **L'annexion :** Le vote d'annexion, critiqué pour son manque de véritable caractère démocratique (pressions, faible participation), précède un retour des Autrichiens et une défaite française à Neerwinden en mars 1793.
* **Occupation durable :** La France s'installe définitivement le 26 juin 1794 après la bataille de Fleurus, menant à l'annexion des territoires belges le 1er octobre 1795.
#### 2.1.2 L'organisation territoriale et les régimes successifs
Les territoires belges sont réorganisés en neuf départements, reflétant la structure administrative française. Plusieurs régimes politiques se succèdent :
* **Le Directoire** (1795-1799)
* **Le Consulat de Napoléon Bonaparte** (1799-1804)
* **L'Empire de Napoléon Bonaparte** (1804-1814)
L'ère napoléonienne, en particulier, est caractérisée par une dictature militaire qui forge les fondations politiques et juridiques modernes.
#### 2.1.3 Les réformes et l'opposition passive
La période française apporte des changements radicaux :
* **Centralisation administrative :** Fin des privilèges locaux et mise en place d'une administration centralisée.
* **Conscription :** Instauration du service militaire obligatoire.
* **Politique anticléricale :** Fermeture de nombreuses institutions religieuses, y compris l'université catholique de Louvain. Cette politique s'inscrit dans la continuité des idées de Joseph II.
**Opposition belge :** La population belge manifeste une opposition passive, caractérisée par une faible implication politique. Cette attitude peut être interprétée comme un signe de non-appartenance ou de manque d'adhésion à ce nouveau régime.
#### 2.1.4 La fin de la période française
La chute de Napoléon entraîne les traités de Paris :
* **Premier traité de Paris (30 mai 1814) :** Retour de Louis XVIII, la France retrouve ses frontières de 1792, tout en conservant le duché de Bouillon et certaines villes fortifiées stratégiques.
* **Deuxième traité de Paris (novembre 1815) :** Suite à la période des Cent-Jours et au retour éphémère de Napoléon, la France revient aux frontières de 1789. Les départements belges sont alors réorganisés pour former un État tampon.
### 2.2 La période hollandaise (1814-1815) : Le Royaume-Uni des Pays-Bas
Suite à la chute de Napoléon, les provinces belges sont unies aux Provinces-Unies (Hollande) pour créer le Royaume-Uni des Pays-Bas, dans le but de constituer une puissance tampon face à la France.
#### 2.2.1 La création du Royaume-Uni des Pays-Bas
* **Union politique :** Les provinces belges sont annexées à la Hollande. Le Luxembourg est attribué à titre personnel au roi Guillaume Ier d'Orange.
* **Barrière stratégique :** De nombreuses forteresses sont construites le long des frontières françaises (Ostende, Nieuport, Ligne Escaut, Ligne Meuse, Ligne Ypres-Charleroi), renforçant le rôle de cet État tampon. Une convention de 1818 fixe la gestion de ces forteresses par les Anglais et les Prussiens en cas d'attaque.
#### 2.2.2 Les modalités de l'union imposées
L'Acte des 8 articles de Chaumont, imposé par les Alliés, fixe les termes de l'union :
* Union intime et complète sous la "Grondwet" (Constitution).
* Égalité des cultes.
* Représentation équitable des provinces belges aux États Généraux.
* Égalité commerciale entre les deux régions et accès égalitaire aux colonies hollandaises.
* Partage de la dette nationale, frais d'entretien des fortifications et des digues.
#### 2.2.3 Les obstacles à la fusion nationale
Guillaume Ier aspire à une fusion culturelle et historique des deux nations, mais se heurte à plusieurs obstacles majeurs :
* **Différences religieuses :** La Belgique est majoritairement catholique, tandis que la Hollande est protestante. Les futures têtes royales seront donc protestantes.
* **Différences linguistiques et culturelles :** Les élites flamandes adoptent de plus en plus le français, et les classes populaires privilégient les dialectes locaux.
#### 2.2.4 La modification de la "Grondwet" et le mécontentement belge
Une commission paritaire rédige une nouvelle "Grondwet" en mars 1815. Les Belges expriment leur mécontentement pour plusieurs raisons :
* **Religion :** Refus de mettre le protestantisme sur un pied d'égalité avec le catholicisme (article 8). Le roi protestant concentre des pouvoirs importants et interdit au clergé de siéger aux institutions, exigeant un serment d'allégeance.
* **Représentation politique :** La Seconde Chambre est paritaire (55 Hollandais, 55 Belges), malgré la supériorité numérique des Belges.
* **Économie :** Accès aux colonies et liberté de navigation sur l'Escaut sont acquis, mais les Belges craignent la concurrence débridée pour leurs industries locales. Le partage de la dette nationale semble injuste.
* **Liberté de presse :** Initialement proclamée en automne 1814, elle est restreinte dès le printemps 1815, avec des poursuites contre les journalistes.
#### 2.2.5 L'opposition à Guillaume Ier
L'opposition belge contre Guillaume Ier est initialement principalement religieuse. Les libéraux ne s'impliquent pas immédiatement, mais les rejoignent progressivement vers 1827 sous l'influence de l'"unionisme".
* **Inégalités politiques :** En 1820, seulement un ministre sur sept est belge, et les chiffres sont similaires pour les hauts fonctionnaires et les généraux.
* **Ministre Van Maanen :** Les oppositions se multiplient contre le roi et son ministre de la Justice.
* **La bataille du serment :** L'archevêque de Malines, Mgr de Méan, propose un compromis : prêter un serment civil à la "Grondwet" pour les articles ne concernant pas la religion. Cela divise les catholiques entre conservateurs et libéraux (plus ouverts).
* **L'unionisme :** En 1827-1828, les oppositions catholiques et libérales se rejoignent dans un mouvement d'unionisme.
#### 2.2.6 Les tentatives d'unification et leurs échecs
Guillaume Ier multiplie les interventions unificatrices :
* **Culturel :** Rétablissement de l'Académie des sciences et des belles-lettres (1816) pour orienter la culture vers les sciences hollandaises.
* **Enseignement :** Création d'écoles primaires gratuites au sud, trois universités d'État (Liège, Louvain, Gand) en 1817, renforcement du contrôle de l'État sur l'éducation.
* **Religieux :** Uniformisation de la formation des prêtres via le Collège philosophique de Louvain.
* **Linguistique :** Imposition du néerlandais comme langue officielle en Flandre et à Bruxelles en 1819, rejeté par l'élite francisée.
* **Économique :** Intervention de l'État dans le développement industriel (subventions, fonds de l'industrie, syndicat d'amortissement). La Belgique connaît un développement économique notable, notamment le port d'Anvers et l'industrialisation en Wallonie.
#### 2.2.7 Les prémices de la révolution belge de 1830
Les causes de la future révolution belge sont à la fois libérales (demande de libertés politiques et libéralisation du régime) et nationales (volonté d'indépendance des provinces du sud).
* **L'unionisme se renforce :** Dès 1827, des appels à l'unionisme sont lancés. Louis de Potter devient un leader influent.
* **Moyens d'opposition :** Presse, pétitions et procès marquent la résistance.
* **Refus royal :** Guillaume rejette les demandes belges, accusant Paris d'influencer le mouvement.
* **Concessions limitées :** Quelques concessions sont faites (abrogation de taxes, assouplissement de la liberté de presse, imposition du français en Wallonie, concordat en 1827), mais l'opposition reste forte.
* **"La Muette de Portici" (25 août 1830) :** La représentation de cet opéra à Bruxelles déclenche une émeute populaire, marquant le début de la révolution. Les violences s'intensifient, visant les symboles du pouvoir et les biens des riches.
* **Le drapeau national :** Le drapeau français est temporairement utilisé comme symbole de liberté, avant d'être remplacé par le noir, le jaune et le rouge, couleurs du Brabant. La Brabançonne est composée.
* **La Commission de Sûreté Publique et le Gouvernement Provisoire :** Le 11 septembre 1830, une commission prend le pouvoir à Bruxelles. La "Réunion Centrale", plus radicale, prône une indépendance totale. Les "jours de septembre" voient les troupes hollandaises repoussées. Le 26 septembre, un gouvernement provisoire est formé.
* **Proclamation de l'indépendance :** Le 4 octobre 1830, l'indépendance belge est proclamée. Diverses libertés sont ensuite établies (enseignement, presse, associations, cultes, expression).
* **L'élaboration de la Constitution :** Un Congrès national est élu, et une constitution est achevée le 7 février 1831. Elle instaure une monarchie constitutionnelle bicamérale, garantissant de nombreuses libertés individuelles et collectives, tout en maintenant une forte influence du pouvoir royal.
* **Le choix du roi :** Après l'échec de plusieurs prétendants, le prince Léopold de Saxe-Cobourg est élu roi des Belges le 21 juillet 1831.
* **L'invasion hollandaise et le Traité des 24 articles :** Suite à une invasion hollandaise en août 1831, les puissances européennes imposent le Traité des 24 articles en octobre 1831. Ce traité, jugé défavorable à la Belgique (perte du Limbourg hollandais, partage du Luxembourg, droits de péage sur l'Escaut), est accepté par Guillaume Ier seulement en mars 1839, marquant la perte définitive de ces territoires.
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# La Belgique indépendante et la construction de l'État
Voici un résumé détaillé sur la Belgique indépendante et la construction de l'État, destiné à une préparation d'examen.
## 3. La Belgique indépendante et la construction de l'État
Ce thème aborde la naissance de la Belgique en tant qu'État indépendant, depuis les prémices de la révolution jusqu'aux premiers efforts de consolidation de son identité nationale et de ses institutions sous les règnes de Léopold Ier et Léopold II.
### 3.1 La révolution belge de 1830 : causes et déroulement
La révolution belge de 1830 trouve ses origines dans une conjonction de facteurs libéraux et nationaux, ainsi que dans des conditions socio-économiques difficiles.
#### 3.1.1 Causes profondes de la révolution
* **Causes libérales :** Revendication de libertés politiques et d'une libéralisation du régime imposé par le roi Guillaume Ier d'Orange-Nassau.
* **Causes nationales :** Affirmation d'une volonté commune des provinces du sud (la future Belgique) de se séparer de la Hollande, malgré les tentatives d'unification forcée sous le Royaume-Uni des Pays-Bas.
* **Causes socio-économiques :** Pénurie, mauvaises récoltes, concurrence internationale, et une opposition croissante à la mécanisation qui touchait les classes populaires. La situation économique difficile était aggravée par les péages sur l'Escaut et la perte des colonies néerlandaises.
#### 3.1.2 Le mouvement de contestation et ses acteurs
* **L'unionisme :** Mouvement né en 1827-1828, rassemblant catholiques et libéraux autour de revendications communes contre le pouvoir royal. Des figures comme Paul Devaux et Louis de Potter ont joué un rôle clé.
* **Les moyens d'opposition :** La presse (avec des journaux comme "Le Mathieu Laensberg"), les pétitions, et les procès de presse ont été des outils majeurs.
* **Le rejet des réformes :** Guillaume Ier a initialement rejeté les demandes belges, percevant les émeutes comme un complot français et restant ferme dans ses positions. Certaines concessions partielles furent faites, mais elles furent jugées insuffisantes.
#### 3.1.3 Les événements déclencheurs
* **La représentation de "La Muette de Portici" (25 août 1830) :** Jouée à l'Opéra de la Monnaie à Bruxelles, cette représentation a servi de catalyseur. Le chant patriotique "Amour sacré de la patrie" a inspiré une révolte populaire qui a rapidement dégénéré en émeutes.
* **L'escalade de la violence :** Les manifestations initiales, souvent initiées par des bourgeois et des étudiants, ont rapidement été rejointes par le peuple. La violence s'est intensifiée, ciblant non seulement les symboles du pouvoir mais aussi les biens des riches et les usines, suscitant la peur de la bourgeoisie et de l'aristocratie.
* **Les "Jours de Septembre" (à partir du 23 septembre 1830) :** Face à l'envoi des troupes hollandaises par le roi, les révolutionnaires belges, bien que moins nombreux, ont réussi à les repousser de Bruxelles grâce à leur connaissance de la ville et à l'arrivée de volontaires. Cette victoire a conduit au repli des troupes hollandaises et à la prise de contrôle par les révolutionnaires.
### 3.2 La proclamation de l'indépendance et la construction de l'État
Suite aux succès des "Jours de Septembre", un gouvernement provisoire a été formé, qui a rapidement proclamé l'indépendance et initié le processus d'élaboration d'une constitution.
#### 3.2.1 Le Gouvernement Provisoire et la proclamation de l'indépendance
* **Formation du Gouvernement Provisoire (26 septembre 1830) :** Composé de représentants de diverses tendances politiques, ce gouvernement a pris des décisions rapides pour légitimer la nouvelle entité politique.
* **Proclamation de l'indépendance (4 octobre 1830) :** Cet acte marqua la rupture officielle avec le Royaume des Pays-Bas.
* **Adoption des libertés fondamentales (octobre 1830) :** Le gouvernement a rapidement proclamé la liberté d'enseignement, de presse, d'association, de culte et d'expression, consolidant ainsi la base d'un État libéral.
#### 3.2.2 L'élaboration de la Constitution belge de 1831
* **Le Congrès National :** Élu au suffrage direct censitaire, ce congrès s'est réuni dès le 10 novembre 1830.
* **La Constitution de 1831 :** Finalisée le 7 février 1831, elle est le fruit d'un compromis entre catholiques et libéraux. Ses sources incluent la constitution néerlandaise, la charte française, et des éléments du droit anglais. Elle a été peu modifiée avant 1970.
> **Tip :** La constitution belge de 1831 est considérée comme l'une des plus libérales de son époque, établissant un régime monarchique constitutionnel et parlementaire.
* **Principales dispositions constitutionnelles :**
* **Souveraineté nationale :** Les pouvoirs émanent de la nation.
* **Régime monarchique et bicaméral :** Le pouvoir exécutif est exercé par le roi et son gouvernement ; le pouvoir législatif est partagé entre la Chambre des représentants et le Sénat.
* **Égalité devant la loi :** Tous les Belges sont égaux devant la loi.
* **Libertés fondamentales :** Garantie de la liberté individuelle, inviolabilité du domicile, secret des lettres, droit de propriété, liberté de pétition, de presse, de réunion pacifique, d'association (avec interdiction des coalitions), d'enseignement et de culte.
* **Absence de religion d'État :** Liberté des cultes et de leur exercice public. L'État prend en charge le traitement des ministres du culte.
* **État civil et mariage civil :** L'état civil relève des autorités communales, et le mariage civil précède le mariage religieux.
* **Liberté linguistique :** Bien que le français soit la langue officielle de facto, la constitution reconnaît la liberté linguistique.
* **Élections :** Pour la Chambre des représentants : hommes belges de plus de 25 ans, sans condition de cens. Pour le Sénat : hommes belges de plus de 40 ans, soumis à une imposition directe élevée.
### 3.3 La recherche d'un souverain et les défis diplomatiques
Après la proclamation de l'indépendance, la Belgique a dû trouver un souverain et naviguer dans un contexte diplomatique complexe pour faire reconnaître son statut.
#### 3.3.1 La succession au trône
* **Les prétendants :** Plusieurs candidats furent envisagés, dont l'archiduc Charles d'Autriche, August de Leuchtenberg (napoléonien), et le duc Louis de Nemours (fils de Louis-Philippe de France). Ce dernier fut élu mais son père refusa l'accession au trône pour éviter un conflit international.
* **La Régence :** En attendant la désignation d'un roi, le baron Louis-Erasme Surlet de Chokier assura la régence, période marquée par une relative instabilité et le renforcement des orangistes.
#### 3.3.2 Le rôle des puissances européennes et la Conférence de Londres
* **La méfiance de Guillaume Ier :** Le roi déchu tenta de discréditer la Belgique auprès des puissances européennes en invoquant un "complot français".
* **La Conférence de Londres (à partir du 5 novembre 1830) :** Face aux troubles, les grandes puissances européennes (Royaume-Uni, France, Autriche, Prusse, Russie) intervinrent pour trouver une solution diplomatique. Sous l'influence britannique, l'indépendance belge fut reconnue le 20 décembre 1830, sous réserve de la définition des conditions de séparation.
#### 3.3.3 La question du choix du roi et le Traité des 18 Articles
* **Léopold de Saxe-Cobourg :** Proposé par les Britanniques et soutenu par le nouveau ministre des Affaires étrangères belge, Joseph Lebeau, le prince Léopold fut élu roi des Belges. Son profil international, son veuvage et son absence d'attachement à un royaume spécifique le rendaient acceptable pour les puissances. Il épousa Louise-Marie d'Orléans pour rassurer la France.
* **Le Traité des 18 Articles (juin 1831) :** Ce traité, négocié par les puissances, modifiait les bases de séparation initiales, reportant la question du Luxembourg et de Maastricht et ajustant la répartition de la dette. Il fut accepté par la Belgique mais refusé par Guillaume Ier.
#### 3.3.4 L'invasion hollandaise et le Traité des 24 Articles
* **L'invasion hollandaise (août 1831) :** Guillaume Ier lança une offensive militaire pour affirmer ses prétentions et forcer une renégociation des termes de séparation.
* **L'intervention française et le Traité des 24 Articles (octobre 1831) :** Face à l'invasion, la France intervint militairement. Un nouveau traité, le Traité des 24 Articles, fut imposé, moins favorable à la Belgique, incluant notamment la perte d'une partie du Limbourg hollandais et une division du Luxembourg, ainsi qu'un péage sur l'Escaut.
* **La reconnaissance définitive :** Après de longues négociations et des interventions militaires franco-britanniques pour faire respecter les traités (blocus de l'Escaut, reprise de la citadelle d'Anvers), Guillaume Ier finit par accepter le Traité des 24 Articles en mars 1839. Cela marqua la perte définitive du Luxembourg et du Limbourg, perçue comme un traumatisme national.
### 3.4 La consolidation de l'État sous Léopold Ier (1831-1865) et Léopold II
La période post-indépendance fut marquée par la consolidation des institutions, les tensions politiques entre libéraux et catholiques, et les premières tentatives de développement économique et de construction identitaire.
#### 3.4.1 La période unioniste et la polarisation politique
* **L'unionisme (1831-1848) :** Compromis politique entre libéraux de gauche et catholiques de droite, visant à assurer la stabilité du jeune État. Léopold Ier soutint activement cette politique, cherchant à maintenir un équilibre.
* **Les courants contestataires :** Républicains/radicaux, réunionistes (pro-français) et orangistes (pro-hollandais) s'opposaient à la monarchie censitaire et au régime établi. L'influence orangiste diminua après 1839.
* **La polarisation :** Malgré l'unionisme, des tensions entre catholiques et libéraux persistaient, particulièrement sur les questions de l'enseignement et de la place de l'Église.
* **L'enseignement :** La loi Nothomb de 1842 visait à organiser l'enseignement primaire, mais renforçait l'influence de l'Église. Les universités d'État coexistaient avec l'Université Catholique.
* **La question des cimetières :** Les tensions entre l'Église et les pouvoirs publics sur la gestion des cimetières ont illustré les divergences.
* **La fin de l'unionisme :** Les élections de 1848 marquent un tournant avec une victoire libérale significative. Les gouvernements homogènes remplacent progressivement la période unioniste.
#### 3.4.2 Le développement économique et l'industrialisation
* **Libéralisme économique et protectionnisme :** Une politique économique mixte, alliant liberté pour les patrons et mesures protectionnistes pour certains secteurs, fut appliquée.
* **Infrastructures :** Développement important des voies de communication et du réseau ferroviaire.
* **Crises économiques :** La Belgique fut touchée par des crises, notamment la crise du coton dans les années 1860 et la crise agricole des Flandres dans les années 1840.
* **Le rôle de la finance :** Création de la Société Générale (qui géra les réserves d'or jusqu'en 1850) et de la Banque Nationale (BNB) en 1850, jouant un rôle clé dans la stabilisation économique.
* **L'industrialisation wallonne :** La Wallonie devient l'une des régions les plus industrialisées au monde, notamment dans la métallurgie et le charbon.
#### 3.4.3 L'affirmation du mouvement flamand
* **Domination du français :** En 1830, le français était la langue des élites, même dans les Flandres, créant une hiérarchie linguistique.
* **Revendications linguistiques :** Le mouvement flamand, incarné par des figures comme Henri Conscience, gagne en importance. Des pétitions sont lancées pour la reconnaissance du flamand dans la justice et l'enseignement.
* **Premières avancées législatives :** La loi Coremans de 1873 autorise l'usage du flamand dans la justice pénale en Flandre. D'autres lois suivront pour l'administration et l'enseignement.
* **Division des mouvements :** Le mouvement flamand était initialement compatible avec le patriotisme belge, mais des tensions apparaîtront avec le temps.
#### 3.4.4 Léopold II et les débuts de son règne (à partir de 1865)
* **Héritage et contexte international :** Léopold II succède à son père dans une période de tensions européennes croissantes (guerre austro-prussienne). La Belgique craint d'être prise entre les grandes puissances.
* **La question du Luxembourg :** Le traité de Londres (1867) confirme la neutralité du Luxembourg et sa démilitarisation, suite à sa dissolution de la confédération germanique.
* **L'essor du mouvement ouvrier :** L'abolition du droit de coalition en 1866 permet le développement des grèves, mais la violence reste réprimée. La Première Internationale (AIT) voit naître une branche belge.
* **Le Parti Ouvrier Belge (POB) :** Fondé en 1885, il deviendra un acteur majeur, luttant pour le suffrage universel et l'abolition de l'article 310 du code pénal réprimant la coalition.
* **La "Guerre scolaire" :** Les années 1870-1880 sont marquées par un conflit intense entre les libéraux, prônant la laïcisation de l'enseignement, et les catholiques, défendant le rôle de l'Église. La loi de 1879 sur l'enseignement officiel, laïque et neutre, déclenche une vive opposition catholique.
> **Tip :** L'histoire de la Belgique indépendante est celle d'une construction progressive de l'État, jalonnée de compromis politiques, de luttes idéologiques et de défis économiques et internationaux. La question linguistique et la place de la religion dans la société resteront des enjeux majeurs tout au long de son histoire.
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# Les mouvements sociaux, linguistiques et politiques en Belgique
Voici un résumé détaillé et complet sur les mouvements sociaux, linguistiques et politiques en Belgique, axé sur les pages 58 à 69 du document.
## 4. Les mouvements sociaux, linguistiques et politiques en Belgique
Cette section aborde l'émergence du mouvement flamand, les luttes entre libéraux et catholiques (notamment la guerre scolaire), ainsi que les évolutions du droit de vote, des conditions de travail et des lois linguistiques en Belgique.
### 4.1 L'émergence et le développement du mouvement flamand
Le mouvement flamand trouve ses racines dans la période post-révolution belge de 1830, où la langue française dominait les élites dirigeantes, tant au nord qu'au sud du pays. L'ascension sociale impliquait une francisation, créant une hiérarchie linguistique. Il est important de noter qu'avant 1914, il n'y avait pas d'incompatibilité entre la défense des revendications flamandes et le patriotisme belge.
* **Premiers signes et revendications (1830-1840)** :
* La littérature, comme "Le Lion des Flandres" d'Henri Conscience (1838), visait à souligner l'harmonie entre la culture flamande et l'identité belge.
* En 1840, la défense de la langue flamande devint plus acceptable, sans être associée à l'orangisme.
* Une pétition lancée par Jan Frans Willems et le chanoine Davis réclamait la reconnaissance du flamand dans la justice et l'enseignement.
* **Le Manifeste de 1847 et ses conséquences** :
* Un manifeste rédigé par Conscience et Snellaert (en français) revendiquait l'égalité linguistique et culturelle, ainsi que la promotion de la culture flamande. Il n'eut pas de suite immédiate.
* L'abaissement du cens électoral en 1848 ouvrit le droit de vote à une classe moyenne supérieure flamande plus consciente de ses droits, transformant le mouvement flamand en un mouvement de fonctionnaires désireux d'exercer dans leur langue maternelle.
* Henri Rogier, suite à la démission du gouvernement de Decker, reconnut l'importance du patrimoine flamand comme moyen de se distinguer des Français, mais refusa une reconnaissance officielle de la langue, craignant pour l'unité de l'État. Le mouvement flamand publia alors son propre rapport commenté par Rogier.
* **La montée en puissance du mouvement flamand (à partir de 1857)** :
* Le "Meetingpartij" (parti flamingant) naquit à Anvers, centré sur des revendications spécifiquement flamandes.
* Jan De Laet fut élu à la Chambre en 1863 et prêta serment en flamand, marquant une étape importante.
* La loi Coremans de 1873, sous un gouvernement catholique, autorisa l'usage du flamand dans la justice pénale en Flandre.
### 4.2 Les tensions entre libéraux et catholiques : La guerre scolaire
La période de l'indépendance belge fut marquée par une alternance entre les gouvernements libéraux et catholiques, avec des moments de forte opposition, notamment sur la question de l'enseignement.
* **La domination catholique et les premières contestations (1830-1850)** :
* Les premières années furent favorables aux catholiques, qui dominèrent l'enseignement.
* L'encyclique *Mirarivos* du pape Grégoire XVI (1832) condamna certaines libertés, créant une tension avec la constitution belge, qui fut interprétée pour servir au mieux les intérêts catholiques.
* La question des cimetières opposa la vision catholique (responsabilité du prêtre) à celle des libéraux qui favorisaient les cimetières communaux et les funérailles civiles, provoquant des émeutes.
* **La création des universités et la laïcisation (années 1830 et après)** :
* Guillaume Ier avait créé trois universités d'État (Liège, Louvain, Gand).
* La construction de l'université catholique de Malines (puis Louvain) par les Jésuites en 1834 marqua le retour d'une université catholique forte, tandis que Liège et Gand restaient des universités d'État.
* L'Université libre de Bruxelles fut fondée en 1834, axée sur la science. La loi de Theux reconnut officiellement l'existence des deux systèmes universitaires (catholique et scientifique).
* **La loi organique de 1842 sur l'enseignement primaire** :
* Portée par Nothomb, cette loi exigeait que chaque commune dispose d'une école primaire gratuite, laissant la possibilité d'adopter une école existante, majoritairement catholique.
* La religion conservait une place dans les écoles libérales (prières, cours de religion).
* **L'émergence des gouvernements homogènes et la première guerre scolaire (1857-1878)** :
* Une première entorse à l'unionisme fut la création d'un gouvernement libéral homogène en 1840/41, qui tomba rapidement sous la pression des catholiques et du roi.
* Après 1857, les gouvernements libéraux succédèrent aux catholiques, prônant un libéralisme économique et la suppression du péage de l'Escaut en 1863.
* Les lois linguistiques se succédèrent : loi Coremans (1873, justice pénale), loi de Laet (1878, administration) et loi Coremans-De Vigne (1883, enseignement moyen officiel), créant un territoire potentiellement bilingue.
* La loi de 1879, sous le gouvernement libéral de Frère-Orban, déclencha la première "guerre scolaire" en imposant des écoles primaires officielles, laïques et neutres, avec des cours de religion facultatifs et hors horaires. L'objectif était d'exclure le prêtre de l'enseignement public.
* La loi de 1881 sur l'enseignement moyen renforça cette laïcisation, entraînant une vive réaction du monde catholique, considérant cela comme une atteinte à la liberté d'enseignement et à l'identité nationale.
### 4.3 Les évolutions concernant le droit de vote et les conditions de travail
Les conditions de travail et le droit de vote ont connu des évolutions significatives, souvent liées aux mouvements sociaux et à la pression populaire.
* **Le suffrage censitaire et ses révisions** :
* Le suffrage était initialement censitaire, limitant le droit de vote à ceux qui payaient un certain niveau d'impôt.
* La crise de 1848 eut un impact sur le droit de vote, conduisant à un abaissement du cens électoral, doublant ainsi le nombre d'électeurs.
* La loi de 1877 sur le vote secret et les fraudes électorales, avec l'introduction d'isoloirs, de témoins et de bulletins, visait à sécuriser le processus électoral.
* La question du suffrage universel fut un combat majeur du Parti Ouvrier Belge (POB) entre 1885 et 1914.
* **Les conditions de travail et l'essor du mouvement ouvrier** :
* L'intervention de l'État dans le développement industriel, bien que présente, manquait de régulation, pesant sur la classe ouvrière.
* La Wallonie fut une région fortement industrialisée.
* L'interdiction du droit de coalition fut supprimée en 1866, ouvrant la voie aux grèves. L'essor du mouvement ouvrier inquiétait le pouvoir, qui réprimait néanmoins la violence.
* La création de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) en 1864, avec une branche belge, commença à organiser des meetings de propagande. Sa dissolution en 1876 fut suivie par les luttes du POB pour l'abolition de l'article 310 (qui limitait le droit de grève).
* **La crise des Flandres et la famine (années 1840)** :
* L'industrialisation tardive en Flandre, dominée par une économie agricole traditionnelle, fut frappée par une crise alimentaire due aux mauvaises récoltes et aux maladies.
* L'émigration vers la Wallonie fut une conséquence directe.
* La famine des années 1845-1847, liée au manque de grain et aux maladies des récoltes (seigle, pomme de terre), entraîna des émeutes de la faim et des épidémies. L'État intervint en favorisant l'importation de grains et la mécanisation agricole.
### 4.4 Les évolutions linguistiques et politiques
Les questions linguistiques et politiques ont été intimement liées, façonnant l'identité belge et les relations entre les différentes communautés.
* **Le français comme langue dominante et la naissance de revendications linguistiques** :
* Dès 1830, le français était la langue des élites, imposant une francisation pour l'ascension sociale.
* Les lois linguistiques ont progressivement accordé une place au flamand, mais toujours dans un cadre de tensions et de compromis. La loi Coremans de 1873 fut une première étape significative.
* **La "Guerre scolaire" et ses implications linguistiques** :
* Les lois libérales visant à la laïcisation de l'enseignement inquiétaient les catholiques, qui craignaient que les pères de famille n'inscrivent leurs enfants dans des écoles catholiques pour échapper aux changements linguistiques imposés par les lois libérales.
* L'enseignement secondaire pour filles resta longtemps sous contrôle de l'Église.
* **Les révolutions et la formation de l'État belge** :
* Les révolutions brabançonne (1789) et liégeoise (1789-1791) furent des prémices de mouvements d'émancipation, inspirées par les Lumières et la Révolution française.
* La période française (1792-1815) imposa un centralisme administratif et des réformes juridiques qui jetèrent les bases de l'État contemporain.
* La période hollandaise (1814-1815) tenta une fusion forcée des populations belges et hollandaises, rencontrant une forte résistance, notamment sur les questions religieuses et linguistiques.
* La révolution belge de 1830, avec des causes libérales et nationales, aboutit à l'indépendance. La constitution de 1831 établit un régime monarchique, bicaméral, garantissant de nombreuses libertés mais laissant des questions importantes en suspens, comme la langue officielle de facto (le français).
* Le traité des 24 articles (1839) officialisa la perte du Luxembourg et du Limbourg, un traumatisme national, mais assura la reconnaissance internationale de la Belgique.
* Le mouvement flamand, initialement discret, gagna en influence au fil des décennies, réclamant une reconnaissance de sa langue et de sa culture.
> **Tip:** Il est crucial de comprendre que l'histoire belge est marquée par une succession de compromis et de luttes entre différents groupes (catholiques/libéraux, francophones/néerlandophones, élites/classes populaires). Ces tensions ont modelé les institutions et la société belge jusqu'à aujourd'hui.
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Lotharingie médiévale | Un ancien royaume d'Europe occidentale issu du partage de l'Empire carolingien, dont l'ambition de Charles le Téméraire était de recréer une entité territoriale similaire englobant notamment les Pays-Bas. |
| Grand Privilège | Un ensemble de droits et libertés accordés par Marie de Bourgogne aux provinces et villes des Pays-Bas en 1477, limitant le pouvoir du souverain et restaurant les institutions locales. |
| Habsbourg | Une des dynasties régnantes les plus importantes d'Europe, qui a exercé une influence considérable sur l'histoire des Pays-Bas, notamment à travers Charles Quint et ses successeurs. |
| Provinces-Unies | La république formée par les sept provinces du nord des Pays-Bas qui se sont séparées de l'Espagne protestante en 1581, constituant l'ancêtre des Pays-Bas actuels. |
| Union d'Arras | Un acte par lequel les provinces méridionales des Pays-Bas, majoritairement catholiques, sont restées fidèles à l'Espagne en 1579, contrairement aux provinces du nord qui formeront les Provinces-Unies. |
| Siècle des Malheurs | Période du XVIIe siècle marquée par d'incessantes guerres, notamment contre la France de Louis XIV, et par des changements de souveraineté pour les Pays-Bas espagnols, affectant gravement leur territoire et leur économie. |
| Lumières | Un mouvement intellectuel et philosophique du XVIIIe siècle qui prônait la raison, la science et les droits de l'homme, influençant de nombreuses réformes politiques et sociales en Europe, y compris dans les Pays-Bas autrichiens. |
| Josephisme | L'ensemble des réformes initiées par l'empereur Joseph II du Saint-Empire romain germanique visant à rationaliser, centraliser et laïciser l'État, notamment en matière religieuse, ecclésiastique et administrative. |
| Contre-révolution | Ensemble des mouvements d'opposition aux réformes radicales de Joseph II, menés par les tenants des institutions traditionnelles, du pouvoir ecclésiastique et des particularismes provinciaux. |
| Révolution Brabançonne | Soulèvement de 1789-1790 contre le pouvoir autrichien, mené par les Statistes et les Vonckistes, visant à restaurer les privilèges traditionnels et à obtenir une plus grande autonomie pour le Brabant. |
| Révolution liégeoise | Mouvement révolutionnaire de 1789-1791 dans la principauté de Liège, inspiré par les Lumières et la Révolution française, qui a abouti à la fin de la principauté épiscopale. |
| États Belges Unis | La république proclamée en 1790 suite à la Révolution Brabançonne, dont l'existence fut éphémère en raison des divisions internes et du retour des forces autrichiennes. |
| Grondwet | La constitution du Royaume-Uni des Pays-Bas établie en 1815, qui a suscité de nombreuses oppositions de la part des Belges en raison de ses dispositions jugées inéquitables et de la concentration du pouvoir entre les mains du roi Guillaume Ier. |
| Unionisme | Mouvement politique qui a prévalu dans les premières années de la Belgique indépendante, cherchant à unir les catholiques et les libéraux face à la menace extérieure et aux divisions internes, afin de construire un État stable. |
| Suffrage censitaire | Système électoral basé sur le revenu ou la fortune, limitant le droit de vote à une petite partie de la population, qui a prévalu dans la Belgique du XIXe siècle avant d'être progressivement élargi. |
| Parti libéral | Formation politique créée en 1846, prônant la séparation de l'Église et de l'État, la laïcisation de l'enseignement et l'élargissement du droit de vote, s'opposant ainsi aux catholiques. |
| Parti catholique | Le principal parti politique belge du XIXe et début du XXe siècle, défendant les intérêts de l'Église catholique, l'enseignement confessionnel et les valeurs traditionnelles. |
| Unionisme (concept politique) | Coalition de partis politiques (catholiques et libéraux) pour gouverner ensemble, cherchant à dépasser les divergences pour l'intérêt national, particulièrement présente dans la Belgique des premières décennies d'indépendance. |
| Congrès National | L'assemblée constituante élue en 1830 pour élaborer la constitution belge et définir les bases du nouvel État, résultant d'un compromis entre les différentes tendances politiques. |
| Traité des 18 articles | Accord préliminaire de 1831 issu de la Conférence de Londres, fixant les bases de la séparation entre la Belgique et les Pays-Bas, mais rejeté par le roi Guillaume Ier. |
| Traité des 24 articles | Accord définitif de 1839 suite à la Conférence de Londres, reconnaissant l'indépendance de la Belgique et réglant les questions de frontières et de dette avec les Pays-Bas, marquant une perte territoriale et un traumatisme pour la Belgique. |
| Mouvement flamand | Mouvement visant à la reconnaissance et à la promotion de la langue et de la culture flamandes en Belgique, né au XIXe siècle dans un contexte de domination du français par les élites. |
| Guerre scolaire | Période de tensions intenses entre catholiques et libéraux concernant la politique éducative, particulièrement marquée par la loi de 1879 qui visait à la laïcisation de l'enseignement public. |
| Laïcisation | Processus visant à réduire l'influence de la religion dans la sphère publique, notamment dans l'éducation et les institutions, un enjeu majeur des luttes politiques au XIXe siècle en Belgique. |