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Summary
# Composantes et modalités du langage
Cette section explore les différentes composantes structurelles du langage et les modalités d'utilisation du langage [1](#page=1).
### 1.1 Définition et distinction
Le langage est défini comme un système complexe de composantes et de représentations multiples permettant la transmission d'un message, essentiel à la communication humaine. Il est structuré par des composantes et son utilisation varie selon ces dernières, impliquant des mises en place différentes [1](#page=1).
* **Composantes:** Elles structurent le système langagier [1](#page=1).
* **Modalités:** Elles correspondent à la façon dont le langage est utilisé [1](#page=1).
Le tableau suivant résume les différentes modalités et leurs composantes associées :
ModalitéComposantesLangage tactile (Braille)Phonologie, Lexique, Morphologie, Syntaxe, PragmatiqueLangage oralPhonologie, Lexique, Morphologie, Syntaxe, PragmatiqueLangage gestuel (LSF)Phonologie, Lexique, Morphologie, Syntaxe, PragmatiqueLangage écritPhonologie, Lexique, Morphologie, Syntaxe, Pragmatique
### 1.2 Les différentes composantes langagières
Le système langagier est composé de plusieurs éléments fondamentaux qui travaillent de concert [1](#page=1).
#### 1.2.1 Phonologie
La phonologie concerne tous les sons de la langue utilisés pour produire la parole [1](#page=1).
* **Unité:** le phonème, qui est la plus petite unité de la langue [1](#page=1).
* **Spécificité à la langue :**
* **Développement du répertoire phonologique:** chaque langue possède un ensemble de sons spécifiques qui sont intégrés dans le répertoire de ses locuteurs. À la naissance, le langage se développe par l'observation et la catégorisation des sons entendus, menant à l'établissement de règles et de patterns [1](#page=1).
* **Règles phonotactiques:** elles sont spécifiques aux langues développées et sont acquises au fur et à mesure que l'individu est exposé à des stimuli sonores. L'imitation joue un rôle clé, permettant la combinaison de sons selon les règles de la langue [1](#page=1).
* **Critères clés:** phonème, répertoire phonologique et règles phonotactiques. Un répertoire phonologique incomplet affecte la compréhension et la reproduction des sons [2](#page=2).
#### 1.2.2 Morphologie
La morphologie s'intéresse à la structure interne des mots [2](#page=2).
* **Unité:** le morphème, qui est une combinaison de sens permettant la création et la construction de sens au sein des mots et du système langagier [2](#page=2).
#### 1.2.3 Syntaxe
La syntaxe concerne l'organisation des mots au niveau de la phrase et les relations entre eux [2](#page=2).
* **Unité:** le syntagme. Les règles de syntaxe guident la construction des phrases en structurant les données à l'intérieur et entre les syntagmes [2](#page=2).
#### 1.2.4 Sémantique
La sémantique traite des concepts et du sens des mots, des phrases et du discours [2](#page=2).
* **Unité:** le sème. L'absence de codage d'un sème peut empêcher son utilisation et la compréhension du message [2](#page=2).
#### 1.2.5 Pragmatique
La pragmatique concerne l'utilisation du langage dans un contexte de communication sociale. Elle englobe des dimensions telles que la culture, l'organisation conversationnelle, les compétences sociales, la gestion de l'implicite, l'adaptation contextuelle et la compréhension des signaux non-verbaux [2](#page=2).
> **Tip:** Le développement des composantes langagières se fait de manière progressive chez l'enfant, enrichissant ainsi son système langagier. L'analyse des corpus du système langagier est cruciale pour distinguer un développement typique d'un développement atypique et pour identifier les besoins de prise en charge [2](#page=2).
### 1.3 Modèle de Pasquet et développement des compétences langagières
Le modèle de Pasquet suggère que le langage est un système de contrastes sonores, tant au niveau de la production articulatoire que de la représentation phonologique. Il divise les compétences langagières en deux groupes principaux [3](#page=3):
* **Vocabulaire:** Ce groupe est lié au développement sémantique et morphologique, et correspond au stock de mots acquis, représentant ainsi les compétences en sémantique [3](#page=3).
* **Syntaxe:** Plus un individu est exposé à des phrases, plus il développera la capacité de les produire et d'acquérir des règles syntaxiques, évoluant de structures simples (Sujet/Verbe) vers des phrases plus complexes [3](#page=3).
Finalement, la présence de sens est fondamentale pour le langage, intégrant le vocabulaire, la théorie de l'esprit, la pragmatique et l'environnement social, ainsi que les morphèmes et le sens concret, le tout régi par des règles naturelles et culturelles [3](#page=3).
> **Tip:** Durant le développement, un enfant acquiert simultanément toutes les composantes du langage, ainsi que leurs interactions et des stratégies de compétences. Il passe d'un stade épilinguistique à la maîtrise de l'écrit, pour enfin pouvoir utiliser ses compétences pour apprendre de nouvelles choses [3](#page=3).
Lors de l'analyse du développement langagier, il est important de prendre en compte les imperfections et les erreurs de production, afin de déterminer si elles relèvent d'une phase normale du développement ou d'une difficulté à maîtriser le langage. Chez les enfants bilingues ou à haut potentiel intellectuel (HPI), l'analyse comparative et l'intégration de ces données sont nécessaires pour évaluer l'éventuelle présence d'une pathologie [2](#page=2).
* * *
# Modèles psycholinguistiques et neurologiques du langage
Ce sujet explore les modèles théoriques qui expliquent les processus cognitifs et neuronaux impliqués dans la réception et la production du langage oral [10](#page=10) [9](#page=9).
### 2.1 Le concept de modularité en linguistique
Le langage est représenté comme un système complexe divisé en modules et sous-systèmes cognitifs distincts, chacun gérant une composante spécifique du langage. L'hypothèse est que le langage, étant une fonction abstraite, ne peut être appréhendé par des modèles purement physiques, mécaniques ou mathématiques. Par conséquent, des schémas de fonctionnement sont proposés pour expliquer ses mécanismes, tout en reconnaissant leur nature théorique et évolutive [9](#page=9).
### 2.2 Modèles psycholinguistiques du langage
Les modèles psycholinguistiques offrent une représentation abstraite et schématique des mécanismes cognitifs et des systèmes de réception et de production du langage. Ils servent de cadre théorique pour les concepts linguistiques et cognitifs associés, expliquent les processus sous-jacents à la production et à la réception du langage, et permettent de tester leur validité en confrontant données linguistiques et cognitives observées. Ces modèles peuvent également proposer des applications pratiques pour les problématiques linguistiques [10](#page=10).
#### 2.2.1 Le modèle de Levelt
Ce modèle, l'un des premiers à expliquer la production de la parole, est structuré en trois modules principaux [10](#page=10):
1. **Planification conceptuelle:** Conceptualisation de l'intention du message et des idées à communiquer [10](#page=10).
2. **Formulation linguistique:** Encodage sémantique et syntaxique pour formuler linguistiquement une phrase, incluant les composantes morpho-syntaxiques et sémantiques [10](#page=10).
3. **Exécution phonologique:** Association et assimilation des phonèmes pour produire la parole [10](#page=10).
#### 2.2.2 Le modèle de Stackhouse et Wells
Ce modèle présente des étapes schématiques mais automatisées pour la réception et la production de messages, couvrant la manière dont les sons sont perçus et envoyés. Il décrit le parcours d'un message audio entrant, de l'audition à son traitement cérébral. L'activation peut circuler du niveau acoustique au niveau moteur, notamment lors de la répétition de pseudo-mots où le niveau lexical n'est pas activé [10](#page=10) [11](#page=11).
> **Tip:** Ce modèle distingue clairement les processus de réception et de production, ainsi que les différents niveaux de traitement (sub-lexical et lexical).
Le traitement des données est organisé selon deux niveaux principaux :
1. **Niveau sub-lexical:** Implique la manipulation des données phonémiques ou graphémiques au niveau de la mémoire de travail, avec récupération sélective des informations pertinentes de la mémoire à long terme. Il gère le décodage et l'encodage des données, ainsi que les règles phonotactiques de la langue [11](#page=11) [13](#page=13).
* **Perception auditive périphérique:** Réception des ondes acoustiques par l'oreille et activation des neurones auditifs [11](#page=11).
* **Discrimination parole/non-parole:** Capacité du cerveau à distinguer la parole des bruits environnants, une étape pré-linguistique basée sur une analyse catégorielle [11](#page=11).
* **Reconnaissance phonologique:** Sensibilité aux sons de la langue et reconnaissance qu'un mot est une suite de phonèmes [11](#page=11).
* **Discrimination phonétique:** Reconnaissance de stimuli sonores à un phonème près, se spécialisant sur la langue maternelle au cours de la première année de vie [11](#page=11).
2. **Niveau lexical:** Représente l'ensemble des données lexico-phonologiques stockées dans la mémoire à long terme, incluant les phonèmes, les règles phonotactiques, le sens, les concepts associés, ainsi que les unités lexicales et phonologiques formant les morphèmes et les syntagmes [12](#page=12).
* **Représentation phonologique:** Activation et stockage du répertoire phonologique de la langue, incluant tous les phonèmes et leurs caractéristiques [12](#page=12).
* **Représentation sémantique:** Association de morphèmes aux sèmes (unités de sens) et accès au concept ou au sens d'une suite phonologique, ainsi qu'aux liens sémantiques conceptuels [12](#page=12).
* **Programme moteur:** Association d'un concept sémantique à une suite phonologique, déclenchant le schéma articulatoire associé aux phonèmes de la langue, et stockage de ces schèmes moteurs [12](#page=12).
Le processus se déroule en plusieurs étapes, que ce soit pour la réception ou la production :
* **Réception:** L'activation progresse du système auditif vers le niveau conceptuel [11](#page=11).
* **Production:** L'activation part du niveau conceptuel (conceptualisation du message) pour atteindre les organes de production du langage [11](#page=11).
Au retour au niveau sub-lexical (après traitement lexical) :
* **Planification motrice:** Organisation séquentielle des phonèmes à produire, formation de la séquence motrice, adaptation au contexte (intonation) et assemblage final [13](#page=13).
* **Exécution motrice:** Production et transmission du message et du programme moteur aux muscles via les nerfs, coordination des muscles pour réaliser les mouvements planifiés [13](#page=13).
* **Programmation motrice:** Utilisation pour la production de nouveaux mots par un nouvel encodage [13](#page=13).
> **Tip:** La distinction entre traitement sub-lexical (manipulation en mémoire de travail) et lexical (connaissances acquises à long terme) est cruciale pour comprendre les déficits potentiels.
#### 2.2.3 Potentiels déficits par altération de modules
Des altérations à différents niveaux peuvent entraîner des déficits spécifiques :
* **Perception auditive périphérique:** Troubles auditifs, fonctionnels, neuro-fonctionnels, perceptifs ou sensoriels [13](#page=13).
* **Discrimination parole/non-parole:** Agnosie auditive [13](#page=13).
* **Reconnaissance phonologique:** Troubles phonologiques affectant le répertoire phonologique, les caractéristiques des phonèmes, ou la production/perception du message (confusion entre sons, voisés/non-voisés, p-b), entraînant une difficulté générale à reconnaître les phonèmes [13](#page=13).
* **Représentation phonologique:** Atteinte de l'accès au réseau sémantique, menant au manque du mot (temps de latence accru pour trouver le mot) [13](#page=13).
* **Représentation sémantique:** Déficience du stock lexical, le mot n'étant pas suffisamment représenté dans le répertoire [13](#page=13).
* * *
# Développement et troubles du langage écrit
L'analyse du développement de la lecture et de l'écriture, ainsi que les troubles spécifiques du langage écrit tels que la dyslexie et l'hyperlexie, sont cruciaux pour comprendre les défis d'apprentissage [15](#page=15).
### 3.1 Le langage écrit : modèles de lecture et d'écriture
Le fonctionnement du langage écrit repose sur trois codages distincts: le codage phonologique (conversion graphème-phonème), le codage sémantique et le codage orthographique (association de suites de graphèmes au sens). L'exposition répétée à la lecture facilite l'encodage des suites orthographiques [15](#page=15) [16](#page=16).
#### 3.1.1 Modèle à double voie de lecture
Ce modèle explique la transition d'une suite de traits à la parole produite, impliquant plusieurs étapes :
1. **Stimulus écrit**: Repérage de la suite de traits [16](#page=16).
2. **Module d'unités visuelles**: Détection des lettres formant une suite [16](#page=16).
3. **Repérage de graphèmes et de leur séquence** : Utilisation de deux voies principales :
* **Voie lexicale orthographique d'entrée**: Association directe d'une suite graphémique à son encodage en mémoire à long terme [16](#page=16).
* **Voie lexicale phonologique de sortie**: Conversion séquentielle de chaque graphème en son phonème correspondant, utilisée lors de l'apprentissage de la lecture [16](#page=16).
4. **Procédure phonologique**: Application des règles de conversion graphèmes-phonèmes [16](#page=16).
5. **Système phonémique**: Activation pour la production de la parole [16](#page=16).
L'automatisation de ces processus permet de gagner en efficacité. Un déficit du codage sémantique impacte directement cette automatisation [16](#page=16) [17](#page=17).
#### 3.1.2 Modèles de production écrite sous dictée
Les processus sont inversés par rapport à la lecture, avec une conversion phonèmes-graphèmes. La mémoire de travail joue un rôle clé en tant que "buffer" pour retenir la séquence de graphèmes. Si la procédure est automatisée, la voie lexicale est activée, passant par la mémoire de travail avant l'écriture de la suite de lettres [17](#page=17).
### 3.2 Développement de la lecture
Contrairement au langage oral qui se développe par exposition, la lecture s'acquiert par un apprentissage structuré, incluant la connaissance des lettres, leur association aux sons et la conscience phonologique [18](#page=18).
#### 3.2.1 Pré-requis critiques et facteurs de risque
* Connaissance des lettres et de leur association aux sons [18](#page=18).
* Conscience phonologique: capacité à manipuler les sons de la langue [18](#page=18).
* Développement du stock lexical et des relations sémantiques: activation et récupération des concepts pour l'automatisation [18](#page=18).
> **Tip:** La connaissance des lettres en début de maternelle est un indicateur pronostic fort pour l'apprentissage de la lecture au CP [18](#page=18).
#### 3.2.2 L'apprentissage des lettres
Une bonne connaissance des lettres est fortement liée à une entrée réussie dans le langage écrit dès le CP. Cette connaissance inclut non seulement le nom des lettres, mais aussi leurs valeurs phonémiques, les capacités phonologiques et la mémoire de dénomination rapide. Les valeurs phonémiques du nom des lettres sont implicitement extraites par les enfants, renforçant leurs habiletés métaphonémiques. Des difficultés précoces dans l'acquisition du nom des lettres sont associées à des troubles des apprentissages du langage écrit et à une faible conscience phonologique [18](#page=18).
> **Example:** Des études montrent que l'entraînement audiovisuel sur la connaissance du nom des lettres en fin de grande section de maternelle peut aider à dépister les enfants à risque de devenir de faibles lecteurs de syllabes simples en début de CP. Cet entraînement confirme le lien entre la connaissance du nom des lettres, les capacités phonémiques et l'apprentissage de la lecture [19](#page=19).
Une intervention de première ligne basée sur la dénomination des lettres est jugée réalisable et pertinente en maternelle, permettant d'identifier les enfants nécessitant une aide plus spécifique et de créer un partenariat entre l'école et le soin [20](#page=20) [21](#page=21).
#### 3.2.3 Conscience phonologique
Elle permet la manipulation des sons de la langue et englobe plusieurs niveaux de compétences :
* **Discrimination des phonèmes**: Conscience des chaînes phonologiques et de leur segmentation [21](#page=21).
* **Conscience des rimes**: Identification des sons finaux similaires dans les mots [21](#page=21).
* **Conscience syllabique** [21](#page=21).
* **Conscience phonémique**: Capacité à découper et manipuler les phonèmes. Cette compétence dépend de l'exposition au code alphabétique et d'un enseignement explicite des relations lettre-son [21](#page=21).
L'absence d'un code alphabétique dans une langue rend le développement de la conscience phonémique non nécessaire. Des études comparant des locuteurs chinois ayant appris le pinyin (alphabétique) et d'autres qui ne l'ont pas appris montrent des différences significatives dans les tâches de conscience phonémique [21](#page=21).
#### 3.2.4 Étapes du développement typique de la lecture
Le développement typique de la lecture au CP suit plusieurs étapes [22](#page=22):
1. **Décodage**: Transcription graphème par phonème, puis par groupes de lettres. Ce processus est énergivore et peut impacter la compréhension orale. Les pré-requis incluent la conscience phonologique, la conversion grapho-phonologique et le décodage de groupes de lettres [22](#page=22).
2. **Reconnaissance de mots**: Lecture de mots réguliers, acquisition des règles orthographiques et automatisation [22](#page=22).
3. **Fluidité de lecture de textes**: Décodage fluide, connaissances lexicales et grammaticales, et utilisation de la métacognition pour favoriser la compréhension [22](#page=22).
### 3.3 Compréhension et langage écrit
La compréhension écrite nécessite non seulement l'identification des mots écrits (compétences phonologiques, visuelles, décodage), mais aussi la compréhension orale. Les mêmes capacités que pour la compréhension orale sont mobilisées lors de la compréhension de texte. Un problème en compréhension orale a inévitablement des répercussions sur la compréhension écrite [23](#page=23).
> **Tip:** La compréhension générale, qu'elle soit orale ou écrite, est multifactorielle, nécessitant connaissances, expérience, et adaptation au contexte [24](#page=24).
#### 3.3.1 Développement de la compréhension écrite
Le développement de la compréhension écrite progresse à travers plusieurs composantes :
* **Engagement**: Capacité de planification et motivationnelle [25](#page=25).
* **Réseaux de compréhension orale**: Développement du vocabulaire, attention, compréhension cognitive [25](#page=25).
* **Inférences**: Capacité à comprendre les sous-entendus, dépendant de la conscience phonologique et de la connaissance des lettres [25](#page=25).
Au CP, les précurseurs et les bases de l'apprentissage des lettres sont développés. En CM1, la fluidité en lecture de texte permet le développement de la compréhension écrite. L'apprentissage de stratégies de lecture directe est essentiel [25](#page=25) [28](#page=28).
#### 3.3.2 Stratégies de lecture
La compréhension stratégique de texte implique plusieurs phases [28](#page=28):
* **Préparation à la lecture**: Identification des objectifs, exploration de la structure du texte, interprétation des mots et phrases, connexion des données aux connaissances générales, et synthèse (schéma mental) [28](#page=28).
* **Lecture active**: Utilisation de stratégies d'interprétation (comprendre les mots en contexte, faire des inférences, utiliser la structure du texte), de connexion aux connaissances générales, et de visualisation [29](#page=29).
* **Synthèse**: Organisation du récit, résumé, évaluation des sources, analyse critique [29](#page=29).
#### 3.3.3 Facteurs influençant la compréhension écrite
* **Connaissances sémantiques**: La compréhension est corrélée à l'exposition à une langue riche et variée ainsi qu'au niveau des connaissances langagières. Le niveau socio-culturel a un impact sur cette exposition [30](#page=30).
* **Mémoire**: La mémoire de travail est essentielle pour traiter le caractère incrémental de la compréhension, tandis que la mémoire à long terme donne accès aux connaissances générales et langagières. La mémoire prospective aide à l'organisation temporelle des tâches et à la mise en place de stratégies métacognitives [30](#page=30).
* **Variance des performances**: Le vocabulaire, les connaissances générales et la fluidité de lecture sont des facteurs majeurs influençant la compréhension [30](#page=30).
> **Tip:** Les langues dites "opaques" (différence entre transcription graphémique et phonémique, comme l'anglais) rendent la compréhension écrite plus difficile [30](#page=30).
### 3.4 Troubles et déficits du langage écrit
Les troubles du langage écrit peuvent affecter deux domaines principaux: l'identification des mots écrits et la compréhension orale. Les diagnostics pathologiques, survenant au cours des apprentissages, incluent notamment la dyslexie et les faibles lecteurs [31](#page=31) [32](#page=32).
#### 3.4.1 Dyslexie
La dyslexie se caractérise par une difficulté à automatiser les procédures de lecture, sans déficit de la compréhension orale. Les lecteurs dyslexiques butent sur les mots, font des erreurs phonologiques et leur temps de lecture de texte est augmenté. Ils peuvent néanmoins réussir des questions sur une histoire racontée oralement [32](#page=32).
#### 3.4.2 Faibles lecteurs
Ce groupe hétérogène peut présenter des comorbidités, comme des troubles de l'identification et de la compréhension, ou des déficits sous-jacents non détectés (phonologiques, par exemple). Ils peuvent aussi avoir un trouble du langage écrit secondaire à une autre pathologie, comme les troubles du spectre autistique (TSA) affectant la relation sémantique entre les mots [32](#page=32).
> **Tip:** Un normolecteur identifie et comprend efficacement grâce à une conversion graphophonémique efficiente et une capacité de compréhension préservée [32](#page=32).
> **Définitions des profils de lecteurs :**
>
> * **Lecteur dyslexique**: Identification atteinte, mais compréhension préservée. La conversion graphophonémique est altérée, mais la compréhension reste intacte [32](#page=32).
>
> * **Lecteur hyperlexique**: Identification efficace, mais compréhension atteinte. La conversion graphophonémique est efficiente, mais la compréhension est déficitaire [32](#page=32).
>
> * **Faible lecteur**: Atteinte de l'identification ET de la compréhension. La conversion graphophonémique et la capacité de compréhension sont altérées [32](#page=32).
>
On parle de "trouble spécifique du langage écrit avec déficit de la compréhension orale" pour les faibles lecteurs, et de "trouble du langage écrit" lorsque le trouble d'apprentissage n'est pas primaire [32](#page=32).
* * *
# Bilinguisme et orthophonie
Cette section aborde la compréhension du bilinguisme chez l'enfant, en démystifiant les idées reçues, en explorant ses différentes formes, et en soulignant les implications pour l'orthophonie, notamment les phénomènes d'attrition linguistique et de transfert de code.
### 4.1 Idées reçues et réalités du bilinguisme
Il est essentiel de dissiper les mythes entourant le bilinguisme pour une prise en charge orthophonique bienveillante et culturellement adaptée [33](#page=33).
* **Idée reçue :** Les mauvais résultats scolaires sont liés au bilinguisme.
* **Réalité:** Il n'y a pas de lien de cause à effet direct entre les mauvais résultats scolaires et le bilinguisme; le bilinguisme n'aggrave pas les troubles du langage. Maintenir la langue maternelle est bénéfique car elle constitue une base stable pour le développement langagier global de l'enfant [33](#page=33).
* **Idée reçue :** La méthode "un parent, une langue" est idéale.
* **Réalité:** Cette méthode est difficilement applicable au quotidien car les parents sont souvent amenés à utiliser la langue majoritaire dans les interactions sociales. Même si elle était appliquée rigoureusement, elle n'apporterait pas d'avantage significatif [33](#page=33).
* **Idée reçue :** L'enfant doit maîtriser une langue avant d'en apprendre une deuxième.
* **Réalité:** L'apprentissage simultané de plusieurs langues est possible sans engendrer de problèmes supplémentaires [33](#page=33).
### 4.2 Types et caractéristiques du bilinguisme
Le bilinguisme peut être défini de manière sociale chez l'adulte comme l'usage quotidien de plusieurs langues, indépendamment du niveau de compétence, impliquant une organisation neuronale spécifique. Chez l'enfant, il s'agit d'une exposition régulière à différentes langues durant la phase de développement du système langagier, même si cette exposition est passive ou moins fréquente mais régulière [34](#page=34).
#### 4.2.1 Types de bilinguisme précoce chez l'enfant
* **Simultané:** L'enfant est exposé à plusieurs langues dès la naissance dans son environnement [34](#page=34).
* **Séquentiel:** L'enfant possède une première langue et est exposé à une seconde langue plus tardivement dans son développement, souvent suite à une expatriation [34](#page=34).
Les compétences langagières, bien que développées dans deux langues distinctes, sont gérées par un unique système cognitif. Il y a une interaction entre les répertoires phonologiques, sémantiques et syntaxiques des différentes langues, mais la manipulation des données s'effectue de manière similaire [34](#page=34).
L'interaction entre les systèmes linguistiques permet diverses formes de compensation :
* **Vocabulaire:** Le stock lexical est la somme des vocabulaires de chaque langue [34](#page=34).
* **Morphosyntaxe et phonologie:** Il existe deux répertoires distincts, mais l'exposition aux langues peut entraîner des interférences. Les sons proches peuvent être transférés, facilitant la communication, tandis que des sons différents peuvent être influencés par le répertoire de l'autre langue [34](#page=34).
Le développement de chaque langue dépend de :
* L'âge d'exposition à la langue [34](#page=34).
* La quantité d'exposition (pourcentage du temps) [34](#page=34).
* Le contexte sociolinguistique [34](#page=34).
### 4.3 Particularités langagières et variabilité
L'existence de plusieurs répertoires linguistiques peut entraîner des interférences et des particularités langagières tant que le développement n'est pas mature. Il est crucial de ne pas les confondre avec des troubles orthophoniques [35](#page=35).
#### 4.3.1 Variabilité interindividuelle et attrition linguistique
Même exposés aux mêmes langues, les enfants présentent des variations de compétences inter-langues. Une diminution de l'exposition à une langue de 20% peut entraîner un risque de perte complète de cette langue. Il est donc important de maintenir les langues pour éviter leur extinction, qui pourrait dérégler le système langagier [35](#page=35).
#### 4.3.2 Bilinguisme équilibré
Il s'agit d'une situation où les deux langues sont parlées avec une fréquence égale [35](#page=35).
### 4.4 Attrition linguistique
L'attrition linguistique se manifeste par des compétences qui varient dans le temps, une dynamique normale chez un enfant en développement. Par exemple, un enfant quittant un environnement hispanophone pour un environnement francophone sera exposé majoritairement au français, et l'espagnol pourra progressivement céder sa place; un retour en Espagne inverserait cette tendance [36](#page=36).
La langue maternelle joue un rôle primordial non seulement en tant que socle, mais aussi pour maintenir la communication familiale et le lien affectif. La langue maternelle est étroitement liée à l'émotionnel et soutient le développement global de l'enfant [36](#page=36).
En conclusion, deux enfants dans un contexte bilingue identique peuvent présenter :
* Des capacités cognitives différentes [36](#page=36).
* Des degrés d'exposition environnementale variables [36](#page=36).
L'interaction entre les langues permet des transferts passagers morphosyntaxiques et phonologiques entre la L1 et la L2. L'enfant dispose d'un système cognitif langagier unique pour manipuler les données, mais deux systèmes linguistiques qui se développent simultanément. Dès 18 mois à 2 ans, l'enfant apprend à discriminer et utiliser la langue appropriée selon le contexte [36](#page=36).
### 4.5 Transfert de code et période silencieuse
#### 4.5.1 Code switching et transfert de code
Le transfert de code (ou \_code switching) consiste à utiliser un mot d'une langue alors que la conversation se déroule dans une autre. Ce phénomène implique un principe de sélection lexicale, où un lexique spécifique est associé à un concept sémantique dans la langue d'origine du mot. Si le stock lexical n'est pas complet dans les deux langues, cela peut entraîner des usages "erronés" mais permet de maintenir le message et la communication [37](#page=37).
#### 4.5.2 Période silencieuse
Dans le cas d'un bilinguisme successif, une "période silencieuse" peut survenir où l'enfant montre une écoute active mais ne produit pas encore sa seconde langue (L2). Cette phase peut durer jusqu'à 6 mois et est considérée comme typique; au-delà, elle peut être inquiétante [37](#page=37).
Il faut cependant faire attention à ne pas confondre cette période avec un mutisme sélectif, qui pourrait indiquer un problème psychologique sous-jacent [37](#page=37).
### 4.6 Bilinguisme, multiculturalité et rôle de l'orthophoniste
Il est important de connaître les spécificités linguistiques et culturelles de la langue maternelle du patient, ainsi que les valeurs et croyances de la famille. Certaines particularités de communication peuvent sembler atypiques de prime abord [37](#page=37).
Dans un ordre pathologique, le système langagier cognitif est impacté et se répercute sur tous les systèmes linguistiques. Pour comprendre l'organisation des langues d'un patient, il est nécessaire de réaliser des tests et de prendre en compte les facteurs de risque, tels que l'inquiétude parentale, l'extinction de la langue maternelle dans un contexte de bilinguisme successif, particulièrement durant les phases précoces [37](#page=37).
Le rôle de l'orthophoniste est de distinguer :
* Les caractéristiques typiques du développement bilingue (erreurs passagères, spécificités culturelles, difficultés familiales temporaires) [37](#page=37).
* Les caractéristiques atypiques (persistance des difficultés, impacts fonctionnels quotidiens, troubles langagiers affectant toutes les langues) [37](#page=37).
La réalisation d'un bilan individualisé est essentielle pour établir un diagnostic cohérent et proposer une prise en charge adéquate [37](#page=37).
* * *
## Erreurs courantes à éviter
* Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
* Portez attention aux formules et définitions clés
* Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
* Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Composante langagière | Élément structurel du système linguistique qui organise et forme le langage, tel que la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. |
| Modalité du langage | Manière dont le langage est utilisé ou exprimé, incluant le langage oral, écrit, gestuel ou tactile (Braille). |
| Phonologie | Branche de la linguistique qui étudie les sons d'une langue, leur organisation et leur utilisation dans la production de la parole. |
| Morphologie | Étude de la structure interne des mots et de la manière dont ils sont formés, notamment par l'ajout de morphèmes. |
| Syntaxe | Ensemble des règles qui régissent l'ordre et la relation des mots dans une phrase pour former des énoncés grammaticalement corrects. |
| Sémantique | Domaine de la linguistique qui traite du sens des mots, des phrases et du discours, ainsi que des concepts associés. |
| Pragmatique | Discipline qui étudie l'utilisation du langage dans un contexte social et communicatif, incluant les aspects culturels, sociaux et implicites. |
| Modèle psycholinguistique | Cadre théorique abstrait qui représente les mécanismes cognitifs sous-jacents à la réception et à la production du langage. |
| Modèle de Levelt | Modèle de production de la parole décrivant trois modules principaux : conceptualisation, formulation linguistique et exécution phonologique. |
| Modèle de Stackhouse et Wells | Modèle décrivant les processus de réception et de production de messages verbaux, allant du niveau acoustique au niveau conceptuel et moteur. |
| Sub-lexical | Niveau de traitement du langage impliquant la manipulation des données phonémiques ou graphémiques pour produire ou réceptionner des sons. |
| Lexical | Niveau de traitement du langage lié au stockage et à la récupération des données lexico-phonologiques, incluant le sens et les concepts associés aux mots. |
| Plan moteur | Schéma articulatoire associé aux phonèmes d'une langue, utilisé pour la production de la parole. |
| Troupe Développemental des Sons de la Parole (TDSP) | Trouble affectant spécifiquement la composante phonologique de la production de la parole, sans cause biomédicale associée. |
| Langage écrit | Système de communication utilisant des symboles graphiques (lettres) pour représenter les sons et le sens. |
| Lecture | Processus cognitif de décodage et de compréhension de textes écrits. |
| Écriture | Processus cognitif de production de textes écrits, impliquant la conversion de pensées en symboles graphiques. |
| Modèle à double voie de lecture | Modèle expliquant la lecture par deux voies principales : une voie lexicale orthographique (reconnaissance directe des mots) et une voie lexicale phonologique (conversion graphème-phonème). |
| Conscience phonologique | Capacité à manipuler les sons de la langue, incluant la discrimination des phonèmes, la conscience des rimes, syllabique et phonémique. |
| Bilinguisme | Utilisation régulière de deux langues par un individu. |
| Bilinguisme simultané | Exposition à deux langues dès la naissance. |
| Bilinguisme séquentiel | Exposition à une première langue suivie d'une exposition à une seconde langue plus tard dans le développement. |
| Attrition linguistique | Diminution progressive des compétences dans une langue due à une exposition réduite, particulièrement observée en contexte bilingue. |
| Code switching (Transfert de code) | Utilisation d'un mot ou d'une phrase d'une langue alors que la conversation est menée dans une autre langue. |
| Dyslexie | Trouble spécifique du langage écrit caractérisé par des difficultés dans l'identification des mots écrits, sans déficit de la compréhension orale. |
| Hyperlexie | Trouble caractérisé par une identification des mots écrits efficace mais une compréhension orale déficitaire. |
| Faible lecteur | Individu présentant des déficits à la fois dans l'identification des mots écrits et dans la compréhension orale. |