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Summary
# La redécouverte et la valorisation du Moyen Âge au XIXe siècle
Voici un résumé détaillé du sujet "La redécouverte et la valorisation du Moyen Âge au XIXe siècle", axé sur les pages fournies.
## 1. La redécouverte et la valorisation du Moyen Âge au XIXe siècle
Le XIXe siècle marque une profonde réévaluation du Moyen Âge, passant d'une période initialement dévalorisée à un objet d'étude et de fascination, profondément influencé par les mouvements romantique et nationaliste.
### 1.1 Une perception évolutive du Moyen Âge
#### 1.1.1 Du rejet à la réhabilitation
Initialement, dès le XVIe siècle, le Moyen Âge est souvent dépeint comme une période sombre et "barbare", reléguée entre l'Antiquité prestigieuse et une Renaissance renaissante. Cette perception péjorative est particulièrement marquée par le style gothique, jugé décadent.
Cependant, la Révolution française amorce un tournant. La nationalisation des biens du clergé et de la royauté, transformant des biens privés en biens communs, suscite un intérêt nouveau pour le patrimoine. L'Abbé Grégoire dénonce le "vandalisme" et plaide pour une protection plus active des monuments.
#### 1.1.2 La naissance de la protection du patrimoine
En 1795, Alexandre Lenoir fonde le Musée des Monuments français. Ce musée, rempli d'objets confisqués au clergé, devient un lieu de théâtralisation et de romatisation du passé, cherchant à créer une narration autour des œuvres.
Victor Hugo, dès 1824, joue un rôle crucial dans la sensibilisation à la sauvegarde des monuments médiévaux. Il dénonce leur dégradation et appelle à y mettre fin, soulignant la nécessité de protéger ces "biens communs". Cette prise de conscience mène à la création du poste de ministre des Monuments Historiques et, en 1837, à l'instauration d'une commission des Monuments Historiques.
#### 1.1.3 L'essor de la restauration et l'étude scientifique
Sous l'impulsion de figures comme Prosper Mérimée, la commission s'appuie sur des architectes et des experts, tels qu'Eugène Viollet-le-Duc, pour restaurer les monuments. Une question fondamentale se pose alors : faut-il restaurer à l'identique ou dans le style du temps présent ?
Parallèlement, une nouvelle sensibilité artistique émerge avec le romantisme, accompagnée d'un renouveau du christianisme dans la littérature et la poésie. Des auteurs comme Chateaubriand séduisent le public avec les ruines d'églises et le passé chrétien glorifié, contribuant à l'interprétation du Moyen Âge comme un âge d'or.
### 1.2 Le rôle du Romantisme et du Nationalisme
#### 1.2.1 Le romantisme et la passion de l'histoire
Le mouvement romantique, nourri par les romans de chevalerie et le "roman gothique", contribue à la mythification du passé. La passion pour l'histoire devient primordiale dans cette redécouverte. Le XVIIe siècle, qui avait déjà marqué un intérêt pour l'histoire, est dépassé par un engouement plus généralisé.
Des historiens comme Michelet expliquent l'histoire des peuples en évoquant la "race", faisant de l'histoire du Moyen Âge une véritable tribune politique. L'étude du Moyen Âge s'enrichit de disciplines comme la paléographie et l'héraldique. Le Moyen Âge est souvent dépeint comme un temps "obscur, magique, mystérieux", le terme "médiéval" prenant une connotation péjorative.
#### 1.2.2 Le nationalisme et la construction des identités
Le XIXe siècle, avec l'essor des nationalismes, voit le Moyen Âge devenir un élément constitutif des identités nationales. La recherche d'origines anciennes et prestigieuses conduit à une valorisation de cette période, censée incarner les fondements des nations modernes.
Cependant, cette valorisation est sujette à des revers. Après la chute de Napoléon III lors de la guerre franco-prussienne, un amalgame s'opère entre le style gothique et la culture "germanique", entraînant un désenchantement. Cet engouement reprendra par intermittence, notamment autour de figures comme Jeanne d'Arc, mais connaîtra un coup d'arrêt lors de la Première Guerre mondiale.
> **Tip:** Il est important de noter que la perception du Moyen Âge au XIXe siècle est complexe, mêlant fascination romantique, instrumentalisation nationaliste et débuts d'une étude plus scientifique, tout en conservant des stéréotypes péjoratifs.
### 1.3 Héritages et prolongements
#### 1.3.1 Le Moyen Âge fantasmé
Le XXe et XXIe siècles héritent d'un "Moyen Âge fantasmé", peuplé de dragons, de princesses et de sorcières, souvent réduit à des clichés (torture, obscurantisme). Ce fantasme coexiste avec une recherche scientifique plus rigoureuse.
#### 1.3.2 L'archéologie médiévale au XXe siècle
La naissance de l'archéologie médiévale est relativement tardive, se développant surtout dans la seconde moitié du XXe siècle. Cela s'explique par le poids prépondérant de l'archéologie antique et par le fait que les textes médiévaux sont souvent plus abondants, donnant l'impression d'une discipline déjà bien couverte. Dans le reste de l'Europe, l'archéologie médiévale a parfois été abordée plus tôt, jugée plus pertinente pour la construction des sociétés nationales.
L'archéologie médiévale s'intéresse à la fois aux vestiges matériels (archéologie urbaine, rurale, architecturale) et aux objets concrets (archéologie des édifices de culte, histoire de l'art). Elle cherche à prouver par les vestiges ce qui est dit dans les textes, mais aussi à révéler des aspects ignorés par ces derniers.
> **Tip:** Le "Moyen Âge" n'est pas une réalité historique figée, mais une construction qui évolue selon les époques et les disciplines. L'archéologie médiévale joue un rôle clé dans cette redéfinition continue.
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# L'essor et les méthodes de l'archéologie médiévale
Voici une synthèse du sujet "L'essor et les méthodes de l'archéologie médiévale".
## 2. L'essor et les méthodes de l'archéologie médiévale
L'archéologie médiévale, longtemps négligée au profit de l'Antiquité, a émergé comme une discipline à part entière, développant des méthodologies spécifiques pour appréhender le patrimoine matériel de cette période souvent fantasmée.
### 2.1 La naissance tardive de l'archéologie médiévale
#### 2.1.1 Les causes du retard
L'archéologie médiévale a connu un essor tardif, principalement dans la seconde moitié du XXe siècle, pour plusieurs raisons :
* **Prépondérance de l'archéologie antique :** L'étude de l'Antiquité bénéficiait d'une longue tradition et d'une abondance de textes, reléguant le Moyen Âge au second plan.
* **Perception négative du Moyen Âge :** Jugé comme une période "barbare" et obscure, le Moyen Âge n'a suscité l'intérêt qu'à partir du XIXe siècle, notamment grâce au mouvement romantique.
* **Disponibilité des sources écrites :** La richesse des archives écrites, bien que souvent partisane, a pu donner l'illusion qu'il n'y avait pas de place pour une approche archéologique spécifique.
* **Manque d'autonomie scientifique :** L'archéologie médiévale était souvent considérée comme une annexe de l'histoire de l'art, se concentrant sur les aspects esthétiques des monuments plutôt que sur les vestiges matériels issus de fouilles.
#### 2.1.2 Le regain d'intérêt pour le patrimoine médiéval
Au XIXe siècle, une prise de conscience s'est opérée concernant la sauvegarde du patrimoine médiéval, souvent dégradé.
* **La Révolution française et la notion de "bien commun" :** La nationalisation des biens du clergé et de l'aristocratie a contribué à une perception de ces objets comme un patrimoine national. L'Abbé Grégoire a dénoncé le "vandalisme" et plaidé pour la protection du patrimoine.
* **La création du Musée des Monuments Français :** Fondé en 1795 par Alexandre Lenoir, ce musée rassemblait des œuvres saisies et présentait une approche théâtralisée visant à romantiser le passé.
* **Victor Hugo et la sauvegarde des monuments :** En 1824, Victor Hugo a milité pour la fin de la dégradation des monuments médiévaux, les considérant comme un bien commun qui devait être protégé.
* **La commission des monuments historiques :** Créée en 1837, sous l'impulsion de Prosper Mérimée, et s'appuyant sur des architectes comme Eugène Viollet-le-Duc, elle a mené des campagnes de restauration, soulevant la question du style à privilégier : l'état d'origine ou le style de l'époque contemporaine.
* **Le Romantisme et la redécouverte du passé :** La sensibilité artistique nouvelle, le renouveau du christianisme et l'attrait pour les ruines ont contribué à mythifier le Moyen Âge comme un "âge d'or". Les romans de chevalerie ont joué un rôle primordial dans cette redécouverte et cette idéalisation.
* **La "crise du Moyen Âge" au XIXe siècle :** Malgré un intérêt croissant, le Moyen Âge a aussi été qualifié de "temps obscur", "magique" et "mystérieux", en partie lié à des interprétations politiques.
#### 2.1.3 L'archéologie médiévale dans le reste de l'Europe
Dans d'autres pays européens, l'archéologie médiévale a souvent été perçue comme plus importante, notamment pour comprendre la construction des sociétés.
### 2.2 Les méthodes spécifiques de l'archéologie médiévale
Face à la richesse et à la complexité du patrimoine médiéval, des méthodologies spécifiques ont été développées.
#### 2.2.1 L'archéologie des édifices
Cette approche se concentre sur l'étude des monuments, considérés comme des lieux de pouvoir.
* **Monuments comme sources :** Les édifices, qu'il s'agisse d'églises, de châteaux ou d'habitations, sont analysés comme des sources archéologiques primaires.
* **Approches stylistiques et architecturales :** L'étude se base sur l'analyse stylistique, les techniques de construction et l'évolution architecturale.
* **Complémentarité avec les sources écrites :** Bien que souvent rares ou fragmentaires pour le bâti, les sources écrites (textes, plans anciens) sont utilisées en complément pour interpréter les vestiges. Il faut toutefois être conscient des biais potentiels des sources écrites, souvent rédigées par le clergé ou les élites.
* **Archéologie du bâti :** Cette méthode s'attache à l'analyse stratigraphique des élévations des bâtiments et à la compréhension des phases de construction, de transformation et de réutilisation.
#### 2.2.2 L'archéologie préventive
L'essor de l'archéologie préventive, notamment liée aux grands chantiers d'aménagement urbain, a permis des découvertes majeures.
* **Fouilles avant destruction :** La nécessité de documenter le patrimoine avant sa destruction ou sa modification par des travaux a conduit à des fouilles d'urgence.
* **Nouvelles découvertes :** Ces fouilles ont révélé une richesse insoupçonnée concernant la métallurgie, l'habitat, et d'autres aspects de la vie quotidienne.
#### 2.2.3 L'archéologie des mondes ruraux
Longtemps négligés, les campagnes médiévales ont fait l'objet d'études approfondies grâce aux avancées de l'archéologie préventive.
* **Transformation des campagnes antiques :** Les vestiges archéologiques montrent une adaptation progressive des modes d'occupation et de construction, plutôt qu'un effondrement brutal. L'abandon progressif des villas antiques, le déclin des constructions en dur au profit du bois et de la terre, et l'émergence d'exploitations familiales sont observés.
* **Formation du village médiéval :** L'organisation spatiale des habitats évolue, avec l'intégration des sépultures, la structuration des parcelles agricoles et la construction d'édifices religieux, menant à la formation de villages paroissiaux.
* **Importance des grandes fouilles :** Des sites comme Villiers-le-Sec ou Serris ont révélé l'étendue des sites et la complexité de leur organisation, attestant d'une économie agricole organisée et d'une production excédentaire.
* **Équipements domestiques :** L'étude des fours culinaires et des silos, ainsi que leur évolution morphologique, offre des informations précieuses sur les pratiques agricoles et le stockage.
* **Hiérarchisation sociale :** L'apparition de bâtiments élitaires et la différenciation des habitats à partir du Xe siècle témoignent d'une hiérarchisation sociale croissante.
* **Structuration par l'église et le cimetière :** L'église devient un pôle central, le cimetière se fixe, organisant progressivement le paysage rural.
#### 2.2.4 L'archéologie urbaine
L'étude des villes médiévales s'appuie sur une analyse morphologique, des sources écrites et iconographiques, et surtout sur les "archives du sol" que constitue l'archéologie urbaine.
* **Les sources d'étude :** Les sources écrites sont rares et partiales, les sources iconographiques et cartographiques donnent une vision idéalisée, tandis que l'archéologie urbaine (structures enfouies, artefacts, écofacts) et l'archéologie du bâti fournissent des données matérielles essentielles.
* **Définition de la ville :** La ville médiévale est complexe à définir. La population urbaine était minoritaire, et le vocabulaire évoluait. Les seuils de population et les caractéristiques juridiques sont des indicateurs, mais la multiplicité des fonctions (politiques, économiques, religieuses, d'assistance) est le marqueur le plus pertinent de l'urbain.
* **Évolution de l'espace urbain :** L'espace urbain médiéval est le produit d'une longue histoire, marqué par la réutilisation de l'héritage antique, la naissance de la ville chrétienne, la densification de l'occupation ("terres noires") au haut Moyen Âge, et un essor majeur au second Moyen Âge, avec la mise en place du réseau urbain actuel, les grands chantiers, et l'urbanisation volontaire (villeneuves, bastides).
* **Matériaux de construction :** Le pan de bois, la pierre et la brique sont les matériaux prédominants, leur usage variant selon les régions et les fonctions.
#### 2.2.5 L'archéologie funéraire
Cette discipline s'est considérablement développée depuis les années 1980, abordant la mort comme un fait social et culturel.
* **Les espaces funéraires :** Ils évoluent de l'inhumation en dehors des villes et des habitats (nécropoles suburbaines, en plaine champs) à la création de cimetières chrétiens liés aux paroisses.
* **Pratiques funéraires :** L'inhumation remplace progressivement la crémation. Les modes d'inhumation varient régionalement (sarcophages, coffres de tuiles, tombes creusées dans la roche).
* **Mobilier funéraire :** Sa disparition progressive après le VIe-VIIe siècle témoigne d'un changement des croyances et de la gestion des biens. Les objets trouvés permettent cependant de reconstituer les costumes et les parures, de comprendre la place du défunt dans la société et de mettre en évidence les hiérarchies sociales.
* **Croyances et christianisation :** L'archéologie funéraire éclaire la cohabitation des pratiques païennes et chrétiennes, l'orientation Ouest des sépultures chrétiennes vers Jérusalem, et le processus de christianisation marqué par une diminution des dépôts funéraires.
#### 2.2.6 L'archéologie de la mort et thanatologie
La thanatologie, étude des comportements sociaux liés à la mort, s'appuie sur les fouilles pour comprendre la gestion de la séparation entre vivants et morts, et interpréter les gestes funéraires. Elle implique une collaboration avec d'autres disciplines comme l'archéozoologie pour distinguer restes humains et animaux.
#### 2.2.7 Archéologie moderne et contemporaine
Ces domaines, considérés comme relevant des médiévistes, ont également connu un essor, particulièrement depuis les années 1970, avec l'abandon de dates limites arbitraires et l'étude de périodes plus récentes.
* **Archéologie de la Grande Guerre et de la Seconde Guerre Mondiale :** Ces conflits ont permis la redécouverte de vestiges et la création de lieux de mémoire.
* **Archéologie industrielle :** Développée après la Seconde Guerre Mondiale, elle étudie les vestiges liés aux activités industrielles.
* **Archéologie des malheurs :** Elle se concentre sur les sites marqués par des catastrophes ou des conflits.
#### 2.2.8 Archéologie "malheur" et archéologie de siège
Ces branches spécifiques étudient les traces laissées par les conflits, les catastrophes et les événements violents, comme les archéologies des sièges.
### 2.3 Conclusion
L'archéologie médiévale, loin d'être une discipline limitée aux fouilles, s'affirme comme une science humaine transdisciplinaire. Elle permet de prouver par les vestiges matériels ce qui est dit dans les textes, et de révéler la complexité et la richesse d'une période souvent mal comprise. Elle démontre que le "Moyen Âge" n'est pas une entité figée, mais une construction intellectuelle et historique, dont les vestiges matériels conservés continuent de marquer notre paysage et notre quotidien.
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# L'archéologie urbaine et la transformation des villes médiévales
Voici une synthèse du sujet "L'archéologie urbaine et la transformation des villes médiévales".
## 3. L'archéologie urbaine et la transformation des villes médiévales
Ce chapitre explore la manière dont l'archéologie urbaine nous éclaire sur la définition, la structure et l'évolution des villes médiévales, en abordant leurs transformations au fil du temps.
### 3.1 La ville médiévale : une vision redéfinie
La conception du Moyen Âge a considérablement évolué, passant d'une période jugée "barbare" et intermédiaire à une reconnaissance de sa richesse et de sa dynamique. L'archéologie a joué un rôle clé dans cette redécouverte en mettant au jour les vestiges matériels de cette époque, souvent occultés par les sources écrites qui privilégient le pouvoir et la religion.
#### 3.1.1 L'évolution de la perception du Moyen Âge
* **Conception initiale (Révolution Française - XIXe siècle) :** Le Moyen Âge était perçu négativement, comme une période obscure entre l'Antiquité et la Renaissance. Le terme "médiéval" avait une connotation péjorative.
* **Redécouverte romantique :** Le mouvement romantique a suscité un regain d'intérêt pour le passé médiéval, idéalisé à travers les romans de chevalerie et une nouvelle sensibilité artistique et religieuse.
* **Historisation et politisation :** Au XIXe siècle, des disciplines comme la paléographie et l'héraldique ont contribué à une étude plus approfondie, mais le Moyen Âge a aussi été instrumentalisé comme tribune politique.
* **Cliches du XXe-XXIe siècle :** Malgré les avancées scientifiques, des clichés persistants (dragons, sorcières, torture) continuent de fantasmer le Moyen Âge.
* **Renaissance de l'archéologie médiévale :** La seconde moitié du XXe siècle a vu un essor de l'archéologie médiévale, auparavant négligée au profit de l'archéologie antique. Ce développement a été stimulé par l'archéologie préventive, notamment lors de grands chantiers urbains.
#### 3.1.2 L'archéologie médiévale face aux sources
L'archéologie médiévale est une discipline transdisciplinaire qui comble les lacunes des sources écrites, souvent partielles ou biaisées. Elle se concentre sur les vestiges matériels pour reconstituer les aspects concrets de la vie quotidienne, les pratiques sociales et les structures urbaines.
* **Sources écrites :** Rares, partiales, axées sur le pouvoir, la religion et les institutions. Elles renseignent peu sur la vie quotidienne.
* **Sources iconographiques et cartographiques :** Elles fournissent des représentations, souvent idéalisées ou symboliques, de la ville et de son organisation (ex: Carte de Peutinger, tapisseries).
* **Sources archéologiques :**
* **Structures enfouies :** Bâtiments, vestiges de fortifications, etc.
* **Sédiments urbains :** Couches archéologiques révélant l'occupation du sol et les transformations.
* **Artefacts :** Céramiques, verres, métaux, monnaies, outils, etc., témoins des activités économiques et sociales.
* **Ecofacts :** Restes animaux et végétaux, fournissant des informations sur l'alimentation et l'environnement.
* **Archéologie du bâti :** Analyse des phases de construction et de transformation des édifices.
#### 3.1.3 La définition de la ville médiévale
La définition de la ville médiévale est complexe et ne repose pas sur des critères uniques.
* **Dépassement des seuils de population :** Les chiffres modernes (ex: 2 000 habitants) sont peu pertinents pour le Moyen Âge, en raison de l'absence de statistiques fiables et de la fluctuation des populations.
* **Critères juridiques :** L'inscription dans un système seigneurial, les revendications d'autonomie et l'apparition d'institutions municipales à partir du XIIe siècle sont des marqueurs importants. Les villes peuvent être sous un seigneur unique, fragmentées juridiquement, ou constituer une entité juridique propre (universitas, communitas).
* **Critères fonctionnels :** La multiplicité des fonctions distingue la ville du village. Ces fonctions incluent :
* **Politique :** Institutions municipales.
* **Économique :** Marchés, foires, ateliers, banques.
* **Religieux :** Cathédrales, couvents.
* **Assistance et éducation :** Hôpitaux, écoles, universités.
* **Autres :** Bains publics.
* **Critères morphologiques :** Le plan de la ville, la présence d'enceintes, la structure du tissu urbain sont étudiés. L'analyse morphologique révèle la "mémoire des formes", où les formes urbaines conservent l'empreinte d'occupations antérieures (ex: amphithéâtres romains réutilisés).
#### 3.1.4 La ville médiévale : une réalité marginale au début
Au Haut Moyen Âge, la population urbaine était marginale (environ 5% de la population totale), tout comme son économie par rapport au monde rural. Il est crucial de ne pas projeter la conception de la ville moderne sur le Moyen Âge. Le vocabulaire lui-même reflète cette évolution, avec l'apparition des termes "ville" et "village" en français seulement entre les XIe et XIIIe siècles, souvent après la réalité matérielle observée par l'archéologie.
### 3.2 Les structures urbaines et leur évolution
L'archéologie urbaine permet de reconstituer les structures physiques des villes médiévales et d'analyser leur dynamique évolutive.
#### 3.2.1 Les sédimentations urbaines : l'histoire sous nos pieds
Les villes s'empilent sur elles-mêmes, créant des stratigraphies complexes pouvant atteindre plusieurs mètres d'épaisseur. Ces couches, appelées sédimentations urbaines, témoignent des occupations successives.
* **Coupes stratigraphiques :** L'analyse des couches archéologiques permet de reconstituer la chronologie des occupations et les transformations de l'espace.
* **Terres noires :** Ces sols riches en matières organiques, issus de la dégradation des déchets, sont fréquents de l'Antiquité tardive au Moyen Âge central. Leur étude fine (micromorphologie) éclaire la vie quotidienne.
* **Milieux humides et conservation :** Les milieux humides et anaérobies favorisent la conservation exceptionnelle des matériaux organiques, comme le bois, permettant des reconstitutions fines de l'organisation urbaine (ex: Novgorod).
#### 3.2.2 Les enceintes : délimitation et résilience
Les enceintes sont des marqueurs fondamentaux de la ville, délimitant l'espace urbain et le séparant du monde rural.
* **Permanence des tracés :** Les enceintes médiévales réutilisent souvent les tracés antiques, et leurs vestiges influencent encore le plan des villes modernes.
* **Résilience des fortifications :** La construction ou la réutilisation d'enceintes témoigne de l'importance de la défense et de la structuration de l'espace urbain.
#### 3.2.3 La cité chrétienne : cœur symbolique et spatial
Dès l'Antiquité tardive, la ville occidentale s'organise autour de la cité chrétienne, devenue un pôle structurant essentiel.
* **Le rôle de l'évêque :** Figure centrale du pouvoir urbain, l'évêque et sa cathédrale forment le cœur symbolique et spatial de la ville. Le diocèse structure le territoire.
* **Le groupe épiscopal :** Composé de la cathédrale, d'un baptistère et de bâtiments annexes, il marque la présence du pouvoir religieux.
* **Topographie chrétienne :** L'édit de Milan (313) et l'édit de Thessalonique (380) marquent l'essor d'une religion urbaine. Les entrées des morts dans la ville, les cathédrales, les baptistères, les palais épiscopaux et les basiliques funéraires suburbaines structurent l'espace urbain.
* **Le baptistère :** Lieu essentiel lié au rite du baptême, marquant l'entrée dans la communauté chrétienne.
#### 3.2.4 La ville commerçante : émergence et dynamiques économiques
À partir du Haut Moyen Âge, de nouveaux pôles émergent, marqués par les échanges commerciaux et l'artisanat.
* **Nouveaux lieux d'échanges :** Emporia, wics, marchés, foires, ports et carrefours commerciaux deviennent des moteurs du développement urbain.
* **Les emporia :** Agglomérations spécialisées dans les échanges et la production artisanale, situées sur des axes de communication majeurs (ex: Quentovic, Dorestad).
* **Les Frisons :** Acteurs majeurs du commerce en Europe du Nord et dans le royaume franc, ils maîtrisent les routes maritimes et fluviales.
* **Interdépendance des lieux :** Lieux d'échanges et de production sont étroitement liés ; l'importance d'un site se mesure souvent par la diversité de ses artisanats.
#### 3.2.5 Les lieux de pouvoir : structuration et mise en scène
Les lieux de pouvoir (palais, châteaux, complexes élitaires) jouent un rôle fondamental dans la naissance et le développement des villes.
* **Attraction des populations :** Ils attirent populations, artisans et activités, favorisant la hiérarchisation urbaine.
* **Mise en scène de l'autorité :** L'implantation stratégique des bâtiments, les accès, les circulations et les salles d'audience sont pensés pour impressionner, héritage de la tradition romaine.
* **Continuité du pouvoir :** Des sites comme Trèves montrent la réutilisation des bâtiments antiques (ex: Aula de Constantin) pour manifester la continuité du pouvoir.
* **Palais carolingiens :** Lieux de résidence itinérante mais majeurs, associant fonctions politiques et religieuses (ex: Aix-la-Chapelle).
* **Du palais au château :** À partir des Xe-XIe siècles, le pouvoir se territorialise avec l'apparition des mottes castrales, transition entre résidence aristocratique et château fort.
### 3.3 Les trajectoires urbaines : évolution et diversité
La notion de trajectoire urbaine est centrale en archéologie urbaine. Elle décrit l'évolution d'une ville à travers le temps, influencée par ses fonctions, son environnement géopolitique et les événements historiques.
#### 3.3.1 Facteurs des trajectoires urbaines
* **Fonctions religieuses :** Présence d'un évêché, d'une cathédrale, de grands établissements religieux.
* **Fonctions politiques :** Capitale, résidence royale, siège administratif.
* **Fonctions économiques :** Carrefour commercial, port, centre de production.
* **Événements historiques :** Guerres, crises économiques, épidémies peuvent marquer un déclin ou une transformation.
#### 3.3.2 Comparaison de trajectoires : Paris et Thérouanne
* **Paris :** Trajectoire ascendante, marquée par la continuité de son rôle politique et religieux, l'extension de ses enceintes et la concentration du pouvoir royal.
* **Thérouanne :** Trajectoire de déclin, ville importante à l'Antiquité, détruite en 1553, menant à sa quasi-disparition.
#### 3.3.3 Hiérarchies urbaines évolutives
Les cartes et tableaux montrent que la hiérarchie urbaine évolue fortement entre l'Antiquité et le Moyen Âge, certaines villes majeures antiques déclinant au profit de nouvelles puissances urbaines.
### 3.4 Le tissu et les composants de la ville médiévale
L'étude du tissu urbain, de ses composants et de ses matériaux offre un aperçu concret de la vie quotidienne et de l'organisation spatiale des villes médiévales.
#### 3.4.1 Le tissu urbain : rues, parcelles et bâti
* **Voies antiques :** Elles structurent souvent le réseau urbain médiéval, même si les villes se transforment.
* **Parcellaire :** L'organisation des parcelles, héritée de l'Antiquité ou créée durant le Moyen Âge, témoigne des pratiques d'occupation du sol.
* **Bâti :** Les techniques de construction varient :
* **Pan de bois :** Technique dominante dans de nombreuses villes médiévales.
* **Pierre et brique :** Usage différencié selon les régions et les fonctions.
* **Habitat en terre et bois :** Caractéristique du Haut Moyen Âge, avant le retour progressif des constructions en dur.
#### 3.4.2 Les vivants et les morts : l'organisation des nécropoles
Traditionnellement, les morts sont enterrés hors de la ville, et les nécropoles bordent les axes de circulation.
* **Évolution des pratiques funéraires :** L'archéologie funéraire moderne (depuis les années 1980) a renouvelé la compréhension des pratiques, montrant une complexité et une diversité régionales.
* **Classification des sites funéraires :** Tombe isolée, sépultures dispersées, nécropoles, cimetières chrétiens associés aux paroisses.
* **Organisation interne des nécropoles :** Alignements de tombes, espaces de circulation, hiérarchisation des inhumations selon la famille, l'âge, ou le statut social.
* **Marqueurs de surface :** Pierres ou poteaux indiquant la présence d'une tombe.
* **Modes d'inhumation :** Diversité des modes (terre, cercueil, coffrage de bois, caisson en pierre, coffre de tuiles, tombes creusées dans la roche), reflétant des traditions culturelles et des statuts sociaux. L'élite utilisait des sarcophages, plus difficiles et coûteux à fabriquer.
* **Mobilier funéraire :** Sa disparition progressive après le VIe-VIIe siècle témoigne d'une évolution des croyances et de la gestion des biens, avec un moindre besoin de démonstration de puissance. Les offrandes alimentaires pouvaient renseigner sur la place du défunt dans la société.
* **Interprétation sociologique du costume :** Combinaison de critères (vêtements, armes, artefacts) permet de restituer le costume et de discuter du statut social et de l'origine des individus.
* **Croyances :** Coexistence de pratiques païennes et chrétiennes, avec une christianisation progressive marquant une bifurcation aux VIIe-VIIIe siècles. L'orientation des sépultures (tête à l'ouest) et leur position sur le dos tendent vers une orientation vers Jérusalem dans le christianisme.
#### 3.4.3 La ville du Premier Moyen Âge (IVe–XIe s.) : rétraction et christianisation
* **Centres de pouvoir :** La ville se ressert derrière les murailles antiques, formant des centres de pouvoir politique, économique et religieux.
* **Naissance de la ville chrétienne :** L'influence de la religion chrétienne structure l'espace urbain avec la présence de cathédrales, baptistères et palais épiscopaux, et le développement de suburbia autour des basiliques funéraires.
* **Terres noires :** Marqueurs de densité urbaine dans le Haut Moyen Âge, remettant en cause l'idée d'un abandon des villes.
#### 3.4.4 Le tournant du XIIe siècle et l'essor de la ville commerçante
* **Disparition des terres noires :** Indiquant une transformation des modes d'occupation et de gestion des déchets.
* **Organisation polynucléaire :** La ville se structure autour de différents pôles (sacré, public, civil).
* **Urbanisation volontaire :** Apparition des "villeneuves" et "bastides", créations médiévales à parcellaire régulier, initialement rurales mais pouvant devenir des villes.
* **La ville du XIIIe siècle :** Mise en place du réseau urbain actuel, avec l'apparition du trio voies/parcelles/bâti, et développement de grands chantiers (cathédrales, ponts, enceintes).
#### 3.4.5 La "fabrique de la ville" : dynamique et interaction
La ville est le produit d'une interaction permanente entre les pratiques sociales, les formes spatiales et les dynamiques morphologiques. Elle est souvent un "impensé", évoluant au gré des besoins et des opportunités.
### 3.5 Conclusion
L'archéologie urbaine a révolutionné notre compréhension de la ville médiévale, passant d'une vision figée à une appréciation de sa dynamique et de sa diversité. Loin d'un déclin, le Moyen Âge a connu un second mouvement d'urbanisation, transformant profondément l'espace occidental et posant les bases des réseaux urbains actuels. La ville médiévale, existant souvent indépendamment de l'État, est devenue progressivement indispensable à la vie économique, sociale et politique de l'Occident.
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# L'archéologie des mondes ruraux et la formation du village médiéval
Voici une synthèse détaillée du sujet "L'archéologie des mondes ruraux et la formation du village médiéval", conçue comme une ressource prête pour un examen.
## 4. L'archéologie des mondes ruraux et la formation du village médiéval
Ce sujet explore les profondes transformations des campagnes de l'Antiquité au Moyen Âge, l'évolution des habitats ruraux, les méthodologies de l'archéologie rurale et la genèse du village médiéval.
### 4.1 La transformation des campagnes de l'Antiquité au Haut Moyen Âge
L'archéologie révèle une évolution progressive des campagnes plutôt qu'un effondrement brutal suite à la fin de l'Empire romain.
#### 4.1.1 Changements dans les modes d'occupation et de construction
* **Abandon ou transformation des villae antiques :** De nombreuses exploitations agricoles de l'époque romaine sont délaissées ou réaménagées.
* **Déclin des constructions en dur :** Les constructions en pierre deviennent moins courantes.
* **Prédominance des habitats en terre et bois :** Les constructions rurales sont majoritairement réalisées avec ces matériaux.
* **Recentrage sur l'exploitation familiale :** L'exploitation agricole devient le cœur de l'habitat rural. Ces changements reflètent une adaptation aux nouvelles réalités économiques et sociales.
#### 4.1.2 Évolution de l'organisation spatiale des habitats
Les habitats ruraux subissent également des modifications dans leur organisation :
* **Intégration des sépultures :** Les tombes sont placées au sein ou à proximité des lieux d'habitation.
* **Structuration des parcelles agricoles :** L'organisation des champs et des terres cultivées évolue.
* **Construction d'édifices religieux :** Les églises ou lieux de culte deviennent des éléments structurants.
* **Émergence de pôles de pouvoir :** Des centres d'autorité (seigneuriaux, par exemple) apparaissent au sein des habitats.
Ces évolutions annoncent la structuration progressive du village médiéval.
#### 4.1.3 Vers le village médiéval
À terme, ces transformations conduisent à :
* **Villages paroissiaux :** Structurés autour des pôles religieux et du pouvoir.
* **Réapparition des bâtiments en dur :** Ces constructions servent de repères spatiaux.
* **Organisation parcellaire ancienne :** L'agencement des terres remonte souvent au Haut Moyen Âge.
### 4.2 Le renouveau des études sur l'habitat rural
Depuis les années 1980, les fouilles archéologiques, notamment préventives, ont considérablement enrichi notre connaissance des campagnes du Haut Moyen Âge.
#### 4.2.1 L'importance de la superficie fouillée
L'étude de vastes surfaces permet une meilleure compréhension de l'organisation spatiale, la mise en évidence de structures auparavant ignorées et une perception plus fine de l'évolution des sites sur le long terme.
> **Tip:** L'exemple de Villiers-le-Sec (Val-d'Oise) montre qu'une fouille étendue sur 10 hectares a révélé plus de 3000 structures archéologiques, dont 229 silos, attestant d'une économie agricole organisée et d'une production excédentaire.
#### 4.2.2 L'importance de l'état de conservation et de la localisation
* **État de conservation :** Il influence la lisibilité des structures, la restitution des modes d'occupation et la compréhension de la durée d'occupation.
* **Localisation :** Elle joue un rôle déterminant dans la continuité de l'occupation et l'évolution du village sur la longue durée.
### 4.3 Les transformations des modes de construction
#### 4.3.1 Les bâtiments du Haut Moyen Âge
Les habitats étaient principalement composés de :
* **Maisons en terre et en bois :** Utilisation de matériaux périssables.
* **Greniers sur poteaux :** Structures surélevées pour le stockage.
* **Fonds de cabane :** Habitations semi-enterrées, souvent liées à des activités artisanales comme le tissage.
* **Silos :** Pour le stockage des grains et autres denrées.
> **Exemple:** Goudelancourt (VIe siècle) et Orville présentent des exemples de ces types de constructions.
#### 4.3.2 Les fours culinaires
Les fours sont des marqueurs importants de l'habitat rural :
* Présents dès la période mérovingienne.
* Évolution des formes entre l'époque gallo-romaine et carolingienne.
* Grande diversité morphologique régionale observée.
### 4.4 De la villa antique à l'habitat médiéval
L'archéologie met en évidence des continuités et des adaptations plutôt qu'une rupture totale.
#### 4.4.1 Réutilisation des espaces antiques
Des sites comme Richebourg (Yvelines) illustrent la transformation d'une villa gallo-romaine, la réutilisation de l'espace antique, et la persistance de certains axes d'accès ou de grands bâtiments.
#### 4.4.2 Transition progressive
Arpent-Ferret (Servon, Seine-et-Marne) montre une occupation continue du Ve au XIIe-XIIIe siècle, avec une transition progressive entre la villa antique et l'habitat médiéval, ainsi que des adaptations successives des bâtiments et de leurs fonctions.
#### 4.4.3 Continuité des pratiques élitaires
L'exemple de Saint-Pathus (Les Petits Ormes) révèle la présence d'installations balnéaires antiques intégrées dans un habitat en terre et en bois, témoignant de la persistance de certaines pratiques au sein des élites rurales.
#### 4.4.4 Les grandes villae méridionales
La villa de La Gramière (Castillon-du-Gard) occupée dès le Ier siècle, avec ses activités agricoles (viticulture, céréaliculture) et artisanales (verrerie), montre une continuité d'occupation entre la fin du Ve et le VIIe siècle. Vernai (Isère) illustre le passage d'un domaine antique à un habitat du Haut Moyen Âge, associant villa et église.
### 4.5 Vers le village médiéval : habitat groupé et structuration sociale (VIe–XIIIe siècles)
#### 4.5.1 Les nouveaux habitats du Haut Moyen Âge (VIe–VIIe siècles)
* **Rupture et héritages :** Abandon progressif de certaines villae, continuités ponctuelles, réorganisation profonde des formes d'habitat. Les habitats sont souvent ruraux, agricoles et peu monumentalisés mais bien structurés.
* **Transformations constructives :** Prédominance des fonds de cabanes, bâtiments en bois, terre et clayonnage ; utilisation limitée de la pierre au début. Ces structures sont domestiques, artisanales ou agricoles (greniers, silos).
* **Organisation spatiale :** Regroupement en unités domestiques, zones spécialisées (habitat, stockage, production). Les nécropoles sont proches mais séparées, jouant un rôle dans la cohésion sociale.
> **Exemple:** Goudelancourt (Aisne) avec ses fonds de cabanes, fours culinaires et unités agricoles cohérentes.
#### 4.5.2 Transformations du VIIe au Xe siècle : vers l'habitat groupé
* **Du groupement de fermes au village :** Augmentation du nombre de bâtiments, regroupement progressif, stabilisation de l'occupation.
> **Exemple:** Warmeriville – La Bassière montre l'évolution d'un habitat dispersé vers un habitat groupé avec des continuités sur plusieurs siècles.
* **Importance des équipements :** Fours culinaires qui évoluent en taille et en usage (collectif possible) ; silos nombreux indiquant une production céréalière importante. À Villiers-le-Sec, l'augmentation de la capacité de stockage entre le VIIIe et le IXe siècle témoigne d'une croissance économique.
#### 4.5.3 Hiérarchisation sociale et naissance du village médiéval (Xe–XIIIe siècles)
* **Différenciation des habitats :** Apparition de bâtiments élitaires (manoirs), distinction sociale visible dans la taille des constructions, mais techniques constructives souvent similaires.
> **Exemple:** Serris-les-Ruelles montre un bâtiment principal long et un habitat aristocratique accolé au cimetière, avec une organisation polarisée autour d'un pôle seigneurial.
* **Structuration par l'église et le cimetière :** L'église devient un pôle central, le cimetière se fixe durablement, l'habitat s'organise autour de ces éléments.
> **Exemple:** Saleux (Somme) illustre l'association habitat – nécropole – église.
* **Vers les campagnes traditionnelles :** Le village se stabilise, la hiérarchie sociale est marquée, le paysage rural est durablement structuré, marquant la naissance du village médiéval "classique".
### 4.6 Méthodologies de l'archéologie rurale
Les grandes fouilles préventives ont profondément renouvelé la compréhension des mondes ruraux du Haut Moyen Âge. L'étude de la superficie fouillée, de l'état de conservation et de la localisation des sites sont des éléments cruciaux pour interpréter les vestiges et comprendre les dynamiques territoriales et l'évolution des habitats sur le long terme.
> **Tip:** L'archéologie rurale ne se limite pas aux vestiges de bâtiments. L'étude des silos, des fours, des parcelles agricoles et des nécropoles fournit des informations précieuses sur l'économie, l'organisation sociale et les pratiques funéraires.
### 4.7 Formation du village médiéval
Le village médiéval n'apparaît pas brutalement mais est le résultat de transformations progressives qui s'étalent de l'Antiquité tardive au XIIIe siècle. Il repose sur des dynamiques spatiales, économiques et sociales visibles grâce à l'archéologie, aboutissant à des structures durables dans le paysage rural européen.
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# Pratiques funéraires et espaces religieux au Moyen Âge
Voici une synthèse détaillée sur les pratiques funéraires et les espaces religieux au Moyen Âge, destinée à la préparation d'un examen.
## 5. Pratiques funéraires et espaces religieux au Moyen Âge
Ce thème explore l'évolution des pratiques funéraires, la distinction entre nécropoles et cimetières chrétiens, le mobilier funéraire et les interprétations sociologiques des tombes au Moyen Âge.
### 5.1 L'évolution des pratiques funéraires et les espaces funéraires
#### 5.1.1 Héritages antiques et nouveautés au début du Moyen Âge
* **Héritage romain :** L'inhumation dans la cité était généralement interdite, les morts étant souvent ensevelis sur les routes ou en périphérie. Les zones funéraires suburbaines se développent autour des basiliques, notamment celles abritant des martyrs.
* **Nécropoles "de plein champ" :** Du VIIe au VIIIe siècle, les nécropoles s'installent à l'écart des lieux d'habitation, souvent en dehors des agglomérations.
* **Organisation des nécropoles mérovingiennes :** Ces espaces présentent une organisation structurée avec des rangées de tombes alignées, des espaces de circulation, et parfois des concentrations de tombes indiquant une hiérarchie sociale (familles, enfants, malades). Des marqueurs de surface (pierres, poteaux) pouvaient signaler l'emplacement d'une tombe.
* **Les tombes mérovingiennes :** Elles sont généralement individuelles. La réutilisation de tombes, appelée "réduction", est attestée entre le VIIe et le VIIIe siècle, indiquant que l'espace funéraire n'était pas figé. Le corps est inhumé, soit en terre, dans un cercueil, un coffrage de bois construit sur place, ou un caisson de pierre.
#### 5.1.2 Diversité des modes d'inhumation et régionalisation
* **Fin de la crémation :** Les pratiques de crémation disparaissent progressivement au profit de l'inhumation.
* **Sarcophages :** Réservés à l'élite, les sarcophages en pierre sont coûteux et difficiles à fabriquer, leur densité témoignant d'un édifice culturel. Ils peuvent être en pierre, en plaque, ou issus de réutilisation de sarcophages antiques.
* **Spécificités régionales :**
* Dans le nord et l'est de la France, l'inhumation en forme de tronc d'arbre est courante.
* Dans le sud, les coffres en tuiles sont observés.
* Des tombes creusées dans la roche existent également.
* Les tumulus, expression du pouvoir sur le territoire, sont présents aux VIe-VIIe siècles.
#### 5.1.3 Le mobilier funéraire et son interprétation
* **Disparition progressive du mobilier :** Après le VIIe siècle, le mobilier funéraire tend à diminuer, reflétant un changement dans la manière de manifester la puissance ou le statut.
* **Offrandes alimentaires :** Présentes dans certaines tombes, elles peuvent renseigner sur la place du défunt dans la société.
* **Objets courants :** Céramique, verre, armes sont retrouvés, mais le phénomène n'est pas massif ni systématique (rarement 10 à 20% des tombes), avec des taux plus élevés en milieu rural qu'en milieu urbain.
* **Spécialisation des inhumations avec mobilier :**
* **Gaule mérovingienne (entre Seine et Rhin) :** Restitution des vêtements et parures à partir d'éléments métalliques (fibules, boucles) et de restes de tissus conservés. La manière dont une fibule est accrochée aux vêtements permet d'inférer le type de vêtement porté en dessous.
* **Exemple de sarcophage d'enfant :** Un sarcophage d'enfant de 5 à 8 mois découvert dans un espace sacré contenait un mobilier funéraire relativement abondant pour son âge : 2 perles en mer, 2 anneaux en argent, et une petite chaînette.
* **Interprétation sociologique du costume :** L'analyse du type et de l'évolution des vêtements, des armes, des artefacts et du type de tombe permet de dégager les hiérarchies sociales.
* **Tombe de chef :** Caractérisée par la présence d'armes.
* **Germain occidental :** Mode du port de deux paires de fibules pour les femmes, signe d'un statut social particulier ou d'une origine spécifique.
* **Après 600 (influence méditerranéenne) :** Les hommes portent moins d'armes, souvent un scramasaxe et une partie de leur panoplie. Les femmes portent une seule fibule au cou, dont la qualité varie, traduisant les statuts sociaux.
#### 5.1.4 Croyances et pratiques chrétiennes
* **Religion officielle :** Le christianisme catholique devient la religion officielle en 380.
* **Cohabitation des pratiques :** Bien que le christianisme soit officiel, des pratiques païennes persistent, mais l'inhumation dans la cité est laissée à la sphère privée et familiale.
* **Rôle des Églises :** Les églises ne prenaient pas en charge les morts directement, cette responsabilité relevant de la famille.
* **Orientation des sépultures :** L'orientation tête à l'ouest des sépultures est généralement acceptée dans la chrétienté, le défunt étant censé regarder vers Jérusalem.
* **Christianisation :** Ce processus se marque par une bifurcation aux VIIe-VIIIe siècles. Les objets dans les tombes deviennent moins nombreux, reflétant une nouvelle gestion des biens précieux. La "thésaurisation d'intention funéraire" devient temporaire, avec une réjection des métaux précieux au profit de l'Église et un affichage volontaire de la pauvreté et de l'humilité.
* **Nécropoles chrétiennes et cimetières :**
* **Nécropole :** Terme générique désignant un lieu de sépultures regroupées (40 individus et plus), mais pouvant aussi s'appliquer à des sépultures dispersées (6 à 40) ou isolées.
* **Cimetière :** Terme spécifique aux chrétiens, désignant un lieu de sépultures regroupées (40 individus et plus), en lien avec la paroisse.
* **Ad sanctos :** Pratique d'inhumation à proximité des reliques des saints dans un lieu consacré.
### 5.2 Espaces religieux et leur lien avec les pratiques funéraires
#### 5.2.1 La structuration de la ville par le religieux
* **La cité chrétienne :** À partir de l'Antiquité tardive, la ville s'organise autour de la cité chrétienne, qui devient un facteur essentiel de continuité urbaine.
* **Le rôle de l'évêque :** L'évêque est une figure centrale du pouvoir urbain. La cathédrale devient le cœur symbolique et spatial de la ville. Le diocèse structure le territoire.
* **Topographie chrétienne :** Le pôle chrétien structurait l'urbanisme, délimitant parfois l'espace de la cité.
* **Groupe épiscopal :** Il comprend généralement la cathédrale, un baptistère (lieu essentiel lié au rite du baptême) et des bâtiments annexes.
* **Les basiliques funéraires :** Elles se développent en périphérie des villes, comme à Marseille, où elles sont construites avec des tuiles pour les plus pauvres.
#### 5.2.2 Les espaces funéraires en lien avec les lieux de culte
* **Séparation vivant/mort :** Au VIIe siècle, les lieux de sépulture tendent à être situés en dehors des espaces habités, mais près des voies de circulation. L'idée d'enterrer les morts à l'église est vue comme une souillure.
* **Premières enceintes médiévales :** Les plus anciennes datent du Xe siècle.
* **L'église comme pôle :** Progressivement, l'église devient un pôle central dans la structuration du village, le cimetière se fixant durablement autour d'elle.
* **Hiérarchisation sociale et espace funéraire :** L'habitat aristocratique s'accole parfois au cimetière, comme à Serris-les-Ruelles, révélant une organisation polarisée autour d'un pôle seigneurial. Les grands mausolées à Grenoble témoignent de l'importance symbolique et sociale des espaces funéraires.
> **Tip :** Il est crucial de distinguer le terme général de "nécropole" de celui de "cimetière chrétien". La christianisation a profondément influencé la conception et l'organisation des espaces funéraires.
> **Exemple :** L'organisation des sépultures autour de la cathédrale et du baptistère, comme à Poitiers avec le baptistère de Saint-Jean, illustre la centralité du religieux dans l'espace urbain médiéval et sa connexion avec les pratiques funéraires.
### 5.3 Distinction entre nécropoles et cimetières chrétiens
La distinction principale réside dans le caractère spécifiquement chrétien et paroissial des cimetières. Les nécropoles sont un terme plus large englobant tous les ensembles de tombes, y compris païennes, antiques ou antérieures à la christianisation systématique.
* **Nécropole :** Espace de regroupement de sépultures (40 individus et plus), pouvant inclure des pratiques diverses (païennes, chrétiennes primitives, etc.). Peut également désigner des ensembles plus restreints de sépultures dispersées ou isolées.
* **Cimetière :** Désigne spécifiquement un espace de sépultures chrétiennes, souvent lié à une paroisse, et participant à la structuration religieuse et sociale de la communauté.
L'évolution des pratiques montre une transition progressive d'une gestion des défunts parfois plus disparate (nécropoles) vers une organisation plus homogène et encadrée par l'Église (cimetières).
### 5.4 Mobilier funéraire et interprétation sociologique des tombes
Le mobilier funéraire, bien que moins systématique qu'à l'époque antique, offre des indices précieux sur le statut social, les croyances et les pratiques culturelles des défunts. Son analyse, combinée à celle de la typologie des tombes et des restes humains, permet de reconstituer une image de la société médiévale. L'étude du costume funéraire, des armes, des parures et des offrandes éclaire les hiérarchies sociales et les influences culturelles. La diminution du mobilier reflète également un glissement des pratiques, où la démonstration de richesse se manifeste différemment, notamment à travers le patronage ecclésiastique.
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Moyen Âge | Période historique située entre l'Antiquité et la Renaissance, généralement comprise entre le Ve et le XVe siècle. Elle est souvent subdivisée en Haut Moyen Âge, Moyen Âge central et Bas Moyen Âge. |
| Vandalisme | Terme péjoratif utilisé pour décrire la destruction ou la dégradation de biens culturels, souvent appliqué à des monuments anciens jugés peu esthétiques ou représentant un passé indésirable. |
| Patrimoine | Ensemble des biens culturels, matériels et immatériels, considérés comme héritage d'une époque ou d'une société, et méritant d'être préservés pour les générations futures. |
| Romantisme | Mouvement artistique et littéraire du XIXe siècle qui mettait l'accent sur l'émotion, l'imagination, le passé et la nature, souvent associé à un regain d'intérêt pour le Moyen Âge. |
| Archéologie médiévale | Branche de l'archéologie qui étudie les sociétés et les cultures de la période médiévale à travers l'analyse des vestiges matériels, des structures bâties et des objets découverts lors des fouilles. |
| Archéologie préventive | Discipline archéologique qui intervient avant la réalisation de travaux d'aménagement du territoire (chantiers de construction, travaux publics) afin de documenter et de préserver les vestiges archéologiques potentiellement menacés. |
| Archéologie urbaine | Spécialité de l'archéologie qui étudie les villes anciennes en analysant les vestiges matériels, les structures enfouies, les sédiments et les artefacts, permettant de reconstituer l'évolution morphologique, sociale et économique des espaces urbains. |
| Tissu urbain | Ensemble des éléments qui composent la structure physique d'une ville : rues, places, parcelles, édifices, pôles religieux et économiques. |
| Trajectoire urbaine | Concept désignant l'évolution d'une ville sur le temps long, en fonction de ses fonctions (politiques, économiques, religieuses), de sa place dans les réseaux et des événements historiques, pouvant mener à la croissance, la stagnation ou le déclin. |
| Sédimentation urbaine | Processus d'accumulation progressive des dépôts (déchets, constructions abandonnées, matériaux) qui forment les couches archéologiques superposées dans un site urbain, reflétant les différentes phases d'occupation. |
| Terres noires | Sols riches en matières organiques résultant de la décomposition des déchets domestiques, des restes animaux et végétaux, souvent rencontrés dans les contextes urbains anciens et fournissant des informations sur la vie quotidienne. |
| Emporia | Agglomérations spécialisées dans les échanges commerciaux et la production artisanale, particulièrement importantes durant le haut Moyen Âge, souvent situées sur des axes de communication majeurs. |
| Palais carolingien | Résidence majeure des souverains carolingiens, constituant un centre de pouvoir politique et souvent religieux, caractérisé par une grande salle, des espaces résidentiels et administratifs. |
| Motte castrale | Fortification médiévale primitive constituée d'une colline artificielle (motte) surmontée d'une tour en bois, servant de résidence aristocratique et de point de défense. |
| Villa antique | Grand domaine rural romain, comprenant généralement une résidence principale et des bâtiments d'exploitation agricole, témoignant d'une économie latifundiaire. |
| Village médiéval | Structure d'habitat rural typique du Moyen Âge, résultant de transformations progressives des campagnes antiques, souvent organisé autour d'un pôle religieux (église) et d'un pôle de pouvoir seigneurial. |
| Nécropole | Ensemble de tombes, souvent dispersées ou groupées, représentant un lieu de sépulture. |
| Cimetière chrétien | Espace de sépulture spécifiquement chrétien, généralement associé à une paroisse ou une église, où les défunts sont inhumés selon des rites spécifiques. |
| Mobilier funéraire | Ensemble des objets déposés dans une tombe avec le défunt, fournissant des informations sur son statut social, ses croyances et les pratiques culturelles de son époque. |
| Sépulture | Lieu où un corps est inhumé ou déposé, constituant un acte intentionnel de mise en terre ou de conservation des restes. |
| Cité chrétienne | Concept désignant le cœur urbain médiéval organisé autour de la figure de l'évêque, de la cathédrale et du diocèse, servant de centre symbolique et spatial. |
| Pan de bois | Technique de construction médiévale consistant à assembler des poutres de bois pour former la structure d'un bâtiment, remplie ensuite de torchis ou d'autres matériaux. |
| Fabrique de la ville | Processus dynamique par lequel la ville se construit et se transforme, résultant de l'interaction entre les pratiques sociales, les formes spatiales et les dynamiques morphologiques. |