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Summary
# Le cadre d’analyse keynésien et les fluctuations économiques
Le cadre d’analyse keynésien et les fluctuations économiques
Ce résumé explore le cadre keynésien pour comprendre les fluctuations économiques à court terme, en mettant l'accent sur les rigidités nominales et le rôle de la demande agrégée.
## 1. Le cadre d’analyse keynésien et les fluctuations économiques
### 1.1 Définition des fluctuations économiques
Les fluctuations économiques, ou cycles économiques, désignent les changements à court terme du taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel, survenant suite à des chocs économiques. Ces changements se manifestent par des mouvements conjoints d'indicateurs économiques tels que le chômage, les licenciements, la production industrielle et les ventes, dus aux mécanismes de propagation de ces chocs. Les fluctuations impliquent des mouvements à la hausse ou à la baisse du PIB réel [5](#page=5).
* **Expansion:** Période de croissance économique [5](#page=5).
* **Contraction (ou récession):** Ralentissement passager de l'activité économique d'un pays [5](#page=5).
* **Dépression:** Chute importante et durable de l'activité économique sur plusieurs années et dans plusieurs pays [5](#page=5).
Les questions centrales adressées par le cadre keynésien sont: comment expliquer ces fluctuations et comment stabiliser l'économie [5](#page=5)?
### 1.2 Le cadre d’analyse keynésien
La théorie keynésienne, développée par John Maynard Keynes dans "La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie" propose une nouvelle approche pour expliquer les fluctuations économiques [7](#page=7).
#### 1.2.1 Hypothèses fondatrices
Le modèle keynésien repose sur plusieurs hypothèses clés [7](#page=7):
* **Rigidités nominales:** Sur le marché des biens et sur le marché du travail, les prix et les salaires sont considérés comme fixes à court terme. Cela implique que l'ajustement vers l'équilibre se fait principalement par les quantités plutôt que par les prix [7](#page=7).
> **Tip:** Ces rigidités nominales sont cruciales car elles empêchent les prix de s'ajuster rapidement pour équilibrer l'offre et la demande, créant ainsi des déséquilibres sur les marchés.
* **Marché des biens:** Une faiblesse de la demande agrégée conduit les entreprises à être contraintes par les débouchés, résultant en un excès d'offre de biens [7](#page=7).
* **Marché du travail:** La demande de travail est déduite de la demande agrégée sur le marché des biens. En conséquence, une demande agrégée insuffisante peut entraîner une situation de chômage involontaire, caractérisée par un excès d'offre de travail [7](#page=7).
> **Example:** Si les consommateurs dépensent moins, les entreprises produisent moins, ce qui les amène à réduire leurs embauches, voire à licencier, créant ainsi du chômage involontaire.
* **Marchés financiers flexibles:** Contrairement aux marchés des biens et du travail, le prix des titres et le taux d'intérêt sont supposés parfaitement flexibles. Les marchés du titre et de la monnaie sont donc à l'équilibre [7](#page=7) [9](#page=9).
* **Préférence pour la liquidité:** Les agents économiques ont une préférence pour détenir de la monnaie liquide [7](#page=7).
#### 1.2.2 Illustration des rigidités nominales
L'importance des rigidités nominales est illustrée par la fréquence de changement des prix des entreprises françaises, comme le montre une étude de l'INSEE en 2010. Cette donnée suggère que les prix ne sont pas ajustés quotidiennement ou hebdomadairement, confirmant leur caractère relativement fixe à court terme [8](#page=8).
### 1.3 Le modèle IS-LM
#### 1.3.1 Origines et objectifs
John Hicks a proposé en 1937 la première tentative de modélisation des idées keynésiennes sous la forme du modèle IS-LM. Ce modèle macroéconomique vise à étudier les fluctuations économiques à très court terme [9](#page=9).
#### 1.3.2 Principes du modèle IS-LM
* **Détermination du revenu et de l'emploi:** À très court terme, la demande agrégée est le principal déterminant du niveau du revenu et du taux d'emploi dans l'économie. L'analyse se concentre sur un équilibre partiel [9](#page=9).
* **Impact des politiques économiques:** Le côté de la demande agrégée du modèle IS-LM permet d'analyser comment les changements dans les politiques fiscales et monétaires peuvent influencer l'économie, notamment dans le but de réduire le chômage [9](#page=9).
* **Déséquilibres et équilibres:** Le modèle reconnaît que les marchés des biens et du travail sont en déséquilibre à très court terme en raison des rigidités nominales. En revanche, les marchés de la monnaie et des titres sont à l'équilibre, car le taux d'intérêt et le prix des titres financiers y sont flexibles [9](#page=9).
> **Tip:** Le modèle IS-LM est un outil puissant pour visualiser l'interaction entre le marché des biens et services (courbe IS) et le marché de la monnaie (courbe LM) et pour comprendre comment les chocs et les politiques économiques affectent l'économie dans son ensemble à court terme.
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# Le marché des biens et la courbe IS
Voici une synthèse complète sur "Le marché des biens et la courbe IS", structurée pour un examen.
## 2. Le marché des biens et la courbe IS
Cette section analyse la composition de la demande agrégée et explique comment l'équilibre sur le marché des biens est représenté par la courbe IS [10](#page=10).
### 2.1 La demande agrégée
La demande totale de biens en économie fermée est la somme de la consommation des ménages, de l'investissement des ménages et des entreprises, et des dépenses publiques [10](#page=10).
#### 2.1.1 La consommation privée
La consommation privée est la composante la plus importante de la demande globale, représentant environ 52% en France en 2018. Elle est déterminée par deux principaux facteurs: le revenu disponible ($Y_d$) et le taux d'intérêt ($i$) [11](#page=11).
* **Revenu disponible ($Y_d$)**: Il est défini comme le revenu total ($Y$) moins les impôts ($T$): $Y_d \equiv Y - T$ [11](#page=11).
* **Taux d'intérêt ($i$)**: Il représente l'arbitrage entre la consommation courante et la consommation future, c'est-à-dire l'épargne [11](#page=11).
L'épargne ($S$) est la partie du revenu disponible non consommée: $S = Y - T - C$ [11](#page=11).
##### 2.1.1.1 La fonction de consommation keynésienne
La loi fondamentale psychologique de Keynes stipule que les agents augmentent leur consommation lorsque leur revenu disponible augmente, mais dans une proportion moindre que l'augmentation du revenu. La consommation keynésienne, dans sa forme simplifiée, ne dépend que du revenu disponible courant [12](#page=12):
$$C = c_0 + c_1 Y_d$$
où :
* $c_0 > 0$ est la consommation autonome (consommation indépendante du revenu) [12](#page=12).
* $0 < c_1 < 1$ est la propension marginale à consommer (pmc), qui indique la part d'une unité de revenu supplémentaire consacrée à la consommation: $c_1 = \frac{dC}{dY_d}$ [12](#page=12).
La propension moyenne à consommer (PMC) est la part du revenu total consacrée à la consommation: $PMC = \frac{C}{Y_d}$ [12](#page=12).
#### 2.1.2 L'investissement
L'investissement prévu correspond aux dépenses brutes des entreprises pour accroître leur stock de capital productif. Il inclut également l'investissement des ménages dans l'immobilier. L'investissement est une composante assez volatile et essentielle dans les fluctuations de l'activité économique [13](#page=13).
Ses déterminants sont [13](#page=13):
* Le niveau des ventes courantes et prévues.
* Le taux d'intérêt ($i$), qui influence à la fois le coût de l'investissement (coût d'emprunt) et l'arbitrage entre l'investissement financier et l'investissement en capital physique.
La fonction d'investissement peut être schématisée comme suit: $I = I(\uparrow Y, \downarrow i)$ [13](#page=13).
#### 2.1.3 Les dépenses publiques
Les dépenses publiques (ou consommation publique) représentaient environ 23% de la demande globale en France en 2018. Les dépenses publiques ($G$) et les impôts nets ($T$) sont des instruments de politique budgétaire utilisés par l'État pour stimuler la demande et l'activité économique [14](#page=14).
Dans le modèle, $G$ et $T$ sont considérés comme des variables exogènes, notées $\bar{G}$ et $\bar{T}$. Le financement des dépenses publiques peut se faire par [14](#page=14):
* Hausse des impôts [14](#page=14).
* Émission de dette (obligations d'État vendues sur le marché primaire) [14](#page=14).
* Création monétaire (monétisation de la dette) [14](#page=14).
La relation de financement est: $G = T + \Delta B + \Delta M$, où $\Delta B$ représente l'émission de dette et $\Delta M$ la création monétaire [14](#page=14).
#### 2.1.4 La demande agrégée en économie fermée
La demande agrégée ($Z$) sur le marché des biens représente la dépense totale prévue par les agents économiques. Elle est la somme de la consommation privée, de l'investissement et des dépenses publiques [15](#page=15):
$$Z \equiv Z(Y-T, i, G) \equiv C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$
Cette relation montre l'influence de $Y$, $T$, $i$ et $G$ sur la dépense totale [15](#page=15).
* Il existe une relation positive entre la demande agrégée ($Z$) et le revenu ($Y$) via la consommation et l'investissement [15](#page=15).
* Il existe une relation négative entre la demande agrégée ($Z$) et le taux d'intérêt ($i$) via la consommation et l'investissement [15](#page=15).
### 2.2 L'équilibre sur le marché des biens
L'équilibre sur le marché des biens survient lorsque la production totale vendue par les entreprises ($Q$) est égale à la demande agrégée ($Z$) des agents économiques. La production totale ($Q$) est également égale au revenu total ($Y$), représentant la rémunération des facteurs de production. Par conséquent, à l'équilibre [17](#page=17):
$$Q = Y = Z$$
À court terme, la demande globale détermine la production et le PIB d'équilibre: $Y = Z$ [17](#page=17).
#### 2.2.1 L'équilibre sur le marché des biens (IS)
L'équilibre sur le marché des biens est atteint lorsque l'offre de biens est égale à la demande totale de biens [18](#page=18):
$$Y = Z \equiv C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$
En résolvant algébriquement pour $Y$, on obtient l'équation de l'équilibre :
$$Y = \frac{1}{1 - c_1}(c_0 + I + G - c_1 T)$$
Une autre manière de comprendre cet équilibre est de passer par la relation investissement-épargne. L'épargne privée ($S$) est définie comme la différence entre le revenu disponible et la consommation [19](#page=19):
$$S(Y-T, i) = Y - T - C(Y-T, i)$$
En utilisant l'équation d'équilibre $Y = C + I + G$ et en réarrangeant, on obtient :
$$Y - T - C = I + G - T$$
Donc, l'épargne privée doit être égale à l'investissement plus le solde budgétaire de l'État (ou épargne publique) [19](#page=19):
$$S(Y-T, i) = I(Y, i) + (G-T)$$
En réarrangeant, on obtient la relation d'équilibre IS: l'investissement privé doit être égal à l'épargne totale (privée et publique) [19](#page=19):
$$I(Y, i) = S(Y-T, i) + (T-G)$$
#### 2.2.2 De l'équilibre sur le marché des biens à la courbe IS
La courbe IS représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt ($i$) et de niveau de production d'équilibre ($Y$) pour lesquelles le marché des biens est à l'équilibre [21](#page=21).
* Considérons un point $A$ représentant un équilibre sur le marché des biens pour un taux d'intérêt $i$.
* Si le taux d'intérêt augmente à $i' > i$ (point $A'$), l'investissement et la consommation diminuent, entraînant une baisse de la demande agrégée. Par conséquent, la production d'équilibre diminue à $Y' < Y$ [21](#page=21).
La courbe IS a donc une pente négative, illustrant la relation inverse entre le taux d'intérêt et la production d'équilibre sur le marché des biens. La sensibilité de la courbe IS au taux d'intérêt dépend notamment de la sensibilité de l'investissement à ce taux [21](#page=21).
> **Tip:** La courbe IS est dérivée de la condition d'équilibre $Y = Z$. Une hausse du taux d'intérêt $i$ réduit la consommation et l'investissement, diminuant ainsi la demande agrégée $Z$. Pour rétablir l'équilibre $Y=Z$, la production $Y$ doit donc baisser.
#### 2.2.3 Déplacements de la courbe IS
* Les variations des variables endogènes du marché des biens (comme $Y$, $i$, ou les composantes $C$ et $I$ qui en dépendent) entraînent un mouvement **le long** de la courbe IS [22](#page=22).
* Les variations des variables exogènes (composantes autonomes de $C$ et $I$, ainsi que les dépenses publiques $G$ et les impôts $T$) provoquent un **déplacement** de la courbe IS [22](#page=22).
Une hausse des composantes autonomes de la demande agrégée (comme $c_0$, $\bar{I}$, ou $G$) ou une baisse des impôts nets ($T$) entraînera, à taux d'intérêt constant, une augmentation de la production d'équilibre. Cela se traduit par un déplacement de la courbe IS vers la droite. Inversement, une baisse de ces composantes se traduira par un déplacement vers la gauche [22](#page=22).
#### 2.2.4 Le multiplicateur keynésien
Le multiplicateur keynésien explique comment une variation initiale de la demande agrégée entraîne une variation plus que proportionnelle du revenu d'équilibre. En considérant une fonction de demande agrégée simplifiée où la consommation dépend linéairement du revenu disponible [23](#page=23):
$$Z = c_0 + c_1(Y - T) + \bar{I} + G$$
À l'équilibre $Y=Z$, on obtient :
$$Y = c_0 + c_1(Y - T) + \bar{I} + G$$
L'équation de l'équilibre IS est alors :
$$Y = \frac{1}{1 - c_1}(c_0 + \bar{I} + G - c_1 T) \quad $$ [1](#page=1).
L'équation montre qu'une variation d'une composante exogène de la demande agrégée a un effet multiplicateur sur la production. Le multiplicateur vaut [1](#page=1) [23](#page=23):
$$m = \frac{dY}{dG} \equiv \frac{1}{1 - c_1}$$
Puisque $0 < c_1 < 1$, le multiplicateur $m$ est supérieur à 1 ($m > 1$). Une hausse de la demande entraîne donc une hausse plus que proportionnelle du revenu. Plus la propension marginale à consommer ($c_1$) est élevée, plus le multiplicateur est grand [23](#page=23).
> **Example:** Si la pmc ($c_1$) est de 0.8, le multiplicateur sera de $\frac{1}{1-0.8} = \frac{1}{0.2} = 5$. Une augmentation des dépenses publiques de 100 dollars entraînera une augmentation du revenu d'équilibre de $5 \times 100 = 500$ dollars.
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# Le marché de la monnaie et la courbe LM
Voici un résumé détaillé du marché de la monnaie et de la courbe LM, destiné à préparer un examen.
## 3. Le marché de la monnaie et la courbe LM
Cette section examine la demande et l'offre de monnaie, ainsi que l'équilibre sur le marché monétaire, formalisé par la courbe LM.
### 3.1 La monnaie et ses fonctions
La monnaie est définie comme l'ensemble des actifs financiers que les individus utilisent régulièrement pour échanger des biens et services. Il est crucial de distinguer la monnaie du revenu et de la richesse; la monnaie est un stock d'actifs financiers, tandis que le revenu est un flux de gains monétaires par unité de temps. La richesse englobe la monnaie ainsi que les biens mobiliers et immobiliers. L'agrégat M1 comprend la monnaie fiduciaire et les dépôts à vue, représentant l'actif financier le plus liquide. La monnaie remplit trois fonctions essentielles dans une économie: moyen d'échange, unité de compte, et réserve imparfaite de valeur [27](#page=27).
### 3.2 La demande de monnaie
La liquidité d'un actif se mesure par la facilité avec laquelle il peut être converti en moyen d'échange. La monnaie est considérée comme parfaitement liquide. La théorie de la préférence pour la liquidité, développée par Keynes, explique les motivations pour détenir de la monnaie [28](#page=28):
* **Motif de transaction:** Pour faciliter les échanges courants [28](#page=28).
* **Motif de précaution:** Pour faire face à des dépenses imprévues [28](#page=28).
* **Motif de spéculation:** Pour profiter d'opportunités d'investissement futures [28](#page=28).
La demande de monnaie dans l'économie ($M^d$) dépend positivement du niveau des transactions (lié au revenu) et négativement du taux d'intérêt. La demande réelle de monnaie, notée $\frac{M^d}{P}$, représente le pouvoir d'achat de la monnaie en termes de biens et services. L'équation de la demande de monnaie peut être exprimée comme suit [29](#page=29):
$$ \frac{M^d}{P} = Y \cdot L(i) $$
où $Y$ représente le revenu réel et $L(i)$ est une fonction décroissante du taux d'intérêt $i$. Pour un taux d'intérêt donné, un revenu nominal plus élevé accroît la demande de monnaie [29](#page=29).
> **Tip:** La fonction $L(i)$ reflète la préférence pour la liquidité : plus le taux d'intérêt est élevé, plus le coût d'opportunité de détenir de la monnaie (qui ne rapporte pas d'intérêt) est grand, réduisant ainsi la demande de monnaie.
### 3.3 L'offre de monnaie et la création monétaire
La Banque Centrale (BC) joue un rôle crucial en déterminant la quantité de monnaie en circulation, l'offre de monnaie ($M^s$). L'offre de monnaie décidée par la BC ne dépend pas du taux d'intérêt; elle est donc considérée comme une variable exogène, souvent notée $\overline{M}$ [31](#page=31) [32](#page=32).
La BC peut modifier le stock de monnaie par le biais d'opérations d'open market [31](#page=31):
* **Opération d'expansion:** La BC achète des titres d'État, ce qui accroît l'offre de monnaie et le prix des titres, entraînant une baisse du taux d'intérêt [31](#page=31).
* **Opération de contraction:** La BC vend des titres d'État, ce qui réduit l'offre de monnaie et le prix des titres, entraînant une hausse du taux d'intérêt [31](#page=31).
La relation entre le prix d'un titre et le taux d'intérêt est la suivante :
$$ \text{Prix du titre aujourd'hui} = \frac{\text{Valeur du titre à échéance}}{1+i} $$
L'achat ou la vente de titres par la BC déplace la courbe d'offre de monnaie vers la droite ou vers la gauche, respectivement [31](#page=31).
### 3.4 L'équilibre sur le marché de la monnaie
L'équilibre sur le marché de la monnaie est atteint lorsque l'offre réelle de monnaie est égale à la demande réelle de monnaie [32](#page=32):
$$ \frac{M^s}{P} = \frac{M^d}{P} \quad \Leftrightarrow \quad \frac{\overline{M}}{P} = Y \cdot L(i) $$
Le taux d'intérêt est le prix qui ajuste ce marché. À offre de monnaie constante, une augmentation de la demande de monnaie (en termes réels) entraîne une hausse du taux d'intérêt. Inversement, à demande de monnaie constante, une augmentation de l'offre de monnaie (en termes réels) entraîne une diminution du taux d'intérêt [32](#page=32).
La relation qui décrit cet équilibre est la relation LM (Liquidité-Monnaie) :
$$ \frac{\overline{M}}{P} = Y \cdot L(i) $$
### 3.5 La courbe LM
La courbe LM représente l'ensemble des combinaisons de revenu réel ($Y$) et de taux d'intérêt ($i$) pour lesquelles le marché de la monnaie est à l'équilibre, compte tenu d'une masse monétaire donnée et exogène [34](#page=34).
* **Pente positive:** La courbe LM a une pente positive, indiquant qu'un niveau de revenu plus élevé est associé à un taux d'intérêt d'équilibre plus élevé. Ceci s'explique par le fait qu'une hausse du revenu augmente la demande de monnaie pour transactions, nécessitant une hausse du taux d'intérêt pour rééquilibrer le marché monétaire (en réduisant la demande spéculative de monnaie) [34](#page=34).
* **Variables exogènes:** La position de la courbe LM dépend des variables exogènes, telles que la masse monétaire réelle ($\frac{\overline{M}}{P}$) et le niveau général des prix ($P$) [34](#page=34).
> **Exemple :** Si le revenu réel $Y$ augmente, la demande de monnaie pour transactions augmente. Pour maintenir l'équilibre sur le marché monétaire avec une offre de monnaie fixe, le taux d'intérêt $i$ doit augmenter afin de diminuer la demande de monnaie pour spéculation et ainsi compenser l'augmentation de la demande pour transaction.
La sensibilité de la demande de monnaie au revenu réel affecte la pente de la courbe LM; une plus grande sensibilité implique une pente plus forte [34](#page=34).
### 3.6 Déplacements de la courbe LM
Les mouvements le long de la courbe LM résultent de changements dans les variables endogènes, c'est-à-dire un changement dans le taux d'intérêt $i$ dû à un changement dans le revenu $Y$ [35](#page=35).
Les déplacements de la courbe LM elle-même sont causés par des changements dans les variables exogènes [35](#page=35):
* **Hausse de la masse monétaire:** À revenu réel donné, une hausse de la masse monétaire ($\overline{M}$) réduit le taux d'intérêt d'équilibre. Cela se traduit par un **déplacement de la courbe LM vers le bas** [35](#page=35).
* **Baisse de la masse monétaire:** À revenu réel donné, une baisse de la masse monétaire ($\overline{M}$) augmente le taux d'intérêt d'équilibre. Cela se traduit par un **déplacement de la courbe LM vers le haut** [35](#page=35).
> **Tip:** Imaginez que la Banque Centrale injecte de la monnaie dans l'économie. Cela rend la monnaie moins rare (plus abondante), donc moins chère. Le taux d'intérêt (qui est le "prix" de la monnaie) baisse pour tout niveau de revenu donné. C'est pourquoi la courbe LM se déplace vers le bas.
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# L’équilibre IS-LM et les politiques conjoncturelles
Le chapitre 4 analyse l'équilibre simultané des marchés des biens et de la monnaie et évalue l'impact des politiques budgétaires et monétaires sur l'économie à l'aide du modèle IS-LM.
## 4. L’équilibre IS-LM et les politiques conjoncturelles
### 4.1 Le cadre d’analyse du modèle IS-LM
Le modèle IS-LM est basé sur une économie fermée, caractérisée par des rigidités nominales sur les marchés des biens et du travail, ce qui implique que l'ajustement se fait par les quantités plutôt que par les prix. Sur le marché des biens, une faible demande globale conduit les entreprises à être contraintes par les débouchés, entraînant un excès d'offre de biens. Sur le marché du travail, la demande de travail est dérivée de la demande agrégée, résultant en une situation de chômage involontaire due à un excès d'offre de travail. Contrairement aux marchés des biens et du travail, le marché des titres et le marché de la monnaie fonctionnent avec des prix et des taux d'intérêt parfaitement flexibles, en tenant compte de la préférence pour la liquidité [39](#page=39).
#### 4.1.1 La relation IS
La relation IS représente la condition d'équilibre sur le marché des biens, exprimée par l'équation :
$$Y = C(Y-T, i) + I(Y, i) + G$$ [40](#page=40).
Cette relation montre comment le taux d'intérêt ($i$) affecte la production ($Y$). La courbe IS illustre l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt et de production qui sont compatibles avec l'équilibre sur le marché des biens. Elle est décroissante: pour une politique fiscale donnée, une hausse du taux d'intérêt entraîne une baisse de la production. La courbe IS peut se déplacer vers la gauche ou vers la droite en fonction des variations des politiques fiscales ou des chocs sur la demande autonome [40](#page=40) [45](#page=45).
#### 4.1.2 La relation LM
La relation LM représente la condition d'équilibre sur le marché de la monnaie, donnée par l'équation :
$$\frac{\overline{M}}{P} = Y \cdot L(i)$$ [41](#page=41).
Elle indique comment la production ($Y$) affecte le taux d'intérêt ($i$). La courbe LM montre l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt et de production compatibles avec l'équilibre sur le marché de la monnaie. Elle est croissante: pour une masse monétaire réelle donnée, une hausse de la production entraîne une hausse du taux d'intérêt. La courbe LM peut se déplacer vers le haut ou vers le bas en fonction des variations de l'offre de monnaie ou des chocs sur la demande de monnaie [41](#page=41) [45](#page=45).
#### 4.1.3 L’équilibre macroéconomique
L'équilibre macroéconomique de très court terme est atteint à l'intersection des courbes IS et LM, où les marchés des biens et de la monnaie sont simultanément en équilibre. Cet équilibre est unique pour des valeurs données des dépenses publiques ($G$), des impôts ($T$), de la masse monétaire ($\overline{M}$) et du niveau des prix ($P$). Le système d'équations IS-LM permet de déterminer le niveau d'équilibre de la production ($Y^E$) et du taux d'intérêt ($i^E$) par substitution. D'autres variables endogènes comme la consommation ($C$), l'investissement ($I$), la demande de monnaie ($M^d$) et les impôts ($T$) sont alors déterminées, tandis que des variables exogènes telles que la consommation autonome ($C_0$), l'investissement autonome ($I_0$) et la propension marginale à consommer ($c$) sont données. Le taux de chômage d'équilibre est ensuite déduit du produit d'équilibre ($Y^E$) [42](#page=42).
> **Tip:** Le modèle IS-LM est un outil essentiel pour comprendre comment les politiques économiques affectent l'économie globale, en particulier à court terme. Il met en évidence l'interdépendance des marchés des biens et de la monnaie.
### 4.2 Les politiques conjoncturelles
Le modèle IS-LM permet d'analyser l'impact des chocs exogènes sur les variables endogènes de l'économie. Trois types de chocs sont généralement considérés: les politiques fiscales, les politiques monétaires et les chocs de confiance. L'analyse de l'effet d'une politique s'effectue en trois étapes: 1) déterminer le déplacement des courbes IS et/ou LM, 2) analyser l'impact sur le revenu et le taux d'intérêt d'équilibre, et 3) décrire les mécanismes en mots expliquant les effets sur la composition du revenu [45](#page=45).
> **Tip:** Une courbe se déplace en réponse à un changement d'une variable exogène si celle-ci apparaît directement dans l'équation qui la représente [45](#page=45).
#### 4.2.1 La politique budgétaire
La politique budgétaire agit sur l'équilibre du marché des biens par des modifications de $G$ ou $T$. Une baisse de $G-T$ correspond à une contraction budgétaire ou consolidation fiscale, tandis qu'une hausse de $G-T$ représente une relance budgétaire [46](#page=46).
* **Augmentation des dépenses publiques ($G$):** Une hausse de $G$ (à $T$ inchangé) déplace la courbe IS vers la droite, ce qui accroît le revenu ($Y$) et le taux d'intérêt ($i$) d'équilibre, en raison de l'effet multiplicateur [46](#page=46).
* **Hausse des impôts ($T$):** Une hausse de $T$ (à $G$ inchangé) déplace la courbe IS vers la gauche, ce qui diminue le revenu ($Y$) et le taux d'intérêt ($i$) d'équilibre [46](#page=46).
L'effet total d'une politique budgétaire sur l'investissement est incertain, notamment à cause de l'effet d'éviction, qui est la différence entre le revenu initial et le revenu après la hausse du taux d'intérêt [46](#page=46).
#### 4.2.2 La politique monétaire
La politique monétaire affecte l'équilibre du marché de la monnaie par des changements dans l'offre de monnaie ($\overline{M}^s$). Une baisse de $\overline{M}^s$ est une contraction monétaire, et une hausse est une expansion monétaire [47](#page=47).
* **Augmentation de l'offre de monnaie ($\overline{M}^s$):** Une hausse de $\overline{M}^s$ déplace la courbe LM vers le bas. Ceci entraîne une diminution du taux d'intérêt ($i$) d'équilibre et, par conséquent, une augmentation du revenu ($Y$) d'équilibre [47](#page=47).
* **Baisse de l'offre de monnaie ($\overline{M}^s$):** Une baisse de $\overline{M}^s$ déplace la courbe LM vers le haut, ce qui augmente le taux d'intérêt ($i$) d'équilibre et diminue le revenu ($Y$) d'équilibre [47](#page=47).
> **Tip:** La monnaie n'est pas neutre à court terme, une idée fortement défendue par Keynes. L'efficacité d'une expansion monétaire dépend de la sensibilité de l'investissement au taux d'intérêt et de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d'intérêt [47](#page=47).
#### 4.2.3 Le policy-mix
Le "policy-mix" fait référence à la coordination des politiques budgétaires et monétaires.
* **Exemple du policy-mix Clinton-Greenspan (États-Unis):** En 1992, l'administration Clinton a proposé une réduction du déficit budgétaire, tandis que la Réserve Fédérale (Fed) a réduit ses taux d'intérêt. Cette combinaison a contribué à la forte croissance de la production américaine entre 1992 et 1998, bien que d'autres facteurs comme la confiance des consommateurs et des entreprises aient également joué un rôle [48](#page=48).
* **Exemple du policy-mix allemand:** Suite à la réunification, l'Allemagne a connu une augmentation des dépenses publiques. Face à la crainte de l'inflation, la Bundesbank a mené une politique monétaire restrictive. Ce policy-mix a conduit à une forte hausse des taux d'intérêt, provoquant une récession en Europe au début des années 1990 [50](#page=50).
#### 4.2.4 Validité du modèle IS-LM
Le modèle IS-LM est un outil théorique qui doit être confronté à la réalité. Sa validité repose sur la "raisonnabilité" de ses hypothèses et simplifications, ainsi que sur la compatibilité de ses implications majeures avec les observations empiriques. L'économétrie permet de mesurer les effets des politiques monétaire et budgétaire. Par exemple, une hausse de 1 % du Federal Funds Rate a des effets mesurables sur l'économie, notamment une faible évolution des prix à court terme, tandis que l'évolution des prix devient essentielle à long terme [52](#page=52) [53](#page=53).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| Rigidités nominales | Phénomène économique où les prix et les salaires ne s'ajustent pas instantanément aux variations de l'offre et de la demande, entraînant un ajustement par les quantités à court terme. |
| Propension marginale à consommer (pmc) | Part d'une unité de revenu disponible supplémentaire qui est consacrée à la consommation. Elle est représentée par $c_1$ dans la fonction de consommation keynésienne. |
| Propension moyenne à consommer (PMC) | Part du revenu total d'un individu consacrée à la consommation. Elle est calculée comme le rapport de la consommation totale sur le revenu disponible total. |
| Multiplicateur keynésien | Effet par lequel une variation autonome de la demande agrégée entraîne une variation plus que proportionnelle du revenu national. Sa valeur est de $1/(1-c_1)$, où $c_1$ est la propension marginale à consommer. |
| Chômage involontaire | Situation où des individus souhaitent travailler au salaire courant mais ne trouvent pas d'emploi, souvent due à une insuffisance de la demande agrégée. |
| Demande agrégée | La demande totale de biens et services dans une économie à un niveau de prix donné. Elle comprend la consommation, l'investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes. |
| Dépense prévue | Somme des dépenses que les agents économiques (ménages, entreprises, État) prévoient de réaliser. C'est un élément clé de la détermination de l'équilibre macroéconomique. |
| Cycles économiques (ou fluctuations économiques) | Changements à court terme du taux de croissance du PIB réel qui résultent de chocs et entraînent des mouvements synchronisés d'indicateurs économiques comme le chômage et la production industrielle. |
| Expansion | Période de croissance économique caractérisée par une augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB) réel et une diminution du taux de chômage. |
| Contraction (ou récession) | Ralentissement passager de l'activité économique d'un pays, marqué par une baisse du PIB réel pendant au moins deux trimestres consécutifs. |
| Dépression | Chute importante et durable de l'activité économique s'étendant sur plusieurs années et affectant plusieurs pays, plus sévère qu'une récession. |
| Préférence pour la liquidité | Désir des agents économiques de détenir des actifs liquides, principalement la monnaie, pour faire face à des besoins imprévus ou pour des raisons spéculatives, même si cela implique un renoncement à un rendement potentiellement plus élevé. |
| Demande réelle de monnaie | Quantité de monnaie désirée par les agents économiques, exprimée en termes de pouvoir d'achat de biens et services. Elle dépend positivement du revenu réel et négativement du taux d'intérêt. |
| Offre réelle de monnaie | Quantité de monnaie en circulation dans l'économie, ajustée par le niveau général des prix. Elle est généralement fixée par la Banque Centrale. |
| Banque Centrale | Institution responsable de la politique monétaire d'un pays ou d'une zone monétaire, notamment la gestion de la masse monétaire, des taux d'intérêt et de la stabilité du système financier. |
| Opérations d’open market | Instrument de politique monétaire où la Banque Centrale achète ou vend des titres d'État sur le marché libre pour influencer la quantité de monnaie en circulation et, par conséquent, les taux d'intérêt. |
| Relation IS | Représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt ($i$) et de production d'équilibre ($Y$) qui assurent l'équilibre sur le marché des biens. Elle est généralement décroissante. |
| Courbe IS | Représentation graphique de la relation IS, montrant la relation négative entre le taux d'intérêt et le niveau de production d'équilibre. |
| Relation LM | Représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt ($i$) et de production d'équilibre ($Y$) qui assurent l'équilibre sur le marché de la monnaie. Elle est généralement croissante. |
| Courbe LM | Représentation graphique de la relation LM, montrant la relation positive entre le niveau de production et le taux d'intérêt d'équilibre, pour une masse monétaire donnée. |
| Équilibre simultané | Situation où l'ensemble des marchés d'une économie (ici, le marché des biens et le marché de la monnaie) sont à l'équilibre en même temps. |
| Contraction budgétaire (consolidation fiscale) | Politique visant à réduire le déficit budgétaire, généralement par une diminution des dépenses publiques ou une augmentation des impôts. |
| Expansion budgétaire | Politique visant à accroître le déficit budgétaire, généralement par une augmentation des dépenses publiques ou une diminution des impôts, dans le but de stimuler la demande agrégée. |
| Expansion monétaire | Augmentation de la masse monétaire par la Banque Centrale, visant à réduire les taux d'intérêt et à stimuler l'activité économique. |
| Policy mix | Combinaison de politiques budgétaires et monétaires utilisées par le gouvernement et la Banque Centrale pour atteindre des objectifs macroéconomiques. |
| Effet d’éviction | Phénomène par lequel une augmentation des dépenses publiques, financée par l'emprunt, entraîne une hausse des taux d'intérêt, ce qui réduit l'investissement privé. |