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# la connaissance des corps et la réfutation de l'empirisme par descartes
Voici une synthèse détaillée sur la connaissance des corps et la réfutation de l'empirisme par Descartes, basée sur les pages 1 à 8 du document fourni.
## 1. La connaissance des corps et la réfutation de l'empirisme par Descartes
La philosophie antique, notamment à travers Platon, a posé les jalons d'une pensée sur l'âme et la connaissance, posant les bases d'une future psychologie. Descartes, au XVIIe siècle, reformulera radicalement la compréhension de la connaissance et de la substance, s'opposant aux doctrines empiristes.
### 1.1 Les origines antiques de la psychologie
La psychologie trouve ses racines dans la philosophie antique. Avant de devenir une discipline autonome, les questions relatives à l'âme, à sa nature et à son fonctionnement étaient abordées par des philosophes [1](#page=1).
#### 1.1.1 Une psychologie d'abord épique et tragique
Selon la philologue Jacqueline de Romilly, les premières manifestations d'une pensée psychologique se trouvent dans la littérature grecque, dès l'époque d'Homère (VIIIe siècle av. J.-C.). Les descriptions des réactions et des liens émotionnels des personnages confrontés à l'angoisse et à la peur peuvent être considérées comme une forme de psychologie descriptive. Cependant, les mobiles des comportements étaient attribués à des forces extérieures comme les dieux ou le destin [2](#page=2).
Au Ve siècle av. J.-C., les auteurs de tragédies comme Euripide et Thucydide manifestent une conscience plus accrue de la complexité de la vie intérieure, avec des descriptions de conflits entre raison et passion. Thucydide est également associé à une psychologie des foules et des cités [2](#page=2).
#### 1.1.2 La naissance concomitante de la philosophie et d'une démarche réflexive
C'est au Ve siècle av. J.-C., en même temps que l'émergence de la philosophie avec Socrate (mort en 399 av. J.-C.), que la réflexion sur l'esprit humain prend une dimension plus analytique. Socrate, connu par les écrits de ses disciples comme Platon, se distinguait par son questionnement centré sur l'homme plutôt que sur l'univers [2](#page=2).
Dans l' "Apologie de Socrate", le philosophe se défend contre les accusations d'impiété et de corruption de la jeunesse. Il explique que son attitude, guidée par une quête incessante de la vérité et une lucidité sur sa propre ignorance, lui a valu l'hostilité de ceux qui se prétendaient savants. Sa méthode consistait à interroger les autres, révélant ainsi leur ignorance. Socrate conclut que l'ignorance consciente de soi a plus de valeur que l'ignorance qui s'ignore. Cette lucidité sur son manque de savoir est le moteur de la recherche du savoir et constitue le geste inaugural de la philosophie. La philosophie, par essence, est désir et recherche de la sagesse (sophia), impliquant nécessairement son absence initiale [3](#page=3).
Cette démarche réflexive, cette introspection et cette attention portée à la connaissance de soi, ainsi que la recherche des conditions d'un savoir véritable, préfigurent des thèmes qui seront ensuite traités par la psychologie [3](#page=3).
#### 1.1.3 Platon : savoir, réminiscence et séparation de l'homme et du corps
Platon, successeur de Socrate, a développé des théories fondamentales pour la pensée philosophique et psychologique. Des auteurs comme Ouder et Clément Riser le citent comme le premier à avoir théorisé les idées innées [3](#page=3).
L'innéisme est la doctrine selon laquelle des idées ou des principes sont présents dans l'esprit humain dès la naissance, avant toute expérience. Ces structures mentales sont considérées comme innées, non le résultat d'un apprentissage [4](#page=4).
La philosophie platonicienne fonde sa théorie de la connaissance sur la **réminiscence** (anamnésia en grec). Le philosophe allemand Leibniz a particulièrement étudié cette doctrine à travers le dialogue "Ménon" de Platon [4](#page=4).
##### 1.1.3.1 Le paradoxe du Ménon et la théorie de la réminiscence
Dans le "Ménon", la question centrale est de savoir si la vertu s'enseigne et d'où elle provient. Après plusieurs tentatives infructueuses pour définir la vertu, Ménon compare Socrate à une raie torpille qui engourdit ses proies par électrocution, provoquant chez lui un embarras profond. Socrate reconnaît cet état d'embarras, car il sait lui-même qu'il ignore [4](#page=4).
Ce dialogue aborde ensuite la question philosophique de la connaissance: comment peut-on chercher ce que l'on ne connaît pas?. Ménon formule le célèbre paradoxe: on ne peut chercher ni ce que l'on connaît déjà (car la recherche est inutile), ni ce que l'on ignore totalement (car on ne saurait le reconnaître une fois trouvé). La recherche semble donc impossible si l'on oppose strictement savoir et ignorance [4](#page=4) [5](#page=5).
Socrate, pour sortir de cette aporie, expose sa théorie de la réminiscence. Il suggère que chercher et apprendre consistent en une réminiscence, c'est-à-dire un souvenir. L'idée fondamentale est que nous connaissons déjà ce que nous cherchons, mais sans en avoir conscience [5](#page=5).
La théorie de la réminiscence repose sur la croyance en l' **immortalité de l'âme** et en son opposition à la mortalité du corps. Pour qu'il y ait réminiscence, l'âme doit conserver son identité à travers les cycles de réincarnation pour accéder à la connaissance de toutes les réalités. Selon le mythe platonicien, l'âme aurait connu la vérité sur toutes choses lors d'une vie antérieure à son union avec le corps. Dès lors, connaître ne serait plus qu'un souvenir de ce savoir préexistant. L'union de l'âme au corps rend cet accès direct et intégral à la connaissance impossible [5](#page=5).
Dans le dialogue "Phédon", Platon décrit le corps comme un "tombeau" pour l'âme, une entrave à la connaissance. L'âme est contaminée par les besoins vitaux, les désirs, les maladies, qui accaparent son attention et l'empêchent de penser clairement. Le corps est une puissance d'aveuglement qui enchaîne l'âme aux sensations, l'empêchant d'atteindre la vérité. Il devient donc nécessaire d'affranchir l'âme des pièges du corps par un effort d'introspection. Seule la séparation effective de l'âme et du corps, lors de la mort, permettrait d'atteindre pleinement la connaissance véritable [5](#page=5).
##### 1.1.3.2 La tripartition de l'âme dans le "Phèdre" et la "République"
Le mythe du char ailé dans le "Phèdre" illustre la nature de l'âme comme un assemblage d'éléments hétérogènes, divisée en son essence même. L'âme est représentée par un cocher (la partie rationnelle, le *logos*) guidant deux chevaux: l'un, docile et modéré (la partie irascible, le cœur, le courage), et l'autre, rétif et insoumis, entraîné par ses passions déraisonnées (la partie désirante, concupiscible, le ventre) [6](#page=6).
Cette tripartition de l'âme fait écho à celle présentée dans "La République". Platon y distingue trois fonctions de l'âme [6](#page=6):
* La **raison** (analogue à la classe dirigeante de la cité).
* La partie intermédiaire du **cœur** où siège la colère (analogue à la classe des gardiens).
* La partie inférieure du **ventre** où résident les désirs, tendant vers le plaisir (analogue à la classe des artisans et commerçants) [6](#page=6).
L'âme est ainsi le théâtre de conflits internes constants entre le principe rationnel et le principe de plaisir. La colère joue un rôle de médiateur, luttant contre la séduction du désir par docilité à la raison [6](#page=6).
##### 1.1.3.3 Les rêves et la part sauvage de l'âme dans "La République"
Dans le livre IX de "La République", Platon analyse les rêves comme des voies d'accès aux désirs habituellement réprimés. Les désirs déréglés, non nécessaires et illégitimes, sont généralement réprimés par la partie rationnelle de l'âme à l'aide des lois et de désirs plus nobles comme la recherche du savoir. Cependant, chez certains individus, cette répression peut conduire à un renforcement de ces plaisirs déréglés [7](#page=7).
Profitant de l'affaiblissement de l'activité de contrôle de la raison pendant le sommeil, ces désirs réprimés parviennent à se manifester dans les rêves, dévoilant leur nature inavouable. Le rêve est ainsi présenté comme un moyen privilégié d'accéder aux désirs refoulés [7](#page=7).
Platon suggère également que lorsque l'individu stimule sa raison et apaise les autres parties de son âme avant de dormir, les rêves qui en résultent sont moins propices à la manifestation des désirs déréglés. Néanmoins, même dans ces conditions, ces désirs ne sont pas totalement entravés. Platon conclut à la présence universelle de ces désirs déréglés, même chez ceux qui semblent maîtres d'eux-mêmes, révélant une "part sauvage" de l'âme humaine. Il y a ainsi des liens évidents entre cette théorie et la conception freudienne des rêves comme satisfaction substitutive de désirs refoulés [7](#page=7).
Cette analyse des rêves confirme l'existence de désirs déréglés au sein de chaque âme et l'impossibilité pour la raison d'exercer un contrôle absolu sur eux. La théorie de la réminiscence suppose un dualisme âme-corps, des substances distinctes dont l'union est temporaire. La structure tripartite de l'âme et l'hétérogénéité de ses éléments majorent la difficulté pour l'âme d'atteindre la connaissance. Les conflits internes et les rapports de force au sein de l'âme sont également soulignés [7](#page=7).
##### 1.1.3.4 La vérification de la réminiscence par un exemple mathématique
La théorie de la réminiscence est vérifiée dans le "Ménon" par une démonstration utilisant un exemple mathématique. Socrate interroge un jeune esclave sans instruction sur la manière de construire un carré de surface double d'un carré donné. L'esclave, guidé par les questions de Socrate, écarte progressivement ses opinions fausses et parvient par lui-même à entrevoir la solution [7](#page=7) [8](#page=8).
L'esclave découvre qu'en traçant une diagonale dans un carré de 4 pieds carrés, puis en construisant un carré dont les côtés ont la longueur de cette diagonale, on obtient une surface de 8 pieds carrés. Bien qu'il ne trouve pas la réponse seul, il est capable de proposer des solutions approchées et reconnaît la vérité lorsque Socrate la lui montre [8](#page=8).
Socrate ne livre pas la vérité directement; c'est l'âme de l'esclave qui reconnaît ce qui est vrai au contact de la vérité. Ainsi, guidée par un interlocuteur, l'âme peut se remémorer ses opinions vraies et les transformer en connaissance. Cette réminiscence, d'ordre inconscient, souligne que l'âme reste aveugle à ce qu'elle sait tant que les interrogations de Socrate ne lui permettent pas de reconnaître le vrai. La maïeutique socratique, art d'accoucher les âmes, joue un rôle crucial dans ce processus de connaissance [8](#page=8).
#### 1.1.4 Aristote : la logique, l'empirisme et l'âme indissociable du corps
Aristote, élève de Platon, fonde sa propre école, le Lycée. Son œuvre, encyclopédique, couvre divers domaines tels que la nature, la zoologie, la métaphysique, la morale, la politique et la logique. Aristote est considéré comme le précurseur de la psychologie du raisonnement par sa logique, souvent qualifiée d'"Organon" (instrument) [8](#page=8).
Contrairement à Platon, Aristote considère l'âme comme indissociable du corps. Sa métaphysique est la science de l'être en tant qu'être. Il opère une classification de la diversité de l'être, donnant naissance à des branches séparées de la connaissance, dont la psychologie et la logique [8](#page=8).
### 1.2 La réfutation de l'empirisme par Descartes
René Descartes, figure majeure du XVIIe siècle, est considéré comme un point de départ de la psychologie moderne. Sa philosophie propose une rupture significative avec les approches antérieures, notamment en matière de connaissance et de la nature du sujet [1](#page=1).
#### 1.2.1 La méthode cartésienne et le doute hyperbolique
La philosophie cartésienne est caractérisée par sa méthode rigoureuse, fondée sur le doute hyperbolique [référence nécessaire dans le document. Descartes cherche à établir un savoir certain et indubitable en rejetant systématiquement tout ce qui peut être mis en doute, même légèrement [référence nécessaire dans le document.
#### 1.2.2 Le cogito : l'existence de la pensée comme premier principe
À travers ce doute radical, Descartes parvient à une première certitude : "Je pense, donc je suis" (*Cogito ergo sum*) [référence nécessaire dans le document. Cette affirmation établit l'existence du sujet pensant comme le fondement de toute connaissance [référence nécessaire dans le document. L'activité de penser est la preuve irréfutable de l'existence du penseur [référence nécessaire dans le document.
#### 1.2.3 Le dualisme substance : la distinction entre la chose pensante (res cogitans) et la chose étendue (res extensa)
Descartes postule une distinction fondamentale entre deux substances :
* La **res cogitans** : la substance pensante, caractérisée par la pensée, l'immatérialité et l'indivisibilité [référence nécessaire dans le document. C'est le domaine de la conscience, de la volonté et de l'entendement [référence nécessaire dans le document.
* La **res extensa** : la substance étendue, caractérisée par la spatialité, la divisibilité et la mécanique [référence nécessaire dans le document. C'est le domaine du corps et du monde matériel, régi par les lois de la physique [référence nécessaire dans le document.
Cette distinction crée un fossé entre le corps, considéré comme une machine complexe, et l'âme ou l'esprit, qui échappe aux lois mécaniques [référence nécessaire dans le document.
#### 1.2.4 La réfutation de l'empirisme
L'empirisme, courant philosophique dominant à l'époque de Descartes, soutient que toute connaissance provient de l'expérience sensorielle [référence nécessaire dans le document. Les empiristes, comme Locke ou Hume plus tard, considèrent que l'esprit est une *tabula rasa* (ardoise vierge) à la naissance, qui se remplit progressivement par les perceptions [référence nécessaire dans le document.
Descartes s'oppose radicalement à cette idée en affirmant l'existence d'idées innées [référence nécessaire dans le document. Ces idées ne sont pas acquises par l'expérience mais sont présentes dans l'esprit dès sa conception [référence nécessaire dans le document. Les idées innées, telles que l'idée de Dieu, de perfection, ou les principes logiques, sont considérées comme les fondements de notre connaissance et ne peuvent être dérivées des sens [référence nécessaire dans le document. Par exemple, l'idée de perfection ne peut provenir de nos expériences sensorielles, qui ne nous offrent que des objets imparfaits [référence nécessaire dans le document. Seule une idée de perfection préexistante, innée, peut expliquer comment nous concevons la perfection [référence nécessaire dans le document.
Le dualisme cartésien, en distinguant radicalement la pensée de l'étendue, permet à Descartes de fonder la connaissance sur des principes rationnels et a priori, plutôt que sur les seules perceptions sensibles sujettes à l'erreur [référence nécessaire dans le document. Il critique ainsi l'empirisme en montrant que la source de la connaissance ne se limite pas à l'expérience sensorielle, mais inclut des vérités rationnelles qui la dépassent [référence nécessaire dans le document.
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Voici une synthèse du chapitre sur la connaissance des corps et la réfutation de l'empirisme par Aristote, axée sur les pages 9 à 16 du document.
## 1. La connaissance des corps et la réfutation de l'empirisme par Aristote
Ce chapitre explore les fondements de la connaissance selon Aristote, en partant de sa logique et de sa conception de la connaissance des corps, pour ensuite examiner comment cette approche contraste avec les prémisses de l'empirisme.
### 1.1 La logique aristotélicienne : un instrument pour penser la réalité
Aristote est considéré comme le fondateur de la logique, définie comme la science du raisonnement qui vise à penser de manière correcte et à éviter les erreurs. Ses écrits logiques, rassemblés dans l'Organon, servent de propédeutique à l'étude scientifique et sont considérés comme un "instrument" pour acquérir des vérités. La logique aristotélicienne analyse les formes de la pensée dans son rapport à la réalité, cherchant à comprendre comment la pensée conceptualise le réel et émet des jugements à son sujet [9](#page=9).
#### 1.1.1 Les catégories : les modes généraux de l'être
Le traité des Catégories distingue les réalités qui existent par elles-mêmes (substances, comme l'homme ou le cheval) de celles qui existent en d'autres réalités (accidents, comme le blanc ou la chaleur). Les catégories représentent les genres les plus généraux de l'être, et permettent de parler de "l'être". La substance est la catégorie première, car toutes les autres ne peuvent exister sans elle. Les accidents (qualité, quantité, relation, etc.) sont des déterminations qui qualifient la substance et ne peuvent exister indépendamment d'elle. Ces catégories sont à la fois les modes par lesquels les choses existent dans la réalité et les cadres logiques par lesquels l'homme pense ces choses [10](#page=10) [9](#page=9).
#### 1.1.2 Le jugement et la proposition : le lieu de la vérité et de l'erreur
La vérité et l'erreur ne résident pas dans les catégories elles-mêmes, mais dans la liaison entre les termes. Le jugement, ou la proposition déclarative qui affirme ou nie quelque chose au sujet d'autre chose, est le seul lieu d'existence de la vérité et de l'erreur. Aristote distingue les propositions affirmatives et négatives, ainsi que les propositions particulières et universelles. La vérité d'une proposition est conçue comme l'adéquation entre ce qui est dit et ce qui est [10](#page=10).
#### 1.1.3 Le syllogisme : le raisonnement déductif fondamental
Le traité "les premiers analytiques" analyse l'agencement formel des propositions susceptibles d'être vraies ou fausses, dans le cadre du syllogisme. Le syllogisme est un raisonnement logique élémentaire composé de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) où la conclusion découle nécessairement des prémisses. Aristote met en évidence que la validité d'un syllogisme dépend de sa forme logique, indépendamment du contenu des propositions [10](#page=10) [11](#page=11).
#### 1.1.4 La science démonstrative et l'appréhension des principes
Une conclusion valide n'est pas nécessairement vraie si les prémisses sont fausses. Pour garantir la véracité d'une conclusion, il est nécessaire de s'assurer de la véracité des prémisses. Aristote aborde ce problème dans sa conception de la science démonstrative, un système déductif fondé sur des principes vrais et antérieurs aux conclusions. Il reconnaît cependant l'impossibilité de tout démontrer, car cela mènerait à une régression à l'infini. Il existe donc une connaissance supérieure et antérieure à la démonstration: l'appréhension des principes immédiats [11](#page=11) [12](#page=12).
### 1.2 L'induction aristotélicienne : l'accès à l'universel
Aristote attribue la connaissance des premiers principes à l'induction. L'induction est définie comme le passage des cas particuliers à l'universel. Le point de départ de l'induction est la sensation, qui nous fait connaître les cas particuliers. Ce processus comprend plusieurs étapes: la sensation, la persistance de l'impression sensible (souvenir), la répétition du souvenir qui produit l'expérience, et enfin, l'accès à l'universel à partir de l'expérience de cas similaires. L'activité inductive produit donc l'universel à partir de l'expérience répétée de cas semblables, permettant d'émerger une forme universelle à partir de plusieurs formes singulières. L'induction chez Aristote, qui repose sur la sensation et l'expérience sensible, a conduit certains à le considérer comme un précurseur de l'empirisme [12](#page=12) [13](#page=13).
### 1.3 La psychologie d'Aristote : la connaissance des corps et de l'âme
Le traité *De l'âme* ("De Anima") propose une étude rationnelle de l'âme comme indissociable du corps. Aristote adopte une approche naturaliste, définissant l'âme comme le principe vital par lequel le corps, pourvu d'organes, est animé. Il développe la doctrine de l'hylémorphisme, selon laquelle tout être est constitué de matière (corps) et de forme (âme), inséparables chez les êtres vivants [13](#page=13) [14](#page=14).
Aristote distingue plusieurs facultés de l'âme, organisées hiérarchiquement :
* **L'âme végétative**: la plus basse, commune à tous les vivants, responsable de la nutrition et de la reproduction [15](#page=15).
* **L'âme sensitive**: concerne les animaux et les hommes, s'ajoutant à l'âme végétative. Elle se déploie en cinq sens particuliers (vue, ouïe, odorat, goût, toucher), chacun associé à un organe spécifique [15](#page=15).
#### 1.3.1 Le rôle de la sensation et du sens commun
La sensation est définie comme la réception de la forme de l'objet sans sa matière. Aristote introduit la notion de **sens commun**, distinct des cinq sens particuliers, qui permet [15](#page=15):
1. La perception des sensibles communs (mouvement, figure, nombre) [15](#page=15).
2. La réflexivité: sentir que l'on est en train de sentir [16](#page=16).
3. Le discernement et la comparaison des données sensibles, permettant d'appréhender l'unité d'un objet perçu par plusieurs sens [16](#page=16).
#### 1.3.2 L'imagination et l'intellect
L'**imagination** est une faculté intermédiaire, prolongeant la sensation, permettant de se représenter un objet en son absence. L'**âme intellective** est la faculté de connaître intellectuellement. L'intellect est distinct des sens et n'a pas d'organe corporel propre. Pour Aristote, toute connaissance commence avec les sens, et bien que la perception porte sur des individus, elle contient en puissance l'universel. Les images sensibles, en se répétant et se combinant, fournissent à la pensée la matière sur laquelle elle s'exerce [16](#page=16).
### 1.4 La réfutation de l'empirisme chez Aristote
Bien qu'Aristote accorde un rôle fondamental à l'expérience sensible, sa philosophie n'est pas une réfutation de l'empirisme moderne dans le sens où il ne s'agit pas d'une opposition directe aux penseurs comme Locke ou Hume. Le texte mentionne que son approche "préparait l'empirisme" suggérant une continuité plutôt qu'une réfutation directe [13](#page=13).
Cependant, les éléments aristotéliciens qui s'opposent aux prémisses fondamentales de l'empirisme (tel que compris plus tard) résident dans :
* **L'existence d'une connaissance universelle a priori**: Pour Aristote, la connaissance ne dérive pas *exclusivement* de l'expérience. Les principes premiers, bien qu'atteints par induction, sont universels et nécessaires, et semblent précéder l'expérience dans leur statut épistémologique. L'universel est "contenu en puissance dans la perception individuelle" impliquant une structure cognitive qui transcende la simple accumulation de données sensibles [12](#page=12) [16](#page=16).
* **La distinction entre sensation et intellect**: L'intellect, bien que dépendant des sens, est une faculté distincte qui opère sur les images sensibles pour en dégager l'universel. Cela s'oppose à une vision où toute connaissance se ramènerait ultimement à des impressions sensibles brutes [16](#page=16).
* **Le rejet de la réminiscence platonicienne**: Aristote rejette explicitement l'idée que les facultés intellectuelles sont innées et que la connaissance est une réminiscence. Cela le distingue des partisans de l'innéisme, mais ne fait pas de lui un empiriste strict au sens où tout serait *a posteriori* [12](#page=12).
En résumé, Aristote établit un système où la connaissance commence par le sensible et l'expérience, mais où des facultés intellectuelles spécifiques, notamment l'induction et l'intellect, permettent d'accéder à des vérités universelles et nécessaires, transcendant ainsi la seule accumulation d'informations empiriques. Cette distinction entre le sensible et l'intelligible, et la croyance en des principes universels atteignables par la raison, constituent des éléments fondamentaux qui différencient sa philosophie de l'empirisme dans son acception la plus stricte.
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La pensée cartésienne, notamment à travers les "Méditations métaphysiques", propose une réfutation de l'empirisme en soumettant les sources de connaissance à un doute hyperbolique, afin d'établir des fondements certains pour le savoir [19](#page=19) [20](#page=20) [21](#page=21) [22](#page=22).
### 1.1 La méthode cartésienne et le doute
La modernité, inaugurée par René Descartes (1596-1650), philosophe et homme de science, met l'accent sur la nécessité d'une méthode pour parvenir à la vérité. Cette méthode, exposée dans le "Discours de la méthode" vise à fonder la science sur des vérités certaines et à en tirer des applications pratiques pour améliorer les conditions matérielles de l'existence humaine [17](#page=17) [18](#page=18).
#### 1.1.1 Les quatre préceptes de la méthode
Descartes propose quatre règles fondamentales pour guider la raison :
* **Le principe de l'évidence**: ne se fier qu'aux idées claires et distinctes. Une idée est claire lorsqu'elle se manifeste directement à l'esprit par intuition, et distincte lorsqu'elle est clairement différenciée de toutes les autres. Cette règle vise à éviter la précipitation et les préjugés [18](#page=18).
* **Le principe de l'analyse**: diviser les problèmes complexes en parties plus simples pour en faciliter la résolution [18](#page=18).
* **Le principe de l'ordre des raisons (synthèse)**: commencer par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître pour s'élever progressivement aux composés [18](#page=18).
* **Le principe du dénombrement**: effectuer des dénombrements et des révisions complètes pour s'assurer qu'aucun élément n'a été omis [18](#page=18).
#### 1.1.2 Le doute comme outil méthodologique
Pour atteindre une science absolument certaine, Descartes entreprend de douter de toutes les idées reçues, même les plus familières. Ce doute est hyperbolique, c'est-à-dire volontairement excessif, radical et méthodique, afin de se défaire de tous les préjugés et d'atteindre le fondement indubitable de la connaissance [19](#page=19).
##### 1.1.2.1 La critique des sens
Descartes commence par soumettre les sens à son doute, reconnaissant qu'ils nous ont déjà trompés par des illusions d'optique. Bien qu'il admette que les sens sont moins trompeurs lorsqu'ils portent sur des objets proches et que leur existence implique celle d'un corps, il progresse vers l'argument du rêve [19](#page=19) [20](#page=20).
##### 1.1.2.2 L'argument du rêve
Il constate que les rêves peuvent être si vivaces qu'il est impossible de distinguer avec certitude le sommeil de l'éveil. Par conséquent, toutes les représentations sensibles pourraient n'être que des illusions oniriques, produites par son propre esprit [20](#page=20).
##### 1.1.2.3 L'hypothèse du malin génie
Pour étendre le doute aux certitudes rationnelles elles-mêmes et le maintenir dans la durée, Descartes introduit l'hypothèse d'un "malin génie" ou "mauvais génie". Cet être malfaisant utiliserait toute sa puissance pour tromper Descartes, le poussant à croire vrai ce qui est faux, rendant ainsi toute connaissance incertaine. Cette fiction méthodologique est cruciale pour se persuader du caractère douteux des idées et pour maintenir la suspension du jugement [21](#page=21) [22](#page=22).
> **Tip:** Le doute cartésien n'est pas un scepticisme, mais un doute systématique et provisoire visant à trouver une vérité indubitable sur laquelle bâtir l'édifice du savoir.
### 1.2 La découverte du "cogito ergo sum"
Au terme de ce processus de doute universel, Descartes découvre une première vérité certaine et indubitable: l'existence de son propre être en tant que sujet pensant [22](#page=22) [23](#page=23).
#### 1.2.1 La certitude de l'existence du sujet pensant
Même si un malin génie le trompe sur tout le reste, il ne peut le tromper sur le fait qu'il pense et qu'il existe en pensant. L'acte même de douter, de penser, prouve l'existence de celui qui pense. C'est la célèbre formule "Je pense, donc je suis" (Cogito ergo sum). Le sujet pensant est la condition de possibilité de toute pensée et de tout doute [23](#page=23).
#### 1.2.2 L'essence de la chose pensante
À partir de cette certitude première, Descartes cherche à déterminer son essence. Il écarte la définition de l'homme comme "animal raisonnable" et celle d'un composé de corps et d'âme où l'âme est une sorte de corps subtil, car l'existence du corps demeure douteuse. Il parvient à la conclusion qu'il est une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison, une substance non matérielle. Les facultés de la pensée incluent le doute, l'affirmation, la négation, le désir, et elles s'accompagnent toujours de la conscience du fait de penser, de la présence à soi [23](#page=23) [24](#page=24).
> **Tip:** L'imagination et la perception sensible, bien que listées parmi les opérations de la pensée, sont liées au corps et ne peuvent donc pas fonder une connaissance absolument certaine de la chose pensante [24](#page=24).
### 1.3 La réfutation de l'empirisme dans la connaissance des corps
Descartes critique la conception empiriste selon laquelle la connaissance la plus claire proviendrait des choses matérielles perceptibles par les sens [24](#page=24).
#### 1.3.1 L'exemple du morceau de cire
Pour réfuter cette thèse, il analyse un morceau de cire à peine extrait de la ruche. Il énumère ses qualités sensibles: sa forme, sa taille, sa couleur, sa texture, sa chaleur, son odeur, son goût. La thèse empiriste affirme que la connaissance de cette cire provient intégralement de la perception de ces qualités sensibles [24](#page=24).
#### 1.3.2 La primauté de l'entendement sur la sensation
Cependant, lorsque la cire est chauffée, elle perd toutes ses qualités sensibles initiales (forme, couleur, odeur, etc.). Si la connaissance ne venait que des sens, on ne pourrait plus connaître le morceau de cire. Descartes conclut que c'est l'entendement, et non les sens, qui appréhende la substance même de la cire, sa nature étendue et plastique, qui demeure malgré le changement de ses qualités sensibles. L'entendement, et non la sensation, permet de saisir l'essence immuable de la chose. Par conséquent, la connaissance la plus claire et la plus certaine ne provient pas des sens, mais de l'esprit [24](#page=24).
> **Example:** Le morceau de cire, par exemple, bien qu'il change de forme, de couleur et de texture lorsqu'il est chauffé, conserve sa nature d'étendue et de plasticité qui est saisie par l'entendement, et non par les sens qui ne perçoivent que ses qualités changeantes.
Descartes s'efforce de combattre les préjugés en se plaçant provisoirement sur le terrain de l'adversaire (l'empirisme) pour mieux le réfuter de l'intérieur. Il démontre ainsi que la connaissance des corps, même lorsqu'elle semble la plus ancrée dans l'expérience sensible, est fondamentalement une affaire d'entendement et de raison [24](#page=24).
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La pensée cartésienne réfute l'empirisme en démontrant que la connaissance des corps ne peut provenir des sens, ni de l'imagination, mais ultimement de l'entendement.
### 1.1 Le paradoxe de la cire : une réfutation initiale de l'empirisme
L'analyse de Descartes commence par l'exemple d'un morceau de cire. Lorsqu'il est chauffé, la cire perd toutes ses qualités sensibles initiales: saveur, odeur, aspect, contact et son. Si la connaissance des corps était uniquement basée sur les sens, on devrait conclure que la cire fondue n'est plus le même corps que le morceau de cire non fondu, car ses qualités sensibles ont radicalement changé. Cependant, personne ne nierait qu'il s'agit du même morceau, simplement dans un état différent [25](#page=25).
Cette observation conduit Descartes à affirmer que la connaissance distincte du morceau de cire ne peut être une simple sensation. Le témoignage des sens, à lui seul, ne suffit pas à reconnaître l'identité d'un objet dont les qualités sensibles sont modifiées. Les qualités sensibles ne sont que des indices pour identifier la cire, mais elles ne constituent pas son essence. Leur transformation n'abolit pas la cire elle-même ni n'empêche sa reconnaissance. Par conséquent, l'empirisme est réfuté: ce n'est pas par l'intermédiaire des sens que l'on connaît les corps [25](#page=25).
> **Tip:** L'exemple de la cire est crucial car il met en évidence la distinction entre les qualités sensibles d'un objet et son essence intelligible, démontrant ainsi les limites de la connaissance purement sensorielle.
### 1.2 L'imagination face à l'infini
Descartes examine ensuite si l'imagination peut être la faculté permettant de représenter la cire comme un corps susceptible de changer d'état. L'imagination semble percevoir l'identité sous les différences d'apparence. Cependant, Descartes rejette cette idée. L'imagination se rapporte à des formes spécifiques, comme un carré, mais pas à la condition de possibilité de ces formes, c'est-à-dire la substance étendue, flexible et muable [25](#page=25).
En débarrassant le morceau de cire de ses qualités sensibles changeantes, il reste les propriétés physiques comme le support des qualités sensibles ou la flexibilité et la mutabilité. Descartes soutient que c'est parce que la cire est capable de recevoir une infinité de formes, et non un nombre limité, que l'imagination est disqualifiée. L'imagination ne peut accéder à l'infini, car représenter l'infini implique nécessairement de le finir, c'est-à-dire de le dénaturer. L'idée qui permet de reconnaître la cire ne peut donc pas provenir de l'imagination [25](#page=25).
### 1.3 L'entendement : la faculté de connaître les corps
Pour Descartes, la seule faculté apte à concevoir la cire est l'entendement. L'entendement est la faculté de concevoir, de connaître par concepts, donc abstraitement. Seul l'entendement est capable de concevoir les propriétés abstraites de l'espace et d'un objet particulier dans l'espace. Par conséquent, la perception, en tant que reconnaissance de l'identité de l'objet sous ses apparences changeantes, est une activité de la pensée ou une inspection de l'esprit [25](#page=25).
Descartes conclut que la perception n'a jamais été autre chose qu'un acte de l'entendement ou de l'intelligence. Percevoir, c'est toujours juger, c'est-à-dire être actif, et non recevoir passivement des impressions sensibles [25](#page=25).
### 1.4 Le rôle du jugement et la critique du langage
Descartes met en évidence que la croyance selon laquelle la perception sensible serait uniquement l'œuvre des sens provient du langage. Nous disons "voir" un changement d'état sans apercevoir le jugement impliqué dans cette perception, les mots devenant complices de cette erreur [26](#page=26).
Pour illustrer la présence de l'esprit, Descartes utilise l'exemple des chapeaux et des manteaux. Nous disons voir des hommes alors qu'en réalité, nous jugeons qu'il s'agit d'hommes car nous ne voyons que des chapeaux et des manteaux sous lesquels pourraient se cacher des automates. En réalité, nous déduisons la présence d'hommes à partir de certains signes; c'est donc la pensée qui donne du sens ou interprète les informations sensorielles. Le terme "sens" désigne ainsi à la fois la perception et l'interprétation. Cet exemple permet à Descartes d'affirmer sa conclusion: percevoir, c'est juger [26](#page=26).
> **Tip:** Soyez attentif à la manière dont Descartes utilise des exemples concrets pour démonter des idées reçues, notamment celles véhiculées par le langage courant.
### 1.5 Le risque du solipsisme et la primauté de l'esprit
L'analyse d'objets comme celle des hommes amène à considérer le risque du solipsisme, qui est la tendance d'un esprit à ne concevoir d'autre réalité que lui-même. Dans cette perspective, la conscience propre constitue l'unique réalité, le monde extérieur et les autres consciences n'étant que des représentations. La conscience est alors souveraine mais semble seule et enfermée. La subjectivité est posée comme fait primitif et certitude première irrécusable [26](#page=26).
Descartes reconnaît que son esprit résiste à admettre que le langage puisse l'induire en erreur. Il réitère que c'est toujours lui-même que l'esprit atteint en concevant ce qui n'est pas lui. La connaissance des choses extérieures suppose toujours l'intervention du soi en tant qu'esprit. Quelle que soit la représentation d'un corps, elle ne fait que conforter Descartes dans sa certitude d'exister en tant qu'esprit qui a cette représentation [26](#page=26).
### 1.6 La connaissance de soi, de Dieu et du monde
Puisque l'entendement est la condition de possibilité de la connaissance des choses extérieures, et que toute idée d'autre chose que soi suppose l'intervention de l'esprit, l'esprit est nécessairement plus facile à connaître que le corps. Descartes annonce qu'il va désormais analyser en profondeur l'intériorité [26](#page=26).
En analysant la nature de ses idées, Descartes échappe au risque du solipsisme. À partir de l'analyse du moi pensant, il retrouve l'existence de choses extérieures à lui. Il découvre en lui une idée, celle de l'infini, dont le contenu représentatif est tel que l'esprit de Descartes ne peut en être l'auteur. Il affirme alors l'existence de Dieu, cause infiniment infinie de cette idée, en dehors de son esprit [26](#page=26).
Ensuite, Descartes analyse le problème de l'erreur pour montrer que Dieu n'est pas trompeur, tout en expliquant pourquoi l'erreur est néanmoins possible. L'erreur renvoie à un défaut de l'homme qui juge de la véracité d'une idée sans en avoir une conception claire et distincte. L'erreur humaine n'est pas incompatible avec la perfection divine [26](#page=26).
Enfin, Descartes déduit l'essence des choses matérielles et retrouve l'existence de son propre corps. Seules les qualités conçues par l'entendement sont certaines. Il conçoit son corps comme une chose étendue et ne pensant point, une machine, assimilant l'âme à un pilote en son navire. La question de l'unité entre l'âme et le corps, dont le lieu d'interaction serait la glande pinéale, est laissée à la postérité [26](#page=26).
Ce cheminement logique permet d'établir la théorie de l'homme comme sujet souverain. La personne humaine est conçue comme disposant d'une intériorité et d'une perspective sur la réalité extérieure, témoignant d'une capacité à prendre conscience de soi. Cette conscience de soi confère lucidité sur soi-même et sur son environnement, ainsi qu'une autonomie de gouvernement. La conscience de soi est la faculté fondatrice sur laquelle s'édifie la personne humaine, il s'agit de la conscience intime de soi. Cette conscience immédiate s'oppose à la conscience médiate, qui passe par des médiations telles que les œuvres ou les relations [26](#page=26) [27](#page=27).
> **Example:** La distinction entre la conscience intime de soi (le regard de l'intériorité sur elle-même) et la conscience médiate (qui passe par l'analyse des œuvres, des relations, etc.) est essentielle pour comprendre la démarche de Descartes vers la connaissance de soi.
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# La pensée de Platon sur la connaissance, l'âme et le corps
La pensée de Platon sur la connaissance, l'âme et le corps.
## 2. La pensée de Platon sur la connaissance, l'âme et le corps
La philosophie platonicienne propose une théorie de la connaissance fondée sur la réminiscence et établit une distinction fondamentale entre l'âme et le corps [4](#page=4).
### 2.1 La réminiscence et la théorie de la connaissance
Platon, à travers ses dialogues, notamment le *Ménon*, développe la théorie de la réminiscence (anamnèse). Cette doctrine soutient que l'apprentissage est en réalité un souvenir, une recollection de connaissances que l'âme possédait avant son incarnation dans un corps [4](#page=4) [5](#page=5).
#### 2.1.1 Le paradoxe du Ménon et la résolution par la réminiscence
Le dialogue commence par la question de Ménon concernant l'enseignement de la vertu, à laquelle Socrate répond qu'il ignore ce qu'est la vertu et que nul ne la connaît véritablement. Cela mène au paradoxe du Ménon: comment peut-on chercher à connaître quelque chose que l'on ignore? Si l'on connaît la chose, la recherche est inutile; si l'on ignore la chose, on ne pourra la reconnaître lorsqu'on la trouvera. Socrate résout ce paradoxe en expliquant que chercher et apprendre sont une réminiscence [4](#page=4) [5](#page=5).
> **Tip:** Le paradoxe du Ménon met en évidence la difficulté logique de l'acquisition de nouvelles connaissances.
La théorie de la réminiscence repose sur l'affirmation de l'immortalité de l'âme, qui persiste à travers les cycles de générations et de régénérations. L'âme, dans une existence antérieure à son union avec le corps, aurait contemplé la vérité sur toutes choses. Par conséquent, connaître, une fois incarnée, ne peut être qu'un acte de se ressouvenir. L'ignorance ne serait donc pas une absence totale de savoir, mais plutôt le fait de savoir sans en avoir conscience [5](#page=5).
##### 2.1.1.1 Illustration par un exemple mathématique
La vérification de la théorie de la réminiscence est illustrée par l'interrogation d'un jeune esclave de Ménon, qui n'a reçu aucune instruction. Par une série de questions, Socrate amène l'esclave à découvrir par lui-même la solution d'un problème géométrique concernant la surface d'un carré, démontrant ainsi une connaissance innée qui ne pouvait être acquise par l'enseignement traditionnel [7](#page=7).
### 2.2 La conception de l'âme et sa relation au corps
Platon conçoit l'âme comme immortelle et distincte du corps, qui est considéré comme une prison ou un tombeau [5](#page=5).
#### 2.2.1 Le dualisme âme-corps
La théorie de la réminiscence suppose un dualisme radical entre l'âme et le corps. Ce sont deux réalités distinctes et hétérogènes dont l'union est temporaire. Le corps est vu comme un obstacle à la connaissance [5](#page=5) [7](#page=7).
> **Tip:** Cette vision dualiste influence de nombreuses traditions philosophiques et religieuses.
#### 2.2.2 Le corps comme entrave à la connaissance
Dans le dialogue le *Phédon*, le corps est décrit comme un fardeau, une entrave à l'accès de l'âme à la vérité. Les besoins vitaux, les maladies, les désirs du corps accaparent l'attention de l'âme, l'empêchant de se consacrer à la pensée véritable. Les sens, tributaires du corps, ne fournissent qu'une perception biaisée et limitée, menant à l'aveuglement. Pour accéder à la connaissance, il est donc nécessaire de s'affranchir des influences corporelles, un processus qui ne peut être pleinement achevé qu'avec la mort, moment où l'âme est libérée du corps [5](#page=5).
#### 2.2.3 La structure tripartite de l'âme
Dans le *Phèdre*, Platon utilise le mythe du char ailé pour illustrer la nature de l'âme, qu'il divise en trois parties [6](#page=6).
* **Le cocher (logos, la partie rationnelle):** Il représente la raison, l'intellect, qui doit guider l'attelage [6](#page=6).
* **Le cheval docile (la partie irascible):** Cette partie incarne le courage, l'indignation, la dignité, et tend à obéir à la raison [6](#page=6).
* **Le cheval rétif (la partie concupiscible):** Ce cheval symbolise les désirs, les penchants pour le plaisir, souvent déraisonnés et rebelles à la contrainte [6](#page=6).
Cette structure tripartite de l'âme, également retrouvée dans la *République*, suggère une essence profondément divisée, le théâtre de conflits internes constants entre le principe rationnel et le principe de plaisir. La colère, partie intermédiaire, joue un rôle de médiateur, cherchant à affirmer la dignité de l'âme par sa docilité à la raison [6](#page=6).
##### 2.2.3.1 Parallèle avec la cité dans la République
La tripartition de l'âme fait écho à la structure de la cité idéale dans la *République*: la classe dirigeante (raison), les gardiens (colère/courage), et les artisans/paysans (désirs liés à la satisfaction des besoins) ] [6](#page=6).
#### 2.2.4 La nature des désirs et l'analyse des rêves
Dans le livre IX de la *République*, Platon analyse les dynamiques psychiques et sociopolitiques menant à la formation du tyran. Il distingue les désirs nécessaires, inhérents à la vie, des désirs non nécessaires, voire déréglés et illégitimes. Ces derniers, lorsqu'ils sont réprimés par la partie rationnelle de l'âme, peuvent proliférer et se manifester dans les rêves. Les rêves sont ainsi considérés comme une "voie royale" pour accéder aux désirs habituellement inaccessibles, car refoulés. Cependant, Platon suggère que même chez les individus maîtrisés, ces désirs déréglés existent et révèlent une "part sauvage" de l'âme. Cette analyse préfigure des théories ultérieures, comme celles de Freud, sur l'inconscient et la fonction des rêves [6](#page=6) [7](#page=7).
> **Example:** La comparaison entre les désirs déréglés du tyran, réprimés mais ressurgissant dans les rêves, et les désirs refoulés analysés par la psychanalyse freudienne.
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# La logique et les catégories chez Aristote
La logique chez Aristote, telle qu'elle est exposée dans l'Organon, constitue l'instrument fondamental de toutes les sciences, permettant le raisonnement correct et la formulation de vérités. Elle analyse les formes de la pensée en rapport avec la réalité [9](#page=9).
### 3.1 Le traité des catégories et la notion d'être
Le traité des catégories est la première œuvre de l'Organon et vise à distinguer les réalités qui existent en elles-mêmes (substances, comme l'homme ou le cheval) de celles qui existent en d'autres réalités (accidents, comme le blanc ou la chaleur). Aristote soutient que l'être se dit en plusieurs sens, appelés catégories, illustrant cela par des exemples: "Socrate est homme" (essence), "Socrate est juste" (qualité), "Socrate est grand de trois coudées" (quantité), et "Socrate est plus âgé que Platon" (relation) [9](#page=9).
Les catégories représentent donc les genres les plus généraux de l'être, les modes de l'être, et sont les instruments permettant de parler de l'être. Parmi elles, la substance occupe la première place car elle est la seule à pouvoir exister de manière indépendante et séparée, tandis que les accidents ne peuvent exister sans une substance [9](#page=9).
Les dix catégories aristotéliciennes fonctionnent comme des cadres généraux permettant de catégoriser tous les attributs possibles d'une chose, qu'il s'agisse de sa nature, de ses propriétés, de sa localisation ou de son rôle dans un événement. Elles sont à la fois les modes par lesquels nous pensons les choses logiquement et les modes par lesquels ces choses existent dans la réalité. Les catégories se situent ainsi à l'interface entre la réalité extérieure et la pensée qui la reproduit [10](#page=10).
> **Tip:** Les catégories ne sont pas seulement des concepts logiques, mais correspondent également aux modes d'existence des choses dans la réalité.
### 3.2 Le jugement, la vérité et le traité "De l'interprétation"
La vérité et l'erreur ne résident pas dans les catégories elles-mêmes, qui échappent au vrai et au faux en tant que genres suprêmes de l'être, mais dans la liaison de ces termes entre eux. Le seul lieu d'existence de la vérité et de l'erreur est le jugement, c'est-à-dire la proposition qui affirme ou nie quelque chose au sujet d'autre chose [10](#page=10).
Le traité "De l'interprétation" analyse les combinaisons de ces éléments simples (les catégories) pour comprendre les conditions d'une connaissance conforme à ce qui est. Aristote y précise que toute déclaration implique un sujet et un verbe, ce dernier indiquant le temps et surtout l'attribution d'une qualité à un autre élément. Une proposition est déclarative si elle peut être vraie ou fausse, excluant ainsi les questions ou les ordres. Les propositions peuvent être affirmatives ou négatives, particulières ou universelles. La distinction entre quantité (particulière/universelle) et qualité (affirmation/négation) permet d'établir des relations logiques d'opposition [10](#page=10).
> **Example:** La proposition "Tous les hommes sont mortels" est universelle et affirmative. La proposition "Aucun animal n'est végétal" est universelle et négative.
### 3.3 Le syllogisme et les "Premiers analytiques"
Le traité "Les Premiers analytiques" se concentre sur l'agencement formel des propositions susceptibles d'être vraies ou fausses, analysant le syllogisme. Le syllogisme est défini comme le raisonnement logique élémentaire, un enchaînement de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) où la vérité des prémisses est transférée à la conclusion. Il constitue la figure fondamentale du raisonnement déductif et donc du raisonnement scientifique [10](#page=10).
Dans un syllogisme, la conclusion découle nécessairement des prémisses. Les prémisses font référence aux "choses posées", et la conclusion est ce qui en résulte. Chaque proposition d'un syllogisme est une assertion (particulière ou universelle) [11](#page=11).
Aristote identifie trois termes dans un syllogisme: un grand terme, un petit terme, et un moyen terme, chacun apparaissant deux fois. Une avancée majeure dans "Les Premiers analytiques" est la découverte que certaines conclusions peuvent être validées uniquement par leur forme, indépendamment du contenu des propositions. Aristote symbolise d'ailleurs ces variables par des lettres dans cet ouvrage [11](#page=11).
> **Tip:** Aristote a été un pionnier dans l'analyse systématique du raisonnement, établissant une méthodologie scientifique là où il n'existait auparavant que des enseignements fragmentaires.
### 3.4 La science démonstrative et les "Seconds analytiques"
Le problème de la véracité des prémisses reste crucial, car une conclusion valide n'est pas nécessairement vraie si les prémisses sont fausses. Une conclusion valide mais matériellement fausse peut survenir si l'une des prémisses est erronée [11](#page=11).
> **Example:** "Tous les mammifères sont des poissons. Or, un chien est un mammifère. Donc, un chien est un poisson." (Conclusion valide, mais fausse car la prémisse majeure est fausse).
C'est dans le quatrième traité de l'Organon, les "Seconds analytiques", qu'Aristote aborde la conception de la science démonstrative. Il s'agit d'un savoir supérieur, un système déductif fondé sur des principes vrais et premiers, qui sont la cause des conclusions. Tandis que "Les Premiers analytiques" exposent les conditions formelles d'une déduction, "Les Seconds analytiques" analysent la démonstration comme un cas particulier de syllogisme visant à établir le caractère nécessairement vrai d'une conclusion [11](#page=11).
Pour qu'une connaissance soit scientifique, Aristote estime qu'il faut conclure une vérité nécessaire, ce qui n'est possible que si les prémisses sont elles-mêmes nécessairement vraies. Il rejette la régression à l'infini qui résulterait de la nécessité de prouver chaque prémisse par des prémisses antérieures [11](#page=11) [12](#page=12).
### 3.5 L'appréhension des principes et l'induction
Aristote rejette l'idée que toutes les sciences puissent être démonstratives, arguant qu'il existe une connaissance supérieure et antérieure à la démonstration, qui constitue le point de départ de la science. Cette connaissance des principes immédiats n'est pas scientifique au sens démonstratif [12](#page=12).
Aristote attribue la connaissance de ces principes premiers à l'induction. Il écarte la possibilité d'une connaissance innée ou d'une réminiscence platonicienne pour l'appréhension des principes. L'induction est définie comme le passage des cas particuliers à l'universel [12](#page=12).
> **Définition:** Induction: Le passage des cas particuliers à l'universel [12](#page=12).
> **Définition:** Universel: Ce qui s'applique à tous les cas, ce qui est toujours et partout [12](#page=12).
L'induction est donc fondamentale en science car elle mène aux principes sur lesquels repose toute démonstration. C'est par la sensation que l'induction produit en nous la connaissance de l'universel [12](#page=12).
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# La psychologie aristotélicienne et les facultés de l'âme
La psychologie aristotélicienne, telle qu'exposée dans le *De Anima*, analyse l'âme comme le principe vital indissociable du corps, définissant ses facultés comme des fonctions hiérarchisées allant de la nutrition à la pensée.
### 4.1 Le point de départ de la connaissance : sensation, mémoire et expérience
Le processus d'accès à la connaissance universelle chez Aristote commence par la sensation, qui appréhende les cas particuliers. Cette sensation laisse une impression dans l'âme, qui, par sa persistance, engendre des souvenirs. La répétition de ces souvenirs aboutit à l'expérience. C'est à travers cette expérience unifiée que l'âme accède à la connaissance de l'universel [13](#page=13).
L'induction est le mécanisme par lequel l'esprit passe de la connaissance des cas particuliers à celle des cas universels. Elle s'opère à partir de la répétition de cas semblables, permettant à une forme universelle d'émerger de plusieurs formes singulières. Par exemple, la perception de plusieurs triangles, bien que différents, permet de reconnaître leur essence commune, la triangularité [13](#page=13).
> **Tip:** Il est crucial de noter qu'Aristote s'oppose ici à la théorie platonicienne de la réminiscence, affirmant que les facultés de connaissance ne sont pas innées mais proviennent de l'expérience sensible. Cette insistance sur l'expérience a conduit certains à voir en Aristote un précurseur de l'empirisme [13](#page=13).
### 4.2 L'âme comme forme du corps : l'hylémorphisme
Aristote aborde l'analyse de l'âme dans une perspective naturaliste, en tant que physicien, en étudiant le fonctionnement des corps vivants. Il définit l'âme comme la forme d'un corps qui possède potentiellement la vie, c'est-à-dire un corps pourvu d'organes aptes à accomplir les fonctions vitales. L'âme est ainsi le principe vital qui maintient le corps en acte [13](#page=13) [14](#page=14).
Sa doctrine, appelée ilémorphisme, postule que tous les êtres sujets à un devenir sont constitués d'un corps (matière) et d'une âme (forme). Pour les êtres vivants, le corps et l'âme sont des aspects inséparables d'une seule et même chose. Il ne peut y avoir d'âme sans corps, car il n'y aurait rien à animer, mais le corps serait inerte sans le principe vital qu'est l'âme [14](#page=14).
> **Tip:** Contrairement au dualisme platonicien, Aristote conçoit l'âme comme indissociable du corps car elle en est la réalisation et l'actualisation des potentialités [14](#page=14).
Les parties de l'âme correspondent aux fonctions des parties corporelles identifiables, comme les organes des sens ou ceux liés à la nutrition. Aristote admet cependant que certaines fonctions de l'âme ne sont pas des réalisations d'organes spécifiques, bien qu'elles dépendent du corps [14](#page=14).
### 4.3 Les facultés de l'âme : une hiérarchie vitale
Aristote identifie plusieurs facultés de l'âme, organisées selon une hiérarchie où chaque niveau supérieur présuppose le niveau inférieur (#page=14, page=15) [14](#page=14) [15](#page=15).
#### 4.3.1 L'âme végétative
Il s'agit du degré le plus bas de l'âme, commun à tous les êtres vivants, y compris les végétaux. La faculté végétative est responsable de la croissance par nutrition, de l'auto-développement et de l'entretien spontané. Sa finalité est la préservation de l'espèce par la nutrition et la reproduction. L'âme végétative peut exister seule, comme dans le cas des plantes [15](#page=15).
#### 4.3.2 L'âme sensitive
Cette faculté concerne les animaux et les hommes, et s'ajoute à l'âme végétative. Elle regroupe plusieurs fonctions, dont les cinq sens particularisés. Chaque sens est associé à un organe spécifique [15](#page=15).
Aristote illustre le mécanisme de la sensation par l'exemple de la cire recevant l'empreinte d'un anneau: seule la forme est reçue, sans la matière de l'anneau. De même, le sens reçoit les formes sensibles sans leur matière. La sensation est définie comme l'acte commun du sens et du sensible, une impression de la forme de l'objet dans l'âme [15](#page=15).
> **Example:** La cire reçoit la forme du sceau sans que sa nature de cire soit altérée [15](#page=15).
Aristote introduit également la notion d'un "sens commun", distinct des cinq sens particuliers, mais nécessaire pour expliquer certains aspects de la perception. Ses fonctions sont [15](#page=15):
1. **Perception des sensibles communs:** appréhension de ce qui n'est pas propre à un seul sens, comme le mouvement, la figure ou le nombre [15](#page=15).
2. **Réflexivité:** conscience de l'acte de sentir en train de se produire [16](#page=16).
3. **Discernement:** capacité à appréhender ensemble les divers sensibles sans les confondre, et à les rapporter les uns aux autres. Le sens commun opère des comparaisons entre les données des sens spécialisés, unifiant ainsi la perception [16](#page=16).
La faculté de mouvement est parfois associée à la faculté sensitive, bien qu'elle ne définisse pas un règne du vivant à part entière [14](#page=14).
#### 4.3.3 L'imagination
Située entre la sensation et la pensée intellectuelle, l'imagination est une faculté intermédiaire qui prolonge la sensation. Elle intervient lorsque l'objet perçu n'est plus présent, permettant de se représenter un objet sans sa sensation actuelle, comme dans le cas des rêves. La mémoire repose également sur la conservation d'images laissées dans l'âme, comparable à des empreintes [16](#page=16).
#### 4.3.4 L'âme intellective
Cette faculté, également appelée intellect, est le moyen par lequel l'âme accède à la connaissance. L'intellect est distinct des sens et n'a pas d'organe corporel propre, bien qu'il dépende du corps. Toute connaissance commence par les sens, et bien que la perception porte sur des individus, elle contient en puissance l'universel [16](#page=16).
> **Example:** Percevoir Socrate, un être humain particulier, implique de percevoir simultanément la notion universelle d'homme. De même, voir un objet blanc implique la compréhension de la notion de blanc [16](#page=16).
Les images sensibles, en se répétant et se combinant, fournissent à la pensée la matière sur laquelle elle exerce son activité. Si l'imagination, faculté de l'âme sensitive, appartient à tous les animaux, seule l'être humain raisonnable peut unifier plusieurs perceptions [16](#page=16).
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# L'avènement de la modernité avec Descartes : théorie du sujet, dualisme corps-âme et méthode scientifique
Descartes, figure pivot de la philosophie moderne, a révolutionné la pensée occidentale en posant les fondements de la théorie du sujet, en développant le dualisme corps-âme et en établissant une méthode scientifique rigoureuse [17](#page=17) [19](#page=19).
### 5.1 La méthode scientifique cartésienne
René Descartes (1596-1650), à la fois philosophe et homme de science (mathématiques et physique), est reconnu pour son insistance sur la nécessité d'une méthode pour atteindre la vérité scientifique. Son ouvrage majeur, le "Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences", publié en 1637, expose cette démarche [17](#page=17).
#### 5.1.1 Les quatre règles de la méthode
La méthode cartésienne repose sur quatre préceptes fondamentaux :
1. **Le principe de l'évidence:** ne se fier qu'aux idées qui s'imposent à l'esprit avec clarté et distinction. Une idée est claire lorsqu'elle se manifeste à l'esprit par intuition directe, et distincte lorsqu'elle est clairement différenciée de toute autre idée. Cette règle vise à éviter la précipitation et les préjugés [18](#page=18).
2. **Le principe de la division (analyse):** décomposer un problème complexe en autant de parties plus simples qu'il est possible pour en faciliter la résolution [18](#page=18).
3. **Le principe de l'ordre (synthèse):** commencer par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître pour s'élever progressivement aux plus composés [18](#page=18).
4. **Le principe du dénombrement:** procéder à des énumérations complètes et des revues générales pour s'assurer qu'aucun élément n'a été omis [18](#page=18).
Ces règles sont considérées comme impératives pour acquérir de nouvelles vérités scientifiques, car elles permettent d'éviter les erreurs et d'accroître la connaissance [18](#page=18).
> **Tip:** La publication du "Discours de la méthode" en français, plutôt qu'en latin, témoigne de la volonté de Descartes de rendre ses idées accessibles à un public plus large, soulignant son désir de vulgarisation [17](#page=17).
#### 5.1.2 L'importance de la métaphysique comme fondement
Pour fonder la science sur des vérités certaines, Descartes considère la métaphysique comme la racine et le fondement de l'ensemble du savoir. La philosophie, englobant la science et l'étude de la nature, se divise en parties où la métaphysique constitue les assises sur lesquelles s'appuient les autres disciplines (symbolisées par des branches). L'objectif ultime de Descartes est de parvenir à des applications techniques et une pratique efficace permettant d'agir sur la nature et d'améliorer les conditions matérielles d'existence [18](#page=18).
### 5.2 La théorie du sujet souverain et le doute méthodique
Les "Méditations métaphysiques", publiées quatre ans après le "Discours de la méthode", narrent le cheminement intellectuel de Descartes à la recherche de la vérité et y établissent la théorie du sujet souverain [19](#page=19).
#### 5.2.1 Le doute hyperbolique
Confronté à la multiplicité d'idées fausses accumulées depuis son enfance, Descartes entreprend un doute radical et systématique afin de jeter les bases d'une science absolument certaine. Ce doute est [19](#page=19):
* **Volontaire:** il est le fruit d'une démarche active et réfléchie [19](#page=19).
* **Radical:** il vise à écarter toute idée, même la plus probable, si un moindre doute pèse sur elle [19](#page=19).
* **Méthodique:** il procède par étapes, en s'attaquant aux fondements mêmes de la connaissance [19](#page=19).
#### 5.2.2 Les niveaux du doute
1. **Doute des sens:** Descartes commence par douter de la fiabilité des informations fournies par les sens, arguant qu'ils nous ont déjà trompés par le passé (illusions d'optique). Il reconnait que les sens nous induisent en erreur principalement sur les choses éloignées ou difficiles à percevoir, et qu'il est irrationnel de nier leur existence au profit de la raison [19](#page=19) [20](#page=20).
2. **Doute du rêve:** L'argument du rêve permet de remettre en question la distinction entre le réel et le rêve. Descartes constate que les représentations oniriques peuvent être aussi claires et distinctes que celles de la veille, rendant impossible de distinguer avec certitude l'état d'éveil de l'état de rêve [20](#page=20).
3. **Doute des vérités universelles et rationnelles:** Même les vérités mathématiques, qui semblent indépendantes du monde matériel, sont remises en question. Descartes formule l'hypothèse d'un "dieu trompeur" qui, par son omnipotence, pourrait nous faire croire vrai ce qui est faux. Cette hypothèse étend le doute à la certitude rationnelle [21](#page=21) [22](#page=22).
4. **L'hypothèse du mauvais génie:** Pour maintenir le doute dans la durée et s'assurer qu'aucune idée ne lui échappe, Descartes introduit l'artifice du "mauvais génie" ou "malin génie". Cet être malfaisant utiliserait toute sa puissance pour nous tromper constamment, assurant ainsi la nécessité permanente du doute universel [21](#page=21) [22](#page=22).
> **Tip:** Le doute de Descartes n'est pas une fin en soi, mais un outil méthodologique pour atteindre une vérité certaine. Il utilise l'hypothèse du dieu trompeur pour étendre le doute aux certitudes rationnelles, puis le mauvais génie pour affermir la résolution de suspendre son jugement [22](#page=22).
### 5.3 Le "Cogito" : la première vérité indubitable
Au terme de son parcours de doute universel, Descartes découvre une première certitude inébranlable: "Je pense, donc je suis" ($cogito ergo sum$). Pour douter, il faut penser, et pour penser, il faut exister en tant que sujet de cette pensée. Cette vérité s'impose avec évidence, résistant à toute tentative de doute [22](#page=22) [23](#page=23).
#### 5.3.1 L'essence de l'homme : la pensée
À partir de cette première certitude, Descartes cherche à déterminer l'essence de l'être humain. Il rejette la définition scolastique de l'homme comme "animal raisonnable" car elle renvoie à des termes à définir. Il évalue ensuite la conception de l'homme comme un composé de corps et d'âme. Cependant, tout ce qui relève du corps et des fonctions corporelles de l'âme (végétative, motrice, sensitive) est considéré comme douteux, car l'existence du corps est elle-même sujette à caution. Seule la fonction intellective, c'est-à-dire la pensée, résiste au doute [23](#page=23).
Descartes conclut qu'il n'est certain que d'être une chose qui pense, un esprit, un entendement ou une raison, des facultés purement intellectuelles [23](#page=23).
### 5.4 Le dualisme corps-âme
Le dualisme cartésien postule une distinction radicale entre deux substances fondamentales :
1. **La substance pensante (res cogitans):** l'âme, immatérielle, dont l'essence est la pensée [23](#page=23).
2. **La substance étendue (res extensa):** le corps, matériel, caractérisé par ses dimensions spatiales (longueur, largeur, profondeur) et dont l'essence est d'être étendu dans l'espace [23](#page=23).
Cette distinction fonde la possibilité d'une existence de l'âme indépendamment du corps. Le corps est alors conçu comme une machine complexe, soumise aux lois de la physique. L'interaction entre ces deux substances, bien que problématique pour Descartes (principalement via la glande pinéale), est centrale dans sa philosophie [17](#page=17) [22](#page=22) [23](#page=23).
> **Example:** Descartes a contribué à la création de la géométrie analytique en donnant une signification géométrique aux opérations élémentaires et à l'extraction des racines carrées, ainsi qu'en réactualisant l'utilisation du système de coordonnées cartésiennes (abscisse et ordonnée). Il a également formulé les lois de la réfraction en optique [17](#page=17).
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
|------|------------|
| **Psyché** | Terme d'origine grecque signifiant "âme", "esprit" ou "souffle". Il est étymologiquement lié au terme "psychologie", qui désigne l'étude de l'âme. |
| **Logos** | Terme d'origine grecque signifiant "raison", "discours raisonné", "étude" ou "théorie". Il est étymologiquement lié au terme "psychologie", indiquant une approche rationnelle ou une étude. |
| **Philologie** | Discipline qui consiste à rechercher, conserver et interpréter les documents écrits, notamment littéraires. Elle permet de comprendre l'histoire et la signification des textes. |
| **Réminiscence (Anamnèse)** | Théorie philosophique, notamment développée par Platon, selon laquelle la connaissance véritable consiste en un souvenir d'idées ou de vérités que l'âme possédait avant son incarnation dans un corps. |
| **Innéisme** | Doctrine philosophique affirmant que certaines idées, principes ou structures mentales sont présents dans l'esprit humain dès la naissance, indépendamment de toute expérience ou apprentissage. |
| **Paradoxe de Ménon** | Argument soulevé par le personnage de Ménon dans un dialogue de Platon, qui interroge la possibilité de rechercher ce que l'on ignore, car si l'on ne sait rien, on ne peut pas reconnaître ce que l'on trouve. |
| **Aporie** | Situation de difficulté logique ou de blocage intellectuel qui semble insurmontable, souvent rencontrée dans les débats philosophiques où une question ne trouve pas de réponse évidente. |
| **Dualisme de l'âme et du corps** | Conception philosophique qui distingue radicalement l'âme (ou l'esprit) du corps, les considérant comme deux réalités distinctes, potentiellement séparables, dont l'union est temporaire. |
| **Logique** | Science du raisonnement qui étudie les règles de la pensée rationnelle afin d'éviter les erreurs. Aristote a fondé la logique comme un instrument essentiel pour toutes les sciences. |
| **Catégories (Aristote)** | Concepts les plus généraux de l'être, qui permettent de parler de la réalité et de la pensée. Les dix catégories d'Aristote incluent la substance, la quantité, la qualité, la relation, etc. |
| **Substance (Aristote)** | Réalité qui existe en elle-même, indépendamment d'autres réalités. C'est la catégorie première et fondamentale de l'être selon Aristote. |
| **Accident (Aristote)** | Réalité qui existe en d'autres réalités, c'est-à-dire qui dépend d'une substance pour exister (par exemple, la couleur d'un objet). |
| Anamnèse (Réminiscence) | Doctrine philosophique platonicienne selon laquelle l'acte de connaître consiste en un souvenir de réalités que l'âme a contemplées avant son union avec le corps. L'apprentissage est donc un processus de remémoration. |
| Corps (comme tombeau de l'âme) | Conception platonicienne selon laquelle le corps est une entrave à la connaissance et à la pensée véritable pour l'âme. Il est perçu comme une prison qui enchaîne l'âme aux sensations et aux besoins vitaux, l'empêchant d'accéder pleinement à la vérité. |
| Dualisme âme-corps | Distinction fondamentale chez Platon entre l'âme, considérée comme immortelle et immatérielle, et le corps, mortel et matériel. Leur union est vue comme temporaire et contingente, le corps étant un obstacle à la pureté de la connaissance de l'âme. |
| Ignorance consciente | La lucidité de Socrate quant à sa propre ignorance, qu'il considère comme plus précieuse que l'ignorance de ceux qui croient savoir. Cette conscience de son manque de savoir est le point de départ de la recherche philosophique. |
| Innéisme | Doctrine philosophique selon laquelle certaines idées ou principes sont présents dans l'esprit humain dès la naissance, indépendamment de toute expérience sensorielle ou apprentissage. Platon est considéré comme un précurseur de cette idée. |
| Logos | Dans la philosophie platonicienne, le logos représente la partie rationnelle de l'âme, associée à la raison et à la pensée. Il est comparé à la classe dirigeante dans la cité idéale et a pour rôle de guider les autres parties de l'âme. |
| Paradoxe du Ménon | Une objection soulevée par Ménon, qui interroge la possibilité de chercher ce que l'on ignore. Si l'on ne sait rien de ce que l'on cherche, comment peut-on le reconnaître une fois trouvé ? Socrate résout ce paradoxe par la théorie de la réminiscence. |
| Partie concupiscible | Une des trois parties de l'âme selon la tripartition platonicienne, symbolisée par le cheval insoumis dans le mythe du Phèdre. Elle représente les désirs, les penchants et la recherche du plaisir, souvent déréglés et difficiles à maîtriser. |
| Partie irascible | Une des trois parties de l'âme selon la tripartition platonicienne, symbolisée par le cheval docile dans le mythe du Phèdre. Elle représente la colère, le courage et l'indignation, et joue un rôle de médiateur entre la raison et le désir. |
| Réminiscence (Anamnèse) | Voir Anamnèse. |
| Sagesse (Sophia) | Le savoir ou la sagesse que le philosophe recherche. La philosophie est définie comme le désir et la quête de cette sagesse, qui suppose nécessairement son absence initiale chez le chercheur. |
| Tripartition de l'âme | Conception platonicienne de l'âme divisée en trois parties : la partie rationnelle (logos), la partie irascible (colère, courage) et la partie concupiscible (désirs, plaisirs). Cette division explique les conflits internes de l'âme. |
| Terme | Définition |
| Logique | Science du raisonnement qui vise à établir les règles de la pensée rationnelle afin d'éviter les erreurs et de formuler des vérités, considérée par Aristote comme un instrument essentiel pour toutes les sciences. |
| Organon | Terme grec signifiant "instrument", désignant le recueil des traités logiques d'Aristote, qui constituent une étude préparatoire aux sciences et servent d'outil pour raisonner correctement. |
| Catégories | Genres les plus généraux de l'être, qui permettent de parler de l'être et de le diviser en différentes manières d'exister, telles que la substance, la quantité, la qualité, la relation, etc. |
| Substance | La première et la plus fondamentale des catégories aristotéliciennes, représentant les réalités qui existent en elles-mêmes et indépendamment des autres catégories, comme un homme ou un cheval. |
| Accidents | Réalités qui existent en d'autres réalités et ne peuvent exister par elles-mêmes, telles que la couleur blanche ou la chaleur, qui sont des déterminations de la substance. |
| Jugement | Union ou séparation de termes qui affirme ou nie quelque chose au sujet d'autre chose, constituant le lieu d'existence de la vérité et de l'erreur, et qui peut être déclaratif, vrai ou faux. |
| Syllogisme | Raisonnement logique élémentaire composé de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) où la conclusion découle nécessairement des prémisses, représentant la figure fondamentale du raisonnement déductif. |
| Induction | Processus par lequel la sensation produit en nous la connaissance de l'universel, consistant en un passage des cas particuliers à l'universel, et qui permet d'accéder aux principes sur lesquels repose la démonstration. |
| Universel | Ce qui s'applique à tous les cas, à tout moment et en tout lieu, et qui est obtenu par induction, servant de base aux démonstrations scientifiques. |
| Science démonstrative | Un mode supérieur de savoir qui prend la forme d'un système déductif fondé sur des principes vrais et antérieurs, permettant d'établir le caractère nécessairement vrai d'une conclusion. |
| Principes immédiats | Connaissances fondamentales qui constituent le point de départ de la science et ne peuvent être connues par démonstration, mais sont appréhendées par induction. |
| Sensation | Le point de départ de la connaissance, qui nous fait connaître les cas particuliers et nécessite la présence d'un corps pour accéder à l'universel. |
| Expérience | Résultat de la répétition d'un souvenir d'une même chose, qui permet à l'âme d'accéder à l'universel en identifiant des traits communs entre des cas individuels présentant des similitudes. |
| Empirisme | Courant philosophique qui place l'origine de la connaissance dans les informations provenant de l'expérience sensible, par opposition aux théories des connaissances innées. |
| Âme | Principe vital par lequel un corps pourvu d'organes est animé et qui est la forme d'un corps possédant potentiellement la vie ; elle est indissociable du corps et en est l'actualisation complète. |
| Ilémorphisme | Doctrine selon laquelle tous les êtres sujets à devenir sont constitués de matière (corps) et de forme (âme), ces deux aspects étant inséparables chez les êtres vivants. |
| Faculté nutritive | La faculté la plus élémentaire de l'âme, commune à tous les êtres vivants, responsable de la croissance par nutrition, de l'auto-développement et de l'entretien spontané, ainsi que de la préservation de l'espèce. |
| Faculté sensitive | Faculté de l'âme qui concerne les animaux et les hommes, s'ajoutant à la faculté nutritive et se déployant en cinq sens particuliers, chacun associé à un organe spécifique. |
| Sensation (comme acte) | L'acte commun du sens et du sensible, où l'âme reçoit la forme de l'objet perçu sans sa matière, sans être altérée dans sa nature. |
| Sens commun | Une faculté intermédiaire, irréductible aux cinq sens particuliers mais inhérente à leur exercice, qui permet la perception des sensibles communs, la réflexivité de la perception et le discernement des divers sensibles sans les confondre. |
| Imagination | Faculté intermédiaire située entre la sensation et la pensée intellectuelle, qui prolonge la sensation et permet de se représenter un objet en son absence, conservant les images laissées dans l'âme. |
| Faculté intellective (ou pensée) | La faculté par laquelle l'âme connaît et accède à la connaissance ; distincte des sens, elle n'a pas d'organe corporel propre mais opère sur la matière fournie par les images sensibles répétées et combinées. |
| Méthode scientifique | Ensemble de règles et de principes rigoureux que Descartes juge indispensables pour conduire la raison et parvenir à la vérité dans les sciences, visant à éviter les erreurs et à accroître la connaissance. |
| Clarté et distinction (Idée) | Principe de la première règle de la méthode cartésienne : une idée est claire lorsqu'elle se manifeste à l'esprit par une intuition directe, et distincte lorsqu'elle n'est confondue avec aucune autre idée. |
| Règle de l'analyse | Deuxième règle de la méthode cartésienne, qui consiste à diviser un problème complexe en autant de parties plus simples qu'il est possible, afin de faciliter sa résolution. |
| Règle de la synthèse | Troisième règle de la méthode cartésienne, qui prescrit de procéder par ordre en commençant par les objets les plus simples et les plus faciles à connaître, pour ensuite s'élever progressivement aux composés. |
| Règle du dénombrement | Quatrième règle de la méthode cartésienne, visant à éviter toute omission en s'assurant qu'aucun élément n'est oublié lors de la décomposition et de l'énumération des propositions. |
| Métaphysique | Partie de la philosophie qui recherche et analyse les premiers principes et les causes premières, considérée par Descartes comme les racines et le fondement de l'ensemble du savoir. |
| Théorie du sujet souverain | Conception de l'être humain comme un sujet autonome et maître de sa propre pensée, qui coïncide avec l'avènement de la modernité et marque une rupture avec les conceptions antérieures. |
| Doute hyperbolique | Méthode de doute radical et volontaire employée par Descartes pour examiner toutes ses idées et en rejeter celles qui présentent le moindre caractère douteux, afin de trouver une vérité absolument certaine. |
| Malin génie (ou mauvais génie) | Hypothèse méthodologique introduite par Descartes pour maintenir le doute universel, imaginant un être malfaisant qui utiliserait toute sa puissance pour tromper l'esprit et le faire errer. |
| Cogito (Je pense, donc je suis) | Première vérité indubitable découverte par Descartes, qui affirme l'existence de soi en tant que sujet pensant, condition nécessaire à toute pensée et à tout doute. |
| Dualisme corps-âme | Conception philosophique selon laquelle l'être humain est composé de deux substances distinctes et séparables : le corps, de nature matérielle et étendue, et l'âme (ou esprit), de nature immatérielle et pensante. |
| Substance pensante (Res cogitans) | L'essence de l'être humain telle que découverte par Descartes, définie comme une chose qui pense, un esprit, un entendement ou une raison, dont l'existence est certaine tant qu'elle pense. |