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Comença ara de franc La place de la macroéconomie dans la science économique et son objet d'étude.docx
Summary
# Introduction à la macroéconomie et à la microéconomie
Ce sujet explore la distinction et la complémentarité entre la macroéconomie et la microéconomie, en définissant leurs objets d'étude respectifs et leurs méthodologies, tout en abordant les origines historiques de la macroéconomie.
### 1.1 Distinction et complémentarité des approches
La science économique se divise traditionnellement en deux grands domaines : la microéconomie et la macroéconomie. Ces deux approches ne s'opposent pas par leur objet d'étude mais par leur démarche.
#### 1.1.1 La microéconomie
La microéconomie étudie la manière dont les agents économiques individuels, tels que les entreprises et les ménages, prennent leurs décisions sur des marchés spécifiques. L'analyse microéconomique se concentre sur ces décisions individuelles, qui, agrégées, façonnent l'offre et la demande du marché. Elle examine en détail un aspect précis du comportement économique, en négligeant les interactions avec le reste de l'économie, agissant comme une loupe.
Exemples de sujets d'étude microéconomique :
* Le rôle du salaire minimum sur l'offre individuelle de travail des ménages.
* Les répercussions d'un permis de polluer sur l'offre d'une entreprise.
* La modification de la consommation d'un bien par les ménages suite à une variation de son prix.
#### 1.1.2 La macroéconomie
La macroéconomie analyse les phénomènes économiques globaux, à l'échelle de groupes d'agents ou d'une nation entière. Elle adopte une approche globale, s'intéressant à des grandeurs synthétiques appelées agrégats.
Exemples d'agrégats étudiés en macroéconomie :
* Le Produit Intérieur Brut (PIB).
* Le taux de chômage.
* Le commerce extérieur.
La macroéconomie raisonne à partir de ces grandeurs agrégées pour étudier des phénomènes comme la croissance économique, l'inflation, le chômage ou l'investissement.
### 1.2 Brève histoire de la macroéconomie
#### 1.2.1 Les origines classiques et néoclassiques
À la fin du 18ème et au début du 19ème siècle, l'école classique, avec des figures comme Adam Smith, s'est concentrée sur la théorie de la valeur et la répartition des richesses. Les classiques sont également connus pour la loi de Say (ou loi des débouchés), selon laquelle "toute offre crée sa demande". Cette pensée économique privilégie la stimulation de la production. La théorie quantitative de la monnaie postulait que la monnaie est neutre sur le fonctionnement de l'économie.
La révolution marginaliste a ensuite orienté la réflexion vers l'analyse des variations unitaires supplémentaires (utilité marginale). Les néoclassiques, comme Vilfredo Pareto, ont mis l'accent sur les comportements individuels rationnels, permettant de modéliser les marchés et d'aboutir à des concepts comme la concurrence pure et parfaite (CPP). La conclusion était alors de laisser les marchés fonctionner librement pour atteindre un équilibre.
#### 1.2.2 La révolution keynésienne
En 1936, John Maynard Keynes, avec sa "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie", a marqué une rupture. La crise de 1929, interprétée comme une crise de surproduction, a remis en cause les conclusions précédentes. La macroéconomie keynésienne se caractérise par :
* Le raisonnement sur des données agrégées.
* L'absence de convergence automatique vers un équilibre.
* La légitimation de l'intervention de l'État dans la vie économique.
Keynes soutenait que les "forces du marché" ne suffisent pas toujours à atteindre l'équilibre général et que l'intervention de l'État peut améliorer la situation économique. Cela implique que les décideurs ont besoin d'un diagnostic macroéconomique, s'appuyant sur des indicateurs pour guider leurs actions.
### 1.3 Économie positive et économie normative
* **Économie positive :** Elle décrit le monde économique tel qu'il est, en s'appuyant sur des analyses objectives et scientifiques, sans jugement de valeur. L'économiste y agit comme un scientifique évaluant l'impact de mesures de politique économique.
* **Économie normative :** Elle décrit l'économie telle qu'elle devrait fonctionner, formulant des recommandations qui intègrent des valeurs personnelles.
La distinction entre ces deux approches est complexe, car l'élaboration de politiques économiques nécessite une représentation du fonctionnement de l'économie.
### 1.4 La modélisation en macroéconomie
La modélisation est un outil privilégié des macroéconomistes pour étudier les interactions entre variables macroéconomiques, afin d'établir des relations de corrélation, voire de causalité.
* **Variables exogènes :** Elles sont considérées comme acquises ou données ; ce sont les variables explicatives.
* **Variables endogènes :** Elles sont celles que l'on cherche à expliquer par les variables exogènes.
Un modèle économique est un ensemble d'hypothèses sur les déterminants d'une variable, permettant de l'expliquer et de la prévoir. Un modèle performant, basé sur des hypothèses solides et des données agrégées fiables, peut améliorer l'efficacité prédictive des politiques économiques.
> **Tip :** La qualité d'un modèle peut évoluer dans le temps, car les hypothèses initiales peuvent ne plus être stables. Il est donc crucial d'améliorer continuellement les modèles pour tenir compte des nouvelles variables, des changements de comportement et des chocs externes (sanitaires, économiques, géopolitiques).
Le raisonnement "toutes choses égales par ailleurs" (ceteris paribus) est essentiel en macroéconomie pour isoler l'impact d'une variable, mais il s'agit d'une simplification par rapport à la réalité des interactions complexes.
### 1.5 Les grandeurs macroéconomiques et leurs objectifs
Les grandeurs les plus étudiées en macroéconomie sont le produit (PIB), les prix (inflation), le chômage et le commerce extérieur. Ces indicateurs permettent de mesurer les performances d'une économie, d'établir des comparaisons temporelles et entre économies, et servent de base à des objectifs de politique économique.
> **Tip :** L'analyse des variables macroéconomiques nécessite de considérer à la fois leur niveau absolu, leur dynamique (taux de croissance) et leur comparaison avec d'autres économies.
Les économies étant de plus en plus interdépendantes, l'efficacité des politiques économiques devient plus difficile à établir, surtout en économie ouverte. Les décideurs doivent anticiper les chocs aléatoires et leurs impacts.
#### 1.5.1 La production : le PIB
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est la valeur en euros des biens et services finals produits dans une économie sur une période donnée. Il est essentiel pour la politique économique, visant généralement à augmenter le PIB et donc la croissance économique.
Le PIB peut être appréhendé sous trois optiques complémentaires :
* **Optique de la production (offre) :** Le PIB est la somme des valeurs ajoutées des entreprises. La valeur ajoutée est la différence entre la valeur de la production et la valeur des consommations intermédiaires.
$$ \text{Valeur ajoutée} = \text{Production} - \text{Consommations intermédiaires} $$
On ajoute à cela les impôts sur les produits et on soustrait les subventions sur les produits pour obtenir le PIB par cette approche. Cette optique permet de comparer les économies et d'analyser la structure sectorielle de l'économie.
* **Optique des revenus :** Le PIB correspond à la somme des revenus distribués aux facteurs de production (salaires, profits, revenus d'entrepreneurs, etc.), ainsi que les impôts sur la production moins les subventions.
$$ Y (\text{production}) = Y (\text{revenus}) $$
Cette approche est cruciale pour les questions de redistribution et de répartition de la richesse créée.
* **Optique de la demande (dépense) :** Le PIB est la somme des dépenses finales en biens et services par les différents acteurs économiques. En économie fermée, il correspond à la demande intérieure :
$$ \text{PIB} = C + I + G + \Delta S $$
Où $C$ est la consommation, $I$ l'investissement, $G$ les dépenses publiques et $\Delta S$ la variation des stocks. En économie ouverte, on ajoute la balance commerciale nette :
$$ \text{PIB} = C + I + G + (X - M) $$
Où $X$ sont les exportations et $M$ les importations. Cette équation est centrale en macroéconomie keynésienne, analysant la dynamique de la demande.
Le PIB peut être mesuré en termes **nominaux** (en valeur courante) ou **réels** (en volume, corrigé de l'inflation). Le PIB réel est l'indicateur pertinent pour mesurer le niveau de vie et la croissance économique, car il neutralise l'effet de l'inflation.
> **Tip :** Pour évaluer l'évolution de la production, il est essentiel d'étudier le PIB réel. L'écart entre PIB nominal et PIB réel révèle l'ampleur de l'inflation.
L'analyse de la contribution de chaque composante de la demande (consommation, investissement, dépenses publiques, exportations nettes) à la croissance économique permet de comprendre les moteurs de l'activité.
Malgré son importance, le PIB est critiqué pour sa vision essentiellement productiviste, ignorant le bien-être, les inégalités, et l'environnement. Des indicateurs alternatifs comme le PIB par habitant, l'indicateur de richesse nationale ou des tableaux de bord intégrant des dimensions sociales et environnementales visent à offrir une mesure plus complète du développement.
#### 1.5.2 Le chômage
Le chômage est un objectif majeur de politique économique, défini par le Bureau International du Travail (BIT) comme la situation d'une personne sans emploi, disponible pour travailler et ayant effectué des démarches actives de recherche d'emploi.
Le taux de chômage se calcule ainsi :
$$ \text{Taux de chômage} = \frac{\text{Nombre de chômeurs}}{\text{Population active (en emploi ou au chômage)}} \times 100 $$
On cherche également à augmenter le taux d'emploi, défini comme le rapport entre la population en emploi et la population en âge de travailler (15-64 ans).
Différents types de chômage sont identifiés :
* **Chômage frictionnel (ou de réallocation) :** Lié au temps nécessaire pour que les offreurs et demandeurs de travail se trouvent mutuellement, dû aux processus de recherche et d'appariement. Une meilleure information fluidifie ce processus.
* **Chômage structurel :** Causé par les mutations de l'économie (mutations sectorielles, innovations technologiques) qui rendent certaines compétences obsolètes et nécessitent une adaptation des qualifications.
* **Chômage conjoncturel (ou keynésien) :** Résulte des cycles économiques. En période de récession, les entreprises réduisent leur production, entraînant une augmentation du chômage involontaire.
La loi d'Okun établit une relation empirique inverse entre le taux de croissance du PIB et l'évolution du taux de chômage : une croissance plus dynamique tend à réduire le chômage.
> **Tip :** La loi d'Okun suggère que pour réduire le chômage, il faut soutenir la croissance économique. Cependant, la nature du marché du travail (précaire ou protecteur) peut influencer l'efficacité de cette relation.
Le chômage représente un coût économique (gaspillage de ressources) et social (bien-être).
#### 1.5.3 L'inflation
L'inflation se définit comme une hausse générale et continue des prix, généralement mesurée par l'indice des prix à la consommation (IPC). L'objectif de politique économique est la stabilité des prix, souvent ciblée autour de 2%.
Les coûts de l'inflation sont importants :
* Elle affecte la distribution des revenus, transférant la richesse des prêteurs vers les créanciers.
* Elle modifie la compétitivité prix des économies, impactant les taux de change.
* Elle réduit le pouvoir d'achat des consommateurs, sauf si compensée par une augmentation des revenus.
* Elle crée de la confusion et de l'incertitude, rendant les décisions économiques inefficaces.
* Elle peut éroder la confiance des agents économiques.
Pour une analyse plus fine, on utilise des sous-indicateurs (inflation par secteur, inflation désaisonnalisée, inflation sous-jacente) et le déflateur du PIB, qui inclut les prix des biens d'investissement et publics.
$$ \text{Déflateur du PIB} = \frac{\text{PIB nominal}}{\text{PIB réel}} \times 100 $$
La théorie quantitative de la monnaie, formalisée par l'équation de Fisher ($MV = PT$), suggère que l'inflation est principalement un phénomène monétaire lié à une augmentation de la masse monétaire ($M$). Cependant, l'expérience récente a montré que le lien entre création monétaire et inflation n'est pas toujours direct, notamment depuis la crise financière de 2008 (phénomène de "l'inflation manquante").
Les banques centrales ciblent un taux d'inflation (idéalement 2%) et utilisent les taux d'intérêt pour le contrôler. La courbe de Phillips suggérait une relation inverse entre inflation et chômage, impliquant un arbitrage pour les décideurs. Cependant, cette relation s'est estompée, permettant parfois des situations de chômage élevé et d'inflation élevée simultanément ("aplatissement de la courbe de Phillips").
#### 1.5.4 Le commerce extérieur
Le commerce extérieur, représenté par la balance commerciale ($X - M$), analyse la dynamique entre les exportations et les importations. Il est crucial pour la croissance des économies ouvertes.
La position du commerce extérieur (excédentaire ou déficitaire) dépend de plusieurs facteurs :
* La dynamique de la demande intérieure.
* La spécialisation et l'industrialisation des pays.
* La compétitivité prix.
* Le taux de change.
Les évolutions du commerce extérieur sont également influencées par la conjoncture internationale (prix des matières premières) et des facteurs politiques (tensions géopolitiques, politiques commerciales). Les variables macroéconomiques sont toutes interconnectées.
### 1.6 Conclusion de la macroéconomie
La macroéconomie permet d'étudier les interactions économiques à l'échelle globale et de réfléchir à des politiques économiques adaptées. Ses objectifs incluent :
* Déterminer les variables expliquant le comportement agrégé des agents.
* Étudier les relations stables, voire les lois, entre ces variables.
* Identifier les conditions d'un équilibre macroéconomique.
* Analyser les déséquilibres et leurs causes.
* Proposer des politiques et moyens pour atteindre les objectifs sociétaux.
> **Tip :** Les rapports entre les variables évoluent constamment en raison des contextes internationaux et des contraintes changeantes. Les autorités doivent donc combiner une approche scientifique (économie positive) avec une approche normative pour définir des politiques optimales.
L'économie est souvent représentée comme un système de dominos : un choc affectant une variable (comme le PIB suite au COVID-19) peut avoir des répercussions sur toutes les autres (commerce extérieur, chômage, déficits budgétaires, etc.).
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# Le Produit Intérieur Brut (PIB) comme indicateur macroéconomique
Cette section explore le concept du Produit Intérieur Brut (PIB) en tant qu'indicateur macroéconomique clé, détaillant ses méthodes de mesure, ses limites et les alternatives pour évaluer la richesse nationale et le bien-être.
### 2.1 Définition et mesure du PIB
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est la valeur en euros des biens et services finaux produits dans une économie sur une période donnée. Il est un agrégat essentiel pour la politique économique, car les décideurs visent généralement à augmenter le PIB, ce qui implique une croissance économique. Le PIB est multidimensionnel et peut être appréhendé sous trois optiques principales, qui sont complémentaires.
#### 2.1.1 L'optique de la production (l'offre)
Dans cette optique, le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées de toutes les unités productives résidentes. La valeur ajoutée d'une industrie est la richesse qu'elle crée durant son processus de production. Elle est calculée comme la différence entre la valeur de la production d'une industrie (prix multiplié par la quantité) et la valeur de ses consommations intermédiaires (biens et services utilisés comme intrants dans le processus de production).
$$
\text{Valeur ajoutée} = \text{Production} - \text{Consommations intermédiaires}
$$
À cette somme de valeurs ajoutées sont ajoutés les impôts sur les produits et retranchés les subventions sur les produits pour obtenir le PIB.
> **Tip:** L'approche par la production est particulièrement utile pour comparer la structure économique entre différentes économies ou pour analyser l'évolution de la création de valeur ajoutée par secteur d'activité ou par type d'acteur économique. Cela permet d'orienter les politiques économiques vers les secteurs les plus porteurs.
#### 2.1.2 L'optique des revenus
Dans cette optique, le PIB représente la somme des revenus des facteurs issus de l'activité productive distribuée pendant une période donnée. Il s'agit d'additionner l'ensemble des revenus perçus par les facteurs de production :
* **Salaires:** Rémunération du travail.
* **Profits:** Revenus du capital, versés aux actionnaires sous forme de dividendes ou conservés par l'entreprise.
* **Revenus mixtes:** Revenus des entrepreneurs individuels.
En comptabilité nationale, aux revenus salariaux et aux profits s'ajoutent les impôts sur la production et se retranchent les subventions à la production et aux importations. Cette optique est cruciale pour les questions de redistribution et de répartition de la richesse créée, en analysant comment la valeur ajoutée revient aux salariés ou aux détenteurs de capital.
#### 2.1.3 L'optique de la demande (la dépense)
Appelée aussi approche par la dépense, elle mesure comment la richesse créée se transforme en dépenses. Il s'agit d'additionner les biens et services finaux achetés par les différents acteurs dans l'économie. En économie fermée, le PIB est égal à la demande intérieure :
$$
\text{PIB} = C + I + G + \Delta S
$$
où :
* $C$ représente la consommation des ménages.
* $I$ représente l'investissement (des entreprises et des ménages).
* $G$ représente les dépenses publiques (consommation publique et investissement public).
* $\Delta S$ représente la variation des stocks.
En économie ouverte, il faut ajouter la dépense externe nette, c'est-à-dire la différence entre les exportations ($X$) et les importations ($Z$) :
$$
\text{PIB} = C + I + G + (X - Z)
$$
Cette équation est fondamentale en macroéconomie keynésienne, qui étudie les déterminants de la demande globale. Le PIB est donc l'offre globale (Production + Importations) égalisant la demande globale (Consommation + Investissement + Dépenses publiques + Variation des stocks + Exportations - Importations).
> **Tip:** L'analyse de chaque composante de la demande permet de comprendre leur contribution respective à la croissance économique et au cycle économique. La consommation ($C$) représente traditionnellement la part la plus importante du PIB.
### 2.2 PIB nominal et PIB réel
Le PIB peut être évalué en termes nominaux ou réels :
* **PIB nominal:** Il est calculé aux prix courants. Il reflète à la fois les variations des quantités produites et les variations des prix.
* Exemple : Le PIB nominal en France en 2018 était de 2353 milliards d'euros.
* **PIB réel:** Il est calculé aux prix constants (généralement ceux d'une année de référence) et neutralise l'effet de l'inflation. Il donne une mesure plus précise du volume de la production et de l'évolution du niveau de vie.
* Exemple : Le PIB réel en France en 2018 était de 2286 milliards d'euros.
Lorsqu'on s'intéresse à l'évolution de la production, on étudie le **PIB réel**. Le taux de croissance du PIB est généralement le taux de croissance du PIB réel.
$$
\text{Taux de croissance du PIB} = \frac{\text{PIB réel}_t - \text{PIB réel}_{t-1}}{\text{PIB réel}_{t-1}} \times 100
$$
Le déflateur du PIB est un autre indicateur qui mesure le niveau général des prix de tous les biens et services produits dans l'économie. Il est calculé comme suit :
$$
\text{Déflateur du PIB} = \frac{\text{PIB nominal}}{\text{PIB réel}} \times 100
$$
### 2.3 Critiques du PIB et indicateurs alternatifs
Bien que le PIB soit un indicateur puissant, il fait l'objet de critiques :
* **Vision productiviste:** Il mesure la production mais pas nécessairement ce qui contribue au bien-être (par exemple, le PIB augmente avec les dépenses de santé liées à la pollution, bien que la pollution soit négative).
* **Manque de prise en compte des externalités:** Les aspects environnementaux (coûts de la pollution, épuisement des ressources) et sociaux (inégalités, bien-être subjectif) ne sont pas directement intégrés.
* **Ne mesure pas le bien-être subjectif:** Le bonheur, la satisfaction dans la vie, la cohésion sociale ne sont pas pris en compte.
Pour pallier ces limites, des indicateurs alternatifs ont été développés :
#### 2.3.1 Le PIB par habitant
Le PIB par habitant est calculé en divisant le PIB par la population totale. Bien qu'il soit corrélé au PIB sur le long terme, il offre une mesure plus fine de la richesse moyenne par individu, indiquant le niveau de vie potentiel.
$$
\text{PIB par habitant} = \frac{\text{PIB}}{\text{Population}}
$$
#### 2.3.2 L'indicateur de richesse nationale
Créé en 2014, cet indicateur vise à élargir la notion de richesse en intégrant les dimensions sociale et environnementale, ainsi que le bien-être futur. Il est complété par un tableau de bord de dix indicateurs répartis en trois catégories :
* **Dimension économique:** Taux d'emploi (15-64 ans), dépense de recherche, dette publique.
* **Dimension sociale:** Espérance de vie en bonne santé, satisfaction dans la vie, inégalités, taux de pauvreté, éducation (sorties précoces du système scolaire).
* **Dimension environnementale:** Émissions de gaz à effet de serre, artificialisation des sols.
#### 2.3.3 L'indicateur du "Vivre Mieux" de l'OCDE
Cet indicateur mesure le bien-être en se basant sur 11 thèmes, divisés en deux sous-catégories :
* **Bien-être actuel:** Qualité de vie et conditions de vie.
* **Bien-être futur:** Durabilité du bien-être.
Il permet de comparer les pays sur la base de critères qualitatifs et quantitatifs, et peut également être utilisé au niveau régional.
> **Tip:** Malgré l'émergence de ces indicateurs plus complets, des études montrent que le bien-être, la satisfaction et le bonheur restent souvent fortement corrélés au PIB par habitant.
### 2.4 Le rôle des agrégats macroéconomiques dans le diagnostic économique
Le PIB, ainsi que d'autres agrégats tels que le chômage, l'inflation et le commerce extérieur, sont cruciaux pour établir un diagnostic de la situation économique d'un pays. L'observation de ces grandeurs permet :
* **Mesurer les performances:** D'évaluer la performance d'une économie.
* **Établir des comparaisons:** De comparer les performances dans le temps et entre économies.
* **Orienter les politiques:** De définir les objectifs et les moyens des politiques économiques.
Une analyse complète nécessite de considérer la dynamique des variables (évolution dans le temps) et de les comparer avec celles des partenaires économiques. En raison de l'interdépendance croissante des économies, l'efficacité des politiques économiques dépend du contexte international. La modélisation macroéconomique, bien que simplifiée, est un outil indispensable pour anticiper les effets des décisions politiques.
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# Objectifs de politique économique : chômage, inflation et commerce extérieur
Voici un résumé détaillé des objectifs de politique économique, axé sur le chômage, l'inflation et le commerce extérieur, tel qu'il est abordé dans le document.
## 3. Objectifs de politique économique : chômage, inflation et commerce extérieur
Ce chapitre explore les principaux objectifs de la politique économique, en détaillant le chômage et ses formes, la maîtrise de l'inflation et ses causes, ainsi que l'importance du commerce extérieur pour la croissance économique.
### 3.1 La production et le produit intérieur brut (PIB)
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un agrégat essentiel mesurant la valeur des biens et services finaux produits dans une économie sur une période donnée. Il sert de base pour la croissance économique et est utilisé comme indicateur clé pour la politique économique. Le PIB peut être abordé sous trois optiques :
#### 3.1.1 L'optique de la production
Dans cette approche, le PIB est la somme des valeurs ajoutées créées par les entreprises. La valeur ajoutée se calcule comme la différence entre la valeur de la production et la valeur des consommations intermédiaires utilisées dans le processus de production. Cette optique permet de comparer la structure économique d'un pays et d'orienter les politiques sectorielles.
La formule de la valeur ajoutée est :
$$ \text{Valeur ajoutée} = \text{Production} - \text{Consommations intermédiaires} $$
On y ajoute les impôts sur les produits et l'on soustrait les subventions sur les produits pour obtenir le PIB.
#### 3.1.2 L'optique des revenus
Cette perspective considère le PIB comme la somme des revenus distribués aux facteurs de production issus de l'activité productive. Cela inclut les salaires, les profits (distribués sous forme de dividendes ou réinvestis), ainsi que les impôts sur la production moins les subventions à la production et aux importations.
$$ \text{PIB} = \sum \text{Revenus des facteurs} $$
Cette approche est cruciale pour analyser la répartition de la richesse nationale entre les salariés et les détenteurs de capital.
#### 3.1.3 L'optique de la demande (ou dépense)
Ici, le PIB représente la somme des dépenses finales pour les biens et services produits. Dans une économie fermée, le PIB est égal à la demande intérieure : consommation des ménages ($C$), investissement ($I$), dépenses publiques ($G$) et variation des stocks ($\Delta S$).
$$ \text{PIB} = C + I + G + \Delta S \quad (\text{économie fermée}) $$
Dans une économie ouverte, le PIB inclut la demande intérieure ainsi que la balance commerciale (exportations $X$ moins importations $M$).
$$ \text{PIB} = C + I + G + (X - M) \quad (\text{économie ouverte}) $$
Cette formulation, issue de la macroéconomie keynésienne, met l'accent sur le rôle de la demande dans la dynamique économique.
> **Tip:** Le PIB peut être mesuré en termes nominaux (à prix courants) ou réels (en neutralisant l'effet de l'inflation). L'étude de l'évolution de la production se fait principalement via le PIB réel, qui donne une meilleure indication du niveau de vie.
#### 3.1.4 Critiques du PIB
Bien qu'essentiel, le PIB est critiqué pour sa vision productiviste et son incapacité à mesurer le bien-être, la satisfaction ou les externalités négatives (environnementales, sociales). Des indicateurs alternatifs comme le PIB par habitant, l'indicateur de richesse nationale ou l'indicateur du "Vivre Mieux" de l'OCDE tentent d'intégrer des dimensions sociales, environnementales et intertemporelles pour une mesure plus holistique du bien-être.
### 3.2 Le chômage
La réduction du chômage est un objectif majeur de la politique économique en raison de ses coûts économiques et sociaux.
#### 3.2.1 Définition et mesure
Au sens du Bureau International du Travail (BIT), un chômeur est une personne de 15 ans ou plus, sans emploi, disponible pour travailler dans les deux semaines et ayant recherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines. Le taux de chômage est calculé comme suit :
$$ \text{Taux de chômage} = \frac{\text{Nombre de chômeurs}}{\text{Nombre de personnes actives}} \times 100 $$
Un objectif connexe est d'augmenter le taux d'emploi, qui mesure la proportion de la population en âge de travailler (15-64 ans) effectivement employée.
#### 3.2.2 Types de chômage
* **Chômage frictionnel (ou de réallocation)** : Lié au temps nécessaire pour que les travailleurs trouvent un nouvel emploi ou que les employeurs trouvent des candidats adéquats. Il est facilité par une meilleure circulation de l'information sur le marché du travail.
* **Chômage structurel** : Causé par des mutations profondes de l'économie (déclin de certains secteurs, essor d'autres) ou par la substitution du capital au travail via l'innovation technologique. Il nécessite une adaptation des compétences des travailleurs.
* **Chômage conjoncturel (ou keynésien)** : Résulte des fluctuations du cycle économique. Il augmente lors des récessions et diminue en période de croissance. Il est considéré comme involontaire.
#### 3.2.3 La loi d'Okun
Cette loi observe une relation empirique et généralement linéaire entre le taux de croissance du PIB et la variation du taux de chômage. Une croissance économique plus forte est associée à une baisse du chômage.
> **Tip:** La loi d'Okun suggère que pour réduire le chômage, il est nécessaire de soutenir la croissance économique. Cependant, l'efficacité de cette relation peut être affectée par la nature du marché du travail (précarité vs. contrats stables).
#### 3.2.4 Coûts du chômage
Le chômage représente un gaspillage de ressources productives et a des impacts négatifs significatifs sur le bien-être individuel et la cohésion sociale.
### 3.3 L'inflation
La maîtrise de l'inflation, c'est-à-dire la hausse générale et continue des prix, est un objectif central pour assurer la stabilité économique.
#### 3.3.1 Définition et mesure
L'inflation est généralement mesurée par l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) ou l'Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH). Le taux d'inflation représente la variation moyenne des prix des biens et services consommés.
> **Tip:** L'inflation peut être auto-entretenue et toucher l'ensemble des prix, affectant ainsi le pouvoir d'achat et la compétitivité-prix des économies.
#### 3.3.2 Causes et coûts de l'inflation
* **Causes** : L'inflation peut être expliquée par des facteurs liés aux coûts (hausse des matières premières, des salaires), à l'augmentation de la demande, à des facteurs monétaires (excès de création monétaire) ou aux anticipations des agents économiques.
* **Coûts** : L'inflation érode le pouvoir d'achat, modifie la répartition des revenus (au détriment des prêteurs), affecte la compétitivité internationale, crée de l'incertitude et de la défiance entre les agents économiques. L'hyperinflation a des conséquences désastreuses sur la valeur de la monnaie.
#### 3.3.3 Mesures de l'inflation
Pour affiner le diagnostic, on utilise des sous-indicateurs :
* **Inflation sous-jacente** : Elle exclut les prix volatils (énergie, alimentation non transformée) et les effets de saisonnalité, permettant de mieux identifier les causes domestiques de l'inflation.
* **Déflateur du PIB** : Plus large que l'IPC, il inclut les prix de tous les biens et services produits dans l'économie (biens d'investissement, biens gouvernementaux, etc.).
$$ \text{Déflateur du PIB} = \frac{\text{PIB nominal}}{\text{PIB réel}} \times 100 $$
#### 3.3.4 Inflation et politique monétaire
Historiquement, l'inflation a souvent été considérée comme un phénomène monétaire, lié à une quantité excessive de monnaie en circulation (Théorie Quantitative de la Monnaie, Fisher : $MV = PT$). Les banques centrales contrôlent traditionnellement l'offre de monnaie, mais la relation entre création monétaire et inflation est devenue moins claire depuis la crise financière de 2008 (phénomène de "l'inflation manquante").
Aujourd'hui, la plupart des banques centrales ont un objectif de ciblage d'inflation, généralement autour de $2\%$, qu'elles cherchent à atteindre en ajustant leurs taux d'intérêt.
#### 3.3.5 La courbe de Phillips
Cette courbe décrit une relation inverse entre le taux d'inflation (ou de croissance des salaires) et le taux de chômage. Elle suggère un arbitrage : réduire l'un peut entraîner une augmentation de l'autre.
> **Tip:** Le dilemme inflation-chômage tel qu'exprimé par la courbe de Phillips a été un guide majeur pour la politique économique, bien que cette relation soit devenue moins empiriquement stable, conduisant à parler d'un "aplatissement" de la courbe. Ceci est dû, entre autres, à la moindre influence des syndicats et à la mondialisation des prix.
### 3.4 Le commerce extérieur
L'ouverture d'une économie sur l'extérieur, mesurée par le solde commercial ($X - M$), est un facteur déterminant de la croissance économique.
#### 3.4.1 Le solde extérieur
Un solde commercial excédentaire ($X > M$) indique que le pays exporte plus qu'il n'importe, tandis qu'un solde déficitaire ($X < M$) signifie l'inverse. Les positions commerciales peuvent être structurelles.
#### 3.4.2 Facteurs influençant le commerce extérieur
* **Demande intérieure** : Une demande intérieure faible peut inciter à exporter davantage.
* **Spécialisation et industrialisation** : La structure de la production nationale.
* **Compétitivité-prix** : Essentielle dans un contexte de prix mondialisés.
* **Taux de change** : Affecte le coût des importations et le prix des exportations.
* **Conjoncture internationale** : Les prix des matières premières, les tensions géopolitiques et les politiques commerciales des partenaires influencent fortement les échanges.
> **Tip:** Le commerce extérieur est étroitement interconnecté avec les autres variables macroéconomiques, y compris l'inflation (par exemple, via les prix des matières premières importées) et la croissance. Les politiques commerciales jouent un rôle crucial dans l'orientation de ces échanges.
En résumé, la macroéconomie vise à analyser les interactions globales des agents économiques pour comprendre et influencer des variables clés comme le PIB, le chômage, l'inflation et le commerce extérieur, dans le but d'atteindre des objectifs de prospérité et de stabilité définis par la société. L'efficacité des politiques économiques dépend de la capacité à combiner une analyse scientifique rigoureuse avec une vision normative adaptée aux priorités sociétales.
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## Erreurs courantes à éviter
- Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens
- Portez attention aux formules et définitions clés
- Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section
- Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents
Glossary
| Term | Definition |
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| Macroéconomie | Branche de la science économique qui étudie les phénomènes économiques globaux, à l'échelle de groupes d'agents, en s'intéressant à des grandeurs agrégées. |
| Microéconomie | Branche de la science économique qui étudie la façon dont les entreprises et les ménages prennent leurs décisions sur des marchés particuliers, se concentrant sur les comportements individuels. |
| Agrégat | Grandeur synthétique mesurant le résultat de l'activité économique, comme le PIB, le chômage ou le commerce extérieur à l'échelle d'une nation. |
| PIB (Produit Intérieur Brut) | Valeur en euros des biens et services finaux produits dans l'économie pour une période donnée, mesuré par l'optique de la production, des revenus ou de la demande. |
| Valeur ajoutée | Différence entre la valeur de la production d'une industrie et la valeur de ses consommations intermédiaires ; représente la richesse créée durant un processus de production. |
| Revenus des facteurs de production | Ensemble des rémunérations perçues par les facteurs de production (salaires, profits) issus de l'activité productive distribuée pendant une période donnée. |
| Demande globale | Somme de la consommation des ménages, de l'investissement des entreprises, des dépenses publiques et de la balance commerciale nette (exportations moins importations). |
| PIB nominal | PIB calculé aux prix courants, non corrigé par l'inflation ; il mesure la valeur de la production en euros. |
| PIB réel | PIB calculé en neutralisant l'effet de l'inflation, en figeant les prix ; il donne une idée précise du volume de production et du niveau de vie. |
| Inflation | Hausse générale et continue des prix, mesurée le plus souvent par l'indice des prix à la consommation (IPC) ou le déflateur du PIB. |
| Chômage | Situation d'une personne en âge de travailler qui est sans emploi, disponible pour travailler et recherchant activement un emploi. Il existe plusieurs types : frictionnel, structurel et conjoncturel. |
| Chômage frictionnel | Chômage lié au temps nécessaire aux individus pour trouver un nouvel emploi lors de leurs transitions entre deux emplois ou entre l'inactivité et l'emploi. |
| Chômage structurel | Chômage résultant des mutations structurelles de l'économie, qui nécessitent une adaptation des compétences des salariés et qui peuvent être liés à la substitution du capital au travail. |
| Chômage conjoncturel (ou keynésien) | Chômage directement lié aux fluctuations du cycle économique ; il augmente lors des phases récessives et diminue lors des phases d'expansion. |
| Loi d'Okun | Relation statistique observée par l'économiste Arthur Okun, qui établit un lien linéaire négatif entre la variation du taux de croissance du PIB et la variation du taux de chômage. |
| Indice des Prix à la Consommation (IPC) | Indicateur mesurant l'évolution moyenne des prix d'un panier de biens et services représentatifs de la consommation des ménages. |
| Déflateur du PIB | Indice de prix qui mesure l'évolution de l'ensemble des prix des biens et services produits dans une économie, incluant les biens d'investissement, gouvernementaux, et les importations/exportations. Il est calculé comme le rapport du PIB nominal sur le PIB réel, multiplié par 100. |
| Courbe de Phillips | Relation empirique montrant une corrélation négative entre le taux de chômage et le taux d'inflation (ou la croissance des salaires nominaux), suggérant un dilemme pour les décideurs politiques. |
| Commerce extérieur | Ensemble des échanges de biens et services entre un pays et le reste du monde, représenté par la différence entre les exportations (X) et les importations (M). |
| Indicateur de Richesse Nationale | Indicateur créé pour élargir la mesure de la richesse d'une nation en intégrant les dimensions sociale et environnementale, en plus de la dimension économique, et en considérant le bien-être actuel et futur. |
| Bien-être | État de satisfaction et de bonheur ressenti par les individus, qui peut être mesuré par des indicateurs qualitatifs et quantitatifs, au-delà de la seule mesure du PIB. |