Comparative Politics

# Les trois dimensions des politiques publiques Ce sujet explore les trois dimensions fondamentales des politiques publiques : les actions concrètes de l'État, la compétition pour le pouvoir et le cadre institutionnel qui encadre ces processus. ### 1.1 Définition des trois dimensions Les politiques publiques peuvent être comprises à travers trois dimensions interconnectées [1](#page=1) [2](#page=2): #### 1.1.1 Les politiques publiques (Public Policies) Cette dimension renvoie à ce que l'État fait concrètement pour résoudre les problèmes sociétaux. Elle représente "l'état en action" ou "l'état concret" [1](#page=1). * **Exemples de politiques publiques:** Lutte contre les féminicides, abolition du secret bancaire, politiques vaccinales post-COVID-19 [1](#page=1). * **Exemples d'actions:** Une loi environnementale, une politique agricole [1](#page=1). #### 1.1.2 Politics (le jeu politique) Cette dimension concerne la sphère procédurale de la politique, c'est-à-dire la compétition pour le pouvoir, les conflits et les interactions entre les acteurs. Elle s'interroge sur [1](#page=1): * Qui gouverne [1](#page=1)? * Comment les décisions sont-elles prises [1](#page=1)? * Quelles coalitions politiques influencent les choix [1](#page=1)? * Quel est le rôle des médias, des groupes d'intérêt et d'autres acteurs [1](#page=1)? Cette analyse se focalise sur le processus, les acteurs et leurs stratégies [1](#page=1). #### 1.1.3 Polity (la structure politique) Il s'agit de la dimension institutionnelle, le cadre dans lequel se déroule le jeu politique et l'élaboration des politiques publiques. Elle englobe [1](#page=1): * Les institutions [1](#page=1). * La Constitution [1](#page=1). * Le fédéralisme [1](#page=1). * Les règles du système politique [1](#page=1). C'est la structure organisationnelle de l'État qui définit le cadre de "Politics" et "Policies" [1](#page=1). ### 1.2 Les liens entre les trois dimensions Ces trois dimensions sont intrinsèquement liées et s'influencent mutuellement [2](#page=2): #### 1.2.1 Politics et Public Policies Les acteurs du jeu politique (Politics) influencent directement le contenu des politiques publiques (Public Policies) [2](#page=2). * Un changement de gouvernement peut entraîner une réforme fiscale ou sociale [2](#page=2). * Une majorité parlementaire peut orienter les priorités dans certains domaines [2](#page=2). #### 1.2.2 Polity et Public Policies Le cadre institutionnel (Polity) conditionne ce que les politiques publiques (Public Policies) peuvent réaliser [2](#page=2). * Dans un système fédéral, les compétences des cantons par rapport à l'État central limitent ou déterminent l'action publique [2](#page=2). * L'existence de référendums peut permettre aux citoyens de bloquer une réforme [2](#page=2). * Les règles internationales peuvent imposer l'alignement des politiques nationales [2](#page=2). #### 1.2.3 Polity et Politics Les institutions (Polity) modèlent la compétition politique (Politics) [2](#page=2). * Un système électoral proportionnel favorise généralement le multipartisme [2](#page=2). * Un système majoritaire tend à encourager le bipartisme [2](#page=2). * Le fédéralisme confère une importance particulière aux élus locaux et régionaux [2](#page=2). > **Tip:** Il est important de noter qu'un changement de pouvoir politique n'entraîne pas systématiquement un changement significatif dans les politiques publiques. Par exemple, une nouvelle majorité peut ne pas modifier une mesure introduite par la précédente, même si elle n'en partage pas l'idéologie. La clé réside dans la compréhension des facteurs qui génèrent réellement des changements [2](#page=2). --- # Le cycle de vie des politiques publiques Le cycle de vie des politiques publiques décrit le processus séquentiel par lequel un problème social est identifié, traité et évalué, impliquant généralement plusieurs itérations avant une résolution [5](#page=5). ### 2.1 L'agenda politique : la mise sur le devant de la scène L'agenda politique représente l'ensemble des problèmes publics considérés comme prioritaires par les autorités politiques. L'accès à cet agenda est très concurrentiel, car les ressources de l'État pour traiter les problèmes sont limitées. De nombreux problèmes sont évacués faute d'y parvenir [17](#page=17) [4](#page=4) [6](#page=6). #### 2.1.1 Les acteurs et le cadrage des problèmes Divers acteurs, tels que les médias, les partis politiques, les groupes d'intérêts, les experts et les mouvements sociaux, cherchent à inscrire leurs problèmes dans l'agenda. Ces acteurs "cadrent" stratégiquement les problèmes en accentuant leur sévérité, leur urgence, leur complexité, leurs causes ou leurs victimes pour capter l'attention. Par exemple, lors de la COP en 2015, le terrorisme a pris le pas sur le changement climatique dans le discours public, malgré l'impact sanitaire bien plus important de ce dernier [17](#page=17) [6](#page=6). #### 2.1.2 Les portes d'entrée de l'agenda L'inscription d'un problème à l'agenda peut se faire par plusieurs voies: une pression médiatique intense, une mobilisation sociale significative, un choc externe (comme une crise), une initiative politique d'un parti, ou une opportunité institutionnelle [17](#page=17). ### 2.2 La formulation : élaborer les solutions La phase de formulation consiste à élaborer le contenu d'une politique publique, en définissant ses objectifs, les instruments à utiliser, les règles et les mesures à appliquer. C'est le moment où l'on décide comment résoudre le problème identifié [32](#page=32). #### 2.2.1 Le processus décisionnel en Suisse En Suisse, le processus décisionnel "standard" au niveau fédéral est encadré par des règles institutionnelles et se déroule en trois phases principales : 1. **La phase pré-parlementaire:** C'est la phase la plus importante et souvent la plus longue. Elle débute une fois le problème inscrit à l'agenda. L'administration joue un rôle central en rédigeant les avant-projets de lois. En cas de manque de ressources, elle fait appel à des commissions d'experts ("administration de milice") [18](#page=18) [21](#page=21). * **Avant-projet de l'administration et/ou d'une commission d'experts.** [18](#page=18). * **Consultation "interne" des offices** pour assurer une coordination horizontale [18](#page=18). * **Procédure de consultation externe:** L'avant-projet est soumis aux partis politiques, aux cantons et aux personnes ou groupes ayant des intérêts, afin de recueillir leur avis et d'assurer la qualité technique, l'acceptabilité politique et l'applicabilité de la future loi. L'objectif est d'éviter un référendum [18](#page=18) [20](#page=20). * **Projet et Message du Conseil fédéral** à l'Assemblée fédérale [18](#page=18). 2. **La phase parlementaire:** Le projet est examiné par les commissions législatives spécialisées de la première Chambre, puis discuté en plénum. Ensuite, il passe à la seconde Chambre où il suit des modalités similaires [19](#page=19). * **Navette entre les Chambres:** Si les deux Chambres ne parviennent pas à un accord, une "conférence de conciliation" peut être organisée. Les différences dans les modes d'élection (proportionnel pour le Conseil national, majoritaire pour le Conseil des États) et la représentation des intérêts cantonaux peuvent créer des divergences de points de vue [19](#page=19). 3. **La phase référendaire:** Le référendum facultatif ou obligatoire permet un vote populaire sur la loi. L'hypothèse de Neidhart suggère que l'opposition potentielle à une loi est prise en compte dès la phase pré-parlementaire. Moins de 3% des lois sont invalidées par le peuple [20](#page=20). #### 2.2.2 Le choix des instruments La formulation d'une politique publique implique le choix d'instruments, classés selon leur degré de contrainte [29](#page=29): * **Autorégulation:** Les acteurs se régulent eux-mêmes [29](#page=29). * **Information/persuasion:** Campagnes pour changer les comportements (ex: santé publique) [29](#page=29). * **Incitations positives:** Subventions ou aides accordées [29](#page=29). * **Incitations négatives:** Taxes ou redevances (ex: taxe carbone) [29](#page=29). * **Prescription:** Autorisations ou interdictions (ex: permis de construire) [29](#page=29). * **Étatisation/sanction:** Nationalisation ou mesures pénales (ex: prison, peine de mort) [29](#page=29). Souvent, une combinaison d'instruments est utilisée pour atteindre les objectifs fixés. L'élaboration d'une politique publique peut nécessiter des ressources importantes [29](#page=29). > **Tip:** La phase pré-parlementaire est considérée comme la plus importante dans le processus de formulation des politiques publiques en Suisse [21](#page=21). > **Example:** La loi sur les énergies en Suisse a utilisé une combinaison d'instruments, incluant l'étiquetage des appareils, des campagnes d'information et potentiellement des taxes, afin de promouvoir l'efficacité énergétique [30](#page=30). #### 2.2.3 L'influence des groupes d'intérêts Le système suisse est caractérisé par une forte influence des groupes d'intérêts (ONG, associations professionnelles, syndicats, associations patronales) durant la phase de formulation. La procédure de consultation institutionnalisée vise à intégrer ces acteurs pour réduire les conflits et produire des lois acceptables, menant souvent à des formulations centristes et consensuelles [33](#page=33). ### 2.3 La mise en œuvre : l'application sur le terrain La phase de mise en œuvre est le moment où une politique publique passe de la décision politique à son application concrète. Elle est souvent incertaine, politique, complexe et non linéaire, marquée par des déficits, des retards ou des écarts entre la loi et la réalité [34](#page=34) [41](#page=41). #### 2.3.1 Facteurs institutionnels et organisationnels Le fédéralisme d'exécution en Suisse, où la mise en œuvre est assurée par les niveaux fédérés (cantons et communes), peut entraîner des différences significatives dans l'application des politiques publiques, créant des inégalités de traitement. Par exemple, la réglementation de la faune ou l'achat d'immeubles par des étrangers montrent comment les compétences réparties aux cantons mènent à une diversité de solutions. Les déficits de mise en œuvre ne sont pas toujours liés aux différences institutionnelles [34](#page=34) [35](#page=35) [36](#page=36) [39](#page=39) [41](#page=41). #### 2.3.2 Les agents de première ligne (Street-level bureaucrats) Les agents de première ligne (enseignants, policiers, travailleurs sociaux, juges, personnel de la santé) jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre des politiques publiques. Ils interagissent directement avec les citoyens et disposent d'un pouvoir discrétionnaire, interprétant, adaptant ou modifiant la politique dans la pratique. Leur résistance ou leur adhésion peut déterminer le succès ou l'échec d'une politique [37](#page=37). > **Example:** Une réforme sociale en Californie visant à inciter au travail pour les familles dépendantes a échoué car les travailleurs sociaux de première ligne, résistants, n'ont pas fait part de la réforme, jugeant d'autres normes plus importantes [37](#page=37). #### 2.3.3 Les défis de la mise en œuvre Les retards massifs, comme observés dans le projet Léman Express, montrent des déficits dans la planification et la coordination, même lorsque l'argent est disponible. Ces retards peuvent survenir en raison d'une planification insuffisante, d'un manque d'aptitudes de pilotage, ou du retrait des financements si les délais ne sont pas respectés [39](#page=39). ### 2.4 L'évaluation : mesurer les effets L'évaluation a pour but de déterminer si une politique publique a réellement fonctionné en mesurant ses effets, ses résultats et sa contribution à la résolution du problème initial. Elle vérifie si le problème est causalement imputable à la politique publique et distingue les effets propres de ceux dus à des facteurs externes [42](#page=42) [47](#page=47). #### 2.4.1 Les concepts clés de l'évaluation Pour évaluer une politique, il faut reconstruire une chaîne reliant [43](#page=43): * **Le problème à résoudre:** Tel que défini lors de sa mise à l'agenda [43](#page=43). * **La formulation:** Objectifs, instruments et ressources [43](#page=43). * **Les réalisations (outputs):** Décisions et actes administratifs de la mise en œuvre [43](#page=43). * **Les résultats:** Changements de comportement des groupes cibles [43](#page=43). * **Les effets:** Transformations observables chez les bénéficiaires finaux, contribuant à la résolution du problème [43](#page=43). #### 2.4.2 Les critères d'évaluation Trois critères principaux sont utilisés pour l'évaluation : * **La pertinence:** La politique intervient-elle là où le problème est réellement pertinent [43](#page=43) [44](#page=44)? * **L'efficacité:** Les effets atteints correspondent-ils aux objectifs voulus [43](#page=43) [44](#page=44)? * **L'efficience:** Les mêmes effets auraient-ils pu être obtenus avec moins de ressources ou une utilisation différente des ressources [43](#page=43)? #### 2.4.3 L'analyse des comportements et des coûts L'évaluation examine si les comportements attendus ont réellement changé. Par exemple, une politique visant à réduire les places de parking peut ne pas être efficace si les pendulaires trouvent d'autres solutions, comme se garer sur des places privées. L'évaluation peut également identifier des cas particuliers où une politique fonctionne dans certains contextes mais pas dans d'autres. La méthode des coûts de remplacement est utilisée pour évaluer, par exemple, le rôle des proches aidants dans le soutien aux personnes âgées, en quantifiant le temps qu'ils consacrent à ces tâches [41](#page=41) [45](#page=45) [46](#page=46) [53](#page=53). > **Example:** L'analyse d'une procédure accélérée pour les requérants d'asile a montré qu'elle était plus rapide et moins coûteuse, avec un taux de recours plus bas, démontrant une efficience et une efficacité accrues par rapport à la procédure standard [47](#page=47). #### 2.4.4 La relance du cycle Les conclusions de l'évaluation peuvent mener à différentes décisions: maintenir la politique, la corriger, la remplacer ou l'abandonner. Cela peut relancer un nouveau cycle décisionnel, illustrant la nature itérative de l'action publique [47](#page=47) [5](#page=5). --- # La construction et la médiatisation des problèmes publics Ce sujet explore les mécanismes par lesquels les problèmes émergent, sont médiatisés et parviennent à l'agenda politique, en soulignant le rôle des différents acteurs et des stratégies de cadrage [6](#page=6). ### 3.1 Le concept d'agenda et la concurrence des problèmes L'agenda désigne l'ensemble des problèmes publics considérés comme prioritaires par les médias, les partis politiques et d'autres acteurs. Cet agenda est par nature très limité, ce qui engendre une forte concurrence entre les différents problèmes pour y accéder et y rester. Pour qu'un problème entre dans l'agenda, il faut souvent un processus long, impliquant plusieurs définitions concurrentes du problème. La médiatisation et le cadrage sont essentiels pour attirer l'attention. Par exemple, lors de la COP de 2015, le débat s'est concentré sur le terrorisme suite aux attentats du Bataclan, occultant le thème central du changement climatique, pourtant plus meurtrier [6](#page=6). ### 3.2 De la situation privée au problème public Une politique publique ne découle pas toujours directement d'un problème public préexistant; elle peut émerger d'une situation privée. Cependant, le passage d'une situation privée à une politique publique est complexe. Des situations comme la violence conjugale, l'inceste ou le dopage sont initialement privées, puis peuvent être reconnues comme des problèmes sociétaux. Néanmoins, même reconnus comme tels, certains problèmes, comme la pédophilie, peuvent ne jamais accéder à l'agenda politique ou, s'ils y parviennent, ne pas déboucher sur des politiques publiques concrètes [7](#page=7). ### 3.3 Stratégies de construction des problèmes publics La construction d'un problème public repose sur plusieurs dimensions stratégiques visant à le rendre plus visible et plus urgent [8](#page=8). * **Sévérité:** La dramatisation des conséquences est un levier majeur, comme observé avec le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002-2003 en Asie et la pandémie de COVID-19 dès 2020. L'inaction face à de telles situations engendre des conséquences dramatiques [8](#page=8). * **Périmètre:** Un problème devient plus pertinent s'il affecte une large audience. L'évolution de la perception du SIDA, initialement circonscrit à la communauté gay, s'est élargie avec la révélation de cas chez des personnalités hétérosexuelles, stimulant la mobilisation. Le cas de la contamination du sang par le VIH, affectant les hémophiles, a également été un tournant [8](#page=8). * **Nouveauté:** Reformuler un problème existant ou lui donner de nouveaux labels peut capter l'attention, à l'instar des termes "smog urbain", "mort des forêts" ou "climat" [8](#page=8). * **Urgence:** Les crises aiguës, comme l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2015 ou la dégradation soudaine d'un paysage, créent un sentiment d'urgence [8](#page=8). * **Causes:** Imputer la cause d'un problème à des actes intentionnels, à la négligence ou à des accidents permet d'identifier des acteurs responsables et de proposer des solutions. Les effondrements de maisons après un tremblement de terre ou les déluges de boue sont des exemples où la cause peut être attribuée à certains comportements [8](#page=8). * **Complexité:** Paradoxalement, la simplicité narrative est plus efficace pour les problèmes publics que la complexité causale. Des problèmes comme le racisme ou les bonus des hauts dirigeants sont plus facilement assimilés que des chaînes causales complexes [8](#page=8). * **Quantification:** L'objectivation par des données chiffrées (ex. pollution de l'air) ou la monétarisation des coûts sociaux permettent de mieux appréhender la sévérité et le périmètre d'un problème [8](#page=8). ### 3.4 Les acteurs de la médiatisation et de l'inscription à l'agenda Plusieurs acteurs jouent un rôle crucial dans la mise en lumière et l'inscription des problèmes publics à l'agenda : * **Les médias:** Ils sont essentiels pour informer le public et exercer une pression, particulièrement avec l'essor des réseaux sociaux [9](#page=9). * **Les partis politiques:** Ils intègrent des promesses électorales portant sur des problèmes spécifiques, s'engageant à les résoudre une fois au pouvoir [9](#page=9). * **L'action corporatiste:** Des acteurs à l'origine des problèmes peuvent chercher à les inscrire à l'agenda pour ensuite proposer et mettre en œuvre des solutions qui leur sont favorables [9](#page=9). * **Les mouvements sociaux:** Des manifestations massives, violentes ou fréquentes peuvent forcer un problème à entrer dans l'agenda [9](#page=9). Grâce à l'action concertée ou compétitive de ces acteurs, des situations privées peuvent réussir à intégrer l'agenda politique et déboucher sur des politiques publiques [9](#page=9). ### 3.5 Étude de cas : La peine de mort aux États-Unis L'analyse de la peine de mort aux États-Unis illustre le phénomène de "remise à l'agenda". Alors que de nombreux pays y renoncent depuis les années 1980, les exécutions aux États-Unis ont connu une hausse depuis les années 2000, témoignant d'une mise en œuvre accrue de cette politique publique. On observe d'ailleurs de fortes disparités entre les États, le Texas étant celui où le nombre d'exécutions est le plus élevé [10](#page=10). #### 3.5.1 Un phénomène en cascade Le concept de l'innocence, introduit dans les discours médiatiques et politiques, a conduit les citoyens à adopter ce nouveau cadrage pour discuter de la peine de mort. Ce changement de perspective a entraîné une modification significative de la pratique des exécutions [11](#page=11). L'ancienne définition de l'enjeu se concentrait sur l'efficacité, la moralité ou la constitutionnalité de la peine de mort. La nouvelle construction de l'enjeu, axée sur l'innocence et la possibilité d'erreurs humaines ou judiciaires, a pris le dessus. Baumgartner et al. ont documenté ce phénomène en cascade, où le concept ou cadre évolue, influence l'agenda et le débat public, pour finalement se traduire par une pratique modifiée dans les politiques publiques. Les arguments en faveur et contre la peine de mort coexistent dans les médias, mais leur poids relatif évolue [11](#page=11) [14](#page=14). #### 3.5.2 L'analyse du New York Times Le New York Times a publié environ 4000 articles sur la peine de mort depuis les années 1960, documentant une liste de 65 arguments variés, mais révélant une attention fluctuante portée à chacun d'eux. L'analyse de ces articles montre une construction de la nouveauté autour de ce problème [12](#page=12) [14](#page=14). Le cadre de l'innocence a progressivement supplanté les autres cadrages pour devenir le plus important dans l'histoire de la peine de mort aux États-Unis. Il intègre des arguments antérieurs sur les inégalités raciales et socio-économiques ou l'équité des procès, mais les présente dans un nouveau contexte. Cette tendance a été observée dans d'autres journaux américains [14](#page=14). Plus important encore, ce changement de cadrage a eu des effets considérables sur le nombre de condamnations et d'exécutions. L'analyse quantitative suggère que cette évolution du cadrage explique le mieux la réduction du nombre de condamnations, même en contrôlant pour d'autres facteurs comme le nombre d'homicides, l'opinion publique ou l'inertie des pratiques antérieures. Le débat a vu un équilibre se dessiner entre les arguments favorables et défavorables, suivi d'une chute des arguments en faveur, accompagnée d'une augmentation de la vigilance et du concept d'innocence, menant à une moindre volonté de recourir à la peine de mort [13](#page=13) [14](#page=14). ### 3.6 Corrélation entre cadrage et mise en œuvre Il existe une corrélation forte entre la manière dont un problème est cadré et sa mise en œuvre effective dans les politiques publiques. Le cadrage influence directement la perception publique et politique, orientant ainsi les décisions et les actions entreprises [15](#page=15). > **Tip:** Comprendre les stratégies de cadrage est essentiel pour analyser comment les problèmes publics émergent et sont traités. Le rôle des médias et des différents acteurs est central dans ce processus de construction et de médiatisation. > **Example:** La transition du débat sur le changement climatique d'une question scientifique complexe à un problème d'urgence environnementale, impliquant des actions collectives et des politiques de transition énergétique, illustre comment le cadrage peut transformer la perception et la réponse à un enjeu public. --- # Le rôle des groupes d'intérêts dans les politiques publiques Les groupes d'intérêts, ou lobbies, jouent un rôle crucial dans le processus décisionnel des politiques publiques, influençant les différentes étapes de leur formulation et de leur mise en œuvre, grâce à leurs stratégies, leurs ressources et leurs liens privilégiés avec l'État et les partis politiques [22](#page=22). ### 4.1 Définition et caractéristiques des groupes d'intérêts Un groupe d'intérêts se distingue par quatre caractéristiques principales: il possède une structure pérenne, contrairement aux nouveaux mouvements sociaux; il est composé de membres individuels ou collectifs dont les intérêts doivent être satisfaits; il cherche à influencer les processus politiques, particulièrement la phase de formulation, mais aussi celle de mise en œuvre; enfin, il n'assume pas de mandat électif, bien qu'il puisse soutenir des partis politiques sans que cela soit son objectif premier. Ces groupes fonctionnent comme un système intermédiaire entre le gouvernement, les citoyens et les groupes intermédiaires. Historiquement, les groupes d'intérêts sont apparus avant les partis politiques, et certains de ces derniers peuvent disposer de moins de ressources et d'un membership moins élevé que les groupes d'intérêts [22](#page=22). ### 4.2 Le système néolibéral corporatif suisse et l'influence des groupes d'intérêts Le système politique suisse, notamment en 2006, a vu apparaître des acteurs reconnus comme plus puissants que le gouvernement et les partis politiques, en particulier les grands groupes faîtiers. Ce phénomène est intrinsèquement lié au système néolibéral corporatif suisse, où le gouvernement négocie directement avec les associations patronales et syndicales, une caractéristique accentuée par la faiblesse de l'administration de l'État fédéral. Ces acteurs bénéficient d'une norme de négociation et d'un pouvoir référendaire fort, rendant toute confrontation avec eux particulièrement risquée en raison de leurs importantes ressources financières et de leurs relations privilégiées avec le gouvernement [23](#page=23). Plusieurs facteurs expliquent cette influence prépondérante des groupes d'intérêts économiques en Suisse: la faiblesse de l'État fédéral et des partis politiques couplée à l'organisation précoce des associations économiques; l'importance de ces associations dans la régulation sociale et économique et dans les processus décisionnels; l'impact de la démocratie directe (référendum) qui renforce les acteurs disposant d'une capacité référendaire (CEP et consultation); et enfin, des ressources économiques supérieures à celles des partis politiques. Les grandes associations économiques sont donc des acteurs dominants du processus de décision, dont le centre de gravité se situe dans la phase pré-parlementaire, le Parlement ayant souvent pour rôle de ratifier les compromis déjà établis. Le modèle néolibéral corporatif, qualifié de politique "qui ne fait pas de bruit", a marqué le développement de l'État suisse en influençant profondément ses politiques [24](#page=24). > **Tip:** Comprendre la notion de "politique qui ne fait pas de bruit" est essentiel pour saisir l'influence subtile mais omniprésente des groupes d'intérêts dans le système politique suisse. Récemment, un intérêt accru pour les intérêts du public a émergé, avec des groupes comme le WWF disposant de ressources considérables (51 millions de dollars en 2016), leur permettant de devenir des acteurs importants au même titre que les associations faîtières économiques. Cette tendance s'étend au-delà des questions environnementales pour inclure d'autres domaines, tels que le secteur militaire [24](#page=24). ### 4.3 Stratégies d'influence des groupes d'intérêts Les groupes d'intérêts déploient diverses stratégies pour exercer leur influence tout au long du processus politique. #### 4.3.1 Phase pré-parlementaire Dans la phase pré-parlementaire, on observe une croissance des groupes citoyens, identitaires, religieux et axés sur l'intérêt public. Les procédures de consultations externes sont un terrain d'action privilégié: plus de 50% des acteurs y participent activement, cherchant à influencer les décisions en formant des coalitions. Cette démarche implique un travail considérable en termes de mobilisation de ressources, de gestion du temps, de négociations et de formulation d'arguments et de solutions [25](#page=25). #### 4.3.2 Phase parlementaire Durant la phase parlementaire, les groupes d'intérêts cherchent à établir des contacts avec des parlementaires pour qu'ils deviennent leurs porte-parole. La transparence de ces relations est cruciale; depuis 2002, une loi exige un registre public des liens d'intérêts, et on observe une augmentation de ces déclarations, avec plus de 800 liens recensés, témoignant de la forte présence des lobbies. Les discussions se déroulent d'abord en commission, où les parlementaires ayant le plus de poids sont des cibles privilégiées pour les groupes d'intérêts, et il est constaté que beaucoup d'entre eux sont affiliés à des groupes d'intérêts. La question se pose de savoir si l'opposition gauche-droite est influencée par les groupes d'intérêts, les parlementaires étant potentiellement tiraillés entre les consignes de leur parti, leur groupe cantonal et leurs allégeances à des groupes d'intérêts [25](#page=25). > **Tip:** La loi sur la transparence des liens d'intérêts depuis 2002 est un outil important pour analyser l'influence des lobbies au Parlement. Les liens entre les groupes d'intérêts et les parlementaires se créent souvent une fois que ces derniers ont intégré une commission, qu'il s'agisse de liens importés avant leur arrivée ou tissés après leur intégration. Les lobbies interviennent ainsi à toutes les étapes de la formulation des politiques. Les associations et les syndicats, en tant que groupes d'intérêts, sont d'ailleurs surreprésentés au Parlement [26](#page=26) [27](#page=27). ### 4.4 Phase référendaire et mesure de l'influence Dans la phase référendaire, entre 1950 et 2009, ce sont davantage les citoyens qui lançaient les campagnes référendaires. Cependant, ce sont majoritairement les groupes d'intérêts qui financent ces votes. Bien que l'achat de voix ne soit pas aussi direct qu'il y paraît, il existe une asymétrie dans les groupes, sans que cela n'implique une victoire systématique pour les plus puissants. Le système évolue vers plus de pluralisme, mais le biais en faveur du néo-corporatisme demeure présent. L'analyse des processus d'influence, notamment par l'étude de l'accès des groupes d'intérêts aux décideurs, est essentielle pour mesurer leur pouvoir [27](#page=27). > **Example:** Un exemple concret d'influence serait l'action coordonnée d'associations patronales et syndicales lors des consultations sur une nouvelle loi du travail, mobilisant leurs ressources pour influencer la rédaction du projet avant même son dépôt au Parlement. --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Term | Definition | |------|------------| | Politique publique | Ensemble de décisions et d'activités intentionnellement cohérentes prises par différents acteurs publics en vue de résoudre un problème public défini comme tel. | | Politics | La dimension procédurale des politiques publiques, c'est-à-dire la compétition pour le pouvoir, les conflits et le processus de prise de décision impliquant les acteurs politiques et leurs stratégies. | | Polity | La dimension institutionnelle des politiques publiques, renvoyant aux institutions, à la Constitution et aux règles du système politique qui forment le cadre dans lequel se déroulent les politics et les policies. | | Agenda | L'ensemble des problèmes publics considérés comme prioritaires par les médias, les partis politiques et d'autres acteurs influents, et qui font l'objet d'une attention particulière. | | Cadrage (Problème) | La manière dont un problème public est défini, présenté et interprété par différents acteurs pour influencer sa perception et sa place dans l'agenda politique. | | Formulation (Politique publique) | L'étape du processus politique où sont élaborés le contenu d'une politique publique, ses objectifs, les instruments à utiliser, les règles et les mesures à appliquer pour résoudre un problème identifié. | | Mise en œuvre (Politique publique) | La phase d'application concrète d'une politique publique, transformant la décision politique en actions sur le terrain. C'est un processus complexe et souvent incertain. | | Évaluation (Politique publique) | L'étape qui consiste à analyser les effets et les résultats d'une politique publique pour déterminer si elle a résolu le problème initial, si elle a été efficace, efficiente et pertinente. | | Fédéralisme d'exécution | Un mode d'organisation politique où les décisions sont prises par le niveau central (État fédéral) mais dont la mise en œuvre concrète est assurée par les niveaux fédérés (cantons, communes). | | Agents de première ligne (Street-level bureaucrats) | Les fonctionnaires ou employés qui sont en contact direct avec les citoyens et appliquent les politiques publiques au quotidien, interprétant, adaptant ou modifiant celles-ci dans la pratique. | | Groupes d'intérêts (Lobbies) | Organisations qui cherchent à influencer les processus politiques, notamment la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques, sans détenir de mandat électif. | | Initiative populaire | Instrument de démocratie directe permettant aux citoyens de proposer une loi ou une modification de la Constitution, soumise ensuite au vote populaire. | | Référendum | Instrument de démocratie semi-directe permettant aux citoyens de se prononcer par vote sur une loi adoptée par le parlement (facultatif) ou qui est soumise obligatoirement à leur approbation (obligatoire). | | Instrument (Politique publique) | Les outils ou les moyens utilisés par l'État pour atteindre les objectifs d'une politique publique, allant de l'autorégulation à la prescription et à la sanction. | | Continuum de contrainte | Une échelle graduée des instruments d'action publique, allant des mesures les moins contraignantes (autorégulation, information) aux plus contraignantes (prescription, étatisation). | | Efficacité (Politique publique) | La capacité d'une politique publique à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés et à produire les changements comportementaux attendus auprès des groupes cibles. | | Pertinence (Politique publique) | La mesure dans laquelle une politique publique répond effectivement au problème public qu'elle est censée résoudre et si les interventions sont bien ciblées. | | Efficience (Politique publique) | La capacité d'une politique publique à atteindre ses objectifs en utilisant le moins de ressources possible, ou en utilisant les ressources de manière optimale. |

# Les différentes approches théoriques du pouvoir Ce sujet explore les diverses perspectives sociologiques et politiques sur la nature et la définition du pouvoir, incluant les visions institutionnalistes, substantialistes et interactionnistes, ainsi que les contributions de penseurs clés comme Weber et Marx. ## 1. Les différentes approches théoriques du pouvoir Le pouvoir est défini comme la capacité d'un acteur social à obtenir d'un autre acteur une action qu'il n'aurait pas voulu faire initialement. Cette relation de pouvoir ne se limite pas au champ politique, mais imprègne toutes les relations sociales [1](#page=1). ### 1.1. Nature et définition du pouvoir Le pouvoir peut être analysé à travers différentes perspectives: institutionnaliste, substantialiste et interactionniste [1](#page=1). #### 1.1.1. Perspective institutionnaliste Cette approche assimile le pouvoir à l'État et aux formes organisationnelles qui structurent la société. Elle oppose les institutions aux citoyens ou à la société civile, et identifie le pouvoir à celui des gouvernants face à l'opposition [1](#page=1). #### 1.1.2. Perspective substantialiste Ici, le pouvoir est perçu comme un capital, lié aux moyens financiers, aux forces armées, ou à toute possession de ressources singulières qui assure la domination. Il s'agit d'un pouvoir que l'on acquiert, accumule ou perd [1](#page=1). #### 1.1.3. Perspective interactionniste Cette approche identifie le pouvoir dans la relation et l'interaction avec autrui. Elle distingue deux formes de pouvoir [1](#page=1): * **Pouvoir d'injonction:** capacité à forcer quelqu'un à faire quelque chose, souvent par la menace d'une sanction [1](#page=1). * **Pouvoir d'influence:** capacité à persuader quelqu'un [1](#page=1). Selon Max Weber, "le pouvoir est toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance" [1](#page=1). ### 1.2. Théories du pouvoir Plusieurs penseurs ont développé des théories clés pour comprendre le pouvoir. #### 1.2.1. Weber et le pouvoir de l'État moderne Pour Weber, le pouvoir de l'État est intrinsèquement lié à son rapport à la violence légitime: l'État privatise l'usage de la violence sur son territoire, détenant ainsi un monopole de la violence légitime. Il a également la capacité de fabriquer des normes et de réguler les différends. La légitimité est centrale dans son analyse, distinguant trois formes d'autorité [1](#page=1): * **Autorité charismatique:** La légitimité repose sur le charisme du chef, ses propriétés physiques et morales qui le positionnent au-dessus du commun. Elle peut être construite par le récit médiatique et se retrouve dans les régimes autoritaires comme en démocratie [1](#page=1). * **Autorité traditionnelle:** L'obéissance découle de coutumes validées par leur ancienneté, comme dans le cas de la monarchie ("le roi est mort, vive le roi") [1](#page=1). * **Autorité légale rationnelle:** Elle est portée par la bureaucratie et repose sur des règles et normes écrites. Cette pratique légitime le pouvoir, sans empêcher le recours aux autres formes de légitimité [1](#page=1). #### 1.2.2. Marx et le pouvoir de classe Marx critique l'approche institutionnaliste, arguant que le pouvoir ne découle pas de l'ordre rationnel ou des institutions. Pour lui, les institutions (superstructures) ne sont là que pour masquer la réalité du pouvoir (le capital de la bourgeoisie). Elles servent à légitimer le système, qui repose sur l'infrastructure économique, et à assurer sa reproduction [2](#page=2). Louis Althusser a renouvelé la pensée marxiste en évoquant les "appareils idéologiques" (école, médias) et les "appareils répressifs" (justice, police) utilisés par la bourgeoisie pour garantir sa domination et conserver son capital. Ce système assure l'exploitation du plus grand nombre au profit de la classe dominante [2](#page=2). #### 1.2.3. Crozier et Elias entre pouvoir diffus et jeu de pouvoir Michel Crozier et Norbert Elias proposent une approche du pouvoir comme étant diffus et inscrit dans des relations d'interaction, particulièrement pertinente pour les organisations [2](#page=2). ##### 1.2.3.1. L'approche de Crozier Crozier soutient qu'une situation organisationnelle ne contraint jamais totalement un acteur, lui conférant un statut d'agent plutôt que de simple sujet soumis. Il distingue [2](#page=2): * **L'autorité formelle:** celle qui est censée détenir le pouvoir selon l'organigramme [2](#page=2). * **Le pouvoir effectif:** le pouvoir réellement exercé, qui peut être parallèle à l'organigramme [2](#page=2). Il identifie quatre sources de pouvoir (d'incertitude) : * **Zone hiérarchique:** Pouvoir lié à la position dans l'organigramme [2](#page=2). * **Zone de l'expert:** Pouvoir lié à des compétences techniques rares et utiles que d'autres n'ont pas [2](#page=2). * **Zone de l'information:** Pouvoir détenu par celui qui possède les informations les plus récentes et contrôle leur diffusion [2](#page=2). * **Zone de l'environnement:** Pouvoir lié à la capacité d'activer des réseaux et d'avoir de nombreux contacts [2](#page=2). Ces sources permettent à un individu de posséder un pouvoir qui peut s'exercer en utilisant, créant ou modifiant les règles formelles [2](#page=2). ##### 1.2.3.2. L'apport d'Elias Norbert Elias complète cette vision en évoquant des "chaînes d'interactions" où tous les acteurs sont dépendants les uns des autres, du plus puissant au moins visible. Il illustre cela par le pouvoir d'une secrétaire dans un ministère, qui, en gérant l'agenda du ministre et en utilisant son réseau personnel, peut influencer des rendez-vous et modifier des accords. Elias démontre ainsi les "règles du jeu social" qui assurent un statut et un pouvoir, même en dehors des apparences [2](#page=2). > **Tip:** La compréhension des "zones de pouvoir" selon Crozier est essentielle pour analyser la dynamique des organisations. Le pouvoir ne réside pas toujours dans la position officielle. > **Example:** Dans une collectivité territoriale, le pouvoir peut être partagé entre l'exécutif et les adjoints. Selon les analyses de Crozier et Elias, ce pouvoir est diffus et peut dépendre de la personnalité des acteurs, de leur maîtrise de l'information, de leurs réseaux ou de leur expertise, impliquant parfois des conseillers ou des fonctionnaires [2](#page=2). --- # Les lieux et acteurs du pouvoir Cette section examine les lieux et acteurs du pouvoir, analysant comment l'État, les élites et les médias façonnent la société et les décisions politiques. ## 2. Les lieux et acteurs du pouvoir ### 2.1 Approches théoriques du pouvoir #### 2.1.1 La perspective marxiste et les appareils de domination Karl Marx critique l'approche institutionnaliste, affirmant que le pouvoir ne découle pas d'un ordre rationnel ou d'institutions. Selon lui, les institutions (superstructures) masquent la réalité du pouvoir, qui est fondamentalement lié au capital de la bourgeoisie. Ces superstructures servent à légitimer le système et sa reproduction, reposant sur l'infrastructure. Louis Althusser a développé cette idée en évoquant les appareils de domination utilisés par la bourgeoisie, qu'il divise en deux catégories: les appareils idéologiques (comme l'école et les médias) et les appareils répressifs (comme la justice et la police). Ces appareils garantissent la domination du système et la conservation du capital, au profit de la classe dominante [2](#page=2). #### 2.1.2 Le pouvoir diffus et le jeu des acteurs selon Crozier et Elias Michel Crozier et Norbert Elias proposent une approche du pouvoir diffus, centrée sur les relations entre les différents lieux de pouvoir. Cette analyse s'applique non seulement aux organisations institutionnelles et politiques, mais aussi aux entreprises. Ils soutiennent qu'une situation organisationnelle ne contraint jamais complètement un acteur, reconnaissant ainsi un statut d'acteur à l'individu plutôt qu'un simple sujet soumis. Crozier distingue l'autorité formelle, qui est censée détenir le pouvoir, du pouvoir effectif, qui opère en parallèle de l'organigramme. Il adopte une conception relationnelle et interactionniste du pouvoir [2](#page=2). ##### 2.1.2.1 Les quatre sources de pouvoir selon Crozier Crozier identifie quatre sources de pouvoir basées sur la gestion de l'incertitude [2](#page=2): * **Zone hiérarchique:** Le pouvoir lié à la position dans l'organigramme [2](#page=2). * **Zone de l'expert:** Le pouvoir détenu par celui qui possède des compétences techniques rares et utiles, que d'autres n'ont pas, lui permettant de maximiser son influence [2](#page=2). * **Zone de l'information:** Le pouvoir de celui qui détient les informations les plus fraîches, agissant comme un aiguilleur qui choisit de diffuser ou de garder ces informations pour lui [2](#page=2). * **Zone de l'environnement:** Le pouvoir lié à la capacité d'activer ses réseaux et de maintenir de nombreux contacts [2](#page=2). La hiérarchie tire son pouvoir de l'utilisation, de la création ou de la modification des règles formelles. Un individu peut potentiellement maîtriser ces quatre sources de pouvoir [2](#page=2). Norbert Elias complète cette vision en évoquant des chaînes d'interactions où tous les acteurs sont interdépendants, du plus puissant au moins visible. Il illustre cela avec le pouvoir d'une secrétaire de ministère qui, en gérant l'agenda du ministre et en utilisant son réseau personnel, peut obtenir un rendez-vous déterminant pour un accord. Elias met en lumière les règles du jeu social et comment un statut peut être assuré en dehors du prestige social [2](#page=2). > **Exemple:** Dans une collectivité territoriale, le pouvoir peut être partagé entre l'exécutif (adjoints, vice-présidents) et les conseillers ou fonctionnaires, selon la personnalité des acteurs et les situations. Ce pouvoir est souvent diffus et relationnel [2](#page=2). ### 2.2 Les lieux de pouvoir #### 2.2.1 Le pouvoir de l'État L'État est identifié comme un lieu d'incarnation et d'exercice des politiques. Pierre Rosanvallon a identifié quatre évolutions dans le pouvoir de l'État [2](#page=2) [3](#page=3): * **Fonction régalienne:** Le monopole de la violence légitime, inscrit dans le droit, visant à régir les interactions sociales. C'est une phase précoce de l'action étatique [3](#page=3). * **Cohésion sociale:** L'État agit comme un instituteur du social, générant et imposant des valeurs et des normes, souvent à travers une langue unique, une culture et un système éducatif. L'idée est que la culture imposée sera acceptée par la population [3](#page=3). * **Réducteur d'incertitude:** Au XXe siècle, l'État se veut "réducteur d'incertitude" (selon Hobbes), adoptant une fonction protectrice et providentielle. Il assure le contrôle et l'assistance à la population via des régimes assurantiels (travail, retraite, santé) [3](#page=3). * **Fonctions économiques:** L'État est impliqué dans la planification et la modernisation industrielle, assurant sa puissance financière, stratégique et régulatrice dans le jeu économique [3](#page=3). Ces fonctions de l'État sont cependant contestées par d'autres sphères de pouvoir (médiatique, économique, technique) [3](#page=3). #### 2.2.2 Le pouvoir des élites Les théories élitistes, apparues au XXe siècle, envisagent le rôle potentiel des élites dans la détention du pouvoir. Elles postulent que toute société génère des élites cherchant à s'accaparer le pouvoir, ce qui affaiblit le concept de démocratie. Vilfredo Pareto affirmait que "l'histoire est un cimetière d'aristocraties" [3](#page=3). Entre les deux guerres mondiales, Joseph Schumpeter, connu pour sa théorie de la destruction créatrice, a vu dans la crise des élites traditionnelles les raisons de l'apparition des grands totalitarismes, soulignant le rôle des élites dans le monde et leur choix de camp [3](#page=3). C. Wright Mills, dans son analyse du pouvoir aux États-Unis, décrit une vision unifiée des élites aux valeurs communes qui accaparent le pouvoir, particulièrement dans un contexte militaro-industriel. Il identifie des synergies (actions coordonnées) entre les pouvoirs politiques, militaires et économiques [3](#page=3). > **Exemple:** La maîtrise de satellites de défense par Elon Musk, qu'il peut activer ou désactiver pour la défense de l'Ukraine, illustre la synergie entre pouvoir économique et militaire [3](#page=3). D'autres théories, plus proches de la logique interactionniste de Crozier et Elias, proposent une théorie de la polyarchie des élites. Robert Dahl, à travers une étude sur les décisions dans les communes américaines, identifie des élites multiples et concurrentielles, spécialisées dans des domaines partiels, qui se disputent le pouvoir lors des processus de décision [3](#page=3). Pierre Bourdieu, en abordant la question de la mobilité sociale, utilise le concept de "noblesse d'État". Bien que théoriquement basée sur un principe de méritocratie, ses études montrent une reproduction sociale sous-jacente. Il dénonce la porosité entre les sphères publique et privée, notamment par le phénomène de "pantouflage" où de hauts fonctionnaires travaillent ensuite dans le secteur privé, et critique l'absence de différenciation claire entre élites administratives, politiques et économiques [3](#page=3). #### 2.2.3 Le pouvoir des médias Les médias détiennent une capacité significative à : * **Cadrer:** Mettre un sujet à l'agenda. Bien qu'ils n'imposent pas une pensée, ils déterminent sur quoi penser, en sélectionnant les sujets abordés. La question de la propriété des médias devient alors cruciale [3](#page=3). * **Persuader:** Serge Tchakhotine évoquait le "viol des foules" pour décrire cette capacité à persuader. Le pouvoir médiatique peut contrôler les intelligences par un traitement récurrent et continu de l'information, favorisant la construction d'opinions politiques figées sur des sujets comme l'immigration, les retraites ou la fiscalité. Tchakhotine distingue quatre impulsions affectives primaires: l'agressivité, l'intérêt matériel immédiat, l'attirance sexuelle, et la recherche de sécurité [3](#page=3) [4](#page=4). * **Formater:** Marshall McLuhan suggère que les médias imposent une manière de penser et de voir le monde au-delà de leur contenu. Le format du média (radio, télévision, réseaux sociaux) influencerait les modalités de fonctionnement de l'intellect humain. Ces théories établissent un lien entre les systèmes d'information, la circulation de l'information et les systèmes politiques [4](#page=4). * **Travestir:** Cela implique la manipulation de la ligne éditoriale et une présentation biaisée de l'information, souvent sous un sceau d'alarmisme ou de dérision, rendant les voix critiques inaudibles. Le type de média suivi peut orienter cette tendance à travestir la réalité [4](#page=4). ### 2.3 Les mutations du pouvoir #### 2.3.1 L'affaiblissement du pouvoir de l'État L'État se retrouve pris entre le marteau et l'enclume, confronté à plusieurs facteurs d'affaiblissement : * **Pouvoir transnational:** L'émergence de projets supranationaux comme l'Union européenne [4](#page=4). * **Pouvoirs régionaux:** L'accroissement de l'autonomie politique et la décentralisation [4](#page=4). * **Idéologies libérales:** Les idéologies sociétales valorisent la société civile (gauche), tandis que les idéologies économiques remettent en question la fiscalité et privilégient une logique anti-fiscale (droite) [4](#page=4). * **Logique de gouvernance:** La "coproduction de l'action publique" implique que différents échelons partagent l'exercice du pouvoir sur les territoires. La notion de "fédéralisme coopératif" définit cette manière institutionnelle de gérer l'action publique, comme dans le cas des politiques linguistiques en faveur de la langue basque [4](#page=4). #### 2.3.2 Des élites en question Des analyses récentes suggèrent une "radicalisation des élites". Des ouvrages comme "The Fracturing of the American Corporate Elite" de Mizruchi montrent comment les élites seraient moins disposées à partager leurs richesses et à contribuer au bien commun, favorisant une fiscalité plus agressive à leur égard. Certains parlent de "ploutocratie" (pouvoir des riches) plutôt que de démocratie. Le concept de "cessation des élites" décrit des élites mondialisées qui refusent la contribution au bien commun par le biais de l'outil fiscal [4](#page=4). En France, la "cessation des élites" se manifeste par une diminution des contacts entre les catégories sociales supérieures et les autres. Les élites se sont coupées du reste de la société par des pratiques sociales distinctes (écoles privées, concentration de l'habitat dans les centres-villes, disparition du sentiment d'appartenance nationale ou fiscale) [4](#page=4). #### 2.3.3 Médias et post-vérité La radio est perçue comme la source d'information la plus crédible, tandis que la confiance en internet se dégrade. Le concept de "post-vérité", défini par le dictionnaire Oxford en 2016, fait référence à des circonstances où les faits objectifs ont moins d'influence [4](#page=4). Les "vérités alternatives" sont contrôlées par des algorithmes qui influencent les visions du monde. Les médias traditionnels adaptent leurs relations à l'actualité pour intégrer ces algorithmes [4](#page=4). --- # Les mutations contemporaines du pouvoir Ce chapitre explore les transformations actuelles du pouvoir, marquées par le recul de l'État face aux acteurs transnationaux et régionaux, la remise en question des élites traditionnelles et l'ascension du phénomène de post-vérité médiatique. ### 3.1 L'affaiblissement du pouvoir de l'État L'État se trouve aujourd'hui pris entre différents facteurs qui érodent son pouvoir traditionnel [4](#page=4). #### 3.1.1 Les contraintes transnationales et régionales * **Pouvoirs transnationaux:** L'Union européenne est citée comme un exemple de projet transnational qui influence la souveraineté des États membres [4](#page=4). * **Pouvoirs régionaux:** L'autonomie politique croissante et la décentralisation renforcent les pouvoirs régionaux au détriment de l'autorité centrale de l'État [4](#page=4). #### 3.1.2 Les idéologies libérales et la logique de gouvernance * **Idéologies sociétales:** L'influence des idéologies libérales, particulièrement celles qui valorisent le rôle de la société civile (souvent associée à la gauche), tend à diluer le monopole de l'État sur l'action publique [4](#page=4). * **Idéologies économiques:** Les logiques économiques libérales, axées sur des questions de fiscalité et un sentiment anti-fiscal, remettent également en cause le rôle de l'État [4](#page=4). * **Logique de gouvernance:** Cette approche se caractérise par la "coproduction de l'action publique", où différents échelons de décision partagent l'exercice du pouvoir sur les territoires. L'exemple des politiques linguistiques en faveur de la langue basque illustre ce "copilotage" de l'action publique. La notion de "fédéralisme coopératif" permet de définir cette manière institutionnelle de partager le pouvoir [4](#page=4). ### 3.2 La remise en question des élites Les élites traditionnelles font face à une remise en question croissante, tant dans leur légitimité que dans leur comportement. #### 3.2.1 La radicalisation des élites L'ouvrage "The Fracturing of the American Corporate Elite" du professeur Mizruchi met en évidence une tendance des élites à être moins disposées à partager leurs richesses et à contribuer au bien commun. Cela se manifeste par une fiscalité plus agressive à leur égard et l'émergence de concepts comme la "ploutocratie" (pouvoir des riches) plutôt que la démocratie. Le concept de "cessation des élites" décrit des élites mondialisées qui refusent de participer à la contribution du bien commun par le biais de l'outil fiscal [4](#page=4). #### 3.2.2 La déconnexion des élites de la société Ce phénomène de "cessation des élites" touche également la France, où les contacts entre les catégories sociales supérieures et les autres groupes s'amenuisent. Les élites se sont coupées du reste de la société par diverses pratiques sociales, telles que le recours aux écoles privées, la concentration de l'habitat dans les centres métropolitains, et la disparition du sentiment d'appartenance à une communauté nationale ou fiscale [4](#page=4). ### 3.3 Médias et post-vérité L'influence des médias et l'évolution de la perception de la vérité ont engendré le phénomène de "post-vérité". #### 3.3.1 L'émergence du concept de post-vérité * **Définition:** Le concept de "post-vérité" a été désigné "mot de l'année 2016" par le dictionnaire britannique Oxford. Il fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux opinions personnelles. Le préfixe "post" suggère une période où le concept spécifié devient sans importance [4](#page=4) [5](#page=5). * **Mécanismes de formation d'opinion:** Certaines théories suggèrent que le traitement récurrent et continu de l'information, notamment sur des sujets tels que l'immigration, les retraites, les conflits armés ou la fiscalité des plus riches, peut favoriser la construction d'opinions politiques figées [4](#page=4). #### 3.3.2 L'influence des médias sur la pensée * **Théorie de McLuhan:** Marshall McLuhan avance l'idée que les médias imposent une certaine façon de penser et de voir le monde, au-delà de leur contenu. Le format du média déterminerait les modalités de fonctionnement de l'intellect humain, que ce soit à travers la radio, la télévision ou les réseaux sociaux. Ces théories établissent un lien entre les systèmes d'information, les modes de circulation de l'information et les systèmes politiques [4](#page=4). * **Travestissement de la réalité:** La manipulation de la ligne éditoriale, la présentation biaisée de l'information, et la codification de l'actualité sous un sceau d'alarmisme ou de dérision peuvent rendre inaudibles les voix critiques. En fonction du type de média suivi, il y a une vocation à travestir ou non la réalité [4](#page=4). #### 3.3.3 La vérité alternative et les algorithmes * **Influence des algorithmes:** Les algorithmes contrôlent de plus en plus les visions du monde et influencent les médias traditionnels, les poussant à modifier leurs propres relations à l'actualité pour s'adapter à ces systèmes [4](#page=4). * **Déclin de la confiance:** Bien que la radio ait été une source d'information jugée très crédible, la confiance en internet tend à se dégrader [4](#page=4). > **Tip:** Il est crucial de comprendre que les médias ne sont pas de simples vecteurs d'information neutre. Leur format, leur ligne éditoriale et les algorithmes qui les sous-tendent peuvent activement façonner notre perception de la réalité et nos opinions politiques [4](#page=4) [5](#page=5). > **Example:** La façon dont une nouvelle sur l'immigration est présentée, soit par des reportages factuels et nuancés, soit par des témoignages anxiogènes et généralisants, peut considérablement influencer l'opinion publique, indépendamment des données objectives [4](#page=4). --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Term | Definition | |------|------------| | Pouvoir | Relation par laquelle un acteur social obtient d’un autre acteur une action qu’il ne voulait pas faire, influençant la conduite d’autrui même contre des résistances. | | Pouvoir politique | Instance qui s’impose aux autres sphères (économique, sociale, technologique), souvent caractérisée par un monopole de la contrainte physique légitime et un rôle de régulation central. | | Perspective institutionnaliste | Approche qui voit le pouvoir comme une institution, se référant principalement à l'État et aux formes d'organisation qui structurent la société, par opposition aux citoyens ou à la société civile. | | Perspective substantialiste | Conception du pouvoir comme un capital, lié à la possession de ressources tangibles telles que les moyens financiers ou les forces armées, permettant d'acquérir, d'accumuler ou de perdre du pouvoir et d'assurer la domination. | | Perspective interactionniste | Vision du pouvoir comme intrinsèquement lié aux interactions et relations entre individus, distinguant le pouvoir d'injonction (imposition par la force ou la sanction) et le pouvoir d'influence (persuasion). | | Monopole de la violence légitime | Concept weberien décrivant le droit exclusif de l'État d'utiliser la force physique sur son territoire, toute autre utilisation étant considérée comme illégale. | | Autorité charismatique | Type de légitimité du pouvoir basé sur les qualités exceptionnelles, les vertus personnelles ou le prestige d'un chef, qui le positionne au-dessus du commun. | | Autorité traditionnelle | Légitimité du pouvoir fondée sur le respect des coutumes et des traditions établies depuis des temps immémoriaux, souvent associée aux monarchies. | | Autorité légale rationnelle | Forme de légitimité du pouvoir exercé par une bureaucratie qui repose sur un ensemble de règles, de lois et de normes écrites, assurant une gestion impersonnelle et prévisible. | | Superstructures | Dans la théorie marxiste, ensemble des institutions (juridiques, politiques, culturelles, religieuses) qui légitiment et maintiennent l'infrastructure économique d'une société, masquant souvent la réalité du pouvoir de la classe dominante. | | Appareils idéologiques d'État (AIE) | Concept d'Althusser désignant les institutions (école, médias, religion) qui contribuent à la diffusion de l'idéologie dominante et à la reproduction sociale, servant la domination de la classe dirigeante. | | Appareils répressifs d'État (ARE) | Concept d'Althusser désignant les institutions (police, justice, armée) qui utilisent la force pour maintenir l'ordre social et réprimer toute contestation du pouvoir établi. | | Pouvoir diffus | Forme de pouvoir qui n'est pas centralisée mais répartie au sein de diverses relations et situations, souvent observée dans les organisations et les interactions quotidiennes. | | Sources de pouvoir (d'incertitude) selon Crozier | Les quatre domaines d'où les acteurs peuvent tirer du pouvoir dans une organisation : la zone hiérarchique (rôles définis), la zone de l'expert (compétences rares), la zone de l'information (détention de savoirs clés) et la zone de l'environnement (réseaux et contacts). | | Chaînes d'interactions selon Elias | Concept décrivant la manière dont les individus, même ceux qui semblent moins puissants, sont interconnectés et dépendent les uns des autres, créant des dynamiques de pouvoir complexes et souvent subtiles. | | Fonctions régaliennes de l'État | Attributions fondamentales de l'État, incluant le monopole de la violence légitime, la justice, la police et la défense, visant à régir les interactions sociales et à maintenir l'ordre. | | Cohésion sociale | Rôle de l'État en tant qu'instituteur du social, générant et imposant des valeurs, des normes et une culture commune afin de créer un sentiment d'unité nationale. | | "Réducteur d'incertitude" | Fonction de l'État au XXe siècle, particulièrement développée avec le modèle hobbesien, visant à protéger et à assister la population par le biais de régimes assurantiels (santé, retraite, travail). | | Élites | Groupes restreints d'individus qui détiennent une position dominante dans la société et cherchent à s'approprier le pouvoir, que ce soit par la compétition ou par l'accaparement des ressources. | | Noblesse d'État | Concept de Bourdieu décrivant une élite issue du système scolaire et prétendument méritocratique, mais qui, selon lui, assure surtout la reproduction sociale et la porosité entre sphères publique et privée. | | Pantouflage | Phénomène où des hauts fonctionnaires, après avoir exercé des responsabilités dans le secteur public, rejoignent le secteur privé, brouillant les frontières entre ces deux sphères. | | Cadrer (pouvoir des médias) | Capacité des médias à sélectionner les sujets à traiter et à les mettre à l'agenda public, influençant ainsi ce à quoi le public pense. | | Persuader (pouvoir des médias) | Aptitude des médias à influencer les opinions et les comportements du public, parfois décrite comme un "viol des foules" par Tchakhotine, contrôlant les intelligences par un traitement récurrent de l'information. | | Formater (pouvoir des médias) | Idée, développée par McLuhan, selon laquelle le type de média utilisé (radio, télévision, réseaux sociaux) impose une certaine manière de penser et de percevoir le monde, au-delà du contenu véhiculé. | | Travestir (pouvoir des médias) | Manipulation de la ligne éditoriale et présentation biaisée de l'information par les médias, souvent sous un sceau d'alarmisme ou de dérision, rendant inaudibles les voix critiques. | | Post-vérité | Concept désignant des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence sur l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux opinions personnelles, où la vérité alternative prend le dessus. | | Gouvernance | Logique d'action publique basée sur la coproduction et le partage des modalités d'exercice du pouvoir entre différents échelons et acteurs, formant une manière institutionnelle de coordination. | | Ploutocratie | Système politique ou social où le pouvoir est détenu par les personnes les plus riches. |

# La classification des régimes politiques chez Aristote La classification des régimes politiques selon Aristote repose sur deux critères principaux: qui exerce le pouvoir et comment il est exercé, distinguant ainsi les formes droites du bien commun des formes déviantes visant l'intérêt particulier [1](#page=1) [2](#page=2). ### 1.1 Les fondements de la classification aristotélicienne Aristote, influencé par la pensée de Platon, considère que la recherche du bien commun est l'objectif fondamental de la cité. Il cherche à comprendre et à classer les régimes politiques dans le but d'aider les politiques à choisir la meilleure organisation possible pour la communauté. Sa démarche implique une analyse et un jugement comparatif des différents modes de gouvernement [1](#page=1). La classification repose sur deux questions centrales : * Qui exerce le pouvoir [1](#page=1)? * Comment le pouvoir est-il exercé [1](#page=1)? #### 1.1.1 Le critère quantitatif : qui exerce le pouvoir ? Aristote propose une typologie quantitative des régimes politiques basée sur le nombre de personnes qui détiennent le pouvoir souverain. Il identifie trois catégories principales [1](#page=1): * Le pouvoir exercé par une seule personne. * Le pouvoir exercé par un petit nombre de personnes. * Le pouvoir exercé par un grand nombre de personnes [1](#page=1). #### 1.1.2 Le critère qualitatif : comment le pouvoir est-il exercé ? Au critère quantitatif s'ajoute un critère qualitatif qui porte sur l'orientation de l'exercice du pouvoir. Aristote distingue [1](#page=1) [2](#page=2): * Les **formes droites**: lorsque le pouvoir est exercé en vue de l'avantage commun [1](#page=1). * Les **formes déviantes**: lorsque le pouvoir est exercé en vue de l'avantage propre de celui ou de ceux qui détiennent le pouvoir [1](#page=1) [2](#page=2). > **Tip:** La notion de "bien commun" est centrale dans la pensée politique d'Aristote, marquant une distinction fondamentale avec les régimes qui privilégient les intérêts privés. #### 1.1.3 La typologie des régimes politiques En combinant ces deux critères, Aristote établit une classification comprenant six formes de gouvernement, trois formes droites et leurs trois déviations correspondantes [1](#page=1) [2](#page=2): * **Pouvoir d'un seul :** * Forme droite: **Monarchie** (si le pouvoir est exercé pour le bien commun) [1](#page=1). * Forme déviante: **Tyrannie** (si le pouvoir est exercé pour l'intérêt personnel du monarque) [1](#page=1). * **Pouvoir d'un petit nombre :** * Forme droite: **Aristocratie** (si le pouvoir est exercé par les meilleurs en vue du bien commun) [1](#page=1). * Forme déviante: **Oligarchie** (si le pouvoir est exercé par une minorité riche pour son propre intérêt) [1](#page=1). * **Pouvoir d'un grand nombre :** * Forme droite: **République** (ou politia, gouvernement de la multitude dans l'intérêt commun) [1](#page=1) [2](#page=2). * Forme déviante: **Démocratie** (ou ochlocratie, gouvernement de la multitude pauvre pour son propre intérêt, souvent considéré comme une déviation de la République) [1](#page=1). > **Tip:** Aristote voit la démocratie comme une forme déviante, potentiellement instable et influencée par les démagogues, contrairement à la République qui représente un idéal de gouvernement par la majorité dans le respect du bien commun [1](#page=1) [2](#page=2). #### 1.1.4 Le critère socio-économique Bien que les critères quantitatifs et qualitatifs soient primordiaux, Aristote intègre également une dimension socio-économique dans son analyse. Il estime que la **République**, idéalement fondée sur un État de droit, serait plus stable et vertueuse si elle confiait le pouvoir à une **classe moyenne** qui privilégierait le bien commun. Cette perspective anticipe des réflexions ultérieures sur l'importance des classes moyennes pour la stabilité politique [2](#page=2). > **Example:** La critique d'Aristote envers la démocratie est souvent liée au contexte de la démocratie athénienne de son époque, où des figures comme les démagogues pouvaient manipuler l'opinion publique pour parvenir à leurs fins, menant parfois à des injustices comme la condamnation de Socrate [2](#page=2). --- # Montesquieu et la distinction des régimes et l'équilibre des pouvoirs Montesquieu, dans son œuvre majeure *L'Esprit des lois* propose une classification novatrice des régimes politiques fondée sur leurs principes d'action et développe la théorie essentielle de l'équilibre des pouvoirs pour garantir la modération politique [2](#page=2). ### 2.1 La classification des régimes politiques Montesquieu distingue trois espèces principales de gouvernement, chacune étant caractérisée par un principe d'action spécifique qui en assure le fonctionnement. Ces principes ne renvoient pas à des vertus morales, mais à des ressorts psychologiques et sociaux qui animent les citoyens et les gouvernants [2](#page=2). #### 2.1.1 Les principes d'action des régimes * **La République: le principe de la vertu** [2](#page=2). * La République, qu'elle soit démocratique (tout le peuple participe au pouvoir souverain) ou aristocratique (une partie du peuple gouverne), repose sur la **vertu** [2](#page=2). * Cette vertu se définit comme le sens civique, le respect des lois et le dévouement à la collectivité. Elle implique une transformation de l'individu privé en un individu social, consacré au bien commun [2](#page=2). * L'éducation joue un rôle crucial dans l'inculcation de cette vertu républicaine [2](#page=2). * **La Monarchie: le principe de l'honneur** [2](#page=2). * La monarchie, où un seul gouverne par des lois fixes et établies, a pour principe l'**honneur** [2](#page=2). * L'honneur est ici entendu comme la recherche du respect de son rang et des prérogatives au sein d'une société d'ordres hiérarchisés. Il motive les actions des gouvernés en leur faisant aspirer à la gloire et à la distinction [2](#page=2). * Montesquieu souligne l'importance des corps intermédiaires (noblesse, clergé, villes) dans le maintien de la monarchie, car leur suppression conduirait soit à un État populaire, soit à un État despotique [2](#page=2). * **Le Despotisme: le principe de la crainte** [2](#page=2). * Le gouvernement despotique, où un seul gouverne sans lois et selon ses caprices, repose sur la **crainte** [2](#page=2). * Dans ce régime, la soumission des sujets est assurée par la terreur et l'arbitraire, le despote s'appuyant sur la peur pour régir la société [2](#page=2). > **Tip:** Il est essentiel de comprendre que pour Montesquieu, ces principes ne sont pas des jugements de valeur moraux mais les moteurs qui expliquent le fonctionnement effectif des différents régimes politiques. ### 2.2 L'équilibre des pouvoirs dans les régimes modérés Montesquieu accorde une importance capitale à la question de l'équilibre des pouvoirs au sein des régimes modérés. Il développe l'idée selon laquelle "il faut que le pouvoir arrête le pouvoir" [2](#page=2) [3](#page=3). * **La séparation des puissances** [3](#page=3). * Se basant notamment sur l'analyse du cas anglais, Montesquieu identifie trois puissances principales : * La **puissance législative**: celle qui adopte les lois [3](#page=3). * La **puissance exécutive**: celle qui exécute les lois [3](#page=3). * La **puissance judiciaire**: celle qui règle les conflits, qui est souvent implicitement considérée comme distincte des deux autres dans sa conception de l'équilibre [3](#page=3). * Il met particulièrement l'accent sur la réflexion reliant la puissance exécutive et la puissance législative [3](#page=3). * **Le contrôle mutuel des pouvoirs** [3](#page=3). * Dans ce contrôle entre les pouvoirs, Montesquieu identifie des mécanismes clés comme la faculté de statuer (pouvoir de décider) et la faculté d'empêcher (pouvoir de bloquer une décision) [3](#page=3). * L'objectif de cette séparation et de ce contrôle est d'empêcher l'abus de pouvoir et de garantir la liberté politique des citoyens [3](#page=3). > **Example:** L'idée que le pouvoir législatif ne devrait pas pouvoir juger les individus, ni le pouvoir exécutif juger les affaires législatives, illustre le principe de la séparation des pouvoirs visant à prévenir la tyrannie. Cette théorie de la séparation et de l'équilibre des pouvoirs a eu une influence considérable sur la pensée politique et la rédaction de constitutions à travers le monde, notamment aux États-Unis. --- # Le contrat social et la typologie des gouvernements selon Rousseau Jean-Jacques Rousseau, dans son œuvre "Le Contrat social", établit une classification des formes de gouvernement basée sur le nombre de gouvernants, tout en analysant leurs dérives potentielles vers l'intérêt particulier [3](#page=3). ### 3.1 La typologie des gouvernements Selon Rousseau, il existe trois formes principales de gouvernement, déterminées par le nombre d'individus qui détiennent le pouvoir souverain [3](#page=3). #### 3.1.1 La démocratie La démocratie est la forme de gouvernement où le peuple tout entier est le souverain et gouverne directement. Rousseau exprime un scepticisme quant à sa faisabilité historique, affirmant qu'une démocratie pure "n'a jamais existé et n'existera jamais", car trop de choses difficiles y sont nécessaires. Il la destine idéalement aux petits États pauvres [3](#page=3). #### 3.1.2 L'aristocratie L'aristocratie est le régime où le gouvernement est exercé par une minorité. Rousseau distingue plusieurs types d'aristocraties [3](#page=3): * **Aristocratie naturelle :** Le pouvoir est conféré aux plus âgés ou aux plus méritants. * **Aristocratie élective :** Le pouvoir est attribué aux individus jugés les plus sages. * **Aristocratie héréditaire:** Le pouvoir se transmet de manière héréditaire, que Rousseau considère comme la pire forme d'aristocratie [3](#page=3). L'aristocratie convient aux États de grandeur et de richesse moyennes [3](#page=3). #### 3.1.3 La monarchie La monarchie est le système où le gouvernement est concentré entre les mains d'une seule personne. Bien qu'il la considère comme la forme de gouvernement qui a le plus de vigueur, Rousseau lui reproche de ne pas prioriser la félicité publique. La monarchie est généralement adaptée aux grands États riches [3](#page=3). > **Tip:** Il est important de noter que la classification de Rousseau se base sur le *gouvernement* (l'organe exécutif) et non sur la *souveraineté* (qui réside toujours dans le peuple selon sa théorie). ### 3.2 La dégénérescence des gouvernements Un vice intrinsèque au corps politique, selon Rousseau, est la tendance des gouvernements à dévier de leur fonction première. La volonté particulière des gouvernants tend à primer sur l'intérêt collectif, poussant ainsi le régime à agir contre le bien commun. Ce processus de dégénérescence est comparable entre tous les régimes politiques [3](#page=3). > **Example:** Une monarchie, initialement conçue pour gouverner efficacement un grand État, peut dégénérer si le monarque privilégie ses propres intérêts (enrichissement personnel, consolidation de son pouvoir) au détriment du bien-être de ses sujets. De même, une aristocratie élective, où le pouvoir devrait revenir aux plus sages, pourrait se corrompre si les élections deviennent le fait de factions ou de jeux de pouvoir menant à la nomination de dirigeants incompétents ou intéressés. --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Term | Definition | |------|------------| | Régime politique | Ensemble des aspects juridiques et politiques qui déterminent les modalités de la détention, de l'exercice et du contrôle du pouvoir au sein d'une cité ou d'un État. | | Bien commun | L'avantage et l'intérêt collectifs de la société dans son ensemble, par opposition aux intérêts particuliers d'individus ou de groupes. | | Forme déviante | Un régime politique qui, selon Aristote, détourne sa finalité. Par exemple, la démocratie est considérée comme une forme déviante de la République lorsque le pouvoir du plus grand nombre sert des intérêts particuliers au lieu du bien commun. | | Vertu (au sens de Montesquieu) | Comprend le sens civique, le respect des lois et le dévouement à la collectivité. Elle transforme l'individu privé en un individu social, dévoué au bien commun, et est inculquée par l'éducation. | | Honneur (au sens de Montesquieu) | Principe d'action dans la monarchie, qui assure le respect du rang dans une société d'ordre hiérarchisé, gouvernée par des règles ancrées dans la tradition historique. | | Crainte (au sens de Montesquieu) | Principe d'action dans le gouvernement despotique, où le dirigeant gouverne de manière arbitraire et violente selon ses désirs, s'appuyant sur la peur pour régir la société. | | Équilibre des pouvoirs | Principe essentiel dans les régimes modérés selon Montesquieu, où le pouvoir arrête le pouvoir, impliquant une séparation et un contrôle mutuel des différentes puissances (législative, exécutive, judiciaire). | | Puissance législative | La faculté d'adopter les lois au sein d'un régime politique. | | Puissance exécutive | La faculté d'exécuter les lois au sein d'un régime politique. | | Contrat social | Théorie politique selon laquelle la société est formée par un accord mutuel entre les individus pour créer un ordre politique et social, transférant certains droits à une autorité souveraine. |

# Participation populaire et citoyenneté dans les démocraties pluralistes Dans les démocraties pluralistes, la participation populaire et la citoyenneté sont des éléments centraux qui légitiment le pouvoir et définissent les droits des individus au sein du système politique [1](#page=1). ### 1.1 Le poids politique de l'élément de participation populaire L'émergence du suffrage populaire a nécessité de répondre à deux défis majeurs [1](#page=1). #### 1.1.1 Les défis de l'apparition du suffrage populaire 1. **Le défi de la division profonde des classes dirigeantes**: Selon Moïse Finet, la démocratie, en tant qu'élément de participation populaire, permet un arbitrage différent entre les intérêts divergents des catégories dominantes. Aucune élite n'est en mesure d'imposer une victoire totale à une autre, et le suffrage populaire aide à concilier leurs intérêts, parfois divergents, parfois complémentaires, tout en assurant un soutien populaire. Le suffrage populaire gère ainsi les relations entre les élites [1](#page=1). 2. **Le défi de la mobilisation des classes populaires**: Les processus d'urbanisation et d'industrialisation au 19ème siècle ont engendré des demandes de participation. La consécration du suffrage populaire et la participation des classes populaires sont apparues notamment en Angleterre vers 1840 avec le mouvement chartiste, qui a démocratisé le vote alors censitaire, auparavant dominé par la "gentry" et les milieux d'affaires. Ce mouvement a élargi le suffrage, le transformant en un instrument éducatif pour les masses. La France et l'Allemagne ont connu des régimes autoritaires (Second Empire et Bismarck) qui ont banalisé le suffrage universel tout en répondant aux attentes de participation populaire, rassurant ainsi les élites sur les conséquences potentielles. L'institutionnalisation du suffrage pourrait aussi correspondre à un phénomène historique d'encadrement et d'apprivoisement des masses [1](#page=1). #### 1.1.2 Les fonctions de la participation populaire 1. **La fonction de légitimation des gouvernants**: Légitimer les gouvernants facilite l'exercice de leur pouvoir. Le développement du vote est concomitant au développement de l'État et à la laïcisation de la société; la légitimité divine n'étant plus suffisante pour fonder l'obéissance, il faut chercher une légitimité interne, et le suffrage universel apparaît comme un moyen d'exprimer le consentement. L'effondrement de la participation aux élections est plus préoccupant que la montée de partis dits "extrémistes" [1](#page=1). 2. **La fonction de choix des gouvernants**: Bien que le vote vise à choisir les gouvernants, il est rare que l'électeur choisisse réellement qui il va voter. Les candidats sollicités sont sélectionnés par des procédures juridiques, des partis politiques, leur capacité financière à se présenter, et leur accès aux médias. Comme le disait Gaetano Mosca, « Les représentants ne sont pas élus, ils se font élire » [2](#page=2). #### 1.1.3 La participation populaire face à la pluralité 1. **Unité de la classe dirigeante**: Si la classe dirigeante est homogène et s'accorde sur tout, les désaccords sont de nature marginale, créant une illusion d'alternance pour la participation populaire [2](#page=2). 2. **Pluralité des classes dirigeantes**: Lorsque les classes dirigeantes ont de réelles divergences, le système politique redevient un espace où leurs conflits sont réglés et des compromis construits. La participation populaire retrouve alors son sens, car elle arbitre entre ces différentes classes divergentes. En contrepartie du vote, les masses qui participent au jeu électoral bénéficient de promesses électorales qui se transforment en promesses publiques. Le recours au suffrage universel a un impact plus ou moins fort [2](#page=2). ### 1.2 Démocratie et droits des citoyens La démocratie met en place la souveraineté du peuple, posant la question de l'état des droits des citoyens et de leur évolution [2](#page=2). #### 1.2.1 Citoyenneté civile, politique et sociale Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Marshall a décrit un processus de démocratisation en Europe en plusieurs étapes, chaque étape étant associée à un type de citoyenneté [2](#page=2). * **Citoyenneté civile**: Elle concerne la protection des libertés individuelles fondamentales, telles que la liberté de culte, d'opinion, d'expression et de réunion. Elle implique un État de droit où la puissance publique est limitée par le droit [2](#page=2). > **Example:** L'affaire Calas à Toulouse, impliquant un commerçant protestant accusé à tort de l'assassinat de son fils, a nécessité une intervention de Voltaire pour la tolérance et a mené à la réhabilitation de Calas dans ses droits en 1765 [2](#page=2). * **Citoyenneté politique**: Elle se manifeste par le débat public au 19ème siècle et l'ouverture du vote aux catégories exclues. La garantie du secret du vote avec l'isoloir en fait partie. Selon Marshall, ce combat est rendu possible par la préexistence de la citoyenneté civile [2](#page=2). * **Citoyenneté sociale**: Elle est liée au développement de l'État-providence et s'inscrit par l'introduction de droits sociaux, le contrôle du capitalisme, et nécessite la préexistence de la citoyenneté civile et politique [2](#page=2). Cette analyse permet d'inscrire l'évolution de la citoyenneté [2](#page=2). #### 1.2.2 Du droit des minorités Marshall analyse, en lien avec l'extension des droits citoyens, la charte européenne des langues régionales et minoritaires, adoptée par la France mais jamais ratifiée. En science politique, des théoriciens comme Will Kymlicka, issus de la communauté canadienne, ont réfléchi à des mesures pour établir une citoyenneté multiculturelle, telles que l'octroi de droits fonciers et d'autogouvernement pour les peuples autochtones, le statut officiel des langues minoritaires, ou encore l'accommodement raisonnable en faveur des minorités. Rovny a analysé que dans les pays de l'Europe de l'Est, ces revendications renforcent la démocratie [2](#page=2) [3](#page=3). ### 1.3 Classification institutionnelle Dans les démocraties pluralistes, le peuple exerce très rarement la souveraineté de manière directe, les référendums étant rares. L'exercice de la souveraineté est délégué par le vote à des représentants qui décident pour le peuple. Historiquement, l'analyse des régimes démocratiques s'est focalisée sur les rapports entre les différents pouvoirs (législatif et exécutif) [3](#page=3). #### 1.3.1 Régimes à séparation souple/rigide * **Régime à séparation souple**: Il concerne tous les systèmes parlementaires monistes où l'exécutif et le législatif sont interdépendants. L'exécutif est politiquement responsable devant le législatif, ce qui est compensé par un pouvoir de dissolution de l'exécutif par le législatif. L'exécutif possède un pouvoir d'initiative législative et un droit d'amendement [3](#page=3). * **Régime à séparation rigide**: Illustré par les États-Unis, ce régime voit le pouvoir exécutif et législatif être indépendants, sans responsabilité mutuelle ni dissolution. Chaque organe exerce l'intégralité de son pouvoir. Le président n'a pas d'initiative législative ni de pouvoir d'amendement, disposant seulement d'un droit de veto qui peut être levé à la majorité des deux tiers du Sénat [3](#page=3). #### 1.3.2 Les régimes parlementaires Un régime parlementaire est défini comme un système où « le gouvernement (conseil des ministres) qui exerce le pouvoir au nom d’un chef d’État irresponsable, est politiquement responsable devant une assemblée législérante susceptible d’être dissoute ». Le Parlement est généralement composé de deux chambres aux pouvoirs inégaux: une issue du suffrage universel direct qui exerce le contrôle sur l'exécutif, et une seconde aux prérogatives plus limitées, avec une participation à l'exercice législatif via le système de navette parlementaire [3](#page=3). Il existe deux variantes principales : * **Régime d'assemblée**: Caractérisé par la faiblesse des organes exécutifs, résultant de dispositions écrites ou de pratiques. Il y a une absence de restrictions juridiques à la compétence des assemblées, les gouvernements sont issus de l'assemblée, et les ministres doivent se plier aux directives des assemblées. L'autorité du gouvernement sur ses collègues est faible au sein d'un exécutif déjà diminué. La Constitution française de 1946 en est un exemple [3](#page=3). * **Exécutif dominant**: C'est la forme la plus fréquente, observée au Royaume-Uni, en Suède et en Allemagne. Cette réalité est facilitée par des dispositions juridiques instaurant un parlementarisme rationalisé, avec des modalités restrictives pour mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement, une maîtrise de l'ordre du jour par l'exécutif, et une limitation de la durée des sessions parlementaires. Des éléments issus de la pratique politique contribuent à cela, comme l'appui sur un système de partis disciplinés. Les dirigeants d'une majorité siégeant au gouvernement exercent un contrôle parlementaire limité, sauf en cas de crise politique ou de rupture de coalition. La responsabilité politique du gouvernement devant les assemblées devient alors théorique et rarement formelle. Le phénomène de complexification des enjeux et des échelons favorise un exécutif mieux armé que les parlementaires, lesquels sont accompagnés d'attachés pour accomplir un travail législatif précis et cohérent [3](#page=3). --- # Classification institutionnelle des régimes démocratiques La classification des régimes démocratiques s'articule autour de l'analyse des relations entre les pouvoirs législatif et exécutif, ainsi que de la distinction entre les approches majoritaires et consensuelles de la gouvernance [3](#page=3). ### 2.1 Les typologies classiques des régimes démocratiques L'analyse historique des régimes démocratiques s'est initialement focalisée sur les interactions entre les pouvoirs législatif et exécutif [3](#page=3). #### 2.1.1 Régime à séparation souple et rigide Cette distinction repose sur le degré d'interdépendance et de responsabilité mutuelle entre les pouvoirs législatif et exécutif [3](#page=3). * **Séparation souple:** Caractérise les systèmes parlementaires monistes où l'exécutif et le législatif sont interdépendants. L'exécutif est politiquement responsable devant le législatif, tandis que ce dernier peut être dissous par l'exécutif. L'exécutif possède également un pouvoir d'initiative législative et un droit d'amendement [3](#page=3). * **Séparation rigide:** Observée dans le régime présidentiel américain, où le pouvoir exécutif et le législatif sont indépendants. Il n'y a ni responsabilité politique ni possibilité de dissolution mutuelle. Chaque organe exerce ses pouvoirs de manière autonome, le président n'ayant pas d'initiative législative ni de pouvoir d'amendement, hormis un droit de veto levable par une majorité qualifiée du Sénat [3](#page=3). #### 2.1.2 Les régimes parlementaires Un régime parlementaire se définit par le fait que le gouvernement, exerçant le pouvoir au nom d'un chef d'État irresponsable, est politiquement responsable devant une assemblée législante susceptible d'être dissoute. Le Parlement est généralement composé de deux chambres aux pouvoirs inégaux, l'une issue du suffrage universel direct exerçant le contrôle sur l'exécutif, et l'autre aux prérogatives plus limitées participant à l'exercice législatif via le système de navette parlementaire [3](#page=3). * **Variantes du régime parlementaire :** * **Régime d'assemblée:** Caractérisé par une faiblesse des organes exécutifs, résultant de dispositions constitutionnelles ou de pratiques politiques. L'absence de restrictions juridiques à la compétence des assemblées, des gouvernements issus de l'assemblée, et l'obligation pour les ministres de se conformer aux directives de celle-ci, ainsi qu'une faible autorité du gouvernement sur ses membres, définissent ce modèle. La Constitution française de 1946 en est un exemple [3](#page=3). * **Exécutif dominant:** Le plus fréquent (Royaume-Uni, Suède, Allemagne), facilité par un parlementarisme rationalisé qui instaure des modalités restrictives pour la mise en jeu de la responsabilité politique du gouvernement. La maîtrise de l'ordre du jour des assemblées par l'exécutif et la limitation de la durée des sessions parlementaires contribuent à cette prédominance. La pratique politique, notamment l'appui sur des partis disciplinés dont les dirigeants siègent au gouvernement, limite le contrôle parlementaire, rendant la responsabilité politique du gouvernement théorique en dehors des crises politiques majeures ou des ruptures de coalition [3](#page=3). > **Tip:** Le phénomène de complexification des enjeux et des échelons confère à l'exécutif un avantage certain face aux parlementaires, qui s'appuient sur une administration pour accomplir un travail législatif précis et cohérent [3](#page=3). #### 2.1.3 Le régime présidentiel Dans cette forme de démocratie représentative, il existe une autonomie politique réciproque entre le pouvoir gouvernemental et les assemblées délibératives. Le critère principal est négatif: le chef de l'exécutif ne peut dissoudre le Parlement, et celui-ci ne peut renverser le gouvernement. Le régime présidentiel américain présente des formes d'intervention réciproque, telles que le droit de veto législatif du président, la nécessité d'obtenir l'assentiment du Sénat pour nommer les principaux responsables, et la procédure d'impeachment visant le président. Le suffrage universel du président, direct ou indirect, lui confère une légitimité considérable face au Parlement [4](#page=4). * **Nuances du régime présidentiel :** * **Régime présidentiel strict:** L'exécutif est strictement monocéphale, sans chef de gouvernement distinct ni cabinet au sens traditionnel. Les ministres sont des collaborateurs du président, relevant de son autorité et dirigeant les grandes administrations publiques [4](#page=4). * **Régime semi-présidentiel:** Caractérisé par l'existence d'un président élu au suffrage universel, doté de pouvoirs propres, et le maintien d'un chef de gouvernement et d'un cabinet responsables devant les députés. Ce modèle est observé en Europe de l'Ouest (République de Weimar, Ve République française, Autriche, Portugal). La cohabitation politique tend le régime vers un fonctionnement parlementaire [4](#page=4). * **Présidentialisme:** Courant dans de nombreuses constitutions sud-américaines et africaines, il se distingue par l'élection au suffrage universel du chef de l'exécutif doté de compétences étendues. Ces régimes peuvent ne pas maintenir les équilibres relatifs d'un régime présidentiel classique, le pluralisme politique pouvant n'être qu'une façade dissimulant des tendances autoritaires [4](#page=4). #### 2.1.4 Les éléments de démocratie directe La démocratie directe se manifeste par le recours au référendum et, plus rarement, au droit de révocation des élus. Le référendum, qu'il porte sur un projet de loi ordinaire ou constitutionnel, suspend le système de représentation, tendant à affaiblir le pouvoir des élus au profit de celui des citoyens [4](#page=4). * **Pratiques du référendum :** * **Tradition bonapartiste:** Recours au peuple pour légitimation, souvent à caractère plébiscitaire, permettant à un chef de l'exécutif de renforcer sa légitimité face aux assemblées. La question, le moment et la formulation relèvent de l'exécutif. Cette pratique a été développée par Napoléon, la République de Weimar et le Général de Gaulle [4](#page=4). * **Tradition suisse:** L'initiative populaire permet d'exprimer un désaccord populaire face aux institutions qui excluraient certains débats [4](#page=4). * **Pratique occidentale récente:** Utilisée pour les "questions de société" (avortement, mariage pour tous), elle permet d'éviter de graves distorsions lorsque les clivages gouvernementaux ne correspondent pas aux attentes des électeurs [4](#page=4). * **Révocation des élus:** Très rarement permise, elle suscite l'hostilité des élus dans des pays comme les États-Unis [4](#page=4). ### 2.2 Les évolutions des démocraties contemporaines Les démocraties contemporaines tendent à présenter des caractéristiques hybrides, s'éloignant d'une classification binaire rigide [4](#page=4). * **Renforcement du pouvoir exécutif:** La production législative est très majoritairement d'origine gouvernementale (75%). Des dispositifs constitutionnels permettent aux gouvernements de se substituer au Parlement (décret-loi en Italie, ordonnance sur l'article 38 de la Constitution de la IIIe République, législation déléguée au Royaume-Uni, article 11 et 49-3 en France). Cette logique de renforcement du chef du gouvernement est particulièrement marquée au Royaume-Uni, où le rôle du Premier ministre est devenu plus vertical et monocratique, influencé par des figures comme Margaret Thatcher [5](#page=5). * **Médiatisation de la vie politique:** La généralisation de la télévision et l'avènement des réseaux sociaux ont accru le traitement médiatique de l'activité politique. Cela favorise le développement de stratégies de communication individuelle et la recherche d'une légitimité médiatique avant une légitimité partisane, renforçant la présidentalisation de l'exécutif [5](#page=5). * **Renforcement de la dimension internationale:** Le chef de l'exécutif consacre une part croissante de son activité à la scène internationale (Conseil de l'UE, G7, G20) [5](#page=5). * **Complexification des enjeux et interdépendance accrue:** Les politiques publiques impliquent de plus en plus de ministères et nécessitent une coordination intergouvernementale. L'exécutif, s'appuyant sur une administration d'État major, est mieux armé pour traiter ces informations complexes [5](#page=5). * **Développement du "spoil system":** Mise en place aux États-Unis en 1828, elle permet au président élu de nommer des personnes à des postes stratégiques du gouvernement fédéral. La France et l'Allemagne ont également des systèmes de nomination politique, visant à créer une fidélité envers le nommant et à renforcer l'exécutif [5](#page=5). * **Renforcement du contrôle juridique et de la vie politique:** Ce phénomène est commun à toutes les démocraties et se manifeste par le contrôle de constitutionnalité, affirmé depuis l'arrêt Marbury v. Madison aux États-Unis, et développé en Europe après la Seconde Guerre mondiale. L'encadrement juridique de la vie politique concerne le fonctionnement et le financement des partis ainsi que la réglementation du lobbying, afin de limiter l'influence des intérêts privés et de garantir la défense de l'intérêt général [5](#page=5) [6](#page=6). * **Demande sociale de davantage de participation directe et citoyenne:** Depuis les années 1970, une demande accrue de démocratie directe et participative se fait sentir. Les citoyens remettent en cause la légitimité des représentants et demandent davantage de transparence, de consultation réelle et de nouvelles procédures participatives, telles que les budgets participatifs ou les jurys citoyens [6](#page=6). > **Tip:** L'accent mis sur la qualité de la délibération devient une nouvelle forme de légitimation de l'action publique [6](#page=6). * **Question de la localisation du pouvoir:** La distinction entre États unitaires et États fédéraux est cruciale. Dans les États fédéraux, il y a un partage de souveraineté et de pouvoir législatif entre l'État fédéral et les entités fédérées. Dans les États unitaires, les pouvoirs locaux n'exercent que des compétences réglementaires limitées. Une tendance à la centralisation des États est observée face aux grandes crises (covid, terrorisme, changement climatique). Les États régionaux (Espagne, Italie) combinent des éléments des deux types d'État avec des négociations permanentes entre les communautés autonomes et le gouvernement central [6](#page=6) [7](#page=7). ### 2.3 Démocratie par règles majoritaires et démocratie par consensus (selon Lijphart) Pour appréhender le fonctionnement d'un régime démocratique, Arend Lijphart distingue deux modèles: les démocraties par règles majoritaires et les démocraties par consensus [7](#page=7). * **Démocraties par règles majoritaires:** Ces démocraties s'appliquent aux régimes où l'exécutif domine, mais où le pouvoir législatif n'est que peu contrôlé par une Cour constitutionnelle. Elles fonctionnent de manière centralisée, sur la base du scrutin majoritaire et d'un système bipartisan, où le parti arrivé en tête forme un gouvernement unitaire. Le modèle britannique en est souvent cité comme illustration [7](#page=7). * **Démocraties par consensus:** Ces démocraties recherchent l'accord du plus grand nombre, dépassant la simple règle majoritaire. Elles sont décentralisées, multipartites, utilisent le scrutin proportionnel et privilégient les gouvernements de coalition. La Suisse et la Belgique sont citées comme exemples [7](#page=7). > **Tip:** Le choix entre la règle majoritaire et la recherche du consensus dépend de la manière dont les désaccords sont gérés au sein d'un système démocratique [7](#page=7). --- # Évolutions et défis contemporains des démocraties Les démocraties contemporaines font face à des transformations profondes et à des défis multiples, remettant en question leurs structures et leurs modes de fonctionnement traditionnels. ### 3.1 Principales évolutions structurelles des démocraties Plusieurs tendances structurelles marquent les démocraties actuelles, modifiant l'équilibre des pouvoirs et la dynamique politique. #### 3.1.1 Renforcement du pouvoir exécutif On observe une prédominance croissante des projets de loi d'origine gouvernementale, représentant une part significative de la production législative. Des dispositifs constitutionnels permettent aux gouvernements de suppléer le parlement, tels que le recours au décret-loi en Italie, à l'ordonnance en France (article 38 de la Constitution de la IIIe République), la législation déléguée au Royaume-Uni, ou encore les articles 11 et 49-3 de la Constitution de la Ve République française. Cette logique de renforcement du pouvoir du chef du gouvernement est commune aux régimes présidentiels et parlementaires, étant particulièrement marquée au Royaume-Uni, considéré comme un idéal type du régime parlementaire. Le rôle initial de coordinateur du Premier ministre a évolué vers une forme de pouvoir plus vertical et monocratique, influencé par des personnalités comme Margaret Thatcher et Tony Blair. La longévité des mandats contribue également à ce phénomène [5](#page=5). #### 3.1.2 Médiatisation de la vie politique Les médias exercent une influence considérable dans la formation de l'opinion politique, marquée par deux tournants majeurs: la généralisation de la télévision et l'avènement des réseaux sociaux et plateformes numériques. Cela se traduit par une augmentation du traitement médiatique de l'activité politique, le développement de stratégies de communication individuelles, et un passage d'une communication gouvernementale vers une communication directe aux candidats présidentiels. Une légitimité médiatique est désormais recherchée avant une légitimité partisane, renforçant ainsi la "présidentialisation" de l'exécutif. Les systèmes de primaires, initialement basés sur les lignes politiques, évoluent vers une sélection basée sur la probabilité d'être élu, souvent influencée par les sondages et un vote "contre" ou "utile" [5](#page=5). #### 3.1.3 Renforcement de la dimension internationale La part de l'activité du chef de l'exécutif consacrée à des enjeux internationaux s'accroît, le représentant dans des enceintes comme le Conseil de l'UE, le G7 ou le G20 [5](#page=5). #### 3.1.4 Complexification des enjeux et interdépendance accrue Les problèmes contemporains, tels que la production de gaz ou de pétrole de schiste et leur impact environnemental, sont de plus en plus complexes et interconnectés. Il est rare qu'un domaine thématique d'intervention n'affecte pas un autre. Toutes les politiques publiques impliquent désormais plusieurs ministères, nécessitant un rôle de coordination intergouvernementale et un arbitrage au sommet de l'exécutif. L'exécutif s'appuie sur une administration d'État major, indispensable pour traiter des informations complexes et disposer des renseignements nécessaires. Par exemple, l'État-major américain compte entre 1500 et 2000 personnes [5](#page=5). #### 3.1.5 Développement du "spoil system" Le "spoil system", ou système des dépouilles, mis en place aux États-Unis en 1828 avec l'élection du président Jackson, est un système de contrôle et nomination politique de l'administration. Aux États-Unis, le président élu nomme environ 5000 personnes à des postes importants et stratégiques du gouvernement fédéral. La France ne pratique pas un "spoil system" généralisé, mais a instauré un système de dépouilles en circuit fermé pour certains postes relevant de la nomination par le Conseil des ministres. En Allemagne, la nomination de 150 fonctionnaires politiques vise à créer une fidélité envers le nommant, renforçant ainsi l'exécutif [5](#page=5). #### 3.1.6 Renforcement du contrôle juridique de la vie politique Au-delà des classifications entre régimes présidentiels et parlementaires, un contrôle juridique accru s'exerce sur la vie politique dans l'ensemble des démocraties [5](#page=5). ##### 3.1.6.1 Principe du contrôle du gouvernement et normes supérieures Cette pratique, ancienne (remontant au Moyen Âge), s'est affirmée notamment avec la Cour Suprême des États-Unis, suite à l'arrêt Marbury v. Madison en 1803 qui a établi la suprématie de la Constitution sur les autres normes. Le contrôle de constitutionnalité s'est développé en Europe après la Seconde Guerre mondiale, avec des modèles convergents entre les Cours Suprêmes (USA, Canada, Australie, Inde) et les Cours constitutionnelles (Allemagne, France, Italie, 22 pays de l'UE). L'intégration progressive du contrôle concret par voie d'exception est également observée [5](#page=5) [6](#page=6). ##### 3.1.6.2 Encadrement juridique de la vie politique L'encadrement juridique concerne principalement le fonctionnement et le financement des partis politiques, ainsi que la réglementation du lobbying. Le rôle du juge vise à limiter l'influence des parties prenantes privées dans l'élaboration de la règle de droit, afin de garantir que celle-ci serve l'intérêt général et non des intérêts privés ou corporatistes [6](#page=6). ### 3.2 Demande sociale de participation directe et citoyenne Depuis les années 1970, une demande sociale accrue de démocratie directe et de participation citoyenne à la prise de décisions publiques s'est manifestée. Cette évolution a vu le passage de la démocratie participative dans les années 1990 à la démocratie citoyenne aujourd'hui [6](#page=6). #### 3.2.1 Facteurs de la demande de participation Plusieurs facteurs expliquent cette demande : * La montée du libéralisme culturel et des valeurs anti-autoritaires, aspirant à une reprise du pouvoir par les citoyens [6](#page=6). * L'accroissement de la compétence politique des citoyens [6](#page=6). * La montée de l'individualisme [6](#page=6). * La remise en cause des acteurs et institutions de la démocratie représentative, entraînant une perte de légitimité des représentants [6](#page=6). * Le sentiment d'impuissance du politique face à la mondialisation et à l'intégration européenne [6](#page=6). * L'application des principes managériaux rapprochant les citoyens des politiques publiques, exigeant de ces derniers des comptes en termes d'efficacité [6](#page=6). #### 3.2.2 Manifestations de la demande participative Cette demande se traduit par : * La réclamation de nouvelles procédures participatives [6](#page=6). * La reconnaissance de l'expertise et de la compétence citoyenne [6](#page=6). * Une demande accrue de transparence et de consultation réelle dans les procédures [6](#page=6). * La demande de mise en place d'instances de délibération collective (conseil de quartier, consultatif, jury citoyen) [6](#page=6). * La demande de prise de décision collective, via des budgets participatifs, des agendas 21 locaux, ou l'usage du référendum local ou national [6](#page=6). Il est constaté que cela constitue une nouvelle forme de légitimation de l'action publique par la qualité de la délibération, les citoyens non-participants pouvant remettre en cause les décisions [6](#page=6). ### 3.3 La question de la localisation du pouvoir dans les régimes démocratiques La répartition du pouvoir entre différents échelons territoriaux est un élément souvent négligé dans la réflexion politique, marqué par la distinction entre États unitaires et États fédéraux [6](#page=6). #### 3.3.1 Structures étatiques : unitaire, fédéral, régional * **États fédéraux:** Il y a un partage des compétences législatives dans certains domaines et une participation au pouvoir législatif fédéral via une représentation dans une chambre haute. Les entités fédérées prévalent sur les autres entités locales [6](#page=6). * **États unitaires:** Il n'y a pas de partage de souveraineté, et les pouvoirs locaux n'exercent que des compétences réglementaires ou limitées. La tendance est à la centralisation des États en lien avec les grandes crises (Covid, terrorisme, changement climatique). Un exemple est la logique de décentralisation des États unitaires par le transfert et la clarification des compétences, mais en pratique, l'absence de partage de compétences et de fiscalité, ainsi que la situation budgétaire, impactent directement la capacité d'auto-administration des collectivités territoriales, menant à un risque de mise sous tutelle [6](#page=6). * **États régionaux (Espagne, Italie):** Ces États combinent des éléments des deux types, avec une constitution instaurant des économies à géométrie variable et des négociations permanentes entre les communautés autonomes et le gouvernement central [7](#page=7). ### 3.4 Démocratie par règles majoritaires et démocratie par consensus selon Lijphart Pour analyser le fonctionnement institutionnel des démocraties, Arend Lijphart a distingué deux modèles: les démocraties par règles majoritaires et les démocraties par consensus [7](#page=7). #### 3.4.1 Principes démocratiques en cas de désaccord * **Modèle 1 : Règle majoritaire.** Ce modèle repose sur la primauté de la décision de la majorité. * **Modèle 2: Démocratie par consensus.** Ce modèle recherche l'accord du plus grand nombre, considérant la règle majoritaire comme un simple détail [7](#page=7). #### 3.4.2 Critères de classification Les critères de classification incluent les modalités de compétition partisane et le caractère unitaire ou non du système institutionnel [7](#page=7). * **Démocraties par règle majoritaire:** Elles s'appliquent à des régimes présidentiels ou parlementaires où l'exécutif domine, mais où le pouvoir législatif n'est pas ou peu contrôlé par une Cour constitutionnelle. Elles fonctionnent de manière centralisée, sur la base d'un scrutin majoritaire et d'un système bipartite, conduisant le parti majoritaire à former un gouvernement unitaire. Les modèles britannique et néo-zélandais en sont souvent des illustrations [7](#page=7). * **Démocraties par consensus:** La Suisse et la Belgique sont citées comme exemples. Ces démocraties sont décentralisées, multipartites, utilisent le scrutin proportionnel et mettent en place des gouvernements de coalition [7](#page=7). ### 3.5 Pathologies des démocraties contemporaines L'ouvrage de Fleury (vers 2008) interroge l'état de santé des démocraties, constatant une régression globale. La crise actuelle est analysée comme survenant à "l'âge adulte" de la démocratie, entraînant des "troubles comportementaux" [7](#page=7). #### 3.5.1 La pathologie de l'individualisme L'individualisme, identifié dès les débuts par des philosophes comme Locke et des penseurs politiques tels que Robespierre et Tocqueville, est considéré comme un danger pour la démocratie. Tocqueville distinguait l'individualisme de l'individuation, qui est la capacité de la personne à se réaliser sans compromettre la cohésion sociale. L'individualisme contemporain risque de remettre en question l'ordre social et la morale publique. Un libéralisme dépourvu de préoccupations civiques peut se substituer au principe de liberté défendu par la démocratie [7](#page=7) [8](#page=8). #### 3.5.2 La pathologie de l'identitarisme Il s'agit du passage d'une société fondée sur l'égalitarisme par la similitude et la citoyenneté, à une société où l'égalitarisme est revendiqué par la différence. Les démocraties cherchent à voir leur citoyenneté s'incarner dans des droits spécifiques, reconnaissant que l'égalité peut coexister avec la différence. Dominique Wolton souligne que les questions de diversité culturelle, de multiculturalisme et d'exception culturelle sont devenues des conditions de la paix. Il est crucial que la tendance identitaire ne devienne pas pernicieuse au point de détruire la cohésion sociale [8](#page=8). #### 3.5.3 De la tyrannie de la majorité à la tyrannie des minorités Tocqueville décrivait la tyrannie de la majorité comme une force politique capable de rassembler toutes les forces de la société et de vaincre les résistances. Cette tyrannie peut se manifester par une contrainte des esprits plutôt que des corps. Fleury observe un passage de la tyrannie de la majorité à celle des minorités. Bien qu'il soit positif que les citoyens ne subissent plus la tyrannie de la majorité, il existe un risque de "captation du droit" où les minorités pourraient utiliser les règles existantes pour contourner le principe d'égalité. Le communautarisme, armé du droit, pourrait ainsi développer des logiques de domination politique [8](#page=8). ### 3.6 L'état de la démocratie dans le monde La seconde moitié du XXe siècle fut considérée comme le "siècle de la démocratie". Cependant, des indicateurs récents montrent un déclin de la démocratie, avec des transitions de régimes démocratiques vers des régimes autoritaires, des coups d'État, et une baisse de l'intensité démocratique au sein des démocraties pluralistes. L'indice de démocratie de *The Economist*, basé sur 60 critères, révèle une dégradation préoccupante. En 2022, seulement 45,3% de la population mondiale vivait en démocratie, un chiffre en baisse, les États-Unis n'étant plus considérés comme une démocratie achevée. Une "hybridation" entre régimes démocratiques et autoritaires, qualifiée de "démocratie illibérale", est également observée. La question du recul de la démocratie, face à la transition de l'autoritarisme vers la démocratie, reste donc centrale [8](#page=8). --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Term | Definition | |------|------------| | Démocraties pluralistes | Systèmes politiques où les gouvernants sont issus d'élections disputées et où le consensus porte sur les procédures de régulation des conflits, incluant le principe électoral de majorité, la primauté de la loi, et le respect des libertés publiques. | | Suffrage populaire | Droit de vote accordé à l'ensemble du peuple, son apparition répond à des défis tels que la gestion des divisions au sein des classes dirigeantes et la mobilisation des classes populaires. | | Citoyenneté civile | Correspond à la protection des libertés individuelles fondamentales, telles que la liberté de culte, d'opinion, d'expression et de réunion, garantissant un État de droit où la puissance publique est limitée par le droit. | | Citoyenneté politique | Se réfère au débat public, à l'ouverture du vote aux catégories précédemment exclues, et à la garantie du secret du vote, permise par la préexistence de la citoyenneté civile. | | Citoyenneté sociale | Liée au développement de l'État-providence, elle s'inscrit par l'introduction de droits sociaux et le contrôle du capitalisme, nécessitant la préexistence des citoyennetés civile et politique. | | Régime parlementaire | Système politique où le gouvernement est politiquement responsable devant une assemblée législative susceptible d'être dissoute, caractérisé par l'interdépendance entre l'exécutif et le législatif. | | Régime présidentiel | Régime démocratique où le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif jouissent d'une autonomie politique réciproque, sans possibilité de dissolution du Parlement par l'exécutif ni de renversement du gouvernement par le Parlement. | | Démocratie directe | Système politique où les citoyens exercent directement le pouvoir sans intermédiaire, souvent par le biais de référendums ou d'initiatives populaires. | | Référendum | Vote par lequel les citoyens sont appelés à se prononcer sur un projet de loi ou une question d'importance nationale, mettant entre parenthèses le système de représentation. | | Démocratie par règles majoritaires | Type de démocratie caractérisé par une logique de fonctionnement centralisée, basée sur le scrutin majoritaire et un système bi-partisan, où le parti en tête forme un gouvernement unitaire. | | Démocratie par consensus | Modèle de démocratie privilégiant la recherche d'un accord du plus grand nombre, impliquant la décentralisation, des systèmes multipartites et des gouvernements de coalition. | | Individualisme | Idéologie ou tendance à la primauté de l'individu sur le groupe social ou la communauté, pouvant représenter un danger pour la démocratie en menaçant la cohésion sociale et la morale publique. | | Identitarisme | Tendance à privilégier les revendications basées sur l'identité (culturelle, ethnique, religieuse, etc.) comme fondement de la citoyenneté et de la reconnaissance sociale, pouvant mener à une fragmentation de la société. | | Tyrannie de la majorité | Concept décrivant le risque qu'une majorité utilise son pouvoir pour imposer sa volonté aux minorités, les privant de leurs droits et libertés. | | Tyrannie des minorités | Phénomène où des groupes minoritaires, par leurs revendications spécifiques et la captation du droit, peuvent potentiellement contourner le principe d'égalité et exercer une forme de domination. | | Démocratie illibérale | Régime présentant des caractéristiques formelles de démocratie (élections) mais manquant de garanties réelles pour les libertés civiles et les droits fondamentaux, tendant vers l'autoritarisme. | | Contrôle de constitutionnalité | Mécanisme juridique permettant de vérifier la conformité des lois et des actes législatifs à la Constitution, assurant ainsi la suprématie de la norme constitutionnelle. | | Spoil system (système des dépouilles) | Pratique politique, particulièrement aux États-Unis, où le président élu procède à la nomination de personnes de confiance à des postes importants de l'administration, souvent en remplacement de fonctionnaires nommés par l'administration précédente. |

# Identification et distinction des régimes autoritaires Ce sujet explore les critères permettant d'identifier les régimes autoritaires, en les distinguant des régimes démocratiques et totalitaires, et souligne le rôle de Juan José Linz dans cette classification. ### 1.1 L'émergence de l'étude des régimes autoritaires Historiquement, dans les années 1970, l'analyse des régimes politiques était souvent dichotomique, opposant démocraties libérales et totalitarismes, laissant les régimes autoritaires relégués au statut de catégorie résiduelle. Un tournant majeur dans la compréhension des régimes autoritaires a été initié par le sociologue Juan José Linz, reconnu comme un maître de la politique comparée. Son travail, influencé par ses origines franco-allemandes, a encouragé des analyses comparatives et mis en lumière les distinctions fondamentales entre totalitarisme et autoritarisme. Linz a plaidé pour une classification ternaire des régimes politiques (démocraties, totalitarismes, autoritarismes), intégrant diverses variantes au sein des régimes autoritaires [1](#page=1). ### 1.2 Critères d'identification des régimes autoritaires L'identification des régimes autoritaires repose sur plusieurs critères clés : #### 1.2.1 Le verrouillage institutionnel Les régimes autoritaires cherchent à consolider leur pouvoir en évitant toute remise en cause de leur légitimité, souvent par l'interdiction d'activités politiques organisées (syndicats, associations civiques) et l'absence de consultations électorales significatives. Ce verrouillage peut également se manifester de manière plus subtile, par un contrôle étroit de la vie politique, permettant un pseudo-pluralisme ou une institutionnalisation de la vie politique qui rend difficile la participation électorale. Bien que des élections puissent exister, elles ne portent pas sur le pouvoir du chef de l'État ou sont truquées pour assurer un résultat favorable et légitimant le pouvoir [1](#page=1). #### 1.2.2 Le contrôle de l'appareil de l'État Le maintien au pouvoir exige une fidélité rigoureuse de l'ensemble de l'appareil d'État. Dans les sociétés peu différenciées, les régimes autoritaires privilégient les mécanismes d'allégeance personnels, tels que les liens familiaux, tribaux, régionaux ou clientélistes. Dans les sociétés plus différenciées administrativement et politiquement, ces allégeances personnelles ne suffisent pas. Des structures institutionnalisées, comme des partis politiques soutenant le pouvoir, des syndicats d'État ou des comités citoyens de défense du régime, sont mises en place pour assurer ce contrôle. L'objectif est moins un contrôle idéologique qu'un contrôle des déviances par rapport au système, permettant la sélection de cadres fidèles à tous les niveaux [1](#page=1). #### 1.2.3 L'accommodement d'un relatif polycentrisme et pluralisme Ce critère permet de distinguer les régimes autoritaires des régimes totalitaires, qui n'acceptent aucune forme de polycentrisme ou de pluralisme. Certains régimes autoritaires, ou monarchies anciennes, tolèrent une certaine autonomie de pouvoir dans des domaines spécifiques, comme la religion, la noblesse ou le clergé, permettant aux acteurs d'agir dans leur sphère d'intervention [1](#page=1). #### 1.2.4 Le musellement de la presse La maîtrise et le contrôle de la presse écrite, de la radio, de la télévision et des réseaux sociaux sont un enjeu majeur pour les régimes autoritaires. Bien qu'une censure politique soit pratiquée, une relative liberté d'expression peut subsister dans des domaines non politiques. L'objectif n'est pas de contrôler les cœurs et les esprits, mais plutôt de s'accommoder de l'apathie des masses et de l'indifférence des élites [1](#page=1). #### 1.2.5 L'utilisation de la violence pour réguler les oppositions En l'absence de soutien populaire et face à une opposition perçue comme une menace, les dirigeants autoritaires peuvent recourir à une violence impitoyable pour la contenir [1](#page=1). ### 1.3 Distinction avec les régimes démocratiques et totalitaires #### 1.3.1 Distinction avec les régimes démocratiques Les régimes autoritaires se distinguent des régimes démocratiques par plusieurs aspects : * Monopolisation du pouvoir par un individu, une famille ou un groupe [2](#page=2). * Absence de responsabilité du pouvoir vis-à-vis des gouvernés (pas de possibilité de destitution) [2](#page=2). * Absence de séparation des pouvoirs et de respect de l'État de droit [2](#page=2). * Répression des opposants organisée par un appareil policier et militaire soumis au pouvoir [2](#page=2). * Contrôle de la société civile [2](#page=2). * Importance de la patrimonialisation du pouvoir [2](#page=2). #### 1.3.2 Distinction avec les régimes totalitaires Les régimes autoritaires se différencient des régimes totalitaires par : * L'existence d'un pluralisme limité [2](#page=2). * L'absence d'une idéologie propre et d'une "loi de l'histoire" (comme le nazisme ou le marxisme), ainsi que d'une mentalité collective homogène [2](#page=2). * Une faible capacité de monopolisation de la population [2](#page=2). * Le maintien d'une forme de séparation entre la sphère publique et privée, en lien avec un polycentrisme et un pluralisme modérés [2](#page=2). * L'absence d'une terreur idéologique systématique, même si des vagues de répression peuvent survenir [2](#page=2). > **Tip:** Il est crucial de retenir que la distinction entre autoritarisme et totalitarisme repose en grande partie sur le degré d'emprise idéologique et de mobilisation de la société. Les régimes autoritaires acceptent souvent une sphère de vie privée et un pluralisme limité, là où les régimes totalitaires visent une société entièrement mobilisée et idéologisée. ### 1.4 Les régimes autoritaires : systèmes à pluralisme limité et politiquement non responsables selon Juan José Linz Selon Linz, les régimes autoritaires se caractérisent par une "simple mentalité" plutôt qu'une idéologie au sens strict. Une idéologie est définie comme un système de pensée intellectuellement élaboré, cohérent, mobilisateur pour les intellectuels, souvent écrit et doctrinal, comportant une dimension utopique et transformatrice. La "mentalité", quant à elle, recouvre un mode de pensée et de perception moins systématisé, sans caractère utopique et plus émotionnel [2](#page=2). Contrairement aux régimes totalitaires qui cherchent à mobiliser l'ensemble de la société, de nombreux régimes autoritaires se contentent de la passivité, voire de l'apathie, de la population. Linz analyse les différences entre régimes autoritaires en fonction de paramètres tels que la place de la mobilisation, le poids de la mentalité et la structuration du pouvoir [2](#page=2). #### 1.4.1 Typologie des régimes autoritaires Linz a proposé différentes typologies de régimes autoritaires : ##### 1.4.1.1 Le régime autoritaire organique (corporatiste) Ce type de régime, exemplifié par le franquisme, repose sur l'alliance de groupes aux objectifs distincts (par exemple, phalangistes et Église catholique). Le système se construit et perdure grâce à la représentation de différents groupes d'intérêt au sein d'un système corporatiste, d'où la qualification d'« État organique ». La mentalité catholique nationale n'est pas considérée comme une idéologie totalitaire, mais comme une simple mentalité sans endoctrinement ni forte mobilisation de la population [2](#page=2). ##### 1.4.1.2 Les régimes bureaucratiques militaires Ces régimes se distinguent par leur appui sur une bureaucratie militaire plutôt que sur un leader incontesté ou un parti unique. Leur objectif n'est pas de mobiliser socialement et idéologiquement la population, ni de se rendre légitime par la répression. Par exemple, la dictature brésilienne de 1964, issue d'un coup d'État militaire soutenu par la CIA, était incarnée par l'armée plutôt que par des personnalités individuelles. Les militaires, formés dans des écoles de guerre, défendent une doctrine de sécurité nationale. Ces régimes suspendent souvent la constitution, instaurent la censure et abrogent les libertés individuelles [2](#page=2). > **Example:** Le régime franquiste en Espagne est un exemple classique de régime autoritaire organique, où des groupes d'intérêt divers comme les catholiques et les phalangistes devaient composer au sein d'une structure corporatiste pour maintenir le pouvoir, sans pour autant imposer une idéologie totalitaire. > **Example:** Les juntes militaires qui ont dirigé certains pays d'Amérique latine au XXe siècle, comme la dictature militaire brésilienne, représentent des régimes bureaucratiques militaires où le pouvoir émanait de l'institution militaire elle-même, souvent au nom de la "sécurité nationale". --- # Typologies et configurations des régimes autoritaires Ce chapitre explore les diverses typologies de régimes autoritaires, en examinant leurs caractéristiques institutionnelles, économiques et sociales distinctives, ainsi que les facteurs de leur stabilité et de leur changement. ### 2.1 Distinction des régimes autoritaires Les régimes autoritaires se distinguent des régimes démocratiques par plusieurs critères [2](#page=2): * Monopolisation du pouvoir par un individu, une famille ou un groupe [2](#page=2). * Absence de responsabilité du pouvoir (impossibilité de destitution) [2](#page=2). * Absence de séparation des pouvoirs et de l'État de droit [2](#page=2). * Répression des opposants par un appareil policier et militaire soumis au pouvoir [2](#page=2). * Contrôle de la société civile [2](#page=2). * Importance de la patrimonialisation du pouvoir [2](#page=2). Ils se différencient également des régimes totalitaires par : * L'existence d'un pluralisme limité [2](#page=2). * L'absence d'une idéologie propre et d'une loi de l'histoire systématiquement appliquée [2](#page=2). * Des mentalités collectives plutôt qu'une idéologie systématisée [2](#page=2). * Une faible capacité de monopolisation de la population, se contentant souvent de passivité ou d'apathie [2](#page=2). * Le maintien d'une séparation entre sphère publique et privée, lié à un polycentrisme et un pluralisme modérés [2](#page=2). * L'absence d'une terreur idéologique omniprésente, bien que des vagues de répression puissent exister [2](#page=2). Juan José Linz définit les régimes autoritaires comme des systèmes au pluralisme limité et politiquement non responsables, où une "mentalité" (un mode de pensée moins systématisé et plus émotionnel) prévaut sur une idéologie (système de pensée élaboré, cohérent, avec une dimension utopique et transformatrice). Ces régimes se différencient entre eux par la place accordée à la mobilisation, le poids de la mentalité et la structuration du pouvoir [2](#page=2). ### 2.2 Typologies des régimes autoritaires #### 2.2.1 Le régime autoritaire organique (corporatiste) Ce type de régime, illustré par le franquisme, repose sur l'alliance de groupes d'intérêt aux objectifs divergents, tels que les phalangistes et l'Église catholique. Le système se construit et perdure grâce à la représentation de ces différents groupes dans un cadre corporatiste, d'où la qualification d'"État organique". La mentalité dominante, comme le catholicisme national dans le cas franquiste, n'est pas une idéologie totalitaire et ne fait pas l'objet d'un endoctrinement ou d'une mobilisation forte de la population [2](#page=2). #### 2.2.2 Les régimes bureaucratiques militaires Ces régimes s'appuient sur une bureaucratie militaire plutôt que sur un leader incontesté ou un parti unique. Ils ne visent pas à mobiliser socialement et idéologiquement la population, ni à se rendre légitimes par la répression. L'armée, formée dans des écoles militaires et défendant une doctrine de sécurité nationale, garantit le pouvoir. Un exemple est la dictature brésilienne de 1964, initiée par un coup d'État militaire. Durant ces régimes, la constitution peut être suspendue, la censure instaurée, les libertés individuelles abrogées et des codes de procédure pénale permettant des détentions arbitraires adoptés. Jaïre Bolsonaro a montré une nostalgie pour la dictature brésilienne [2](#page=2) [3](#page=3). #### 2.2.3 Les régimes autoritaires sultaniques (clientélistes) Ils se caractérisent par un gouvernement autoritaire et personnel, où la loyauté envers le dirigeant suprême repose sur un mélange de peur entretenue par les autorités et de gratifications distribuées aux collaborateurs, plutôt que sur la tradition, la religion, une idéologie ou le charisme. Selon Max Weber, le sultanisme désigne une domination patrimoniale caractérisée par l'absence de différence entre le privé et le public, et la prévalence de l'arbitraire. Des exemples incluent les régimes en République dominicaine, en Ouganda (1971-1979) et en Centrafrique (1965-1979) [3](#page=3). #### 2.2.4 Les régimes mobilisateurs Ces régimes s'inscrivent dans un contexte de construction d'un État national, souvent après une guerre ou une période coloniale. Le pouvoir s'appuie sur un parti unique qui mobilise l'ensemble de la population. Ils sont marqués par une forte personnalisation et un appel au peuple, comme en Côte d'Ivoire sous Houphouet-Boigny [3](#page=3). #### 2.2.5 Les régimes traditionnels Ces régimes se caractérisent par une grande stabilité, s'appuyant sur les structures traditionnelles de la société (organisation sociale, religion) pour fonder leur légitimité. Le pouvoir est transmis de manière héréditaire et patrimoniale. Les monarchies du Golfe persique, fondées sur des clans tribaux et s'appuyant sur des valeurs religieuses comme le Wahhabisme, en sont un exemple [3](#page=3). ### 2.3 Configuration institutionnelle et fondements économiques et sociaux des pouvoirs autoritaires L'analyse des régimes autoritaires ne peut négliger leurs caractéristiques socio-économiques, en complément de l'approche institutionnelle [3](#page=3). #### 2.3.1 Stabilité et instabilité des régimes autoritaires Les monarchies autoritaires du monde arabe démontrent une grande stabilité, tandis que les régimes militaires semblent plus instables que les régimes personalistes ou à parti unique. Dans le monde arabe, on trouve des régimes autoritaires stricts (Qatar, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Sultanat d'Oman) et des régimes hybrides (Maroc, Jordanie). Les monarchies détiennent un pouvoir parfois absolu. Les Printemps arabes en 2011 ont révélé une contestation populaire visant davantage de libertés et une amélioration des conditions de vie dues aux inégalités persistantes. Des régimes républicains autoritaires ont été renversés (Égypte, Tunisie, Libye, Yémen), contrairement aux monarchies du Golfe, à l'exception de Bahreïn, dont la révolution a été réprimée avec le soutien des autres monarchies [3](#page=3). La contestation est limitée dans les monarchies religieuses du Golfe grâce à : * Le poids de la famille royale et de la religion, incarnant le pouvoir non pas par une seule personne mais par des clans, tribus et familles élargies qui constituent une institution gouvernementale [3](#page=3). * La dimension religieuse apportant une légitimité au pouvoir familial, notamment en Arabie Saoudite où l'islam confère une forte légitimité régionale. Le Wahhabisme, mouvement religieux sunnite prônant l'interprétation littérale du Coran, s'oppose au chiisme iranien [4](#page=4). * L'économie politique liée à la rente pétrolière, redistribuée pour assurer la stabilité, comme en 2011 où les monarchies du Golfe ont créé des emplois et augmenté les salaires. Les régimes hybrides, faute de capacité économique redistributive, ont dû faire des concessions en matière de libéralisation des droits [4](#page=4). Les régimes autoritaires militaires sont considérés comme plus fragiles. Les membres de l'institution militaire, malgré des origines diverses, font preuve d'un grand attachement à l'armée et d'un corporatisme élevé. Si des divisions internes menacent la cohésion de l'armée, les militaires préfèrent se retirer, laissant le régime s'écrouler, leur fidélité à l'armée primant sur celle au régime. Cela diffère des régimes à parti unique où les acteurs cherchent à conserver le pouvoir. La Turquie, avec une armée qui assure une forme de continuité et de contrôle, représente un contre-exemple [4](#page=4). #### 2.3.2 Approche socio-économique des régimes autoritaires L'enracinement de certains régimes autoritaires s'explique par une rhétorique de modernité, de sécurité matérielle et de prospérité économique, générant un sentiment de loyauté au sein de la population. Le maintien de ces régimes dépend de l'intéressement de certains segments sociaux, l'assujettissement n'étant pas uniquement le résultat de la répression ou de la surveillance [4](#page=4). Selon Béatrice Hibou, un système de transaction comportant des interdits, des sanctions, mais aussi des gratifications, des dérogations, des aides et des passe-droits, insère la vie quotidienne dans un maillage d'acteurs incluant les membres du parti dominant et les comités de quartier avec leurs informateurs. L'économie de l'endettement, où l'État garantit les créances, assure la soumission des individus. Le recyclage des professionnels du renseignement et l'usage de la corruption, parallèlement à la lutte anti-corruption, constituent d'autres éléments de soutien, comme dans le cas de Poutine, où la corruption initiale permet ensuite des actions "anti-corruption" [4](#page=4). ### 2.4 Transformations et dynamique de changement des régimes politiques Les théories de la modernisation ont souligné les conditions économiques et sociales de la démocratisation, amorcée en Amérique Latine, en Europe du Sud, puis en Asie du Sud-Est, et amplifiée après l'effondrement du bloc de l'Est, ce que Samuel Huntington a qualifié de "3e vague de démocratisation". Cependant, la perspective d'une démocratisation mondiale semble s'estomper [4](#page=4). --- # Évolution et tendances des régimes politiques mondiaux Ce sujet examine les phases de démocratisation mondiale, les théories associées, ainsi que la tendance actuelle à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes, y compris l'émergence de concepts comme l'autoritarisme électoral. ### 3.1 Les phases de démocratisation mondiale L'histoire récente des régimes politiques mondiaux a été marquée par des périodes de démocratisation significatives, souvent analysées à travers le prisme de vagues successives [4](#page=4) [5](#page=5). #### 3.1.1 Les théories de la modernisation Les théories de la modernisation, également appelées approches structurelles, ont mis l'accent sur les conditions économiques et sociales nécessaires à la démocratisation. Ces théories suggèrent que le développement économique, l'industrialisation et l'urbanisation modifient les comportements, les relations sociales et les valeurs, favorisant ainsi l'ouverture des institutions politiques. Une corrélation, voire une causalité, est établie entre le développement économique et la démocratisation, impliquant que la démocratie s'enracine mieux dans les pays riches. L'élévation du niveau d'éducation et les phénomènes de socialisation à la démocratie sont également soulignés [4](#page=4) [5](#page=5). > **Tip:** Il est crucial de distinguer corrélation et causalité. Par exemple, il y a du givre quand il y a des bonnets (corrélation), mais ce n'est pas le givre qui provoque le port de bonnets (causalité). #### 3.1.2 Les vagues de démocratisation Les travaux de Samuel Huntington ont identifié trois vagues majeures de démocratisation : * **Première vague (XIXe siècle - fin de la Première Guerre mondiale):** Caractérisée par l'extension du suffrage masculin et l'émergence de partis politiques compétitifs. Géographiquement, elle a concerné l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord, avec comme facteurs clés l'industrialisation, l'urbanisation et l'éducation [5](#page=5). * **Deuxième vague (après la Seconde Guerre mondiale - années 1960):** Liée aux processus de décolonisation, elle a touché des pays en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Les facteurs clés étaient la décolonisation et l'influence des puissances occidentales [5](#page=5). * **Troisième vague (années 1970 - fin du XXe siècle):** A concerné l'Europe du Sud, puis de l'Est, l'Amérique Latine, l'Asie et l'Afrique. Les facteurs clés étaient la fin de la Guerre Froide, l'effondrement des régimes autoritaires et la globalisation économique [5](#page=5). > **Tip:** La théorie de la modernisation établit une relation entre le développement économique et la démocratie, mais cette logique est loin d'être automatique et doit être nuancée [5](#page=5). ### 3.2 Tendance à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes Malgré les avancées démocratiques, une tendance à l'autocratisation et à l'hybridation des régimes s'observe actuellement, marquant un recul de la démocratisation mondiale [4](#page=4) [5](#page=5). #### 3.2.1 Le processus d'autocratisation L'autocratisation peut se manifester de deux manières: comme un durcissement d'un régime autoritaire existant, ou comme une dé-démocratisation, également appelée "democratic backsliding". Les bases de données suédoises ont recensé 217 épisodes d'autocratisation touchant 109 pays, répartis en trois vagues [5](#page=5): * **1926-1946:** A affecté tous les types de régimes [5](#page=5). * **1965-1977:** Concerne des régimes autocratiques [5](#page=5). * **1994 - présent:** Continue et s'applique aux régimes démocratiques [5](#page=5). Ce processus se dissimule souvent derrière une façade démocratique et légale, sans remettre en cause le jeu électoral, mais en intervenant par le biais d'élections. L'autocratisation se manifeste par la remise en cause d'éléments institutionnels démocratiques une fois au pouvoir [5](#page=5). > **Example:** L'autocratisation du Pérou par Alberto Fujimori en 1992, qui a suspendu le Congrès et la Constitution. Un autre exemple est la Russie sous Poutine, où l'autocratisation a été plus graduelle, débutant par un mimétisme à l'égard des démocraties occidentales, conduisant à une "démocratie administrée" [5](#page=5). Les processus d'autocratisation peuvent être cumulés ou dissociés et incluent : * La dégradation de la dimension concurrentielle des élections [5](#page=5) [6](#page=6). * L'atteinte aux droits politiques fondamentaux [5](#page=5) [6](#page=6). * La remise en cause du principe de séparation des pouvoirs, de l'État de droit, et la concentration du pouvoir entre les mains de l'exécutif [6](#page=6). Selon Nancy Bermeo, le basculement autocratique est le fait des élites plutôt que d'une radicalisation des peuples [6](#page=6). #### 3.2.2 L'hybridation des régimes L'érosion démocratique aboutit à une hybridation des régimes, qui adoptent des apparences démocratiques tout en renforçant leur contrôle par des partis hégémoniques ou une répression des libertés politiques [6](#page=6). #### 3.2.3 Nouveaux concepts : autoritarisme électoral et démocratie non libérale Face à ces transformations, de nouveaux concepts ont émergé en sciences politiques, tels que l'autoritarisme électoral et l'autoritarisme politique. Le terme de "démocratie non libérale" a été popularisé par Fareed Zakaria. Si dans les pays occidentaux, la démocratie libérale est fondée sur l'État de droit, la protection des libertés et la séparation des pouvoirs, il existe désormais des démocraties qui organisent des élections compétitives mais transgressent le principe du libéralisme constitutionnel. Elles restreignent la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice et de la presse, et peuvent être hostiles aux minorités [6](#page=6). > **Example:** La Hongrie, sous la ligne politique de son parti Fidesz, est un exemple actuel de démocratie non libérale, où le parti, initialement libéral, est devenu dominant et a restreint les contre-pouvoirs. La Pologne illustre également cette tendance [6](#page=6). ### 3.3 Les bases des régimes autoritaires Les régimes autoritaires ne s'appuient pas uniquement sur des éléments institutionnels et des contrôles policiers et militaires [4](#page=4). #### 3.3.1 Approche socio-économique L'enracinement de certains régimes autoritaires peut s'expliquer par une rhétorique de modernité, de sécurité matérielle et de prospérité économique, créant un sentiment de loyauté au sein de la population. Le maintien de ces régimes dépend de l'intérêt de certains segments sociaux à leur pérennisation, et l'assujettissement ne découle pas toujours de la répression ou de la surveillance [4](#page=4). Selon Béatrice Hibou, un vaste système de transaction, incluant interdits, sanctions, gratifications, dérogations et passe-droits, insère la vie quotidienne dans un maillage d'acteurs incluant les membres du parti dominant, les comités de quartier et leurs informateurs. L'économie de l'endettement, où l'État garantit les créances, assure également la soumission [4](#page=4). D'autres éléments de soutien incluent le recyclage des professionnels du renseignement et l'usage de la corruption, où la lutte anti-corruption peut servir de prétexte pour éliminer des opposants [4](#page=4). #### 3.3.2 Régimes monarchiques et rente La dimension religieuse peut apporter une légitimité au pouvoir familial, comme en Arabie Saoudite où l'islam wahhabite confère une forte légitimité régionale. Ces monarchies sunites du Golfe s'opposent au chiisme iranien. L'économie politique, liée à la rente pétrolière redistribuée pour assurer la stabilité, est également un facteur clé. En 2011, ces monarchies ont réagi aux printemps arabes par la création d'emplois, l'augmentation des salaires et des mesures paternalistes étatiques. Les régimes hybrides (Maroc, Jordanie), faute de capacité économique redistributive, ont dû faire des concessions en matière de libéralisation des droits [4](#page=4). #### 3.3.3 Régimes autoritaires militaires Les régimes autoritaires militaires sont considérés comme potentiellement plus fragiles. Bien que issus de divers horizons sociaux, religieux et idéologiques, les membres de l'institution militaire se signalent par leur attachement à l'armée et leur corporatisme élevé. En cas de divisions internes menaçant la cohésion de l'armée, celle-ci préfère se retirer, laissant le régime s'écrouler, la fidélité à l'institution militaire primant sur celle au régime. Cela diffère des régimes à parti unique où la volonté de garder le pouvoir est intrinsèque. Un contre-exemple est la Turquie, où l'armée assure une forme de continuité et de contrôle du régime [4](#page=4). --- ## Erreurs courantes à éviter - Révisez tous les sujets en profondeur avant les examens - Portez attention aux formules et définitions clés - Pratiquez avec les exemples fournis dans chaque section - Ne mémorisez pas sans comprendre les concepts sous-jacents

| Term | Definition | |------|------------| | Régime autoritaire | Système de gouvernement qui refuse de se soumettre aux aléas d'une compétition politique ouverte, caractérisé par l'absence d'élections pluralistes et le contrôle de l'opposition. | | Totalitarisme | Régime politique qui exige des citoyens le partage de l'idéologie des gouvernants, visant à conquérir les cœurs et les esprits, et exerçant un contrôle absolu sur tous les aspects de la vie publique et privée. | | Verrouillage institutionnel | Stratégie des régimes autoritaires pour asseoir leur pouvoir en évitant toute remise en cause, souvent par l'interdiction d'activités politiques organisées ou le contrôle des élections. | | Allégeance personnelle | Mécanisme de contrôle des régimes autoritaires dans les sociétés peu différenciées, basé sur des liens familiaux, tribaux, régionaux ou clientélistes. | | Polycentrisme | Existence de multiples centres de pouvoir au sein d'un système politique, qui peut être accommodé par certains régimes autoritaires, à la différence des régimes totalitaires. | | Musellement de la presse | Contrôle ou suppression de la liberté d'expression des médias par un régime, incluant la censure et la manipulation de l'information pour maintenir le pouvoir. | | Démocratisation | Processus par lequel un régime politique évolue vers un système plus démocratique, impliquant généralement l'extension des droits civiques et politiques, et l'ouverture des institutions. | | Autocratisation | Processus par lequel un régime politique se durcit et concentre le pouvoir entre les mains d'un individu ou d'un petit groupe, souvent en érodant les principes démocratiques. | | Hybridation des régimes | Phénomène où les régimes politiques combinent des caractéristiques démocratiques (comme les élections) avec des pratiques autoritaires, créant des systèmes aux apparences démocratiques mais au contrôle renforcé. | | Apathie | Manque d'intérêt, de passion ou d'enthousiasme, souvent observé chez les populations sous des régimes autoritaires qui se contentent de la passivité plutôt que de chercher à mobiliser activement. | | Mentalité | Mode de pensée et de perception moins systématique et moins utopique qu'une idéologie, souvent plus émotionnel, qui peut caractériser certains régimes autoritaires. | | Corporatisme | Système d'organisation politique et sociale où les différentes corporations ou groupes d'intérêt sont représentés et participent à la gouvernance, souvent au sein de régimes autoritaires. | | Régime bureaucratique militaire | Type de régime autoritaire qui s'appuie sur une bureaucratie militaire pour exercer le pouvoir, souvent sans chercher à mobiliser la population ou à se légitimer idéologiquement. | | Sultanisme | Type de domination patrimoniale caractérisée par l'absence de distinction entre le privé et le public, et par la prévalence de l'arbitraire, souvent lié à des gratifications et à la peur. | | Rente pétrolière | Revenus importants issus de l'exploitation du pétrole, qui peuvent être utilisés par certains régimes autoritaires pour assurer leur stabilité en redistribuant ces richesses à leur population. | | Démocratie libérale | Concept qui décrit des démocraties qui, tout en ayant des élections compétitives, restreignent la séparation des pouvoirs et les libertés constitutionnelles, notamment celles de la justice et de la presse. | | État de droit | Principe selon lequel toutes les actions de l'État sont soumises à la loi, garantissant la protection des droits fondamentaux et la séparation des pouvoirs. |

# Core themes of conservatism Conservatism is an ideology underpinned by a set of core beliefs concerning human nature, society, and political values, most notably tradition, human imperfection, society as an organic entity, hierarchy and authority, and property [4](#page=4). ## 1. Core themes of conservatism Conservatism is often characterized by its resistance to change, but this resistance is underpinned by a distinctive set of political beliefs rather than a mere defense of the status quo. It can be understood as an ideology, founded on specific principles about individuals, societies, and political values [4](#page=4). ### 1.1 Tradition The desire to conserve is a defining theme of conservatism, particularly when linked to a defense of tradition. Tradition encompasses anything passed down from the past, including customs, practices, institutions, systems, or beliefs [4](#page=4). #### 1.1.1 Divine origins versus accumulated wisdom For some conservatives, tradition reflects religious faith, viewing established customs as "God-given". Edmund Burke linked tradition to "the law of our Creator" or "natural law," suggesting that tampering with tradition challenges divine will. However, as historical change accelerated, many traditions became man-made, making the divine origin argument more difficult to sustain, though it persists among religious fundamentalists [5](#page=5). Most conservatives support tradition based on its accumulated wisdom. Burke described society as a partnership between "those who are living, those who are dead and those who are to be born". G. K. Chesterton echoed this, calling tradition a "democracy of the dead," preserving the wisdom of ancestors against the transient opinions of the living. This perspective suggests that institutions and customs that have survived have done so because they are valuable and have been "tested by time" or undergone "natural selection". For example, the British monarchy is preserved for its embodiment of historical wisdom and its role as a unifying national symbol [5](#page=5). #### 1.1.2 Identity and belonging Tradition also generates a sense of identity and belonging for individuals and society. Familiar customs and practices are reassuring, providing a feeling of "rootedness" and social cohesion by connecting people to the past. Change, conversely, leads to uncertainty and insecurity. This veneration of tradition extends to social practices, such as the judiciary's adherence to formal attire or efforts to preserve traditional architectural styles [5](#page=5). ### 1.2 Human imperfection Conservatism is often described as a "philosophy of human imperfection". Unlike other ideologies that may view humans as naturally good or perfectible, conservatives argue that human beings are inherently imperfect and unperfectible [6](#page=6). #### 1.2.1 Psychological limitations Human beings are seen as psychologically limited and dependent creatures who fear isolation and instability. They are drawn to the familiar and seek security by knowing "their place". This contrasts with liberal views of individuals as self-reliant "utility maximizers". The emphasis on security and belonging leads conservatives to prioritize social order over liberty, as order provides stability and predictability in an uncertain world. Thomas Hobbes argued for sacrificing liberty for social order [6](#page=6). #### 1.2.2 Moral imperfection Conservatives believe immoral and criminal behavior are rooted in the individual rather than society. They hold a pessimistic view of human nature, seeing people as innately selfish and greedy, driven by a desire for "power after power". This is sometimes explained by the doctrine of "original sin". Crime is thus seen as a consequence of base human instincts, necessitating law enforcement and strict legal regimes, including long prison sentences and corporal or capital punishment. For conservatives, law's primary role is to preserve order, not uphold liberty [6](#page=6). > **Tip:** The conservative emphasis on "law and order" is so strong that these concepts are often treated as a single, fused idea [6](#page=6). #### 1.2.3 Intellectual limitations Humankind's intellectual powers are also considered limited. Conservatives are skeptical of abstract ideas and complex systems of thought, viewing the political world as too complicated for human reason to fully grasp. Michael Oakeshott described the political world as "boundless and bottomless". They prefer to base their ideas on tradition, experience, and history, adopting a cautious, moderate, and pragmatic approach, avoiding dogma. High-minded principles like "rights of man" or "equality" are seen as dangerous blueprints for reform that can lead to greater suffering [7](#page=7). > **Tip:** The conservative adage "the cure is not worse than the disease" highlights their preference for inaction over potentially harmful interventions [7](#page=7). > **Note:** The rise of neoliberalism has challenged conservative support for traditionalism and pragmatism by promoting radical free-market reforms and embracing rationalism and abstract theories [7](#page=7). ### 1.3 Organic society Conservatives view individuals as dependent and security-seeking creatures who cannot exist outside society and need to belong. They believe individuals are part of social groups like family, friends, and the nation, which provide security and meaning. This view is termed "social conservatism". Freedom is understood not as being "left alone" but as a willing acceptance of social obligations. This implies that acting dutifully, such as children obeying parents, is an act of freedom rooted in recognizing obligations. A society focused only on rights without duties is seen as rootless and atomistic [8](#page=8). #### 1.3.1 The organism metaphor Conservatives traditionally view society as a living organism, where parts (institutions, groups) work together harmoniously, much like organs in a body. Unlike machines, organisms are not easily disassembled and reassembled; their whole is more than the sum of their parts, sustained by a fragile network of relationships. Organisms are shaped by "natural" factors, not just human ingenuity. An organic society is shaped by natural necessity; for example, the family is a product of natural social impulses like love and responsibility, not a contract [8](#page=8). > **Example:** This organic view of the family helps explain why many conservatives oppose same-sex marriage, as they see marriage as a "natural," biological institution primarily for procreation [9](#page=9). #### 1.3.2 Functionalism and resistance to change The "organic metaphor" implies that society's structures and institutions have developed organically and should be preserved. From a functionalist perspective, institutions exist and survive because they contribute to maintaining the social whole. This makes reform or abolition of institutions dangerous [10](#page=10). > **Note:** Neoliberalism has weakened organicist ideas within conservatism, with some libertarians, like Margaret Thatcher, asserting that "There is no such thing as society, only individuals and their families" [10](#page=10). ### 1.4 Hierarchy and authority Conservatives believe society is naturally hierarchical, with fixed social gradations, rejecting social equality as undesirable and unachievable. While liberals accept natural inequality and believe in meritocracy, conservatives see inequality as more deeply rooted and an inevitable feature of organic society. Pre-democratic conservatives like Burke embraced the idea of a "natural aristocracy," where different classes and groups have distinct roles: leaders and followers, managers and workers. Genuine social equality is deemed a myth, replaced by a natural inequality of wealth and position, justified by corresponding social responsibilities. This leads to a paternalistic tendency in traditional conservatism [10](#page=10). #### 1.4.1 The nature of authority Conservatives believe authority develops naturally, arising from the need for guidance and care, particularly for children who do not inherently know what is good for them. Authority is imposed "from above" and cannot arise "from below". It is rooted in social institutions: teachers in schools, employers in workplaces, and government in society. Authority is seen as necessary and beneficial, providing guidance, support, and security, countering rootlessness and anomie [11](#page=11). #### 1.4.2 Leadership and discipline This leads to an emphasis on leadership, which provides direction and inspiration, and discipline, understood as a willing respect for authority. Authoritarian conservatives view authority as absolute, while most believe it should operate within limits defined by natural responsibilities, such as a parent's obligation to nurture their child, not to abuse or sell them [12](#page=12). ### 1.5 Property Property holds significant psychological and social importance for conservatives. While liberals see property as a reflection of merit and earnings, conservatives also recognize its role in providing security and confidence in an uncertain world. Thrift and investment in property are encouraged [12](#page=12). #### 1.5.1 Social advantages of property ownership Property ownership promotes respect for others' property and a stake in society, encouraging support for law and order [12](#page=12). #### 1.5.2 Property as an extension of personality A deeper, personal reason for supporting property ownership is its role as an extension of an individual's personality. Possessions are not just utilitarian but reflect the owner's character. This explains why burglary is particularly distressing, as it violates victims personally. The idea of "socializing" property, as proposed by socialists, is seen as appalling because it threatens a soulless and depersonalized society [12](#page=12). > **Note:** Traditional conservatives, unlike classical liberals or libertarian conservatives, argue that property rights, like all rights, entail obligations [12](#page=12). --- # Types of conservatism This section explores the distinct sub-traditions within conservatism, including libertarian, authoritarian, paternalistic conservatism, and Christian democracy, detailing their unique characteristics and historical evolution. ### 2.1 Libertarian conservatism Libertarian conservatism represents a blend of traditional conservative values with classical liberal economic ideas. It advocates for maximum economic liberty and minimal government intervention in social life. Libertarian conservatives believe that liberal economics aligns with conservative social philosophies emphasizing authority and duty, a view exemplified by Edmund Burke's support for Adam Smith's economic liberalism [13](#page=13). #### 2.1.1 Core tenets of libertarianism Libertarianism prioritizes individual liberty, understood as negative freedom (the absence of external constraints), over other values like authority or tradition. Libertarians aim to maximize individual freedom and minimize public authority, often viewing the state as the primary threat to liberty. Key traditions within libertarianism stem from individual rights theories and laissez-faire economic doctrines. Unlike anarchism, libertarians generally accept the necessity of a minimal state, sometimes referred to as "minarchists" [13](#page=13). #### 2.1.2 Libertarian conservatism and social life While committed to economic individualism and reducing government's economic role, libertarian conservatives are less inclined to extend this principle to all aspects of social life. They often hold a more pessimistic view of human nature, believing a strong state is necessary for maintaining public order and ensuring respect for authority. For some, free-market theories are attractive precisely because they can enforce social order through market mechanisms, acting as a form of social discipline alongside coercion. Market forces can regulate economic and social activity, for instance, by deterring excessive wage demands through the threat of unemployment, thus contributing to social stability [14](#page=14). #### 2.1.3 Neoliberalism and the market Neoliberalism, a significant development within conservatism, champions radical, market-based ideas that challenge Keynesian-welfarist orthodoxy. This ideology, drawing from classical liberalism, advocates for a minimal state, believing the state is a realm of coercion and unfreedom that stifles individual initiative. Neoliberals place faith in the individual and the market, viewing individuals as self-reliant agents making rational choices for their own benefit. The market is seen as a mechanism that aggregates individual choices for collective progress and benefit [14](#page=14) [15](#page=15). > **Tip:** Neoliberalism seeks to establish the dominance of libertarian ideas over paternalistic ones within conservative thought. Key neoliberal policies include privatization, reduced public spending (especially on welfare), tax cuts, and deregulation. This is often associated with "market fundamentalism," an absolute faith in the market's ability to solve all economic and social problems. Influential figures like Ayn Rand, Friedrich von Hayek, and Milton Friedman are central to this thinking. Ayn Rand, for example, morally justified private enterprise and defended "ethical egoism," viewing the pursuit of self-interest and wealth as a quest for excellence [15](#page=15). Friedrich von Hayek argued that complex economies are too difficult for state bureaucrats to manage effectively, emphasizing the market's role as the economy's central nervous system. Hayek and Friedman posited that government actions invariably cause economic problems, not solve them, particularly in the face of 1970s unemployment and inflation. They challenged Keynesian economics, which focused on aggregate demand, with Friedman arguing for a "natural rate of unemployment". Neoliberals believe inflation threatens the market by eroding faith in money and discouraging economic activity. Their solution to inflation involves controlling the money supply through public spending cuts [16](#page=16). Neoliberalism opposes the mixed economy and public ownership, advocating "supply-side economics" which prioritizes creating conditions for producers to foster growth. High taxes are seen as a major impediment to an entrepreneurial, supply-side culture, infringing on property rights and discouraging enterprise, a stance known as "fiscal conservatism" [16](#page=16) [17](#page=17). Neoliberals argue against the welfare state on moral grounds, claiming it creates a "culture of dependency" that saps initiative and dignity. Charles Murray argued that welfare diminishes the need for men to be breadwinners, contributing to family breakdown. Robert Nozick powerfully argued that welfare and redistribution violate property rights, deeming involuntary transfers of property as "legalized theft". This view is underpinned by egoistical individualism, where individuals owe nothing to society and society owes nothing to them [17](#page=17). ### 2.2 Authoritarian conservatism While contemporary conservatives emphasize democratic principles, a tradition within conservatism has favoured authoritarian rule, particularly in continental Europe. Joseph de Maistre, a French thinker, was a staunch defender of autocratic rule, reacting against the French Revolution by advocating for the restoration of absolute monarchy and a supreme spiritual power. His philosophy centered on willing subordination to authority, prioritizing order for safety and security, and viewing revolution or reform as threats to social cohesion [17](#page=17) [18](#page=18). #### 2.2.1 Authoritarianism defined Authoritarianism is characterized by government "from above," where authority is exercised over a population with or without their consent. Unlike legitimate authority, which arises from below, authoritarianism relies on the wisdom of established leaders or the necessity of unquestioning obedience for social order. Authoritarianism is generally distinguished from totalitarianism; it focuses on repressing opposition and political liberty rather than obliterating the distinction between state and civil society [18](#page=18). #### 2.2.2 Historical manifestations of authoritarian conservatism Throughout the nineteenth century, continental European conservatives resisted liberal, nationalist, and socialist movements, upholding autocratic rule. In Russia, Tsar Nicholas I's principles of "orthodoxy, autocracy and nationality" stood in opposition to the French Revolution's ideals. German Chancellor Otto von Bismarck maintained a sham constitutional government. Authoritarianism persisted in Catholic countries, with the papacy facing challenges to its temporal authority and doctrines. In the twentieth century, conservative elites in Italy and Germany supported fascist movements, contributing to the rise of Mussolini and Hitler [18](#page=18). #### 2.2.3 Neoconservatism and social order Neoconservatism, emerging in the USA in the 1970s, reacted against the perceived social fragmentation and permissiveness of the 1960s. Unlike neoliberalism, neoconservatives emphasize politics and seek to strengthen leadership and authority. This focus on authority and societal fragility connects neoconservatism to traditional or organic conservatism, but it differs from paternalistic conservatism by seeking to restore authority and impose social discipline rather than relying on social reform and poverty reduction to maintain community [19](#page=19). > **Tip:** Neoconservatism combines themes of traditional conservatism with an acceptance of economic individualism and qualified free-market support, aiming to restore social order, strengthen family and religious values, and bolster national identity. Neoconservatives are concerned with social order and public morality, viewing rising crime and anti-social behavior as consequences of declining authority since the 1960s. They advocate for stronger social disciplines and authority, seeing the family as a naturally hierarchical and patriarchal authority system. This social authoritarianism is mirrored by a desire for state authoritarianism, reflected in a "tough" stance on law and order, with an emphasis on custodial and longer prison sentences [20](#page=20). Neoconservatism also focuses on reasserting the moral foundations of politics, criticizing the "permissive 1960s" and the "doing your own thing" culture. They perceive two dangers in a permissive society: the choice of immoral views and moral pluralism, which undermines social cohesion by lacking unifying moral standards. A central issue for neoconservatives is the nation and the strengthening of national identity against internal and external threats. Multiculturalism is seen as a threat to nationhood from within, potentially leading to ethnic and racial conflict. External threats include phenomena like European integration, leading to "Euroscepticism," and more recently, right-wing populism [20](#page=20). ### 2.3 Paternalistic conservatism Paternalistic conservatism, originating from Edmund Burke's ideas, embraces change as natural and inevitable, advocating for adaptation rather than resistance. This tradition is characterized by caution, pragmatism, and suspicion of fixed principles. Pragmatic conservatives balance support for the individual and the state based on practical circumstances and experience, often seeking a middle ground. The reforming impulse in conservatism is closely linked to the survival of neo-feudal paternalistic values, exemplified by "One Nation conservatism" [21](#page=21). #### 2.3.1 One Nation conservatism Tracing its roots to Benjamin Disraeli, One Nation conservatism emphasizes social obligation and warns against societal division into "two nations: the Rich and the Poor". Disraeli argued that social inequality could lead to revolution, making reform prudent for the interests of the wealthy. He also appealed to moral values, suggesting that wealth and privilege entail social obligations towards the less well-off, drawing on the organic conservative belief that society is bound by duty and obligation [21](#page=21). > **Example:** Disraeli's ideas led to the Second Reform Act of 1867, extending voting rights to the working class, and social reforms improving housing and hygiene. These ideas, based on the feudal principle of *noblesse oblige*, advocate for the wealthy and powerful to shoulder social responsibility as the price of privilege. In an industrialized world, these obligations are to be expressed through social reform. One Nation conservatism can be seen as a form of "Tory welfarism," aiming to continue Disraeli's policy of social reform to broaden the support base for traditional institutions [21](#page=21) [22](#page=22). #### 2.3.2 Paternalism defined Paternalism involves exercising power or authority over others with the intention of conferring benefit or preventing harm. Social welfare programs and laws like mandatory seatbelt use are examples. "Soft" paternalism operates with broad consent, while "hard" paternalism disregards consent and overlaps with authoritarianism. The justification for paternalism rests on the belief that wisdom and experience are unevenly distributed, and those in authority "know best". Critics argue it restricts liberty and infantilizes society [22](#page=22). #### 2.3.3 The 'middle way' and compassionate conservatism The high point of the One Nation tradition was in the 1950s and 1960s, aligning with social democratic parties in embracing economic management, full employment, and enlarged welfare provision. This stance promoted a "middle way" between laissez-faire liberalism and socialist state planning, balancing individualism and collectivism. Harold Macmillan's concept of "planned capitalism" exemplified this, combining state ownership and regulation with private enterprise [23](#page=23). More recently, "compassionate conservatism," seen in figures like George W. Bush and David Cameron, has echoed these paternalistic ideas, though it may function more as a rhetorical device. Paternalistic conservatism offers a qualified basis for intervention, with the aim of consolidating hierarchy rather than dismantling it, driven partly by a desire to prevent the poor from threatening the established order [23](#page=23). ### 2.4 Christian democracy Christian democracy is a political and ideological movement prominent in Western and Central Europe and Latin America. It is often classified as a doctrinally imprecise form of conservatism or as a distinct ideology. Christian democratic parties emerged after World War II in countries like Germany, Italy, Belgium, and the Netherlands, influencing center-right parties across Europe [23](#page=23). #### 2.4.1 Historical origins and development The ideological roots of Christian democracy predate World War II, stemming from the Catholic Church's engagement with industrialization and liberal capitalism since the French Revolution. The Catholic Church gradually accepted democratic political forms and expressed concern about the threats of unrestrained capitalism. Pope Leo XIII's encyclical *Rerum Novarum* signaled an openness to new thinking, lamenting the working class's material suffering and emphasizing reciprocal duties of labor and capital [24](#page=24). #### 2.4.2 Catholic social theory and integral humanism Christian democratic thinking is often based on Catholic social theory, which contrasts with the individualism associated with the "Protestant ethic". While Protestantism emphasizes individual effort for spiritual salvation and extols hard work and competition, Catholic social theory focuses on the social group and stresses balance and organic harmony. Jacques Maritain, a key figure, developed the concept of "integral humanism," highlighting the role of cooperation in achieving shared goals and suggesting that unrestrained capitalism fails to serve the "common good" [24](#page=24). #### 2.4.3 The social market economy Christian democracy generally criticizes laissez-faire capitalism but does not reject capitalism outright. It advocates for a "third way" between market capitalism and socialism, often termed "social capitalism". This approach draws on economists like Friedrich List, who emphasized the importance of politics and state intervention to protect infant industries. The central concept is the "social market," which aims to combine market competition with social cohesion and solidarity, viewing the market as a means to generate wealth for broader social ends [24](#page=24). --- # Historical overview and evolution of conservatism This section traces the historical development of conservatism, outlining its origins as a reaction to revolutionary change and its adaptation across different national and ideological contexts. ### 3.1 Origins and core principles Conservatism emerged as a distinct political ideology in the early nineteenth century, primarily as a reaction against the transformative forces symbolized by the French Revolution of 1789. While the term "conservative" can colloquially refer to caution or resistance to change, politically it denotes a specific ideology rooted in the desire to conserve. This position is upheld through support for tradition, a belief in human imperfection, and an emphasis on maintaining the organic structure of society [1](#page=1) [2](#page=2). #### 3.1.1 Reaction to the French Revolution The French Revolution challenged absolute monarchical rule and traditional social orders, prompting a conservative response that defended established institutions and values. A foundational text for this ideology is Edmund Burke’s *Reflections on the Revolution in France* which criticized the revolutionary attempt to remake society based on abstract principles like "the universal rights of man". Burke argued that true wisdom is derived from experience, tradition, and history, advocating for a pragmatic approach of "change in order to conserve" [1](#page=1) [2](#page=2). #### 3.1.2 The nineteenth-century context Throughout the nineteenth century, Western states underwent significant transformations due to industrialization, liberalism, socialism, and nationalism. While other ideologies pushed for reform or revolution, conservatism positioned itself as a defender of the traditional social order against these pressures [2](#page=2). ### 3.2 National variations and adaptations Conservative thought has evolved differently across various national and cultural contexts. #### 3.2.1 United Kingdom conservatism In the UK, conservatism has been heavily influenced by Edmund Burke's ideas, emphasizing a prudent willingness to adapt rather than a blind resistance to change. Nineteenth-century British conservatives defended a political and social order that had already seen significant changes, such as the shift away from absolute monarchy following the English Revolution of the seventeenth century [2](#page=2). #### 3.2.2 Continental European conservatism In continental Europe, where autocratic monarchies persisted longer, conservatism often took a more authoritarian form, defending monarchy and rigid values against reformist movements. Following World War II, Christian democratic parties emerged, leading to a greater acceptance of political democracy and social reform among conservatives in countries like Germany and Italy [2](#page=2). #### 3.2.3 United States conservatism American conservatism has historically been less influenced by European conservative thought, with the US political culture being more deeply rooted in liberal and progressive values. Politicians from both major parties traditionally shied away from the "conservative" label. The emergence of a distinctly conservative presidential candidate occurred in 1964 with Barry Goldwater, who opposed the Republican Party's perceived complicity with interventionist policies. This conservative ascendancy within the Republican Party was solidified by Ronald Reagan in the 1980s and further by George W. Bush and Donald Trump, though Trump's conservatism displayed inconsistencies [2](#page=2) [3](#page=3). #### 3.2.4 Conservatism beyond the West Identifying political conservatism outside Europe and North America is more complex, as movements resisting change have not always employed explicitly conservative arguments. However, the Japanese Liberal Democratic Party (LDP), dominant since 1955, is cited as an example, linking business interests with the preservation of traditional Japanese values like loyalty and hierarchy. More recently, forms of conservatism blending strong central authority with mass popular support on issues of nationalism and traditional values have emerged globally, exemplified by leaders such as Narendra Modi in India, Recep Tayyip Erdogan in Turkey, and Jair Bolsonaro in Brazil. This trend is associated with right-wing populism [3](#page=3). ### 3.3 Modern conservatism and the New Right Since the 1970s, modern conservatism has been significantly reshaped by concerns over economic management and the welfare state. #### 3.3.1 Neoliberalism and the New Right The Thatcher governments in the UK (1979–1990) and the Reagan administration in the USA (1981–1989) exemplified a radical, ideological conservatism known as neoliberalism. This strain was part of the broader movement termed the New Right. Neoliberalism draws heavily on free-market economics, leading some commentators to argue its deep influence from classical liberal economics places it outside traditional conservatism [1](#page=1) [3](#page=3). #### 3.3.2 Internal divisions and evolution Neoliberalism challenged traditional conservative economic perspectives but retained a place within conservative ideology by upholding social principles like order, authority, and discipline. The rise of neoliberalism highlighted existing divisions within conservatism between paternalistic state intervention and libertarian free-market commitments. Neoliberalism aimed to boost conservative electoral success by favouring libertarianism [3](#page=3). > **Tip:** Understand that "conservatism" is not a monolithic ideology; it encompasses a spectrum of beliefs and has adapted significantly to different historical and national contexts. > **Example:** The distinction between traditional conservatism, which emphasizes stability and established institutions, and the New Right, which often advocates for a strong but minimal state and free markets, is a key development in understanding conservatism's evolution. --- # The future of conservatism Conservatism's future prospects are shaped by its inherent resilience and adaptability, allowing it to navigate evolving societal changes and potentially embrace diverse future directions, from globalism to nationalism [25](#page=25). ### 4.1 Conservatism's resilience and adaptability Despite an apparent traditionalist inclination that might suggest an outdated ideology, conservatism has demonstrated remarkable resilience and maintained its significance. This longevity is often attributed to its pragmatic approach, which contrasts with more rigidly ideological systems like liberalism and socialism. Conservatism's intellectual modesty allows for flexibility and adaptation to new historical circumstances [25](#page=25). #### 4.1.1 Historical examples of adaptation The history of conservatism is marked by significant ideological reinventions. For instance, the UK Conservative Party (Tory Party) in the nineteenth century shifted from representing landed gentry interests to embracing social welfare in response to industrialization, even becoming more socially progressive than the Liberal Party at the time. Post-World War II, the party swiftly adopted social democratic principles before repudiating them under Margaret Thatcher in the 1980s [25](#page=25). > **Tip:** The ability to adapt to changing social and economic landscapes has been a key factor in conservatism's enduring appeal, allowing it to remain relevant despite its emphasis on tradition. ##### 4.1.1.1 The Thatcher era's impact The neoliberal revolution under Thatcher brought about a radical economic shift in the UK and fostered a more ideological policy-making style. This era may have deeply entrenched free-market principles, potentially limiting future pragmatic adjustments. However, even with this shift, the Conservative government under Boris Johnson in 2020 significantly increased spending and borrowing to stimulate economic recovery during the COVID-19 pandemic, demonstrating a continued capacity for significant intervention in unprecedented circumstances [25](#page=25). #### 4.1.2 Challenges and voter appeal Conservatism has sometimes struggled to attract support from younger voters, women, LGBTQ+ individuals, and ethnic minorities due to difficulties in adapting to evolving social issues like gender equality and minority rights. Nevertheless, its attachment to tradition has not relegated it to the fringes of ideology. In fact, a concern for continuity with the past can be a source of its resilience, as "traditional" values may offer more substance and appeal than fleetingly fashionable ones, particularly in an era of accelerated change [25](#page=25). ### 4.2 Potential future directions of conservatism While conservatism is likely to remain a significant political ideology, its future form is less certain, with two contrasting directions emerging [25](#page=25). #### 4.2.1 Conservatism aligned with globalization One potential future sees conservatism closely aligned with "accelerated" globalization. This version prioritizes economic issues, individualism, and market principles, with libertarian and anti-statist tendencies flourishing at the expense of paternalistic ones. This neoliberal conservatism gained traction in the late twentieth century, as conservative parties often responded more effectively to globalizing trends than their socialist and liberal counterparts, partly due to their lesser adherence to Keynesian-welfarist orthodoxies [25](#page=25) [26](#page=26). #### 4.2.2 Nationalist and protectionist conservatism A second, contrasting future emerged from the early twenty-first century onwards, influenced by the rise of right-wing populism. This form of conservatism is decidedly anti-globalist. It is characterized by its alignment with illiberal nationalism, a strong emphasis on opposing immigration and rejecting multiculturalism, and in some instances, the introduction of economic protectionism [26](#page=26). --- ## Common mistakes to avoid - Review all topics thoroughly before exams - Pay attention to formulas and key definitions - Practice with examples provided in each section - Don't memorize without understanding the underlying concepts

| Term | Definition | |------|------------| | Conservatism | An ideology characterized by a desire to conserve, reflected in resistance to or suspicion of change, upholding tradition, belief in human imperfection, and support for the organic structure of society. | | Tradition | Values, practices, or institutions that have endured through time and been passed down from one generation to the next, often seen as embodying accumulated wisdom and providing a sense of identity and belonging. | | Human imperfection | The belief that human beings are psychologically limited, dependent, security-seeking, and morally imperfect, holding a pessimistic view of human nature that emphasizes inherent selfishness and the need for order and strong law enforcement. | | Organic society | The view that society operates like a living organism, where the whole is more than the sum of its individual parts and is sustained by fragile relationships between these parts, rather than being a construct of rational individuals. | | Hierarchy | A system of ranked social command and obedience where social position is often unconnected with individual ability, reflecting the belief that inequality is an inevitable feature of society with different classes and groups having specific roles. | | Authority | The right to exert influence over others based on an acknowledged obligation to obey, which conservatives believe develops naturally and is necessary for guidance, support, and security, countering rootlessness and anomie. | | Property | The ownership of physical goods or wealth, which conservatives view as providing security, promoting social values like respect for others' property, and as an extension of individual personality, though with attendant social obligations. | | Libertarian conservatism | A strain of conservatism that advocates for maximum economic liberty and minimal government regulation of social life, drawing heavily on classical liberal ideas about the free market. | | Authoritarian conservatism | A tradition within conservatism that favors government from above, with authority exercised over a population, often emphasizing unquestioning obedience and the preservation of order as paramount. | | Paternalistic conservatism | A tradition, particularly strong in Anglo-American conservatism, that believes wealth and privilege come with social obligations and responsibilities, advocating for social reform to improve the conditions of the less well-off and ensure social continuity. | | Christian democracy | A political and ideological movement, prominent in Western and Central Europe, characterized by a commitment to the social market, qualified state intervention, and a blend of conservative and progressive ideas, often emphasizing social cooperation and the common good. | | Neoliberalism | An ideology that restates the case for a minimal state, emphasizing free-market economics, privatization, spending cuts, and deregulation, believing that the economy functions best when left alone by government. | | Neoconservatism | Developments within conservative ideology focused on restoring public order, strengthening traditional values, and bolstering national identity, often advocating for a strong state in the social sphere and a robust foreign policy. | | Social market | An economic system structured by market principles but operating alongside comprehensive welfare provision and effective social services, aiming to marry market competition with social cohesion and solidarity. | | Pragmatism | An approach to politics that emphasizes practical considerations and experience over fixed principles or abstract theories, adapting policies to changing circumstances to conserve core values. | | Anomie | A state of normlessness characterized by a weakening of social values and rules, leading to feelings of isolation, loneliness, and meaninglessness within individuals. | | Functionalism | A theoretical perspective that emphasizes understanding social institutions and practices based on the functions they perform in maintaining the larger social system and its stability. | | Natural aristocracy | The idea that leadership and talent are innate or inbred qualities, rather than acquired through effort or self-advancement, often held by pre-democratic conservatives. | | Privatization | The transfer of state-owned assets from the public to the private sector, reflecting a reduction in the state's responsibilities and an increase in private ownership and control. | | Economic liberalism | A belief that the market is a self-regulating mechanism that naturally leads to general prosperity and opportunities for all, advocating for minimal government interference in economic affairs. | | Fiscal conservatism | A political-economic stance that prioritizes lowering taxes, reducing public spending, and managing government debt, aiming for balanced budgets and fiscal responsibility. | | Euroscepticism | Hostility towards European integration, stemming from the belief that it poses a threat to national sovereignty, national identity, or distinct cultural values. |

# Begrotingsonderhandelingen en de politieke context Dit onderdeel behandelt de recente begrotingsonderhandelingen, de akkoorden die hieruit voortvloeiden, de financiële implicaties voor de overheid, en de politieke reacties van verschillende partijen. ## 1. De recente begrotingsonderhandelingen en het akkoord De recente begrotingsonderhandelingen hebben geleid tot een akkoord dat een einde maakte aan een crisis en het land "op orde" moest brengen. De inhoud van het akkoord is divers, met een reeks van kleinere maatregelen die gezamenlijk een impact hebben. ### 1.1 Financiële implicaties Het akkoord voorziet in een uitgavenplafond van ongeveer 9,2 miljard euro in 2029 en 10 miljard euro in 2030, wat in lijn is met de Europese uitgavennorm. Echter, de 3%-norm voor het overheidstekort wordt niet gehaald. Om de overheidsfinanciën te versterken, wordt meer dan 11% aan nieuwe inkomsten gegenereerd, wat neerkomt op circa 2 miljard euro. Deze maatregelen zijn opgenomen in een "regeerakkoord 2.0" dat beoogt meer stabiliteit en een meerjarenbegroting te garanderen. De aanpak wordt gekarakteriseerd als een "pacificatiedemocratie", waarbij de nadruk ligt op het maken van akkoorden en hervormingen. #### 1.1.1 Inkomsten en besparingen De inspanningen omvatten een combinatie van besparingen en inkomstenverhogingen. Er wordt gesproken van een "klavertje vier" aan besparingen, waaronder de indexsprong die tweemaal werd toegepast, een aanpassing van de energieprijzen en een gerichte verhoging van de btw. Met het oog op de koopkracht zijn er ook aanpassingen gedaan aan het remgeld en de regels voor langdurig zieken. #### 1.1.2 Politieke reacties en strategieën Verschillende partijen hebben gereageerd op het akkoord. De MR werd gezien als een "stoorzender", terwijl Vooruit zich grotendeels achter de inspanningen schaart, ondanks het feit dat ze de "zwarte piet" kregen voor bepaalde impopulaire maatregelen. Frank Vandenbroucke wordt als een spilfiguur gezien in de uitrol van beleidsmaatregelen. Er is een interne uitleg nodig aan de achterban, waarbij wordt benadrukt dat de grootste schouders de zwaarste lasten dragen. > **Tip:** Begrijpen hoe de verschillende politieke partijen reageren op begrotingsakkoorden, inclusief hun motieven en de strategische positionering, is cruciaal voor het analyseren van de politieke dynamiek. ### 1.2 Uitdagingen en losse eindjes Ondanks het bezweren van de crisis, zijn er nog steeds "losse eindjes" en nieuwe problemen aan de horizon. Een belangrijk aandachtspunt is het toekomstige geldtekort, mede door de situatie rond Euroclear. De justitiesector blijft ook een punt van zorg, met een gat van 13 miljard euro. #### 1.2.1 Vakbonden en hun kritiek De vakbonden zijn niet tevreden met de uitkomst van de onderhandelingen. Hoewel er enkele bijsturingen zijn doorgevoerd, zoals de bepaling van "gewerkte tijd" voor pensioenen bij ziekte, blijven er grieven. De verhoging van het remgeld en de aanpassing van de index voor een deel van de werknemers worden als negatief ervaren. De stijgende energieprijzen voeden de onvrede, waardoor er geen reden is om niet langer te staken. > **Tip:** De kritiek van vakbonden op begrotingsmaatregelen focust vaak op koopkracht, sociale zekerheid en de lastenverdeling. Analyseer deze kritiek in het licht van de bredere economische en politieke context. #### 1.2.2 Alternatieven volgens de vakbonden De vakbonden stellen dat er wel degelijk alternatieven zijn voor het voorgestelde beleid. Ze betogen dat er geen uitgavenprobleem is, maar een inkomstenprobleem. Oplossingen die zij aanreiken, zijn onder meer een tax shift, het aanpakken van "lekken" door middel van flexijobs, studentenarbeid en managementvennootschappen, en het beperken van militaire uitgaven en loonsubsidies. ### 1.3 Fraudeopsporing en privacy Er is aandacht voor "money control", met een uitbreiding van de databank van bankrekeningen en een proactieve opsporing van fraude via datamining. Dit roept echter privacyvragen op, mede door het gebrek aan transparantie over de parameters van de datamining. Er ontstaat een spanningsveld tussen de Europese vereisten en de proactieve aanpak van de Belgische regering. #### 1.3.1 Politieke perceptie en campagnes De politieke discussie rond de begrotingsonderhandelingen wordt ook gekenmerkt door strategische positionering. De N-VA ervaart de situatie als lastig, terwijl Vooruit het als een "trofee" ziet omdat regeren nu eenmaal compromissen vereist. De Open VLD wordt ook in beeld gebracht, met politieke reacties die variëren van uitspraken over schulden tot de suggestie van een shutdown in Brussel. > **Example:** De discussie over de begrotingsonderhandelingen wordt in de media vaak verpakt in termen die de politieke context benadrukken, zoals "crisis bezworen" of "losse eindjes". Het is belangrijk om de feitelijke financiële en beleidsmatige implicaties te onderscheiden van de politieke retoriek. ### 1.4 De Senaat en politieke hervormingen De discussie rond het nut en de rol van de Senaat is ook relevant in deze context. Er is onenigheid over de procedure voor het aanpassen van artikel 195 van de grondwet, dat herzieningen mogelijk maakt. Een struikelblok is de participatie van de deelstaten. Het idee om eerst de Senaat af te schaffen om vertraging te voorkomen, wordt ook geopperd. De motieven voor deze hervormingen reiken van financiële besparingen op partijfinanciering tot symbolische besparingen op de politiek zelf. ## 2. De bredere politieke context: democratische modellen en vertegenwoordiging Hoewel de specifieke begrotingsonderhandelingen de focus zijn, is het belangrijk om deze te plaatsen binnen de bredere context van democratische modellen en de uitdagingen van vertegenwoordiging. ### 2.1 Democratische modellen Verschillende democratische modellen worden besproken, waaronder de liberale parlementaire democratie, die gekenmerkt wordt door rechten en vrijheden, een democratisch kiessysteem, scheiding der machten, politiek pluralisme, rule of law en transparantie. Daarnaast is er de consociationele democratie, ook wel pacificatiedemocratie genoemd, die gebaseerd is op consensusvorming in gesegmenteerde samenlevingen door middel van samenwerkende elites en geheime afspraken. ### 2.2 Vertegenwoordiging en de kloof met de burger Een centraal thema is de problematiek van politieke vertegenwoordiging, waarbij de kloof tussen burger en politiek, afnemende verkiezingsdeelname, en wantrouwen in politieke instellingen belangrijke aandachtspunten zijn. Verschillende modellen van vertegenwoordiging worden geanalyseerd, zoals het delegate-model (politici als uitvoerders van verkiezingsbeloften) en het trustee-model (politici die handelen op basis van eigen inzichten en het algemeen belang). In de praktijk is er vaak sprake van een combinatie van deze modellen, met een partijmandaat als dominante factor. De noodzaak voor hervormingen om de democratie te versterken en de burger meer inspraak te geven, is een terugkerend thema. --- # Democratie: definities, criteria en vormen Dit deelonderwerp duikt in de veelzijdige definities en concepten van democratie, verkent de criteria en voorwaarden die eraan verbonden zijn, en presenteert verschillende vormen zoals liberale parlementaire, deliberatieve en consociatieve democratie. ### 2.1 Waarom democratie? De noodzaak voor overheid, maar tegelijkertijd het voorkomen van tirannie, vormt de kern van de democratische gedachte. James Mill stelde dat democratie de manier is om de belangen van de overheid en het volk te laten samenvallen. ### 2.2 Wat is democratie? De term 'democratie' is afgeleid van het Griekse 'demos' (volk) en 'kratei' (heersen), wat duidt op heerschappij door het volk. Er bestaat echter geen algemeen aanvaarde definitie, wat de operationalisering ervan complex maakt. * **Universeel ideaal:** Democratie wordt vaak gezien als een universeel ideaal, hoewel de praktijk (zoals in Noord-Korea) daarvan kan afwijken. * **Beeld van democratie:** De term kan een 'hoera-woord' zijn, maar de inhoudelijke invulling is cruciaal. * **Historische perspectieven:** * **Aristoteles** onderscheidde zes vormen van bestuur en plaatste democratie (met de nadruk op de middenklasse, *politeia*) als een van de betere vormen. * **Plato** zag democratie als de heerschappij van het gepeupel (*ochlocratie*), een schrikbewind van de massa. * **Winston Churchill** vatte de essentie samen met de bekende uitspraak: "It has been said that democracy is the worst form of government except all the others that have been tried." * **Alexis de Tocqueville** waarschuwde voor de 'tirannie van de meerderheid', waarbij de rechten van minderheden onder druk komen te staan. * **Hedendaagse kritiek:** * **Jason Brennan** betoogt dat democratie de beslissingen van onwetenden bevoordeelt (*epistocratie* of 'capacitair stemrecht' wordt voorgesteld als alternatief). * De gedachte is dat democratie nooit 'af' is en voortdurend kritische reflectie vereist. * **Vormen van democratie:** * **Directe democratie:** Zoals in het oude Athene, waar burgers rechtstreeks deelnamen aan besluitvorming. Schaalvergroting leidde tot indirecte vormen. * **Representatieve democratie:** De huidige dominante vorm, waarbij burgers vertegenwoordigers kiezen. * **Deliberatieve democratie:** Legt de nadruk op discussie en overleg als essentieel onderdeel van besluitvorming. * **Consociatieve democratie (pacificatiedemocratie):** Een vorm die zich richt op consensusvorming in gesegmenteerde samenlevingen. Democratie wordt vaak geassocieerd met conflict, niet louter met procedures. Volgens Schattschneider is het essentieel dat politieke partijen verschillen. ### 2.3 Criteria en voorwaarden van democratie Naast formele regels zijn er bijzondere voorwaarden voor een functionerende democratie: * **Sociaal kapitaal:** * **Alexis de Tocqueville** zag in het verenigingsleven een essentiële component van democratie. * **Robert Putnam** benadrukte in 'Making Democracy Work' het belang van sociaal kapitaal voor effectief bestuur, met name in Italië. Zijn werk 'Bowling Alone' signaleert een achteruitgang van sociaal kapitaal in de VS. * Sociaal kapitaal omvat maatschappelijke hulpbronnen zoals **vertrouwen** en **wederkerigheid**, die leiden tot minder controle en regulering door de overheid. * Elchardus identificeert een nieuwe breuklijn tussen 'participanten' en 'niet-participanten'. * **Economische ontwikkeling:** Een zekere spreiding van welvaart wordt vaak als bevorderlijk voor democratie beschouwd. * **Politieke cultuur:** * **Almond & Verba's 'Civic Culture'** analyseert de rol van politieke cultuur, waarbij vertrouwen en actieve deelname essentieel zijn. ### 2.4 Democratie versus niet-democratieën Het onderscheid tussen democratische en niet-democratische staatsvormen is cruciaal. * **Niet-democratieën:** * **Dictatoriale/autoritaire regimes:** Gekenmerkt door één leider of een beperkte groep aan de macht, zonder vrije verkiezingen. * **Totalitaire systemen:** Een verregaandere vorm, die alle aspecten van het publieke en private leven doordringt, vaak met gebruik van terreur en controle over communicatiemiddelen. * **Liberale democratie:** Combineert democratische principes met de bescherming van individuele rechten en vrijheden. ### 2.5 Bestanddelen van democratie Volgens het Gettysburg Address kan democratie worden omschreven als "government of the people, by the people, for the people." * **Bestuur van het volk (of the people):** Het volk is de soeverein. De vraag is wie tot 'het volk' behoort, aangezien historische definities de groep beperkten (bv. op basis van rijkdom, geslacht, leeftijd, nationaliteit). De recente uitbreiding tot een bredere groep van burgers is een belangrijke evolutie. * **Hoe (by the people):** * **Directe democratie:** Via volksvergaderingen of referenda. Er is een onderscheid tussen raadgevende en bindende referenda. Zwitserland en Italië kennen veel referenda. De verhouding met de traditionele politiek is soms complex. > **Tip:** Referenda kunnen het draagvlak vergroten en de burger meer inspraak geven, maar worden ook bekritiseerd om hun binaire aard, traagheid, en potentieel voor instrumentalisering of het in gevaar brengen van stabiliteit. * **Indirecte (representatieve) democratie:** Via verkiezingen van vertegenwoordigers. Voordelen zijn de praktische haalbaarheid en het inzetten van 'best and brightest'. Nadelen zijn de principaal-agentverhouding, waarbij vertegenwoordigers eigenbelang zouden kunnen nastreven of een kennismonopolie hebben, terwijl de 'principaal' meervoudig is en beperkte controle heeft. België is primair een representatieve democratie met minimale directe democratische elementen. * **In het algemeen belang (for the people):** De uitdaging ligt in het definiëren van 'het algemeen belang', wat zelden eenduidig is en vaak het resultaat van politiek debat. ### 2.6 Liberale parlementaire democratie Dit is de dominante Westerse interpretatie van democratie, gekenmerkt door twee basiselementen: 1. **Besluitvorming door iedereen (gelijkheid):** Dit principe wordt gerealiseerd via een democratisch kiessysteem. 2. **Rechten en vrijheden:** Bescherming van fundamentele rechten en vrijheden is cruciaal. **Kenmerken:** * **Rechten en vrijheden:** Vrijheid van pers, vereniging, etc. * **Democratisch kiessysteem:** Vrije verkiezingen waarbij burgers vertegenwoordigers kiezen. De vertegenwoordiger (agent) wordt geacht de belangen van het volk (principaal) te behartigen. * **Meerderheidsbeginsel:** Cruciaal voor besluitvorming, maar met grenzen om de tirannie van de meerderheid te voorkomen (bv. alarmbelprocedure). * **Loting vs. verkiezingen:** Loting (zoals voorgesteld door Van Reybrouck) als alternatief voor of aanvulling op verkiezingen (Manin), die gebaseerd zijn op instemming. * **Scheiding der machten:** Onderscheid tussen wetgevende, uitvoerende en rechterlijke macht, met 'checks and balances' om machtsmisbruik te voorkomen. * **Politiek pluralisme:** Het bestaan van meerdere partijen en ideeën is essentieel; conflict is democratisch. * **Rule of law:** Iedereen, inclusief de overheid, is gebonden aan de wet. * **Transparantie:** Verantwoording van bestuurders over hun handelen. ### 2.7 Deliberatieve democratie Dit model legt een sterke nadruk op de **deliberatieve wending** (*deliberative turn*), waarbij discussie en overleg centraal staan om de kloof tussen burger en politiek te dichten. Het is een aanvulling op, of alternatief voor de traditionele representatieve democratie. **Kenmerken:** * **Proces:** Talk-centric, gericht op argumentatie en rationaliteit. * **Doel:** Streven naar het algemeen belang. * **Principes:** Gelijkwaardigheid (vaak via random selectie), passief stemrecht. * **Product:** Kan leiden tot akkoorden. Vergeleken met **representatieve democratie**, die meer vote-centric is, gebaseerd is op meerderheidslogica en particuliere belangen, en formele posities gebruikt. > **Tip:** Hoewel populair, is de empirische werking van deliberatieve democratie nog onderwerp van onderzoek, met vragen over de effectiviteit en de kans op polarisatie. ### 2.8 Pacificatiedemocratie (consociatieve democratie) Dit model, ontwikkeld door Arend Lijphart, is van toepassing op gesegmenteerde samenlevingen, zoals België. Het wijkt af van het pure meerderheidsbeginsel en streeft naar consensus. **Kernkenmerken:** 1. **Gesegmenteerde samenleving:** De samenleving is verdeeld in subculturen (zuilen) met eigen breuklijnen. Stabiliteit wordt nagestreefd door gesegmenteerde autonomie (bv. in onderwijs, federalisme). 2. **Elite in contact:** Leiders van de verschillende segmenten werken samen om compromissen te sluiten en conflicten te neutraliseren. Kenmerken van deze elites zijn samenwerking, proportionaliteit, en vaak grote coalities met geheimhouding en package deals. 3. **Politieke passiviteit achterban:** De consensus die door de elites wordt bereikt, wordt vaak opgedrongen aan de achterban, wat kan leiden tot passiviteit. **Uitdagingen:** De pacificatiedemocratie werkt mogelijk minder goed in hedendaagse, meer dynamische en heterogene samenlevingen, met volatiliteit onder de achterban en langere regeringsformaties. De 'pacificatiedromen' over samenwerkende elites en discretie blijven echter bestaan. ### 2.9 Modellen en vormen van vertegenwoordiging Vertegenwoordiging is een centraal concept binnen de representatieve democratie. Het gaat om het 'afwezige aanwezig stellen' van burgers. * **Essentie:** Het functioneren als brugfunctie of tussenpersoon. * **Dimensies van vertegenwoordiging (Pitkin):** * **Afspraak (Authorisation):** Vertegenwoordigers worden gemachtigd door de gerepresenteerden, vaak via verkiezingen. Dit omvat autorisatie (macht aan MP) en accountability (MP ter verantwoording). * **Gelijkenis (Resemblance/Descriptive Representation):** De vertegenwoordiger lijkt op de gerepresenteerde (bv. qua gender, sociale klasse, etnische achtergrond). Het parlement zou een microkosmos moeten zijn. > **Tip:** Hoewel gelijkenis kan leiden tot meer acceptatie van beslissingen, is het geen automatisme en kan het druisen tegen principes van gelijkheid of vrijheid als er quota worden ingesteld. * **Handelingen (Substantive Representation/Acting for):** De vertegenwoordiger behartigt de belangen van de gerepresenteerden. Dit wordt vaak gezien als de belangrijkste dimensie, waarbij het gaat om 'acting for' in plaats van 'standing for'. **Modellen van vertegenwoordiging:** * **Delegate-model:** De vertegenwoordiger handelt als een 'megafoon' die de directe instructies van de kiezers uitvoert. * **Trustee-model:** De vertegenwoordiger gebruikt eigen inzichten om het algemeen belang te dienen, zonder strikte instructies. * **Mandate model:** Een combinatie, waarbij een partijprogramma (het mandaat) leidend is, maar rekening gehouden moet worden met coalities en partijcohesie. In de praktijk zijn dit vaak ideaaltypes, en de realiteit kent combinaties. De representatieve democratie staat onder druk door de kloof tussen burger en politiek, wat leidt tot oproepen voor hervormingen. --- # Vertegenwoordiging in de democratie Dit onderdeel van de cursus behandelt de verschillende modellen en vormen van politieke vertegenwoordiging, de uitdagingen van de kloof tussen burger en politiek, en de discussie over hoe vertegenwoordigers hun kiezers het beste dienen. ## 3. Vertegenwoordiging in de democratie Politieke vertegenwoordiging is een fundamenteel concept binnen de democratie, dat de manier bepaalt waarop burgers worden bestuurd op een relatief democratische wijze. Het fungeert als een cruciale brugfunctie tussen de burger (de principaal) en de politicus (de agent). ### 3.1 De kloof tussen burger en politiek Een significant probleem binnen hedendaagse democratieën is de groeiende kloof tussen burgers en de politieke instellingen. Dit uit zich op verschillende manieren: * **Afname van verkiezingsdeelname:** Een dalende opkomst bij verkiezingen duidt op een verminderde betrokkenheid van burgers. * **Wantrouwen in politieke instellingen:** Burgers tonen steeds minder vertrouwen in de politieke besluitvormers en processen. * **Dalende ledencijfers van politieke partijen:** Politieke partijen zien hun ledenaantallen slinken, wat kan leiden tot 'party dealignment', waarbij kiezers zich minder sterk identificeren met specifieke partijen. Deze fenomenen duiden op een crisis in de representatieve democratie, die gepaard gaat met een groeiende vraag naar meer inspraak van burgers. ### 3.2 Modellen en vormen van vertegenwoordiging Er zijn diverse modellen en dimensies van politieke vertegenwoordiging, die elk een andere nadruk leggen op de relatie tussen vertegenwoordiger en kiezer. De essentie van politieke vertegenwoordiging is het "afwezige aanwezig stellen", waarbij de vertegenwoordiger de afwezige burger vertegenwoordigt. #### 3.2.1 Dimensies van vertegenwoordiging (Pitkin) Rondom politieke vertegenwoordiging kunnen vier dimensies worden onderscheiden, vaak geanalyseerd aan de hand van de ideeën van Hanna Pitkin: 1. **Representatie als formele structuur (formele vertegenwoordiging):** * Hierbij staat het proces centraal. De legitimiteit van de vertegenwoordiging vloeit voort uit de correctheid van de formele procedures, ongeacht wie er precies vertegenwoordigd wordt. * **Autorisatie:** Het machtsmandaat wordt formeel toegekend aan de vertegenwoordiger (bijvoorbeeld via verkiezingen). * **Accountability:** De vertegenwoordiger moet verantwoording afleggen voor zijn of haar handelen. 2. **Descriptieve vertegenwoordiging (gelijkenis):** * Dit model benadrukt de gelijkenis tussen de vertegenwoordiger en de vertegenwoordigde. Het gaat hierbij om gedeelde kenmerken zoals geslacht, sociale klasse, etnische achtergrond, etc. * Het ideaal is dat het parlement een microkosmos van de samenleving vormt. * **Kritiek en nuance:** Hoewel er een wens is voor een diverse vertegenwoordiging (bv. door quota voor vrouwen of minderheden), rijzen er ethische en praktische bezwaren. Critici wijzen op het potentieel voor discriminatie, het ondermijnen van het gelijkheidsprincipe, en de vraag of gelijkenis automatisch leidt tot betere vertegenwoordiging. Onderzoek suggereert echter dat mensen beslissingen vaker accepteren wanneer deze genomen worden door mensen die op hen lijken. * **Voorbeeld:** De discussie rondom quota voor vrouwen of kandidaten met een migratieachtergrond op kieslijsten. 3. **Substantiële vertegenwoordiging (handelingen):** * Dit model focust op wat de vertegenwoordiger *doet*. Het gaat erom dat de vertegenwoordiger de belangen van de kiezers effectief verdedigt en behartigt ('acting for' in plaats van 'standing for'). * Dit wordt soms onderverdeeld in de 'politics of presence' (nadruk op identiteit en achtergrond) en de 'politics of ideas' (nadruk op beleidsvoorstellen en ideologie). * Onderzoek heeft aangetoond dat vertegenwoordigers met een migratieachtergrond bijvoorbeeld vaker vragen stellen over de problemen en rechten van etnische minderheden. 4. **Vertegenwoordiging als afspraak (mandate):** * Dit model gaat uit van een contractuele relatie tussen kiezer en vertegenwoordiger. De vertegenwoordiger handelt op basis van duidelijke instructies of een mandaat van de kiezer. #### 3.2.2 Modellen van vertegenwoordiging Binnen de substantiële vertegenwoordiging zijn er verschillende modellen te onderscheiden: * **Delegate-model:** * De vertegenwoordiger treedt op als een 'megafoon' of 'handpop' van de kiezers. De vertegenwoordiger voert strikt de verkiezingsbeloften en de specifieke belangen van de kiezers uit. * **Nadeel:** Dit model kan conflicten genereren wanneer een vertegenwoordiger compromissen moet sluiten die indruisen tegen de specifieke instructies. * **Trustee-model:** * De vertegenwoordiger gebruikt zijn of haar eigen inzichten en oordeel om te beslissen wat in het algemeen belang is, ook al wijkt dit af van de directe wensen van de kiezers. Edmund Burke is een sleutelfiguur die dit model verdedigde. * **Voordeel:** Dit model kan leiden tot beleid dat beter is voor de lange termijn en het algemeen belang dient. * **Gevaar:** Dit model kan ook leiden tot een vorm van elitair bestuur of het dienen van eigen belangen in plaats van die van de kiezer. * **Mandate-model (combinatie):** * In de praktijk zien we vaak een combinatie van de delegate- en trustee-modellen, vaak geïntegreerd in het partijprogramma. De vertegenwoordiger wordt geacht het verkiezingsprogramma van zijn partij uit te voeren, wat een mandaat van de kiezer inhoudt. * **Uitdagingen:** De uitvoering van dit mandaat wordt bemoeilijkt door de noodzaak van coalitievorming, waarbij partijprogramma's vaak moeten worden aangepast. ### 3.3 Uitdagingen voor vertegenwoordiging * **Particratie:** De macht van politieke partijen (particratie) beperkt de vrijheid van zowel de kiezer als de vertegenwoordiger. * **Onduidelijkheid over het algemeen belang:** Het bepalen van het 'algemeen belang' is zelden neutraal en vaak een kwestie van politieke keuze en debat. * **Verkiezingen versus loting:** Terwijl verkiezingen de vertegenwoordigers aanwijzen, wordt ook loting als een alternatieve of aanvullende methode van selectie besproken (bv. door David Van Reybrouck), die de nadruk legt op de gelijkheid van burgers. ### 3.4 Vertegenwoordiging en democratische idealen Verschillende democratische modellen bieden perspectieven op vertegenwoordiging: * **Liberale parlementaire democratie:** Benadrukt zowel besluitvorming door de meerderheid als de bescherming van individuele rechten en vrijheden. * **Consociational democracy (pacificatiedemocratie):** Dit model, gepropageerd door Arend Lijphart, is van toepassing op sterk gesegmenteerde samenlevingen. Het streeft naar consensusvorming tussen elites uit verschillende gemeenschappen, met kenmerken als grote coalities, veto's, gesegmenteerde autonomie en politieke passiviteit van de achterban. De effectiviteit van dit model staat echter onder druk door toenemende heterogeniteit en volatiliteit. * **Deliberatieve democratie:** Dit model pleit voor een actievere rol van burgers door middel van discussie en argumentatie, met als doel de kloof tussen burger en politiek te dichten. Het combineert elementen van de representatieve democratie met burgerparticipatie. * **Directe democratie:** Omvat mechanismen zoals referenda, waarbij burgers rechtstreeks beslissingen nemen. Hoewel het de betrokkenheid van burgers kan vergroten, brengt het ook uitdagingen met zich mee zoals de mogelijkheid van instrumentalisering en potentiële instabiliteit. Uiteindelijk blijven de modellen van vertegenwoordiging ideaaltypes, en in de praktijk zien we vaak een complexe combinatie van deze verschillende benaderingen. --- ## Veelgemaakte fouten om te vermijden - Bestudeer alle onderwerpen grondig voor examens - Let op formules en belangrijke definities - Oefen met de voorbeelden in elke sectie - Memoriseer niet zonder de onderliggende concepten te begrijpen

| Term | Definition | |------|------------| | Begrotingsonderhandelingen | Het proces waarbij de overheid haar uitgaven en inkomsten voor een bepaalde periode vaststelt, waarbij verschillende politieke partijen onderhandelen over de financiële prioriteiten en limieten. | | Uitgavennorm EU | Een door de Europese Unie vastgestelde limiet op de overheidsuitgaven van lidstaten, bedoeld om de begrotingsdiscipline te waarborgen en inflatie tegen te gaan. | | Meerjarenbegroting | Een financiële planning die de verwachte inkomsten en uitgaven van een overheid of organisatie over meerdere jaren in kaart brengt, wat zorgt voor meer stabiliteit en lange-termijnvisie. | | Partijfinanciering | De wijze waarop politieke partijen hun activiteiten financieren, inclusief de regels en grenzen voor donaties, subsidies en andere geldstromen. | | Indexsprong | Een eenmalige aanpassing van lonen en uitkeringen die bedoeld is om de koopkracht te beschermen tegen inflatie, waarbij de indexatie tijdelijk wordt bevroren of aangepast. | | Koopkracht | De mate waarin burgers met hun inkomen goederen en diensten kunnen aanschaffen; een stijgende koopkracht betekent dat men meer kan kopen met hetzelfde inkomen. | | Remgeld | Het deel van de kosten voor medische diensten dat door de patiënt zelf moet worden betaald, nadat de ziekteverzekering een deel heeft terugbetaald. | | Index | Een statistische maatstaf die de gemiddelde verandering in prijzen van een mandje goederen en diensten meet, gebruikt om inflatie te berekenen en lonen/uitkeringen aan te passen. | | Taxshift | Een verschuiving in de belastingdruk, bijvoorbeeld van arbeid naar consumptie of vermogen, met als doel economische activiteit te stimuleren en de concurrentiekracht te vergroten. | | Flexijobs | Arbeidscontracten die flexibiliteit bieden voor zowel werknemers als werkgevers, vaak met aangepaste regels voor werkuren en belastingen, om de werkgelegenheid te bevorderen. | | Managementvennootschappen | Bedrijven die diensten verlenen aan andere bedrijven, vaak op het gebied van management, consultancy of financieel advies. | | Datamining | Het proces van het analyseren van grote datasets om patronen, trends en verbanden te ontdekken die anders onopgemerkt zouden blijven, vaak gebruikt voor fraudeopsporing of marketing. | | Cordon sanitaire | Een politieke strategie om een bepaalde politieke partij of beweging te isoleren en uit te sluiten van deelname aan coalities of het bestuur, vanwege ideologische of principiële bezwaren. | | Democratie | Een bestuursvorm waarbij de macht bij het volk berust, direct of indirect via gekozen vertegenwoordigers, en waarbij fundamentele rechten en vrijheden van burgers worden gewaarborgd. | | Empirische omschrijvingen | Beschrijvingen gebaseerd op waarneming en ervaring, in tegenstelling tot theoretische of ideale omschrijvingen; in de politiek verwijst dit naar hoe democratieën feitelijk functioneren. | | Democratische paradox | Een situatie waarin democratische principes tot tegenstrijdige uitkomsten leiden, of waarin democratische procedures de democratie zelf ondermijnen. | | Volksdemocratie | Een term die historisch gebruikt werd om socialistische staten aan te duiden, vaak met een centraal geleide economie en een eenpartijstelsel, die zichzelf als democratischer presenteerden dan westerse liberale democratieën. | | Meerderheidsbeginsel | Het principe dat beslissingen worden genomen op basis van de stemmen van de meerderheid van de deelnemers of kiezers. | | Vertegenwoordiging | Het proces waarbij individuen of groepen worden vertegenwoordigd door anderen in politieke instellingen, met het oog op het behartigen van hun belangen en het nemen van beslissingen. | | Symbolische vertegenwoordiging | Het vertegenwoordigen van een groep of identiteit op een symbolische manier, zelfs zonder directe formele macht, om zichtbaarheid en erkenning te creëren. | | Resemblance-model | Een model van vertegenwoordiging waarbij de vertegenwoordiger lijkt op de vertegenwoordigden in termen van kenmerken zoals gender, etniciteit, sociale klasse, etc. | | Creatieve vertegenwoordiging | Een benadering van vertegenwoordiging die verder gaat dan traditionele modellen en nieuwe manieren zoekt om burgers te betrekken en hun belangen te behartigen. | | Vertegenwoordiging van bovenaf of van onderuit | Een onderscheid in de aard van vertegenwoordiging: van bovenaf impliceert een top-down benadering door de elite, terwijl van onderuit verwijst naar vertegenwoordiging die voortkomt uit de burgerij. | | Controle vooraf of achteraf | Twee vormen van toezicht op vertegenwoordigers: vooraf (preventief) en achteraf (evaluatief), om hun handelen te sturen en te beoordelen. | | Democratische paradox | Een situatie waarin democratische processen leiden tot resultaten die de democratische idealen tegenspreken, zoals de tirannie van de meerderheid of de ineffectiviteit van besluitvorming. | | Procedurele democratie | Een vorm van democratie die zich richt op de correcte uitvoering van procedures, zoals vrije en eerlijke verkiezingen, en de bescherming van burgerrechten. | | Substantiële democratie | Een vorm van democratie die zich naast procedures ook richt op de uitkomst en de inhoud van beleid, en streeft naar gelijkheid, sociale rechtvaardigheid en welzijn voor alle burgers. | | Demos + kratei | De Griekse etymologie van democratie, "demos" (volk) en "kratein" (heersen), wat letterlijk "heerschappij van het volk" betekent. | | Ochlocratie | De heerschappij van de massa of de menigte, vaak gebruikt om een negatief beeld van democratie te schetsen als een vorm van volksgevaar of chaotisch bestuur. | | Epistocratie | Een politiek systeem waarin de macht is geconcentreerd bij diegenen die beschikken over speciale kennis of expertise, vaak als kritiek op de stemrecht van onwetende burgers. | | Directe democratie | Een vorm van democratie waarbij burgers rechtstreeks beslissingen nemen via referenda of volksvergaderingen, zonder tussenkomst van vertegenwoordigers. | | Indirecte democratie | Een vorm van democratie waarbij burgers hun vertegenwoordigers kiezen om namens hen beslissingen te nemen in politieke instellingen. | | Deliberatieve democratie | Een model van democratie dat de nadruk legt op rationele discussie en overleg tussen burgers en vertegenwoordigers om tot weloverwogen besluiten te komen. | | Sociaal kapitaal | De netwerken, normen en waarden die samenwerking tussen mensen binnen een samenleving mogelijk maken en versterken, wat bijdraagt aan vertrouwen en wederkerigheid. | | Civic culture | Een politieke cultuur die gekenmerkt wordt door actieve participatie, vertrouwen in instellingen en medeburgers, en een bereidheid tot compromis, essentieel voor een stabiele democratie. | | Verenigingsleven | De activiteit en participatie van burgers in diverse organisaties, clubs en verenigingen, wat bijdraagt aan sociaal kapitaal en democratische betrokkenheid. | | Liberale parlementaire democratie | Een bestuursvorm die liberale vrijheden combineert met een parlementair systeem van vertegenwoordiging, gekenmerkt door scheiding der machten, rechtsstaat en politiek pluralisme. | | Rechten & vrijheden | Fundamentele rechten en vrijheden die burgers toebehoren, zoals de vrijheid van meningsuiting, vereniging, en het recht om deel te nemen aan verkiezingen. | | Democratisch kiessysteem | Een systeem van verkiezingen dat eerlijk, vrij en representatief is, waarbij burgers hun vertegenwoordigers kunnen kiezen en afzetten. | | Scheiding der machten | Het principe dat de staatsmacht is verdeeld over verschillende onafhankelijke organen (wetgevende, uitvoerende en rechterlijke macht) om machtsmisbruik te voorkomen. | | Politiek pluralisme | De erkenning en bescherming van een diversiteit aan politieke opvattingen, partijen en belangengroepen binnen een samenleving, wat essentieel is voor een levendige democratie. | | Rule of law | Het principe dat iedereen, inclusief de overheid, gebonden is aan de wet, en dat wetten eerlijk en transparant worden toegepast. | | Transparantie | De mate waarin overheidsbeslissingen en -processen openbaar en inzichtelijk zijn voor burgers, wat bijdraagt aan verantwoording en vertrouwen. | | Verantwoording | De plicht van vertegenwoordigers en overheidsinstellingen om rekenschap af te leggen voor hun beslissingen en acties aan het volk of de daartoe bevoegde organen. | | Niet-democratieën | Bestuursvormen die niet voldoen aan de principes van democratie, zoals dictaturen, autoritaire regimes en totalitaire systemen. | | Dictatuur | Een regeringsvorm waarin één persoon of een kleine groep absolute macht bezit, zonder significante controle of oppositie van het volk. | | Autoritaire regimes | Systemen die de politieke vrijheid beperken en de macht centraliseren, maar mogelijk enige ruimte laten voor economische en sociale activiteit. | | Totalitaire systemen | Regimes die alle aspecten van het publieke en private leven controleren, vaak door middel van ideologie, propaganda en terreur. | | Bestanddelen van democratie | De kerncomponenten die een democratie vormen, zoals volkssoevereiniteit, vertegenwoordiging, en de bescherming van rechten. | | Volkssoevereiniteit | Het principe dat alle politieke macht uiteindelijk bij het volk berust en dat de overheid haar legitimiteit ontleent aan de wil van het volk. | | Referendum | Een volksstemming over een specifieke kwestie, die raadgevend of bindend kan zijn, en burgers directe inspraak geeft. | | Principaal-agent verhouding | Een relatie waarin een principaal (de vertegenwoordigde) een agent (de vertegenwoordiger) macht en autoriteit delegeert om namens hem of haar te handelen. | | Burgerinitiatief | Een mechanisme waarbij burgers zelf wetsvoorstellen kunnen indienen of referenda kunnen aanvragen, wat de directe participatie vergroot. | | Algemeen belang | Het welzijn en de voordelen die ten goede komen aan de gehele samenleving of een grote groep daarbinnen, in plaats van aan specifieke individuen of groepen. | | Deliberatieve democratie | Zie boven, nadruk op discussie en overleg. | | Pacificatiedemocratie (Consociational democracy) | Een vorm van democratie die geschikt is voor sterk gesegmenteerde samenlevingen, gekenmerkt door consensusvorming, coalities van elites en bescherming van minderheidsgroepen. | | Gesegmenteerde samenleving | Een samenleving die is opgedeeld in verschillende groepen (zuilen) op basis van religie, taal, ideologie of andere breuklijnen, met een hoge mate van autonomie voor deze groepen. | | Elite in contact | Het principe in pacificatiedemocratieën waarbij de leiders van de verschillende groepen samenwerken en compromissen sluiten om conflicten te vermijden en stabiliteit te bewaren. | | Vetos | Het recht dat bepaalde groepen of individuen hebben om beslissingen te blokkeren die als schadelijk voor hun belangen worden beschouwd. | | Grote coalities | Coalitieregeringen die de belangrijkste politieke partijen omvatten, vaak in landen met een gesegmenteerde samenleving, om consensus en stabiliteit te bevorderen. | | Package deals | Onderhandelde overeenkomsten waarbij meerdere politieke kwesties aan elkaar worden gekoppeld om een algeheel akkoord te bereiken. | | Modellen van vertegenwoordiging | Verschillende theoretische benaderingen van hoe vertegenwoordigers hun kiezers representeren, zoals het delegate-model, het trustee-model en het mandate-model. | | Delegate-model | Een model van vertegenwoordiging waarbij de vertegenwoordiger strikt de instructies van zijn kiezers volgt, als een "megafoon" voor hun wil. | | Trustee-model | Een model van vertegenwoordiging waarbij de vertegenwoordiger zijn eigen oordeel gebruikt om het algemeen belang te dienen, ook als dit afwijkt van de directe wensen van zijn kiezers. | | Mandate-model | Een model van vertegenwoordiging dat een combinatie is van het delegate- en trustee-model, waarbij de politicus een mandaat heeft via het partijprogramma, maar ook enige autonomie behoudt. | | Descriptieve vertegenwoordiging | Het principe dat de vertegenwoordigers de demografische kenmerken van de bevolking weerspiegelen (bv. qua gender, etniciteit, leeftijd). | | Substantiële vertegenwoordiging | Het principe dat de vertegenwoordigers de belangen en ideeën van hun kiezers behartigen, ongeacht hun eigen demografische kenmerken. | | Politics of presence | De nadruk op de aanwezigheid van vertegenwoordigers met specifieke identiteiten of achtergronden in politieke instellingen. | | Politics of ideas | De nadruk op de vertegenwoordiging van specifieke politieke ideeën, beleidsprogramma's en ideologieën. | | Veto’s | Het recht van bepaalde groepen om beslissingen te blokkeren die hun belangen bedreigen, een kenmerk van pacificatiedemocratie. | | Vertrouwensstemming | Een stemming in het parlement waarbij de regering haar meerderheid moet behouden om aan te blijven. | | Parlement | Het wetgevende orgaan van een land, samengesteld uit gekozen vertegenwoordigers die wetten maken en de regering controleren. | | Checks and balances | Mechanismen binnen een politiek systeem die ervoor zorgen dat geen enkele tak van de overheid te veel macht krijgt, door de machten te controleren en in evenwicht te houden. | | Particratie | Een politiek systeem waarin partijen een dominante rol spelen in de besluitvorming en de politieke arena, vaak ten koste van directe burgerparticipatie. | | Volksraadpleging | Een bindende of raadgevende stemming onder de bevolking over een specifieke politieke kwestie of voorstel. | | Burgerraad | Een groep willekeurig geselecteerde burgers die samenkomen om een specifieke kwestie te bestuderen, te debatteren en aanbevelingen te doen, een vorm van deliberatieve democratie. | | Rationaliteit | Het vermogen om logisch te denken en beslissingen te nemen op basis van feiten en rede, een belangrijk principe in deliberatieve democratie. | | Proportionaliteit | Een principe van vertegenwoordiging waarbij de zetelverdeling in het parlement evenredig is aan het aantal stemmen dat elke partij heeft behaald. | | Juridiseren | Het proces waarbij politieke kwesties of conflicten worden omgezet in juridische procedures of worden beslecht door middel van het recht. | | Zakelijkheid | Een benadering van politiek die gebaseerd is op feiten, efficiëntie en praktische overwegingen, in plaats van op ideologische of emotionele argumenten. | | Communautair | Betrekking hebbend op gemeenschappen of groepen binnen een samenleving, vaak met specifieke culturele of linguïstische kenmerken. | | Levensbeschouwelijk | Betrekking hebbend op iemands filosofische of religieuze overtuigingen en wereldbeeld. | | Sociaal-economisch | Betrekking hebbend op de wisselwerking tussen sociale en economische factoren, zoals inkomen, welvaart, werkgelegenheid en sociale structuren. | | Volatiliteit | De mate van verandering of onvoorspelbaarheid, bijvoorbeeld in stemgedrag of marktprijzen. | | Hegemonie | De dominante invloed of suprematie van één staat, groep of ideologie over andere. | | Consociatie | Een vorm van politiek die gericht is op het bereiken van consensus en samenwerking tussen verschillende groepen in een verdeelde samenleving. | | Partijprogramma | Het document waarin een politieke partij haar standpunten, doelen en beleidsvoorstellen uiteenzet. | | Kieshervormingen | Wijzigingen in het kiesstelsel of de kiesprocedures die bedoeld zijn om de representativiteit, efficiëntie of rechtvaardigheid van verkiezingen te verbeteren. |

## Introduction to Drug Policy and Psychopharmacology This study guide provides a comprehensive overview of drug phenomena, encompassing drug policy, psychopharmacology, the demand and supply sides of drug markets, drug-related crime, and the political and societal debate surrounding psychoactive substances. It draws from lectures by various professors, offering insights into the multifaceted nature of drug use and its societal implications. ## Understanding Belgian Drug Policy The Belgian drug policy has evolved significantly over time, moving from a foundational drug law in 1921 to a more integrated and comprehensive approach. Key developments include: * **1921 Drug Law:** Established the initial legal framework, primarily focused on prohibition. * **Federal Action Plan Toxicomania:** A 10-point plan focusing on drug prevention and aid [1995](#page=1995). * **Parliamentary Working Group Drugs (1996-1997):** Advocated for a broader discussion on drugs, recognizing the need for differentiation in policy and moving away from a purely punitive approach towards users. * **Federal Policy Paper Drugs:** Outlined a three-pronged approach: prevention, care (including risk reduction and reintegration), and repression (targeting producers and dealers). It emphasized the need for an integral (all-encompassing) and integrated (collaboration of actors) drug policy [2001](#page=2001). * **Cooperation Agreement for a Global and Integrated Drug Policy:** Led to the establishment of the Thematic Meeting on Drugs (TVD) within the Interministerial Conference on Public Health and the General Drug Policy Unit (ACD) in 2008, which monthly discusses drug policy and aims for consensus [2002](#page=2002). * **Common Statement of the Interministerial Conference on Drugs:** Introduced a new strategy with continued focus on repression, prevention, and care [2010](#page=2010). * **Royal Decree 2017 (Generic Legislation):** Introduced generic legislation to cover entire groups of psychoactive substances, making new psychoactive substances (NPS) illegal by default, not just specific listed substances. * **Interfederal Strategy for a Global and Integrated Drug Policy (2024-2025):** Aims to protect and strengthen a healthy and safe society by promoting responsible drug use and incorporating an evidence-informed approach through an advisory panel. **Key Principle:** The drug policy aims for responsible drug use and the protection of a healthy and safe society for everyone. **Distinction between Legislation and Policy:** Legislation defines what is illegal, while policy outlines how to address the issue, including how to interact with those involved with drugs. **New Psychoactive Substances (NPS):** These are often chemically altered versions of known illegal drugs, created to circumvent existing laws. Belgium has responded with generic legislation to cover entire classes of substances. ### Core Ideas of Drug Policy The Belgian drug policy is built on several core principles: * Reducing demand and supply. * Prioritizing public health. * Promoting health. * Implementing a non-stigmatizing care policy. * Focusing on vulnerable groups. * Protecting society from drug-related organized crime. **"War on Drugs":** The concept of a "war on drugs" is examined in terms of who the target is. While drug laws may criminalize use, the policy aims to focus on aid and assistance rather than solely on punishment for users. ## Psychopharmacology: Understanding Drug Effects This section delves into the pharmacological aspects of various drugs, their mechanisms of action, effects, and associated risks. ### Classification of Psychoactive Substances Psychoactive substances are broadly classified based on their effects on the central nervous system: 1. **Psycholeptics:** Depress the central nervous system. * **Opiates:** Historically important painkillers derived from opium. * **Products:** Opium, morphine (the active compound), heroin (diacetylmorphine, a synthetic derivative of morphine). * **Modes of Administration:** Oral, snorting, inhalation, subcutaneous/intramuscular injection, intravenous injection (most rapid and intense effects). * **Synthetic Opiates:** Narcotic analgesics like fentanyl and oxycodone, known for their potency and addictive potential. Methadone is a synthetic opiate used in substitution therapy to manage withdrawal symptoms and cravings. * **Effects:** Euphoria, sedation, pain relief, respiratory depression. * **Addiction:** Characterized by tolerance, physical and psychological dependence, and compulsive drug-seeking behavior. The 3-M model (Middel, Mens, Milieu) explains addiction development. * **Inhalants:** Volatile substances like gases, solvents, and aerosols. * **Examples:** Nitrous oxide (laughing gas), volatile solvents (glue, nail polish remover). * **Effects:** Depressant, causing intoxication, euphoria, perceptual distortions. * **Risks:** Cryogenic injuries (from nitrous oxide), oxygen deprivation, cardiovascular issues, neurological damage, liver and kidney damage. 2. **Psychoanaleptics:** Stimulate the central nervous system. * **Cocaine:** A stimulant derived from the coca plant. * **Modes of Administration:** Snorting, injection, smoking (crack). * **Effects:** Euphoria, increased energy, alertness, reduced fatigue. * **Risks:** Psychological dependence (craving), paranoia, cardiovascular issues, nasal septum damage. * **Amphetamines:** Synthetic stimulants originally developed as medication. * **Examples:** Amphetamine, methamphetamine (ice, crystal meth). * **Effects:** Increased alertness, energy, euphoria, reduced appetite. * **Risks:** Psychological dependence, psychosis, cardiovascular problems, neurotoxicity. * **Designer Drugs (NPS):** Chemically modified substances designed to mimic known drugs while evading detection and legal restrictions. * **Other Stimulants:** Khat, known for its stimulating effects. 3. **Psychodysleptics (Psychedelics):** Alter perception, mood, and cognitive processes. * **The Psychedelic Experience:** Characterized by perceptual changes (synesthesia), altered sense of time and space, and profound alterations in consciousness and self-perception. * **Applications (Types):** * **Mescaline:** Derived from peyote cactus, used in religious rituals. * **Methoxy-amphetamines:** Chemical variants of mescaline, like MDMA (Ecstasy/XTC). * **Magic Mushrooms (Psilocybin):** Contain psilocin and psilocybin, inducing psychedelic effects. * **Lysergic Acid Diethylamide (LSD):** A potent psychedelic substance, synthesized from ergot. * **Effects:** Hallucinations, altered sensory perception, intensified emotions, altered sense of self. * **Risks:** Psychological distress (bad trips), anxiety, paranoia, potential for long-term psychological effects (HPPD), though generally low physical dependence. * **Specific Risks for XTC (MDMA):** Hyperthermia, bruxism (teeth grinding), potential for water intoxication (hyponatremia). 4. **Cannabinoids:** Derived from the cannabis plant. * **Active Compound:** Δ9-THC is the primary psychoactive component. * **Products:** Marihuana (leaves and buds), Hashish (resin), Hash Oil (concentrated resin). * **Modes of Administration:** Primarily smoking, but also oral (edibles). * **Effects:** Euphoria, relaxation, altered perception of time and space, increased appetite. * **Risks:** Impaired motor skills and cognition, potential for anxiety and paranoia, respiratory issues from smoking, psychological dependence. * **Cannabis and Addiction:** While generally considered to have lower physical dependence than some other drugs, psychological dependence and problematic use are increasing, particularly with higher potency strains. ### Party Drugs, Legal Highs, and NPS This category encompasses a diverse group of substances often used in recreational settings. * **Party Drugs:** Often include NPS and stimulants like MDMA, amphetamines, and GHB, used to enhance experiences at parties and clubs. * **Legal Highs:** Intoxicating substances that are (currently) legal but may be illegal under different regulations (e.g., medicine laws). They are often NPS designed to evade drug laws. * **New Psychoactive Substances (NPS):** A broad category of novel psychoactive substances that emerge rapidly on the market, often by modifying the chemical structure of known illicit drugs. **Examples:** * **Alcohol:** A legal psycholeptic with widespread social acceptance, yet significant health and social risks, including alcohol dependence and long-term organ damage. * **Mephedrone (4-MCC):** A stimulant designed to mimic cocaine or XTC, often found as powder or pills. Illegally controlled in most of the EU since 2010. * **Flakka:** A potent stimulant derived from Khat, known for causing extreme hyperstimulation, paranoia, and aggressive, zombie-like behavior. * **Synthetic Cannabinoids (e.g., Spice):** Chemically manufactured variants of THC, often much stronger than natural cannabis, with unpredictable and severe side effects. They may not be detected by standard drug tests. * **Ketamine:** Originally an anesthetic, it has dissociative and hallucinogenic effects. Used recreationally, it can increase heart and respiratory rates, but carries risks of psychosis and cardiac arrest. * **GHB (Gamma-Hydroxybutyrate):** A central nervous system depressant with a very narrow therapeutic-to-toxic ratio, making it highly dangerous. Known as a "date rape drug" due to its amnesic properties and ease of administration. * **Nouveau Riche Drugs:** Emerging as a trend, these are often NPS or combinations of NPS, marketed to convey an elite or high-status image. "Pink Cocaine" (often a mix of MDMA, ketamine, and caffeine) is an example. ## The Demand Side: Interventions and Behavior Change Professor Favril's lectures focus on the demand side of drug use, emphasizing interventions and the psychology of behavior change. ### Perspectives on Drug Use Different perspectives shape our understanding and response to drug use: 1. **Medical-Psychiatric:** Views addiction as a disease or disorder requiring medical treatment, often pharmacological. 2. **Behavioral:** Sees drug use as learned behavior that can be unlearned through therapy. 3. **Biological-Genetic:** Attributes addiction to inherent vulnerabilities, often with a genetic component. The chosen perspective influences the type of prevention and intervention strategies employed. ### The Continuum of Drug Use Drug use exists on a spectrum from experimental to addictive, influenced by: * **Quantity:** Amount used per occasion. * **Frequency:** How often the drug is used. * **Duration:** How long someone has been using. * **Consequences:** Impact on life domains (work, relationships, health). Interventions are tailored to an individual's position on this continuum. The DSM-5 recognizes substance-related disorders as a spectrum of control loss, social problems, risky use, and physical dependence. ### The 3-M Model (Zinberg) This model explains varying responses to drugs based on three key factors: * **Mens (Person):** Individual characteristics like personality, genetics, and psychological state. * **Middel (Drug):** The pharmacological properties of the substance and its use pattern. * **Milieu (Environment):** The social, cultural, and physical context of drug use. ### Stages of Behavior Change (Transtheoretical Model) Understanding an individual's stage in the behavior change process is crucial for effective intervention: 1. **Precontemplation:** Lack of awareness or denial of a problem. 2. **Contemplation:** Awareness of the problem but ambivalence about change. 3. **Preparation/Decision:** Committing to change and planning action. 4. **Action:** Actively modifying behavior. 5. **Maintenance/Consolidation:** Sustaining the change over time. 6. **(Relapse):** A potential part of the recovery process, not necessarily an end to progress. ### Types of Interventions Drug-related interventions are typically categorized into: 1. **Prevention:** Aimed at stopping drug use before it starts or before problems emerge. * **Universal:** For the general population. * **Selective:** For at-risk groups. * **Indicated:** For individuals showing early signs of problematic use. 2. **Early Intervention:** Identifying and addressing risky or problematic use early on, often through screening and brief interventions. 3. **Treatment/Help Services:** Comprehensive and long-term support for individuals with substance use disorders, including aftercare and relapse prevention. 4. **Harm Reduction:** Strategies to minimize the negative consequences of drug use for individuals and society, without necessarily requiring abstinence. ### Prevention Strategies * **Sensitization:** Raising awareness and attention, often through media campaigns, but effectiveness can be limited if not combined with other strategies. * **Information:** Providing factual data about drugs, with "cautionary" approaches impacting emotions and "objective" information primarily increasing knowledge. * **Skill Development:** Teaching personal and social skills (e.g., coping with peer pressure, managing emotions) to empower individuals to resist drug use. ### Early Intervention * **Early Detection:** Identifying risky or problematic use through screening and assessment. * **Early Help:** Offering motivational interviewing and brief interventions to encourage behavior change. * **Effectiveness:** Short interventions like motivational interviewing show promise in reducing use and relapse, particularly for alcohol and cannabis. ### Help Services (Treatment) * **Trends and Barriers:** A significant treatment gap exists, with many not seeking or finding help due to factors like stigma, cost, and accessibility. * **Strategies:** Comprehensive, individualized care that addresses all life domains is crucial. This includes various modalities like substitution therapy, cognitive behavioral therapy (CBT), contingency management, therapeutic communities, and self-help groups. * **Effectiveness:** Dependent on retention in treatment and adequate aftercare. * **Harm Reduction:** Strategies like needle exchange, substitution therapy (e.g., methadone), supervised consumption sites, and take-home naloxone kits are vital for reducing the harms associated with drug use, particularly for injecting populations. ## The Supply Side: Drug Markets and Criminality Professor Colman's lectures focus on the supply side, analyzing drug markets, production, trafficking, and their societal impact. ### The Illegal Drug Market The illegal drug market is a significant driver of organized crime, characterized by: * **Profit Maximization:** Criminal groups aim to generate substantial profits, often reinvesting them in legal economies (money laundering). * **Polycriminality:** Involvement in multiple illicit activities (e.g., weapons trafficking, human trafficking). * **Price Escalation:** The price of drugs increases with the distance from the production country to the consumer market. * **Corruption:** Pervasive in ports and transit countries, facilitating drug flow. * **Organizational Structures:** Ranging from hierarchical pyramid structures to more flexible, cell-based networks. * **Adaptability and Resilience:** Drug markets readily adapt to law enforcement efforts and global events. ### Drug Supply Chain: Four Echelons The drug supply chain can be broken down into four key stages: 1. **Production:** Where drugs are manufactured or cultivated (e.g., synthetic drugs in Europe, cocaine in South America, cannabis globally, opium/heroin in the Golden Crescent/Triangle). 2. **Wholesale:** Large-scale import and export of drugs, often involving transit countries like Belgium and the Netherlands. 3. **Intermediate Trade:** Bridging wholesale and retail, involving repackaging, cutting, and distribution to smaller dealers. This includes deal houses and drug runners. 4. **Retail:** The final stage of selling drugs to consumers, characterized by street-level dealing and increasingly by delivery services and online markets. ### Online Drug Markets The internet, particularly the darknet, has revolutionized drug markets by: * **Shortening the Chain:** Reducing the number of intermediaries. * **Enhancing Anonymity:** Facilitating transactions through encryption and digital currencies. * **Expanding Reach:** Accessing global markets and new customer bases. * **Key Characteristics:** Wide product range (especially NPS on the clearnet), competitive pricing, quality control through reviews, anonymity, global shipping, and evolving market dynamics. ### Drug Production in Belgium Belgium plays a significant role as a production hub for synthetic drugs (XTC, amphetamines) and a transit country for others. * **Synthetic Drugs:** Often produced in large-scale, sophisticated laboratories, sometimes co-located with legitimate agricultural activities. Production involves precursors, essential chemicals, and specialized hardware. * **Cannabis:** While global production is diverse, Belgium sees both domestic cultivation (increasingly sophisticated indoor operations) and significant imports, often linked to legal markets elsewhere. * **Waste Dumping:** The clandestine production of synthetic drugs generates hazardous chemical waste, posing environmental and public health risks and creating significant cleanup challenges and costs for local authorities. ### Drug Trafficking and Organized Crime * **Antwerp Port:** A critical gateway for cocaine and other drugs into Europe, characterized by extensive infrastructure and a constant battle against sophisticated smuggling methods. * **Modus Operandi:** Smugglers employ various techniques like "rip-offs" (hiding drugs in legitimate cargo), "sleep-overs" or "trojans" (hiding individuals within containers), "switch methods" (swapping containers to evade detection), and impregnating materials with drugs. * **Criminal Networks:** Diverse groups, including Dutch-Belgian, Albanian, and Turkish-Dutch networks, operate in Belgium and the Netherlands, often competing for market share, leading to increased drug-related violence. * **Involvement of Youth:** Young people are often recruited as drug couriers and runners, exploited through grooming, debt bondage, and the allure of financial gain and status. ### Retail-Level Drug Markets * **Market Types:** Characterized by open markets (accessible to all), semi-open markets (requiring knowledge of selling points), and closed markets (based on trust and connections). * **Evolution:** A shift from demand seeking supply to supply meeting demand through "delivery dealing," call centers, and online platforms, facilitated by technology. ## Drug Theories and Discourses Professor Decorte's lectures explore various theoretical frameworks and societal discourses surrounding drug use. ### The Set, Setting, and Drug Interaction The impact of a drug is not solely determined by its pharmacological properties but is significantly influenced by the individual's internal state (set) and the external environment (setting). * **Set:** Includes an individual's personality, expectations, psychological state, and previous experiences with drugs. * **Setting:** Encompasses the physical environment, social context, cultural norms, and legal framework. ### Controlled Drug Use Research suggests that some individuals can use drugs, including those typically considered high-risk like heroin or cocaine, in a controlled manner without developing problematic use or addiction. This is often facilitated by: * **Informal Control Mechanisms:** Individuals developing strategies to regulate their intake based on context, social environment, personal priorities, and emotional state. * **Maturing Out/Drifting Out:** Spontaneous cessation or reduction of drug use and related criminal activity as individuals age, gain responsibilities, or their life circumstances change. ### Critiquing Drug Policy * **"War on Drugs" Impact:** The prohibitionist approach to drugs, particularly in the US, has been criticized for disproportionately affecting minority groups and for its limited effectiveness in reducing drug use and associated harms, while contributing to mass incarceration. * **Legality of Alcohol:** The social acceptance and widespread use of alcohol, a highly harmful substance, highlight the inconsistencies and potential irrationality of current drug policies. * **Regulation vs. Prohibition:** The debate around legalizing and regulating cannabis, for example, involves complex considerations of public health, economic interests, and societal values. Historical lessons from the tobacco and alcohol industries offer insights into potential pitfalls of commercialization. * **Evidence-Based Policy:** There is a call for drug policies to be more evidence-based, critically evaluating the effectiveness of repressive measures versus public health-oriented approaches like prevention, treatment, and harm reduction. ### Drug-Related Criminality * **Drug Use and Crime Link:** Drug use and criminal behavior are often interconnected, with theories explaining this link through: * **Pharmacological Effects:** Crimes committed under the influence of drugs (e.g., violence associated with stimulants). * **Economic Compulsion:** Crimes committed to fund drug use (e.g., theft). * **Systemic Crime:** Crimes related to the drug market itself (e.g., dealing, violence between trafficking groups). * **Shared Causes:** Drug use and crime stemming from common underlying risk factors (e.g., socioeconomic disadvantage, psychological distress). * **Approach to Drug-Related Crime:** Policies differentiate between those involved in the supply side (dealers, producers) who are often targeted with repressive measures, and those on the demand side (users) who may benefit more from prevention, treatment, and harm reduction strategies. * **Desistance and Recovery:** Understanding the processes by which individuals stop both drug use and criminal activity is crucial, highlighting the role of personal agency, social support, and a shift in life priorities. ### Drug Use and Migration in Europe Research on substance use among migrants and ethnic minorities (MEM) in Europe reveals: * **Data Limitations:** Reliable and representative data on drug use prevalence and treatment needs among MEM is scarce, making it difficult to develop targeted interventions. * **Healthy Migrant Effect:** Migrants often show lower substance use rates upon arrival compared to the host population, but this can change over time due to post-migration factors like stress, discrimination, and limited access to services. * **Barriers to Treatment:** MEM face significant barriers in accessing drug treatment, including language barriers, discrimination, lack of culturally sensitive services, distrust in the system, and complex migratory statuses. * **Ecosocial Perspective:** Understanding drug use requires considering micro (individual), meso (community/organizational), and macro (societal/political) factors, recognizing how systemic inequalities contribute to individual risk. * **Equitable Care:** Ensuring equal access to quality drug treatment for all populations, regardless of background, is a critical challenge, requiring tailored approaches and improved data collection. ## Key Themes and Examination Focus * **Holistic Understanding:** Recognize the interplay of drug type, individual factors (set), and environmental context (setting). * **Policy Evolution:** Understand the historical development of drug policy in Belgium. * **Harm Reduction:** Grasp the principles and strategies of harm reduction as a public health approach. * **Drug Markets:** Analyze the structure, functioning, and evolution of illegal drug markets, including the impact of technology. * **Intervention Strategies:** Differentiate between prevention, early intervention, treatment, and harm reduction, and understand their application across different user groups. * **Stigma and Social Exclusion:** Recognize the role of stigma in hindering recovery and reintegration. * **Evidence-Based Practice:** Emphasize the importance of scientific evidence in shaping drug policy and interventions. * **Critical Evaluation:** Approach drug policies and common discourses with a critical eye, considering alternative strategies and their potential implications. **Note on the Exam:** Expect questions covering the breadth of topics discussed, including definitions, comparisons of drug classes, policy developments, market dynamics, intervention strategies, theoretical models, and the impact of social and environmental factors on drug use. Pay attention to specific examples and case studies cited in the lectures.

# Glossary | Term | Definition | | :---------------------------------------- | :----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- | | **Psychoactive substances** | Substances that affect the central nervous system, altering perception, mood, consciousness, cognition, and behavior. | | **Psycholeptics** | Substances that depress or slow down the central nervous system, leading to reduced activity and reactivity. Examples include opiates and sedatives. | | **Psychoanaleptics** | Substances that stimulate the central nervous system, leading to increased activity, alertness, and elevated mood. Examples include cocaine and amphetamines. | | **Psychodysleptics** | Substances that disrupt or alter the central nervous system, causing perceptual and cognitive disturbances. Examples include LSD, psilocybin (magic mushrooms), and mescaline. | | **Designer drugs (NPS)** | Synthetically created substances that mimic the effects of known illegal drugs but are chemically altered to evade current legislation. They are often developed in laboratories to bypass drug laws. | | **Harm Reduction** | A set of public health strategies and practices aimed at reducing the negative health, social, and economic consequences associated with drug use, without necessarily eliminating drug use itself. | | **Stepping-stone theory** | A theory suggesting that the use of certain "softer" drugs can lead to the use of "harder" or more potent drugs, proposing a sequential pattern of drug escalation. | | **Desistance** | The process by which individuals stop engaging in criminal behavior, often studied in the context of drug-related offenses. | | **Recovery** | A process of positive change in an individual's health, functioning, societal participation, and personal development, often applied in the context of addiction treatment. | | **Set** | Refers to the internal context of drug use, encompassing the individual's psychological, physiological, and personality factors, as well as their expectations and mental state. | | **Setting** | Refers to the external context of drug use, encompassing the physical environment, social influences, cultural norms, and legal framework within which the drug is consumed. | | **Informal control mechanisms** | Socially learned behaviors and strategies individuals develop to manage their drug use, often influenced by their environment and personal experiences, leading to controlled or regulated consumption. | | **Precursor chemicals** | The basic chemical compounds used as starting materials in the synthesis of illicit drugs. Control over these chemicals is a key strategy in preventing drug production. | | **Polydrug use** | The simultaneous or sequential use of multiple drugs, which can increase the complexity of effects, risks, and treatment challenges. | | **Drug-related criminal behavior** | A broad term encompassing various illegal activities associated with drugs, including dealing, theft to fund drug use, violent offenses under the influence, and violations of drug laws. | | **Equitable substance use treatment for Migrants and Ethnic Minorities (MEM)** | Treatment approaches that aim to provide fair and just access to substance use services for individuals from diverse ethnic and migratory backgrounds, addressing systemic barriers. |

# Understanding governance Governance is the complex interplay of structures, processes, and traditions that dictate how power and responsibility are exercised, decisions are made, and stakeholders have a voice [7](#page=7). ### 1.1 Defining governance Governance can be understood in several ways: * **The activity of governing:** This involves making decisions that establish expectations, assign authority, and monitor performance. It can be a distinct process or a component of broader management or leadership functions [4](#page=4). * **The exercise of power and policy:** It is the kinetic exercise of management power and policy [4](#page=4). * **The process or method of societal governance:** This includes how a society is governed, encompassing regionalization, decentralization, and informal interactions between government and other actors [8](#page=8). * **Making collective decisions:** It is the activity of making collective decisions, where government institutions may not necessarily take the lead [9](#page=9). * **Interactions shaping decisions:** It refers to the interactions among structures, processes, and traditions that determine how power and responsibility are exercised, and how decisions are taken and stakeholders participate [7](#page=7). > **Tip:** While the term "government" often refers to the collective entity or institution, "governance" describes the actions and processes undertaken by that entity or system [4](#page=4). ### 1.2 Distinguishing governance from government A key distinction is that "governance" is what a "government" does [11](#page=11) [4](#page=4). * **Government:** Can be a geo-political entity (nation-state), a corporate entity, a socio-political group (tribe, family), or any other form of collective administration [4](#page=4). * **Governance:** Is the dynamic application of management power and policy, with the government serving as the instrument for this application. The term "government" can also be used abstractly as a synonym for governance, as in the Canadian motto, "Peace, Order and Good Government" [4](#page=4). ### 1.3 Historical evolution and genesis of concepts and structures The genesis of governance concepts and structures has been a subject of study within various fields, including Policy Development and Cooperation. This encompasses the evolution of decision-making frameworks and the bodies responsible for executing them [12](#page=12) [28](#page=28) [2](#page=2). ### 1.4 Societal aspects of governance Governance is fundamentally about power, relationships, and accountability. It defines who holds influence, who makes decisions, and how decision-makers are held accountable. It also involves the informal interactions between governmental and non-governmental actors in addressing shared problems [7](#page=7) [8](#page=8). ### 1.5 External actors influencing governance Various external actors, even those without formal decision-making power, can significantly influence the governing process. These include [5](#page=5) [6](#page=6): * Lobbies [5](#page=5) [6](#page=6). * Think tanks [5](#page=5) [6](#page=6). * Political parties [5](#page=5) [6](#page=6). * Non-government organizations (NGOs) [5](#page=5) [6](#page=6). * Community groups [5](#page=5) [6](#page=6). * Media [5](#page=5) [6](#page=6). Science itself can also be considered an external actor influencing governance [6](#page=6). ### 1.6 Meanings of governance Today, "governance" does not have a single, settled meaning, but at least three distinct interpretations are prevalent [11](#page=11): * Cooperation through non-sovereign bodies [10](#page=10). * Public administration [10](#page=10). * Regulation of social behavior through networks [10](#page=10). > **Example:** In a business context, governance relates to consistent management, cohesive policies, guidance, processes, and decision-rights for a specific area of responsibility, such as evolving policies on data privacy or internal investment. In international relations, "governance without government" highlights how many global issues are resolved through negotiation rather than by a single sovereign authority [4](#page=4) [9](#page=9). --- # The concept of policy Policy is a guiding principle or rule that directs decision-making towards achieving specific, rational outcomes. It is a broader concept than a single decision, encompassing a set of decisions and reflecting an intention to guide future choices in alignment with overarching objectives [13](#page=13) [14](#page=14). ### 2.1 Defining policy A policy serves as a guiding principle or rule designed to steer decisions and achieve rational outcomes. It is important to distinguish policy from the practical execution of actions [13](#page=13). #### 2.1.1 Policy versus procedure and protocol * **Policy** outlines the 'what' and the 'why' [13](#page=13). * **Procedures or protocols** detail the 'what', the 'how', the 'where', and the 'when' of actions [13](#page=13). Policies are generally established by the Board of Directors or a senior governance body within an organization. In contrast, procedures and protocols are typically developed and adopted by senior executive officers [13](#page=13). #### 2.1.2 Policy as an intention More broadly, a policy signifies an intention to make future decisions in a manner consistent with a defined overall objective. It provides a framework for consistent and reasoned decision-making over time [13](#page=13) [14](#page=14) [15](#page=15). > **Tip:** While policies define the direction and rationale, procedures and protocols translate these principles into actionable steps, ensuring consistent implementation [13](#page=13). > **Example:** A company policy might state, "We will prioritize customer satisfaction in all our interactions" (the 'what' and 'why'). A procedure could then detail how customer complaints are handled, including response times and escalation paths (the 'how', 'where', and 'when') [13](#page=13). --- # The multifaceted nature of development Development is a concept with diverse interpretations, ranging from economic indicators to individual self-fulfillment, historically shaped by notions of progress and power [17](#page=17) [18](#page=18). ### 3.1 Diverse interpretations of development The meaning of development is not monolithic and has been understood in a wide array of ways by different individuals and societies [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). #### 3.1.1 Economic and Material Progress Many understandings of development focus on tangible economic improvements and increased material well-being. These include: * Higher living standards [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * A rising per capita income [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Increase in productive capacity [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Economic growth, though often with the caveat of not being mere growth, but growth with equity [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Elimination of poverty [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Basic needs satisfaction [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Catching up with developed countries in technology, wealth, power, and status [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Economic independence and self-reliance [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). #### 3.1.2 Broader Conceptions of Development Beyond economic metrics, development also encompasses broader aspects of human well-being and societal progress. These include: * Mastery over nature [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Freedom through control of one's environment [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Scope for self-fulfillment for all [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). * Liberation, seen as the means to human ascent [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). #### 3.1.3 Development as Utopia Some commentators note that the term "development" has been used to encompass almost all facets of a good society, often becoming a euphemism for "everyman's road to utopia". Utopia itself is defined as "the place that does not exist" [17](#page=17) [18](#page=18) [19](#page=19). > **Tip:** Recognize that "development" is a highly contested and multifaceted term. Critically evaluate how it is being used in different contexts, as its meaning can be aspirational, economic, political, or even utopian. ### 3.2 Historical framing of development The concept of development, particularly in its modern usage, has a specific historical trajectory, linked to geopolitical power and evolving intellectual paradigms [29](#page=29) [30](#page=30) [31](#page=31). #### 3.2.1 The emergence of the "underdeveloped" concept The term "underdeveloped" was notably introduced by Harry S. Truman in his 1949 Inaugural Address. This framing shifted the meaning of development and created an emblem used to refer to less prosperous areas, often associated with the era of American hegemony. Truman argued for a program to make scientific and industrial advances available for the "improvement and growth of underdeveloped areas," highlighting the plight of over half the world's population living in conditions of poverty, disease, and economic stagnation. He emphasized the United States' pre-eminence in technical knowledge as an inexhaustible resource for assistance [29](#page=29) [31](#page=31). #### 3.2.2 The biological metaphor in development Development has also been framed using biological metaphors, suggesting a directed, oriented, perfection, or completion. This implies a natural progression or evolutionary path that societies are expected to follow, often mirroring Western models [30](#page=30). #### 3.2.3 Critiques of the term "development" Some critics argue that the uncritical use of the word "development" has led to confusion and has transformed genuine suffering into a chronic condition. The term, when used carelessly, can obscure the complex realities and aspirations of different peoples [31](#page=31). > **Example:** Harry Truman's 1949 speech, by introducing the category of "underdeveloped areas," inadvertently established a framework that positioned certain nations as lagging behind a presumed developed standard, thereby cementing a hierarchical global order [29](#page=29) [31](#page=31). ### 3.3 Development cooperation Development cooperation refers to deliberate activities aimed at supporting national or international development priorities, distinct from profit-driven motives, and favoring developing countries through cooperative relationships that emphasize their ownership [25](#page=25). #### 3.3.1 Objectives of Development Cooperation * **Poverty Eradication:** A primary objective, as stipulated by Article 208 of the Treaty on the Functioning of the European Union (TFEU), is the reduction and, in the long term, eradication of poverty [21](#page=21). * **Sustainable Economic and Social Development:** This includes the achievement of goals like the Millennium Development Goals (MDGs) and the 2030 Agenda for Sustainable Development, along with its Sustainable Development Goals (SDGs) [21](#page=21) [22](#page=22). * **Capacity Building:** Supporting the development of higher education in partner countries and the internationalization of higher education in regions like Flanders is a key aspect [27](#page=27). * **Transforming Students into Change Agents:** Fostering innovative responses to global and local challenges through partnerships between universities [26](#page=26). #### 3.3.2 Actors and Frameworks in Development Cooperation * **European Union (EU):** The EU has a significant role in development cooperation, committed to adapting its policies to evolving needs and delivering on commitments to poverty eradication and sustainable development. The European Commission, through departments like DG INTPA, plays a crucial role [22](#page=22) [23](#page=23). * **United Nations (UN):** The UN leads processes for setting development goals, such as the MDGs and SDGs [22](#page=22). * **Civil Society Organizations (CSOs):** CSOs and their networks are increasingly developing a voice and coherence on issues of development cooperation and aid architecture at all levels [24](#page=24). #### 3.3.3 Key Concepts in Development Discourse * Sustainability [33](#page=33). * Commons [33](#page=33). * Millennium Development Goals (MDGs) [21](#page=21) [22](#page=22) [33](#page=33). * Sustainable Development Goals (SDGs) [22](#page=22) [33](#page=33). * Science and technology (capacity building) [33](#page=33). * Development cooperation [33](#page=33). > **Tip:** Understand that development cooperation is increasingly focused on sustainable development, aiming for long-term positive impacts that are environmentally, socially, and economically viable. It also emphasizes local ownership and collaboration over top-down imposition [25](#page=25) [33](#page=33). --- # Sustainability and commons This topic explores the foundational concept of sustainable development and its connection to the idea of shared resources, known as 'the commons'. ### 4.1 Sustainable development Sustainable development is a crucial concept that emerged prominently in the 1980s [34](#page=34). #### 4.1.1 Origins and definition The term "sustainable development" gained widespread recognition and its foundational definition from the 1987 report by the Brundtland Commission. This report, often referred to as "Brundtland," defined sustainable development as "development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs" [35](#page=35) [36](#page=36). #### 4.1.2 Key concepts within sustainable development The Brundtland definition encompasses two central ideas [36](#page=36): * **The concept of 'needs'**: This emphasizes the overriding priority that should be given to the essential needs of the world's poor. * **The idea of limitations**: This acknowledges the constraints imposed by current technology and social structures on the environment's capacity to fulfill both present and future requirements. ### 4.2 The commons The concept of 'the commons' is deeply intertwined with sustainability and resource management. #### 4.2.1 The tragedy of the commons A seminal work that brought the concept of 'the commons' into mainstream discussion is Garrett Hardin's 1968 essay, "The tragedy of the commons". This essay explored the dilemma posed by managing common resources. Hardin later revisited this concept in "The tragedy of the unmanaged commons" in 1994. The core idea is that when resources are shared and accessible to all, individuals acting in their own self-interest may deplete or degrade these resources, leading to negative consequences for everyone in the long term [38](#page=38) [39](#page=39) [47](#page=47). #### 4.2.2 The origin and metaphor of 'common' The term 'common' has historical roots and has evolved into a significant concept and metaphor in discussions about resource management. The idea of 'commons' exists in numerous local contexts, reflected in diverse languages. Visual examples of areas that could be considered 'commons' are shown in Livadi Elassonas in Greece Braine-le-Château in Belgium Audresselles in France and cc de meent in Alsemberg, Belgium [40](#page=40) [41](#page=41) [42](#page=42) [43](#page=43) [44](#page=44) [45](#page=45). #### 4.2.3 Scientific and environmental perspectives Major scientific publications have highlighted the importance of managing common resources. For instance, *Science* magazine featured issues on the "State of the Planet" and subsequently on the "Tragedy of the Commons," directly referencing Hardin's work and the challenge of managing shared resources [46](#page=46) [47](#page=47). > **Tip:** Understanding the "tragedy of the commons" is crucial for grasping the challenges of managing shared environmental resources like fisheries, forests, and the atmosphere. It underscores the need for effective governance and regulation to prevent overuse and degradation. > **Example:** A shared pasture (a common) where individual herders add more and more of their own cattle. Each herder benefits individually from adding an extra animal, but the cumulative effect of all herders doing so leads to overgrazing and the degradation of the pasture, ultimately harming all herders. --- # Aid effectiveness and scientific roles This topic explores international agreements aimed at improving aid effectiveness and examines the multifaceted roles scientists can assume in policy and societal decision-making. ### 5.1 International agreements on aid effectiveness The pursuit of effective development cooperation has led to several key international agreements, focusing on how aid is delivered and its ultimate impact. #### 5.1.1 Millennium Development Goals (MDGs) The Millennium Development Goals (MDGs) were a set of eight international development goals established by the United Nations in 2000, to be achieved by 2015. These goals served as a primary framework guiding development cooperation efforts for signatory nations [52](#page=52). #### 5.1.2 Sustainable Development Goals (SDGs) Building upon the MDGs, the UN Sustainable Development Goals (SDGs) were adopted in 2015 as part of a new global agenda to end poverty, protect the planet, and ensure prosperity for all. Each of the SDGs has specific targets to be met over the subsequent 15 years [53](#page=53). #### 5.1.3 The Paris Declaration on Aid Effectiveness Endorsed on March 2, 2005, the Paris Declaration is an international agreement that brought together over one hundred Ministers, Heads of Agencies, and Senior Officials. It committed their countries and organizations to enhance harmonization, alignment, and managing aid for results through a set of monitorable actions and indicators. Key principles of the Paris Declaration include [55](#page=55): * **Ownership:** Developing countries are to set their own poverty reduction strategies, improve their institutions, and combat corruption [55](#page=55). * **Alignment:** Donor countries are expected to align their support with these national objectives and utilize local systems [55](#page=55). * **Harmonisation:** Donor countries should coordinate their efforts, simplify procedures, and share information to prevent duplication of activities [55](#page=55). * **Results:** A shift in focus for both developing countries and donors towards achieving development results, with mechanisms to measure progress [55](#page=55). * **Mutual Accountability:** Donors and partner countries are to be accountable to each other for development outcomes [55](#page=55). Belgium, by signing the Paris Declaration in 2005, committed to making aid more efficient, prioritizing long-term impact and outcomes over short- and medium-term results. The Declaration itself is considered a practical roadmap for improving the quality and impact of aid, establishing specific implementation measures and a monitoring system for accountability [56](#page=56). #### 5.1.4 The Accra Agenda for Action (AAA) Drawn up in 2008, the Accra Agenda for Action (AAA) elaborates on the commitments made in the Paris Declaration, aiming to accelerate progress in aid effectiveness. Key elements of the AAA include [57](#page=57): * **Predictability:** Donors commit to providing 3-5 year forward information on their planned aid to partner countries [57](#page=57). * **Country Systems:** The AAA promotes the use of partner country systems as the primary channel for aid delivery, rather than relying on donor-specific systems [57](#page=57). * **Conditionality:** A move away from prescriptive conditions on aid spending towards conditions based on the developing country's own development objectives [57](#page=57). * **Untying:** Donors are encouraged to relax restrictions that limit developing countries' ability to procure goods and services from the most competitive global sources [57](#page=57). The Fourth High-Level Forum on Aid Effectiveness in Busan aimed to assess the adequacy of the progress made in the aid effectiveness agenda in addressing greater global challenges [57](#page=57). ### 5.2 Scientific roles in policy and societal decisions The role of science in informing policy and societal decisions is complex, and scientists can adopt various stances and engage in different forms of interaction with the policy process. This engagement can be viewed through different typologies, notably that proposed by Pielke . #### 5.2.1 Critiques of Modern Science Some perspectives highlight critical views on modern science and its relationship with development and the state. * **Arrogance and Suppression:** One critique suggests that the epistemology of modern science has led to an "arrogance" where it actively replaces alternative knowledge systems and imposes artificial processes on nature. This perspective argues that modern science attempts to suppress non-competitive but different ways of interacting with humanity, nature, and the cosmos, leading to a potential "revolt against development" and modern science itself, as symbolized by violence. This view aligns with the idea of protecting the natural rights of humans and nature [62](#page=62). * **State-Sponsored Research:** The concept of the state as the epitome of scientific rationality and a secularizing agent has also faced challenges. The close relationship between the modern state, science, and technology positions the state as a major source of critique against non-modern knowledge systems. In contemporary "politics of knowledge," the state and modern science are often inseparable, with a significant portion (approximately 95 percent) of global scientific research being applied research, and a substantial part of that (roughly 65 percent) being state-sponsored military research [63](#page=63). #### 5.2.2 Typologies of Scientists' Roles in Policy Roger Pielke Jr. identifies four essential types of scientists based on their engagement with the decision-making process [65](#page=65) [69](#page=69): 1. **Pure Scientist:** This role is characterized by a scientist having "no interest in decision making process". Their primary focus is on scientific inquiry and discovery, without actively engaging in how their findings are applied to policy [65](#page=65) [69](#page=69). 2. **Science Arbiter:** A science arbiter's role is to answer factual questions that arise in policy debates. They provide objective, science-based information to policymakers, but do not steer towards specific policy outcomes. The decision content is characterized by low uncertainty but may involve consensus or disensus on values [65](#page=65) [69](#page=69) [70](#page=70). 3. **Issue Advocate:** Issue advocates aim to "steer to certain decisions being made". They use scientific knowledge to support a particular policy position or outcome. This role is connected to policy and seeks to reduce the scope of choice for policymakers by emphasizing a particular scientific perspective, often when there is high consensus on values but also significant uncertainty about the facts [65](#page=65) [69](#page=69) [70](#page=70). 4. **Honest Broker:** An honest broker scientist "offer[s policy alternatives to expand the scope". This role involves identifying and presenting a range of scientifically plausible policy options to decision-makers, thereby broadening the choices available. This approach is particularly valuable when there is a lack of consensus on values and high uncertainty regarding scientific facts, as it helps illuminate the trade-offs associated with different policy pathways [69](#page=69) [70](#page=70) [71](#page=71). #### 5.2.3 Criteria for Defining Scientific Roles The roles of science in policy and politics can be defined by considering two key criteria: the degree of consensus on values and the level of scientific uncertainty [70](#page=70) [71](#page=71). * **Values Consensus:** Refers to the extent to which there is agreement among stakeholders on the ethical, social, or political values relevant to a decision. * **Low Uncertainty:** Indicates a high degree of confidence in the scientific understanding of a particular issue. Based on these criteria, the roles are delineated as follows [70](#page=70) [71](#page=71): * **Pure Scientist:** No direct connection to policy and does not reduce the scope of choice. * **Science Arbiter:** Connected to policy, answers factual questions, and is relevant when there is low uncertainty but potential disagreement on values. It does not necessarily reduce the scope of choice, but provides information within that scope. * **Issue Advocate:** Connected to policy and seeks to reduce the scope of choice by advocating for a specific outcome, often relevant when there is high consensus on values but significant scientific uncertainty. * **Honest Broker:** Connected to policy and aims to expand the scope of choice by offering various alternatives, particularly useful when there is both disensus on values and high uncertainty in scientific knowledge. --- ## Common mistakes to avoid - Review all topics thoroughly before exams - Pay attention to formulas and key definitions - Practice with examples provided in each section - Don't memorize without understanding the underlying concepts

| Term | Definition | |------|------------| | Governance | The activity of governing, relating to decisions that define expectations, grant power, or verify performance. It encompasses processes, structures, and traditions that determine how power and responsibility are exercised, decisions are made, and stakeholders have their say. | | Government | The instrument or collective body that performs the act of governing. It can refer to a geo-political entity, a corporate entity, or other forms of societal administration. | | Policy | A principle or rule designed to guide decisions and achieve desired outcomes. It outlines the 'what' and 'why' of an action, generally adopted by a senior governance body. | | Procedure | A detailed set of steps or actions to be followed in a particular order. Procedures specify the 'what', 'how', 'where', and 'when', and are typically developed by senior executive officers. | | Protocol | A system of rules governing conduct or procedure, especially in diplomatic or official contexts. In a management context, it can refer to the 'how', 'where', and 'when' of an action. | | Development | A complex and multifaceted objective that can encompass improvements in living standards, economic growth with equity, poverty elimination, basic needs satisfaction, and the self-fulfillment of individuals. | | Sustainable Development | Development that meets the needs of the present without compromising the ability of future generations to meet their own needs, incorporating the concept of essential needs and environmental limitations imposed by technology and social organization. | | Commons | Resources or spaces that are shared and managed collectively, often giving rise to concepts of common ownership and management. The term has historical and metaphorical significance in resource governance. | | Millennium Development Goals (MDGs) | A set of eight development goals established in 2000 by the United Nations, aimed at improving conditions in developing countries by 2015, including poverty reduction and access to education and healthcare. | | Sustainable Development Goals (SDGs) | A set of 17 global goals adopted by the United Nations in 2015 as part of a new sustainable development agenda to end poverty, protect the planet, and ensure prosperity for all by 2030. | | Paris Declaration on Aid Effectiveness | An international agreement endorsed in 2005 by over one hundred countries and organizations, committing to improve the quality and impact of aid through principles of ownership, alignment, harmonization, results, and mutual accountability. | | Accra Agenda for Action (AAA) | An agreement drawn up in 2008 that builds on the Paris Declaration, focusing on accelerating progress in aid effectiveness through principles of predictability, use of country systems, conditions based on development objectives, and untying of aid. | | Science arbiter | A role of a scientist who provides answers to factual questions related to policy, operating with low uncertainty and high consensus on values. | | Pure scientist | A role of a scientist who has no direct interest in the decision-making process, focusing solely on scientific inquiry without engaging with policy implications. | | Issue advocate | A role of a scientist who steers policy towards specific decisions, actively promoting a particular outcome or solution. | | Honest broker | A role of a scientist who offers policy alternatives, expanding the scope of choices and providing information to decision-makers without advocating for a specific outcome. |

# Definitie en onderscheid van politieke partijen Dit document geeft een uitgebreide analyse van politieke partijen, hun definities, de evolutionaire trajecten van hun ontstaan, diverse typologieën, hun functies en disfuncties binnen democratische systemen, en de structuur van partijsystemen. ## 1. Definitie en onderscheid van politieke partijen ### 1.1 Wat zijn politieke partijen? Politieke partijen worden beschreven als cruciale actoren binnen een samenleving en staat, met een belangrijke rol in zowel het parlement als de regering. Hoewel er geen universele consensusdefinitie bestaat, is het belang van partijen sterk afhankelijk van het politieke systeem waarin ze opereren en is het tevens tijdsgebonden. Desondanks kunnen partijen worden gekenmerkt door het feit dat ze bindende beslissingen nemen voor de samenleving, gebaseerd op hun visie en programma, met als primair doel de uitoefening van macht. Kenmerkend is ook hun formele, permanente organisatie. ### 1.2 Onderscheid met drukkingsgroepen Het is essentieel om politieke partijen te onderscheiden van drukkingsgroepen. Waar politieke partijen zich richten op deelname aan verkiezingen en het verwerven van overheidsmacht, oefenen drukkingsgroepen voornamelijk druk uit op diegenen die de overheidsmacht al bezitten. Bijkomende verschillen zijn: * **Doelstelling:** Partijen willen zelf macht uitoefenen, terwijl drukkingsgroepen indirect invloed willen uitoefenen op het beleid. * **Programma:** Partijen hebben doorgaans een breed programma dat verschillende maatschappelijke thema's omvat. Drukkingsgroepen focussen zich daarentegen vaak op één specifiek thema of belang. * **Organisatie:** Partijen zijn georganiseerde bewegingen met een formeel lidmaatschap en een bepaalde ideologische overtuiging. Drukkingsgroepen kunnen minder georganiseerd zijn. > **Voorbeeld:** Natuurpunt is een drukkingsgroep die zich richt op natuurbescherming, terwijl een politieke partij zoals Groen een breder ecologisch programma heeft en deel wil uitmaken van de regering om beleidsbeslissingen te beïnvloeden. ### 1.3 Het ontstaan van politieke partijen Het ontstaan van politieke partijen is een relatief recent fenomeen, dat hoofdzakelijk in de 19e eeuw opkwam. De manier waarop partijen zijn ontstaan, heeft nog steeds een aanzienlijke invloed op hun huidige organisatie en functioneren. Drie belangrijke theoretische benaderingen verklaren dit ontstaan: #### 1.3.1 Institutionele benadering (Duverger) Deze benadering, geassocieerd met Maurice Duverger, legt de nadruk op het verband tussen de evolutie van politieke instellingen en het ontstaan van partijen. De democratisering en de toenemende rol van het parlement als uiting van volkssoevereiniteit zijn hierin bepalend. Er wordt onderscheid gemaakt tussen twee soorten partijen op basis van hun ontstaanscontext: * **Partis de création intérieure (Kaderpartijen/Elitepartijen):** Deze partijen ontstaan vanuit een parlementaire groep of fractie binnen het parlement. Ze zijn gericht op machtsbehoud en evolueerden uit de eerdere, beperkte parlementaire clubs. Met de uitbreiding van het stemrecht ontstonden kiesverenigingen die later fuseerden met de parlementaire groepen, wat leidde tot de formele partij. > **Tip:** Deze partijen kenmerken zich vaak door een losse organisatie, met de focus op het winnen van verkiezingen door een beperkte groep kiezers te vertegenwoordigen. * **Partis de création extérieure (Massapartijen):** Het initiatief voor deze partijen komt van organisaties buiten het parlement, die machtsverwerving nastreven en de politieke partij zien als het geschikte format daarvoor. De uitbreiding van het stemrecht gaf deze bewegingen, zoals de arbeidersbeweging, de potentie om politieke macht te verwerven. Deze partijen zijn primair gericht op machtsverwerving. #### 1.3.2 Het traditionele breuklijnenmodel (Lipset en Rokkan) Dit model, ontwikkeld door Seymour Martin Lipset en Stein Rokkan, stelt dat politieke partijen ontstaan als reactie op diepgewortelde sociale conflicten, ook wel "breuklijnen" genoemd. Deze breuklijnen structureren de samenleving en bepalen de vorming van partijfamilies. De vier klassieke breuklijnen zijn: 1. **Centrum versus periferie:** Conflicten tussen centrale staten en perifere regio's. 2. **Kerk versus liberale staat:** Conflicten over de rol van religie in de politiek en maatschappij. 3. **Arbeid versus kapitaal:** Conflicten voortkomend uit de industrialisatie en klassentegenstellingen. 4. **Primaire versus secundaire sector:** Conflicten gerelateerd aan de economische structuur van de samenleving. Deze breuklijnen, die ontstonden door de industriële en nationale revoluties, leidden tot de vorming van stabiele partijfamilies. Maatschappelijke veranderingen, zoals het verzachten van de kerk-staat conflicten, kunnen leiden tot de transformatie van partijen (bv. religieuze partijen worden christendemocratische partijen). Niet elke breuklijn is overal even relevant, en een breuklijn moet gepolitiseerd worden door elites om tot partijvorming te leiden. #### 1.3.3 Theorie rond ontstaan nieuwe sociale bewegingen Vanaf de jaren '60 en '70 ontstonden nieuwe sociale bewegingen (zoals milieu-, vrouwen- en vredesbewegingen) die eisen formuleerden waarvoor ze bij traditionele partijen geen gehoor vonden. Sommige van deze actiegroepen evolueerden tot politieke partijen. Deze ontwikkeling wordt vaak gekoppeld aan veranderingen in maatschappelijke waardepatronen, zoals de opkomst van postmaterialistische waarden, die nieuwe politieke kwesties ("new politics issues") genereren. > **Tip:** De opkomst van deze nieuwe partijen suggereert dat het "bevroren" partijsysteem, zoals beschreven door het breuklijnenmodel, kan "ontdooien" en ruimte kan bieden aan nieuwe politieke spelers, met name groene partijen die de "new politics" belichamen. Globalisering en de discussie over open versus gesloten samenlevingen vormen nieuwe vraagstukken waarop partijen kunnen inspelen. ### 1.4 Typologieën van partijen Politieke partijen passen zich voortdurend aan veranderende omstandigheden aan. Verschillende typologieën helpen deze aanpassingen te begrijpen, vaak gebaseerd op de interactie tussen vier dimensies: ontstaan, electoraal, organisatorisch en ideologisch. #### 1.4.1 Strategie- en doelstelling-gebaseerde typologieën Een nuttige indeling is gebaseerd op de belangrijkste doelstellingen van partijen: * **Office-seeking:** Partijen die primair gericht zijn op het besturen en het verwerven van overheidsfuncties. Ze zijn vaak flexibel in hun beleidsstandpunten om coalities te kunnen vormen. > **Voorbeeld:** CD&V neemt vaak deel aan regeringen, zelfs met diverse coalitiepartners, om zo ministerschappen en invloed te behouden. Dit kan leiden tot ideologische vervaging en electoraal verlies. * **Policy-seeking:** Partijen die erop gericht zijn hun programma te realiseren. Ze zijn minder flexibel en kunnen zelfs de deelname aan een regering weigeren als hun kernpunten niet gerespecteerd worden. > **Voorbeeld:** Vlaams Belang of PVDA houden vaak vast aan hun ecologische of economische standpunten, zelfs als dit electorale risico's inhoudt. Dit kan leiden tot concrete beleidsimpact, maar ook tot verlies van stemmen als de voorgestelde maatregelen te streng of duur worden ervaren. * **Vote-seeking:** Partijen die maximaal stemmen willen verwerven. Ze zijn zeer flexibel in hun standpunten en gebruiken vaak krachtige, eenvoudige boodschappen die bij een breed electoraat aanslaan. > **Voorbeeld:** N-VA gebruikt sterke boodschappen rond migratie, veiligheid en Vlaamse identiteit om electoraal succes te behalen. Dit kan echter leiden tot moeilijke coalitievorming. #### 1.4.2 Ontwikkelingsstadia van partijen Verschillende partijmodellen hebben zich ontwikkeld doorheen de geschiedenis: * **Kader/caucus/elitepartij:** Ontstaan in een periode met beperkt stemrecht. Gekenmerkt door een focus op machtsbehoud binnen parlementaire groepen, een losse organisatie en vertegenwoordiging van de burgerij en middenklasse. * **Massapartijen:** Ontstaan na uitbreiding van het stemrecht. Gericht op machtsverwerving door massale rekrutering binnen specifieke sociale groepen (la classe gardée). Ze kenmerken zich door een sterke, gecentraliseerde organisatie, de oprichting van nevenorganisaties en een sterke ideologische verankering. * **Catch-all partijen (Kirchheimer):** Gekenmerkt door een verschuiving van policy-seeking naar vote-seeking. Ontstaan na WO II, door veranderingen in de samenleving (bv. verdwijnen van scherpe klasse tegenstellingen). Ze streven ernaar een breed electoraat aan te spreken, wat leidt tot een verzachting van ideologische standpunten. De nadruk ligt op het imago van de partij en haar leiders, en de organisatiebanden met nevenorganisaties worden losser. > **Tip:** Bij catch-all partijen neemt de macht van de partijleiding toe ten koste van de individuele leden, omdat de partij zich richt op het gehele electoraat in plaats van een specifieke 'classe gardée'. * **Kartelpartijen (Katz en Mair):** Deze partijen, ontstaan aan het eind van de 19e eeuw, vertegenwoordigen de staat bij de bevolking, in plaats van omgekeerd. Ze maken onderlinge afspraken over de regulering van het politieke systeem en proberen een breed, diffuus electoraat aan te boren. De partijconcurrentie wordt verstoord doordat gevestigde partijen collectief terugtrekken in de staatsmacht. Dit leidt tot een verstrengeling en absorptie van partijen door de staat. * **Business firm parties:** Ontstaan als reactie op het machtsmonopolie van kartelpartijen. Gekenmerkt door een nieuwe elite van ondernemers, weinig ideologie, en een focus op efficiënt bestuur en de vrije markt. Ze zijn vaak gefinancierd met privémiddelen en organisatorisch weinig ontwikkeld, met de nadruk op één persoon. Populisme en marketingtechnieken spelen een belangrijke rol. * **Mediapartijen / Entrepreneurial parties:** Hier draait alles om één charismatisch figuur wiens macht gebaseerd is op zijn mediaoptredens. De boodschap is gebaseerd op populaire voorstellen. Ze zijn ledenloos en de leider behoudt maximale flexibiliteit. ### 1.5 Functies en disfuncties van partijen Politieke partijen vervullen diverse cruciale functies in een democratie: #### 1.5.1 Programmatische functie * **Vertegenwoordigen en bundelen van vragen en belangen:** Partijen zetten punten op de politieke agenda en groeperen belangen tot een coherent geheel. * **Ontwerpen en ondersteunen van beleid:** Ze bieden oplossingen die aansluiten bij hun programma. * **Formuleren van strijdpunten:** Ze maken van thema's waarover geen consensus bestaat, strijdpunten om kiezers te mobiliseren. #### 1.5.2 Positionele functie * **Rekrutering en selectie van politiek personeel:** Partijen vormen een leerschool en selecteren kandidaten voor verkiezingen en regeringsfuncties. * **Invullen van regeringsfuncties:** De onderhandelingen tussen partijen bepalen de samenstelling van de regering. * **Instructies, advies en informatie verstrekken:** Partijen zorgen voor discipline en communicatie binnen parlementaire fracties en tussen fracties en de regering. #### 1.5.3 Civiele functie * **Doorgeefluik/kanaal van communicatie:** Ze fungeren als brug tussen bevolking en instellingen, zowel opwaarts (democratiserend effect) als neerwaarts (regering spreekt bevolking aan). * **Mechanisme van socialisatie, integratie of mobilisering:** Partijen geven heersende politieke waarden en normen door, wat bijdraagt aan politieke socialisatie, integratie en mobilisering van kiezers. * **Makelaarsfunctie (dienstbetoon):** Partijen helpen burgers met problemen, in de hoop op latere steun. Naast deze functies kennen partijen ook disfuncties, zoals het bijdragen aan het verdelen van mensen, het verstarren van ontwikkelingen, en het doordringen van de hele samenleving met politieke polarisatie (particratie). Particratie impliceert dat politieke partijen niet alleen dominant zijn in politieke instellingen, maar ook in de bredere overheid, wat kan leiden tot oligarchisering. #### 1.5.4 Functieverlies van partijen? Er is discussie over de vraag of partijen hun functies nog wel zo centraal vervullen. Andere organisaties, zoals de media, hebben bepaalde functies overgenomen (bv. agendasetting). Belangenvertegenwoordiging kan ook door drukkingsgroepen of sociale bewegingen gebeuren. Desalniettemin blijven partijen cruciaal, mede doordat andere organisaties vaak aanvullende en niet rivaliserende rollen spelen. De selectie en rekrutering van politiek personeel blijven bijvoorbeeld belangrijke functies van partijen. ### 1.6 Partijorganisatie en Partijsystemen #### 1.6.1 Partijorganisatie (Katz & Mair) De organisatie van partijen kan worden geanalyseerd aan de hand van drie componenten: * **Party on the ground:** De ledenbeweging en het bredere kiespubliek. * **Party in central office:** De centrale partijorganisatie, inclusief partijleiding en bureaucratie. * **Party in public office:** De parlementsleden, regeringsleden en andere verkozenen. #### 1.6.2 Partijsystemen Partijsystemen zijn de stabiele patronen die ontstaan uit de interactie (competitie en samenwerking) tussen verschillende partijen. De indeling van partijsystemen kan gebaseerd zijn op: * **Aantal partijen:** Van eenpartijsystemen tot meerpartijensystemen. * **Soorten ideologieën:** Gekarakteriseerd door partijfamilies. * **Houding ten opzichte van het regime:** Aanwezigheid van antisysteempartijen. #### 1.6.3 Indeling van partijsystemen (Sartori) Giovanni Sartori's indeling is gebaseerd op de relevantie van partijen (hun gewicht en potentie om te regeren of coalities te dwarsbomen) en de ideologische afstand tussen hen, wat leidt tot verschillende soorten competitie (centripetaal versus centrifugaal). #### 1.6.4 Verklaringen voor het aantal partijen Het aantal partijen in een systeem wordt beïnvloed door factoren zoals het kiessysteem (meerderheidsstelsels neigen naar tweepartijensystemen, proportionele stelsels naar meerpartijensystemen) en de aanwezigheid en intensiteit van breuklijnen in de samenleving. #### 1.6.5 Toename van volatiliteit en fractionalisering In veel democratieën, waaronder België, is er een trend van toenemende volatiliteit (kiezers die van partij veranderen) en fractionalisering (meer partijen met een kleiner aandeel stemmen). Dit fenomeen, deels verklaard door modernisering, individualisering en het afnemen van partijloyaliteit, maakt het politieke landschap minder voorspelbaar. > **Tip:** Het onderscheid tussen netto- en brutovolatiliteit is cruciaal om de werkelijke mate van verandering in stemgedrag te meten. Netto-volatiliteit kijkt naar de verschuivingen in verkiezingsuitslagen, terwijl bruto-volatiliteit (geschat via surveyonderzoek) de totale beweging van kiezers tussen partijen weerspiegelt. --- # Ontstaan en evolutie van politieke partijen Dit deel behandelt de historische oorsprong van politieke partijen, verschillende theoretische modellen voor hun ontstaan, en de impact van modernisering en sociale bewegingen. ### 2.1 De aard en definitie van politieke partijen Politieke partijen zijn cruciale actoren in de samenleving en de staat, met een belangrijke rol in parlement en regering, en zijn vandaag ondenkbaar in de politiek. Hun overwegende rol en besloten karakter leiden echter ook tot kritiek. De wetenschappelijke focus op partijen is verschoven van hun veronderstelde functies naar hun veranderende rol in het democratisch systeem en hun aanpassingen aan veranderende omstandigheden. Er is echter geen consensusdefinitie van wat een politieke partij precies is; het belang en de definitie ervan zijn afhankelijk van het politieke systeem, de ruimte en de tijd. Partijen nemen bindende beslissingen voor de samenleving, in lijn met hun visie en programma, gebaseerd op fundamentele uitgangspunten, en zijn gericht op machtsuitoefening. Ze beschikken over een formele, permanente organisatie. Partijen verschillen van drukkingsgroepen doordat partijen zelf macht willen uitoefenen, een breed programma met verschillende maatschappelijke thema's hebben, en georganiseerde bewegingen zijn met een formeel lidmaatschap en bepaalde ideologische overtuigingen. Drukkingsgroepen daarentegen willen de samenleving ook vormgeven, zijn soms minder georganiseerd en focussen zich op één specifiek element, zoals natuur (Natuurpunt), ondernemers (VOKA), of arbeiders (ACV, vakbonden). ### 2.2 Theorieën over het ontstaan van politieke partijen Het ontstaan van politieke partijen is een relatief recent fenomeen, voornamelijk in de 19e eeuw. De manier waarop ze zijn ontstaan, heeft nog steeds grote invloed op hun organisatie en functioneren. Er zijn drie belangrijke theoretische benaderingen die het ontstaan van partijen verklaren: #### 2.2.1 Institutionele benadering (Duverger) Deze benadering legt een duidelijk verband tussen de evolutie van de belangrijkste politieke instellingen, met name het parlement als gevolg van democratisering, en het ontstaan van politieke partijen. * **Elitair model (zonder partijen):** In een tijdperk met beperkt stemrecht voor de elite bestond er weinig nood aan partijen, aangezien de opkomst laag was. Wel waren er parlementaire clubs die parlementsleden verenigden. Het lokale karakter van de verkiezingen en de nauwe band tussen verkozenen en hun kieskring waren bepalend. Er was weinig zelfstandige organisatie buiten de ledenvereniging. * **Partis de création intérieure (kaderpartijen):** Door democratisering, parallel aan de bestaande parlementaire clubs, ontstonden kiesverenigingen van stemgerechtigde burgers. Naarmate het stemrecht werd uitgebreid, groeide de behoefte om het contact tussen de parlementaire groepen en de kiesverenigingen te organiseren. Een politieke partij ontstaat wanneer er een formele vereniging is tussen een parlementaire club en kiescomités van dezelfde politieke strekking, er overeenstemming is over een gemeenschappelijk programma, en de verschillende afdelingen worden overkoepeld door een centraliserend orgaan. Deze partijen zijn gericht op machtsbehoud. Voorbeelden zijn de Liberale Partij (1846) en de Belgische Katholieke Partij. * **Partis de création extérieure (massapartijen):** Hier komt het initiatief van organisaties buiten het parlement. Deze partijen zijn gericht op machtsverwerving, waarbij de politieke partij als geschikt format wordt gezien. De uitbreiding van het stemrecht gaf politieke macht aan bredere lagen van de bevolking. De Belgische Werkliedenpartij (voorloper van Vooruit) is een voorbeeld. Deze partijen waren niet primair opgebouwd om macht te behouden, maar om deze te verwerven. Socialistische partijen zijn vaak op deze manier ontstaan vanuit arbeidersbewegingen. * **Kritiek op Duverger:** Deze theorie schiet tekort om recentere partijen te verklaren, houdt weinig rekening met andere evoluties en is te gefocust op westerse democratieën. #### 2.2.2 Het breuklijnenmodel (Lipset en Rokkan) Dit model stelt dat politieke partijen ontstaan als reactie op conflicten in de samenleving, de zogenaamde breuklijnen. Deze breuklijnen zijn ontstaan door twee grote revoluties: de industriële en de politiek-nationale revolutie, en structureren de samenleving langdurig en geïnstitutionaliseerd. Vier belangrijke breuklijnen zijn geïdentificeerd: 1. **Centrum versus periferie:** Conflicten tussen de gecentraliseerde liberale democratische staat en perifere regio's of minderheden. Dit leidde tot religieuze en regionalistische partijen. 2. **Kerk versus liberale staat:** Conflicten over de scheiding van kerk en staat, en de rol van religie in de politiek. 3. **Arbeid versus kapitaal:** Conflicten die voortkomen uit de industrialisering, met name tussen stedelijke en rurale gebieden en tussen werkgevers en werknemers. Dit leidde tot sociaaldemocratische en linkse partijen. 4. **Primaire versus secundaire sector:** Dit kan verband houden met de verschuiving van agrarische naar industriële economieën. Partijen groeperen zich rond een bepaalde ideologie en op minstens één breuklijn. Ze zorgen voor een relatief stabiele verdeling in verschillende groepen in de samenleving. * **Ontwikkeling van partijfamilies:** * De ontwikkeling van gecentraliseerde staten leidde tot conflicten met de kerk en perifere regio's, resulterend in religieuze en regionalistische partijen. * Industrialisering veroorzaakte conflicten tussen stad en platteland en tussen arbeid en kapitaal, wat leidde tot agrarische en arbeiderspartijen (waaronder communistische en sociaaldemocratische), en als tegenreactie fascistische alternatieven. * De verzachting van het conflict tussen kerk en staat transformeerde religieuze partijen tot christendemocratische partijen. Niet elke partijfamilie komt in elke maatschappij voor, omdat niet elke breuklijn overal even aanwezig is. Een breuklijn moet gepolitiseerd worden: elites moeten de conflicten vertalen in politieke kwesties die politieke oplossingen vereisen. * **Bevriezing van het partijsysteem (freezing hypothesis):** Partijen probeerden kiezers te socialiseren en mobiliseren rond een bepaalde breuklijn. Eens dit gelukt was, veranderde het stemgedrag van kiezers nauwelijks, waardoor er geen nood was aan nieuwe partijen en het partijsysteem stabiel bleef. Dit werd versterkt door de verzuiling. * **Ontdooiing en ontzuiling:** Sinds de jaren 70 spreekt men van het "ontdooien" van het partijsysteem, wat blijkt uit stemverschuivingen tussen partijen en de opkomst van nieuwe tegenhangers. De ontzuilingsliteratuur stelt dat persoonlijk lidmaatschap van een zuil weinig meer voorspelt over partijvoorkeur. Volgens anderen blijft de invloed van de zuilen aanwezig, en kunnen traditionele partijen enkel succesvol zijn als ze boven hun trouwe electoraat uitstijgen en twijfelende kiezers kunnen overtuigen. * **Relevantie:** Het breuklijnenmodel deelt met het institutionele model de overtuiging dat partijen ontstaan als reactie op modernisering. Het is cruciaal om de geleidelijke dominantie van massapartijen vanaf het midden van de 19e eeuw tot WO II te begrijpen en de morfologie van het partijsysteem in termen van partijfamilies. * **Zwaktes:** Dit model houdt minder rekening met nieuwe breuklijnen en partijen die ontstaan door recente maatschappelijke veranderingen ("ontdooien" van het oude partijsysteem). #### 2.2.3 Theorie rond ontstaan van nieuwe sociale bewegingen In de jaren 60 en 70 ontstonden nieuwe sociale bewegingen (milieu, vrouwenbeweging, etc.) die eisen formuleerden waar ze bij de traditionele partijen niet terechtkonden. Sommige van deze actiegroepen transformeerden zich tot politieke partijen. Dit wordt mede verklaard door een verandering in maatschappelijke waardepatroon (Ingelhart) met de opkomst van postmaterialistische generaties, wat leidde tot "new politics issues" zoals feminisme. Deze ontwikkeling had belangrijke gevolgen voor traditionele partijen, aangezien postmaterialistische leden zich niet meer herkenden en een "silent revolution" ontstond die leidde tot nieuwe partijen. Nieuwe partijen ontstaan omdat de conflicten niet adequaat in de bestaande breuklijnstructuur konden worden ingepast. Het partijsysteem "ontdooit", waardoor de electorale markt openstaat voor nieuwe spelers, met name groene partijen die "new politics" belichamen. Globalisering en de organisatie van de samenleving naar een open of gesloten model vormen nieuwe vraagstukken waarop politieke partijen kunnen inspelen. ### 2.3 Typologieën van politieke partijen Partijen passen zich aan veranderende omstandigheden aan. De interactie van vier dimensies bepaalt het partijtype: ontstaan, electoraal, organisatorisch en ideologisch. Partijtypes zijn cumulatief en er bestaan mengvormen. Nieuwe partijen ontstaan vaak als reactie op oude tegenhangers, wat een dialectisch proces is. Soms zijn er cirkelbewegingen zichtbaar, waarbij hedendaagse business-firm parties organisatorisch lijken op oude elitepartijen. #### 2.3.1 Partijtypes op basis van strategie/doelstelling * **Office-seeking:** * **Wat:** Streven naar deelname aan de macht (bestuur). * **Gevolg:** Flexibiliteit, bereidheid tot compromissen om invloed te behouden. Dit kan leiden tot ideologische vervaging en electoraal verlies, omdat de partij minder duidelijk herkenbaar wordt. * **Voorbeeld:** CD&V neemt vaak deel aan regeringen, zelfs met uiteenlopende coalitiepartners, om ministers en invloed te behouden. * **Policy-seeking:** * **Wat:** Streven naar het realiseren van het eigen programma. * **Gevolg:** Minder flexibel, vasthouden aan kernpunten, zelfs als dit electorale risico's inhoudt. Kan leiden tot concrete beleidsimpact, maar ook tot stemmenverlies als maatregelen als te duur of te streng worden ervaren. Proberen vaak via oppositie invloed uit te oefenen door de agenda te beïnvloeden. * **Voorbeeld:** Vlaams Belang, PvdA, Groen & Ecolo houden vast aan ecologische standpunten, ook al betekent dit een mogelijk electorale prijs. * **Vote-seeking:** * **Wat:** Streven naar het maximaliseren van stemmen. * **Gevolg:** Grote flexibiliteit, gebruik van sterke, eenvoudige boodschappen die aanslaan bij een breed electoraat. Kan leiden tot electoraal succes, maar ook tot moeilijke coalitievorming en lange regeringsonderhandelingen omdat campagnepunten botsen met compromissen. * **Voorbeeld:** N-VA, met nadruk op migratie, veiligheid en Vlaamse identiteit, vooral tijdens verkiezingscampagnes. #### 2.3.2 Traditionele partijtypologieën * **Kader/caucus/elitepartij:** * **Ontstaan:** Streven naar machtsbehoud van parlementaire groepen, ontstaan uit het interne parlementaire leven. * **Kenmerken:** Individuele parlementsleden domineren met en binnen hun kieskring. Gericht op een kleine groep en het winnen van verkiezingen (office-seeking). Losse organisatie, bijna uitsluitend gericht op verkiezingen. Vertegenwoordigen de burgerij en middenklasse. * **Massapartijen:** * **Ontstaan:** Uitbreiding van het stemrecht, streven naar machtsverwerving vanuit organisaties buiten het parlement. * **Kenmerken:** Massale rekrutering binnen een klasse of sociale groep (niet de hele bevolking - *classe gardée*). Policy-seeking met een sterke ideologische basis. Nood aan een goede, gecentraliseerde partijbureaucratie en oprichting van nevenorganisaties (kranten, jeugdverenigingen) om de ideologie te verspreiden. Grootste macht lag in de dreiging van arbeidsluitingen. Veel leden waren cruciaal voor het volgen van de partijleiding. * **Catch-all partijen (Kirchheimer):** * **Ontstaan:** Na WO II, door maatschappelijke veranderingen zoals het verdwijnen van scherpe klasse-tegenstellingen en de welvaartsstaat. * **Kenmerken:** Verkiezingsbasis verruimd naar de hele bevolking (vote-seeking). Scherpe ideologische kantjes verzachten. Centripetale electorale competitie: vergelijkbare beleidsopties in het politiek centrum. Stemmen worden belangrijker dan ideologie, meer afhankelijk van het imago en charisma van de partijleider. Machtsvermindering van nevenorganisaties en lossere banden met traditionele achterban. Individuele leden zijn wel belangrijk voor inspraak. * **Gevolg:** Partijleiding wint macht ten opzichte van partijleden. Kiezersgroepen zijn diverser en minder loyaal. Dit leidt tot een grotere noodzaak aan samenwerking met andere partijen. * **Verdwijnen van ideologische partijen?** De centrumcompetitie creëert ruimte voor partijen met een smalle ideologische basis (nichepartijen, single-issue partijen). * **Professionalisering:** Bureacraten worden vervangen door professionals (communicatie- en marketingexperts). Dit onderscheidt electoraal-professionele partijen van massa bureaucratische partijen. * **Kartelpartijen (Katz en Mair):** * **Ontstaan:** Meest gevestigde partijen maken onderling afspraken over partijregulering en het beheren van het politieke systeem. Ze vertegenwoordigen nu de staat bij de bevolking, in plaats van omgekeerd. * **Kenmerken:** De traditionele partijen behouden macht via samenwerking met de staat. Er is een verstrengeling en absorptie van partijen door de staat. Dit compenseert de zwakke maatschappelijke inbedding. De financiële afhankelijkheid van de staat is groot. Politiek wordt het managen van een staat door een professionele klasse (office-seeking). Kartelpartijen proberen vaak een nog breder, diffuser electoraat aan te boren. * **Gevolg voor de kiezer:** Partijconcurrentie wordt verstoord. Partijen voeren geen echte strijd meer en trekken zich collectief terug in het bastion van staatsmacht. * **Antikartelpartijen:** Samenwerking tussen publieke (staat) en private belangen (kartelpartijen) leidt tot nieuwe partijen met een antisysteemstrategie, waarbij een diepere betrokkenheid van de eigen leden wordt verwacht. * **Business firm parties:** * **Ontstaan:** Als tegenreactie op het machtsmonopolie van de cartel parties. * **Kenmerken:** Nieuw soort elite: ondernemers, zonder duidelijke ideologie. Twee types: privé-kapitaal/media-gestuurd. Boodschap: goed bestuur, efficiëntie van de overheid, vrije markt. Gefinancierd met privémiddelen. Organisatorisch weinig ontwikkeld, focus op één persoon (zwakte). Populisme en gebruik van marketingtechnieken (vote-seeking). * **Mediapartij / Entrepreneurial parties:** Alles draait rond één charismatisch figuur wiens macht gebaseerd is op media-aandacht. Gedachtegoed is gebaseerd op populaire voorstellen. Ledenloze partij: strategische keuze van de leider om flexibiliteit te behouden. Informele kring van supporters. ### 2.4 Functies en disfuncties van politieke partijen Partijen vervullen cruciale functies in een democratie, die door Fiers tot drie hoofdgroepen worden gereduceerd, plus een disfunctiegroep: #### 2.4.1 Programmatische functie Dit betreft de formulering en vertaling van de partij-ideologie in een concreet gedachtegoed, gericht op het formuleren en ondersteunen van beleid. * **Vertegenwoordigen en/of bundelen van vragen en belangen:** Partijen zetten punten op de agenda of reageren op beleidsbeslissingen, groeperen belangen tot een coherent geheel. Dit is een belangrijke input voor het beleid, gericht op een zo breed mogelijk publiek en minder ideologisch. * **Ontwerpen en ondersteunen van het beleid:** Partijen bieden oplossingen die aansluiten bij hun partijprogramma. * **Formuleren van strijdpunten:** Een thema wordt een strijdpunt door er rond te mobiliseren, vooral als er geen consensus over bestaat. #### 2.4.2 Positionele functie Deze functie bepaalt wie het beleid zal vormgeven en omvat de aanwerving en selectie van politiek personeel en de verwerving van regeringsfuncties. * **Rekrutering en selectie van politiek personeel:** Partijen bieden een leerschool voor potentiële kandidaten en selecteren effectieve kandidaten die voldoen aan de verwachtingen van de kiezer en de partij. "Ticket balancing" zorgt voor lijsten die verschillende groepen aanspreken. * **Invullen van regeringsfuncties:** Dit is cruciaal bij regeringsvorming en hangt samen met parlementaire stelsels. De samenstelling van het parlement, als resultaat van onderhandelingen tussen partijen, heeft grote invloed op de regering. * **Instructies, advies en informatie verstrekken:** Partijen zorgen voor discipline en communicatie binnen parlementaire fracties en tussen fracties en vertegenwoordigers in de regering, wat leidt tot meerderheden. #### 2.4.3 Civiele functie Deze functie omvat de taken die partijen uitoefenen ten opzichte van de burgers. * **Doorgeefluik/kanaal van communicatie:** Partijen fungeren als brug tussen de bevolking en de instellingen (tweerichtingsverkeer). Dit heeft een democratiserend effect door opwaartse communicatie. * **Mechanisme van socialisatie, integratie of mobilisering:** Partijen hebben een educatieve functie, versterken het politiek systeem door aanpassing aan heersende normen (socialisatie), en bevorderen integratie door het creëren van een collectieve identiteit. Mobilisering van kiezers is essentieel in systemen zonder opkomstplicht. * **Makelaarsfunctie (dienstbetoon):** Kiezers met problemen worden geholpen in de hoop op latere steun. #### 2.4.4 Disfuncties van politieke partijen Hoewel partijen cruciale functies vervullen, kunnen ze ook disfunctioneel werken: * **Verstarring:** Partijen kunnen blind zijn voor nieuwe maatschappelijke veranderingen en bijdragen aan het behoud van het bestaande systeem. * **Verdeling en polarisering:** Mensen en groepen kunnen verdeeld en tegen elkaar opgezet worden. * **Verregaande politisering:** Partijen kunnen de hele samenleving doordringen, waardoor instanties gepolariseerd raken. * **Partijdominantie (particratie):** Politieke partijen domineren niet alleen politieke instellingen, maar ook andere overheidsinstanties, wat kan leiden tot oligarchisering. Dit betekent dat sterke massapartijen de regering vormen, haar beleid bepalen en overheidsmiddelen gebruiken. ### 2.5 Functieverlies van partijen en het belang van partijsystemen Er is discussie over "redundancy-of-party", waarbij andere organisaties functies van partijen zouden hebben overgenomen, zoals de media (signaleringsfunctie, agendasetting) en drukkingsgroepen (belangenvertegenwoordiging). Partijsystemen worden gedefinieerd als stabiele patronen die ontstaan uit de interactie (competitie/samenwerking) tussen verschillende partijen en die de werking van het gehele politieke systeem bepalen. #### 2.5.1 Indeling van partijsystemen (naar aantal partijen) * **Geen-partij, een-partij, twee-partij en meerpartijsystemen:** De nadruk ligt steeds meer op het relatieve gewicht van partijen dan op hun absolute aantal. * **Eénpartijsysteem:** Geen 'systeem' door gebrek aan interactie. Kenmerkend voor autoritaire regimes of ontwikkelingslanden waar dictators macht versterken. * **Dominant partijsysteem:** Eén partij domineert sterk, haalt meestal een absolute meerderheid, maar andere partijen zijn wel in competitie. Leidt tot interne strijd binnen de dominante partij en electorale achteruitgang. Kenmerkend voor illiberale democratieën. * **Tweepartijensysteem:** Gedomineerd door twee grote partijen met wisselende balans. Ontstaan door absorptie van kleinere partijen. * **Meerpartijensysteem:** Competitie tussen meerdere partijen zonder dat één of twee partijen het landschap domineren. Vaak ontstaan door de opkomst van de arbeidersbeweging en de integratie van nieuwe eisen. * **Bipolaire systemen:** Ontwikkeld uit traditionele meerpartijensystemen, waarbij afwisseling gebeurt tussen coalities van partijen. #### 2.5.2 Gekwalificeerde aantallen en de rol van kiessystemen De analyse van partijsystemen kijkt ook naar het relatieve gewicht en de relevantie van partijen, met methoden zoals de index van fractionalisering (Rae) en het effectief aantal partijen (dat rekening houdt met zetelaandeel). Er is een toename van het aantal partijen in België waargenomen, wat leidt tot versnippering. Het verband tussen het kiessysteem en het partijsysteem is complex. Meerderheidsstelsels neigen naar tweepartijensystemen, terwijl proportionele stelsels meerpartijensystemen bevorderen. Dit zijn echter geen natuurwetten, maar eerder terugkerende patronen (wetmatigheden) die worden beïnvloed door andere factoren zoals taal, ideologie en geschiedenis. Het kiessysteem duwt het partijsysteem in een bepaalde richting, maar dicteert het niet. #### 2.5.3 Sartori's indeling van partijsystemen Sartori's indeling zoekt een verband tussen ideologische afstanden tussen partijen en partijfragmentatie. * **Relevantie van partijen:** * **Coalition potential:** Partijen die regelmatig deel uitmaken van de regering. * **Blackmail potential:** Partijen die belangrijk genoeg zijn om de vorming van coalities te dwarsbomen, ook al maken ze zelf geen deel uit van de regering. * **Ideologische afstand tussen partijen (polarisering):** De afstand tussen de meest linkse en meest rechtse partijen. De aard van de competitie is cruciaal: * **Centripetaal:** Weinig extreme partijen, veel centrumpartijen (gematigd meerpartijensysteem). * **Centrifugaal:** Veel extreme partijen, weinig centrumpartijen (gepolariseerd meerpartijensysteem). ### 2.6 Toenemende volatiliteit en dealignment Moderne partijsystemen kenmerken zich door toenemende volatiliteit (kiezers veranderen vaker van partij) en dealignment (afname van de loyaliteit van kiezers aan traditionele partijen, bv. afname van het belang van de "party on the ground"). Dit is een gevolg van modernisering, individualisering en opleiding, waardoor kiezers kritischer worden en stemmen niet meer uit gewoonte. Split ticket voting (stemmen op verschillende partijen bij samenvallende verkiezingen) en het veranderen van partijkeuze binnen een campagne door kiezers ("zwevende kiezers") worden steeds vaker waargenomen. De Perdersen-index meet netto-volatiliteit (verschuivingen op basis van verkiezingsuitslagen), terwijl surveyonderzoek bruto-volatiliteit schat (werkelijke verandering van stemgedrag van individuele kiezers). --- # Typologieën en functies van politieke partijen Dit hoofdstuk behandelt de diversiteit aan politieke partijtypologieën, hun evolutie doorheen de geschiedenis, en de functies en disfuncties die zij vervullen binnen democratische systemen. ## 3. Typologieën en functies van politieke partijen Politieke partijen zijn cruciale actoren in de samenleving en de staat, die een belangrijke rol spelen in parlement en regering. Een politiek landschap zonder partijen is tegenwoordig ondenkbaar. De betekenis en definitie van politieke partijen zijn echter niet statisch, maar sterk afhankelijk van het politieke systeem en de tijdsgeest. Hoewel er geen consensus is over een universele definitie, worden partijen gekenmerkt door hun doelstelling om bindende beslissingen te nemen in overeenstemming met een visie en programma, en hun gerichtheid op machtsuitoefening. Ze beschikken doorgaans over een formele, permanente organisatie. ### 3.1 Het ontstaan van politieke partijen Het ontstaan van politieke partijen is een relatief recent fenomeen, dat voornamelijk in de 19e eeuw tot ontwikkeling kwam. De manier waarop partijen historisch zijn ontstaan, heeft nog steeds invloed op hun organisatie en functioneren. Drie belangrijke theoretische benaderingen belichten dit proces: #### 3.1.1 Institutionele benadering (Duverger) Deze benadering legt een duidelijk verband tussen de evolutie van politieke instellingen, met name de democratisering en de groeiende rol van het parlement, en het ontstaan van partijen. * **Elitair model (vóór democratisering):** Met beperkt stemrecht waren parlementaire clubs, die parlementsleden verenigden, de voornaamste organisaties. De band tussen verkozenen en hun kieskring was sterk en lokaal van aard. Er was weinig zelfstandige organisatie buiten de leden. * **Partis de création intérieure (kaderpartijen):** Door democratisering en de uitbreiding van het stemrecht ontstonden kiesverenigingen van stemgerechtigde burgers. Politieke partijen ontstonden als formele vereniging tussen parlementaire clubs en kiesverenigingen, gericht op machtsbehoud. * **Partis de création extérieure (massapartijen):** Het initiatief voor partijvorming kwam van organisaties buiten het parlement, gericht op machtsverwerving. De uitbreiding van het stemrecht maakte politieke macht bereikbaar. De Belgische Werkliedenpartij is hier een voorbeeld van. #### 3.1.2 Breuklijnenmodel (Lipset en Rokkan) Dit model stelt dat politieke partijen ontstaan als reactie op structurele conflicten of "breuklijnen" in de samenleving. Langdurige en geïnstitutionaliseerde breuklijnen structureren de samenleving en leiden tot de vorming van partijfamilies. De vier klassieke breuklijnen zijn: * Centrum versus periferie * Kerk versus liberale staat * Arbeid versus kapitaal * Primaire versus secundaire sector De industrialisatie en de ontwikkeling van gecentraliseerde staten leidden tot de institutionalisering van deze breuklijnen, wat resulteerde in de vorming van religieuze, regionalistische, agrarische en arbeiderspartijen. De "freezing of party systems" hypothese stelt dat partijsystemen stabiel werden doordat partijen kiezers socialiseerden op een bepaalde breuklijn, waardoor stemgedrag veranderde. Het proces van ontzuiling en het ontdooien van het partijsysteem sinds de jaren 1970, gekenmerkt door stemverschuivingen en de opkomst van nieuwe politieke tegenhangers, duidt op een dynamischer politiek landschap. #### 3.1.3 Theorie rond ontstaan nieuwe sociale bewegingen Vanaf de jaren 1960 en 1970 ontstonden nieuwe sociale bewegingen (zoals milieu- en vrouwenbewegingen) die eisen formuleerden die niet binnen de traditionele partijen pasten. Veranderingen in maatschappelijke waardenpatronen, zoals de verschuiving van materialistische naar postmaterialistische generaties, gaven aanleiding tot "new politics issues" (bijvoorbeeld feminisme). Dit leidde tot de opkomst van nieuwe partijen, vaak groene partijen, die deze "new politics" belichamen en deels voortkomen uit de globalisering en de discussie over open versus gesloten samenlevingen. ### 3.2 Typologieën van partijen Partijen passen zich voortdurend aan veranderende omstandigheden aan, wat leidt tot verschillende partijtypen. Krouwel identificeert vier dimensies – ontstaan, electoraal, organisatorisch en ideologisch – waarvan de complexe interactie het partijtype bepaalt. Partijtypes zijn cumulatief en er bestaan mengvormen. #### 3.2.1 Indeling op basis van strategie/doelstelling * **Office seeking:** Partijen met als primair doel deel te nemen aan de regering en macht uit te oefenen. Ze zijn flexibel en bereid compromissen te sluiten, wat kan leiden tot ideologische vervaging en electoraal verlies. > **Voorbeeld:** CD&V neemt vaak deel aan regeringen en sluit compromissen om invloed te behouden, wat kan leiden tot een minder duidelijke ideologische lijn voor kiezers. * **Policy seeking:** Partijen die primair gericht zijn op het realiseren van hun programma, ook al brengt dit electorale risico's met zich mee. Ze zijn minder flexibel en kunnen liever in oppositie blijven dan kernpunten op te geven. Dit kan leiden tot concrete beleidsimpact, maar ook tot electoraal verlies indien maatregelen als te streng worden ervaren. > **Voorbeeld:** Groen & Ecolo hecht sterk aan ecologische standpunten, zelfs als dit niet altijd populair is, en probeert via oppositie invloed uit te oefenen op het beleid. * **Vote seeking:** Partijen die maximale stemmen willen behalen, wat resulteert in grote flexibiliteit en vaak het aanscherpen van standpunten tijdens campagnes. Dit kan leiden tot electoraal succes, maar ook tot moeilijke coalitievorming. > **Voorbeeld:** N-VA legt tijdens campagnes de nadruk op thema's als migratie en identiteit om een breed electoraat aan te spreken, wat soms tot uitdagingen leidt bij regeringsonderhandelingen. #### 3.2.2 Typologieën van Krouwel * **Kader-/caucus-/elitepartij:** Ontstaan uit het streven naar machtsbehoud van parlementaire groepen, met individuele parlementsleden die domineren binnen hun kieskring. Gericht op een kleine groep en verkiezingen winnen, met een losse organisatie. * **Massapartijen:** Gericht op machtsverwerving door massale rekrutering binnen een sociale groep, met een sterke ideologische samenhang en een gecentraliseerde partijbureaucratie. Ze organiseren nevenorganisaties om hun ideologie te verspreiden en de samenleving te beïnvloeden. * **Catch-all partijen:** Ontstaan na de Tweede Wereldoorlog als reactie op de verzachting van klasse-tegenstellingen en de welvaartsstaat. Ze streven naar een bredere electorale basis door ideologische kanten te verzachten en in te zetten op "vote seeking". De partijleiding wint aan macht ten koste van de leden. Ze fungeren als makelaars tussen samenleving en staat. > **Tip:** De opkomst van massamedia heeft de focus op het imago van de partijleider versterkt binnen catch-all partijen. * **Kartelpartijen (Katz en Mair):** Gevestigde partijen maken onderling afspraken over partijregulering en het beheer van het politieke systeem. Ze vertegenwoordigen steeds meer de staat bij de bevolking en zijn financieel afhankelijk van de staat. Dit kan leiden tot een verstoring van de partijconcurrentie en een "machtskartel". > **Voorbeeld:** Partijen die nauw samenwerken met de staat en gebruikmaken van overheidsmiddelen om hun invloed te behouden. * **Business firm parties:** Een reactie op het machtsmonopolie van kartelpartijen, vaak geleid door ondernemers of mediapersonaalheden, met een focus op goed bestuur, efficiëntie en de vrije markt. Ze zijn vaak gefinancierd met privémiddelen en organisatorisch minder ontwikkeld, met een sterke focus op één leiderfiguur. > **Voorbeeld:** Partijen die sterk inzetten op marketingtechnieken en de boodschap van "goed bestuur" verspreiden. * **Mediapartij/Entrepreneurial parties:** Kenmerken zich door een focus op één charismatisch leider wiens macht voornamelijk gebaseerd is op mediapositie. Het gedachtegoed is gebaseerd op populaire voorstellen die kiezers aanspreken. Dit zijn vaak ledenloze partijen, omdat leden de bewegingsvrijheid van de leider kunnen beperken. #### 3.2.3 Party on the ground, party in central office, party in public office (Katz & Mair) Deze driedeling onderscheidt de ledenbeweging en het bredere kiespubliek ("party on the ground"), de centrale partijorganisatie en leiding ("party in central office"), en de parlements- en regeringsleden ("party in public office"). ### 3.3 Functies en disfuncties van politieke partijen Partijen vervullen cruciale functies binnen democratieën, maar kennen ook disfuncties. Fiers onderscheidt drie hoofdgroepen van functies: programmatische, positionele en civiele. #### 3.3.1 Programmatische functie Gericht op de formulering en vertaling van ideologieën in beleidsvoorstellen. * **Vertegenwoordigen en/of bundelen van vragen en belangen:** Partijen zetten punten op de agenda, reageren op beleidsbeslissingen en groeperen belangen tot een coherent geheel (interest articulation en aggregation). * **Ontwerpen en ondersteunen van het beleid:** Bieden oplossingen die aansluiten bij het partijprogramma. * **Formuleren van strijdpunten:** Maken van thema's met gebrek aan consensus tot strijdpunten door mobilisatie. #### 3.3.2 Positionele functie Betreft de rol van partijen in het vormgeven van beleidsinstellingen en het invullen van posities. * **Rekrutering en selectie van politiek personeel:** Partijen bieden een leerschool voor potentiële kandidaten en selecteren degenen die aan verwachtingen voldoen, inclusief het samenstellen van kiezersaantrekkelijke lijsten ("ticket balancing"). * **Invullen van regeringsfuncties:** Partijen zijn cruciaal bij de vorming van regeringen en de samenstelling ervan, afhankelijk van het parlementaire stelsel. * **Instructies, advies en informatie verstrekken (aan verkozenen):** Zorgen voor discipline, communicatie en afstemming binnen parlementaire fracties en tussen fractie en regering. #### 3.3.3 Civiele functie Omvat de taken die partijen uitvoeren ten opzichte van de burgers. * **Doorgeefluik/kanaal van communicatie:** Fungeren als brug tussen bevolking en instellingen (tweerichtingsverkeer). * **Mechanisme van socialisatie, integratie of mobilisering:** Partijen dragen waarden en normen over, versterken het politiek systeem en mobiliseren kiezers. * **Makelaarsfunctie (dienstbetoon):** Assisteren kiezers met problemen in ruil voor latere steun. #### 3.3.4 Disfuncties van partijen * **Behoud van het bestaande systeem:** Partijen kunnen blind zijn voor maatschappelijke veranderingen, wat leidt tot verstarring. * **Verdeling en polarisatie:** Partijen kunnen groepen tegen elkaar opzetten. * **Verregaande politisering:** Partijen doordringen de hele samenleving, wat kan leiden tot polarisatie van instanties. * **Partijdominantie (particratie):** Politieke partijen domineren alle besluitvormingsarena's, wat leidt tot machtsconcentratie bij partijvoorzitters en een potentiële oligarchisering. * **Verzwakking van functies (Redundancy of party):** Andere organisaties (media, drukkingsgroepen) nemen functies over, hoewel partijen vaak een aanvullende en samenwerkende rol blijven spelen. ### 3.4 Partijsystemen Partijsystemen zijn de stabiele patronen die ontstaan uit de interactie tussen verschillende partijen en bepalen de werking van het politieke systeem. #### 3.4.1 Indeling naar aantal partijen (Ware) * **Geen-partij systeem:** Gebrek aan interactie en politieke concurrentie. * **Een-partij systeem:** Eén partij domineert volledig, vaak met een strikte ideologie en interne organisatie. * **Twee-partij systeem:** Gedomineerd door twee grote partijen met wisselende balansen. * **Meerpartijensysteem:** Competitie tussen meerdere partijen zonder dominante partij of duo. #### 3.4.2 Kwalificatie van partijsystemen * **Eénpartijbestuur:** Een dominante partij haalt een absolute meerderheid, maar andere partijen blijven in competitie. Dit kan leiden tot interne strijd binnen de dominante partij en electorale achteruitgang. * **Tweepartijensysteem:** Gedomineerd door twee grote partijen, historisch vaak door absorptie van kleinere partijen. * **Meerpartijensysteem:** Ontstaan vanuit de arbeidersbeweging en de integratie van nieuwe eisen. * **Bipolaire systemen:** Ontstaan uit meerpartijenstelsels, waarbij afwisseling gebeurt tussen coalities van partijen. #### 3.4.3 Kwantificering van partijsystemen * **Fractionalisering (Rae):** Meet de versnippering van het partijlandschap, waarbij een hogere waarde duidt op meer versnippering. * **Effectief aantal partijen:** Geeft aan hoeveel partijen een betekenisvolle rol spelen in het partijsysteem, rekening houdend met hun zetelaandeel. #### 3.4.4 Evolutie van het partijlandschap Er is een toename van het aantal partijen en de volatiliteit van kiezers. Factoren zoals modernisering, individualisering en opleiding dragen bij aan het ontstaan van "zwevende" kiezers. * **Verandering in volatiliteit:** Een toename van het aantal kiezers dat van partij verandert. * **Netto volatiliteit:** Meet verschuivingen op basis van verkiezingsuitslagen. * **Bruto volatiliteit:** Schatting van kiezersbewegingen op basis van surveyonderzoek. #### 3.4.5 Verklaringen voor het aantal partijen * **Kiessysteem:** Het verband tussen de omzetting van stemmen in zetels (meerderheidsstelsel vs. proportioneel stelsel) heeft invloed op het aantal partijen. * **Breuklijnen in de samenleving:** De aanwezigheid en verhouding van breuklijnen bepalen de structuur van het partijsysteem. * **Sartori's indeling:** Gebaseerd op de ideologische afstanden tussen partijen en partijfragmentatie, onderscheidt twee dimensies: * **Relevantie van partijen:** Relatief gewicht (coalition potential, blackmail potential). * **Ideologische afstand:** Polarisering en het type competitie (centripetaal vs. centrifugaal). De partijorganisatie kan driedeling worden volgens Katz & Mair: "party on the ground" (leden, kiezers), "party in central office" (partijleiding, bureaucratie) en "party in public office" (parlementsleden, verkozenen). --- # Partijsystemen en hun kenmerken Dit hoofdstuk analyseert de structuur en dynamiek van politieke partijsystemen, inclusief de factoren die hun ontwikkeling en de concurrentie tussen partijen beïnvloeden. ## 4. Partijsystemen en hun kenmerken ### 4.1 Politieke partijen: definitie en evolutie Politieke partijen zijn cruciale actoren in een democratische samenleving en spelen een belangrijke rol in het parlement en de regering. Hoewel een universele, eenduidige definitie van een politieke partij ontbreekt, kenmerken ze zich door hun gerichtheid op machtsuitoefening, een formele, permanente organisatie en een programma dat gericht is op een breed scala aan maatschappelijke thema's. Ze verschillen hiermee van drukkingsgroepen, die zich vaak op één specifiek domein focussen en niet per se zelf de macht willen uitoefenen. Het ontstaan van politieke partijen is relatief recent, met de eerste moderne partijen die in de 19e eeuw opkwamen, vaak als gevolg van democratiseringsprocessen en de uitbreiding van het stemrecht. ### 4.2 Theorieën over het ontstaan van politieke partijen Verschillende theorieën verklaren de ontwikkeling van partijsystemen: #### 4.2.1 Institutionele benadering (Duverger) Deze benadering legt verbanden tussen de evolutie van politieke instellingen en het ontstaan van partijen. * **Elitair model (zonder partijen):** Onder beperkt stemrecht waren er parlementaire clubs, maar weinig georganiseerde partijen buiten het parlement. * **Partis de création intérieure (kaderpartijen):** Door democratisering ontstonden kiesverenigingen van burgers. Wanneer deze verenigingen een formele band aangingen met parlementaire groepen, ontstonden kaderpartijen, gericht op machtsbehoud. * **Partis de création extérieure (massapartijen):** Het initiatief voor deze partijen komt van buiten het parlement, gericht op machtsverwerving. De uitbreiding van het stemrecht maakte deze massapartijen mogelijk, zoals de Belgische Werkliedenpartij. #### 4.2.2 Breuklijnenmodel (Lipset en Rokkan) Dit model stelt dat politieke partijen ontstaan uit conflicten, of breuklijnen, in de samenleving. De vier klassieke breuklijnen zijn: * Centrum versus periferie * Kerk versus liberale staat * Arbeid versus kapitaal (leidde tot sociaaldemocratische en linkse partijen) * Primaire versus secundaire sector Deze breuklijnen hebben geleid tot de vorming van stabiele partijfamilies die zich rond bepaalde ideologieën groeperen. * **Bevriezing van het partijsysteem (Freezing hypothesis):** Breuklijnen die gepolitiseerd worden, leiden tot langdurige loyaliteit van kiezers aan bepaalde partijen, wat het partijsysteem stabiliseert. * **Ontdooiing en ontzuiling:** Sinds de jaren 70 is er sprake van een "ontdooiing" van het partijsysteem, gekenmerkt door stemverschuivingen en de opkomst van nieuwe partijen. "Ontzuiling" verwijst naar de afnemende invloed van traditionele maatschappelijke zuilen op de partijkeuze. #### 4.2.3 Theorie rond ontstaan nieuwe sociale bewegingen Vanaf de jaren 1960 en 1970 ontstonden nieuwe sociale bewegingen (milieu, feminisme) die met hun eisen niet terecht konden bij de traditionele partijen. Sommige hiervan evolueerden tot politieke partijen. Dit hangt samen met de verschuiving van materialistische naar postmaterialistische waarden, wat nieuwe politieke thema's ("new politics") introduceerde. ### 4.3 Typologieën van politieke partijen Partijen passen zich aan veranderende omstandigheden aan, wat leidt tot verschillende partijtypes. Deze typologieën worden vaak bepaald door een complexe interactie van vier dimensies: ontstaan, electoraal, organisatorisch en ideologisch. Partijtypes zijn cumulatief en bestaan vaak als mengvormen. #### 4.3.1 Indeling op basis van strategie/doelstelling * **Office-seeking partijen:** Streven primair naar het behalen van bestuursfuncties en zijn daardoor flexibel en bereid tot compromissen (bv. CD&V). Dit kan leiden tot ideologische vervaging en electoraal verlies. * **Policy-seeking partijen:** Willen hun programma realiseren en zijn minder flexibel, soms zelfs bereid om regeringsdeelname te weigeren om hun kernpunten te behouden (bv. Vlaams Belang, PVDA, Groen). Dit kan leiden tot concrete beleidsimpact, maar ook tot electorale risico's. * **Vote-seeking partijen:** Maximale stemmenwinst is het hoofddoel, wat leidt tot grote flexibiliteit en de nadruk op eenvoudige, aansprekende boodschappen (bv. N-VA). Dit kan electoraal succes opleveren, maar bemoeilijkt coalitievorming. #### 4.3.2 Klassieke partijtypen * **Kader/caucus/elitepartij:** Ontstaan uit parlementaire groepen, gericht op machtsbehoud, met individuele parlementsleden die domineren. De organisatie is los, gericht op verkiezingen. * **Massapartijen:** Gericht op machtsverwerving, rekruteren leden binnen een specifieke klasse of sociale groep ("classe gardée"). Ze hebben een sterke ideologische basis, een gecentraliseerde bureaucratie en richten diverse nevenorganisaties op. * **Catch-all partijen (Kirchheimer):** Een verschuiving van policy-seeking naar vote-seeking, waarbij de partij de hele bevolking wil aanspreken. Scherpe ideologische kantjes worden verzacht ten gunste van een centrumprogramma en de nadruk op het imago van de partij(leider). Nevenorganisaties verliezen aan belang. De partijleiding wint macht ten opzichte van de leden. * **Kartelpartijen (Katz en Mair):** Kenmerken zich door afspraken tussen de meest gevestigde partijen onderling over partijregulering en het beheer van het politieke systeem. Ze vertegenwoordigen steeds vaker de staat bij de bevolking en zijn financieel afhankelijk van de staat. Dit verstoort de partijconcurrentie. * **Business firm parties:** Een reactie op het machtsmonopolie van kartelpartijen. Ze worden gefinancierd met privémiddelen, focussen op efficiënt bestuur en de vrije markt, en zijn organisatorisch zwak, vaak rond één persoon. Ze maken gebruik van marketingtechnieken en vertonen populistische trekken. * **Non-partisan party / Mediapartij / Entrepreneurial parties:** Partijcoalities georganiseerd rond een charismatisch leider, wiens macht sterk afhankelijk is van mediapresentatie. Deze partijen zijn ledenloos om flexibiliteit te bewaren. ### 4.4 Functies en disfuncties van politieke partijen Politieke partijen vervullen diverse functies in een democratie: #### 4.4.1 Programmatische functie * **Vertegenwoordigen en bundelen van vragen en belangen:** Partijen zetten punten op de agenda en groeperen belangen. * **Ontwerpen en ondersteunen van beleid:** Bieden oplossingen die aansluiten bij het partijprogramma. * **Formuleren van strijdpunten:** Maken van thema's, waarover geen consensus bestaat, een punt van mobilisatie. #### 4.4.2 Positionele functie * **Rekrutering en selectie van politiek personeel:** Partijen zijn een leerschool en selecteren kandidaten. * **Regeringsfuncties invullen:** Cruciaal bij regeringsvorming en de samenstelling van het parlement. * **Instructies, advies en informatie verstrekken:** Zorgen voor discipline en communicatie binnen parlementaire fracties en tussen fractie en regering. #### 4.4.3 Civiele functie * **Doorgeefluik/kanaal van communicatie:** Brug tussen bevolking en instellingen (tweerichtingsverkeer). * **Mechanisme van socialisatie, integratie of mobilisering:** Overbrengen van politieke waarden en normen, en mobiliseren van kiezers. * **Makelaarsfunctie (dienstbetoon):** Helpen van kiezers met problemen in ruil voor steun. #### 4.4.4 Disfuncties van partijen * Bijdrage aan het behoud van het bestaande systeem en blindheid voor maatschappelijke verandering. * Verdelen en tegen elkaar opzetten van mensen/groepen. * Verregaande politisering van de samenleving. * Partijdominantie ("particratie"), waarbij de besluitvorming wordt gedomineerd door partijen, wat kan leiden tot een verlies aan democratische machtenscheiding. ### 4.5 Partijsystemen: indelingen en kenmerken Partijsystemen zijn stabiele patronen die ontstaan uit de interactie tussen partijen en bepalen de werking van het politieke systeem. #### 4.5.1 Indeling naar aantal partijen (Ware) * **Geen-partijsysteem:** Geen echte partijen. * **Eenpartijsysteem:** Slechts één partij mag bestaan, die de hele samenleving en regering controleert (bv. autoritaire regimes, maar ook ontwikkelingslanden met veel dictators). * **Dominant partijsysteem:** Eén partij domineert sterk, haalt vaak een absolute meerderheid, maar andere partijen zijn toegestaan. Competitie verschuift naar interne strijd binnen de dominante partij. * **Tweepartijensysteem:** Gedomineerd door twee grote partijen met een wisselende balans (bv. de VS, hoewel er ook derde partijen een rol spelen). * **Meerpartijensysteem:** Competitie tussen meerdere partijen zonder overheersing van één of twee partijen. Vaak ontstaan uit de opkomst van de arbeidersbeweging en de integratie van nieuwe eisen. * **Bipolaire systemen:** Ontstaan uit meerpartijenstelsels, waarbij afwisseling gebeurt tussen coalities van partijen. #### 4.5.2 Kwalificatie van partijsystemen * **Fractionalisering:** De mate van versplintering van het partijlandschap, gemeten met de Index van fractionalisering (Rae). * **Effectief aantal partijen:** Geeft aan hoeveel partijen een betekenisvolle rol spelen in het systeem. In België is er een toename van het aantal partijen en een afname van partijloyaliteit, wat leidt tot een hoge mate van fragmentatie en "balkanisering". #### 4.5.3 Verklaringen voor het aantal partijen * **Kiessysteem:** Meerderheidsstelsels leiden doorgaans naar tweepartijensystemen, terwijl proportionele stelsels meerpartijensystemen bevorderen. Dit zijn echter geen dwingende wetmatigheden, maar eerder "wetmatigheden" of regelmatigheden die ook door andere factoren worden beïnvloed. * **Breuklijnen in de samenleving:** De aanwezigheid en verhouding van breuklijnen bepalen de structuur van het partijsysteem. #### 4.5.4 Indeling van Sartori Deze indeling kijkt naar de ideologische afstand tussen partijen en de partijfragmentatie: * **Relevantie van partijen:** De coalitiepotentie (reguliere deelname aan regeringen) en de "blackmail potential" (partijen die coalities kunnen tegenwerken). * **Ideologische afstand tussen partijen (polarisering):** Leidt tot centripetale (veel centrumpartijen) of centrifugale (veel extreme partijen) competitie. #### 4.5.5 Toegenomen volatiliteit en dealignment * **Volatiliteit:** De toename van het aantal kiezers dat van partij verandert, zowel tussen als tijdens verkiezingen. Dit wordt verklaard door modernisering, individualisering en een kritischere houding van kiezers. * **Dealignment:** De afname van partijloyaliteit, o.a. door de verzwakking van de "party on the ground" (ledenbeweging). * **Split ticket voting:** Kiezers stemmen bij samenvallende verkiezingen op verschillende partijen. #### 4.5.6 Partijorganisatie (Katz & Mair) * **Party on the ground:** Ledenbeweging en breder kiespubliek. * **Party in central office:** Centrale partijorganisatie (partijleiding en bureaucratie). * **Party in public office:** Parlements- en regeringsleden. --- ## Veelgemaakte fouten om te vermijden - Bestudeer alle onderwerpen grondig voor examens - Let op formules en belangrijke definities - Oefen met de voorbeelden in elke sectie - Memoriseer niet zonder de onderliggende concepten te begrijpen

| Term | Definition | |------|------------| | Politieke Partijen | Organisaties die zich richten op het verwerven en uitoefenen van overheidsmacht, met een formele, permanente structuur en een breed programma dat verschillende maatschappelijke thema's omvat. | | Drukkingsgroepen | Organisaties die druk uitoefenen op degenen die de overheidsmacht bezitten, vaak met een focus op één specifiek maatschappelijk thema, zonder zelf direct macht na te streven. | | Particratie | Een politiek systeem waarin politieke partijen niet alleen dominant zijn in de politieke instellingen, maar ook in andere overheidsorganen, wat leidt tot oligarchisering en concentratie van macht. | | Institutionele Benadering (Duverger) | Een theorie die het ontstaan van politieke partijen verklaart vanuit de evolutie van politieke instellingen, met name de democratisering en de rol van het parlementaire systeem. | | Partis de création intérieure | Partijen die ontstaan uit een parlementaire groep of fractie binnen het parlement, gericht op het behoud van macht en vaak voortkomend uit het elitair model. | | Partis de création extérieure | Partijen die hun initiatief nemen vanuit organisaties buiten het parlement, gericht op machtsverwerving en vaak ontstaan uit de arbeidersbeweging. | | Breuklijnenmodel (Lipset en Rokkan) | Een theorie die stelt dat politieke partijen ontstaan als gevolg van langdurige en geïnstitutionaliseerde conflicten (breuklijnen) in de samenleving, zoals kerk-staat of arbeid-kapitaal. | | Verzuiling | Een maatschappelijk en politiek fenomeen waarbij de samenleving is opgedeeld in min of meer gescheiden groepen (zuilen) met eigen instituties, organisaties en ideologieën, die vaak versterkt werd door partijvorming. | | Ontzuiling | Het proces waarbij de traditionele scheidingen tussen maatschappelijke zuilen afnemen, wat leidt tot een meer geïntegreerde samenleving en veranderende politieke loyaliteiten. | | Nieuwe Sociale Bewegingen | Bewegingen die sinds de jaren '60 en '70 opkwamen en eisen formuleerden op gebieden zoals milieu en vrouwenrechten, waarvoor traditionele partijen niet altijd een antwoord hadden. | | Catch-all Partijen | Partijen die hun focus verschuiven van policy-seeking naar vote-seeking, met een breed centrumprogramma om een zo groot mogelijk electoraat aan te spreken, waarbij het imago van de partijleider belangrijker wordt dan strikte ideologie. | | Kartelpartijen | Partijen die onderlinge afspraken maken over partijregulering en het beheer van het politieke systeem, wat leidt tot een verstrengeling en absorptie door de staat, en waarbij partijen de staat vertegenwoordigen bij de bevolking. | | Programmatische Functie | De rol van politieke partijen in het formuleren en vertalen van hun ideologie in concrete beleidsvoorstellen, het vertegenwoordigen en bundelen van belangen en het formuleren van strijdpunten. | | Positionele Functie | De rol van politieke partijen in het bepalen wie het beleid zal vormgeven, inclusief de werving en selectie van politiek personeel, het invullen van regeringsfuncties en het verstrekken van instructies en advies aan verkozenen. | | Civiele Functie | De taken die politieke partijen uitoefenen ten opzichte van burgers, zoals het fungeren als doorgeefluik van communicatie, het socialiseren en integreren van burgers in het politieke systeem, en het bieden van dienstbetoon. | | Disfuncties | Negatieve effecten van politieke partijen, zoals het bijdragen aan de verstarring van het systeem, het verdelen van groepen, verregaande politisering en partijdominantie. | | Partijsystemen | De stabiele patronen die ontstaan uit de interactie (competitie en samenwerking) tussen verschillende politieke partijen, welke bepalend is voor de werking van het gehele politieke systeem. | | Meerpartijensysteem | Een politiek systeem waarin concurrentie plaatsvindt tussen meerdere partijen, zonder dat één of twee partijen het politieke landschap domineren. | | Fractiecohesie | De mate van samenhang en discipline binnen een groep volksvertegenwoordigers, meestal van dezelfde partij, die samenwerken in het parlement of een andere wetgevende vergadering. | | Verkiezing | Het proces waarbij burgers stemmen op kandidaten of partijen om vertegenwoordigers te kiezen voor politieke functies. | | Ideologie | Een samenhangend geheel van ideeën, overtuigingen en waarden dat een politieke partij of beweging heeft over de inrichting van de samenleving en de staat. | | Stemrecht | Het recht dat burgers hebben om hun stem uit te brengen bij verkiezingen. | | Democatisering | Het proces waarbij een land overgaat naar een democratisch bestuursvorm, vaak gekenmerkt door de uitbreiding van burgerrechten en de invoering van vrije en eerlijke verkiezingen. | | Modernisering | Een breed sociaal-cultureel en economisch proces dat gekenmerkt wordt door industrialisatie, urbanisatie, secularisatie en de groeiende rol van technologie en kennis. | | Fragmentatie | Het proces waarbij het politieke landschap versnipperd raakt, met een toename van het aantal politieke partijen die zetels behalen, wat kan leiden tot instabiliteit en moeilijkere coalitievorming. | | Volatiliteit (Kiezers) | De neiging van kiezers om hun stemgedrag te veranderen tussen verkiezingen, of zelfs tijdens een campagne, wat wijst op minder stabiele politieke loyaliteiten. |